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 The story behind the curtains [Cait]

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Message(#)The story behind the curtains [Cait] EmptyMar 16 Mai 2023 - 0:00

Quand bien même le dîner s’est bien passé, Archie ne sait toujours pas s’il va s’en sortir vivant. Il a l’habitude de mentir à tout le monde, mais ses parents ont toujours fait exception à la règle. C’est pour cette raison qu’il se calque sur eux depuis toujours. Il veut leur plaire, être le fiston parfait, le seul garçon de la bande qui peut assurer la protection des sœurs. Parfois, il glissera un mensonge par omission mais ces derniers sont pardonnables à ses yeux. Ainsi, il ne parle pas de ses journées qui sont de plus en plus épuisantes parce qu’il se contente d’énumérer ce qu’il y a fait : où il a mangé, combien de clients il a rencontrés, quels dossiers ont été mis en priorité. Rien qui ne concerne lui et ses sentiments (et c’est bien mieux ainsi, il dira). Il a l’avantage d’être né avec un pénis. Si sa mère prend soin des émotions de ses sœurs, elle n’aborde jamais ce sujet avec lui. Dans cette maison, les hommes portent leurs couilles et leur façade est si solide que rien ne la traverse. Madison ou Saddie ont le droit d’avoir de la peine. Pas lui. Il n’imagine pas la tête que tirerait son père s’il voyait la moindre larme à la commissure de ses yeux. Il réserve sa mélancolie à sa chambre à coucher.  

Caitriona a bien acté. En plus d’être danseuse, elle doit être comédienne. Elle a su sourire au bon moment, rire aux blagues qui cherchent un public, se taire quand il vaut mieux le faire pour s’éviter une confrontation avec les avis extrémistes de Charles. Elle a pu tâter le territoire et comprendre un peu mieux pourquoi Archie lui a promis une somme en l’échange de sa participation. Peu de jeunes auraient le courage d’entretenir une discussion avec les Hommes de caverne qu’Archie appelle parents. Lui, il a l’habitude. Cait ne pourra peut-être jamais s’y accoutumer. Elle aura fui bien avant. « Vous êtes tellement beaux. » Répète Esmée pour la vingtième fois en replaçant le col de la chemise de son fils, tout souriant. « Tu es tellement belle ! » Elle s’exclame avec encore plus d’entrain en examinant plus assidument la copine imaginaire d’Archie, qu’il observe du coin de l’œil pour veiller à ce qu’elle joue toujours son rôle. Le patron s’assure de la loyauté de son employée. « Je suis si heureuse pour vous. Ça faisait tellement longtemps qu’on attendait qu’il trouve une jolie femme comme toi. » Elle regarde son mari pour qu’il approuve ses propos. Il ne fait qu’hocher de la tête. « Depuis Autumn, en fait. Ça fait combien de temps qu’on n’a pas vu Autumn, d’ailleurs ? » Elle renchérit, s’étant perdue dans le fils de la discussion. Elle constate son erreur aussitôt : « Oh, mais je ne devrais pas parler d’elle. Quel idée d’invoquer les ex ! » Elle balaye son malaise d’un rire plus faux que les précédent et Archie lâche un gloussement juste avant de clôturer cette discussion qui commence à l’irriter plus que nécessaire. Lui aussi devrait avoir un salaire pour faire ça. « Très bien, maman, tu commences à en dire un peu trop. On va y aller. » Il fait signe à sa partenaire d’entrer dans son jeu et il pose sa main sur la poignée de porte après avoir tapoter ses poches une dernière fois afin de s’assurer qu’il n’a pas oublié son téléphone, son portefeuille et son trousseau de clefs. Les bises sont échangées, les au revoir adressés et, au plus grand plaisir du garçon, la porte d’entrée se referme derrière eux et ses poumons accueillent l’air frais de la soirée.

« Putain. J’ai cru que ça ne se terminerait jamais. » Il a pris soin d’instaurer une dizaine de mètres entre la maison et lui avant de faire part de ce commentaire. Il tient la main de Cait dans la sienne et la prise est machinale plutôt qu’amoureuse. « Oh… » Il bredouille en se sentant observé. À la fenêtre, la tête de sa mère, sa main qui s’agite, ce baiser qu’elle lui envoie. « Elle nous regarde encore. Embrasse-moi. » Ça sonne comme un ordre et s’en est un – il est nerveux, n’arrive pas à prendre cet exercice à la légère et, surtout, à avoir du plaisir à jouer ce rôle qui ne lui a jamais collé à la peau. Seulement dans sa voiture, ils pourront retrouver leur amitié comme elle était.  

@Caitriona Regan votre prince charmant est arrivé glitters
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Message(#)The story behind the curtains [Cait] EmptyMer 31 Mai 2023 - 22:47


the story behind the curtains / mai 2023

Elle avait passé la soirée à se demander pourquoi elle avait accepté de se foutre dans un tel merdier. Elle avait accepté la proposition d'Archie de se faire passer pour sa petite amie quelques semaines plus tôt, dans le simple but de l'aider lui, à leurrer sa famille pour une quelconque raison à la con. Pour le moment, elle n'en avait pas la moindre idée, et si elle avait accepté de jouer le jeu, ce n'était pas pour la coquette somme d'argent qu'il lui avait promis, contrairement à ce qu'il pensait. Elle le faisait pour lui, pour lui enlever cette épine qu'il avait dans le pied pour une raison ou pour une autre. Mais maintenant qu'elle se retrouvait dans la maison Kwanteen, entre son prétendu amoureux et sa mère qui s'extasiait sur sa beauté naturelle, elle se demandait vraiment ce qu'elle foutait là. Genre, vraiment. Contrairement à ce qu'elle aurait imaginé, le plus dur n'était peut-être pas de jouer les amoureuses transies du fils chéri, plutôt de supporter la façon de penser, la conception du monde selon les parents Kwanteen, à des milliers de kilomètres de la sienne. Ouais, c'était ça, le plus difficile. L'impression d'avoir remonté le temps, d'être revenue dans ces années où l'homme n'avait pas droit aux sentiments, où la femme n'était qu'un bel objet à montrer dans les soirées mondaines. Ridicule.
L'air du dehors ne l'avait pas soulagé comme elle l'aurait souhaité, sa tranquillité aux côtés de son ami à l'extérieur rapidement troublé par le retour immédiat d'Esmée, la matriarche, à leurs côtés. « Vous êtes tellement beaux. » Incapable de les laisser s'éloigner sans les avoir complimentés - embarrassés - à nouveau, elle avait ajusté le col de la chemise de son rejeton, qui pourtant, n'avait rien demandé. « Tu es tellement belle ! » Le regard insistant de la femme sur elle n'avait eu pour effet que d'augmenter son malaise, qu'elle avait camouflé habilement derrière un sourire. « Vous me flattez trop, Esmée. » Trop, c'était bien le mot. Si Cait avait toujours été gênée face aux compliments sur son physique, le fait que le tout soit emballé dans un mensonge était terrible pour elle. Dieu, dans quoi elle s'était embarquée. Elle ne savait pas mentir. Il fallait qu'ils partent maintenant, avant qu'elle ne fasse une gaffe contre son gré. « Je suis si heureuse pour vous. Ça faisait tellement longtemps qu’on attendait qu’il trouve une jolie femme comme toi. » L'appui inconscient sur le mot femme avait hérissé la jeune femme, qui avait serré les dents pour s'abstenir de tout commentaire, une réaction passée heureusement inaperçue pour la mère. Bien sûr, Archie lui avait toujours asséné qu'il n'était attiré que par les femmes, et il en avait toujours eu le comportement, du moins en sa présence. Mais le simple fait que sa mère puisse réfuter toute autre possibilité la rendait presque malade. Elle ne partait pas du principe qu'il était hétéro parce qu'il le lui avait dit, mais parce qu'elle partait du principe qu'il ne pouvait pas en être autrement. Alors, Caitriona avait simplement souri, crispée. Mais encore une fois, rien de remarquable. « Depuis Autumn, en fait. Ça fait combien de temps qu’on n’a pas vu Autumn, d’ailleurs ? » Feignant d'être outrée par la mention de la jeune femme, l'irlandaise avait lancé un regard appuyé à son copain imaginaire. « Oh, mais je ne devrais pas parler d’elle. Quel idée d’invoquer les ex ! » Sans blague, quelle idée. L'air agacé d'Archie, lui, n'avait rien de faux, et c'était finalement lui qui avait tenté de terminer cette conversation qui n'allait nulle part. « Très bien, maman, tu commences à en dire un peu trop. On va y aller. » Peu de temps après, ils étaient dehors pour de bon, et seuls, pour le plus grand soulagement de la rousse, qui commençait sérieusement à étouffer là dedans.

La main d'Archie, chaude, était venue trouver l'une des siennes, et elle avait entrelacé leurs doigts, par pur reflexe. Ils avaient marché un moment ensemble, d'un pas rapide, et quand la maison avait été suffisamment loin pour qu'ils ne puissent plus être entendu, les épaules de l'homme s'était affaissée, alors que l'irlandaise avait lâché un soupir. « Putain. J’ai cru que ça ne se terminerait jamais. » « Tu m'en diras tant. » Des deux, elle avait bien l'impression d'être celle qui avait le plus souffert, mais à voir, ça n'avait pas non plus été partie de plaisir pour lui. « Oh… » Elle avait levé les yeux vers lui, avant de suivre son regard qui repartait vers la maison. Ils étaient observés. « Elle nous regarde encore. Embrasse-moi. » Sa nervosité était palpable. un instant, la rousse avait envisagé de l'envoyer chier. Ou de ne lui accorder qu'un baiser sur la joue - après tout, les couples ne s'embrassaient pas que sur la bouche, loin de là - mais quelque chose lui disait que ça n'aurait pas été suffisant. Roulant des yeux - sans aucune gêne, parce que trop loin de la maison pour qu'elle ait besoin de s'en empêcher -, l'irlandaise avait passé une main sur sa nuque pour l'attirer à elle. Ses lèvres avait trouvé les siennes, et s'y étaient attardées un moment. C'était toujours aussi bizarre quand ils avaient joué à ce jeu pour la première fois. Pour autant, elle savait se montrer convaincante quand il le fallait, et c'était bien ce qu'elle s'employait à faire. Finalement, elle s'était écartée, laissant ses doigts glisser de son cou à sa joue. Et elle avait murmuré. « C'était suffisant tu crois, ou il faut que je mette la langue? » Elle n'y tenait pas. Vraiment pas. C'était pas vraiment une question, et elle l'espérait qu'il n'y verrait pas une occasion de plus à saisir pour parfaire leur illusion. Elle avait repris sa main, et avait pris le temps de se retourner à demi vers la maison pour adresser un dernier signe à ses occupants, alors qu'ils reprenaient leur route commune vers la voiture qui les attendait. La porte refermée sur eux, Caitriona avait laissé son dos rencontrer le siège en cuir. Fermant les yeux un instant, elle avait pris une inspiration, grognant de soulagement. « Bordel c'était quoi ça, Archie?  » Elle avait pas signé pour ça, surtout qu'au fond, elle ne le faisait pas pour l'argent, loin de là. Elle le faisait pour lui, son ami, et rien que pour ça. Parce qu'il lui avait demandé une faveur. Et même s'il pensait autrement. Mais là, elle se demandait réellement si tout ça en valait vraiment la peine. « Rappelle-moi pourquoi tu as besoin d'une fausse petite amie? Loin de moi l'idée de me plaindre, mais... » Elle était clairement en train de se plaindre. Elle qui imaginait, un couple de bobos coincés allergiques au commun des mortels, elle ne s'attendait pas pour autant à un tel comportement. « Je veux une explication maintenant. Et je veux aussi qu'on espace les diners chez tes parents, le temps que durera cette mascarade. Parce que là, c'est... » De la torture. Ouaip. Et elle exagérait à peine.


PAR ALCARA.
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Message(#)The story behind the curtains [Cait] EmptyDim 18 Juin 2023 - 1:53

« Tu m'en diras tant. »  Ce n’est pas qu’il se sent mal d’avoir imposé cette soirée… spéciale… à Caitriona, c’est qu’il se sent plus gêné que jamais maintenant que leurs deux silhouettes fendent le terrain de ses parents pour retrouver la voiture. Avec n’importe quelle autre fille, il saurait comment agir dans le plus grand des naturels ; il se collerait à elle, lui murmurerait les seuls mots qu’elle veut entendre et ils monteraient à bord de la Tesla. Avec un peu de chance et de décence, ils se rendraient jusqu’à chez lui avant qu’une main se glisse de la culotte de l’un ou l’autre et ils termineraient la nuit complètement bourré à additionner les orgasmes jusqu’à ce qu’ils oublient le nom de l’autre le lendemain.

Mais elle n’est pas n’importe quelle fille. Il se souvient de son nom, de ce matin-là où il a été réveillé par deux chats et la danseuse, la migraine, le café, les sarcasmes, les devinettes. Ils ont gardé contact, un retournement de situation qui se produit que trop rarement dans le récit de la vie d’Archie et, ce soir, il lui doit d’abord un chèque, ensuite de la reconnaissance. Ça fait trente ans qu’il connait ses parents et il ne s’est toujours pas habitué à leurs discours tout droit sorti des films d’époque. Il n’imagine pas l’Enfer qu’elle a dû vivre autour de cette table à manger, et, pour cette raison, sa démarche n’est pas aussi assurée qu’elle l’est d’habitude. Aussi, il sent toujours des yeux rivés vers lui, et cette estimation s’avère tout à fait vrai ; à travers la fenêtre, sa mère les scrute comme le ferait une maman qui regarde son enfant quitter pour son tout premier jour d’école. Ils doivent s’embrasser. La demande est intimée comme un ordre (après tout, il est son patron pour la durée du contrat) et Caitriona s’exécute avec brio. L’échange ne lui hérisse pas les poils, bien qu’il apprécie la douceur de ses lèvres et la sensation que lui procure son souffle mélangé au sien. L’interaction ranime en lui des souvenirs multipliés par mille et il songe un instant à renchérir le baiser avec sa langue mais une clochette le ramène sur Terre, là où il se trouve, devant son amie qui n’est rien de plus qu’une amie. Il ne se passera rien. Ce n’est pas ce qu’elle souhaite, de toute façon, et il le comprend lorsqu’elle l’interroge avec le sarcasme dont elle sait si bien faire preuve. « C'était suffisant tu crois, ou il faut que je mette la langue? » « Ça m’a traversé l’esprit mais j’ai eu peur que tu tombes en amour pour de vrai. » Il prétend en la couvrant d’un sourire malin avant de poursuivre le trajet, main dans la main. L’habitacle insonorisé les protégeant désormais, il laisse s’échapper un soupir tout en démarrant le véhicule électrique qui n’émet pas un bourdonnement.  « Bordel c'était quoi ça, Archie? » Il s’y attendait. Les reproches étaient écrits dans les étoiles. Sa bulle familiale tire son unicité du négatif. Jeune, il n’invitait jamais ses amis chez lui. Même s’il a hérité de certaines valeurs de ses parents, il n’a jamais été complètement comme eux. Charles et Esmée n’appréciaient d’ailleurs pas que leur fils puisse enchaîner les partys les uns après les autres, ainsi que les partenaires sexuels. Il ne faisait pas bonne impression aux yeux de Dieu. S’ils savaient. « Rappelle-moi pourquoi tu as besoin d'une fausse petite amie? Loin de moi l'idée de me plaindre, mais... » « T’es en train de te plaindre. » Qu’il la coupe presque en la lorgnant, retardant le moment d’engager la voiture sur la rue. « Je t’ai dit que ça allait être bizarre. Tu as été prévenue, et je te paye en conséquence. » Il se considère plutôt généreux, d’ailleurs. Bien des gens auraient accepté de lui rendre ce service pour moins que ça. « Je veux une explication maintenant. Et je veux aussi qu'on espace les diners chez tes parents, le temps que durera cette mascarade. Parce que là, c'est... » Il ne la regarde plus, préfère fixer la ligne d’horizon plongée dans une noirceur bleutée. « Je peux te payer le double. » Qu’il lance sans réfléchir. Il a de l’argent à jeter par les fenêtres. Cependant, il n’est pas question pour lui de ne plus être le fiston parfait qui prend des nouvelles de ses parents au moins deux fois par mois. Il a l’impression de leur devoir énormément. C’est son père qui lui a appris à gagner toutes les batailles. Il ne serait pas là aujourd’hui s’il était né dans une autre famille. Il leur doit absolument tout. « Je veux les rassurer. » Il n’a pas l’impression qu’il parviendra à venir à bout de ses explications. Il n’est pas assez courageux pour ça. « J’ai trente ans, je n’ai toujours pas de projets de famille, et c’est ce qu’ils me souhaitent le plus. » Ses ongles s’enfoncent dans le volant. « Je veux les rassurer. Je ne veux pas qu’ils s’inquiètent. Je suis l’ainé, je dois donner l’exemple, aussi. » Ça a toujours été son rôle. Ses sœurs suivent ses pas. Il marche avant elles dans l’hiver, se mouille les chaussures, et elles empruntent le même chemin dont la neige a été tapée. Il a d’ailleurs déjà l’impression d’avoir abandonné Madison puisqu’il n’a pas su comment la rassurer lorsqu’elle lui a admis être… différente des autres filles. « Mais je ne veux pas d’une famille. » Qu’il confie à mi mot, baissant les yeux, avant de les relever en appuyant sur la pédale de l’accélérateur.  

@Caitriona Regan The story behind the curtains [Cait] 4052937387
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Message(#)The story behind the curtains [Cait] EmptyLun 3 Juil 2023 - 15:25


the story behind the curtains / mai 2023

Bien qu'ils n'en aient jamais parlé, la jeune femme n'avait pas été surprise quand Archie lui avait quémandé un baiser, pour duper un peu plus sa mère, qui les observait depuis une haute fenêtre. Ses lèvres plaquées sur les siennes, elle s'était exécuté, s'employant à rendre convaincant un geste qui n'avait rien de réel. Quand finalement elle s'était reculée et avait rompu leur contact, un simple coup d'oeil vers Archie lui avait appris qu'il n'avait rien à y redire. Encore heureux, elle ne serait pas obligée de mettre la langue. « Ça m’a traversé l’esprit mais j’ai eu peur que tu tombes en amour pour de vrai. » Elle avait eu un sourire amusé qui avait fait écho à celui du jeune homme, avait levé les yeux au ciel dès qu'ils avaient tourné le dos à la grande maison qui avait été sa prison de la soirée. Les doigts entrelacés, ils avaient parcouru le restant de distance qui les séparaient de la voiture d'Archie, puis s'étaient engouffrés à l'intérieur. C'est uniquement une fois à l'abri des regards et des oreilles indiscrets que l'irlandaise avait réussi à se détendre un minimum, exhalant un soupir alors que le brun démarrait. Ils n'avaient même pas encore avancé que déjà, la rousse lui demandait des comptes. Bien sûr, elle ne s'attendait pas à ce que l'expérience soit agréable, mais à ce point... C'était bizarre. Un peu déphasée, Caitriona avait continué avant même qu'il n'ait eu l'occasion de réponse, se demandant à voix haute ce qui pouvait bien le pousser à feindre une relation devant sa famille. « T’es en train de te plaindre. » « Va falloir t'y habituer. » qu'elle avait grommelé à voix basse, plus pour elle que pour lui. « Je t’ai dit que ça allait être bizarre. Tu as été prévenue, et je te paye en conséquence. » La jeune femme lui avait lancé un regard noir. Pour quoi il essayait de la faire passer, encore? Un instant, elle avait eu l'impression qu'elle n'était que l'une de ses employées, au lieu d'être son amie. Bien sûr, il ignorait que, bien loin de le faire pour l'argent, comme elle le lui laissait croire, elle faisait ça avant tout pour lui. Et si elle n'était pas prête à le lui avouer, elle ne s'était pas laissée démonter, exigeant des explications à nouveau. Le regard fixé droit devant lui, l'autre ne lui avait pas jeté le moindre petit coup d'oeil. « Je peux te payer le double. » L'irlandaise avait laissé échapper un grognement excédé. « Putain Archie, arrête de jouer au plus con. T'as pas besoin de me payer plus. Je veux simplement comprendre. » Il avait eu un silence, comme s'il était en train de peser le pour et le contre. Peut-être essayait-il de savoir si il pouvait lui faire confiance? Que pouvait-il bien lui cacher, pour tergiverser à ce point? « Je veux les rassurer. » Il avait capté son attention pour de bon. Désormais plus intriguée qu'agacée, Caitriona s'était contorsionnée sur son siège, afin de pouvoir le regarder sans effort. Désireuse qu'il continue - parce qu'il y avait forcément une suite, pas vrai? - elle s'était forcée au silence, jusqu'à ce que le brun se décide à reprendre la parole. « J’ai trente ans, je n’ai toujours pas de projets de famille, et c’est ce qu’ils me souhaitent le plus. Je veux les rassurer. Je ne veux pas qu’ils s’inquiètent. Je suis l’ainé, je dois donner l’exemple, aussi. » Le regard de la jeune femme s'était perdu à l'extérieur, sur le paysage qui défilait à vive allure. A cause de la pénombre dans l'habitacle, la jeune femme n'avait pas vu les mains de son faux compagnon se crisper sur le cuir du volant. Il faisait des efforts pour lui apporter ce qu'elle avait exigé, à savoir des explications. Des réponses. Il luttait contre lui même à cet instant, ça crevait les yeux. Finalement, ses jointures avaient retrouvé une couleur plus sombre que le blanc qui les habillait jusque là. « Mais je ne veux pas d’une famille. » Quittant sa contemplation de la nuit, Caitriona avait reporté toute son attention sur le conducteur, dont elle pensait presque avoir rêvé le chuchotement. « Y a que toi qui peut savoir ce que tu veux ou non. Et si tu veux pas d'une famille, peu importe la raison, personne ne devrait rien avoir à y redire. » Parents et famille y compris. Bien sûr que la famille était importante dans la vie. Mais on ne devrait jamais être limité par ceux qui nous sont proches. Surtout pour quelque chose d'aussi important que l'avenir. Surtout quand on avait des parents ultra conservateurs comme ceux d'Archie. « C'est pas grave de pas avoir de projets de famille à trente ans. Les temps ont changé. Regarde moi. Certes j'ai pas encore passé la trentaine, mais je m'en approche. Je passe ma vie à bosser, je dors très peu, je sais pas vraiment cuisiner et ma passion du moment, c'est les coups d'un soir. Et j'en m'en porte pas plus mal. » Principalement parce que la peur de l'engagement lui nouait toujours les entrailles au moindre flirt qui tendait vers quelque chose de sérieux. Mais il n'avait pas besoin de connaître les détails. « Si j'avais des parents comme les tiens, ils me feraient probablement passer pour une sorcière. » Au lieu de ça, les géniteurs du brun l'avaient presque mise sur un piédestal, elle, la soi-disant danseuse qui ne fumait pas, qui se couchait tôt et qui rêvait d'épouser leur fils un jour ou l'autre, et de lui faire une ribambelle de gamins braillards. « Pourquoi tu leur dit pas que t'es pas prêt? De quoi t'as peur? » Bien sûr, ils seraient déçus, s'ils n'attendait que ça, mais c'était pas la fin du monde, et la famille, ça pardonnait ce genre de chose, non?


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Message(#)The story behind the curtains [Cait] EmptyDim 23 Juil 2023 - 20:39

Caitriona a un fort caractère. Elle ne se laisse pas marcher sur les pieds, et il l’a appris dès leur rencontre, lorsque toutes ses réparties lui passaient par-dessus la tête. Il s’était consolé en se disant qu’il n’était pas dans son assiette ce jour-là, et que les interactions ne seraient pas seulement allées dans le sens de la jeune femme s’il n’avait pas avalé un océan d’alcool la veille. « Va falloir t'y habituer. » Il entend à peine son commentaire alors il comprend qu’il ne s’agit pas d’une tentative de poursuivre la discussion dans cette direction. Il a conscience que le service qu’il lui demande est exigeant, et une grande majorité n’aurait pas pu supporter plus de quelques minutes en la compagnie de ses parents. Il est déjà satisfait du travail de son amie, et pour le prouver, il lui propose de doubler son salaire. « Putain Archie, arrête de jouer au plus con. T'as pas besoin de me payer plus. Je veux simplement comprendre. » Fronçant les sourcils, il reporte son regard sur la route. Son langage à lui, c’est l’argent. Il s’attendait à ce que Caitriona saute sur l’occasion pour se garnir encore plus les poches. C’est bien ça, sa motivation, non ? Elle n’aurait pas sacrifié sa soirée et sa santé mentale pour lui autrement. C’est tout ce qu’il a à offrir, Archie. De la luxure et du superficiel. À force de projeter cette image de lui, il a fini par s’en convaincre. Mais elle semble sérieuse, son amie, lorsqu’elle le fixe avec intérêt et que tous ses sens sont rivés vers lui, et lui seul. S’il apprécie l’attention en temps normal, cette fois il se sent complètement nu. Pour briser le silence inconfortable, il admet une première vérité, qui fait écho dans l’habitable ainsi que dans sa boîte crânienne. Le mutisme dont la danseuse fait preuve l’encourage à poursuivre, aussi parce qu’il se sent redevable, aussi parce qu’il déteste la laisser s’imaginer des choses avant qu’il ne mette les mots sur le véritable problème. À la fin, il admet à demi-mot qu’il ne rêve pas de la vie que ses parents lui vendent. Il ne veut pas d’une femme à son bras, d’enfants dans ses bras, et de responsabilités familiales. Il n’a pas l’impression d’avoir eu le temps de vivre sa vraie vie. C’est Caitriona qui lui sert d’alibi pour y plonger un premier doigt. « Y a que toi qui peut savoir ce que tu veux ou non. Et si tu veux pas d'une famille, peu importe la raison, personne ne devrait rien avoir à y redire. » Ça devrait être normal de penser comme elle, mais ça ne l’est pas pour Archie, dont les fondations de son éducation sont immuables. « C'est pas grave de pas avoir de projets de famille à trente ans. Les temps ont changé. Regarde moi. Certes j'ai pas encore passé la trentaine, mais je m'en approche. Je passe ma vie à bosser, je dors très peu, je sais pas vraiment cuisiner et ma passion du moment, c'est les coups d'un soir. Et j'en m'en porte pas plus mal. » C’est tout en son honneur de vouloir le rassurer. Il lui adresse un sourire timide, le genre de sourire reconnaissant mais honteux, alors qu’il engage la voiture sur la bretelle de l’autoroute. Elle fait une recette avec les quelques ingrédients qu’elle possède, seulement, ce ne sont pas les bons. « Qui sait cuisiner, de toute façon ? » Il se risque à plaisanter pour détendre l’atmosphère. « Si j'avais des parents comme les tiens, ils me feraient probablement passer pour une sorcière. » Et ils feraient passer Madison et Saddie pour des sorcières aussi, s’ils savaient qu’elles ne sont pas les filles parfaites qu’ils pensaient construire. Il la lorgne du coin de l’œil : « Les tiens ne t’ont jamais reproché quoi que ce soit ? » Ça le rassurerait peut-être de l’entendre dire qu’il n’est pas le seul dont la famille est imparfaite. Il espère encore que Charles et Esmée ne sont pas les pires dans leur catégorie. Il a conscience de leurs défauts mais ça ne lui empêche pas de les aimer et de vouloir leur plaire ; c’est bien ça le problème. S’il ne craignait pas de perdre leur amour, il n’aurait pas besoin de jouer la comédie avec une fausse petite amie parfaite comme Caitriona. Il n’y a pas à dire : elle semble avoir été faite pour le rôle, avec son visage angélique et ses cheveux blonds comme ceux d’une poupée.

« Pourquoi tu leur dit pas que t'es pas prêt? De quoi t'as peur? » Son visage se referme. Les routes sont désertes en cette soirée avancée mais il feint de se concentrer plus que nécessaire sur le trafic imaginaire. Ses doigts pianotent avec nervosité sur le volant. Il se rappelle la première fois qu’il a parlé de son homosexualité, et à quel point la conversation avait disjoncté tellement il s’y prenait maladroitement. Il l’avait perdue, Jo, et il n’y avait plus de retour en arrière possible. Et s’il perdait Cait, aussi, en commettant la même erreur ? Est-ce un risque qu’il est prêt à prendre ? « C’est pas que je ne suis pas prêt. » Il hésite, soupire, reprend : « Je sais que je ne serai jamais prêt. » Sa gorge lui brûle et ses mains sont moites. Il a presque envie de s’arrêter sur le bord de la route pour ne pas provoquer d’accident. Ce serait d’admettre ses faiblesses – vaut mieux pas. « Cait tu… Je… Tu… Enfin, je te paye pour… faire diversion. J’ai rencontré quelqu’un et je veux… Me laisser une chance de… » aAaaAAaAaAAAAAaaAA « d’apprendre à mieux le connaître, et à mieux me connaître, moi. » Il a utilisé le mot masculin. Ce quelqu’un est un homme. L’ancre a été jetée à l’eau et il n’est plus possible de faire marche arrière. « Ça fait vingt ans que je joue la comédie. Voilà. Si mes parents l’apprenaient, ils ne voudraient plus jamais me voir. » Il se racle la gorge : « Alors, l’offre de doubler ton salaire tient toujours, si tu peux m’aider à ne pas les perdre. »      

@Caitriona Regan I love you
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Message(#)The story behind the curtains [Cait] EmptyMer 23 Aoû 2023 - 15:37


the story behind the curtains / mai 2023

Elle avait parfaitement vu la réaction d'Archie, quand elle lui avait sèchement qu'elle ne voulait pas plus d'argent, mais des explications. Sa surprise à peine masquée, l'air renfrogné qu'il avait adopté en recommençant à fixer la route. Les quelques coups d'oeil furtifs qu'il lui avait jeté ensuite trahissait son désir d'avoir mal compris. Comme s'il espérait désespérément qu'elle se raviserait, et lui lancerait un "non, j'déconne, aboule l'oseille" tout en se moquant de lui d'y avoir cru. Il serait déçu, car la jeune femme n'en avait aucune intention. Et quand il s'était finalement mis à table, la rousse l'avait écouté attentivement, sans l'interrompre, comprenant de mieux en mieux à mesure que les mots sortaient d'entre les lèvres du brun. Il voulait rassurer sa famille qui s'inquiétait pour l'avenir de leur fils. Qui souhaitaient qu'Archie fonde une famille du haut de sa trentaine, quand de toute évidence, et il venait de l'avouer, ce n'était pas dans ses projets. Immédiatement après, Caitriona avait repris la parole, pour ne pas laisser à un silence inconfortable le temps de s'installer entre eux. Elle était connue pour sa franchise, la rousse. Et s'il en doutait encore, elle lui en avait offert un bon aperçu. Des paroles rassurantes, soulignant le fait que ne pas avoir envie de fonder de famille à leurs âges n'était en rien un problème, et que c'était quelque chose que tout le monde autour d'eux devraient accepter. Malheureusement, ce n'était pas le cas pour le brun, mais ce qui posait le plus problème à la jeune femme, c'était que lui-même n'en avait pas l'air entièrement convaincu, malgré le sourire discret qui avait étiré ses lippes. C'était fou, que ses parents l'aient formaté à ce point. « Les tiens ne t’ont jamais reproché quoi que ce soit ? » La chirurgienne avait haussé les épaules, son sourire se fanant aussi vite que la voiture avalait l'asphalte. « Mon père est mort. Et de toute façon, il aurait été bien mal placé pour me faire la moindre remarque. » Son comportement à lui, aux yeux de sa fille, avait été loin d'être exemplaire. Et s'il avait été encore suffisament en vie pour oser tenter un commentaire, elle le lui aurait aussitôt renvoyé dans les dents. Mais là n'était pas la question. Bien sûr que sa mère lui avait reproché tout un tas de choses durant sa vie, mais ce n'était pas d'elle dont ils étaient en train de parler, ils avaient dévié du sujet principal. Elle préférait mille fois recommencer à parler d'Archie, et de ce dont il avait peur. Parce que c'était bien ça dont il s'agissait. Le visage de l'actionnaire s'était assombri, et la rousse avait compris qu'elle venait d'arriver sur une pente glissante. Oups. Tellement glissante que pendant une seconde, elle avait cru qu'il ne dirait plus rien, et que le temps qui restait pour rentrer chez eux serait d'un silence de mort. Mais finalement, et plus rapidement qu'elle ne l'aurait espéré... « C’est pas que je ne suis pas prêt. » Il avait toute son attention. Les yeux grands ouverts, la jeune femme avait détaillé ses traits, crispé, dans la pénombre de l'habitacle. Un soupir. « Je sais que je ne serai jamais prêt. » Elle n'osait plus bouger, de peur qu'un mouvement ou même un tremblement de sa part puisse le couper dans son élan. Même la respiration de la rousse s'était faire plus discrète. « Cait tu… Je… Tu… Enfin, je te paye pour… faire diversion. J’ai rencontré quelqu’un et je veux… Me laisser une chance de… » C'était difficile pour lui, et pourtant, la rousse espérait qu'il aurait le courage d'aller jusqu'au bout de ses révélations. Timidement, pour l'encourager, elle avait posé une main sur son bras, dont la main était raidie sur le volant. Il n'avait pas eu l'air de s'en apercevoir. « ... d’apprendre à mieux le connaître, et à mieux me connaître, moi. » Le? Le connaître? Si la jeune femme s'était forcée à une expression impassible, car il semblait à deux doigts de se renfermer sur lui-même pour de bon. Mais la surprise en elle était réelle. Lui, le macho de service, le séducteur de ses dames qui l'avait draguée lourdement lors de leur première rencontre était gay? Elle n'avait rien vu venir, rien du tout. « Ça fait vingt ans que je joue la comédie. Voilà. Si mes parents l’apprenaient, ils ne voudraient plus jamais me voir. » Caitriona s'en serait doutée. Conservateurs à l'extrême comme ils l'étaient, jamais ils n'accepteraient que leur fils ainé sorte avec un homme. Qu'il puisse aimer les hommes, plutôt que les femmes. Ou est-ce qu'il aimait les deux? Bien que curieuse, la rousse avait su retenir sa question pour plus tard. Son attirance pour les hommes était maintenant indéniable, et c'était tout ce qui importait pour la fin de la conversation. « Alors, l’offre de doubler ton salaire tient toujours, si tu peux m’aider à ne pas les perdre. » « Non. » Elle avait secoué vivement la tête, s'attirant un regard du millionnaire, soudainement déconcentré de la route. « Je t'ai dit que j'avais pas besoin de plus d'argent, Archie. » Même si à ses yeux, elle n'était toujours qu'une danseuse, probablement fauchée, doublée d'une bonne comédienne. Elle devrait avoir besoin de plus d'argent. Mais elle n'en voulait pas. « Je te remercie de me l'avoir dit, ça avait pas l'air facile. Mais je comprends mieux, maintenant. » Et maintenant qu'elle était pour de bon dans la confidence, elle se sentait encore plus impliquée. « Qui d'autre est au courant? Est-ce que quelqu'un de ta famille... Madison? Ou Saddie? » Elle ne connaissait pas cette dernière, mais ce soir elle avait rencontré Madison. Et de ce qu'elle avait vu, il n'était pas improbable que le grand frère se soit confié à sa petite soeur. Ils avaient l'air proches, mais elle pouvait se tromper. Regardant au loin, ses yeux avaient capté les lumières de Brisbane qui venaient d'apparaître à l'horizon. « Je veux bien jouer encore un peu le jeu. Mais ça pourra pas durer indéfiniment. » Quelle était la bonne limite à ne pas franchir? Continuer jusqu'à quand? Jusqu'à ce que pendant un prochain repas de famille chez les Kwanteen, il panique pour une raison ou pour une autre, et la demande au mariage, comme l'attendaient déjà les parents? Non, non, non. Hors de question.


PAR ALCARA.
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Message(#)The story behind the curtains [Cait] EmptySam 26 Aoû 2023 - 23:47

Il ne la connait pas. Coincé dans sa petite bulle autocentrée, Archie ne capte pas tous les signaux qu’on lui envoie. Il a encore la certitude qu’il s’est associé à une danseuse et que ses longues jambes et sa silhouette fine sont le résultat des années d’entrainement dans des salles ceinturées de miroirs qui lui renvoient le reflet de ses pas. Parce que Caitriona a joué le jeu dès le début, il s’est imaginé que tous les préjugés qui lui viendraient à l’esprit seraient véridiques. Il lui a inventé une vie sans qu’elle ne le sache, et il pourrait prétendre connaître son film, son style de musique et sa couleur préférés. Trop con pour réaliser qu’elle se joue de lui, peut-être parce que ça l’amuse, peut-être parce qu’elle n’a pas envie de révéler à un homme aussi matérialiste que lui. Elle aurait raison de le faire. « Mon père est mort. Et de toute façon, il aurait été bien mal placé pour me faire la moindre remarque. » Le revers de la médaille se dévoile, embrumée, tachée, alors que le millionnaire l’avait imaginée dorée et brillante. Gardant ses yeux sur la route, il laisse seulement ses poings réagir à sa place : ils se serrent autour du volant. Ses jointures blanches le trahissent. Sa pomme d’Adam qui monte et qui descend aussi. Il ne le savait pas, ça. Comment pourrait-elle considérer leur amitié s’il n’a jamais pris la peine de la connaître ? C’est une autre raison qui lui fait penser qu’elle n’est là que pour l’argent. « Je ne savais pas. » Il bredouille finalement d’une voix faible, se tâtant à demander, pour récupérer ces mois perdus à lui inventer une vie : « Vos relations n’étaient pas bonnes ? » S’il avait perçu l’accent de neutralité dans sa confession, il se refusait de laisser la question sans réponse. Il avait besoin de savoir au moins une chose sur elle, maintenant que le contenu du livre se révélait différent de la couverture. Mais, si elle n’avait pas envie d’en parler, il respecterait ce choix. Il saura combler le silence autrement.

Ce n’est pas une révélation facile à avouer. La dernière fois qu’Archie s’est laissé tenter par la vérité, elle s’est retournée contre lui, ainsi que ses mauvaises manières. Il a pleinement conscience d’avoir été le principal responsable de cette guerre entre lui et Jo, mais autant il est lucide, autant il n’arrive pas à calculer ses réactions lorsqu’il laisse des gens apercevoir sa chair sous sa carapace. Il est une bombe à retardement qui veut se protéger à tout prix, et cette protection trouve sa source dans son cocon familial sur lequel il pourra compter à la vie à la mort tant qu’il se comporte en bon fiston. Ça le bouffe. Il peine à se concentrer sur la conduite, mais les mots dévalent la peine et il est trop tard pour les retenir. Il doit cette vérité à Caitriona parce qu’elle lui offre le plus grand service qui soit : faire la comédie aux côtés du maître des masque n’est pas une doctrine glorifiante. Il se doute que la jeune femme ne sent plus tout à fait propre lorsque les diners de famille se terminent. L’art du mensonge ne trouve pas ses adeptes à tous les coins de rue. Archie a plongé dedans bien assez jeune pour que ça devienne son quotidien. « Non. » Il fronce les sourcils, perplexe. Qui pourrait refuserait une hausse de salaire comme celle-ci ? Et qui ne rêve pas de sa fortune ? Il a tout donné pour l’avoir, sa valeur n’a d’égal que le double de ce qu’elle est. « Je t'ai dit que j'avais pas besoin de plus d'argent, Archie. » Elle n’a pas de villa sur le bord de la plage ou de voiture sportive onéreuse. Elle ne se vêtit pas de Prada et son parfum n’est pas celui de la bourgeoisie. Bien sûr qu’elle a besoin de plus. Toutes les femmes qui s’affichent avec Archie rêvent de ses lingots. « Je te remercie de me l'avoir dit, ça avait pas l'air facile. Mais je comprends mieux, maintenant. » Il aurait préféré parler de l’argent, pas de la confession qu’il venait de lui faire et qu’il n’avale pas lui-même. Il a prononcé les mots, ou ce sont les mots qui se sont prononcés eux-mêmes, prisonnier de cette gorge depuis l’éternité. « Qui d'autre est au courant? Est-ce que quelqu'un de ta famille... Madison? Ou Saddie? » Toujours aussi crispé, il secoue vivement la tête. « Personne. Tu es la première, et la dernière. » Il s’empresse de préciser pour lui faire comprendre qu’il ne s’agit pas d’un secret qui doit fuiter. Il n’a rien prévu pour le long terme mais, pour l’instant il veut pouvoir compter sur elle pour prolonger le mensonge et le permettre de tester ses limites en dehors de sa zone de confort. « Je veux bien jouer encore un peu le jeu. Mais ça pourra pas durer indéfiniment. » Il ne peut pas s’en étonner, à vrai dire. Il ne va pas faire d’elle sa prisonnière. Elle lui rend service, c’est déjà un grand sacrifice qu’elle fait. Il ne peut pas prévoir l’avenir, seulement les quelques prochaines heures. « Je ne compte pas t’épouser et te faire un enfant, si c’est ce qui t’inquiète. » Plutôt aborder la problématique avec une pointe humoristique. « J’ai juste besoin d’un peu de temps pour faire de l’ordre dans mes pensées alors… » Il marque une pause, hésitant, craintif surtout, tandis que la voiture s’engage sur la rue de l’appartement de la jeune femme, où il s’est réveillé complètement hangover quelques mois plus tôt. « Si tu ne te sens plus à l’aise pour X ou Y raison, dis-moi-le, et je trouverai une autre solution. » Lèvres pincées, il éteint le moteur électrique et couvre Caitriona d’un regard insistant : « Mais… Attends un peu quand même, hein, parce que tu es une petite amie parfaite, et mes parents t’adorent. » Un sourire crispé ose se révéler à la commissure de ses lèvres. « Et c’est pas désagréable de t’embrasser. » Oui, bon, ce commentaire il aurait pu le garder pour lui, mais Archie reste Archie.

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Message(#)The story behind the curtains [Cait] EmptyDim 17 Sep 2023 - 22:31


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Quand Archie avait abordé le sujet des parents de la rousse, cette dernière s’était renfrognée instantanément, haussant les épaules comme pour minimiser ce qu’elle était sur le point de lui avouer. Un bout insignifiant de son passé. Son père aurait été bien mal placé pour oser la moindre remarque. Sa mère aussi, dans un sens. Le seul avantage qu’il avait par rapport à elle dans toute cette histoire, c’était d’être mort. « Je ne savais pas. » Comment est-ce qu’il aurait pu savoir, de toute façon. Elle avait secoué la tête. « Vos relations n’étaient pas bonnes ? » Elle n’avait pas tourné la tête vers lui quand elle avait répondu, les yeux rivés sur la route qui disparaissait dans l’obscurité. « Oh si, elles étaient parfaites. C’est plusieurs années après sa mort que ça s’est dégradé. » Il allait la prendre pour une folle, s’il ne s’imaginait pas qu’elle conversait avec des macchabés. « On a découvert bien plus tard qu’il avait été infidèle. J’avais quatorze ans. » Ça avait brisé l’image qu’elle avait eu de son paternel pour de bon, piétiné son cœur quand elle avait appris pour Eleonora. Sa sœur. Sa demi-sœur. Une révélation qui avait été terrible, pour elle et ses frères. Même si maintenant, elle voyait Leo sous un nouveau jour, un peu moins comme étant la sale harpie qu’elle avait semblé être aux débuts.

Et puis, ça avait été au tour d’Archie de lui faire des confidences. Ça avait été très dur pour lui, Caitriona l’avait vu rien qu’à son attitude. Les doigts crispés sur le volant, les épaules tendues dans la pénombre, les jointures blanches à force de serrer. Elle ne l’avait pas interrompue pendant toute sa tirade, de peur de le couper dans son élan et qu’il ne se braque pour ne plus rien dire. Alors elle l’avait écouté attentivement, et les révélations qu’il lui avait fait lui avait presque décroché la mâchoire tant c’était important. Jamais elle n’aurait imaginé quelque chose du genre. Et pourtant. Archie avait une attirance non négligeable pour quelqu’un du même sexe que lui. Et si la rousse n’avait absolument aucun problème avec ça, et qu’elle était même un peu fière qu’il se soit confié à elle à ce sujet, elle comprenait qu’avec des parents comme les siens, la situation soit complexe. Mais l’actionnaire avait presque tout gâché en lui proposant, à nouveau, plus d’argent pour garder son secret. La jeune femme l’avait rembarré sèchement à peine avait-il fini sa phrase, inflexible. C’était simplement hors de question, mais la réaction lui paraissait sans doutes étrange, puisqu’il l’imaginait avoir besoin d’argent. Prenant soudain conscience de l’importance de la confession, l’irlandaise lui avait demandé qui d’autre était dans la confidence. Elle ne pouvait pas être la seule à connaître son penchant. Ses parents ? Bien évidemment que non. Mais l’une de ses sœurs, peut-être ? Cait les devinait proches, et ça ne lui paraissait pas impossible qu’il se soit confié à Saddie ou à Madison. Mais il avait secoué vivement la tête, presque paniqué. « Personne. Tu es la première, et la dernière. » La chirurgienne l’avait dévisagé, les yeux ronds. Il se foutait de sa gueule, obligatoirement. Mais non, il avait conservé tout son sérieux, l’air vaguement inquiet qu’elle ne le soit pas, elle. Finalement, la rousse avait exhalé un long soupir. Bien. Elle voulait bien jouer le jeu encore un peu, s’il était capable de comprendre que ça ne durerait pas indéfiniment. Dans la pénombre, elle aurait juré voir le soulagement passer sur ses traits. « Je ne compte pas t’épouser et te faire un enfant, si c’est ce qui t’inquiète. » La jeune femme avait menacé de s’étouffer avec sa salive, à la mention d’un mioche. Immédiatement, elle s’était raidie, à la seule pensée d’elle avec un enfant, avec la tête d’Archie en plus. Ça lui avait collé des frissons désagréables. « J’espère bien. » qu’elle avait grommelé. Feindre une relation pour aider un ami, c’était une chose. Aller jusqu’à l’épouser pour maintenir l’illusion, s’en était une autre. « J’ai juste besoin d’un peu de temps pour faire de l’ordre dans mes pensées, alors… » Alors normalement, la supercherie ne durerait pas pendant encore de longs mois. Quand la voiture s’était arrêtée, la chirurgienne avait réalisé qu’ils étaient arrivés devant chez elle. « Si tu ne te sens plus assez à l’aise pour X ou Y raison, dis-le moi, et je trouverai une autre solution… » La voiture stoppée, il ne lui faudrait que quelques enjambées pour rejoindre la porte de son immeuble. « Mais… Attends un peu quand même, hein, parce que tu es une petite amie parfaite, et mes parents t’aiment bien. » Caitriona ne savait pas trop comment se sentir par rapport au fait que les parents d’Archie l’aiment bien. En vérité, elle n’était pas sûr d’apprécier que des personnes qui pensaient comme eux puisse la porter dans leur cœur. Ça lui paraissait tellement improbable. « Et puis, c’est pas désagréable de t’embrasser. » Comment briser un instant sensible, plein de confiance et d’émotion. Pas le moins du monde étonnée, la jeune femme avait roulé des yeux, un sourire amusé étirant ses lippes alors qu’elle détachait sa ceinture. « Bonne nuit, Archie. » La rousse s’était extirpée du véhicule électrique avec grâce, mais avant de refermer la porte, elle avait croisé une dernière fois le regard du blond. « On s’appelle. » Et puis, elle avait tourné les talons, pour s’engouffrer dans l’immeuble.



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Message(#)The story behind the curtains [Cait] EmptyMar 31 Oct 2023 - 1:51

Il ne connait pas son amie. C’est un problème, tout autant que l’égoïsme dont il peut faire preuve avec elle. Il n’a jamais pris le temps de lui poser des questions, de s’interroger quant à sa vie mais aussi quant à toutes les relations qu’elle entretient avec son univers. Il ne connait pas ses amis, ou sa famille, n’a jamais pris la peine de lui demander si elle est heureuse et si elle est entourée de bonnes personnes. Quand une journée passée avec Caitriona se termine, Archie n’a pas appris à la connaître davantage. Elle est là pour le sortir d’affaire, lui sert d’alibi, et, même s’il ne l’admettra jamais à voix haute parce qu’il est aveugle face à la réalité, il l’utilise comme un objet. Au même titre qu’un verre pour boire du porto, ou qu’une cigarette pour s’empoisonner et raccourcir son éternité de victoires. Viendra un jour où il se retrouvera seul au milieu d’une averse et plus personne ne pourra l’abriter de la pluie. Il blâmera les autres, parce que c’est ce qu’il sait faire de mieux. Se plaindre, geindre comme un enfant gâté qui se tire les cheveux et tape des pieds au sol quand on ne lui donne pas tout ce qu’il désire. Son éducation, la vraie, l’authentique qui fera de lui une personne décente, elle n’a pas encore commencé. Il devrait en profiter dans l’habitable de cette voiture, alors que la voix de la jeune femme, honnête, traverse le silence sans le déranger. Elle lui fait penser au son des feuilles des branches qui se grattent doucement contre la fenêtre de sa chambre. Un froissement agréable qui lui rappelle qu’il n’est pas encore endormi. « On a découvert bien plus tard qu’il avait été infidèle. J’avais quatorze ans. » Mais il ne sait pas quoi répondre. Archie ne sait pas prendre soin des autres. Les bons mots ne lui viennent pas dans la bouche à temps. Il l’appellera peut-être plus tard avec une idée de génie qui lui aura traversé l’esprit sous la douche, mais, dans l’instant présent, il peut seulement se contenter de se pincer les lèvres et de lui offrir un silence respectueux. Il se déteste rarement, le millionnaire narcissique, mais en ce moment il aurait envie de s’arracher la peau pour voir ce que ça fait de souffrir dans un monde où tous les astres se sont enlignés pour lui faire cadeau du meilleur. Ses problèmes, il se les créer lui-même. Ça a toujours été le cas. Une tête pensante qui refuse d’être heureuse et qui cherche constamment des équations à régler et des énigmes à résoudre. Pas une fois il a pensé que c’est en donnant un peu de lui aux autres qu’il multipliera le retour. Pourtant, actionnaire comme lui, ce devrait être dans sa nature de se sacrifier pour recevoir davantage. L’argent, il sait manier. Les émotions, c’est autre chose. Et Caitriona paye le prix de l’ignorance d’un type qui peut seulement faire de l’ordre dans les propriétés physiques au dépend de toutes les belles choses qui pourraient fleurir dans son cœur s’il le laissait la chance d’aimer une amie pour ce qu’elle est, et non pour ce qu’elle peut offrir.

Devant l’appartement, l’atmosphère est féérique. Les rues sont désertes à cette heure et un cocon de calme imperturbable câline les deux passagers de la Tesla immobile. Archie a le cœur serré dans sa poitrine. Il vient de partager son secret le plus terrifiant. Il ne sent plus le volant sans ses mains tant la pression qu’il exerce est considérable. Ses perles bleues sont rivées vers l’avant. Il explique comment ça se passe, dans son monde de mensonge, et parce qu’il refuse de rendre cette conversation trop réelle et sérieuse, il fracasse tout le travail que lui et Caitriona ont fait avec une blague de mauvais goût. À ce niveau-là, il ne changera pas. Mais c’est ce qui fait encore son charme. Parce qu’elle sourit, la jeune femme, en faisant mine d’être agacée quand il prétend qu’il apprécie de l’embrasser même si c’est pour la couverture. « Bonne nuit, Archie. » Son sourire s’est calqué sur le sien. Il est plein de reconnaissance qu’aucun mot ne pourrait définir. « On s’appelle. » Il acquiesce d’un signe de la tête, passant nerveusement sa main dans sa barbe lorsque son amie tourne des talons pour conclure la soirée. Il reste paralysé devant l’immeuble plusieurs minutes durant lesquelles il est tout à fait plongé dans le noir. L’absence de lumière lui confère une sensation de sécurité. Aucun projecteur rivé vers lui. Son secret subsiste une journée de plus à l’abris des monstres.  

@Caitriona Regan I love you et voilà pour la concluuuu I love you
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