house of cards
Spencer Blackwell & @Amos Taylor
lieu : octopus

Il faudra convaincre Amos. C’est plus ou moins les conditions pour sceller le deal et espérer récupérer le post désormais vacant de Stacey. Le problème de Spencer, c’est qu’elle est très mauvaise dès qu’il s’agit de vendre ses compétences ou ses motivations. Jusqu’à maintenant elle s’est toujours laissée porter par les événements, surfant sur la vague en improvisant et en se cassant la gueule trop de fois pour pouvoir tenir des comptes. Et malgré tout ça, elle est là, clean depuis presque un an, prête à le rester et à accepter l’aide dont elle a besoin. En tout cas elle essaye, y met beaucoup d’efforts et fait de son mieux pour ne pas se laisser dépasser par les émotions trop intenses.
Ca pourrait s’arrêter là, elle pourrait continuer comme ça et se contenter de profiter de sa condition nouvelle, de sa vie suffisamment remplie pour la garder occupée et concentrée sur ses objectifs futurs, mais dans l’état actuel des choses, c’est compliqué. Elle est redevable auprès de Raelyn et par extension auprès de son compagnon puisqu’il paraît qu’il a été consulté et a donné son accord à chaque intervention. Difficile de réellement exprimer la gratitude qu’elle a envers le couple, elle n’a rien à offrir en retour sinon de bosser pour eux dans l’espoir un jour d’éponger sa dette. En l’état actuel des choses, ça risque de prendre toute une vie et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle n’est pas tellement emballée par la perspective. Lorsqu’elle a proposé l’idée de travailler pour l’autre côté, elle s’attendait presque à un refus catégorique ; pourtant l’idée a été considérée et entendue, et la proposition qui en a découlé a été inespérée. Pas de contact avec de la drogue ou toute autre tentation du genre ainsi qu’un moyen efficace d’enfin pouvoir effacer son ardoise. En revanche, si elle ne se retrouve pas nez à nez avec ses anciens démons, il lui faudra faire preuve d’énormément de rigueur, sans parler de la marge d’erreur qui est nulle. En somme, beaucoup de responsabilités dont elle n’a peut-être pas encore tout à fait conscience mais qu’il lui faudra assumer du début à la fin si elle se lance là-dedans.
Pour l’heure, elle a demandé à voir le gérant quand il serait disponible et aurait du temps à lui consacrer histoire de finaliser toute cette histoire. La grande question étant de savoir si elle saura se montrer à la hauteur et convaincre qu’elle a les épaules pour endosser un rôle pareil. Pour une fois, elle a même fait quelques devoirs en avance, elle a potassé les règles du blackjack et a même été jusqu’à accepter de jouer quelques parties avec ses collègues sur leurs heures libres, juste histoire de s’exercer un peu. C’était plus ou moins fructueux, ils sont pour la plupart bien plus doués et habitués au jeu qu’elle ne l’est et elle est encore loin d’avoir saisi toutes les subtilités, mais c’est un début et techniquement ça montre même sa volonté de réussir. Aucun de ses précédents employeurs n’aura eu l’occasion d’en dire autant tant elle était peu investie.
En temps voulu, Amos est revenu vers elle pour fixer un rendez-vous en dehors des heures de boulot et une fois que la majorité du personnel non nécessaire a déserté les lieux. S’il est relativement tard, ce n’est certainement pas un problème pour Spencer qui est basiquement un oiseau de nuit, alors elle n’a absolument pas rechigné, s’est présentée dans le salon privé pleine de bonne volonté et surtout de nervosité ; rien d’inhabituel la concernant, quoi. Trois coups sur la porte et la voilà qui se faufile dans la pièce après y avoir été invitée, un sourire poli dessiné sur les lèvres à défaut d’être tout à fait à l’aise pour le moment. Ce n’est rien, ça lui passera quand elle aura pris ses marques et qu’elle aura évacué le trop plein de stress qui lui colle à la peau. « Hey, merci de prendre de ton temps pour tout ça,  » qu’elle commence doucement en posant les yeux sur la silhouette de son demi-beau-frère slash patron ou qu’importe le terme qu’il faille employer pour le désigner, « et d’avoir considéré l’idée, aussi. » Elle a déjà eu l’occasion de remercier Raelyn, mais pas encore le grand brun. Il a probablement mieux à faire de ses soirées que de devoir gérer une Spencer qui essaie de meubler une conversation. « Je sais que j’étais pas forcément le premier choix pour remplacer Stacey, mais hm, j’ferai ce qu’il faut pour me montrer à la hauteur et faire les choses comme il faut. » C’est pas mal comme début, si elle était un peu moins tendue, ça irait sans doute mieux. « J’ai commencé à voir pour les règles du jeu et tout ça, c’est pas encore tout à fait au point mais ça viendra. » Comme s’il n’y avait pas plus important à régler avant de vraiment apprendre à jouer au blackjack. « Ca fonctionne comment, du coup, c’est genre un script défini à l’avance et qui change chaque semaine ? » Enfin, elle se tait et laisse à l’autre l’occasion d’en placer une.

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« Ca va. Pas toujours simple de rester sur les rails, mais- » Un peu bêtement, elle se rend compte du double sens que le terme “rail” peut prendre, pour quelqu’un qui a eu des soucis avec certaines formes de consommation. Elle souffle un léger rire et secoue la tête. « Ouais, ça va. » “On tient le bon bout, on garde la pêche”, comme certains diraient dans son groupe de parole sur un ton qui se veut humoristique mais qui ne la touche pas particulièrement, alors elle s’abstient. « Et toi ? » qu’elle renvoie presque naturellement, comme si elle s’adressait à un vieux pote pas vu depuis la semaine dernière. Il n’en est rien, pourtant. Si l’entrevue n’est pas tellement dans un cadre officiel, il n’en reste pas moins son aîné slash patron slash beau-frère et qu’il fait sans doute partie des figures d’autorité qui ont tendance à l’impressionner plus que de raison. « Je compte vraiment donner le maximum, je sais que c’est une grosse responsabilité et heu- Ouais, vaut mieux pas se planter, quoi. » Et le signe de confiance que ça implique, c’est énorme, pour elle à qui on a jamais laissé une chance de briller. Peut-être qu’ils se trompent complètement, qu’ils font fausse route et qu’elle ne sera pas à la hauteur de la tâche, mais d’un autre côté, peut-être que ça sera tout l’inverse. Seul le temps le dira et clairement, Spencer compte tout faire pour se montrer à la hauteur.
Alors elle écoute Amos, plus attentive que jamais. Deux options, donc. Pas même le temps de formuler une réponse ou une hésitation qu’il lui demande de le suivre. Curieuse, elle s’exécute sans poser de question. Il parle de Finn et il lui faut quelques instants pour remettre le grand rouquin, à moins que ça ne soit un autre type, mais dans tous les cas ça n’a rien d’important. Maintenant que Taylor en parle, c’est vrai qu’elle n’a jamais vu un mélangeur de cartes dans la salle. « J’dirai rien, non. » De toute façon, ils sont rares les collègues avec qui elle interagit. Son temps libre, elle préfère nettement le passer chez elle en compagnie de sa moitié plutôt que dans des tentatives de sociabiliser avec le reste du personnel. Pour le reste, elle s’en tient aux relations professionnelles sans jamais évoquer l’autre côté. Elle prend le paquet de carte tendu et à première vue, n’y décèle aucune différence marquante avec un jeu classique. « Celui-là en particulier ? » Elle a beau l’examiner sous tous les angles, il ressemble à n’importe quel autre et c’est plus que probablement fait exprès pour tromper la vigilance des plus aguerris. Amos continue ses explications et la jeune femme pose ses prunelles sur son boss tandis que son cerveau tente de décortiquer toutes les explications qui lui sont offertes. « Ok, ouais. » Qu’elle acquiesce en imaginant un peu tout ça à la façon d’une pièce de théâtre dont elle serait l’actrice pivot nécessaire à l’intrigue. Elle jouera certaines sommes définies pour certains clients définis, jamais dans les mêmes circonstances ou aux mêmes horaires, toujours dans l’optique de leur payer ce qui leur est dû. L’argent sale devient blanc, tout le monde y trouve son compte et encore une fois, elle n’a pas le droit à l’erreur. « Keith m’a montré deux-trois trucs, rien de bien incroyable et je maîtrise pas encore tout à fait mais- » plutôt que de se perdre dans des explications foireuses et trop longues pour être intéressantes, elle se met à l’oeuvre, commence à battre le paquet histoire de montrer l’étendue de ses connaissances en matière de mélange de cartes. Le niveau n’est pas incroyable, les gestes sont hésitants et un un oeil attentif pourrait repérer sans mal les coupes un peu hasardeuses et pas trop assurées. Après, ce n’est pas vraiment comme si elle avait pratiqué de façon assidue, son collègue lui a rapidement montré quelques mouvements sans pour autant entrer dans les détails ou lui expliquer les fonctionnements réels, il a lâché des noms de techniques qu’elle n’a pas retenu, préférant se concentrer sur l’exécution plutôt que sur le superflu. Après quelques autres tentatives plus ou moins fructueuses, elle réalise qu’il est peut-être temps de stopper là et de reprendre son sérieux. « Ouais, bon, comme j’ai dit, rien d’incroyable. Faut qu’je pratique, quoi. » Keith lui a aussi parlé de techniques de triches, le genre qu’il est bon de connaître pour savoir les repérer, le genre qui peut faire bannir un client de tous les casinos du pays. « J’pense que je préférerai apprendre avec toi ? » Le fait est qu’elle n’est pas certaine de pouvoir suivre quelque chose qui s’apparente à un cours avec des tas de théories qui assomment plus qu’elles n’enseignent. Elle était bonne élève dans les matières qui nécessitaient de faire quelque chose de ses dix doigts, Spencer, pour le reste, ça dépendait. « Enfin c’est quand t’as le temps, quoi. » Forcément. « Est-ce que ce poste est réservé à une unique personne ou est-ce que ça tourne ? » Plus largement, combien d’employés sont au courant ?

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Il a l’air de trouver la touche d’humour involontaire amusante, Amos. C’est bien, ça détend l’atmosphère l’air de rien et c’est toujours appréciable, surtout dans la mesure où Spencer a toujours cette espèce d’appréhension à chaque interaction avec le patron. Ca finira par passer éventuellement, une fois qu’ils auront eu l’occasion d’apprendre à mieux se connaître où qu’elle aura suffisamment confiance en lui. Les banalités d’usage terminées, Spencer promet de faire le maximum pour ne pas décevoir le vote de confiance qu’on place en elle. C’est gros, comme rôle et comme responsabilité, bien plus que ce à quoi elle est habituée alors ça va sûrement prendre un petit moment avant de totalement s’habituer, mais pour une fois elle part plus confiante que jamais. Amos confirme tout ce dont elle se doute déjà, et elle se contente d’acquiescer une fois de plus, juste pour affirmer le fait qu’elle a bien conscience des enjeux et de la nécessité à garder la tête sur les épaules. « Ca va bien se passer, » qu’elle répète après lui, ne sachant pas vraiment si elle cherche à le convaincre lui, ou si c’est pour elle-même. Qu’importe dans le fond, le but reste le même et ils le savent tous les deux. Le jeu de cartes qu’il lui tend, elle s’y accroche un instant comme si c’était maintenant sa plus précieuse possession. Le premier examen de surface ne lui apprend rien de particulier sur le paquet, et pourtant elle sait qu’il y a forcément quelque chose ; ce quelque chose lui sautera forcément aux yeux une fois qu’elle saura de quoi il s’agit. Aucun autre, qu’il répond, gardant les explications pour plus tard. Ca lui convient, à Spencer, ils ont d’autres choses à voir en attendant.
La petite démonstration qu’offre Spencer n’impressionne pas, mais au moins il ne la reprend pas et n’a pas l’air déçu de la performance non plus. C’est déjà ça, elle prend ça pour une victoire, aussi petite soit-elle. « Non, pas la peine, je me débrouillerai sans. » S’il a décidé qu’il ne voulait pas de mélangeur de cartes, autant lui faire confiance sur le sujet. Il doit bien avoir ses raisons et inconsciemment, la jeune femme imagine que ça doit être une question de maîtrise des cartes ou quelque chose du genre. Elle apprendra, s’entrainera dur pour avoir la dextérité suffisante pour s'octroyer l’admiration ou au moins la reconnaissance de ses pairs en tant que croupière. « J’ai déjà eu une brève explication, ouais. » Si ce n’est pas dans les détails, elle comprend effectivement le fonctionnement de toute la petite mascarade organisée avec autant de soin. A mesure qu’il explique et résume le rôle qu’elle occupera, la blonde acquiesce sans jamais l’interrompre. Ca fait beaucoup d’informations à assimiler en une seule fois, mais ça va. Amos a le bon sens de ne pas l’assommer et la perdre avec des détails techniques qui ne la concernent pas, et même si elle est curieuse de connaître plusieurs détails, elle s’abstient de poser des questions qui n’ont rien à voir avec ce poste spécifique. « Je peux. » Est-ce qu’elle met la charrue avant les boeufs ? Pas impossible. Sa sobriété est encore toute neuve, toujours sujette à des ajustements et surtout, elle ne sait pas de quoi demain sera fait. Elle évite d’exprimer ses doutes et de sortir des “et si je replonge ?”, parce que ça serait partir du postulat que c’est forcément quelque chose d’inéluctable. Pour l’heure, autant rester dans l’optique qu’elle restera droite dans ses bottes, qu’elle saura résister aux tentations des jours difficiles et que se concentrer sur sa relation avec sa partenaire ou sur le boulot sera suffisant pour l’empêcher tout débordement. « J’arrive avant tout le monde, je répond au planning donné à la lettre même en cas de changement de dernière minute. » Le résumé est grossier, mais au moins elle comprend les enjeux. Pas d’absence ou de retard non plus, et forcément ça lui fait prendre conscience qu’il est sans doute plus que temps qu’elle investisse dans un véhicule pour ne plus avoir à dépendre des transports en commun qui peuvent parfois s’avérer capricieux. « Ça sera systématiquement toi, pour les plannings ? » N’a-t-il pas d’assistant qui peut se charger de ça à certains moments ? Pas que ça soit dérangeant, mais elle préfère savoir. « Y en a beaucoup, d’autres employés qui sont au courant de tout ça ? » ‘Tout ça’ désignant la partie immergée de l’iceberg dans sa globalité. Ca fait un moment qu’elle se pose la question, de savoir si elle était la seule à être gardée dans le flou ou si au contraire, ceux dans la confidence se comptent sur les doigts d’une main. Et en dehors de ça, elle est surtout curieuse d’apprendre ce que le paquet de cartes qui tourne entre ses doigts depuis tout à l’heure a de si particulier.

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Elle fait de son mieux, Spencer, pour organiser ses pensées et se donner une ligne directrice. Aujourd’hui elle le fait avec un but derrière ; celui de ne pas échouer, pour une fois. Jusqu’à maintenant, elle n’a pas tout à fait été ce qu’on peut qualifier d’une employée exemplaire mais elle est pleine de bonne volonté et elle a parfaitement conscience que ça ne sera pas suffisant pour ce nouveau rôle qu’elle convoite. Au moins cette fois, elle ne part pas de zéro et c’est clairement quelque chose de non négligeable. Elle répète pour assimiler, se fait passer pour la bonne élève qu’elle n’a jamais été, à la différence que cette fois elle y croit pour de vrai. « Ok, ouais, j’hésiterai pas à passer si jamais j’ai besoin. » Et contrairement à d’habitude, elle le fera sûrement dès la première difficulté parce que le genre de problème qu’elle pourra rencontrer dans cette tâche, ce n’est pas de ceux qu’elle pourra régler seule. Presque de façon paternaliste, Amos enchaîne en mettant en garde sur les fréquentations à ne pas avoir avec ces gens là. Spencer souffle un rire en acquiesçant ; « ça tombe plutôt bien parce que c’était pas mon intention. » Qu’elle répond avec un léger sourire entendu. Renouer avec des dealeurs c’est probablement la porte ouverte à toutes les dérives, et dans son cas c’est une sacrée mauvaise chose. Alors autant prendre les devants et s’en tenir aux rencontres obligatoires autour d’une table de jeu, pour le reste, elle vivra très bien sans devoir les côtoyer ou leur rendre des comptes. Et puis visiblement, ça convient aussi à Amos qu’elle évite de faire copain-copain avec des types pareils ; au final, tout le monde est content et y trouve son compte. « Même sans tout ça, c’est pas tellement conseillé pour les gens comme moi, il paraît. » Pour les anciens junkies, ceux encore trop fragiles pour savoir résister et prendre les bonnes décisions pour eux. « Ouais, ça fait pas mal, ouais, mais je devrai m’en sortir. » D’autant plus s’il prend le temps de lui expliquer comme il le fait et de lui laisser assimiler les informations à engranger. C’est rare, les gens qui se donnent ce genre de peine pour elle, et elle apprécie le geste. Raison de plus pour tout donner afin de ne pas décevoir le couple et elle-même, au passage. Au serveur qu’il a appelé, Spencer demande un bête soda, regarde le collègue repartir pendant que le patron s’enquiert de sa vie au studio. « Tu rigoles, c’est le grand luxe pour moi. » S’il s’agit là d’une plaisanterie, elle est pourtant de celles qui laissent un arrière-goût amer en bouche et peut-être même que si ça venait de quelqu’un d’autre qu’elle-même, Spencer le prendrait mal. Pour autant, ça n’en reste pas moins une vérité que la jeune femme s’efforce d’accepter. Elle a passé son enfance à être ballotée de foyers en familles d’accueil, forcée de devoir partager sa chambre avec d’autres gamins souvent plus grands, quand les rares fois où elle était chez sa mère elle faisait en sorte de repartir aussi vite pour ne pas avoir à supporter la génitrice. Puis une fois adulte, elle a dû supporter une colocation chaotique avec des gens bruyants et envahissants au possible, lui faisant presque regretter ses années dans le système. Puis la décadence, la rue et les galères pour dormir à l’abri ; alors oui, ce studio en comparaison, c’est quasiment l’accomplissement d’une vie. Le genre d’endroit qui l’a littéralement sauvée, qui lui a donné un espace pour se retrouver avec ses pensées et qui l’a aidée à savoir attraper les mains tendues. « Enfin si je suis tout à fait honnête, j’y passe assez peu de temps depuis un moment. » Même plus du tout, quasiment. Une fois de temps en temps quand elle sort tard, et encore. « Je fréquente quelqu’un et… Disons que son appart est plus adapté pour deux. » Le seul désavantage serait la distance par rapport au casino, mais elle a fini par s’y faire. Le studio qu’on lui prête gracieusement reste entretenu et sert surtout à stocker les derniers vêtements qu’elle n’a pas encore ramenés chez sa partenaire. « Et heu, clairement j’en serai pas là si Raelyn et toi étiez pas intervenu, » probablement encore une pauvre meuf prête à tout pour une dose de produit coupé. « Merci encore, du fond du coeur. » Si Spencer a déjà profusément remercié sa demi-soeur pour l’opportunité offerte, elle a bien moins eu l’occasion de le faire pour l’homme qui a lui aussi eu son mot à dire dans l’histoire. « Et Micah, comment elle va ? » Elle demande, désireuse de ne pas être le centre de la discussion mais aussi curieuse d’avoir des nouvelles de la petite et de son évolution depuis l’unique fois où elle a pu la voir.

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Prendre des nouvelles de Micah, elle pourrait le faire plus souvent. Ca arrive quand elle y pense, parfois elle prend même le temps d’acheter une babiole de type peluche ou jeu d’éveil sans trop savoir s’ils lui parviennent un jour, et quand bien même ça ne serait pas le cas, elle ne s’en offusquera pas. Après tout, ses parents sont riches comme crésus, elle doit avoir tout ce qu’il lui faut et bien plus encore, alors ce ne sont pas les quelques cadeaux dépourvus d’originalité de Spencer qui vont lui manquer. C’est plus pour la symbolique du geste, l’envie à peine masquée de faire partie de tout ça sans trop réussir à savoir comment s’y prendre. Mais elle essaie. Un petit sourire amusé étire ses lèvres alors qu’elle hausse doucement les épaules. « Ca grandit vite, à cet âge là. » Le commentaire est inutile au possible, et puis tous les parents du monde en sont déjà parfaitement conscients, mais c’est tout ce qu’elle trouve à dire, Spencer. Elle ne s’y connaît que peu, dans ce domaine. Et puis, les seuls enfants qu’elle ait jamais côtoyés sont ceux des foyers, les tous petits laissés pour compte qu’on prenait souvent trop de temps à venir voir quand ça n’allait pas, ceux qui brisent le coeur de par leurs histoires. Mais là pour Micah, ce n’est pas le cas, c’est une gamine choyée et aimée, qui saura grandir dans un environnement suffisamment stable pour être bien dans ses bottes. « Oh, si, bien sûr. J’aime juste bien prendre des nouvelles de la petite et j’ai pas eu de tête à tête posé avec Rae depuis… Un petit moment. » Certes, elle aimerait bien que ça soit plus fréquent, mais encore une fois, ça impliquerait d'occuper une place qui n’est pas la sienne dans la vie de Raelyn et de sa famille. Partager un peu de sang ne veut pas dire former une famille, toutes les deux le savent et ont plus ou moins trouvé un accord tacite à ce sujet. Si ça doit arriver un jour, ça arrivera. En attendant, elles y trouvent toutes les deux leur compte ; surtout Spencer, pour dire vrai. Certes, Spencer pourrait s’intéresser plus que ça, pousser un peu pour poser ses questions, mais encore une fois, elle n’est pas sûre de sa place dans tout ça alors autant éviter les faux espoirs et les déceptions qui s’y raccrochent. « Je sais, mais j’ai quand même besoin de l’exprimer. » C’est le minimum qu’elle puisse faire, dans un premier temps. Tout le reste, ça viendra en temps voulu. « Et j’le montrerai, aussi. » En ne foirant pas tout, en devenant une personne en qui ils peuvent avoir confiance, en accomplissant à la perfection le rôle proposé, en restant sur le chemin de la sobriété, bref, en faisant tout l’inverse de ce dont elle a l’habitude.
La question suivante d’Amos l'interpelle plus. Qu’est-ce qui lui donne le droit de lui parler comme ça ? Tant de choses en vérité même si Spencer n’est pas certaine de là où il veut en venir exactement. « Parce que tu sais ce que c’est de se battre contre soi-même ? » Contre les addictions, le besoin de prouver quelque chose, l’envie d’être à la hauteur, contre ses propres démons qui prennent à la gorge et empêchent d’avancer, la liste est longue, forcément. « Ouais... » Ca fait toujours aussi mal de se dire que la personne à qui Spencer tient le plus au monde, est probablement aussi celle qui a le plus souffert de cette condition. Elle s’est démenée pendant des années pour l’épauler, pour la soutenir dans toutes les mauvaises passes -et Dieu sait qu’elles étaient nombreuses- tout ça pour être remerciée d’une façon aussi pitoyable qui a marqué leur relation d’une manière indélébile. « C’est juste- C’est arrivé chez elle quand elle était pas là, disons que… Elle est rentrée pile au bon moment. » Dix minutes de plus et c’était trop tard, c’est là tout l’irrespect et toute la faiblesse dont elle a fait preuve, la jeune Blackwell. « Il s’est pas passé grand chose en vérité. J’veux dire… Ça faisait des mois que j’avais plus ou moins prévu de me faire prendre en charge pour ça et… J’ai essayé de me gérer un peu mieux en attendant, sauf que… » Sauf que l’auto-médication c’est pas quelque chose de conseillé quand on envisage de partir en désintox et que Spencer, malgré toute la bonne volonté du monde, n’a pas su gérer ses doses et les conséquences. « Bah j’ai tout foiré, quoi. » A commencer par la confiance que lui accordait sa partenaire. Ça a cassé quelque chose entre elles, depuis. Difficile de dire quoi exactement, mais elle en reste persuadée, Spencer. « Y avait pas de motif, pas de raison profonde à tout ça, c’était juste moi. » Pas de geste désespéré, juste une pauvre fille pas capable d’affronter ce qu’il y a dans son crâne et pour qui la seule solution consistait à tout étouffer à grands coups d’injections ou de cachets à avaler. C’était facile, une habitude crasse mais ô combien réconfortante qui a failli lui coûter cher. « Au final, c’est peut-être l’électrochoc dont j’avais besoin. » Parce que rien ne dit qu’elle serait allée jusqu’au bout de ses démarches, sans ça. C’était un sujet abordé à la va-vite, de l’ordre du projet qui rassure plus que de l’intention véritablement sincère.  

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Spencer Blackwell & @Amos Taylor

Sous les airs d’homme d’ours bourru difficile à approcher que tu lui as imaginé, tu découvres finalement quelqu’un d’humain. Un paternel heureux de partager les derniers clichés de sa petite fille, un homme fier de sa progéniture et bien évidemment que ça te fait quelque chose. Là, tout de suite, tu ne saurais trop expliquer quoi. Peut-être que le fait qu’il doive combattre ses propres démons ne l’empêche pas d’être un père aimant et attentionné, que ça te renvoie à tes propres parents qui n’ont jamais considéré l’idée que tu sois plus qu’une simple erreur de parcours. Peut-être que dans le fond, tu ressens une légère pointe de jalousie pour cette enfant qui aura tout ce que tu n’as jamais eu. Et puis le sentiment est bien vite éclipsé par la réassurance que la petite sera choyée. Avec un peu de chance et avec le temps, peut-être que tu pourras prétendre au rôle de tante, un jour.
C’est assez amusant qu’il soit celui qui qualifie Raelyn comme étant ta soeur. Même toi, tu n’es pas certaine d’avoir jamais employé ce terme pour la décrire. C’est un mot qui est supposé vouloir dire quelque chose, qui est supposé avoir une signification forte ou en tout cas un peu symbolique. Raelyn et toi, vous n’avez pas grandi ensemble, vous n’avez pas été élevées de la même façon ni par les mêmes personnes. De sœur, vous n’avez finalement qu’un lien du sang relativement ténu et ce que vous avez décidé d’en faire. Aucune obligation de la part de la blonde et pourtant, elle a fait toutes ces choses pour toi lorsqu’elle aurait pu tout simplement t’ignorer. Par extension, tu te retrouves à discuter avec celui qui se trouve être ton beau-frère, un homme que tu trouves être aussi intimidant que fascinant qui se livre à toi concernant ses propres démons. Ça a quelque chose de tragique, que ce point commun soit celui qui vous lie tous les trois. « C’est pas facile de gagner, hein ? » Le constat est amer, c’est un combat de chaque instant et dans les meilleurs jours il est parfois presque facile de l’oublier. On se dit que ça y est, la tête est finalement hors de l’eau et qu’elle y restera pour de bon, puis les mauvais jours reviennent avec force et violence pour vous rappeler à l’ordre. Il n’y aura jamais véritablement de victoire, pas de définitive en tout cas. Tout ce que vous pouvez faire, c’est vous contenter des petites qui s’accumulent chaque jour qui passe.
Le fait de savoir qu’Amos est au final un homme aussi faillible que toi ou que n’importe qui d’autre, rend le fait de lui parler plus facile. C’est stupide, il s’est toujours montré patient et gentil à ton égard, il t’a laissé ton espace pour te faire une place au sein du casino et c’est tout ce que tu pouvais demander. Le fait de partager quelque chose d’aussi intime qu’un souci de drogue ou de boisson, forcément, ça rend les choses plus simples. Tu peux lui parler de ton parcours sans craindre d’être jugée, et d’après lui il n’y a pas de mauvaise raison à tout ça. « Sûrement… » Il vise relativement juste, Amos. La honte et les regrets font partie intégrante de ton quotidien depuis trop longtemps maintenant. Que ça soit pour tes actions ou tout simplement pour la faiblesse dont tu as fait preuve, ça n’a pas réellement d’importance. Ces sentiments sont bien présents, trop profondément ancrés en toi pour que tu ne puisses tout à fait t’en défaire. Le mieux que tu puisses faire, c’est de les ignorer à défaut de pouvoir les étouffer à coups de bouteilles descendues ou de rails reniflés. « J’ai passé trop de temps à mentir à tout le monde en disant que je maîtrisais la situation, j’ai presque fini par y croire moi-même. » Le schéma classique de toute personne glissant irrémédiablement sur la pente de l’addiction, quelle qu’elle soit. « Les décisions solo m’ont pas trop réussies, jusqu’à maintenant. » C’est comme ça que tu t’es retrouvée à la rue, parce que t’avais décidé que c’était mieux que tu disparaisses, que c’était mieux pour elle et pour tout le monde, finalement. Résultat des courses t’as sombré encore plus fort alors que t’aurais pu être sauvée bien avant si t’avais accepté les mains tendues. Certains voient probablement ça comme un espèce de parcours initiatique, comme quelque chose que tu devais expérimenter pour mieux te reconstruire ou une connerie du genre. T’es à peu près sûre que ton psy a sorti une phrase similaire, mais sans doute n’écoutais-tu pas à ce moment-là. « Mais j’essaierai de m’en souvenir, ouais. » Plus facile à dire qu’à faire, surtout quand on a le crâne aussi dur que toi. Mackenzie te l’a déjà dit, de ne pas prendre de décisions pour elle et t’as déjà promis, mais les vieilles habitudes ont encore de beaux jours devant elles. La piqûre de rappel slash conseil d’Amos reste néanmoins la bienvenue. De même pour sa proposition à laquelle tu souris. « Ca reste toujours bon à entendre, » surtout pour quelqu’un comme toi qui a toujours eu l’habitude de tout régler seule. « Et c’est réciproque. » Pas que t’aies grand chose à offrir en retour, mais tu le penses sincèrement. Si un jour ils ont besoin de quoi que ce soit et que c’est dans tes moyens, tu répondras présente sans la moindre hésitation. « Bon, je crois que j’ai du boulot si j’veux être à la hauteur. Je ferai mieux de m’y mettre. » Motivée comme jamais à l’idée d’évoluer dans ton job, quand bien même dans la finalité ça implique de blanchir de l’argent ; mais ça, personne n’a besoin de le savoir.