@Millie Butcher
(f. valley → logements)

Il a vérifié que sa sœur ne serait pas là, évidemment. Il préfère encore faire une connerie à la fois, si vous voulez son avis, et il a déjà épuisé ses jokers avec Flora. En ce qui concerne Millie, il sait qu’il n’aura plus aucune chance de rédemption auprès d’elle dès la soirée terminée, mais pour l’heure il est lâche au point de ne pas vouloir y penser et simplement s’occuper à profiter de l’instant présent, à ses côtés. Le plan a changé, Norman a invité des collègues de travail et il était hors de question pour lui d’imposer un tel remue-ménage à la jeune Butcher, raison pour laquelle il a finalement demandé s’il pouvait passer chez elle plus tôt. Cela impliquait notamment de s’habiller le temps du trajet, mais il a promis que cela ne durerait pas bien longtemps, et il le pensait. Il a à cœur d’agir comme si de rien n’était le plus longtemps possible, et ça aussi il le pense. Millie mérite de savoir qu’il va se fiancer, mais Millie mérite surtout d’être heureuse, et il pense tout de même qu’il a sa part des choses à jouer dans le bonheur de la jeune femme.

La commande de sushi pend au bout d’une de ses mains alors que la seconde ne lui sert qu’à toquer à la porte de chez elle, une seconde avant de trouver refuge contre la nuque de la jeune femme. Le sourire de l’australien s’élargit, ses yeux brillent d’un doux bonheur déjà largement empli de nostalgie. “Mademoiselle Butcher.” Il dépose finalement un simple baiser contre sa joue. “Désolé pour le changement de dernière minute.” Il joue, il s’amuse, mais il n’en est pas moins franc et transparent avec elle - du moins, jusqu’à un certain niveau. Il relève au moins la nourriture qu’il tient dans la main, pour lui prouver qu’ils n’ont pas tout perdu. Ambrose fait comme chez lui, dispose la nourriture, rajoute les serviettes, dépose les baguettes. C’est leur habitude à eux, c’est ce qu’ils font quand ils ont un peu de temps - et que Flora ou Norman est absent, aussi. Ils n’ont jamais eu vocation à faire de leur temps passé ensemble un secret, simplement à ne pas faire de vagues là où personne n’y gagnerait quoi que ce soit. “Et désolé si James est encore plus aigri que d’habitude. Ma faute.” Ça aussi, il le pense sincèrement. Ce n’est pas parce qu’il ne cherche pas à déjà dévoiler les raisons exactes de leur dispute qu’il ne le fera pas. Simplement, il pense qu’ils n’ont pas à y gagner à déjà pointer du doigt l’éléphant dans la pièce: Ambrose peut s’excuser sans avoir à tout dévoiler. Après tout, des frères qui se disputent n’a rien de nouveau ; quoique ça l’est pour eux qui sont éternellement sur la même longueur d’onde, mais peu importe. “C’est bon, j’ai fait le tour des excuses. Je suis content de te voir.” Malgré tout, il l’est sincèrement. “Je crois aussi que ma soeur se doute un peu plus de quelque chose, entre nous. Mais elle s’en doute depuis le premier jour j’imagine.” Ils n’en parlent simplement pas, chacun ayant à coeur de préserver la vie privée des autres, sûrement.

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@ambrose constantine

(c) tempobrucera/tumblr

lieu: logements, fortitude valley.

***
Même si elle savait qu’Ambrose n’en tiendrait compte à aucun moment si l’appartement n’était pas parfaitement rangé, elle n’avait pu s’empêcher de faire en sorte de s’éclipser une petite heure plus tôt que prévu de l’atelier pour revenir chez elle et y mettre un peu d’ordre. Millie passait tellement la plupart du temps en coups de vent chez elle qu’elle n’avait pas réellement d’idée de ce à quoi pouvait ressembler le réel désordre dans le trois-pièces qu’elle partageait avec Flora, mais ce n’était pas pour autant qu’elle n’accèderait pas à la demande de Rose de changer leur lieu de rendez-vous. SI Norman était présent chez lui et qu’il préférait venir chez les deux jeune femmes plutôt, elle prenait l’opportunité; elle avait envie de le voir et ce n’était pas l’endroit de leur rencontre qui importait. Qui plus était, il était malin et avait déjà anticipé: il s’était déjà renseigné pour savoir si Flora était de sortie ce soir, ce qui semblait être le cas.

« Mademoiselle Butcher. » A peine avait-il passé le seuil de la porte, même avant ça, elle avait passé ses bras autour de son cou pour lui accorder une accolade appuyée, marquant l’idée qu’elle était contente de le retrouver pour la soirée. « Monsieur Constantine. » Elle avait l’impression qu’ils n’avaient pas eu l’occasion de se voir plus de quelques minutes ici et là depuis des semaines, et si elle était tout à fait honnête, leurs moments lui avaient manqué. Il lui déposa un baiser sur la joue qui agrandit son sourire. « Désolé pour le changement de dernière minute. » Elle balaya ses excuses d’un revers de la main, alors qu’elle refermait la porte à sa suite. « T’as pas à t’excuser. Je sais que tu tiendras ta promesse quand même. » S’il ne pouvait l’accueillir dans la tenue pourtant promise, elle savait qu’il saurait se rattraper comme il le fallait à un moment où un autre; l’inquiétude n’était donc pas de mise, tout comme les excuses n’avaient pas à être formulées.  « Et désolé si James est encore plus aigri que d’habitude. Ma faute. » Elle fronça un brin les sourcils. « C’est nouveau ça. » Que ce soit de la faute d’Ambrose - il saurait saisir la nuance de ses mots. « Mais honnêtement ? Je fais plus attention, il est aigri tous les jours alors. » Elle haussa les épaules pour accentuer ses mots. James avait sale caractère, c’était écrit presque en grosses lettres sur le contrat qu’elle avait signé plus d’une année plus tôt, donc ce n’était plus une surprise qu’il agisse en accord avec ces petites lignes là.

Entre temps, Ambrose avait eu le temps de faire comme chez lui et d’installer leur table pour diner, ce qui arracha un petit sourie en coin à Millie. « C’est bon, j’ai fait le tour des excuses. Je suis content de te voir. » Et bien sur que les paroles du brun agrandirent le sourire de la jeune femme. « Je suis contente de te voir aussi, tu sais. » Et parce-qu’elle ne voyait pas d’inconvénients à faire comme si elle était chez elle - c’était véritablement le cas, mais ce n’était pas là pour les mêmes raisons -, elle finit par faire les quelques pas qui la séparaient d’Ambrose pour lui arracher un baiser; bref, mais elle en avait envie alors il n'était pas question de se priver de lui voler à ses yeux. « Je crois aussi que ma soeur se doute un peu plus de quelque chose, entre nous. Mais elle s’en doute depuis le premier jour j’imagine. » Ce fut un rire qui s’échappa d’entre ses lèvres de Millie. « Oh, Ambrose. » Il était presque mignon, en cet instant - non, disons qu'il l’était toujours, mais particulièrement là. « Bien sur qu’elle s’en doute depuis le premier jour. » Flora et Millie habitaient ici ensemble avant même que Millie ne succombe à sa façon au regard d’Ambrose. La soeur Constantine avait depuis bien longtemps compris qu’il se tramait quelque-chose, elle avait juste décidé de ne pas mettre son nez dans quelque-chose qui ne la regardait pas. « Elle est juste trop polie pour nous en parler, et se contente de faire des sous-entendus quand elle me parle de toi. » Et bien sur que ça l’amusait, Millie, alors elle gardait les choses sur cet équilibre tant que cela fonctionnait. « Qu’est-ce qui t’a mis la puce à l’oreille, pour que t’en viennes à t’en douter autant maintenant ? »

Les moments passés avec Millie sont toujours doux et simples, ce qui est la raison pour laquelle Ambrose a toujours accepté sa compagnie. Ils se comprennent sans avoir besoin de s’expliquer longuement, et dans une vie aussi mouvementée et occupée que la sienne, cela a le mérite de lui faire un bien fou. Preuve en est, il passe une main contre le dos de la jeune femme lorsqu’elle, de son côté, entoure sa nuque de ses bras. Il la serre doucement contre lui, sourit, profite de son parfum durant une seconde. « Monsieur Constantine. » Les mots cérémonieux dénotent de l’affection de leur étreinte, sans que cela ne soit dérangeant l emoins du monde. Ils savent tous deux à quoi s’en tenir. « T’as pas à t’excuser. Je sais que tu tiendras ta promesse quand même. » Elle balaie rapidement ses excuses d’un revers de la main et il ne cherche pas à se battre davantage pour leur donner de la force. Il est désolé, il le pense, elle s’en moque, elle le pense. Déjà, et après un doux baiser posé contre la joue de la jeune femme, ils passent à autre chose et Ambrose dresse rapidement la table pour présenter leur repas du soir.

S’il passe rapidement outre le changement de plan de dernière minute, qui n’est pas si terrible puisqu’ils passent tout de même du temps ensemble, Ambrose prend cependant le temps de s’excuser pour un second sujet, à savoir le caractère particulièrement agri qu’il devine déjà James avoir. « C’est nouveau ça. » Que ce soit la faute du cadet Constantine, non que James soit de mauvais poil. Evidemment. « Mais honnêtement ? Je fais plus attention, il est aigri tous les jours alors. » Encore une fois, elle balaie ses excuses. Cette fois-ci pourtant, il doit se forcer pour arriver à en sourire, le sujet de la dispute avec son frère le tracassant bien plus qu’un simple changement de plan sans conséquences. Il n’a pas de mal à faire valoir son avis sur les différents sujets, quitte à se disputer avec autrui, mais dès qu’il s’agit de James, tout devient différent. Ils sont toujours sur la même longueur d’onde. Toujours. Pour la rassurer autant que pour se rassurer lui-même, il passe brièvement une main le long de son dos qu’il caresse rapidement, tout en déposant un baiser contre sa tempe.

La table dressée, il prend enfin le temps de se poser face à Millie pour passer un temps bien plus qualitatif à ses côtés, sans que ses paroles se résument à des excuses. « Je suis contente de te voir aussi, tu sais. » Ses mots sont ponctués d’un baiser qu’elle échange brièvement avec lui, lequel fait naître un sourire bien plus sincère sur les lèvres du politicien. Leurs visages restent près l’un de l’autre, son sourire ne s’évapore pas, et il pose simplement ses mains contre les hanches de la jeune femme tout en appréciant la valeur de l’instant présent. « Oh, Ambrose. Bien sur qu’elle s’en doute depuis le premier jour. » - “Ouais, ok, sûrement.” Il l’avoue à son tour en fronçant le bout du nez, bien au courant du fait qu’ils n’ont jamais été particulièrement discrets quant au genre de relation qu’ils entretenaient. Ils n’ont jamais parlé de rendre quoi que ce soit officiel, mais ils n’ont pas non plus cherché à en faire un secret au péril de leur vie. Ils naviguent entre deux eaux, simplement parce que tout est bien plus simple ainsi. « Elle est juste trop polie pour nous en parler, et se contente de faire des sous-entendus quand elle me parle de toi. » Il rigole à son tour, reconnaissant bien évidemment sa sœur dans ce genre de procédé. “J’espère qu’elle raconte que des trucs positifs quand elle parle de moi.” Il renchérit et s’en amuse, un sourire un peu plus malicieux désormais affiché contre ses lèvres. Sans le commenter, et sans même s’en rendre compte lui-même, il rapproche doucement Millie de lui.

« Qu’est-ce qui t’a mis la puce à l’oreille, pour que t’en viennes à t’en douter autant maintenant ? » Il aurait dû se douter que la question viendrait, évidemment, mais cela ne l’empêche en rien de s’en amuser simplement. Alors, déjà, sa première réponse se résume à un rire enfantin, le faisant fermer les yeux quelques secondes. “Il se pourrait que la conversation de famille ait aussi reçu la photo. Et je pense que tu te doutes qu’entre eux et toi, il y avait un destinataire de trop.” Il ne précise pas de quelle photo il est question, un peu trop certain qu’elle saura l’imaginer par elle-même sans le moindre mal. Aujourd’hui, Ambrose en parle avec un peu plus de calme, là où il était parfaitement mortifié lorsqu’il s’est rendu compte de son erreur, avant de la noyer au milieu des reproches adressés à sa famille toute entière. “Elle a demandé pour qui la photo était mais je lui ai dit qu’elle s’en doutait déjà.” Ce n’est que vaguement ce qu’il s’est passé, mais peu importe. Millie n’est pas là pour qu’il lui raconte les moindres détails de cette discussion qu’il tente d’oublier. “Du coup j’imagine qu’elle va rougir dès qu’elle va te croiser pendant les jours à venir.” Parce que, sans que cela n’ait un seul instant été l’objectif nourri par Ambrose, Flora a une vision bien trop claire des échanges sms entre sa colocataire et son frère. “Je crois qu’à l’avenir je me contenterai de te montrer directement.” Il ment comme il respire, repoussant de quelques secondes la moindre réponse possible alors qu’il prend à son tour le temps d’embrasser tendrement la jeune Butcher. Finalement, ses mains glissent contre les cuisses de la jeune femme, qu’il fait s’asseoir contre le rebord de la table en même temps qu’il se retourne. C’est un simple baiser contre son cou qu’il finit par lui adresser plus délicatement. “J’utiliserais bien l’excuse que le repas risque de refroidir, mais ça marche pas vraiment.” Pour des sushi, effectivement, ce serait quelque peu paradoxal. Pour autant, il a à cœur de passer une soirée aussi normale que possible, autant qu’il a à cœur de repousser l’inévitable autant que l’annonce de ses fiançailles. “Mais je m’en voudrais si t’avalais pas quelque chose.” Elle aussi a de longues journées, et celle-ci ne sera pas ponctuée aussi simplement qu’Ambrose l’aurait souhaité, alors il souhaite nourrir l’idée d’une soirée normale, aussi longtemps que possible. “Flora rentre pas avant longtemps, de toute façon.” Il reprend avec une nouvelle lueur de malice dans le regard, ne se cachant pas du sous-entendu allant avec ses propos.

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« Ouais, ok, sûrement. » Le fait qu’il réponde là de façon si innocente, et qu’il se mette à plisser légèrement le nez de paire avec, arracha un petit rire amusé à Millie: il était vraiment mignon en cet instant. Mais effectivement, ce n’était pas d’aujourd’hui que Flora se doutait de quelque-chose entre eux deux, et ce n’était pas la jeune femme qui serait venue réfuter quoi que ce soit. Certes, ils n’avaient jamais pris le parti d’officialiser quoique ce soit, aux yeux de qui que cela puisse être, mais il s’agissait de sa colocataire et cette dernière était loin d’être idiote; elle aurait fini par comprendre dans tous les cas, le nier n’aurait rien aider et surtout n’aurait servi à rien. « J’espère qu’elle raconte que des trucs positifs quand elle parle de moi. » Millie hocha la tête de façon très convaincante. « Bine sur voyons, c’est son rôle de grande soeur que de faire ça. » Oh, il y avait des situations cocasses qui lui échappaient de temps en temps - mais la plupart du temps, il s’agissait là de toutes façons de Flora, elle n’était pas capable de vraiment dire des méchancetés sur son petit frère, ou sur toute autre personne à laquelle elle pouvait tenir.

La partie la plus étrange, si cela pouvait être dit de cette façon, dans les paroles d’Ambrose c’était qu’il apporte cet élément là à ce moment là, dans ces circonstances. Pourquoi était-ce que l’idée que sa soeur puisse être au courant d’un quelque-chose entre eux devenait finalement un point à mettre en avant ? Au petit rire qui lui échappa entre première intention, un fin sourire étira les lèvres de la jeune femme, qui se sentait un brin amusée sans en connaitre la raison. « Qu’est-ce qu’il s’est passé ? » - « Il se pourrait que la conversation de famille ait aussi reçu la photo. Et je pense que tu te doutes qu’entre eux et toi, il y avait un destinataire de trop. » A ces mots, à cette explication, lentement tout le visage de Millie changea d’expression; ses yeux s’écarquillèrent, sa bouche s’ouvrit pour former presque le O parfait. Oh, Rose n’avait pas besoin de préciser exactement de quelle photo il s’agissait là, puisqu’elle avait encore nettement l’image en tête. Elle avait personnellement accueilli cette photo avec plaisir, mais elle pouvait clairement imaginer que ça n’avait pas du être aussi plaisant pour le reste de la famille Constantine. « Elle a demandé pour qui la photo était mais je lui ai dit qu’elle s’en doutait déjà. » Bien sur qu’un petit rire s’échappait, doucement mais bien présent, de la gorge de la jeune femme bien contre son gré. « Du coup j’imagine qu’elle va rougir dès qu’elle va te croiser pendant les jours à venir. » - « Oh pauvre Flora. » Autant d’avoir du subir la vision de son frère de la sorte, mais également finalement d’être au courant de ce qui se tramait entre eux deux et de risquer de désirer échapper à la présence de sa colocataire pour ne pas se sentir mal ou en trop. « Je crois qu’à l’avenir je me contenterai de te montrer directement. » Gardant toujours son expression amusée sur le visage, elle fit cependant une petite moue; elle était un brin exagérée mais était tout de même sa réaction première à la phase du jeune homme. « Oh, dommage, j’aime vraiment bien ce genre de surprise. » Elle était loin de se douter que les mots de Rose n’étaient pas là que pour s’associer à la situation de la photo envoyée par erreur, mais pour un quelque-chose qu’elle n’apprendrait qu’un peu plus tard, et que la partie à l’avenir risquait d’avoir rapidement un goût amer.

Elle n’avait de toutes façons aucun indice à se mettre sous la main pour l’instant, surtout pas alors que celles du brun glissaient le long de ses cuisses, qu’il lui accordait un baiser un peu plus appuyé, qu’il l’acculait contre la table derrière eux. Oh, bien sur que cela lui arracha un petit sourire amusé, bien plus taquin que ceux qu’elle avait arboré jusque maintenant. Peut-être qu’elle tira quelque peu sur son cou pour lui laisser plus d’espace d’y déposer un nouveau baiser contre sa peau, juste là. « J’utiliserais bien l’excuse que le repas risque de refroidir, mais ça marche pas vraiment. » Elle leva les yeux au ciel. « Mais je m’en voudrais si t’avalais pas quelque chose. » - « Ambrose… » Bien sur que ses mots contenaient tout juste ce qu’il fallait de reproche, alors qu’il n’avait en aucun cas besoin de s’inquiéter pour elle de la sorte. Certes, elle allait devoir reprendre des forces à un moment donné dans l’histoire, mais elle n’était pas particulièrement pressée de s’attarder sur cette partie là de la soirée en cet instant, alors qu’il était auprès d’elle, qu’il lui parlait de cette façon et qu’il la regardait comme il le faisait là. « Flora rentre pas avant longtemps, de toute façon. » Ses mains s’étaient glissées le long de ses épaules, étaient retombées dans son dos afin qu’il ne lui échappe pas de suite. Elle appréciait particulière cette proximité. « Heureusement qu’elle rentre pas de suite, car je te rappelle que c’est pas dans cette tenue là que t’étais censé m’accueillir ce soir. » Haussant un sourcil malicieux sur son visage, elle tira sur le tissu de son tee-shirt pour que ce dernier remonte dans son dos et qu’elle puisse en venir à le lui retirer, doucement mais avec des gestes précis et précautionneux. Morceau de tissu auquel elle ne prêta pas plus d’attention que ça par la suite. « Est-ce que je dois te montrer comment tu dois t’y prendre ? Ou tu sauras retirer la suite de tes vêtements tout seul ? » Elle pinça ses lèvres un instant. « T’as apparemment su le faire tout seul pour la photo… » Oh, et même si ce n’était pas vraiment le cas, ce n’était pas un reproche qu’elle lui adressait loin de là. Apposant l’un de ses index sur le torse de Constantine, elle le poussa doucement pour qu’il prenne un ou deux pas de recul, qu’elle puisse admirer la vue avec un plus grand angle, et qu’il ait plus d’espace pour agir; dès qu’il ne fut plus à son contact, et que la distance entre elle et lui fut plus longue que le bras de Millie, la jeune femme croisa ses bras sur sa poitrine en attendant qu’il s’exécute. Elle était têtue; pas comme pouvait l’être bien d’autres personnes, mais elle savait très bien faire entendre et obtenir ce qu’elle désirait de temps à autres. Elle en profitait, elle en jouait en cet instant, et bon Dieu qu’elle avait raison en réalité. « J’avalerai rien tant que t’auras pas tenu ta promesse, sache le. » Un petit sourire narquois étirait le coin de ses lèvres.

« Ambrose… » Il est naïf au point de croire que l’excuse de leur soirée ensemble n’en était justement qu’une et que le repas qu’il amène a plus d’importance que le reste. Non que son erreur le dérange, pas dans un tel contexte évidemment, mais elle se contente au moins de prouver qu’il lit un peu moins aisément en autrui que ce qu’il aimerait. Néanmoins, il ne donne pas davantage de raisons à Millie de prononcer son prénom avec une once de reproches. « Heureusement qu’elle rentre pas de suite, car je te rappelle que c’est pas dans cette tenue là que t’étais censé m’accueillir ce soir. » Heureusement, oui. Le sourire de Constantine grandit quand il comprend qu’elle n’a nullement l’intention que leur proximité prenne fin avant un moment, et il ne pense pas un seul instant à s’en plaindre, s’accommodant ainsi parfaitement des mains qu’elle pose contre son dos. “Je voulais pas risquer des reproches d’atteinte à la pudeur. Mais je te promets que je peux me faire pardonner.” Il murmure comme s’il avait réellement fait un geste répréhensible. Millie n’en a que faire de ses mots, elle qui s’active déjà à lui retirer son t-shirt, sans attendre qu’Ambrose daigne s’occuper de la tâche par lui-même. Le tout lui tire un sourire toujours plus sincère, quand bien même il se contente de la laisser faire, poupée de chiffon entre ses mains. « Est-ce que je dois te montrer comment tu dois t’y prendre ? Ou tu sauras retirer la suite de tes vêtements tout seul ? T’as apparemment su le faire tout seul pour la photo… » Cette fois-ci, bien plus qu’un simple sourire, c’est un véritable rire que Millie lui décoche, elle qui devient girlboss au détour d’une conversation et n’hésite pas une seule seconde à remuer le couteau dans la plaie de cette photo malencontreusement envoyée au reste de la famille. Dans un tel contexte, il se laisse aisément prendre au jeu, comme en démontre sa docilité lorsqu’elle le repousse du bout de l’index et qu’il esquisse par lui-même plusieurs pas en arrière. “Je dois vraiment tout faire tout seul dans cet appart’.” Il s’en plaint, il en joue, il ne fait que sourire un peu plus encore sans jamais détacher son regard de celui de la jeune femme. « J’avalerai rien tant que t’auras pas tenu ta promesse, sache le. » - Doucement sur la grève de la faim, je me rends. Paumes levées en sa direction, il y ajoute toute la mise en scène allant avec.

Finalement, c’est avec une malice évidence que le jeune homme ne tarde pas à abandonner le reste de ses affaires, son pantalon autant que son caleçon rejoignant son t-shirt déjà au sol. Après tout, il ne fait que répondre aux attentes de Millie, et rien de plus. “J’ai le droit de m’approcher ou tu mords, en plus de ça ?” Ambrose se doute déjà de la réponse et ne l’attend donc pas avant de la rejoindre, collant de nouveau son corps au sien sans la moindre retenue ni doute. Il scelle leur proximité dans un nouveau baiser, sans plus qu’il soit question de parler de sa famille ou de sa soeur en particulier - sans plus qu’il soit raison de parler tout court en réalité. Ses mains trouvent un temps le contact de ses joues, sa nuque, ses cheveux. Elles se content de migrer sous ses cuisses uniquement pour la soulever et la faire se reposer contre le meuble, un peu plus à sa hauteur désormais. “Laisse moi me rattraper.” Il murmure simplement, déjà bien plus absorbé par l’instant présent qu’occupé à chercher comment échanger des mots un peu plus imaginatifs. Preuve en est alors qu’il a à coeur de lui retirer à son tour son pantalon - pas de jaloux, dirait-on -, ses baisers remontant le long de ses cuisses dès qu’il peut sentir sa peau sous ses lèvres. Ultimement, il la rapproche du bord de ce même meuble, ses baisers trouvant leur destination finale, s’y apposant ainsi durant de longues minutes et autant d’autres détails que, pour sûr, il n’oserait jamais évoquer face à sa famille, pudeur oblige.

*** entracte olé olé ***

Ils ont retrouvé son lit et, après avoir faussement rechigné à ce qu’ils se dénudent tous deux pour un tel instant d’intimité, Ambrose rechigne bien plus à envisager l’idée de quitter ces draps. Ses bras entourent les épaules d’une Millie qu’il garde tout contre lui, peu certain qu’elle ne risquerait pas de s’évaporer s’il lui laissait quelques centimètres d’espace. “Je sais que je suis pas vraiment en droit de poser cette question, et toi t’es en droit de pas y répondre.” Après quelques minutes de silence relatif, et autres baisers déposés contre sa peau dénudée, Ambrose reprend. “Et que si on a jamais rien rendu officiel, toi et moi, ça implique aussi que chacun fasse ce qu’il veut.” Tout comme ça implique aussi et surtout une incapacité probante de la part d’Ambrose à faire des choix sur le plan privé et personnel de sa vie, toute l’affection qu’il porte à Millie n’ayant d’égale que le métier qui est le sien auprès de James et la capacité de ce dernier à tout compliquer quelque peu. Quoique cela n’aurait pas été la fin du monde, s’il avait parlé d’elle à son cousin, ou à qui que ce soit d’autre dans la famille. Simplement, l’excuse est là, toute trouvée, immuable. “Mais y’en a d’autres ? Des comme moi ? Dans ta vie ?” Est-ce qu’elle reçoit des photos du genre de la part d’autres personnes, est-ce qu’il n’a pas le monopole des soirées sushis du vendredi soir ? En temps normal, il n’aurait pas espéré une réponse ou une autre, bien conscient de ce pour quoi il a signé, et pourtant ce soir il en vient à espérer qu’elle réponde par la positive, parce qu’il espère aussi que cela pourrait rendre son annonce un peu moins difficile à accepter. Parce qu’elle ne serait pas seule, au moins.

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@ambrose constantine

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Le sourire qu'il portait ne cessait de grandir au fil des paroles qu’elle prononçait, et bien sur qu’elle n’allait s’arrêter en plein élan s’il réagissait de la sorte. « Je voulais pas risquer des reproches d’atteinte à la pudeur. Mais je te promets que je peux me faire pardonner. » Et bien sur que le sien de son côté ne cessait d’agir en parfait miroir alors qu’il lui répondait. « Comme si tu t’en inquiétais maintenant. » Elle plissa légèrement les yeux. « Et j’espère que tu peux te faire pardonner. » Oh, ce n’était pas virement une inquiétude de la part de Millie qui était émise en cet instant, bien au contraire: elle savait parfaitement que c’était le cas, et s’appliquait simplement à montrer à Ambrose comment cela pouvait effectivement être le cas. Ses mains à elle s’occupait déjà de retirer son tee-shirt, premier geste pour le guider vers le bon chemin à suivre, alors qu’un rire échappait des lèvres de Rose. De l’index, le regard et les expressions du visage pleins de malice, elle le repoussait légèrement pour qu’il puisse s’exécuter. « Je dois vraiment tout faire tout seul dans cet appart’. » - « Mon pauvre, oui. » Comme si elle le plaignait véritablement. Elle ne lui laissait surtout pas terriblement le choix en cet instant, usant de l’excuse qu’une promesse était une promesse et qu’il avait plutôt intérêt à respecter cette dernière. « Doucement sur la grève de la faim, je me rends. » Ce fut bien sur empli de satisfaction que fut le nouveau sourire affiché fièrement par Millie - surtout en observant le spectacle qu’il lui offrait ensuite. Le reste des vêtements du jeune homme rejoignirent le sol et ce n’était pas elle qui allait s’en plaindre, initiatrice de ce projet. « J’ai le droit de m’approcher ou tu mords, en plus de ça ? » Un rire échappa à la jeune femme alors qu’elle lui fit signe de la main qu’il pouvait approcher - ce n’était pas dit qu’elle ne morde pas, mais elle saurait faire les efforts nécessaires pour ne pas que ce soit le cas présentement. Ajouter la moindre parole serait de trop également en cet instant, alors que les lèvres de Rose trouvaient le chemin des siennes, que ses mains arpentaient désormais ses cuisses pour la soulever et la déposait sur le meuble à leurs côtés. « Laisse moi me rattraper. » Elle n’aurait aucune objection à cette idée, de toutes façons, et Ambrose était déjà bien trop absorbé par l’entreprise qu’elle n’oserait pas l’arrêter en si bon chemin - surtout avec les gestes qu’il ajoutait à la danse et l’intention vers laquelle il tournait la scène. Elle ne put que se laisser glisser dans l’instant, alors que les baisers de Rose glissaient contre sa peau.

*** bamboleo***
La chaleur de la peau d’Ambrose contre la sienne, alors que ses bras l’entouraient encore en cet instant, était on ne pouvait la bienvenue; elle faisait du bien, elle était rassurante, elle procurait un sentiment de sécurité. Et jusqu’au moment où il reprit la parole, jusqu’au moment où le silence ne fut plus de mise, c’était le sentiment que lui procurait l’instant: du confort. A partir du moment où la voix de Rose se mit à doucement résonner dans la chambre, il lui sembla que tout changeait déjà avant même qu’elle ne put le comprendre. « Je sais que je suis pas vraiment en droit de poser cette question, et toi t’es en droit de pas y répondre. » Même le toucher de ses lèvres sur sa peau avait un ressenti différent en cet instant. « Et que si on a jamais rien rendu officiel, toi et moi, ça implique aussi que chacun fasse ce qu’il veut. » Soupirant discrètement, Millie finit par se retourner lentement pour pouvoir faire face au brun sans quitter ses bras pour autant. Ses sourcils se fronçaient légèrement aux mots qu’elle entendait, ses yeux se logeant sans un instant d’hésitation dans ceux de Constantine. « Mais y’en a d’autres ? Des comme moi ? Dans ta vie ? » D’ordinaire, elle aurait répondu sans attendre le moindre instant qu’il n’était pas possible de rencontrer d’autres personnes comme lui, qu’il était unique et tout ce qui s’en suivait - mais il y avait quelque-chose d’autre dans le regard de Rose, quelque-chose d’autre dans les mots qu’il prononçait aussi, qui indiquait que ce n’était pas le type de conversation qui nécessitait d’être allégée de suite.

Relevant une de ses mains, elle le posa avec douceur contre la joue d’Ambrose, étirant un sourire qui ne portrait aucun amusement mais une dose de nostalgie qu’elle ne saurait expliquer. Pinçant ses lèvres et les faisant rouler une dernière fois l’une contre l’autre, elle laissa encore une minute de silence peut-être s’imposer à eux avant de prendre la parole. « Je vois deux possibilités au fait que tu me poses cette question. » Elle aurait pu répondre simplement, mais elle pressentait que ce n’était pas un adjectif qui irait avec la situation qui s’en venait, s’imposait à eux - ou plutôt, qu’Ambrose imposait en cet instant. « Soit t’es devenu jaloux sans que je m’en aperçoive, soit t’as rencontré quelqu’un qui compte pour toi. » Il n’existait pas d’autres options viables pour l’instant et la question qu’il lui adressait. Même s’il n’y répondait d’ailleurs pas de façon directe, Millie savait qu’il s’agissait là d’une des deux réponses possibles. « Et étant donné que dans notre situation, la première option n’en est pas réellement une… » Comme il l’avait énoncé: ils n’avaient jamais rendu ça officiel, ils passaient juste du bon temps tous les deux, ils n’avaient pas besoin de poser la moindre étiquette pour quelque-chose qui n’en nécessitait pas une. De toutes façons, elle ne voyait pas Ambrose devenir le genre de gars jaloux, donc même s’ils étaient dans une relation qui en était une, justement, ils n’auraient pas eu cette discussion. Fermant les yeux un instant, elle se recentra sur les paroles de Rose, sur leur signification, sur ce qu’il tentait de lui dire à demi-mots à travers ses questions. Il ne fallut qu’un instant pour que son regard regagne le sien une fois de plus. « Est-ce que tu veux que je réponde vraiment à ta question, ou est-ce que tu préfères répondre à la mienne d’abord ? » Ses mots étaient un brin moins assurés, en cet instant. C’était idiot que ce soit le cas alors qu’elle n’aurait jamais du être autre chose que sure d’elle en toutes circonstances pour la relation qu’ils avaient, mais apparemment ce n’était pas de cette façon là que ses émotions avaient décidé d’affronter la situation.

Les instants de douceur en compagnie de Millie ne sont pas rares, ils se connaissent depuis assez longtemps pour avoir été intimes un certain nombre de fois pour que cela tombe bien plus dans le domaine de la normalité que de l’exception, et pourtant ce soir en particulier a tout d’unique. La question d’Ambrose l’est déjà à elle seule, et le regard que Millie lui tend en guise de première réponse l’est tout autant. Elle est d'une intelligence et d'une perspicacité remarquable, la jeune femme, et cela ne joue pas en faveur du brun qui tente malgré tout d'arrondir les bords et de prévenir la douleur de la chute. Sans rien dire de plus, il la laisse poser une main contre sa joue, ne répondant pas à son sourire pour autant. « Je vois deux possibilités au fait que tu me poses cette question. » Sans qu’elle n’aille plus loin, il devine déjà les deux possibilités qu’elle s’apprête à exposer ou, du moins, il devine déjà qu’elle parlera avec véracité de l’une d’entre elles. Il aurait aimé trouver une façon bien plus douce et délicate de lui en parler, voilà tout. « Soit t’es devenu jaloux sans que je m’en aperçoive, soit t’as rencontré quelqu’un qui compte pour toi. » Il a tout pour être jaloux, ou du moins il aurait tout pour être jaloux dans une véritable relation, qui commence justement par en porter le nom. Cela n'a jamais été le cas entre eux, et Ambrose a toujours pris soin en retour de ne jamais demander à Flora si Millie invitait d'autres amis certains soirs, ou si tout simplement il la savait avoir quelqu'un dans son lit ou sa vie. Il n'a jamais voulu savoir, pour éviter toute réponse qui puisse ne pas lui plaire: il en faisait de même en retour, après tout.« Et étant donné que dans notre situation, la première option n’en est pas réellement une… » Dans un sourire tout aussi triste à son tour, il pose la paume de sa main toute entière contre la joue de la jeune femme, le bout de ses doigts se fondant dans la masse de ses cheveux. Elle est intelligente ; bien trop pour ne pas en souffrir. « Est-ce que tu veux que je réponde vraiment à ta question, ou est-ce que tu préfères répondre à la mienne d’abord ? » Il aurait préféré qu'elle réponde la première, ne serait-ce parce que sa propre question est apparue la première, et pourtant il sait que la réponse de Millie ne changera pas ce qu'il a à lui dire, alors autant enlever le pansement aussi rapidement que possible. "Je me suis fiancé." Sans fierté, Ambrose annonce enfin à quoi ressemble l'éléphant dans la pièce. Il s'est déjà fiancé. Il ne compte pas aller plus loin pour le moment, préférant utiliser l'excuse de la préparation du mariage qui prend son temps puisqu'ils ne sont pas pressés, mais il ne peut pas se permettre de continuer à fréquenter une autre personne. Ce qu'il ne peut pas se permettre, surtout, c'est que quelqu'un finisse par l'apprendre et que les rumeurs d'infidélite courent à son sujet. Surtout après l'affaire Williams, redorer son image est sa priorité numéro une et la raison de ces fiançailles de circonstances: il n'a pas le droit de tout foutre en l'air simplement parce qu'il apprécie Millie plus que de raison. "Je voulais savoir si t'allais toujours avoir quelqu'un pour toi." Il souffle, le souci se lisant aisément dans son regard sans que ce soit un jeu d'acteur. Elle est forte et indépendante mais cela ne l'empêche en rien de rester humaine malgré tout.

Tout en soufflant longuement, il décolle sa main de son visage et se repose pleinement contre le matelas, son dos collé à ce dernier et ses yeux levés en direction du plafond. "Tu la connais pas. Si jamais ça a de l'importance pour toi." Il n'a jamais rien caché à Millie, et certaine pas une femme dont il serait réellement tombé amoureux sous ses yeux - ni tombé amoureux tout court. "J'aimerais continuer à te voir, si t'en as envie aussi." Elle ne représente pas seulement des nuits passées en charmantes compagnie et ils peuvent toujours tenter d'être amis malgré tout le reste. Du moins, c'est l'idée qu'Ambrose a de la situation depuis le premier jour, et il veut croire qu'il a raison sur toute la ligne, l'inverse lui brisant quelque peu le coeur.

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Plus les secondes s’écoulaient, plus elles paraissaient le faire lentement, alors que les pupilles de Millie tentaient de lire dans celles de Rose les paroles qu’il ne lui disait pas encore. Elle savait qu’il s’agissait là de quelque- chose d’important, sinon il n’aurait pas arrangé le décor de la scène de cette façon; il n’aurait pas emprunté une telle voix pour commencer. Elle ne le pressait pas, lui donnait même le choix de préférer le raccourci plutôt que le chemin rallongé pour lui expliquer ce qui pesait sur son cœur et qu’il peinait à faire entendre. Bien sûr qu’elle s’apprêtait à regretter chaque parole qu’il allait lui adresser - mais en cet instant, alors que le bout des doigts d’Ambrose s’emmêlaient dans ses cheveux et qu’elle n'aurait su lâcher son regard, elle ne pouvait pas anticiper ce qu’il était sur le point de lui annoncer.

« Je me suis fiancé. »

Ce n’était pas comme si l’information était compliquée à comprendre; dans son domaine, elle était même plutôt simple. C’était plutôt que Millie ne s’attendait pas du tout à ce qu’il lui dise ça, étant donné que Rose se tenait là entre des bras, la chaleur de son corps contre la sienne, partageant les mêmes draps - ça ne faisait pas de sens qu’il lui annonce s’être fiancé, ou alors on lui avait menti sur la façon dont ces choses là fonctionnaient depuis des années. Dans ce genre de situation, d’ordinaire, n’importe qui serait venu froncer les sourcils pour marquer l’incompréhension, l’étonnement même éventuellement en les haussant plutôt. Millie, de son côté, s’était contentée pour le moment de perdre toute expression pouvant être marquée sur son visage - ses yeux sondant ceux d’Ambrose, cherchant une explication qui ne semblait pourtant pas venir. « Je voulais savoir si t'allais toujours avoir quelqu'un pour toi. » Et si elle pouvait lire toute la sincérité dont faisait preuve le brun en cet instant dans son regard lorsqu’il posait cette question, cela ne semblait pas lui donner la moindre réponse à ses questions demeurées silencieuses pour le moment. Au mieux, elle saurait qu’il se trouvait être peiné d’avoir cette discussion, mais cela restait tout de même maigre comme consolante.

Elle n’y eut d’ailleurs accès d’une poignée d’instants, car rapidement Ambrose échappa à son regard, retirant sa main de sa joue - ne permettant pas à Millie de garder la sienne en place non - lorsqu’il se rallongea dos plat sur le lit. Le soupire qui lui échappa fut sonore, comme s’il était las de la situation; pourtant, il en était le créateur et techniquement, c’était une bonne nouvelle qu’il lui apportait. « Tu la connais pas. Si jamais ça a de l'importance pour toi. » Ce ne fut qu’à ce moment là qu’elle commença à quelque peu froncer les sourcils. « J'aimerais continuer à te voir, si t'en as envie aussi. » - « Attends, quoi ? » Il y avait trop d’éléments non résolus d’un coup, trop de points qu’elle ne pouvait comprendre dans leur entièreté - et si elle était restée silencieuse jusqu’alors, intégrant comme elle le pouvait les différents éléments que Rose lui donnait, elle se devait de mettre le frein un instant.

Poussant du plat de la main pour se redresser dans le lit, elle rabattit ses jambes pour s’asseoir en tailleur aux côtés du jeune homme toujours allongé, l’autre de ses mains venant frotter ses yeux. De son côté, ce fut une longue inspiration qu’elle prit, comme agissant en écho d’Ambrose. « J’ai du mal à comprendre quelque-chose, là. » Elle était maligne pourtant, Millie; apparemment aujourd’hui ce n’était pas assez semblait-il, car l’essentiel de la situation lui échappait. Elle avait l’impression d’avoir été mis devant un croquis qu’elle n’avait jusqu’à maintenant jamais vu et d’être interrogée sur le procédé de création de ce dernier: cela ne faisait aucun sens. Elle retira sa main de ses yeux, posa ces derniers sur le visage de Constantine, non sans aborder cette expression d’incompréhension qu’elle avait mis plusieurs minutes à composer. « Je comprends pas qu’on ait passé du bon temps ensemble si t’es fiancé. » Oh, elle avait mille et une questions à lui poser sûrement, mais elles arrivaient par vagues dans son esprit et elles ne s’imposaient pas à elle de façon ordonnée; alors son discours n’était pas aussi construit qu’elle l’aurait désiré. « Et comment ça se fait que tu sois fiancé ? Pas que ce soit pas possible, ou que t’es pas le profil à l’être… » Quoi qu’à ses côtés, ce n’était pas son côté gendre idéal qu’il faisait ressortir, et ce depuis le premier jour. « … mais souvent ça sort pas de nulle part comme ça ce genre de nouvelle. » Elle n’admettrait pas à haute voix que c’était le cas, mais le ton qu’elle exploitait était teinté d’un léger agacement - car une partie, celle qu’elle n'avait pas encore fait entendre, ne pouvait s’empêcher de se demander si Ambrose ne se fichait pas d’elle. « Pourtant tu me sors ça comme ça, comme si c’était un sujet logique à discuter entre nous ? » Attrapant délicatement d’une main le menton de Rose, elle fit tourner son visage dans sa direction pour que leurs regards puissent se rencontrer et qu’elle puisse lire à travers les fenêtres de son âme lorsqu’il lui répondrait - et même alors qu’il allait devoir se mettre à réfléchir aux réponses qu’il s’apprêtait à lui donner. « Et te sentir obligé de préciser que je la connais pas ? Pourquoi ? » Peut être que le léger octave qu’elle avait gagné dans les aigus indiquait à lui seul qu’elle était un brin irritée par la conversation qu’il avait lancé, et dans laquelle elle nageait la brasse coulée; ce n’était pas dans ses habitudes et elle n’appréciait que moyennement cette sensation.

Il veut le beurre et l’argnt du beurre, c’est ce qu’on a toujours grossièrement dit d’Ambrose, et c’est ce qui se démontre être on ne peut plus vrai en cet instant alors qu’il ne laisse que quelques secondes s’écouler entre l’annonce de ses fiançailles et celle qu’il souhaite continuer à voir Millie - le sous-entend étant qu’il ne souhaite pas qu’ils le fassent comme des amis gardant leurs vêtements. « Attends, quoi ? » Couché dos contre le matelas, il ferme un instant les yeux, comprenant déjà qu’elle ne sera pas sur la même longueur d’onde que lui. A dire vrai, il s’y attendait. Il en voulait simplement pas y croire, parce que ce n’est pas le plan qui lui plaît le plus. « J’ai du mal à comprendre quelque-chose, là. » Elle comprend tout, au contraire. Ce dont elle a besoin, ce sont les transitions entre les différents mots et les étapes. Elle comprend très bien ce qu’il vient de lui dire, Ambrose en est persuadé, tout comme il se doute qu’elle ne comprend pas pourquoi il le lui dit, ni même pourquoi maintenant. Il y a d’immenses zones d’ombres dans un tableau bien trop complexe pour qu’elle en devine les manques par elle-même. Sans faire le moindre commentaire ni se dérober, il laisse Millie entourer son visage de ses mains, déjà certain qu’elle n’a aucune l’intention de l’embrasser pour autant.

« Je comprends pas qu’on ait passé du bon temps ensemble si t’es fiancé. » La logique voudrait que ce ne soit jamais arrivé, tout comme la logique voudrait qu’il soit exclusif et amoureux de Cassandra. Ni l’un ni l’autre n’existent, parce qu’hier encore elle était presque une inconnue à ses yeux, ou tout du moins une personne devant qui il aurait pu passer sans même la notifier d’un bonjour. Du jour au lendemain, tout a changé et la storyline allant avec en a fait de même. “T’as pas à le comprendre, ça.” Elle n’a pas à savoir pourquoi il agit de cette façon. Il le fait, c’est tout. Il le dit doucement, déjà bien conscient que son avis ne sera pas partagé. « Et comment ça se fait que tu sois fiancé ? Pas que ce soit pas possible, ou que t’es pas le profil à l’être… mais souvent ça sort pas de nulle part comme ça ce genre de nouvelle. » - “Ça s’est fait récemment.” Elle n’a pas à savoir qu’il ne connaissait pas réellement Cassandra avant qu’ils se fiancent, c’est évidemment une partie de l’histoire qu’il sera le premier à taire. Ses réponses sont concises au possible, il évite d’aborder le moindre détail et, surtout, il évite d’aborder la moindre implication un brin trop personnelle. Il a confiance en Millie, mais ils sont à un tout autre niveau. « Pourtant tu me sors ça comme ça, comme si c’était un sujet logique à discuter entre nous ? » Et cette fois-ci il fronce les sourcils, ne comprenant pas pourquoi elle pose cette question. Le silence qu’il impose est suivi par son menton qu’elle relève du bout de sa main, assez pour qu’il l’observe les yeux dans les yeux, sans pour autant supprimer sa ride du lion. “Parce que je pensais que tu voudrais savoir ?” Parce qu’il veut qu’elle sache ce dont il est question s’ils continuent bel et bien de se voir alors qu’il est dès à présent un homme fiancé.

« Et te sentir obligé de préciser que je la connais pas ? Pourquoi ? »
“Parce que je veux pas arrêter de te voir.”

Il comprend que Millie commence à s’énerver et il comprend aussi pourquoi elle réagit de cette façon, mais il tente autant que possible de ne pas la pousser dans cette direction. “Et je veux pas t’imposer le fait de la voir.” Parce qu’il va de soi qu’il ne dira pas à Cassie qu’il voit quelqu’un à côté d’elle, tout comme il ne le dira pas à qui que ce soit non plus. Il veut faire au mieux pour elle, et il est agacé qu’elle ne semble pas le comprendre à son tour. “J’essaie de contenter tout le monde, ok ?” Et c’est évidemment en agissant de cette façon qu’il s’assure de voir monter l’agacement de Millie, se faisant passer pour le chevalier servant d’une situation où il ne l’est certainement pas. “Mets y du tien, Millie, s’il te plaît. Je me fiance, mais c’est pas pour autant que ça doit changer entre nous.” Ils ont vécu leur relation dans l’ombre jusqu’à maintenant, pourquoi est-ce que ça changerait ?

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Rien que le simple fait qu’il se soit allongé à dos plat sur le lit et qu’il évitait son regard en cet instant, les yeux fermés tant qu’elle n’orienta pas son visage vers elle, soulignait qu’il provoquait la discussion parce-que cela devenait presque obligatoire plus que par gaité de coeur. En tous cas, ce n’était pas Millie qui prenait le train en marche et qui se mettait à discuter des fiançailles de celui qui se tenait dans son lit, qui le faisait par gaité de coeur. Elle avait l’impression qu’il cherchait surtout à se moquer d’elle, avec des sujets abordés et des réponses aux questions allant de paire avec qui ne faisaient aucun sens à ses oreilles. « T’as pas à le comprendre, ça. » Elle haussa un sourcil, bien haut sur son visage. Elle n’avait pas à comprendre pourquoi il se permettait de coucher avec elle s’il était promis à une autre personne ? « Excuse moi d’être un peu perdue là. » Parce-que ce n’était pas le type de réponse qu’il aurait du lui donner en cet instant. La discussion aurait du plutôt tourner autour d’un j’ai rencontré quelqu’un que j’apprécie, je veux faire un bout de chemin avec cette personne, il faudrait qu’on arrête de se fréquenter plutôt qu’un je me suis fiancé, tu la connais pas donc t’inquiètes on peut continuer de se voir sans soucis. Cela ne faisait aucun sens, cela sortait de nulle part et Millie avait l’impression de reprendre le visionnage d’une série en s’étant trompé de saison - elle avait atterri au moins trois ou quatre saisons plus loin sans le vouloir, pour donner idée. « Ça s’est fait récemment. » - « D’accord. Ca date de quand ? » Elle ne posait pas ses questions à Ambrose parce-qu’il lui devait des explications ou des réponses, mais bien parce-qu’elle cherchait comment il était possible de comprendre quoi que ce soit à cette situation avec le peu d’éléments qu’il se forçait à lui donner. Plus de notions, de matière, d’informations - voilà ce qu’elle cherchait à obtenir pour tenter d’aligner sa compréhension sur la situation que lui exposait Constantine.

Ce ne fut que lorsqu’elle souligna qu’il abordait le sujet avec presque une banalité à faire peur que cela sembla indigner Ambrose et le sortir de cet état presque léthargique dans lequel il  se trouvait jusque maintenant - ou cet état de semi-veille, se contentant de réponse par de courtes phrases comme par automatisme aux questions de la jeune femme. « Parce que je pensais que tu voudrais savoir ? » La ride qui creusait juste au dessus de ses yeux était d’ordinaire quelque-chose que Millie serait venue embrasser avec affection - aujourd’hui, elle avait envie de lui taper dessus parce-que cela trahissait une surprise et une incompréhension du côté du brun, et un agacement en découlant de son côté. Elle pinça les lèvres, penchant légèrement la tête sur le côté. « Effectivement je veux savoir, c’est pas ça la question Ambrose. » La question était pourquoi il se permettait d’ajouter une couche d’une banalité à faire peur alors que ce n’était pas du tout le type d’attitude attendue pour cette annonce. « Tu penses que c’est dans ce sens là que la soirée aurait du se passer ? Tu t’es pas dit que me prévenir dès ton arrivée que t’étais plus dispo ça aurait pas été plus logique ? » Ce fut à partir de ce moment là que sa voix comporta une trace d’énervement. C’était plus fort qu’elle, elle n’avait pas envie de réagir de la sorte alors que c’était exactement pour ça qu’ils s’étaient contentés de s’amuser jusque maintenant - mais Ambrose semblait se moquer gentiment d’elle, et ce n’était pas quelque-chose dont elle était particulièrement fan.

« Parce que je veux pas arrêter de te voir. » Ce fut à son tour de se mettre à froncer les sourcils. Il lui précisait qu’elle ne connaissait pas sa fiancée, la nouvelle femme de sa vie donc, pour qu’ils puissent continuer de se fréquenter ? Le discours d’Ambrose n’avait aucun sens, aux yeux de Millie. « Et je veux pas t’imposer le fait de la voir. »

« J’essaie de contenter tout le monde, ok ? » L’agacement commençait à se faire entendre du côté de Rose également, autant dans la façon dont il parlait désormais que dans son choix des mots qu’il utilisait. Il essayait de contenter tout le monde ? Par rapport à quoi, exactement, hein ? Parce-que de son côté, Millie ne comprenait pas comment il pouvait en arriver à une situation où il devait réfléchir à une logistique pour contenter tout le monde, justement. Et depuis quand se permettait-il de porter une tel melon ? Elle n’avait pas souvenance que son égo prenait autant de place, jusque maintenant - au contraire, elle avait toujours eu devant elle un garçon avec un grand coeur, pas un homme qui se jouait affaires en amour et en coucheries. « Mets y du tien, Millie, s’il te plaît. Je me fiance, mais c’est pas pour autant que ça doit changer entre nous. » Et alors qu’elle allait répondre, Millie prit un instant pour réfléchir et surtout pour respirer. De l’une de ses mains, elle se frotta les yeux. Il se devait de se moquer d’elle, ce n’était pas possible autrement - et pourtant, dans son regard elle avait vu qu’il n’était pas question d’une mauvaise blague. Elle ne comprenait juste pas quel était le but de la conversation qu’ils avaient, ni quel était l’objectif pour Ambrose d’adopter un tel comportement. Cependant, il était clair que deux options s’offraient à elle: soit elle était encore plus hypocrite et prenait le parti de s’énerver du manque d’explications de la part de Rose et de la façon dont il était en train de lui imposer une conversation sans l’alimenter réellement de son côté avec des réponses quand elle posait des questions; soit elle adoptait le comportement d’une adulte, et prenait le temps de continuer calmement cette discussion sans que cette dernière ne tourne au règlement de comptes.

Se levant du lit, elle reposa son regard sur Ambrose. « Je vais aux toilettes, je vais chercher un verre d’eau et je reviens. Toi, tu bouges pas d’ici. » Mais là où elle avait laissé les émotions de surprise et d’énervement prendre le dessus sur le ton de sa voix les minutes précédentes, cette fois-ci c’était calme et maitrise qui transparaissait dans cette dernière. Elle n’était pas là pour se prendre la tête avec Ambrose, au contraire: il faisait partie des rares personnes avec qui, jusqu’à ce soir, elle avait pensé que ce n’était pas possible de voir ça arriver.

Deux minutes, trois au maximum, s’écoulèrent avant qu’elle ne soit de retour à ses côtés sur le lit, verre d’eau en mains. Son regard examinait chaque trait du visage du brun, cherchant à quel moment quelque-chose dans ce dernier avait changé sans qu’elle ne s’en aperçoive. Effectivement, comme il disait si c’était autant récent que ça, peut-être ne s’étaient-ils pas recroisés depuis qu’il avait introduit cette bonne nouvelle dans sa vie - car des fiançailles se devaient d’être une bonne nouvelle, non ? Jouant nerveusement du bout des dents avec sa lèvre inférieure, Millie finit par laisser un long soupire s’échapper. « J’y mets du mien, Ambrose. Justement. Mais si tu réponds pas à mes questions, je pourrais pas faire plus de mon côté. » Elle ouvrit la bouche un instant, la referma; hésita, puis se lança parce-que de toutes façons la discussion était quelque peu catastrophique. « T’as déjà la situation dans son ensemble devant les yeux en abordant le sujet avec moi, mais comprends que tu me jettes dans le vide sans filet de sécurité et que je dois apprendre à voler en quelques secondes. Ca fonctionne pas, j’ai besoin de plus d’éléments que ça pour le coup. » C’était sa façon douce et polie de lui faire comprendre que s’il voulait vraiment contenter tout le monde, comme il le disait si bien, il fallait qu’il y mette du sien aussi; les efforts devaient fonctionner dans les deux sens en cet instant. Heureusement pour Rose, Millie avait des années de thérapie à son actif et l’habitude d’avoir appris à exprimer ce qu’elle pouvait ressentir lorsque quelque-chose n’allait pas - surtout lorsque cela ne concernait pas son passé, c’était bien plus simple. « Quand tu m’annonces que tu t’es fiancé, même si tu me dis que cela ne doit rien changer entre nous, de mon côté ça change forcément quelque-chose. Être disponible pour qu’on s’amuse quand t’étais célibataire, qu’on soit pas exclusifs tout ça, aucun problème tu sais toi même que j’étais d’accord dès le début. Mais si je me trompe pas, tu suggères que je devienne quoi, la maitresse d’un homme pris ? » Elle haussa légèrement un sourcil dans sa direction, tentant de garder le maximum de l’incompréhension qu’elle ressentait pour formuler des phrases faisant sens plutôt que de l’insuffler dans le ton que prenait sa voix. « Tu peux pas sous-entendre ce genre de choses sans t’attendre à ce que je pose des questions, Rose. Franchement. »

« D’accord. Ca date de quand ? »
“Quelques jours.”

Difficile de dater exactement ses fiançailles quand il a existé un entre-deux pour que Cassie réfléchisse à la proposition et un autre pour qu’ils discutent des termes de leur alliance. Quelques jours semble être le meilleur qu’il puisse offrir. « Effectivement je veux savoir, c’est pas ça la question Ambrose. » Et si la question ne se situe pas là, alors il ne sait pas ce qu’elle attend de lui, ce qui est un fait rare pour Ambrose qui a justement pour métier d’anticiper les réactions de quiconque et surtout de savoir comment y répondre avant même qu’elles arrivent. « Tu penses que c’est dans ce sens là que la soirée aurait du se passer ? Tu t’es pas dit que me prévenir dès ton arrivée que t’étais plus dispo ça aurait pas été plus logique ? » Il voudrait lui rétorquer qu’il a essayé qu’ils partagent un repas plutôt que de partager un lit, mais ce ne serait sans doute pas juste que de laisser la faute reposer sur les épaules de la Butcher. Sans doute qu’il n’a pas lutté non plus. “Si j’étais plus dispo, on en serait pas là.” Ils n’auraient pas passé ce moment ensemble s’il n’était plus dispo, voilà ce qu’il en dit. Il est fiancé, mais il reste disponible, et il peut comprendre que ce paradoxe ne soit pas facile à comprendre. Là où il en veut à Millie, c’est quand elle passe plus son temps à lui imposer ses erreurs au visage plutôt qu’à tenter de comprendre la situation dans son entièreté et surtout dans sa complexité.

Lorsqu’elle se lève du lit, Ambrose s’attend à ce qu’elle le renvoie manu militari chez lui, raison pour laquelle il manque d’ajouter un soupir soulagé lorsqu’il comprend que Millie a un plan différent. « Je vais aux toilettes, je vais chercher un verre d’eau et je reviens. Toi, tu bouges pas d’ici. » Il ne répond rien et ne fait pas la moindre blague non plus, attendant qu’il ne soit plus dans son champ de vision pour se lever du lit, uniquement pour retrouver ses affaires et les enfiler. De toute évidence, c’est une discussion à avoir en étant habillé, peu importe ce qu’elle a l’intention de lui dire exactement. Le suspens n’est de toute façon que de courte durée et il étire le cou tel un animal curieux lorsque Millie revient à ses côtés, une lueur différente dans le regard. Déjà, il a l’impression qu’ils se préparent à se faire des adieux qu’il ne veut pas connaître. « J’y mets du mien, Ambrose. Justement. Mais si tu réponds pas à mes questions, je pourrais pas faire plus de mon côté. » Elle a un regard triste et il ne sait pas lui en renvoyer un différent, conscient de tout ce qu’il lui impose soudainement au sein de leur quotidien et de leurs habitudes. Il ne peut pas tout lui dire, et il ne peut pas non plus lui avouer ce point. « T’as déjà la situation dans son ensemble devant les yeux en abordant le sujet avec moi, mais comprends que tu me jettes dans le vide sans filet de sécurité et que je dois apprendre à voler en quelques secondes. Ça fonctionne pas, j’ai besoin de plus d’éléments que ça pour le coup. » - “Tu peux prendre du temps pour y réfléchir.” Il ajoute, conciliant, comme si le temps avait des super-pouvoirs. Le problème ne se réglera pas uniquement parce que les heures et les jours ont défilé, il le sait et pourtant il continue d’y croire. Ambrose se raccroche à ses chimères rassurantes, n’ayant pas à cœur d’envisager un quotidien dans lequel Millie et leurs habitudes sont absentes.

“Les fiançailles sont pas exclusives. Tu serais pas plus cachée maintenant qu’on l’a toujours été jusque là.” Même si, à l’avenir, il fera bien attention de ne plus rien sous entendre face à Flora ou James - ou quiconque. Ils ont toujours bien vécu le fait de ne pas poser de mot sur leur relation, alors ils pourraient peut-être continuer ainsi, tout simplement ? Cela les rendait heureux, il n’y a pas de raison que cela change à l’avenir. Ils peuvent toujours être heureux sans qu’il n’y ait rien de public ou d’officiel. Pas vrai ? “Tu serais pas une maîtresse.” Le mot est fort et, surtout, il n’est pas à associer à Millie. « Tu peux pas sous-entendre ce genre de choses sans t’attendre à ce que je pose des questions, Rose. Franchement. » A nouveau, le jeu adulte souffle longuement. Elle veut quelque chose qui semble normal et pourtant Ambrose ne peut pas le lui offrir. Il sait qu’elle posera des questions auxquelles il ne peut pas répondre. Tôt ou tard, elle le fera. “Je suis désolée Mills, mais c’est à prendre ou à laisser.” Il veut passer du temps avec elle, oui, mais cela ne pourra jamais se faire au détriment de sa carrière, quitte à perdre une partie de son coeur au passage. Ça, personne ne le saura jamais.

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« Quelques jours. » Elle ouvrit un brin davantage les yeux. Elle s’attendait à une réponse comprenant une courte durée, mais là c’était vraiment fin, comme transition entre les fiançailles et le moment où il s’était retrouvé sans hésiter un seul instant dans son lit. Comment pouvait-il se fiancer pour déjà quelques jours après être à découcher ? Il y avait tant d’éléments que la jeune femme n’était pas en mesure de comprendre en cet instant, tant de détails qui semblait lui échapper - ou qu’Ambrose cherchait à volontairement ne pas lui exposer, aussi. « Si j’étais plus dispo, on en serait pas là. » Parce-que lui dire qu’il était promis à une autre pour ensuite lui indiquer que ce n’était pas pour autant qu’ils devaient se priver de s’amuser ensemble, c’était là des informations contraires et qui avaient du mal à cohabiter si rapidement dans l’esprit de Millie. Et surtout: dans sa vision des choses à elle, ce n’était pas de cette façon là que les choses se passaient naturellement. Et puis, pourquoi ne lui avait-il pas parlé plus tôt qu’il avait quelqu'un avec qui c’était sérieux, dans sa vie ? Ou en tous cas quelqu’un avec qui il s’entendait assez bien et pour qui il devait avoir une affection particulière - assez pour envisager de lui passer la bague au doigt malgré tout ? C’était trop d’informations d’un coup, c’était trop d’éléments d’un puzzle bien plus grand dont elle n’arrivait qu’à peine à envisager les contours - et qu’Ambrose l’accuse de ne pas y mettre du sien n’aidait pas, ne l’aidait pas lui non plus. Alors, dans une longue inspiration, la jeune femme préféra prendre un instant hors de cette image dans laquelle ils étaient figés plutôt que de continuer à foncer tous deux tout droit dans un mur qui lui avait été imposé. Elle était partante pour y mettre de la bonne volonté sans soucis aucun, mais le chemin qu’ils étaient en train d’emprunter les empêcher d’agir de la sorte.

Lorsqu’elle revint aux côtés de Rose, ce dernier avait renfilé ses vêtements et la regardait avec une lueur dans le regard qui réussit à arracher une frisson le long de la colonne vertébrale de Millie. De son côté, elle avait enfilé son pyjama qui trainait dans la salle de bain au passage, ayant tout à fait compris de toutes façons que leur conversation prenait un tournant bien plus sérieux - en comparaison à tout le reste et à tout ce qu’ils avaient pu partager jusque maintenant. Ce n’était pas la partie qui la dérangeait, elle était prête à ce qu’ils abordent des sujets plus sérieux et qu’ils prennent le temps de se poser pour le faire; une partie d’elle était même ravie qu’Ambrose lui parle de ce type de sujets et qu’elle ait une place assez importante dans son quotidien pour qu’il ne se soit pas contenté de lui envoyer un message pour lui indiquer la nouvelle. Il n’empêchait qu’il annonçait cette dernière comme si c’était une suite logique d’une histoire évidente, là où toutes les informations étaient nouvelles et devaient être intégrées en un temps record pour Millie. « Tu peux prendre du temps pour y réfléchir. » Elle pinça les lèvres. Il ne voyait pas que le problème n’était pas le temps qu’elle prendrait pour ajuster la nouvelle vision dont elle disposait à sa réalité, mais qu’elle manquait d’éléments pour voir correctement cette dernière. Ambrose retenait des informations, pour des raisons qui étaient surement les siennes; mais plutôt que de lui donner au moins un semblant d’explication de pourquoi il agissait comme ça, il préférait botter en touche. Elle était habituée à devoir composer sans éléments tangibles face à une situation, et c’était surement ça le problème ici: ce n’était pas quelque-chose qu’elle voulait voir se répéter, qu’elle voulait laisser s’installer de nouveau. Surtout pas alors qu’il pouvait lui dire des choses et qu’il faisait volontairement de la rétention d’informations.

« Les fiançailles sont pas exclusives. Tu serais pas plus cachée maintenant qu’on l’a toujours été jusque là. » Pour la première partie, elle avait cru le comprendre - et surtout elle avait espéré que ce soit effectivement le cas sinon Ambrose avait rapidement fauté.  Pour la seconde partie, effectivement de toutes façons les contours de leur relation étaient déjà flous depuis le début pour laisser place à l’innocence et repousser loin les problèmes. « Tu serais pas une maîtresse. » - « En profitant de ta compagnie alors que je suis pas celle avec qui tu t’es fiancé ? » Le reproche n’était pas apposé à la partie où elle n’était pas la fiancée dans cette histoire - ça, elle ne le reprochait en rien et elle n’était jalouse d’aucune sorte. Non, ce sur quoi elle mettait l’emphase, c’était qu’il était compliqué de se dire qu’aux yeux de la personne qu’il s’apprêtait à épouser - parce-que c’était de la sorte que l’histoire allait être contée - elle n’endosserait pas le rôle de la maitresse, de celle qui pousse à la trahison d’une certaine façon. Elle ne se disait pas que la faute retombait sur elle, mais à rôles inversés, elle avait du mal à imaginer comment la scène pouvait être imaginée autrement. Et si laisser leur relation floue jusque maintenant parce-que c’était le meilleur de tout ce qu’ils auraient pu obtenir avait été une façon de faire qui la satisfaisait grandement, continuer de cette façons à en ayant ces nouvelles informations et sans poser de questions était un brin trop gros pour qu’elle s’y contraigne en un claquement de doigts. « Je suis désolée Mills, mais c’est à prendre ou à laisser. » Pinçant les lèvres, elle frotta un instant ses yeux du bout des doigts - au diable le peu de maquillage qu’elle avait d’appliqué. Elle retint un lourd et long soupire, aussi, parce-que ce dernier n’allait en rien aider à ce que le dialogue soit plus fluide et que la situation soit plus claire in fine pour elle, Rose semblait camper sur des positons bien plus anciennes qu’il laissait prétendre en cet instant.

Elle rompit le silence après ce qui avait été une très longue minute. « Qu’on soit d’accord: tu me dis que si je veux profiter de ta compagnie, qu’importe cette dernière, il faut que j’accepte de ne pas comprendre et de ne pas avoir le droit de poser de questions ? » Peut-être n’avait-elle pas exactement compris, peut-être s’imaginait-elle des choses qui semblaient presque absurdes. « Qu’après avoir été ouverts l’un envers l’autre parce-que le jugement avait pas sa place entre nous, tu veux que je dérange pas avec des questions auxquelles t’as pas envie de répondre ? Ou auxquelles t’as pas envie d’être confronté plutôt ? » Elle déglutit; il n’y avait aucune trace de colère dans sa voix, simplement une certaine teinte de tristesse qu’elle n’appréciait en rien. Parce-que faire face aux faits étaient toujours douloureux - surtout ceux qu’il n’était pas possible de voir dans leur ensemble. Mais elle préférait encore faire face à n’importe quoi que de rester dans une zone où les précisions n’étaient qu’une légende. Alors, elle reporta son regard qu’elle ancra dans celui du jeune homme. « Parce-que je suis pas très douée pour me balader dans une situation où je peux pas avoir de réponses à mes questions, Ambrose. J’ai vécu toute ma vie comme ça, et je te jure que c’est la pire chose que de vivre dans l’ignorance. » Elle n’utilisait pas son histoire passée en guise d’exemple d’ordinaire; mais elle savait que Rose savait, alors elle se disait que pour une fois, elle ne perdait rien à mettre cette carte là en avant.

De toute évidence, Millie n’est pas d’accord avec le plan proposé par Ambrose. Malheureusement, et quand bien même il le souhaite sincèrement, il n’a aucune alternative à lui proposer: ses fiançailles ne peuvent être changées et ce peu importe toute l’affection qu’il porte à la Butcher. Elle n’y est pour rien, mais elle doit tout de même payer les pots cassés des erreurs et errances d’autrui. « Qu’on soit d’accord: tu me dis que si je veux profiter de ta compagnie, qu’importe cette dernière, il faut que j’accepte de ne pas comprendre et de ne pas avoir le droit de poser de questions ? » Le résumé est grossier et il ne dépeint pas la bonne image d’Ambrose, mais ce dernier ne peut pas le nier: elle tape dans le mille. Il est bel et bien question de ça et d’un besoin d’acceptation entier de sa part, sans aucune contrepartie, sans aucune curiosité non plus. “Tu peux poser des questions si tu veux, mais j’y répondrai pas.” Et puisqu’il anticipe déjà qu’elle n’a pas vocation à parler à un mur, Ambrose sait bien ce que cela sous-entend: aucune question, aucune discussion. C’est une petite mort, un lent et douloureux sentiment d’étouffement. Il ne l’a jamais vécu mais il s’en fait déjà une idée claire.

Mais Millie est têtue. Elle continue, elle argumente, elle remue le couteau dans la plaie et Ambrose ferme doucement les yeux, sa tête se reposant sur son genou replié contre son torse. Il veut qu’ils puissent continuer à se parler sans jugement, mais cela ne peut simplement pas avoir rapport de près ou de loin avec Cassie. Du reste, il le jure, rien n’a jamais changé. Rien n’est forcé de changer non plus. Il a toujours confiance en Millie et il l’apprécie toujours autant: tout autour d’eux a changé mais pas eux, justement. “Je te l’ai dit, j’ai pas de solution miracle. Je veux toujours être ami avec toi et passer du temps avec toi mais si ça te convient pas… on peut tout arrêter, tu sais.” Ils se salueront lorsqu’ils se croiseront dans les locaux de Weatherton et il continuera de sourire poliment quand son frère lui racontera ses dernières aventures avec son assistante. Mais ils peuvent s’arrêter là. Ambrose ne cherche pas à argumenter dans le vent si, face à lui, Millie estime que le jeu n’en vaut pas la chandelle. Il est celui qui a soudainement changé les règles alors il peut comprendre qu’elle refuse de continuer à jouer. “Je veux pas te rendre triste. Et si tu penses que c’est ce qui va se passer, on peut arrêter les frais.” Il l’observe tristement, sincère dans ses sentiments. Il est attaché à elle, mais il est surtout attaché à l’idée qu’elle soit heureuse, ce qui prime sur tout le reste et sur leurs soirées passées ensemble. “Tu mérites d’être heureuse, Mills.” Auprès de quelqu’un qui lui offrira bien plus que des soirées sushis et des moments volés lorsque Flora n’est pas là. Quelqu’un qui pourra l’inviter aux repas de famille sans que ce soit bizarre, entre son patron et sa colocataire. Quelqu’un qui, simplement, n’aura jamais fait d’elle un pseudo secret et qui, surtout, ne se sera pas fiancé du jour au lendemain avec une parfaite inconnue, sans jamais fournir la moindre explication.

rain on a parade

@ambrose constantine

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« Tu peux poser des questions si tu veux, mais j’y répondrai pas. » Elle n'avait pas besoin de réellement mettre les mots sur les maux en cet instant pour comprendre le fond de la pensée d’Ambrose et ce que sous-entendaient ses phrases; simplement, par expérience, elle savait que de le faire ne pouvait pas faire de mal. Trop de situations se trouvaient être envenimées si elles n’étaient pas déliées par les conversations, si elles n’étaient pas abordées là où pourtant de simples paroles auraient pu tout régler. Dans cette situation en revanche, cela n’avança pas à grand chose: il avait été clair la première fois, même si les mots n’avaient pas été autant précis que ceux que Millie avait décidé d’utiliser. Alors peut-être que lentement, sans même s’en apercevoir et surement plus pour accuser réception visuellement d’abord, elle avait lentement hoché son visage. Ce n’était pas là la réponse qu’elle aurait désiré entendre, bien sur, même si elle avait au moins le mérite d’être claire - et ce n’était pas là donné dans toute situation que ce soit le cas.

Ce n’était pas pour autant qu’elle acceptait ce qu’il lui soulignait désormais, parce-que ce n’était pas là une chose qui semblait entrer dans leur méthode de fonctionnement jusque maintenant. Ils avaient toujours été ouvert l’un envers l’autre, ils s’étaient toujours tournés vers une façon d’écouter qui se faisait sans jugement; alors pourquoi diable Ambrose voulait-il tout renverser d’un coup d’un seul, sans prévis, aujourd’hui ? Le pire dans tout ça était qu’il semblait presque irrité de son côté, alors qu’il était celui changeant les règles du jeu sans expliquer les modifications. « Je te l’ai dit, j’ai pas de solution miracle. Je veux toujours être ami avec toi et passer du temps avec toi mais si ça te convient pas… on peut tout arrêter, tu sais. » Ce fut cette fois d’un mouvement très lent, presque imperceptible, que son sourcil se haussa sur son visage. Il continuait donc à emprunter ce chemin là, celui où il proposait de lui apposer volontairement des oeillères pour continuer d’avancer sur un chemin surement parsemé d’embuches. « Je veux pas te rendre triste. Et si tu penses que c’est ce qui va se passer, on peut arrêter les frais. » Et le regard qu’il lui lançait en cet instant, surement un parfait miroir du sien, n’aidait pas à se concentrer objectivement sur la situation - car c’était de cette façon là qu’elle tentait de regarder ce qui se passait sous ses yeux. Ce n’était pas facile, car le prisme de ses émotions rendait les choses floues et peu correctement perceptibles pour elle présentement, mais elle tentait au maximum.

« Tu mérites d’être heureuse, Mills. » - « Toi aussi tu mérites d’être heureux Rose, c’est même pas ça la question. »

Ses mots avaient été presque murmurés, tant toutes ses pensées se bousculaient dans son esprit et tentaient toutes de se mettre en avant, de prendre la meilleure place pour être sélectionnées pour la suite des événements. « C’est juste que j’ai l’impression aussi que tu m’annonces tes fiançailles comme si tu m’annonçais que t’avais un cancer en phase terminale. Tu me mets en avant que les points négatifs en préférant te retirer du tableau pour être sur de ne pas me blesser, alors qu’honnêtement si tu répondais à mes questions de façon franche, ce serait moins dur à encaisser. » Son ton était toujours parfaitement calme et en maitrise, alors qu’elle préférait ravaler la couche de tristesse qui s’était installée sur le fond de sa langue. Millie avait toujours été quelqu’un d’honnête, et de plutôt directe dans ses propos; elle savait parfaitement qu’il y avait des façons également de dire les choses et se raccrochait à ce principe également - cependant, ce dernier ne l’empêchait pas de dire ce qu’elle pensait. C’était peut-être ce qui dérangeait en cet instant, dans cette conversation: elle ne se freinait pas de dire à Constantine ce qu’elle pensait de tout ça. Elle soupira quelque peu, avançant sa main pour attraper celle de Rose; elle ne savait pas là quoi en faire, mais elle avait besoin de se sentir ses doigts se mêler aux siens, agripper même si ce n’était qu’un instant ces derniers. « En plus, j’ai l’impression de passer pour une pleureuse alors que c’est pas du tout le cas. » Elle avait l’impression également d’être celle appuyant sur l’hématome qui faisait mal, mais de façon volontaire et avec un sourire aux lèvres de surcroit. Après un instant de silence, elle finit par plonger de façon un brin plus intense que jusque maintenant d’ailleurs ses yeux dans ceux homologues du jeune homme. « Est-ce que t’es heureux, Ambrose ? » La suite de sa réponse dépendrait surement de celle du brun à cette question là - il pouvait au moins répondre ici, il n’y avait pas de piège tendu par avance. « Vraiment, heureux. »

Tout a toujours été simple et naturel entre eux. Ils se sont toujours entendus sans le moindre mal et leur lien s’est noué sans qu’ils aient à en discuter longuement. Jusqu’à aujourd’hui, du moins. Elle lui tient des reproches sans plus chercher des détours à ses mots et Ambrose sait qu’elle a raison de le faire. « C’est juste que j’ai l’impression aussi que tu m’annonces tes fiançailles comme si tu m’annonçais que t’avais un cancer en phase terminale. Tu me mets en avant que les points négatifs en préférant te retirer du tableau pour être sur de ne pas me blesser, alors qu’honnêtement si tu répondais à mes questions de façon franche, ce serait moins dur à encaisser. » Elle parle calmement, d’un ton détaché qui ferait presque penser qu’elle n’a rien à voir avec toute cette situation et qu’elle n’est finalement pas l’amante de celui qui sera demain un mari. Pourtant, et si Ambrose tient justement à lui annoncer la nouvelle lui-même, c’est justement parce qu’ils sont proches à un niveau particulièrement intime et qu’elle mérite de le savoir. « C’est particulier de te l’annoncer à toi, et tu sais pourquoi. » Il tente de lui dire qu’il n’a pas le même ton lorsqu’il parle à ses proches ou à sa famille, ce qui est une information qu’elle ne peut de toute façon pas vérifier par elle-même. Il est sans doute un peu moins accablé, c’est vrai, mais il n’arrive pas à autant donner le change qu’il l’aurait aimé pour autant. Il ne revient pas sur la suite de sa demande et répond toujours aussi peu à ses questions, certain qu’il se perdrait un peu trop facilement au passage: il ne peut pas se le permettre.

Elle attrape sa main et il ne lutte pas contre le geste, plutôt occupé à poser ses yeux sur leurs doigts liés alors qu’il initie à son tour une certaine tendresse à son égard. Il fait passer ses doigts entre les siens et caresse doucement le dos de sa main, tout en sachant pourtant que ce simple geste ne le pardonnera pas de tout le reste. « En plus, j’ai l’impression de passer pour une pleureuse alors que c’est pas du tout le cas. » Il dégage les mouvements de sa tête en la droite et la gauche. « C’est pas le cas, Mills. » Il ne le pensera jamais. Il peut comprendre sans mal que la discussion est terriblement difficile, et il peut comprendre sans mal qu’elle en est blessée. Mais il ne pense pas pour autant qu’elle est une pleureuse, ou n’importe quel autre synonyme du genre. Elle est dans son plein droit d’être triste, et lui est profondément désolé de lui imposer un tel sentiment pour sa propre gloire et ambition. « Est-ce que t’es heureux, Ambrose ? Vraiment, heureux. » La réponse est négative, de toute évidence, mais il ne peut pas se permettre de le partager d’une telle manière, tout comme il ne peut pas se permettre de lui mentir - elle le saurait. Il utilise sa main libre pour la poser à l’arrière du crâne de la brune et l’approcher doucement de lui, assez pour longuement embrasser sa tempe et en profiter pour fermer les yeux un instant. Il ne peut pas se permettre de lui répondre, alors il ne le fait tout simplement pas, préférant la fuite à une quelconque lutte. « Tu m’enverras un message quand t’auras décidé ce qu’on fait, ok ? » Et il se pliera à sa décision, quoiqu’il puisse à son tour en penser. Il sera son ami si elle le veut, il deviendra un parfait inconnu si elle pense que tout serait plus facile de cette façon. « Prends ton temps. » Mais lui, il doit déjà se dégager de cette chambre et de l’appartement en lui-même, parce qu’ils se sont plus de mal qu’autre chose à ainsi se regarder dans le blanc des yeux sans savoir quoi dire.