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@midas sterling

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Promis, ce n’était pas pour jouir de ce type de privilèges qu’il avait agi de la sorte la dernière fois; mais étant donné que l’occasion lui avait été proposée, ça aurait été franchement dommage de en pas accepter l’invitation que Midas lui avait fait - surtout que cela faisait bien trop longtemps qu’il n’avait pas profité d’un festival, voire même de simplement de musique en live. Bien sur, il allait de temps à autres dans des bars où des petits groupes et chanteurs amateurs se produisaient, alors que plus de la moitié de la foule n’en avait absolument rien à faire de leur prestation. Mais ça n’avait jamais la même saveur que lorsque la musique était entendue dans le contexte dans lequel il était en train de mettre les pieds: The Long Sunset festival. Il n’y serait surement pas allé si ce n’était pour la proposition de Sterling lorsqu’il avait pris le temps d’apporter les soins nécessaires à sa fille lors d’un passage aux urgences qui aurait pu s‘avérer bien plus chaotique que prévu si Ruben n’était pas intervenu.

Aujourd’hui, ce n’était pas pour jouer au héros, et donc sans sa blouse et son badge que Ben avait fait la route jusqu’au lieu-dit du festival. Il avait l’impression de revenir quelques années en arrière, lorsqu’il était plus jeune et étudiant, alors qu’entre deux sessions de révision ses camarades et lui tentaient de prendre du bon temps et se détendre comme il le pouvait - ce type de concerts était vraiment une opportunité qui faisait du bien. La foule était déjà conséquente à l’entrée du domaine, alors le brun restait accroché à son téléphone pour ne pas manquer le moindre signal de la part de Midas. Il lui avait donné rendez-vous non loin de l’entrée principale, juste après le passage de la sécurité; ce ne fut cependant pas le chanteur lui-même qui remonta jusque lui pour l’accueillir, mais une petite blonde qui devait avoir à peu près l’âge de la nièce de Ruben. Après quelques mots échangés, il accepta de la suivre pour rejoindre les coulisses de la scène principale, là où il était attendu par l’artiste. Il avait même reçu un beau badge où brillaient les lettres Accès VIP sur l’un des côtés - c’était un détail qui l’avait fait sourire franchement, ce qui n’était forcément toujours dans ses habitudes.

« Je vois qu’on lésine pas sur les mesures de sécurité pour ne pas être reconnu, même à ce type d’événement. » Faisant encore quelques pas, il avait fini par arriver à hauteur de Midas. Car cela se devait d’être pour cette raison que le jeune homme n’avait pu se rendre lui-même jusque l’entrée du festival pour l’accueillir. Pourtant, s’il y avait bien un endroit et des conditions dans lesquelles il était attendu de croiser un type comme Sterling, c’était juste là où de la musique serait proposée sur scène - car, après tout, c’était son métier et ce pour quoi tant de personnes savaient le reconnaitre une fois qu’il sortait à visage découvert. Finalement, Hartfield tendit une main en direction de son acolyte d’une partie de la journée, avec un sourire ne sachant se décrocher de ses lèvres. « Encore merci pour l’invitation, en vrai. » Parce-qu’il était vraiment content de se trouver ici, et de pouvoir profiter d’un quelque-chose qu’il n’aurait jamais eu puisque la musique était restée à l’état de passion chez lui et non une idée vers laquelle il se serait orienté si l’option de devenir professionnel n’avait pas résonné comme absurde à ses oreilles. « J’espère que ça vous cause pas d’ennuis, au moins, que je sois là. » Il connaissait le jeu d’accorder des privilèges ici et là, et ce qui pouvait en découler malgré vous par la suite; ce n’était pas quelque-chose en laquelle il avait envie d’investir, si bien qu’il comprendrait si à tout moment Midas décidait de couper court à cette entrevue.

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Midas Sterling & @Ruben Hartfield ☆ crédit/ftdtonvinyl

« Tu peux aller le chercher à l’entrée ? Je lui ai d’attrendre après la sécurité. Ruben Hartfield, vérifie quand même que c’est bien lui avant d’amener n’importe qui ici. » Adresser plus de quelques mots ou grognement à l’égard de Cassie a tout d’un calvaire pour moi. Je ne lui ai pas pardonné de m’avoir trahi en mars lorsque, apprenant que j’avais truqué le Revival en faveur de Jo, elle a tenté le tout pour le tout en allant avertir cette dernière. Qu’espérait-elle ? Que scandalisée, la brune ferait tomber l’accord à plat ? Qu’elle abandonnerait le concours ? A-t-elle pensé une seule seconde à moi ? Ma jeune assistante me côtoie trop pour ne pas s’être aperçue que quelque chose dans mon comportement avait changé, que Jo et moi passions tout notre temps ensemble et qu’il n’était pas rare de la voir rentrer dans ma chambre d’hôtel, mais pas ressortir. Elle est assez maligne pour s’être doutée qu’il se passait quelque chose entre Jo et moi, mais elle n’en a rien eu à foutre : elle a tout gâché et pour quoi ? Pour que je l’emporte ? Alors que c’était mon choix d’offrir cette victoire à mon adversaire pour expier mes fautes du passé ?

Mais Cassandra fait partie de la famille. Et on ne renvoie pas sa famille même lorsqu’elle nous plante un couteau dans le dos. Alors Cassandra est là à mes côtés et, comme à son habitude, elle s’occupe de tout pour que je n’ai qu’à réfléchir à ma prestation. « Jo se produit ce soir. Sur la scène rouge, pas la principale, mais juste avant toi. Je me suis dit que tu voudrais le savoir. » Je suis évidemment déjà au courant. J’ai parcouru le programme et je sais tous des soirs où la brune est planifiée, des horaires et lieux. Je sais que nous avons un soir en commun mais que, le reste du temps, je serai libre de l’observer de loin. « C’est pas le moment, Victor. » Mon régisseur hausse les épaules et retourne à ses préparatifs. Je le sais, mais il est hors de questions que j’en discute avec qui que ce soit et l’arrivé de mon invité est la parfaite occasion pour que tout le monde me foute enfin une paix royale.

« Je vois qu’on lésine pas sur les mesures de sécurité pour ne pas être reconnu, même à ce type d’événement. » Je serre la main du jeune médecin en affichant le genre de sourire qui m’a valu mon succès. « Pas pour pas être reconnu, pour pas être emmerdé. » Reconnu, je le serai plus tard lorsque viendra l’heure de ma prestation et lorsque je quitterai mes quartiers pour aller fouler le sol de la zone réservée aux VIPs lorsqu’ils désirent écouter les diverses prestations du week-end. « Si j’étais venu vous chercher, on aurait jamais réussi à se frayer un chemin jusqu’à la tente. » Les loges, s’il est possible de les appeler comme ça, sont des tentes en dur décorées de façon bohème et étudiées pour accueillir les artistes et leurs équipes. La mienne a l’avantage d’être la plus proche des festivités : encore une attention que je dois à la ténacité de Cassandra qui s’est volatilisée.

« Encore merci pour l’invitation, en vrai. J’espère que ça vous cause pas d’ennuis, au moins, que je sois là. » D’un geste de la main, je chasse cette hypothèse. « Non, bien sûr que non. On a le droit de filer quelques billets. » Et quelques entrées exclusives pour nos proches. « Ce serait le monde à l’envers si c’était pas le cas. » L’argent qu’empocheront les organisateurs, ils le doivent en grande partie aux tête d’affiches dont je fais partie. « Je vous sors quelque chose à boire ? Une bière ? Un coca ? » De mon côté, bien loin des clichés de la célébrité au mode de vie décadent, c’est sur une boisson énergétique que je jette mon dévolu, attrapant une canette fraîche avant de m’occuper de mon convive. « Le bracelet est valable pour toute la semaine. Sentez-vous libre de faire des allers et venues. Je joue ce soir, mais faut pas vous sentir obligé, si y’a d’autres artistes que vous voulez voir. » Je ne l’ai pas invité pour me faire mousser, mais pour le remercier d’avoir tiré Posy d’une situation qui aurait pu virer à la catastrophe. « Tant que vous restez avec mon équipe, vous pourrez accéder aux coulisses. Sinon, les zones VIP sont plutôt sympas et bien fréquentées, à ce qu’on m’en a dit. »

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Midas sera la main qu’il lui avait tendu sans la moindre hésitation. « Pas pour pas être reconnu, pour pas être emmerdé. Si j’étais venu vous chercher, on aurait jamais réussi à se frayer un chemin jusqu’à la tente. » Un fin sourire étira les lèvres de Ben. « Excuse acceptable. » Il ne pouvait comprendre exactement ce qu’il se passait pour Midas dans ces cas là, mais il pouvait imaginer que ce n’était pas de tout repos tout le temps de se faire reconnaitre tout le temps de la sorte. Lui n’avait pas ce soucis, heureusement, puisqu’il n’était pas le Hartfield qui était mondialement connu et dont le visage faisait la une des livres et des magazines ces derniers temps. Rapidement après qu’il lui ait formulé ses remerciements, le jeune homme face à lui balaya d’un revers de la main les inquiétudes du chirurgien - ce dernier espérant qu’il n’avait pas rencontré de soucis à le faire venir ici, en guise de remerciements suite à leur dernière et première rencontre. « Non, bien sûr que non. On a le droit de filer quelques billets. Ce serait le monde à l’envers si c’était pas le cas. » Ben haussa quelque peu les épaules. « Y’a plein d’endroits où ce genre de passe-droit existe pas. Ou alors, où il est utilisé mais sans autorisation. » Il y avait d’autres endroits où certaines choses étaient tolérées; pas exemple, personne ne serait venu faire les gros yeux à Ruben lorsqu’il avait pris Midas et sa fille à part dans une salle de consultation des urgences alors qu’il n’était pas du service et qu’il aurait pu attendre comme tout le monde. C’était le choix du médecin d’agir de la sorte, ce n’était pas spécialement autorisé mais c’était quelque-chose qui était tolérée.

« Je vous sors quelque chose à boire ? Une bière ? Un coca ? » - « Je veux bien une bière. Je suis venu pour profiter et je reprends pas la voiture ce soir pour repartir, alors. » Alors il comptait faire comme il faisait à l’époque où il était étudiant et qu’il s’octroyait un semblant de pause une à deux fois l’année: profiter. Il pouvait se le permettre maintenant, il n’avait palus la pression des études derrière lui. « Le bracelet est valable pour toute la semaine. Sentez-vous libre de faire des allers et venues. Je joue ce soir, mais faut pas vous sentir obligé, si y’a d’autres artistes que vous voulez voir. Tant que vous restez avec mon équipe, vous pourrez accéder aux coulisses. Sinon, les zones VIP sont plutôt sympas et bien fréquentées, à ce qu’on m’en a dit. » Ruben jeta un coup d’oeil au bracelet qui lui avait glissé au poignet, avec une expression autant de surprise que de reconnaissance. « C’est une sacré récompense que j’ai récupéré alors. » De mémoire, ce n’était pas de cette façon là que se passaient les festivals à l’époque; c’était dans la fosse avec les autres festivaliers, à moitié plein de boue si le peu de pluie australienne avait décidé de pointer le bout de son nez et quelques siestes dans une tente qui tenait à peine debout. « C’est possible que je profite des autres artistes et des coulisses un petit peu, si j’y ai accès grâce à vos équipes, parce-que ça m’intéresse vraiment. Pour le côté musique, je veux dire, plus que pour les artistes. » Bien sur qu’il connaissait les noms sur la programmation, mais ce n’était pas spécialement pour ça qu’il venait en particulier. « Mais je resterai pour vous voir, vous inquiétez pas. Je vous ai jamais vu sur scène, alors c’est une occasion à ne pas manquer. » Parce-que Midas était connu dans son genre, ce serait dommage de pas saisir l’occasion. « Vous passez ce soir ?  Savoir si vous auriez pas des choses inédites à me montrer de préparation. » Et puis, sans aucune transition: « On pourrait peut-être aussi passer au tutoiement non ? » Parce-qu’ils avaient le même âge, partageaient un point commun qui était même le métier de Sterling, Ruben savait qu’il pouvait aisément de son côté se passer du vouvoiement.

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Midas Sterling & @Ruben Hartfield ☆ crédit/ftdtonvinyl

« Y’a plein d’endroits où ce genre de passe-droit existe pas. Ou alors, où il est utilisé mais sans autorisation. » Surpris, je lève un sourcil mais ne rétorque pas grand-chose : ma modestie m’empêche de lui répondre que les endroits où je n’ai pas de passe-droit sont rares, et ce quel que soit la thématique ou le domaine d’activité. La célébrité a ses inconvénients que l’on subit quoi que l’on fasse, alors autant profiter de ses avantages, non ? « Je veux bien une bière. Je suis venu pour profiter et je reprends pas la voiture ce soir pour repartir, alors. » Toute mon équipe est habitué à un fait : ne pas me traiter comme si j’étais un assisté. Alors, bien que je pourrais tendre une main et qu’une bière apparaisse, je traverse moi-même la tente – qui n’en a que le nom – pour me servir dans le frigo et revenir vers le jeune médecin. « Vous avez trouvé une chambre à l’hôtel où vous faites partie des courageux en tente ? J’ai entendu dire que la plupart des hôtels de la région ont été pris d’assaut dès que les dates du festival ont été annoncée. » Moi, je n’ai évidemment pas eu à me soucier de ce genre de chose : la majorité des artistes sont logés comme des princes dans l’hôtel le plus luxueux du coin. Le standing de la chambre quant à lui dépend de l’artiste en question et, en tant que tête d’affiche, je n’ai le droit qu’au meilleur.

« C’est une sacré récompense que j’ai récupéré alors. » - « C’est vraiment rien par rapport à ce que je vous dois. » Pour moi, donner un bracelet de plus ou de moins ne représente pas grand-chose. La santé de ma fille en revanche vaut bien tout l’or du monde. « C’est possible que je profite des autres artistes et des coulisses un petit peu, si j’y ai accès grâce à vos équipes, parce-que ça m’intéresse vraiment. Pour le côté musique, je veux dire, plus que pour les artistes. » - « Vous êtes musicien, ou juste passionné ? » Ou bien un simple mélomane plus addict aux concerts en tout genre qu’à l’industrie musicale dans son entièrement ? Est-il simplement déterminé à profiter au maximum des avantages que lui offre la couleur de son bracelet, pour pouvoir raconter à tout le monde qu’il a serré la main à untel ou un autre ? « Mais je resterai pour vous voir, vous inquiétez pas. Je vous ai jamais vu sur scène, alors c’est une occasion à ne pas manquer. Vous passez ce soir ?  Savoir si vous auriez pas des choses inédites à me montrer de préparation. » - « Je serai sur la scène principale. » Je le lui assure d’un sourire, sans relever qu’il me pose une question à laquelle j’ai répondu quelques secondes auparavant. C’est excusable et pour cause : l’homme semble être réellement excité d’être ici et de profiter de la musique, bien loin de l’image sérieux et caustique qu’il m’a renvoyée lorsqu’il portait sa blouse de médecin. « On pourrait peut-être aussi passer au tutoiement non ? » - « Bien sûr, pas de souci. » Je décapsule ma boisson, avant de m’installer sur l’un des fauteuil dédié à l’espace maquillage. Ma mise en beauté est moins compliquée que celle de Jo, mais je dois toujours paraître le plus à mon avantage possible. « C’est un peu particulier, puisqu’il y a des artistes toutes la journée. Toutes les répétitions pour caler les enchaînements et les tests son ont été fait la semaine dernière. » Alors que la zone, avant-poste de l’outback australien, était encore déserte. « Mais je peux te faire visiter la régie. Et les coulisses des scènes plus modestes, j’aurais accès à ceux de la scène principale qu’une heure avant mon passage. » Certains détestent l’effervescence des festivals, mais pas moi. C’est là que je me sens le plus connecté à la musique, quand les paillettes n’ont pas d’importance.

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« Vous avez trouvé une chambre à l’hôtel où vous faites partie des courageux en tente ? J’ai entendu dire que la plupart des hôtels de la région ont été pris d’assaut dès que les dates du festival ont été annoncée. » A la question de Midas, Ruben haussa les épaules. « J’ai du avoir de la chance, il faut croire. Un désistement, ou quelque-chose dans le genre je pense, parce-que j’ai pu réserver une chambre pour ce soir sans soucis. » Et comme ça avait été le cas, il était vrai qu’il ne s’était pas posé la question une seule fois, en réalité, de comment il aurait fait si toutes les chambres d’hôtel avaient été réservées au moment où il en avait cherché une. Il se disait qu’il aurait au pire toujours pu dormir dans sa voiture: ça n’aurait pas été très confortable, mais ça aurait été très festival pour le coup.

« C’est vraiment rien par rapport à ce que je vous dois. » - « Quand même, merci. » Il étira un petit sourire en coin. Effectivement, l’un avait sauvé la vie de sa fille alors que l’autre donnait des accès aux coulisses d’un festival, c’était deux poids deux mesures. Mais tout de même, dans la première situation Ruben n’avait fait que son travail et il ne l’avait en rien fait pour être récompensé en retour; alors, les remerciements étaient de mise face au geste de Midas. « Vous êtes musicien, ou juste passionné ? » - « Musicien. » Qu’il répondit dans un premier temps, non sans une certaine fierté dans les paroles. « Pas un excellent, mais je fais de la musique depuis que je suis tout petit. » Ses parents l’avaient inscrit à des cours de solfège et il avait choisi d’apprendre à jouer du saxophone à l’époque - c’était toute la maison Hartfield qui avait regretté ce choix. Par la suite, c’était sur la guitare et le piano surtout qu’il s’était rabattu, bien plus faciles à garder au quotidien et à pratiquer sans réveiller toute une maison ou un immeuble. « Et puis, ça serait jamais allé jusqu’à un niveau comme le votre. » La chirurgie avant tout, pour Ruben. « Je serai sur la scène principale. » Qu’il lui confirma pour le concert; Ben eut un petit sourire en coin. « C’est bien ce que je dis, ça aurait été jamais été jusque là pour moi. » Ou alors dans un concours de circonstances plutôt étrange, peut-être.

« Bien sûr, pas de souci. » Midas décapsula sa boisson, il en fit de même avec la bière qui lui avait tendu quelques instants plus tôt. « C’est un peu particulier, puisqu’il y a des artistes toutes la journée. Toutes les répétitions pour caler les enchaînements et les tests son ont été fait la semaine dernière. » C’était bien mieux organisé que la visite de Ruben sur les lieux - même si ce n’était pas bien compliqué, il trouvait ça impressionnant en réalité. « Ca doit demander d’avoir plein de dispo dans son emploi du temps, un tel festival, j’imagine ? Si tu viens une première semaine pour les répétitions et après pour les shows ? » Mais cela devait également être une occasion unique que de participer à ce type d’événement. « Mais je peux te faire visiter la régie. Et les coulisses des scènes plus modestes, j’aurais accès à ceux de la scène principale qu’une heure avant mon passage. » Buvant une gorgée de sa boisson, il hocha la tête. « Je prends tout ce que tu peux me montrer. Surtout en fonction du temps que t’as devant toi. » Parce-qu’il savait parfaitement qu’il n’avait pas que ça à faire, et qu’il y avait bien un moment où il serait appelé à se concentrer de nouveau sur sa prestation à venir. « C’est le métier de rêve, d’être chanteur ? Ou c’est un concours de circonstances qui t’as amené là où t’es aujourd’hui ? » La question était posée sans jugement aucun, mais avec curiosité. Ce n’était pas forcément le type de carrière qui était toujours rêvée, et parfois elle pouvait vous tomber dessus sans que vous ne l’attendiez. Quelle était la version des faits, pour Midas ?

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Midas Sterling & @Ruben Hartfield ☆ crédit/ftdtonvinyl

« J’ai dû avoir de la chance, il faut croire. Un désistement, ou quelque-chose dans le genre je pense, parce-que j’ai pu réserver une chambre pour ce soir sans soucis. » Autant de choses dont je n’ai pas besoin de me soucier puisque, partout où je vais, on me déroule le tapis rouge, trouve des arrangements pour que je sois hébergé avec un confort de roi, et toute mon équipe gère toute la logistique autour de tout ça sans que je n’ai à passer le moindre coup de téléphone à un hôtel, un organisateur d’événement ou au moindre stade en vue d’une tournée. « Parfait. Je ne sais pas vous, mais j’ai passé l’âge de dormir dans une tente et de devoir me passer de douche pendant une semaine. » J’aurais du mal à croire que ce ne soit pas son cas également : cela trancherait avec l’image du chirurgien parfait en tous points qu’il me semble renvoyer depuis notre rencontre dans les circonstances particulières que nous lui connaissons tous les deux. En outre, elle ne nous a guère donné l’occasion de discuter de sujets plus léger que la santé de ma fille et toutes les responsabilités autour de son existence. « Musicien. Pas un excellent, mais je fais de la musique depuis que je suis tout petit. » Pour toutes les raisons évoquées et, soyons honnête, parce que cela ne colle pas avec le personnage que j’imaginais, je suis surpris. Surpris, mais curieux et naturellement intéressé puisque nous nous aventurons sur mon sujet de prédilection. « Et puis, ça serait jamais allé jusqu’à un niveau comme le vôtre. » - « De quels instruments vous jouez ? » De mon côté, il est de notoriété publique que je suis un guitariste dans l’âme, et que je me débrouille au piano, même si je suis loin d’avoir le talent de Jo. « Pour le plaisir, ou vous jouez dans un groupe ? » Comme Nicholas, le jeune homme se produit-il en amateur, ou bien garde-t-il sa passion pour lui ? « C’est bien ce que je dis, ça aurait été jamais été jusque-là pour moi. » Très honnêtement, cela aurait été mon cas sans une grosse dose de chance, et l’audace d’autres personnes que moi, alors je n’envisage pas une seule seconde de tirer de sa confession un quelconque sentiment de supériorité. « Parce que vous n’en aviez pas envie, à cause de vos parents ou parce que l’opportunité ne s’est jamais présentée ? » Moi, je me demande pourrait ne pas vouloir de cette vie-là. Je vis musique et respire musique et je n’envisage pas les choses autrement. Du reste, je suis bien placé pour savoir ce que peux faire la pression familiale à des passions du genre.

« Ça doit demander d’avoir plein de dispo dans son emploi du temps, un tel festival, j’imagine ? Si tu viens une première semaine pour les répétitions et après pour les shows ? » - « Il y a eu des répétitions la semaine avant l’ouverture du festival, oui. » Tout le monde ne s’y présente pas, mais les gros artistes qui assurent un show de l’ampleur du mien, si. « Deux semaines que je ne vois que du désert. » Et une chambre d’hôtel parfaitement luxueuse, la bienséance voudrait que je le précise. Surtout que, dans ma conjoncture actuelle, j’ai accueilli avec soulagement toute opportunité m’éloignant de Brisbane et donc, de Jo et de son omniprésence dans les médias. « Je prends tout ce que tu peux me montrer. Surtout en fonction du temps que t’as devant toi. » Je jette un coup d’œil à ma montre, avant de hocher la tête. « Alors direction la régie. Mon assistance piquera certainement une crise, mais elle me tape sur les nerfs en ce moment, de toute façon. » Je doute que Ruben soit du genre langue trop pendue, mais si toutefois ma remarque devait fuiter, elle ferait les pieds à la petite blonde. Je suis toujours furieusement en colère contre elle, à l’heure actuelle. « On a un peu de temps avant le maquillage et toute la préparation du show. » Qui me prendra tout de même plusieurs heures, mais qui reste une partie excitante qui me plaît, qui fait partie de toute l’expérience d’un concert ou d’un festival. « C’est le métier de rêve, d’être chanteur ? Ou c’est un concours de circonstances qui t’as amené là où t’es aujourd’hui ? » Je hoche la tête, me moquant bien de savoir s’il fait la conversation par politesse ou s’il est réellement intéressé : toutes ces questions, j’y ai répondu dans bon nombre d’interview. Il n’y a plus rien de secret là-dedans. « Les deux, en fait. J’ai toujours voulu travailler dans la musique et si je faisais pas ce que je fais, je travaillerais certainement toujours chez le même disquaire que là où j’ai été découvert mais… » Mais je ne suis pas le genre de personne à provoquer sa chance. « Mais c’est ma sœur qui m’a inscrit à l’émission. Je crois sincèrement que sans elle, j’aurais jamais mis en œuvre ce qu’il fallait pour percer. »

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« Parfait. Je ne sais pas vous, mais j’ai passé l’âge de dormir dans une tente et de devoir me passer de douche pendant une semaine. » Avec un petit rire, en plissant quelque peu le bout du nez, Ruben répondit à Midas - non sans une certaine honte dans le timbre de voix. « Si j’avais pas eu le choix, je l’aurais peut-être fait mais je m’en passe bien aussi, effectivement. » Ce n’était pas tant l’idée de dormir dans une tente qui le rebutait, mais plus celui de ne pas avoir accès à une hygiène correcte pendant plusieurs jours d’affilé de son côté; ce n’était là en rien la façon dont il avait l’habitude d’agir sur son quotidien.

La conversation était désormais orientée sur le métier du chanteur, et surtout sur la façon dont Ruben s’identifiait à cette catégorie là alors qu’une fois de plus, le métier qu’il exerçait ne saurait prédire qu’il puisse avoir un penchant pour la musique. « De quels instruments vous jouez ? » - « Du piano, principalement. C’est le premier instrument que j’ai appris et celui avec lequel je me sens le plus à l’aise. » Bien sur qu’il abordait un petit sourire en coin satisfait en cet instant. « Je joue de la guitare un peu aussi, mais mon niveau est presque risible à côté du votre. » Il connaissait déjà Midas avant de le rencontrer, avait déjà suivi plus d’une fois son parcours; il parlait en quelques sortes en connaissance de cause. « Pour le plaisir, ou vous jouez dans un groupe ? » - « Pour le plaisir. Ca m’arrive de me réunir avec quelques copains de la fac pour jouer tous ensemble, mais c’est vraiment pour le plaisir. » Lorsque le temps lui permettait de jouer, ce qui n’était pas souvent le cas, étant donné qu’il rallongeait les heures autant qu’il le pouvait à l’hôpital. « Parce que vous n’en aviez pas envie, à cause de vos parents ou parce que l’opportunité ne s’est jamais présentée ? » A cette question là, Ruben prit un instant pour réfléchir à sa réponse; ce n’était pas souvent que cette question là lui était posée. « Aucun des trois, en réalité. Juste: j’ai toujours eu envie et su que je deviendrais chirurgien. Le reste était logique à mes yeux. » Qu’il allait devoir se mettre à fond dans ses études dans jamais lâcher, que d’autres distractions prenant trop de temps ne seraient pas envisageables et que la musique passerait forcément au second plan. Il ne s’en plaignait pas: c’était la vie qu’il souhaitait mener, sans aucun doute. « Et même si je me suis déjà demandé ce que ça aurait fait d’arriver à votre niveau, je sais que c’est pas la vie qui m’aurait rendu heureux. » L’attention, il la préférait suite à ses prouesses techniques et cérébrales, plutôt que pour n’importe quoi d’autre.

« Il y a eu des répétitions la semaine avant l’ouverture du festival, oui. Deux semaines que je ne vois que du désert. » Ben laissa échapper un petit rire aux paroles du jeune homme à ses côtés. « Y’a presque de quoi se lasser. » Bien sur qu’il était quelque peu sarcastique sur ce point là: il y avait bien pire que de devoir supporter la vue du désert pendant autant de temps, surtout pour de telles raisons. Et il avait l’intime conviction que ce n’était pas là une véritable plainte établie de la part de Midas. En tous cas, à voir l’énergie qu’il savait allouer à l’occasion, il ne devait pas être tant dégoûté que ce la de s’y trouver. Et puis: il n’aurait jamais proposé à Ruben la visite guidée privée et l’accès au festival si tel avait été le cas - cela tombait sous le sens à ses yeux. « Alors direction la régie. Mon assistante piquera certainement une crise, mais elle me tape sur les nerfs en ce moment, de toute façon. » Il haussa légèrement un sourcil. « La petite blonde qui m’a accueilli tout à l’heure, c’est ça ? » Il lui semblait qu’elle avait du se présenter - peut-être, ce n’était pas sur cette partie là du décor qu’il s’était concentré pour une fois. « On a un peu de temps avant le maquillage et toute la préparation du show. » Une hocha la tête. « Je te suis de toutes façons, et je prends tout ce qui est à prendre. » Il se sentait déjà assez privilégié de la sorte de pouvoir passer de l’autre côté du miroir, Midas n’avait qu’à lui faire signe s’il ne pouvait continuer à honorer sa part du contrat il le comprendrait sans problème. « Les deux, en fait. » Ben avait fini par retourner la question sur la musique, à savoir si c’était là quelque-chose qui avait toujours été une évidence pour Sterling ou si les choses s’étaient déroulées selon une coïncidence inconnue à ce jour. « J’ai toujours voulu travailler dans la musique et si je faisais pas ce que je fais, je travaillerais certainement toujours chez le même disquaire que là où j’ai été découvert mais… » Il y avait toujours un mais. « Mais c’est ma sœur qui m’a inscrit à l’émission. Je crois sincèrement que sans elle, j’aurais jamais mis en œuvre ce qu’il fallait pour percer. » Un sourire attendri, et sincère qui plus était, étira faiblement les lèvres de Ruben. « C’est elle qu’on doit remercier alors ? » Parce-que sans la soeur de Midas, il ne serait jamais surement monté sur scène et n’aurait pas été propulsé au rang de star internationale comme c’était le cas désormais présentement. « Si elle avait jamais été là, on aurait pas eu la chance de te voir sur de telles scènes si je comprends bien. » Et les connaissances de Ruben étaient assez développées pour savoir que cela aurait été une perte pour le monde de la musique, mine de rien; sans pouvoir trop faire gonfler les chevilles de Midas. « Pourquoi n’avoir jamais osé le faire toi-même ? T’inscrire à l’émission ? Et tu lui en veux de l’avoir fait ? »

the train runs off its tracks
Midas Sterling & @Ruben Hartfield ☆ crédit/ftdtonvinyl

« Du piano, principalement. C’est le premier instrument que j’ai appris et celui avec lequel je me sens le plus à l’aise. » Du piano. Un seul mot, c’est tout ce qu’il me faut pour que l’image de Jo s’imprime sur ma rétine et je sais qu’elle n’en partira pas de sitôt. Je la vois elle, assise sur le tabouret du piano du studio, en train laisser ses doigts fins courir sur les touches de façon nonchalante et produisant toutefois une mélodie envoûtante. Elle est douée, la brune. J’ai appris les bases sur cet instrument, mais elle en est la spécialiste si bien que la confession du chirurgien me ramène face à des souvenirs douloureux. Bien sûr, je garde la face : j’ai des années d’entrainement, à accrocher un sourire de composition sur mon visage même lorsque je n’ai pas la moindre envie ou raison de le faire. « Je joue de la guitare un peu aussi, mais mon niveau est presque risible à côté du votre. » Modeste, je lui adresse un signe de la main, l’air de ne pas y toucher, et je réponds. « Je suis meilleur chanteur que musicien. Mais c’est toujours un atout d’avoir plusieurs cordes à son arc. » Et c’est vrai, somme toute. Je suis un bon guitariste, mais je suis loin d’être un prodige. J’ai pris des cours et affiné ma technique, mais je n’envisage pas la guitare autrement qu’un accompagnement pour poser ma voix. C’est secondaire : important, mais secondaire. Jo, elle, est transportée dans un autre univers à l’instant où ses doigts effleurer les touches d’un piano.

« Pour le plaisir. Ça m’arrive de me réunir avec quelques copains de la fac pour jouer tous ensemble, mais c’est vraiment pour le plaisir. » - « J’ai un ami comme vous. » Nicholas fait peut-être des scènes ouvertes et quelques gigs mineurs mais, comme Ruben, il se produit avant tout par passion et pour le plaisir. Jusqu’à ce qu’il me demande cet été de faire passer sa démo à mon label, j’ignorais même qu’une partie de lui envisageait l’idée d’en faire une carrière. « Aucun des trois, en réalité. Juste: j’ai toujours eu envie et su que je deviendrais chirurgien. Le reste était logique à mes yeux. » - « Je sais pas ce que j’aurais fait d’autre si je n’avais pas eu la musique. » Au-delà de ma célébrité et du fait que ça en soit devenu mon métier, à quoi me serais-je destiné si je n’avais jamais été piqué par le syndrome du mélomane ? Si mes parents ne m’avaient jamais offert le moindre disque et si Oscar n’avait pas demandé une guitare à son anniversaire pour délaisser juste après ? Certainement que j’aurais été très malheureux : j’aurais fait un boulot lambda pour gagner ma vie, mais un boulot qui ne m’aurait jamais réellement transporté. Ou bien j’aurais fini par officiellement bosser pour mon oncle et l’aider à s’occuper du ranch de Kilcoy. Ouais, cette alternative là est presque gaie. « Et même si je me suis déjà demandé ce que ça aurait fait d’arriver à votre niveau, je sais que c’est pas la vie qui m’aurait rendu heureux. » - « Si je comprends bien, c’était donc une vocation de devenir médecin ? » Cela ne devrait pas me surprendre : c’est le genre de futur que l’on envisage le plus souvent parce qu’on rêve de sauver des vies, ou de prendre sa revanche sur le destin qui nous a privé d’un être cher. Moi, je n’aurais pas su tenir le rythme et la rigueur demandée par le milieu. Etrangement – parce qu’on ne peut pas réellement dire que j’ai une vie paisible – j’aspire à un rythme tranquille et agréable, pas à courir dans les couloir d’un hôpital pour aider des gens entre la vie et la mort.

« La petite blonde qui m’a accueilli tout à l’heure, c’est ça ? »
« C’est ça. »

Je ne donne pas plus d’attention qu’elle n’en mérite à Cassie. En rogne contre elle, je n’ai pas la tête à vanter ses mérites et je suis de toute façon certain qu’elle s’en moquerait : ce n’est pas d’avoir un chirurgien dans son carnet d’adresse qui l’aidera à progresser dans l’échelle sociale. Du reste, parler de ma cadette est un sujet bien plus léger et agréable. Quoi qu’elle fasse, je n’arrive jamais à être en colère contre Olive. « C’est elle qu’on doit remercier alors ? Si elle avait jamais été là, on aurait pas eu la chance de te voir sur de telles scènes si je comprends bien. » - « C’est ça. Elle m’a mis devant le fait accompli après avoir reçu le courrier qui m’apprenait que j’étais sélectionné. J’avais quitté la maison, pas elle. Elle a fait envoyer des courriers chez nos parents à mon nom. » Elle a été audacieuse la petite brune, j’aimerais trouver de quoi lui permettre de retrouver ce côté pétillant qu’elle a perdu, faute d’avoir été écrasée par ses études de médecine. « J’y pense que maintenant d’ailleurs, mais elle était interne au Saint-Vincent jusqu’en 2021. » Peut-être leurs routes se sont-elles croisées. Je doute toutefois qu’il se souvienne du nom de chaque élève de l’hôpital universitaire. « Mais elle a… Mis en pose ses études, pour l’instant. » Dieu seul sait si elle les reprendra. « Pourquoi n’avoir jamais osé le faire toi-même ? T’inscrire à l’émission ? Et tu lui en veux de l’avoir fait ? » - « Lui en vouloir ? Alors que je mène le genre de vie dont tout le monde rêve ? » Je me frotte la nuque, secoue la tête et laisse un rire m’échapper. « Non, je lui en veut pas. Au contraire, je lui suis même reconnaissant. Elle a fait ce que j’étais pas capable de faire parce que je manquais de confiance en moi. Et donc, ça répond à ta question : je pensais pas que j’avais ce qu’il fallait pour me démarquer. » Je savais que j’étais bon, mais pour réussir dans ce genre d’émission, il faut être excellent. Il faut être l’exception parmi des milliers de personnes. Du moins, c’est ce que je croyais avant de voir l’envers du décor. « Tu as des frères et soeurs, toi ? »

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@midas sterling

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« Je suis meilleur chanteur que musicien. Mais c’est toujours un atout d’avoir plusieurs cordes à son arc. » Il esquissa un petit sourire avant même de reprendre la parole. « Ou à sa guitare, en l’occurence. » Il secoua quelque peu la tête, faisant un geste de la main en direction de Midas pour lui indiquer que ce n’était pas la peine de relever. « La blague est nulle, je sais. » Mais il était plutôt amusé seul de cette dernière, en réalité. « J’ai un ami comme vous. » En réalité, tout le monde avait un ami un brin fana de musique, à qui il arrivait de s’asseoir derrière un piano ou de sortir une guitare de temps à autres simplement pour le plaisir de le faire et de renouer avec une passion qui était restée à cet état là justement. Mais étant donné que Midas évoluait dans le système et qu’il état au contact de musiciens en permanence, cela était moins étonnant qu’il ait un ami qui occupe son temps libre comme Ruben pouvait le faire. « Je sais pas ce que j’aurais fait d’autre si je n’avais pas eu la musique. » - « Oh, y’aurait eu une opportunité qui se serait présenté. Quelque-chose qui aurait rien eu à voir surement, mais y’aurait eu quelque-chose. » Il avait de toutes façons un trop beau minois pour que ce dernier finisse par moisir en manque de lumière de projeteurs dans le fin fond d’un supermarché ou d’un autre truc de la sorte: il aurait fait carrière là où il aurait été vu, c’était certain. Peut-être pas sous forme musicale effectivement, mais parfois certaines opportunités arrivaient parce-que les premiers ne se réalisaient pas justement. Peut-être que Ben serait véritablement devenu un chanteur célèbre comme Midas s’il n’avait pas réussi à aller au bout de sa première idée. « Si je comprends bien, c’était donc une vocation de devenir médecin ? » Le petit sourire qui se dessina sur les lèvres du jeune chirurgien était empli de fierté, bien sur. « Depuis aussi longtemps que je m’ne souvienne, oui. » Il n’avait jamais aspiré à autre chose de façon aussi puissante qu’à devenir neurochirurgien - parce-que la spécificité de cette vocation allait jusqu’à la spécialité maintenant obtenue.

« C’est ça. » Il hocha la tête, esquissa un petit sourire. La conversation ne tourna qu’un instant et pas un de plus autour de l’assistante en question, et rapidement il fut plutôt question de la soeur de Midas - celle responsable, en vérité, du succès du jeune homme. « C’est ça. Elle m’a mis devant le fait accompli après avoir reçu le courrier qui m’apprenait que j’étais sélectionné. J’avais quitté la maison, pas elle. Elle a fait envoyer des courriers chez nos parents à mon nom. » Pendant un maigre instant, Ruben perdit de son attention sur la conversation car il avait l’impression de se voir être décrit lui-même avec la façon qu’il avait de se conduire avec sa soeur: il aurait tout à fait été capable de s’occuper de quelques courriers de son côté pour l’aider elle, là où elle n’aurait jamais eu le courage de renvoyer une réponse ou que savait-il encore pour quelconque position qui pourrait lui plaire pourtant.  Midas lui adressant la parole de nouveau, il se concentra sur ce que le jeune homme lui dit. « J’y pense que maintenant d’ailleurs, mais elle était interne au Saint-Vincent jusqu’en 2021. Mais elle a… Mis en pose ses études, pour l’instant. » Activant ses neurones et ses souvenirs surtout, Ruben fronça quelque peu ses sourcils. Il ne s’était pas permis de faire le moindre rapprochement, puisque l’occasion n’avait pas été donnée jusqu’alors, mais il ne devait pas exister un million de Sterling à Brisbane et qui correspondaient aux maigres critères qu’il avait entre les mains, alors il tenta: « Olive, ou Olivia, si je me trompe pas ? » S’il y avait bien un quelque-chose qui fonctionnait bien chez Ben, c’était sa mémoire - d’autres qualités avant été perdues en cours de route, mais ce n’était pas pour des pertes de mémoire qu’on pourrait le blâmer; même si à le voir se comporter de temps à autres, la question pourrait se poser.

« Lui en vouloir ? Alors que je mène le genre de vie dont tout le monde rêve ? » Un petit rire échappa à Midas, qui fut bientôt rejoint par l’un de Ben; plus discret, surement, mais tout de même présent. Après tout, il était vrai qu’il menait la vie dont beaucoup de personnes rêvaient. Si Ben avait souhaité continuer dans ce domaine, ça n’aurait jamais été pour la célébrité qui venait de paire avec les succès, mais pour la musique réellement; il voyait l’envers du décor avec son frère, et ce n’était pas quelque-chose qui lui plaisait. « Non, je lui en veut pas. Au contraire, je lui suis même reconnaissant. Elle a fait ce que j’étais pas capable de faire parce que je manquais de confiance en moi. Et donc, ça répond à ta question : je pensais pas que j’avais ce qu’il fallait pour me démarquer. » Aux paroles du jeune homme, il ajouta un petit sourire. « Fais moi penser à la remercier au nom de tous tes fans dehors si je la croise alors, qu’elle ait cru en toi quand t’y arrivais pas. » Il tournait ça sur le ton de l’humour, mais le fond de ses paroles restait le même depuis le début: cela aurait été dommage, autant pour Midas que pour ceux qui écoutaient sa musique, qu’il ne se présente pas à cette émission. « Mais surtout: comme quoi, tu avais exactement ce qu’il fallait pour te démarquer. » - « Tu as des frères et soeurs, toi ? » C’était toujours la question délicate, à laquelle Ben se trouvait plus ou moins obligé de mentir - pour son propre bien, car certaines explications méritaient surtout de rester au placard et n’avaient pas besoin d’être mises sur le tapis à chaque conversation. Il hocha brièvement la tête avant de prendre la parole. « Un frère, une soeur, tous deux plus grands que moi. » Le petit dernier, le préféré et le favori à la fois des parents, c’était lui - et la touche de malice que contenait son petit sourire en cet instant était bien sur une référence à ça sans même qu’il ne s’en aperçoive. « Mais entre eux et moi, surtout avec ma soeur, les rôles auraient été inversés par rapport à toi: j’aurais joué celui de ta soeur et elle aurait été à ta place. Comme quoi, les plus jeunes sont de très bons observateurs pour leurs ainés. » Mentionner Rhett en cet instant ? Très peu pour lui - Midas ferait le lien tout seul s’il en avait envie, et s’il connaissait le milieu dans lequel évoluait le grand Hartfield, le numéro neuf préféré de ces dames.

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Midas Sterling & @Ruben Hartfield ☆ crédit/ftdtonvinyl

« Ou à sa guitare, en l’occurence. La blague est nulle, je sais. » Le médecin a de la chance : je suis plutôt bon public, si bien que je laisse un rire m’amuser m’échapper et que je secoue la tête en riant. « Oui. Et là dessus, chirurgien, musicien, vous me battez à plates coutures en termes de pluridiscipliranité. » Je n’arrive pas à imaginer deux domaines d’activités qui soient plus différents : la musique, c’est la liberté la plus totale, c’est une créativité débridée et la place pour tout ce qui vous passer par la tête. C’est aux antipodes de la rigueur que j’imagine qu’une carrière comme la sienne exige, et je me demande comment il est possible de conjuguer les deux comme il le fait. « Oh, y’aurait eu une opportunité qui se serait présenté. Quelque-chose qui aurait rien eu à voir surement, mais y’aurait eu quelque-chose. » - « Aussi bizarre que ça puisse paraître, j’aurais pas été malheureux, même si ça n’avait pas été le cas. Je bossais dans une boutique de vinyles, et ça m’allais rien. » Je n’ai jamais eu besoin de beaucoup. Je me suis toujours contenté de peu, heureux de ma situation, sans jamais ressentir de l’envie pour celle des autres. Je ne suis pas un ambitieux, contrairement à ce que l’ont pourrait supposer.

« Depuis aussi longtemps que je m’en souvienne, oui. » - «   Toi aussi tu as parfaitement réussi, dans ce cas. » J’ai compris il y a un moment que la réussite, elle peut prendre des dizaines de formes différentes et n’est complète qu’aux yeux de la personne qui l’expérimente. « Olive, ou Olivia, si je me trompe pas ? » - « C’est ça, Olive. Elle a déjà travaillé avec vous ? » Ou sous sa houlette ? Ma soeur et le jeune médecin n’ont que quelques années d’écart, au final. Peut-être ont-ils été étudiants, bien qu’à des stades différents - en même temps. « Elle se cherche un peu aujourd’hui. Peut-être qu’elle remettra les pieds à l’hôpital, je ne sais pas. » Et contrairement au reste de ma fille, j’ai bien l’intention de ne pas la presser, d’aucune façon que ce soit. « Fais moi penser à la remercier au nom de tous tes fans dehors si je la croise alors, qu’elle ait cru en toi quand t’y arrivais pas » J’éclate de rire, avant de hocher la tête. « Je lui transmettrai. Et si elle a besoin d’un peu d’aide pour y voir clair par rapport à son parcours… » Et bien je saurai rappeler au chirurgien que nous nous sommes entendus, et que ma soeur est une personne formidable qui mérite sa chance et que quelqu’un se batte pour elle. La famille tient une place capitale dans mon existence, et Olive est la pièce la plus importante de ma fratrie à mes yeux.

« Un frère, une soeur, tous deux plus grands que moi. » Il est donc le plus jeune de la fratrie, une place que je n’ai pu qu’observer de l’extérieur. « Mais entre eux et moi, surtout avec ma soeur, les rôles auraient été inversés par rapport à toi: j’aurais joué celui de ta soeur et elle aurait été à ta place. Comme quoi, les plus jeunes sont de très bons observateurs pour leurs ainés. » - « Elle a besoin d’être un peu poussée, elle aussi ? » Le sujet est personnel, et je ne l’interroge que parce qu’il s’y engage le premier et me laisse donc penser que j’ai le droit de le faire. Sans quoi, je n’aurais pas osé l’interroger : je sais que les dynamiques familiales peuvent être plus compliquées qu’elles ne semblent l’être. « Par là, tu as la régie. Faut monter l’escalier, l’idée c’est que le régisseur soit un peu en hauteur et puisse apercevoir toute la scène. C’est lui qui gère la plupart des effets visuels, si tu aime les show à l’américaine, c’est eux qu’il faut remercier. » De mon côté, on m’a toujours poussé dans cette direction, même si, en mon fort intérieur, je sais que je serais heureux avec une guitare acoustic et un micro uniquement.  

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Heureusement, Midas accorda un petit rire à Ruben - ce qui permit à sa blague nulle de ne pas tomber à l’eau. « Oui. Et là dessus, chirurgien, musicien, vous me battez à plates coutures en termes de pluridisciplinarité. » Presque modestement, le chirurgien haussa les épaules. A ses yeux, il était important d’être assez curieux pour toucher à plusieurs domaines en même temps dans sa vie; cela permettait également d’être meilleur dans les situations d’urgences et dans les moments où de la réactivité était demandé, à ses yeux, car il avait à portée de mains plusieurs boites à outils dans lesquelles piocher. Il était plutôt rare que la musique lui serve dans son activité quotidienne, mais au il ne pouvait prédire l’avenir et dire avec certitude que cela pourra toujours être le cas. « Aussi bizarre que ça puisse paraître, j’aurais pas été malheureux, même si ça n’avait pas été le cas. Je bossais dans une boutique de vinyles, et ça m’allais rien. » Il retourna un petit sourire à Midas. « Tant mieux alors. » Il ne comprenait pas comment il était possible d’envisager que cela puisse être le cas, sa carrière de son côté représentant une trop grosse partie de sa vie. Il n’aurait su se satisfaire d’une carrière modeste; il n’aurait surtout supporté l’échec, lui qui envisageait de devenir chirurgien depuis qu’il était en âge d’exprimer ses souhaits et surtout de les comprendre. « Toi aussi tu as parfaitement réussi, dans ce cas. » Le sourire qu’il étira, cette fois-ci, fut empli de fierté. « Faut croire que c’est le cas. » Bien sur que c’était le cas - il avait juste appris à se montrer presque humble face aux personnes qui ne connaissaient pas son véritable visage.

« C’est ça, Olive. Elle a déjà travaillé avec vous ? » Ruben avait gardé ses sourcils quelque peu froncés sur son front, replaçant l’image de la jeune femme dans son contexte. « Si je me trompe pas, elle est un peu plus jeune que moi et on était pas dans la même promo. Mais j’ai du la croiser en stages plusieurs fois. Je me demande même si on a pas bossé sur des cas ensemble, titulaire interposé, oui. » Il avait bonne mémoire, et cette dernière lui faisait revenir davantage en avant certains souvenirs. « Elle avait un niveau prometteur, de mémoire. » - « Elle se cherche un peu aujourd’hui. Peut-être qu’elle remettra les pieds à l’hôpital, je ne sais pas. » Ben esquissa une petite moue. « Y’a toujours de la place et besoin de médecins, si jamais un jour elle veut revenir. » Aux yeux de Ben, la médecine était plutôt une vocation qu’autre chose - mais il avait vu de brillantes carrières avoir été réalisées en discontinu, alors tout n’était pas totalement perdu pour Olive. « Je lui transmettrai. Et si elle a besoin d’un peu d’aide pour y voir clair par rapport à son parcours… » Le sourire du brun était un brin amusé. « T’as mon numéro de téléphone maintenant. Et tu sais où je bosse, aussi. » Et bien sur qu’il répondrait présent.

Si la conversation s’était tournée un temps vers la soeur de Midas, désormais le jeune homme retournait la pareille en se montrant quelque peu curieux quant à la fratrie de Ben. Il avait écarté le détail que son véritable frère ainé les avait quitté quelques années plus tôt, car ce n’était pas là le genre de détails qui mettait de la gaité dans une conversation; il avait également fait en sorte de ne pas trop s’attarder sur Garrett, parce-que parler de lui avait tendance à mettre Ruben sur les nerfs. Restait Ethel: c’était un sujet facile à aborder, sans piège à l’horizon. « Elle a besoin d’être un peu poussée, elle aussi ? » Il eut un petit sourire, plissant un brin le bout de son nez. « Elle a surtout besoin d’être encadrée oui. Elle se perd dans mille et unes idées qui n’aboutissent presque jamais, et si on était pas derrière elle, je sais pas si elle réussirait à avoir un semblant de quotidien stable. » Il adorait sa soeur - littéralement. Depuis petits, ils avaient toujours été proches en grande partie grâce à leur écart d’âges peu important. Mais parfois, souvent même, c’était lui qui endossait le rôle d’ainé entre les deux là où Ethel aurait du être celle prenant cette place. Heureusement, elle ne lui en tenait pas rigueur - et elle endossait d’autres rôles et qualités, car si elle n’était pas présente à leurs côtés, il y avait de fortes chances que Rhett ou Ruben ait déjà tapé l’autre ou l’un, qu’importe qui aurait dit quoi ou lancé les hostilités.

Au fil de la discussion, les deux hommes avaient continué également d’évoluer pour visiter les coulisses du festival. « Par là, tu as la régie. Faut monter l’escalier, l’idée c’est que le régisseur soit un peu en hauteur et puisse apercevoir toute la scène. C’est lui qui gère la plupart des effets visuels, si tu aime les show à l’américaine, c’est eux qu’il faut remercier. » - « Ta prestation sera à l’américaine ou quelque-chose de beaucoup plus simple ? » La question de Ben était peut-être idiote, mais en réalité tout à fait compréhensible dans son cas. « M’en veux pas: je connais ton travail, mais principalement sur l’audio. Je me suis pas encore intéressé à ce que tu rendais en live. » Parce-que l’occasion ne s’était pas présentée, parce-qu’il avait son attention focalisée ailleurs; aujourd'hui était justement l’occasion de rectifier le tir et de découvrir ce que valait Midas Sterling une fois sur scène. « L’équipe qu’est là aujourd’hui, c’est ton équipe habituelle ? Elle te suit ou ce sont des professionnels pour le festival ? » Il savait de son côté qu’il préférait bosser le plus possible avec son équipe, car cela épargnait des efforts inutiles que d’apprendre à se comprendre; était-ce le cas également pour Sterling ?

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Midas Sterling & @Ruben Hartfield ☆ crédit/ftdtonvinyl

« Si je me trompe pas, elle est un peu plus jeune que moi et on était pas dans la même promo. Mais j’ai dû la croiser en stages plusieurs fois. Je me demande même si on a pas bossé sur des cas ensemble, titulaire interposé, oui. » J’écoute sans trop savoir ce qu’implique leurs stages, projets et cas sur lesquels les étudiants en médecine travaillent. Ce n’est pas que je ne m’intéresse pas à ce que fais ma sœur, loin de là, c’est que la plupart du temps, les informations trop techniques qu’elle me donne rentrent par une oreille et ressortent par l’autre. Je n’ai jamais été un scientifique : mon domaine à moi et composé de mots et de notes de musique, pas de chiffres et de schémas du corps humain et dieu soit loué. « Elle avait un niveau prometteur, de mémoire. » - « Je suis pas vraiment étonnée. Oli est un petit génie, et ses capacités ont jamais été le problème. » Le problème vient de la pression qu’elle subit et de celle qu’elle se met. Du fait qu’elle ne se soit jamais arrêtée pour réfléchir à ce qui lui plaît vraiment, aussi. « Mais c’est compliqué, la pression familiale. » Je n’ai pas envie de trop en dire concernant les problèmes que traverse ma petite sœur, surtout auprès de l’un de ses pairs qui pourraient peut-être – je l’ignore – influer sur son retour à l’hôpital si un jour elle décidait de se donner une deuxième chance. « Y’a toujours de la place et besoin de médecins, si jamais un jour elle veut revenir. » - « J’espère qu’elle le fera. Je lui mets pas de pression, mais je sais pas… Elle avait l’air passionnée par ce qu’elle faisait. » C’est pour ça que j’ai eu du mal à y croire, lorsqu’elle m’a annoncé qu’elle avait tout plaqué. Mais peut-être suis-je juste un homme incapable de lire dans l’esprit des femmes, même en ayant grandi avec la femme en question. « T’as mon numéro de téléphone maintenant. Et tu sais où je bosse, aussi. » - « Je suis désolé de t’informer que ça tombera pas dans l’oreille d’un sourd. » J’esquisse un sourire chaleureux, conscient que je n’aime guère déranger et rappeler aux gens leurs promesses, mais que pour Olive je serai prêt à sortir de ma zone de confort.

« Elle a surtout besoin d’être encadrée oui. Elle se perd dans mille et unes idées qui n’aboutissent presque jamais, et si on était pas derrière elle, je sais pas si elle réussirait à avoir un semblant de quotidien stable. » J’esquisse un sourire, conscient que si je n’avais pas percé grâce à ma participation à l’émission X-Factor, on pourrait certainement dire la même chose de moi aujourd’hui. « Peut-être qu’elle n’a tout simplement pas encore trouvé la voie qui est faite pour elle. Elle m’a tout l’air d’une rêveuse. » Songeur, je me dis que malgré notre point commun qu’est l’amour de la musique, je ressemble certainement plutôt à l’ainée du chirurgien. « Je sais ce que c’est. J’en suis un. Pour la plupart d’entre nous, on est capable de beaucoup de discipline quand on fait ce qu’on aime faire. Elle trouvera. » Je ne connais pas la demoiselle dont il est question, mais j’ai toujours été un type optimiste et rassurant.

Au fil de la discussion j’entraîne le brun en coulisse des différentes scènes de l’émission, m’arrêtant parfois pour lui expliquer un fait ou l’autre sur mon univers. J’aime ça, parler de mon métier, et pas pour me mousser, mais simplement pour partager ma passion et mon quotidien. Nous avons beau être entouré toute la journée de fan qui insistent pour prendre une photo, nous toucher ou nous enlacer, la vie que nous menons et d’une façon plutôt triste très solitaire. Créer de vrais lien et des liens sincères dans mon cas, c’est bien plus compliqué que lorsque j’étais un individu lambda. « Ta prestation sera à l’américaine ou quelque-chose de beaucoup plus simple ? » Je reconnais chez le médecin un vrai intérêt : il ne me questionne pas uniquement par politesse et je prends donc du plaisir à lui répondre. « M’en veux pas: je connais ton travail, mais principalement sur l’audio. Je me suis pas encore intéressé à ce que tu rendais en live. » - « Cesse de t’excuser : même si t’avais jamais écouté le moindre de mes titres, je le prendrais pas pour moi. » Jen n’ai pas assez d’égo pour ça, ou en tout cas il n’est pas si mal placé. « Un peu entre les deux. Je suis seul sur scène avec les musiciens et éventuellement les choristes, la plupart du temps. » Pas de danseurs et chorégraphies compliquées. Je serais certainement très mauvais pour ça de toute façon. « Mais mon équipe a un faible pour les écrans géants, les effets visuels, les lasers lumineux en tout genre, les confettis et les flammes. » Tant qu’on ne me demande pas de me couvrir de ridicule, je laisse les professionnels de ce genre de chose concevoir mes tournées. « Moi, tant qu’on me laisse ma guitare, je me plains pas et je joue le jeu. » Avec les années, j’ai appris que je pouvais être un showman et qu’il ne me fallait pas produire beaucoup d’efforts. « L’équipe qu’est là aujourd’hui, c’est ton équipe habituelle ? Elle te suit ou ce sont des professionnels pour le festival ? » - « Non, mon équipe ne bouge pas. » J’attrape une bouteille d’eau en coulisse et la débouche pour l’ouvrir et me désaltérer. « Dans le milieu, c’est important de s’entourer de gens de confiance. La plupart des musiciens avec lesquels je me produits sont les mêmes depuis le début de ma carrière. Pareil pour mon manager, les costumiers, les maquilleurs, et tous ceux qui s’agitent en coulisse pour faire de ma prestation un show inoubliable. » J’ai une pensée pour Cassandra, même si nous sommes en froid. « Mon assistante que t’as vue tout à l’heure a fait son stage de fin d’études avec moi, et elle est là depuis. »

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« Je suis pas vraiment étonnée. Oli est un petit génie, et ses capacités ont jamais été le problème. Mais c’est compliqué, la pression familiale. » Il étira une petite moue polie sur ses lèvres, Ben: lui n’avait jamais connu cette pression de la part de ses proches, puisqu’il se l’était mis tout seul dès le plus jeune âge. Le reste du monde s’était contenté d’admirer ses efforts et d’applaudir lors des passages de vie importants par la suite. En tous cas, la médecin était un domaine qui nécessitait toujours plus de personnes et de volontaires, donc si la jeune soeur de Midas souhaitait revenir dans les rangs il y aurait forcément une place pour elle. « J’espère qu’elle le fera. Je lui mets pas de pression, mais je sais pas… Elle avait l’air passionnée par ce qu’elle faisait. » - « Il faut une certaine dose de passion de toutes façons dans ce genre de domaine pour y arriver. » Et là était quelque-chose que le jeune homme à ses côtés pourrait aisément comprendre: la musique était elle composée uniquement de passion, elle ne pouvait se faire sans. Les embuches dans un parcours médical, souvent dues à une pression extérieure étaient effectivement plutôt courant - pour avoir vu plus d’un de ses camarades de promotions arrêter en cours de route ou prendre quelques temps pour s’éloigner et réfléchir à ce qu’ils avaient vraiment envie de faire -, Ben n’était donc pas totalement étranger à ce que pouvait traverser la soeur de Sterling; et si un jour où il pouvait donner un coup de main pour que certaines choses reprennent leur ordre naturel, Midas avait de toutes façons son numéro de portable et savait où il travaillait, alors il serait facile de le joindre pour avoir un coup de main. « Je suis désolé de t’informer que ça tombera pas dans l’oreille d’un sourd. » Ruben ajouta un petit rire de son côté. « Je suis pas du genre à avancer quelque-chose que je respecterai pas ensuite. » Selon les domaines, disons - Midas n’avait pas besoin des détails. Il n’était pas du genre à gaspiller ses jokers à tout va non plus, en parallèle. « Donc tant mieux si ça tombe pas dans l’oreille d’un sourd. » Même s’il aurait été apte à trouver quelqu’un pour réparer ce problème là aussi.

« Peut-être qu’elle n’a tout simplement pas encore trouvé la voie qui est faite pour elle. Elle m’a tout l’air d’une rêveuse. Je sais ce que c’est. J’en suis un. Pour la plupart d’entre nous, on est capable de beaucoup de discipline quand on fait ce qu’on aime faire. Elle trouvera. » Ne se défaisant pas de son petit sourire pour autant, Ben haussa les épaules. « J’espère qu’elle trouvera, oui. » Comme tous les autres membres de la fratrie Hartfield avaient su trouver un jour leur propre voie, il était important pour le plus jeune que sa soeur puisse aussi trouver la place qu’elle souhaitait.

De fil en aiguille, leurs pas les menèrent en coulisses et la discussion dériva sur des sujets beaucoup plus professionnels et moins personnels. Ruben était, tout de même de base, surtout venu pour avoir l’occasion d’en apprendre plus sur l’envers du décor. Lui qui avait toujours eu un faible pour la musique depuis tout petit, ce n’était donc en rien étonnant de le voir observer les moins détails qui pouvaient se trouver à sa portée de regard et à poser des questions à Midas qui n’auraient pas été les siennes s’il s’intéressait uniquement à la médecine. Il n’était pas autant calé que d’autres sur ce qu’était capable de délivrer Sterling en terme de spectacle, puisque son attention envers le jeune homme avait été concentrée uniquement sur les musiques qu’il avait pu produire jusque maintenant. « Cesse de t’excuser : même si t’avais jamais écouté le moindre de mes titres, je le prendrais pas pour moi. » Il était donc capable de faire quelque-chose que même Hartfield ne savait que trop peu faire la plupart du temps: ne pas prendre les choses pour lui. A rôles échangés, Ruben aurait été vexé - Midas gagnait donc un point de bravoure. « Un peu entre les deux. Je suis seul sur scène avec les musiciens et éventuellement les choristes, la plupart du temps. Mais mon équipe a un faible pour les écrans géants, les effets visuels, les lasers lumineux en tout genre, les confettis et les flammes. Moi, tant qu’on me laisse ma guitare, je me plains pas et je joue le jeu. » Doucement, écoutant les paroles du jeune homme, Ben hocha lentement la tête. « Toi t’es là pour la musique. » C’était peut-être un résumé un peu rapide, mais c’était ce qui transparaissait chez lui: il aimait vraiment la musique, sans toutes les frivolités qui pouvaient apparaitre désormais autour de cette dernière afin que tout soit plus facilement vendu et vendable surtout.

« Non, mon équipe ne bouge pas. » Un petit sourire s’afficha sur les lèvres du chirurgien: à son instar, il appréciait donc travailler avec les mêmes personnes à parier. « Dans le milieu, c’est important de s’entourer de gens de confiance. La plupart des musiciens avec lesquels je me produits sont les mêmes depuis le début de ma carrière. Pareil pour mon manager, les costumiers, les maquilleurs, et tous ceux qui s’agitent en coulisse pour faire de ma prestation un show inoubliable. Mon assistante que t’as vue tout à l’heure a fait son stage de fin d’études avec moi, et elle est là depuis. » Il hocha de nouveau son visage. « Une équipe en qui tu peux avoir confiance et sur qui tu peux compter, quoi. » Parce-que de toutes façons, c’était comme ça que les choses fonctionnaient désormais: sans personnes sur qui s’appuyer, et si ces dernières n’étaient pas de confiance, ce n’était pas possible d’avancer correctement. Ou du moins, c’était de cette façon là que Ruben voyait les choses et cela semblait être le cas de Midas également. Il savait de son côté que lorsqu’il avait du s’habituer à apprendre à travailler avec des inconnus, des personnes parfois qu’il n’avait jamais croisé avant d’arriver au bloc opératoire - mais ce n’était pas là quelque-chose avec laquelle il était parfaitement à l’aise ou confortable. Il aimait arriver dans sa salle d’opération et pouvoir mettre un nom sur chaque visage, pouvoir savoir d’avance qui sera à ses côtés s’il avait besoin d’un relais, ou pour le moindre détail - il aimait particulièrement quand il était possible en un regard de communiquer.

A force de discuter et de marcher en même temps, les deux hommes arrivèrent proches de la scène, ou tout du moins cette dernière pouvait désormais être entr’aperçue depuis l’endroit où ils se tenaient en coulisses. Le regard de Ben se déporta de ce côté là, et même si ce n’était pas dans ce domaine là qu’il aurait su s’épanouir sur le long terme il le savait, cela ne l’empêchait pas d’admirer tout cet envers du décor avec des étoiles dans les yeux et le regard d’un enfant le jour de Noël. « C’est pas trop impressionnant, de monter sur scène devant autant de personnes ? »