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Croisant les bras sur son torse, prêtant une moue à son visage qui n’était pas tant agréable que cela à regarder, pour toute personne connaissant Ruben un minimum il était facile de voir que ce dernier était présentement agacé par la situation. Oh, il ne cherchait pas présentement à le cacher car personne autour de lui ne le connaissait afin qu’il puisse être démasqué dans les émotions qu’il ressentait réellement en cet instant, mais pour sur il n’aurait rien laissé transparaitre si tel n’avait pas été le cas. Disons que dans son malheur du moment, Ben avait eu de la chance - comme si ce n’était pas déjà quotidiennement le cas, en réalité -: Ambrose était reparti du festival, et la seule autre personne qu’il connaissait sur place sauf erreur de sa part et il ne faisait jamais d’erreur, c’était Midas. Autant dire que ce dernier en avait autant quelque-chose à faire des aléas de la vie du chirurgien que de l’an quarante, alors tout était bien à sa place.

Tout, sauf Mavis qui semblait tout sourire à une bonne dizaine de mètres de lui en cet instant, les yeux teintés d’une certaine étincelle. Ce n’était pas le type de rencontre qui était prévue au programme; loin de lui d’être dérangé de voir un tel éclat de joie et de vie sur les traits de la jeune femme, cette partie là était même plutôt agréable, simplement qu’il n’avait en aucun cas prévu de la croiser tout court en ces lieux. Il s’en serait même passé, lui qui campait toujours sur l’énervement qui l’avait animé le jour où ils avaient échangé sur le comment Mavis avait vendu la mèche auprès du frère de Ben sur la nature de leur relation. La croiser à l’hôpital pour ces dernières semaines avaient été amplement suffisant, et il s’était contenté de cette présence là de la jeune femme dans son quotidien, ce n’était donc pas pour la croiser ici alors qu’il comptait prendre un véritable repos. Et il aurait fait en sorte d’éviter d’entrer en contact avec elle, si ça n’avait été pour le sourire sincère qu’elle adressait à un homme qui n’était pas lui et dont la présence dans son champ de vision le faisait déjà lever les yeux au ciel.

Fermant les yeux un instant, se frottant les yeux du bout des doigts, il se rendit compte de l’idiotie qu’il était en train de commettre alors qu’il avait déjà avancé de plusieurs pas et était désormais trop proche du joli duo  pour ne pas être repéré. Transformant la moue boudeuse qu’il affichait jusqu’alors en mine ravie, Ruben était tout sourire au moment où il se trouva être à leur hauteur. « Mavis, quel hasard. » Il laissa son regard insister un instant de trop peut-être sur la jeune femme, avant de tourner avec une lenteur exagérée ce dernier vers le jeune homme à ses côtés. « Daniel. Ca faisait longtemps. » Bien sur que l’amabilité et la camaraderie dans cette introduction là étaient bien moins naturels, poussés juste assez cependant pour ne pas être pointé du doigt de suite. « Je vois que tu as choisi une bonne compagnie pour profiter du festival. » Bien sur que son attention n’était restée concentrée sur Dan qu’un seul instant, reportant déjà ses émeraudes sur la blonde. Oh, bonne compagnie - ce n’était pas lui non plus, elle aurait pu faire meilleur choix également. Pas qu’il était réellement vexé qu’aucun d’eux deux n’ait pris l’initiative de proposer à l’autre de se rendre ici, puisque ce n’était pas le type de relation qu’ils avaient et elle lui avait bien fait comprendre que ce n’était pas de ça qu’elle désirait avec lui; mais plutôt qu’il était agacé de se dire qu’elle l’évitait ces derniers pour… lui. Le terme bonne compagnie serait à revoir pour que l’image de la situation colle avec plus d’exactitude à la réalité- il pouvait s’en charger rapidement, si elle lui faisait signe, et Daniel ne serait qu’un souvenir pour le reste de la soirée.

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"Stop." Ce que Dan disait, Mavis faisait. C’était une règle dans leur dynamique, n’ayant rien besoin de remettre en doute lorsque son ami de toujours s’évertuait à la canaliser. C’était le cas sur le moment alors qu’elle essayait de replacer convenablement la perruque rose qu’il lui avait subtilisé pour la faire rire, l’enfilant de travers en prenant un accent des plus sophistiqués en prétendant s’appeler Tessie pour le reste de la soirée. Et ça avait fonctionné, ça aussi c’était une règle, le sens de l’humour du chauffeur étant une plus-value appréciable au package qui composait le bon parti qu’il était.
Son sourire ne la quittant pas, ses mains posées sur l’arc des mâchoires acérées du jeune homme qu’elle fixait sous couvert de bien faire le job incombé à la tache qu’elle accomplissait sur l’instant, Mavis semblait lui demander qu’est-ce qui se passe ?, ce à quoi il répondit en s’inclinant vers elle, son nez touchant presque le sien pour lui souffler quelques mots en même temps qu’une haleine aromatisée d’un peu d’alcool. Le regard de la jeune femme suivit la ligne de ses lèvres fines pour mieux saisir ce qu’il lui disait "À 2 heures. On nous observe." Les sourcils blonds de la jeune femme se froncèrent en même temps que son visage se détourna en direction des coordonnées données par le jeune homme qui lui attrapa les poignets pour la rapprocher de lui dans la foulée pendant qu’elle voyait Ruben s’avancer vers eux.

"Ruben, quel hasard." lui fit-elle en miroir, ne prenant pas la peine de lâcher Dan, son attention se soustrayant déjà du visage du docteur avec une nonchalance usuelle, celle qu’elle utilisait depuis quelques semaines maintenant lorsqu’ils se retrouvaient dans la même pièce. Dire qu’il l’agaçait serait un euphémisme, dire qu’elle se sentait piégée par le jeu qu’ils avaient mis en place en serait un plus gros encore. Seulement, la vérité était celle-ci : elle n’avait pas envie d’être en sa présence, encore moins de lui parler, alors reprendre son rôle d’étudiante lambda, c’était peut-être compliqué pour elle qui aimait briller dans les yeux du docteur, qui aimait encore plus encore sentir qu’elle avait un peu de contrôle sur lui grâce à ce qu’ils vivaient une fois les portes fermées, mais ça avait été aussi d’un naturel plutôt déconcertant si on estimait qu’elle avait toujours cru ne pas pouvoir avancer sans son appuis. Force était de constater que c’était faux, et qu’à défaut d’avoir su tirer profit de son expérience, elle avait réussi ses examens sans qu’il ne daigne lui apporter son soutien, trop préoccupé par sa petite personne pour lui faire cette faveur alors qu’elle lui en avait fait la demande.
Grand bien lui faisait, le message était clair désormais, et puisqu’il avait jugé bon la porter en responsable toute désignée des soupçons de son frère camé à leur sujet, elle s’était éloignée sans hésiter, apprenant par la même occasion que le petit couple formé par le jeune homme et sa soi disant fiancée s’était rabiboché.

Pour combien de temps ? Elle était prête à prendre les paris. Pinçant les lèvres en entendant Dan répondre à Ruben "Vous pistez vos étudiants au St-Vincent, ou c’est comment ?", Mav se détacha enfin de lui en lui retirant la perruque de sa tête dans un soupir assez profond pour être constaté par l’assemblée lorsque les paroles du docteur lui vinrent aux oreilles et que le plus innocemment du monde, elle lui demanda en retour "Et toi, t’es venu avec Nina ?" Ses yeux bruns s’accrochèrent à ceux de Ruben, ses cils allongés par une paire de faux-cils pailletés papillonnant tout à la fois et lui donnant davantage des airs de poupée grandeur nature que d’ordinaire, son carré blond souffrant légèrement de la chaleur qu’elle avait accusé sous la perruque qu’elle tenait maintenant à la main, ses cheveux collés contre ses tempes battant la mesure de son coeur qui suivait le rythme de la musique jouée en sourdine.
Pendant une longue seconde, leurs pupilles se confrontèrent sans une parole de plus, le bruit alentours leur servant de bande-son jusqu’à ce que le bras robuste que Dan passa sur ses épaules la ramèna à la vie et qu’avec un sourire en coin, elle ajouta à l’adresse de Ruben "Tout se passe bien depuis que t’es rentré chez toi ?" Si elle avait voulu en rajouter, elle aurait peut-être laissé échapper un t’as l’air heureux, mais Mavis avait des défauts à la pelle, pièce à double-face qui suivait les astres selon la tendance du moment, elle n’était pas une menteuse pour autant, et ce qu’elle constatait sur l’instant, c’était que le beau Ben donnait l’impression d’avoir gobé un citron entier tant l’expression qu’il avait sur le visage paraissait amère de la trouver ici en bonne compagnie.

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« Ruben, quel hasard. » Il l’avait déjà dit ça, que c’était un hasard - et c’en était véritablement un, c’était peut-être la partie qui était à souligner. Bien des fois, leurs rencontres n’avaient rien de ce dernier mais pour une fois, aucun des deux n’avait forcé le destin pour qu’ils se retrouvent tous les deux au même endroit. Même, étant donné que ce n’était pas l’entente parfaite entre eux ces dernières semaines, il y avait fort à parier - et cela se voyait dans le regard de Mavis - que la présence de Ben ici n’était pas une bonne nouvelle. Ils n’auraient jamais été jusqu’à se donner rendez-vous en plein jour de cette façon, ou alors cela aurait été pour qu’il passe un sale quart d’heure. De toutes façons la question n’était en rien cette dernière, était même plutôt inexistante si l’on portait une vision honnête sur cette dernière; Ruben avait surtout remarqué que la blonde était en compagnie qui n’était pas la sienne et qu’elle semblait passer un bon moment. Il n’aurait jamais du intervenir, à partir de ce postulat; mais il aimait à rappeler qu’avec lui aussi, il y avait de la bonne compagnie de disponible. « Vous pistez vos étudiants au St-Vincent, ou c’est comment ? » La bonne compagnie savait donc parler et répondre, apparemment. A cette question qui était davantage une remarque quelque peu sarcastique, Ruben étira un sourire forcé, restant tout de même poli en reportant une seconde fois son attention sur le jeune homme. « Que lorsqu’il s’agit de nos meilleurs éléments. Et que quand ces derniers sont reliés au Docteur Barnes. » Aucune de ces deux réponses étaient vraies, mais au moins il répondait à l’interrogation de Dan avec autant d’amusement faussé qu’il en avait fourni pour la formuler. Bien sur que non, il ne pistait pas Mavis parce-qu’il était sincèrement étonné de croiser son chemin - disons que le festival était grand et qu’il n’y avait aucune raison qu’ils en viennent à se voir ce soir. Surtout qu’il durait sur plusieurs jours, et que Ben n’avait pas eu le droit à une avant-première des occupations du futur temps libre de Mavis. Il existait donc en définitive mille et une versions de cette soirée où ils s’adressaient pas le moindre regard, même de loin.

Ruben avait tout simplement décidé, à peine ses prunelles s’étaient-elles déposées sur le visage de la jeune femme, qu’il ne laisserait pas l’une des versions de cette soirée arriver. « Et toi, t’es venu avec Nina ? » Peut-être regrettait-il d’avoir été autant idiot, désormais, alors qu’elle savait particulièrement les questions qu’il ne désirait pas forcément la voir poser elle. Ecartant quelque peu les bras, jetant faussement un regard autour de lui, ce fut avec un sourire pincé qu’il reporta son attention sur la jeune femme. « Comme tu peux le voir, c’est pas le cas. » Il se retint d’ajouter que s’il était venu avec sa fiancée, il n’aurait pas été jusqu’à entrer en contact avec elle - il ne tendait pas non plus le bâton pour se faire battre -; la présence de la bonne compagnie aux côtés de Mavis l’empêchait de commenter comme il l’aurait réellement souhaité. « J’ai été invité à la dernière minute pour venir ici. » Oh, il aurait pu proposer à Nina de venir avec lui, puisque Midas aurait pu lui fournir autant de bracelets qu’il désirait pour le remercier. Simplement, la question ne s’était même pas posée aux yeux de Ben; même, il avait proposé à Ambrose de le rejoindre sur place pour la soirée de la veille alors qu’il n’était toujours pas la personne avec qui il partageait son quotidien. Peut-être que Rhett avait raison: il lui arrivait d’être sacrément idiot, parfois. Il n’ajouterait pas de commentaire supplémentaire sur la situation et sur la compagnie qu’il avait choisi d’avoir pour sa présence sur les lieux, surtout pas alors que les iris de Mavis ne lâchaient pas les siens depuis de longues secondes désormais et qu’il devait se rappeler de garder un visage de circonstances. Surtout alors que la bonne compagnie n’oubliait pas, de son côté, de rappeler sa présence en passant un bras par dessus les épaules de Mavis - Ben dut se retenir de ne pas lever les yeux au ciel à cet instant là. Il aurait préféré qu’il disparaisse du paysage, celui là. « Tout se passe bien depuis que t’es rentré chez toi ? » Qu’en amati-elle réellement à faire, hein ? Comme si le bonheur conjugal du chirurgien était vraiment quelque-chose qui lui tenait à coeur - à d’autres. « Tout se passe bien, oui, on a retrouvé nos petites habitudes. J’ai retrouvé un semblant de sommeil stable, à ne plus dormir seul aussi. » Il esquissa un petit sourire bien trop poli pour être supportable. Bien sur qu’il cherchait à provoquer la moindre réaction, n’importe laquelle, chez Mavis.

Mais ce serait bien plus simple de réussir l’exercice si la bonne compagnie n’était pas présent en trop à leurs côtés - comme si ce n’était pas Ruben qui s’était imposé à un moment qui n’était pas le sien. Alors, gardant le même rictus à es lèvres, il porta son attention un instant sur Daniel. « Tu veux pas aller nous chercher quelque-chose à boire ? Il fait chaud. » La question n’était qu’une formalité, puisqu’aux yeux de Ben ce n’en était en rien une et il s’attendait à le voir débarrasser le plancher dans les secondes suivantes. Le jeune homme se contenta d’un petit rire. « Je suis pas un de vos étudiants moi, à vous obéir au doigt et à l’oeil. » Il allait lui arracher les doigts et les yeux, si ça continuait. Retirant son bracelet de son poignet, il l’agita devant les yeux du brun. « Ca donne accès à toutes les boissons que tu veux. Je vais prendre une bière moi. » Ce fut ensuite à Mavis qu’il adressa la parole. « Tu prendras quoi ? » Et dans le fond de son regard, bien sur qu’il attendait avec cette réponse là qu’elle appuie son initiative et qu’elle se range de son côté; ainsi, la bonne compagnie irait leur chercher un verre à l’autre bout de l’esplanade et ils auraient un instant pour discuter. Car c’était dans ce but là, initialement et officiellement, que Ruben avait approché la jeune femme. Ca et lui indiquer qu’il avait vu qu’elle savait apparement s’entourer lorsqu’il n’était pas là, mais également parce-que l’occasion se présentait il désirait en profiter pour discuter d’autres choses avec elle.

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La réponse que Ruben accorda à Dan, elle fit rire Mavis qui roula des yeux en même temps. Il savait comment s’y prendre le docteur pour la faire réagir, et il n’était pas sans savoir qu’elle était sensible à la flatterie, surtout quand ça venait de lui. Mais en ce début de soirée, elle n’avait pas envie d’y céder à cette habitude qu’elle avait de se laisser bercer par ses compliments quand il était clair qu’il en usait seulement pour plusieurs points, le premier étant de la mettre à genoux  — et pas pour le supplier, soyons clairs. Un rire fila aussi du côté de Dan, de ceux qui n’en sont pas vraiment, assez court pour disparaître aussi vite, et la jeune femme sut qu’il était autant agacé qu’elle ne l’était ; de le voir s’interférer dans un moment qu’ils passaient ensemble dans un endroit qui ne leur rappelait pas le passé, où ils pouvaient être quelqu’un d’autre tout en restant eux-mêmes, à partager leurs secrets sans craindre d’être entendus ou observés. Ruben était là, à le faire, ses yeux scrutateurs posés tour à tour sur elle et sur lui, mais surtout sur elle qui, plus impressionnée depuis longtemps par le charisme naturel du docteur, l’ayant vu flancher plus d’une fois sous la délicatesse de ses caresses, l’ayant entendu soupirer beaucoup trop de fois dans le creux de son oreille pour ne pas reconnaître ses moments de faiblesse, ne baissa pas les yeux.
Au contraire, elle le défia presque "Et t’as pas voulu lui en faire profiter ? C’est vraiment dommage, elle rate quelque chose." appuya-t-elle lourdement, l’entendant lui dire que Nina n’était pas là, que l’invitation lui ayant été faite à lui, il avait voulu en jouir comme bon lui semblait — du moins, c’est comme ça qu’elle le prenait, et peut-être qu’une partie d’elle était un peu vexée qu’il n’avait daigné lui faire savoir qu’il serait là à un moment donné. Ruben, il n’était pas aussi subtil qu’il en donnait l’air, et elle savait qu’il gardait un oeil sur son profil Instagram : c’était sans doute un vrai hasard, qu’ils se croisent maintenant, mais il savait qu’elle était là, alors il ne pouvait pas s’offusquer de quoi que ce soit quand un seul texto aurait suffi à lui donner rendez-vous à l’abri des regards s’il voulait vraiment la voir.

Arquant un sourcil, le bras de Dan pesant lourd sur ses épaules, Mavis sentit ses dents doucement se serrer en accueillant sa réponse à propos de comment les choses se passaient depuis qu’il était rentré chez lui. Il la provoquait, elle n’avait même pas besoin de sonder ses yeux pour savoir qu’il le faisait. C’était leur moyen de communication privilégié, les sous-entendus et les provocations prononcées sur le ton du sans en avoir l’air, et c’était de bonne guerre finalement : c’était elle qui avait posé la question, c’était elle qui était allée au devant de cette réponse qu’il lui donna avec un petit sourire esquissé en coin, signe qu’il savait très bien ce qu’il faisait "Tant mieux." Elle ne trouva rien d’autre à dire que ça, et pas uniquement parce qu’elle sentait l’attention de Dan à l’affût de la moindre parole qu’ils échangeaient à ce moment-là.
D’ailleurs, alpagué par Ruben, le jeune homme se tendit et se montra plus revêche qu’il ne l’était vraiment. Se montrant territorial, il se redressa presque en roulant des épaules pour déployer toute sa stature, sa mâchoire jouant sous la peau de son visage. Mavis savait être la plus à même de temporiser ça, alors elle posa une main sur l’abdomen de son ami, se tournant vers lui en même temps pour lui dire, presque tout bas "Fais ce qu'il te demande." "Mais ça va aller ? Il te regarde comme un putain de psychopathe. Ted Bundy faisait moins peur que lui." Inclinant la tête sur le côté, elle aurait été prête à lui répondre quelque chose qui aurait mis en exergue le fait établi que ce n’était pas Ruben le plus dangereux de leur trio improvisé, mais elle n’en eut pas besoin. Dan la fixa trop intensément pour qu’il ne sache pas ce que ça voulait dire, ce regard qu’elle lui adressa dans la foulée, et opina du chef, se penchant sur elle pour déposer un baiser sur son front, sa main se refermant sur sa nuque en même temps, et lui dire en réponse à la question que Ruben lui posa "Limonade à la fraise et rondelle de citron vert. C’est bon, je connais la chanson." Se décalant de là pour la lâcher, montrant d’un signe de tête qu’il avait pris la commande de Ruben, Dan accepta, mais pas de gaieté de coeur, le bracelet du docteur, une main posée sur l’arrière de son propre crâne. Enfin, il se retourna brièvement vers Mavis pour lui dire "J’ai mon téléphone." "Je sais. Te perds pas." lui adressa-t-elle comme dernière parole, le regardant un instant s’avancer vers le côté opposé à l’endroit où ils étaient pour laisser le docteur et la blonde à leur discussion qui commença par "J’ai pas envie de te parler." de la part de Mavis qui retourna ses yeux sur lui, ses paupières lourdes de défi. Au moins les choses étaient claires, même si elles n’étaient pas tout à fait incontestables : elle avait juste envie que Ruben se sente comme un indésirable pour une fois.

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Ca l’agaçait, le beau docteur, d’entendre Mavis parler de Nina alors qu’il n’avait pas particulièrement d’affinités pour l’idée de les réunir toutes deux dans la même pièces - surtout pas lorsqu’il n’était pas celui abordant le sujet, ne maitrisant pas comme il aurait souhaité l’approche tentée. Moins sa fiancée était mentionnée lorsque ce n’était pas cette blonde là qui était près de lui, le mieux il se portait - et l’inverse était bien sur tout aussi vrai, mais comme Nina n’était pas au courant qu’il passait du bon temps avec son étudiante préférée dans ses bras de temps à autres, Mavis n’arrivait que peu dans leurs discussions de couple. « Et t’as pas voulu lui en faire profiter ? C’est vraiment dommage, elle rate quelque chose. » Il étaiera un sourire poli, faussement attendri par la délicatesse pensée qu’elle octroyait à l’autre gemme. « Elle est de garde, elle a pas pu se libérer. » Ce n’était même pas qu’il n’avait pas désiré lui en faire profiter, pour une fois: elle travaillait réellement et n’aurait pu se libérer si facilement de son côté. Et puis, étant donné que c’était à Ambrose que Ben avait pensé en premier lieu en guise d’invité quand Midas lui avait parlé du festival, souhaitant passer un bon moment avec le jeune homme presque comme à l’ancienne… Disons qu’une fois de plus, ce n’était pas Nina qui avait été mise en avant dans les pensées du cher docteur, comme une mauvaise habitude qui commençait un peu trop à lui coller à la peau.

Sur l’instant présent en revanche, ce n’était pas uniquement les mauvaises habitudes de Ruben qui collaient à la situation, mais plutôt la bonne compagnie - qui semblait agir telle une sangsue sur Mavis, ne sachant s’écarter plus de quelques centimètres et encore de la jeune femme. Bien sur que Hartfield dut se retenir plus d’une fois de lever les yeux au ciel et de soupirer lourdement; il se dit cependant que Daniel serait mieux à être utile ailleurs afin qu’il puisse avoir un instant seul à seule avec Mavis sans avoir besoin de brider ses mots et ses pensées. Tendant son bracelet au jeune homme, avec un sourire trop crispé pour paraitre vrai - il avait du saisir une certaine tension de toutes façons, alors bon -, il l’envoya aller cherche des boissons; comme il y avait toujours un monde fou, ils seraient débarrassés pour un bon bout de temps. Dan fut cependant un brin plus revêche qu’il ne l’avait anticipé, et ce dernier semblait entièrement se remettre à la décision de la blonde désormais, comme Ben l’avait anticipé. Pathétique. « Fais ce qu'il te demande. » - « Mais ça va aller ? Il te regarde comme un putain de psychopathe. Ted Bundy faisait moins peur que lui. » Cette fois-ci, Ruben ne retint pas le soupire qui menaçait d’échapper à ses lèvres depuis trop longtemps désormais et leva les yeux au ciel de façon ostentatoire. Dire qu’il était agacé par la présence de Daniel et par la duo que formait les deux jeunes gens serait presque un euphémisme. Ils restèrent d’ailleurs un brin trop longtemps à se regarder dans les yeux sans parler ni bouger, qu’il fut à deux doigts de rompre le silence - il n’eut pas le besoin finalement. « Limonade à la fraise et rondelle de citron vert. C’est bon, je connais la chanson. » Blablabla. « J’ai mon téléphone. » - « Je sais. Te perds pas. » Oui, aller, bon vent.

« J’ai pas envie de te parler. » Les paroles de la jeune femme ne mirent qu’un seul instant après la disparition de Daniel de leur champ de vision pour se faire entendre, et elles arrachèrent un rire à Ruben - d’agacement, d’amusement, lui même ne savait pas trop la façon dont il se sentait présentement face à la situation. Trop d’éléments étaient à prendre en compte, finalement, et même lui semblait se plus autant maîtriser ce qu’il désirait garder sous son contrôle - à commencer par la façon dont il se sentait en cet instant, une nouvelle expérience pour lui. « T’as pas besoin de le faire, t’en fais pas. » Il prétendait ne pas être touché par ses mots, là où bien sur au contraire ce n’était pas du tout ce type de réaction qu’il attendait à recevoir de la part de Mavis; elle n’avait jamais vraiment envie de ne pas lui parler, ou alors elle ne le formulait pas de cette façon là, si directement, à le regard avec un air de défi dans le regard. « T’as juste à écouter, ce sera déjà bien. » Et bien sur qu’en cet instant, c’était l’agacement qui prenait le dessus, qui le faisait se sentir un brin bouillonner à l’intérieur, là où n’avait pas du tout prévu d’aborder ce type de discussion aujourd’hui ou même durant sa présence sur les lieux du festival. « Grâce à ton indiscrétion de l’autre jour, Rhett a miraculeusement réussi à faire un plus un et à comprendre que t’étais pas que mon étudiante préférée. Ou plutôt, que je te préférais peut-être un peu trop. » Il croisa les bras sur son torse, gardant son regard ancré dans celui de Mavis, ce dernier ayant gagné une teinte de noirceur alors qu’il n’appréciait guère la situation dans laquelle ils se trouvaient désormais - au pluriel, et ce dernier étendu à d’autres que simplement eux deux désormais. « Pour ça, je te dis pas merci. Je suis à peu près sur qu’il dira rien à personne, mais c’était pas ce qui était convenu. » Entre nous cela sous entendait, puisque la jeune femme était supposée rester discrète de bout en bout pour justement qu’ils n’en arrivent pas à une telle situation. « Je suppose que c’est à cause de ça que tu veux pas me parler, du coup ? Puisque tu fais silence radio et que tu m’évites depuis qu’on en a parlé par messages. » Si Rhett avait du mal à aligner les informations dont il disposait devant ses yeux, ce n’était pas le cas de son cadet qui lui était bien plus perspicace et arrivait parfaitement à comprendre les choses qui ne fonctionnaient pas; en l’occurence, cependant, tant que son frère ne lui avait pas clairement dit qu’il comprenait les sous-entendus il avait décidé de temporiser la situation et d’attendre que l’eau coule sous les ponts. La donne avait changé, alors il ajustait sa façon d’être et de faire avec la blonde également. Et finalement, peut-être qu'elle allait avoir besoin de lui parler, puisque Ben n'avait su se résoudre à ne pas lui poser une question à travers ses propres paroles, et qu'il attendait bien sur à ce qu'elle lui réponde.

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Mavis, elle s’en cognait, de Nina. Pas seulement parce qu’elle ne lui inspirait que du mépris d’être assez idiote pour ne pas se rendre compte que son soi disant fiancé allait voir ailleurs plus souvent qu’à son tour. Mais parce qu’elle représentait une catégorie de personnes qu’elle ne côtoyait que parce que c’était comme ça que ça devait être. Elle n’avait pas besoin de l’impressionner, elle n’avait pas envie de l’impressionner, pas alors qu’elle avait les faveurs de celui qui partageait son lit que quand il se souvenait qu’il l’aimait. Pas très souvent, si elle devait en juger par les derniers mois qu’ils avaient passé à se retrouver rien que tous les deux. Ça n’aurait dû être l’histoire que d’une seule fois, comment exactement le prendrait Nina lorsqu’elle apprendrait que c’était devenu l’histoire de plusieurs fois, parfois même dans la même journée ? Elle se posait vraiment la question parfois, se demandant souvent si elle ne devait pas rompre le pacte tacite qu’elle avait passé avec Ruben pour voir se déliter sous ses yeux cette impression qu’il donnait d’être le roi du monde. Quand il tomberait, ça lui ferait mal, et pas seulement parce qu'il rejoindrait le commun des mortels, lui qui avait tendance à se prendre pour un Dieu : ça ferait mal aussi parce qu’il se rendrait compte que dans l’histoire, ce serait lui qui tiendrait le mauvais rôle dans une société qui exécrait les abuseurs, même ceux qui se rassuraient avec la notion de consentement accolée à une histoire avec une jeune femme majeure. Il lui suffirait de pleurer à Mavis, de jouer la victime directe d’une situation dont elle n’avait pas eu d’autres choix que de subir, pour faire de Ruben un salaud dans le sens premier du terme et ça, il avait tendance à l’oublier parce qu’il se croyait invincible.

Dan ayant quitté les lieux, elle marqua son envie de garder la main en lui disant qu’elle ne voulait pas lui parler. Ça ferait mal à l’ego de Ruben d’être repoussé, elle le sentait à la manière qu’il eut de rire en accueillant les premiers mots qu’ils échangèrent dans l’intimité relative induite par l’absence soudaine de son meilleur ami, leur entourage proche se fichant comme d’une guigne qu’ils se parlent, trop occupés à profiter de l’instant présent pour s’intéresser à leur conversation. C’était tant mieux, elle ne durerait sûrement pas de toute façon puisque Mavis comptait bien faire payer à Ruben sa muflerie des derniers temps ; celle qu’elle avait provoqué en commettant une seule erreur, celle qu’il ne tarda pas à lui reprocher en alimentant un dialogue qu'il avait envie de tenir, aimant tellement entendre le son de sa propre voix qu'il était prêt à se ridiculiser pour pouvoir le faire.

Elle aussi, elle rit, Mavis, sa tête se secouant lorsqu’elle prit sens de ce qu’il était en train de lui dire "Et qu’est-ce que j’y peux au juste ? Quand je suis partie, il avait l’air de croire à mon histoire, c’est pas ma faute si t’es pas capable d’assurer tes arrières en apprenant à mentir correctement." Ses bras se croisèrent sur sa poitrine après que ses mains se soient glissées brièvement dans la moiteur de ses mèches blondes, indiquant clairement sa position ferme quant à l’action même de s’adresser à lui. Elle le fit pourtant, parce qu’il y avait une certaine injustice dans le ton employé par le jeune homme, dans ses propos plus généralement. Ça avait déjà transparu dans leur dernier échange de sms, et c’était ce qui l’avait poussée à vouloir lui faire entendre qu’elle était mécontente, lui imposant le traitement du silence pour qu’il se languisse de sa présence "Pour ça, tu me dis pas merci ?" répéta-t-elle après lui, incrédule, le regardant avec les yeux du dégoût, les traits de son visage froncés comme elle se mit à le toiser, tête reculée, bras se décroisant graduellement, mains marquant son emphase alors qu’elle gardait son calme pourtant "Peut-être que, si tu communiquais un peu plus avec moi quand t’envisageais des trucs du genre retourner vivre auprès de ta fiancée, si j’avais ce genre d’infos en mains pour éviter ce genre d’erreur, ça m’aiderait beaucoup à mieux anticiper. Mais c’est vrai, c’est important que quand c’est toi qui le décides, huh ?" La question était rhétorique, évidemment. L’aplomb de sa verve restant d’un calme olympien, elle ajouta néanmoins "C’est de ta faute, pas de la mienne." Et sur ça, elle ne changerait pas d’avis, encore qu’elle s’en était tout de même voulu d’avoir été assez stupide pour agir sur le coup d’une impulsion d’adolescente transie par l’idée même de voir celui avec qui elle partageait des moments privilégiés, et pas que sous les draps.
Ses yeux affirmant leur contact dans ceux de Ben, elle lui demanda suite à ses paroles "Ah, et qu’est-ce qui était convenu exactement alors ? Ça aussi j’aimerais bien le savoir finalement, parce que ça me parait plus aussi clair que quand tu me sautais dans le bureau du doyen de l’université." Même si elle restait sereine, jouant avec sa tendance à rester calme pour agacer le docteur, elle dit ces paroles un peu plus haut que le reste, reprenant ensuite presque en murmurant,  s’étant approchée de Ruben pour le pointer d’un doig intransigeant "Oublie pas que je suis pas celle qui faute, Ruben. Reproche-moi ce que t’as envie, rends-moi coupable de pas être capable de la garder dans ton pantalon, mais oublie pas que t’as plus à perdre que moi." Marquant un temps de pause, sa respiration légèrement haletante faisant se creuser sa poitrine qu’elle sentait vibrer sous le tissu léger de sa robe jaune, Mavis le fixa sans ciller, se satisfaisant de la proximité qu’il y avait entre eux pour se rappeler qu’au fond, c’était comme ça qu’elle préférait Ruben : un peu frustré, un peu énervé, à la merci du moindre signe de sa part pour assouvir la jalousie qu’il démontrait encore une fois. Soudainement, elle fit un pas en arrière, levant les mains devant elle comme une vandale prise sur le fait accompli "Je veux pas te parler parce que je veux pas que tu me fasses culpabiliser d’avoir commis un impair. Et écoute-toi, j’avais raison de t’éviter : la preuve." C’était ce qu’il faisait : la faire culpabiliser en venant la cueillir au milieu d'une soirée qu’elle appréciait avant qu’il n’arrive. Comme quoi elle le connaissait par coeur.

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***
Le petit rire qui échappa des lèvres de Mavis n’était pas de ceux que Ruben appréciait particulièrement. « Et qu’est-ce que j’y peux au juste ? Quand je suis partie, il avait l’air de croire à mon histoire, c’est pas ma faute si t’es pas capable d’assurer tes arrières en apprenant à mentir correctement. » Elle l’imitait dans son comportement, elle l’imitait dans ses arguments tranchants - et agressifs bien plus que passifs. Elle le prenait à un jeu qu’il menait de front, duquel il nierait pourtant connaitre les règles du jeu si la question lui était posée. « Ca aurait demandé bien plus qu’un simple mensonge, pour le convaincre. » Parce-que Rhett avait beau être idiot, et bien plus que simplement sur les bords, il n’arriverait plus à croire la moindre parole apportée pour justifier quoi que ce soit concernant la situation entre la blonde et son frère: il avait vu clair dans leur jeu, aussi étonnant que cela puisse l’être. Et surtout, aussi peu arrangeant que cela pouvait l’être, puisque cela n’avait jamais été dans les plans de Ben de confesser ce type de péché à son frère ainé. Et bien sur, cela ne serait pas arrivé si Mavis avait su rester dans les limites qui lui étaient imposées par son rôle - elle aurait beau nier, elle les connaissait très bien. « Pour ça, tu me dis pas merci ? » - « C’est exactement ce que je viens de te dire. » - « Peut-être que, si tu communiquais un peu plus avec moi quand t’envisageais des trucs du genre retourner vivre auprès de ta fiancée, si j’avais ce genre d’infos en mains pour éviter ce genre d’erreur, ça m’aiderait beaucoup à mieux anticiper. Mais c’est vrai, c’est important que quand c’est toi qui le décides, huh ? » Il leva les yeux au ciel - bien sur qu’il leva les yeux au ciel, si fort que cela pouvait s’entendre surement sur plusieurs rangées de spectateurs ne prêtant aucune attention au duo qui se crêpait presque désormais le chignon au milieu de la foule. « C’est de ta faute, pas de la mienne. » - « T'étais pas supposée te pointer chez Rhett, à aucun moment, c’est pour ça que c’était pas urgent que je te prévienne que j’étais rentré chez moi. » Il sifflait presque ses mots à travers ses dents, parce-qu’il sentait qu’il s’énervait - et que cela était une action qui n’amènerait, qui plus était, aucun résultat positif sur la discussion. Simplement qu’il peinait à gérer les émotions qu’il ressentait face à cette situation, tant rien ne semblait s’écouler dans le sens qu’il avait envie de donner aux choses. Mavis avait raison sur un point qu’il ne relèverait pas: c’était important uniquement quand c’était lui qui le décidait; ça avait toujours été comme ça, et jusque maintenant cette façon de fonctionner n’avait jamais créé le moindre problème.

Jusqu’à aujourd’hui, jusqu’à cette visite de la jeune femme chez son frère à lui. « Ah, et qu’est-ce qui était convenu exactement alors ? Ça aussi j’aimerais bien le savoir finalement, parce que ça me parait plus aussi clair que quand tu me sautais dans le bureau du doyen de l’université. » Il plissa le bout du nez, laissa échapper un léger grognement de mécontentement. Effectivement, lors de ce type de moments là, il était peut-être vrai que la barrière des réalités devenait un brin plus floue, et qu’ils jouaient un peu trop avec le feu; mais Rhett, c’était différent, c’était trop personnel et surtout une personne contre qui Ruben ne savait réellement lutter. Il laissa son regard échapper à celui de Mavis un instant, se portant sur les personnes autour d’eux - s’assurant que personne ne pouvait être réellement témoin des paroles qu’ils proféraient l’un envers l’autre en cet instant; personne ne leur prêtait, encore une fois, la moindre attention et Daniel ne semblait pas assez malin pour avoir réussi à faire l’aller et le retour depuis le stand de boissons assez rapidement. « Que t’en parles pas à voix haute au milieu d’un public, déjà, pour commencer. » Il n’était pas question qu’il se fasse prendre la main dans le sac comme un idiot, pas de cette sorte en tous cas si cela devait arriver. De nouveau. « Oublie pas que je suis pas celle qui faute, Ruben. Reproche-moi ce que t’as envie, rends-moi coupable de pas être capable de la garder dans ton pantalon, mais oublie pas que t’as plus à perdre que moi. » Mavis s’était quelque peu rapprochée pour prononcer cette nouvelle slave de paroles, et bien sur que cela recentra l’attention du docteur sur elle en une fraction de secondes; ils n’avaient pas été proches de la sorte depuis des semaines, il avait l’impression de ne pas avoir pu bénéficier de son attention qu’importe l’état de cette dernière depuis trop longtemps. C’était peut-être malheureusement ce qui l’excitait le plus, Ben: sentir être désiré, d’une certaine façon, dans les yeux de la jeune femme. « Je veux pas te parler parce que je veux pas que tu me fasses culpabiliser d’avoir commis un impair. Et écoute-toi, j’avais raison de t’éviter : la preuve. » - « Je prends le blâme de pas t’avoir tenue au courant de mes allers et retours jusqu’à mon propre domicile, par contre je maintiens que pour aucune raison t’aurais du te rendre chez Rhett. » Il ne réfutait pas l’idée que cela aurait pu être évité s’il ne s’était pas dit que l’information avait à rester privée encore un peu. Mais inviter la blonde chez son frère n’était pas quelque-chose de permanent: elle n’avait pas à se rendre sur place, c’était tout.

Finalement, son regard toujours ancré dans celui de Mavis, il soupira une nouvelle fois avant de faire un pas légèrement en avant, changeant quelque peu d’appui, se penchant un peu plus vers elle. « J’ai pas envie que tu m’évites. » Sa voix s’était quelque peu radoucie, parce-qu’il sentait qu’il perdait un peu plus le contrôle à chaque seconde qui s’écoulait et ce n’était pas du tout ce qu’il souhaitait. Il pinça ses lèvres, les fit rouler l’une sur l’autre. « Et tu peux pas nier qu’on avait dit qu’on serait discret. Se pointer chez mon frère, c’est pas être discrets. J’ai plus à perdre que toi et c’est bien pour ça que je t’en parle aujourd’hui. » C’était enfoncer une porte ouverte, il le savait: elle était parfaitement au courant des choses à commettre et celles à omettre, pour que la suite des événements ne soient pas des plus catastrophiques - surtout pour lui, bien sur, mais pour elle également. Après tout, d’ici à quelques temps, elle serait à son tour le docteur Barnes et ce n’était pas rien; en continuant sur le chemin qu’ils empruntaient bien trop peu ces derniers temps aux goûts de Hartfield, bientôt elle aurait lourd à perdre également. « C’est pas que pour ça que je veux te parler. » C’était majoritairement pour ça, mais promis il y avait là une seconde raison qu’il ne tairait pas un instant de plus. « J’ai vu que tu avais eu tes examens. Félicitations. » Et elles étaient sincères, promis - en témoignait le vague éclat qui s’affichait dans son regard en cet instant. Il n’avait pas hésité un seul instant pour aller vérifier les résultat de la dernière sections d’examens, lorsque ces derniers étaient parus. « Tu m’as prévenu non plus, à ce que j’ai vu. » Donnant-donnant, un point partout, la balle au centre - bien sur que c’était sous forme d’un élire agacement qu’il ajoutait la dernière phrase, enfant éternuement frustré de ne pas avoir la main mise sur toutes les situations qui lui passaient sous les nez.

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"Je croyais que t’en avais rien à faire de lui ?" De son frère, celui dont il traitait l’existence comme une plaie plus que comme un cadeau. Ils ne s’entendaient pas, il n’y avait pas besoin de faire partie de leur cercle pour le savoir, il suffisait de se référer à l’état dans lequel le docteur s’était mis lorsque son aîné s’était retrouvé à plusieurs reprises admis au service des urgences de l’hôpital dans lequel ils travaillaient. Elle était mal placée pour juger les relations fraternelles des autres, elle savait aussi que c’était souvent plus partial qu’une analyse de comptoir. Concrètement, qu’est-ce que ça pouvait bien faire que Rhett Hartfield soit au courant des incartades de son petit-frère ? Ils se haïssaient au point d’en être rendus à se trahir en allant déblatérer leurs secrets respectifs à qui voulait bien les entendre ? Sur ça aussi, elle ne pouvait qu’émettre un jugement tiède, pas en reste avec Baz pour prétendre que c’était impossible d’être si peu lié à ses frères et soeurs que ça finissait en affrontement permanent. Et ne parlons pas de Marion qui avait bu la tasse à cause de sa jumelle, mais ce n’était certainement pas le moment de penser à ça.
Elle secoua la tête, levant les yeux en l’air en voyant le jeune homme s’énerver, serrer les dents et agir comme l’homme qu’il prétendait ne pas être, se croyant meilleur que ses congénères parce qu’il avait de l’or entre les mains — de l’or qui lui conférait un statut sur lequel il comptait pour réussir dans la vie, ne supportant pas qu’on lui mette des bâtons dans les roues, si porté sur le contrôle qu’il en devenait fascinant à côtoyer "Tu m’invites chez ton frère, tu me fais des cadeaux, tu souffles constamment le chaud et le froid, et je suis supposée y comprendre quoi que ce soit ? Je sais que je devais pas aller là-bas, j’ai essayé de te contacter avant de le faire, tu m’as jamais répondu Ben." lui fit-elle remarquer avant d’ajouter sur le même ton, ses épaules se haussant pour marquer la suite de ses paroles "J’aurais pu rien te dire. J’aurais pu laisser ton frère te prévenir qu’on s’était rencontré, mais je t’ai tout dit avant en admettant que j’avais fait une bêtise. Mais ça, ça t’arranges de pas le soulever parce que tu crois que je l’ai commise exprès. C’est pas vrai." Et sur ça, elle était sincère : elle avait été imprudente, pas stratège. Elle s’était laissée avoir par son insouciance pour une fois, et n’avait pas cherché à provoquer le Destin pour qu’il fasse payer à Ruben d’être un mufle ou rien de ce genre. Elle avait voulu récupérer un collier perdu, ça s’arrêtait là.

Elle se calait sur l’agressivité de Ruben parce qu’ils étaient des doubles qui emmagasinaient l’énergie de l’autre sans même s’en rendre compte. Quand tout allait bien, la sérénité était de mise, l’affection paraissait sincère, et elle l’était, l’électricité qu’il y avait entre eux et leurs désirs étant mise à la merci de l’alchimie qui régnait constamment lorsqu’ils étaient dans la même pièce ; quand tout allait mal, c’était décuplé par la colère qui se réverbérait sur ce qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre pour le transformer en quelque chose proche de la passion destructrice, et c’était plus excitant que se susurrer des mots doux entre deux patients. Difficile de ne pas aimer ça, affronter quelqu’un comme Ruben Hartfield, qui pensait que tout lui était dû, notamment le respect quand il n’était même pas foutu d’être honnête avec les gens qu’il disait aimer de tout son être "C’est toi qui es venu me trouver. Me fais pas passer pour celle qui vient chercher les problèmes quand c’est toi qui t’es senti obligé de venir ruiner ma soirée tellement ça te rend malade de me voir la passer avec un autre." lui cracha-t-elle lorsqu’il souligna leur accord et leurs clauses, mettant en exergue ce qu’elle savait de sa jalousie maladive. Faisant camper son regard sombre dans le sien après s’être rapprochée de lui, elle secoua la tête en même temps "Je le sais déjà que j’aurais pas dû me rendre là-bas. Qu’est-ce que t’essaies de me faire dire exactement ?" Qu’elle était désolée ? C’était des excuses qu’il voulait ? C’était donc aussi pathétique que ça ? Sans ciller, elle continua à le regarder, ne prononçant pas ce qu’il attendait qu’elle prononce, refusant de le supplier de lui pardonner, tout en sentant un frisson lui parcourir la peau tandis qu’elle était rentrée dans leur bulle, celle qui se déployait au-dessus de leurs têtes quand ils se retrouvaient tous les deux et que soudainement, Ruben devenait le genre de personne à savoir flatter. En dehors de ça, tout le monde savait qu’il n’était pas capable d’incomber le moindre compliment à quiconque à l’exception de lui-même, s’aimant trop pour prétendre que quelqu’un d’autre valait d’être caressé dans le sens du poil ; à part elle parfois, souvent même, et encore une fois, alors qu’il redevenait doux comme un agneau, elle se rendait compte combien leur relation était malsaine.

Ça ne la rebutait pas, même s’il y avait des chances pour que le docteur Hartfield soit en vérité un putain de pervers narcissique, à lui parler comme à une moins que rien une seconde, pour la regarder avec adoration la seconde d’après — elle n’était pas mieux dans le genre, mais c’était plus facile de pointer du doigt les tares des autres "Je te l’ai déjà dit, tu peux pas toujours avoir ce que tu veux." Et elle l’éviterait tant qu’elle aurait envie de le faire, voilà ce que ça voulait dire. Détournant le regard du sien pour l’entendre répéter autrement ce qu’elle savait déjà, Mavis eut un sourire sarcastique "C’est toujours une question de réputation avec toi. Y a que ça qui compte, tu t’es même pas demandé ce que ça m’avait fait de devoir composer avec la présence de ton frère quand c’était toi sur qui je croyais tomber. Je m’en suis bien sortie, merci de me demander." Il était d’un égoïsme sans nom, elle ne pouvait pas dire que ça la surprenait vraiment, encore que ce qu’il ajouta la fit retourner son visage vers lui et lui adresser le regard incrédule de ceux qui sont vraiment surpris par quelque chose ; et là c’était par les félicitations qu’il lui adressa pour avoir réussi ses examens, ceux qui lui donnaient accès à sa sixième année d’étude, sa troisième d’externat "T’as regardé mes résultats ?" lui demanda-t-elle en connaissant déjà la réponse étant donné qu’il lui en parlait. Elle ne voulait pas se faire attendrir pas ça, alors elle ajouta en se redressant, remuant très légèrement le tête en le faisant, se donnant des airs de petit-fille vexée qui ne voulait pas se laisser appâter par la promesse d’une friandise qui devait cesser de la faire bouder, sa moue pointa au travers de sa détermination à ne pas lui laisser voir qu’elle était touchée "Je t’aurais prévenu si t’avais accepté de m’aider à réviser, mais ça a pas été le cas. C’est pas à toi que je dois mes bons résultats, t’as raté une occasion de te donner encore un peu plus d’importance." Dommage pour toi, sembla dire le regard défiant qu’elle reposa sur lui avant de décider de lui dire enfin, ses bras se croisant avec intransigeance sur sa poitrine vibrant sous sa robe, et ce certainement plus doucement que prévu "Merci." Pour les félicitations, parce qu’elle restait bien élevée, et que la sensation d’être encensée par son mentor était assez transcendante dans le fond pour qu’elle daigne lui accorder au moins ça.

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« Je croyais que t’en avais rien à faire de lui ? » Il soupira, un brin lourdement il fallait l’avouer. « Ca reste mon frère, Mavis, c’est la partie que je peux pas retirer ça. » Et même s’il ne supportait que très peu ce dernier, qu’il avait la plus grande partie du temps envie de ne pas avoir à faire avec lui, Rhett resterait toujours son frère et ce n’était pas quelque-chose qu’il comptait faire changer. Il avait déjà vu un de ses deux frères disparaitre pendant sa maigre existence, celui qui restait avait intérêt à s’accrocher encore un peu à la vie - même si ce dernier ne semblait pas toujours parfaitement saisir le principe et le fonctionnement de l’exercice. « Et cet idiot a pas véritablement prévu de garder sa langue dans sa poche, à mon grand malheur. Donc si par défaut j’en ai pas grand chose à faire de ce qu’il fait de sa vie… jusqu’à une certaine limite, pour une fois je m’y intéresse d’un peu plus près. » Le sourire qu’il esquissa n’était en rien amical, mais simplement irrité par la tournure qu’avait pris la situation aussi rapidement alors qu’il n’avait pas cautionné ce genre de retournement de situation. Et tout cela ne serait pas arrivé si Mavis avait su se tenir du bon côté de la barrière, sans se sentir pousser des ailes là où ce n’était pas nécessaire. « Tu m’invites chez ton frère, tu me fais des cadeaux, tu souffles constamment le chaud et le froid, et je suis supposée y comprendre quoi que ce soit ? Je sais que je devais pas aller là-bas, j’ai essayé de te contacter avant de le faire, tu m’as jamais répondu Ben. » - « Parce-que j’étais occupé, Mavis, excuse moi de pas attendre pendu à mon téléphone que tu m’envoies un message. » Même si son regard allait un peu plus que d’ordinaire vers l’écran de l’appareil jusqu’il y avait peu de temps encore - jusqu’au moment où elle lui avait envoyé des messages presque assassins -, il n’arrêtait pas de vivre parce-qu’elle était susceptible à tout moment de la contacter. « Si je me trompe pas, j’étais au bloc en plus à ce moment là. Il était pas question que mon téléphone soit ma préoccupation. » De toutes façons, il ne l’emportait pas avec lui dans ces pièces closes, préférant le laisser dans son bureau - et ça, Mavis le savait en plus.

« J’aurais pu rien te dire. J’aurais pu laisser ton frère te prévenir qu’on s’était rencontré, mais je t’ai tout dit avant en admettant que j’avais fait une bêtise. Mais ça, ça t’arranges de pas le soulever parce que tu crois que je l’ai commise exprès. C’est pas vrai. » - « Parce-que jusque maintenant, tu m’avais jamais précisé que tu l’avais pas fait exprès. »

Soupirant, il se pinça l’arête du nez d’un entre son pouce et son index. Il fallait qu’il redescende d’un cran, ce n’était pas la peine de s’énerver de la sorte, ce n’était pas en agissant de cette façon que les choses allaient pouvoir avancer et qu’ils allaient surtout pouvoir réussir à s’entendre à travers cette discussion. C’était tentant, de se laisser aller à cette sensation de se combustionner de l’intérieur lorsqu’ils laissaient leurs émotions s’exprimer; mais ce n’était pas de cette façon là qu’il avait envie que la scène dont ils étaient les deux acteurs principaux ne soit tournée, et surtout pas alors qu’ils se trouvaient au milieu de la foule. Ce n’était pas pour autant qu’il abaisserait son regard, qu’il changerait de position, qu’il quitterait la partie en premier. « C’est toi qui es venu me trouver. Me fais pas passer pour celle qui vient chercher les problèmes quand c’est toi qui t’es senti obligé de venir ruiner ma soirée tellement ça te rend malade de me voir la passer avec un autre. » Ou peut-être que si elle s’amusait à souligner les parties de sa façon d’être et de faire qu’il tentait de cacher au mieux, tant ce n'était pas pas réellement ce qu’il avait envie de mettre en avant, pour une fois Ben pourrait envisager de quitter le jeu dès maintenant. Peut-être. Mais le fait qu’elle se soit à son tour rapprocher de lui ne savait faire autrement que de l’attirer davantage - contraires à deux aimants se repoussant. « Arrête de sous-entendre que je suis jaloux s’il te plait. » Ce n’était même pas sous-entendu, mais en contrepartie il s’excusait - il nageait en eaux troubles, à contre-courant de ce à quoi il était habitué, et ce n’était en rien facile d’agir de la sorte. « Je le sais déjà que j’aurais pas dû me rendre là-bas. Qu’est-ce que t’essaies de me faire dire exactement ? » - « Que tu recommenceras pas ? » C’était idiot, puéril et enfantin, il le savait mais continuait quand même dans cette direction. « Des excuses peut-être, dans le fond, aussi. D’autant plus si c’était pas ton intention que de nous jeter sous le bus avec autant de facilité. »

« Je te l’ai déjà dit, tu peux pas toujours avoir ce que tu veux. » Il essayerait dans tous les cas, même si ce n’était pas quelque-chose de faisable. « C’est toujours une question de réputation avec toi. Y a que ça qui compte, tu t’es même pas demandé ce que ça m’avait fait de devoir composer avec la présence de ton frère quand c’était toi sur qui je croyais tomber. Je m’en suis bien sortie, merci de me demander. » Haussant l’un de ses sourcils, il pencha légèrement sa tête sur le côté alors que son regard ne lâchait pour aucune raison celui de Mavis. « L’image que je te donne de lui est pas celle que les autres voient, tu sais. » Les choses étaient toujours différentes, lorsqu’il s’agissait des proches. « Il est pas si affreux. » Sous-entendant que ce n’était pas non plus la chose la plus complexe de l’année à faire que de maintenir une discussion avec lui, surtout pour quelqu’un comme Mavis qui maniait cette art comme personne - d’autant plus lorsqu’elle avait un endroit où vous emmener. « Je doute pas de tes capacités à savoir noyer le poisson, simplement je pensais pas qu’il arriverait à comprendre si facilement. » Et c’était là que le bas blessait: si Ruben ne passait pas autant de temps à sous-estimer toute personne autour de lui, à quelques exceptions près, il ne serait pas tant étonné lorsque ce type de situation arrivait.

La surprise fut de mise sur le visage de la jeune femme lorsque Ruben finit par changer de sujet et par amorcer le second pour lequel il s’était décidé à lui adresser la parole aujourd’hui; certes, ce n’était pas principalement de ça qu’il souhaitait débattre initialement, mais faire une pierre deux coups avait réellement toujours été dans ses plans. Quant à l’étonnement de Mavis… Il ne savait pas s’il devait bien ou mal le prendre: bien qu’elle ait pensé qu’il ne lui accordait pas une telle importante et que cela la touche, ou mal qu’elle n’ait pas pensé qu’il puisse lui accorder tant d’importance et que ça la dérange ? « T’as regardé mes résultats ? » Ses yeux ne lâchaient pas les siens. « Bien sur. » Il n’existait pas une réalité où il ne le faisait pas, cela lui paraissait évident. « Je l’ai toujours fait, même les fois où tu me les as donné avant que j’aille voir. » Parce-qu’il regardait ses résultats, regardait où elle se classait, s’il y avait des annotations particulières et des points à améliorer; c’était tout autant enrichissant pour qu’elle perfectionne son apprentissage, qu’il agisse de la sorte. Parce-que c’était ce qu’il souhaitait, sans le mentionner de la sorte, dans le fond: qu’elle s’améliore et puisse percer à son tour dans le domaine. S’il pouvait récolter des lauriers au passage, il le faisait bien sur mais Ben tentait de se rappeler qu’il ne faisait pas ça que pour ça. « Je t’aurais prévenu si t’avais accepté de m’aider à réviser, mais ça a pas été le cas. C’est pas à toi que je dois mes bons résultats, t’as raté une occasion de te donner encore un peu plus d’importance. » Le dommage pour toi, communiqué par le regard de Mavis, ponctuant ses propres mots ne passa pas inaperçu. Il fut à deux doigts d’y répondre directement - il réussit à se retenir par il ne savait quel miracle. « J’en ai assez lorsque tu t’amuses à m’énerver comme ça. » De l’importance. Dans son regard à elle. C’était suffisant pour le moment pour lui - il récupèrerait le crédit pour sa formation un autre jour. « Et j’ai jamais refusé de t’aider, je t’ai rétorqué que si tu préférais passer du temps dans le bureau de Lahiri plutôt que dans le miens c’était ton choix. » Disons que dans le premier, au moins, elle ne devait pas être déconcertée pour travailler.

« Merci. » Pour les félicitations, surement - pas pour les commentaires de trop autour. « De rien. Tu les mérites, tu sais. Je te l’ai déjà dit, mais ça ça me dérange pas de le répéter. » C’était sous cette forme là qu’il récoltait ce qu’il avait semé aussi, petit à petit. Même si cela lui faisait souffler une fois de plus le chaud et le froid la fois comme elle aimait lui reprocher - c’était aussi sa façon d’être le plus vrai possible à ses côtés. Il avait beau détester de toute son âme l’idée qu’elle ait vendu la mèche à Rhett, vouloir même la réprimander pour avoir agi de la sorte, cela ne l’empêchait pas de l’admirer d’une certaine façon à côté pour avoir réussi avec brio ses examens. Il avait du respect pour les personnes qui s’engageaient sur un chemin similaire au sien et qui se donnaient la peine d’y arriver. « Et puisque tu me remercies, je suppose que tu m’en veux pas trop d’avoir été regardé avant que tu m’en parles ? » Il haussa un sourcil, soutint le regard de Mavis, se retenait de ne pas s’approcher d’elle davantage alors qu’ils étaient en public et que Dan devait surement les surveiller du coin de l’oeil, quelque part, d’une certaine façon. Il y avait tout de même un point positif à souligner à cette seconde partie de discussion: cela avait réussi à calmer les nerfs de Ruben, assez en tous cas pour que son ton prenne de nouveau un timbre normal et cordial - voire amical, même -, et pour qu’il n’ait plus l’allure du petit ami fou de jalousie comme il avait du avoir eu l’air en arrivant aux côtés de la jeune femme.

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@Ruben Hartfield (crédit gif/thaygifs)

C’est la partie que je peux pas retirer ça. À deux doigts de lui donner des conseils pour se débarrasser de son frère, Mavis retint ses ardeurs en carrant les mâchoires, se concentrant sur les restes de la phrase de son mentor pour laisser un léger sourire lui échapper, sa tête se secouant en se disant qu’en vérité, ce n’était pas son problème ce que Rhett décidait de faire ou non à propos de tout ça. Elle avait fait sa part, elle avait tenté de sauver le coup en donnant tout ce qu’elle avait pour le dissuader de croire qu’il se passait plus que ce qu’elle avait voulu lui laisser penser, elle n’était pas la responsable de l’incapacité de Ruben à se sauver les fesses devant le fait accompli. En d’autres termes, ce n’était pas de sa faute si ce Hartfield-là était perspicace et que l’autre était plus idiot que le laissait supposer son curriculum vitae.
Croisant les bras devant sa poitrine, Mavis continua de le fixer "Me fais pas non plus passer pour quelqu’un qui attend derrière son téléphone que tu daignes lui répondre." commença-t-elle, sentant la moutarde lui monter au nez, et sa patience se disloquer "Je te dis pas de poireauter en attendant que je te contacte, je te demande juste d’avoir un peu de considération pour moi quand il s’agit de choses qui m’impactent. C’est pas une question de pacte, c’est une question de bon sens ; si j’avais su que t'étais retourné chez toi, on aurait même pas cette discussion." lui fit-elle, agacée par cette manière qu’il avait de la faire passer pour une adolescente énamourée, la rendant coupable de ses bévues quand c’était lui qui se comportait comme un gamin en rut. Encore un peu, elle roula des yeux en l’entendant souligner ses occupations au moment où elle avait essayé de le contacter, et son manque d’humilité, si elle l’excitait parfois, elle la débecta atrocement à cet instant-là.

Encore plus quand il fût clair pour elle que tout ce qu’il essayait de faire, c’était de lui faire prononcer des excuses à voix haute. Quand il le lui dit textuellement, elle se mut, se redressant sur ses appuis et vint pêcher son téléphone portable dans la poche de la robe qu’elle portait sur le dos pour venir remonter la dernière conversation qu’ils avaient eue par textos. Elle n’eut pas besoin de prendre trop de temps pour le faire puisque, depuis, ils n’avaient rien échangé, pas même un bonjour. Fronçant les sourcils en tombant sur le texto qui l’intéressait, elle tourna son téléphone éclairé vers le visage de Ruben pour mettre l’emphase sur ce qu’elle apprêtait à lui réciter, preuve à l’appuis donc, et ayant une assez bonne mémoire pour avoir mémorisé rapidement ce qu’elle venait à peine de lire, elle lui récita "Je suis désolée, d’accord ? J’ai fait ce que j’ai pu pour rattraper le coup, je crois pas qu’il se doute de quoi que ce soit. Il a cru à mon histoire de crush. Malgré ce que tu penses, je sais jouer les innocentes, ça a pas été aussi difficile que ça. J'ai même pleuré pour qu'il y croit — c’est écrit noir sur blanc que je me suis excusée, je compte pas me mettre à genoux pour que tu daignes me pardonner, je préfère te le dire pour que t’évites de trop espérer." Elle haussa les épaules, ajoutant dans la foulée "J’ai fait une erreur, Ruben." Son index se dressant devant son propre visage pour souligner le une, Mavis lui demanda "T’en as fait combien en comparaison ?" Sûrement beaucoup trop pour qu’il soit en paix avec l’idée de s’en excuser, bien incapable de le faire.
"Si t’arrêtais de sous-estimer les gens de ton entourage, peut-être que tu serais pas pris au dépourvu quand ils font preuve d’un peu de bon sens. Tu devrais essayer tiens, tant que t’y es, de faire preuve d’un peu de bon sens." rétorqua-t-elle lorsqu’il parla de nouveau de la finesse d’esprit de son aîné. Ils avaient fait le tour de ce sujet, elle n’avait plus envie d’y revenir sous le prétexte que ça le surprenait qu’autour de lui, il y avait des gens bien plus malins que lui.

Glissant de nouveau son téléphone dans sa poche, Mavis s'étonna qu’il eut jeté un oeil à ses résultats d’examen. Elle se montra soudainement méfiante parce qu'il avait le chic pour se faire se succéder les reproches et les félicitations, et que pour l’heure, en colère, elle n’avait pas envie de se laisser attendrir par le soin qu’il mettait à s’assurer que tout se passe bien pour elle. Le regardant d’un mauvais oeil, elle releva le menton avec la fierté d’une Barnes, celle qui se lisait sur le visage de son père quand il obtenait ses prix et ses éloges, un sourcil arqué pour marquer l’idée qu’elle serait intransigeante malgré la soudaine douceur qui émanait du ton de celui qui lui avait appris beaucoup trop de choses pour qu’elle n’en soit pas reconnaissante. Il l’agaçait tellement à ce moment-là que le regarder devenait difficile. Elle expulsa un léger rire quand il parla du docteur Lahiri, et revint en rétroactif sur ce qu’il lui avait dit tout à l’heure quand il lui avait  demandé d’arrêter de sous-entendre qu’il était jaloux "Et après tu me diras que t’es pas jaloux. T’es tellement prévisible." lui dit-elle sans en dire davantage, comprenant qu’ils en venaient à un status quo qui serait difficile à faire permuter d’une façon où d’une autre. C’était peut-être le moment de tout arrêter.
Le bout de sa langue se perdit sur sa rangée de dents du haut, et son regard dans celui du docteur qu’elle sentait tendu, hésitant sans doute à s’approcher pour faire ce qu’il aurait fait d’ordinaire ; la soudoyer avec la promesse d’un baiser, d’une caresse. Mais ils étaient en public, et Dan ne devait pas être bien loin, à surveiller que tout se passe selon propre charte, celle où il ne devait rien arriver à Mavis et où la protégerait quoi qu’il lui en coûterait. S’il savait, il la détesterait, mais il ne le savait pas, et c’était en ça que ça la rassurait de savoir qu’il n’était pas loin. Quand elle quitterait Ruben, il serait là à la réceptionner pour savoir si tout allait bien, et elle pourrait lui répondre que oui parce qu’elle en avait sa claque des sautes d’humeur du docteur Hartfield qui ne tarissait soudain pas d’éloges. Quand un membre est atteint par la gangrène, on le coupe, non ? "Je sais que je les mérite." voulut-elle qu'il sache, ne tenant pas à ce qu’il pense qu’elle lui devait quoi que ce soit, même si c’était un peu le cas. Amorçant un geste pour commencer à s’en aller de là, elle réagit toutefois à ce qu’il ajouta avant qu’elle ne réussisse à le contourner "Je te remercie parce que je suis bien élevée et que tu m’as beaucoup appris au cours des derniers mois." Elle marqua une pause, celle durant laquelle debout à ses côtés, la tête tournée dans sa direction, son corps dans un sens, le sien dans l’autre, elle sonda ses iris d’un vert presque bleu pour réussir à discerner que ça lui ferait quelque chose, les derniers mots qu’elle lui donna comme sentence ultime à tout ça "Mais c’est tout." Mais c’est tout. Ça voulait tout et rien dire à la fois. Elle lui laissait le loisir de définir au mieux le sens qu’il voulait apporter à ses mots, et dans une dernière oeillade fixe, sentant son coeur se serrer dans sa poitrine, mais sa détermination darder alors qu’elle prévoyait de s’en aller, elle ajouta "Profite de ta soirée, Ben."

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« Me fais pas non plus passer pour quelqu’un qui attend derrière son téléphone que tu daignes lui répondre. » Il pinça les lèvres: ce n’était pas ce qu’il avait dit, ce n’était pas ce qu’il sous-entendait; juste: parfois, attendre un instant ou deux de plus ne pouvait pas faire de mal. « Je te dis pas de poireauter en attendant que je te contacte, je te demande juste d’avoir un peu de considération pour moi quand il s’agit de choses qui m’impactent. C’est pas une question de pacte, c’est une question de bon sens ; si j’avais su que t'étais retourné chez toi, on aurait même pas cette discussion. » Il se retenait de rouler des yeux jusqu’à ce qu’ils restent accrocher au plateau, de soupirer tant qu’il provoquerait une tornade. Ben ne réagissait pas de la sorte parce-qu’il pensait qu’elle n’avait pas raison, c’était surement ça le pire dans cette histoire: Mavis avait raison quand elle disait qu’il aurait pu faire preuve de bon sens pour une fois. Ca l’embêtait énormément, qu’elle puisse avoir raison sur un tel point d’ailleurs - comme sur bien d’autres dans cette situation, bien qu’il ne l’avouerait jamais à haute voix. « Je suis rentré chez moi, et j’ai l’intention d’y rester maintenant. » Avec un regard appuyé qui voulait clairement dire au moins t’es prévenue cette fois-ci. Bien sur qu’il était heureux d’être rentré chez lui; bien sur qu’il l’était bien moins que la jeune femme face à lui réagisse de cette sorte à cette nouvelle configuration - il fallait dire que depuis qu’elle avait cessé d’être simplement la fille Barnes, qu’elle était devenue Mav pour lui, il n’avait pas énormément côtoyé son appartement et toute autre âme pouvait y vivre.

Apparemment, le fait qu’il lui demande de vive voix de promettre de ne pas recommencer à agir de la sorte dans son dos, amenant éventuellement à des excuses de sa part toujours formulées de la même façon, n’était pas une idée qui plaisait énormément à Mavis et vers laquelle elle n’avait pas réellement envie de tendre; puisque dans un geste très déterminé, elle sortit son téléphone portable pour lui mettre sous le nez leur dernière conversation échangée par messages. Comme s’il ne connaissait pas sa composante par coeur. « Je suis désolée, d’accord ? J’ai fait ce que j’ai pu pour rattraper le coup, je crois pas qu’il se doute de quoi que ce soit. Il a cru à mon histoire de crush. Malgré ce que tu penses, je sais jouer les innocentes, ça a pas été aussi difficile que ça. J'ai même pleuré pour qu'il y croit — c’est écrit noir sur blanc que je me suis excusée, je compte pas me mettre à genoux pour que tu daignes me pardonner, je préfère te le dire pour que t’évites de trop espérer. » Pas que c’était pas là une idée plaisante. « J’ai fait une erreur, Ruben. » - « Et ça peut nous couter bien plus cher que ça. » Nous, comme s’il n’était pas celui des deux une fois de plus à avoir bien plus à perdre. C’était surtout sacrement rassurant de l’inclure dans le plan et les calculs à chaque fois, que de savoir qu’il n’était pas le seul à sauter sans parachute. « T’en as fait combien en comparaison ? » Aoutch. La réponse était évidente, ils le savaient une fois de plus tous les deux. Il avait fait assez d’erreurs pour qu’elles puissent lui être reprochées jusqu’à la fin de sa vie - et elles étaient toutes rassemblées dans ce regard qui le toisant en cet instant. Oh, la première avait été la pire, mais celles d’après avaient été plus nombreuses; il ne semblait pourtant pas apprendre sa leçon une seule fois. Mavis avait beau lui souligner à longueur de temps qu’il n’agissait que pour son propre bien dans cette histoire, ce n’était pas quelque-chose qui le freinait, bien au contraire: il la trouvait d’autant plus attirante quand elle agissait comme ça. A croire même d’ailleurs qu’il avait besoin que Mavis le reprenne de la sorte, lui tape aussi fort sur les doigts, pour avoir l’impression de reprendre un nouveau souffle - pour quelle autre raison serait-il venu à sa rencontre ce soir si ce n’était pas pour une raison plus développée qu’un brin de masochisme ? « Si t’arrêtais de sous-estimer les gens de ton entourage, peut-être que tu serais pas pris au dépourvu quand ils font preuve d’un peu de bon sens. Tu devrais essayer tiens, tant que t’y es, de faire preuve d’un peu de bon sens. » - « Tu me fais perdre mon bon sens, Mav, j’y peux rien. » C’était sifflé entre les dents, en rien assumé et plus prononcé de façon spontanée, mais c’en était pas pour le moins vrai. Assez en tous cas pour qu’un soupire railleur se fit entendre en décalé, alors qu’il secouait la tête.

Et c’était en grande partie parce-qu’elle lui faisait perdre la tête et l’esprit qu’il leva le pied, se réfréna quelque-peu en cet instant, pour ne pas aller au bout de sa folie pour une fois; d’ordinaire, ils se permettaient ce type de discussion à l’abris des regards. Aujourd’hui, Ruben n’avait pas voulu attendre quoi que ce soit, étant donné qu’elle passait son temps à éviter de croiser sa route ces dernières semaines. A tel point qu’il n’avait pas eu l’occasion de la voir ni avant, ni après le passage de ses examens - ce n’était pas le moment idéal pour lui en parler, mais peut-être n’existerait-il pas d’autre moment de suite pour la féliciter, alors il en profita également. Au moins, peut-être qu’il se calmerait pour de vrai, là où il avait tout autant envie de se mettre à hurler de frustration qu’à la faire sienne au milieu de la foule. « Et après tu me diras que t’es pas jaloux. T’es tellement prévisible » Ca l’énervait, qu’elle ait raison de la sorte. Ca l’énervait, mais il ne pouvait rien y faire étant donné qu’il n’y avait rien à rétorquer - rien qu’il ne le ferait pas passer pour plus ridicule qu’il ne l’était déjà, en tous cas. Ben étant Ben cependant, ne sachant vraiment laisser le dernier mot à autrui… « Je t’ai demandé d’arrêter de dire que je l’étais, c’est pas pareil. » Il ne voulait pas l’entendre à haute voix: cela ne voulait pas dire pour autant que ce n’était pas vrai.

Quand c’était pour féliciter la jeune femme en revanche, il ne tarissait pas d’éloges et de compliments; ceux là pouvaient se faire entendre sans aucun mal. « Je sais que je les mérite. » Presque: il fut retenir un petit sourire satisfait désirant pointer le bout de son nez.  « Tant mieux. » Cela se voyait qu’ils avançaient sur un terrain avec lequel i était bien plus à l’aise, même s’il se sentait toujours limité dans l’exercice de ses gestes et désirs à savoir une potentielle paire d’yeux ne sachant regarder ailleurs que dans leur direction. Ce n’était pas prouvé, mais il se doutait que l’autre ne savait pas faire autrement que de surveiller Mavis comme si elle était une petite chose fragile; ce n’était en rien le cas. Elle s’en sortait très bien toute seule, aimant du compas décidant dans quelle direction pointerait l’aiguille alors qu’elle se mettait à lentement mouvoir autour du docteur. « Je te remercie parce que je suis bien élevée et que tu m’as beaucoup appris au cours des derniers mois. » Bien sur que Ruben resta suspendu à ses lèvres, à ses mots, et qu’il perdit même la faculté de respirer et reprendre son souffle un instant; il s’attendait surement à ce qu’elle se montre clémente avec lui, là où elle ne l’avait en réalité presque jamais été. Quel idiot. « Mais c’est tout. » Ce fut davantage un râle de frustration qui se fit entendre côté Hartfield, alors qu’il plissait le bout du nez aux mots de la jeune femme. « Mais c’est tout. » Qu’il répéta presque par automatisme. « Profite de ta soirée, Ben. » Dans un geste presque automatique, alors qu’il la sentait et la voyait filer entre ses doigts, il releva son bras pour que sa main soit presque à auteur de celui de la jeune femme - avant de s’arrêter en cours de route. Ne sachant poser son regard ailleurs que sur ses traits, ne sachant accrocher autre chose que ses yeux à elle, il serra les mâchoires pour déglutir avec peine. Tout dans la logique le poussait à arrêter d’agir de la sorte, mais il avait l’impression surtout que plus le temps passait,  et moins c’était la raison qui prenait le dessus. Ce ne fut qu’après des efforts surhumains à ses yeux, alors que l’épiderme du bras de Mavis n’était qu’à quelques centimètres de la pulpe de ses doigts, qu’il laissa retomber son bras contre son flanc. « Prétends pas que ça te plait pas, cette situation. » Ses mots étaient murmurés, presque susurrés, alors que son ton chargé d’une frustration qu’il se forçait d’apprendre à gérer. Jusque maintenant, toutes les personnes qu’il avait rencontré étaient tombées sous son charme sans qu’il n’ait à lever le petit doigt, se pliant à ses dires et ses regards - sauf si ces dernières s’appelaient Rhett Hartfield mais lui il se contentait de lui crier dessus et la vie allait mieux -; avec Mavis, chaque situation était nouvelle, différente, et surtout un challenge pour lui. Un instant seulement, il releva son regard pour le lancer au dessus de la foule, avant de revenir sur elle. « Y’a Danny-boy-gentil-chien qui revient. J’espère que tu t’amuseras quand même en restant avec lui ce soir. » Ben avait réussi au moins à contenir sa jalousie et sa frustration pendant trois minutes: incroyable record. « Profite de ta soirée, Mav. » Il allait partir avant qu’elle ne le fasse, quand son regard accrocha une dernière fois le sien. « Je rentre à Brisbane ce soir, si t’as besoin. » Elle ne l’appellerait pas, même si lui n’aurait pas été contre faire le trajet en sa compagnie. Frôlant la jeune femme, Ruben se retira du tableau qu’il avait lui-même dressé au milieu de la foule pour s’éloigner de Mavis, et repartir dans une direction en réalité tout à fait opposée à l’endroit d’où il venait.