La dernière fois que la jeune Australienne avait décidé de rejoindre son frère pour l'une de ses représentations, cela avait été un fiasco. Quelque chose de monumentale d'ailleurs. Olive avait pris une décision qui avait bousculé pas mal de choses, mais davantage entre son frère et Joséphine Carter. Ce n’était pas ce qu'elle avait souhaité, loin de là même et malgré l'eau qui avait coulé sous les ponts, la brune s'en voulait encore terriblement. Elle avait eu la mauvaise impression de ne pas être capable de tenir convenablement un secret alors que son ainé lui-même avait tenu sa langue pendant des années quant à son propre trésor. Certes, Olive ne s'était pas attendu à retrouver Jo à la table du déjeuner, mais elle aurait dû se douter que Midas n'aurait pas été seul. Ce n'était pas vraiment son genre de mettre la demoiselle loin de lui. Enfin, du moins ça l'était, puisque depuis ce dernier épisode, Olive n'avait eu que des nouvelles approximatives et sans réelles consonances. Après une demande auprès de son frère et promettant qu'elle viendrait cette fois entièrement seule. En ce moment, Olive n'arrivait clairement pas à tenir en place, surtout avec tout ce qui se bousculait péniblement dans sa tête. La brune était persuadée qu'il était temps pour elle d'être franche avec son entourage. Que certes, après des années, les dégâts seraient bien présents, mais qu'elle ne pouvait plus vivre avec cette impression de suffoquer en tout temps. Elle avait besoin de se libérer de ce poids. Mais pour l'instant, elle avait besoin de se changer les idées, de souffler un peu et surtout de prendre du temps pour elle avant de plonger. C'est pour cette raison en plus du reste qu'elle avait pris la direction du festival de musique.

Olive, elle n'était pas dans son élément plus que de raison. Encore une fois, la foule avait pression sur elle. Pourtant peu convaincue qu'elle serait à sa place, elle avait pris place dans la foule ravie de voir la prestation de son ainé dans quelques instants. L’anonymat de la cadette était agréable, et ainsi elle pouvait se mêler à la foule sans que personne ne le sache, ce qui avait du bon il fallait bien le reconnaitre. Elle n’avait pas non plus besoin d’attendre en backstage. Ainsi, elle profitait pleinement de l’ambiance du festival. Même si être au beau milieu d’une foule n’était pas agréable, Olive passa la représentation de Midas Sterling à profiter de l’instant présent, après tout, c’était tout ce dont elle avait eu besoin. Un instant rien qu’à elle. Une fois le chanteau descendu de scène, elle en profita pour lui transmettre un message signifiant qu’elle était dans les parages et qu’elle serait ravie de le voir, même un court instant, se doutant que son ainé aurait besoin de repos. Olive, elle s’apprêtait à se faire malmener par un garde du corps désagréable quand un visage familier passa dans son champ de vision. Elle n’était pas certaine, mais elle tenta quand même une approche. La musique n’avait pas repris c’était le moment idéal. « Edison. » Un visage familier qui avait accompagné la brune pendant qu’elle avait suivi son frère en tournée. Mais plus édifiant encore, son sourire se figea un instant sur ses lèvres quand elle découvrit qui suivait le jeune homme. Elle cligna des yeux plusieurs fois, impossible de se tromper. Jo était également présente. Ce qu’Oli ne savait pas, c’est si la jeune femme l’avait repéré et si elle ferait un geste dans sa direction, mais elle ne bougea pas d’un poil, comme figeait par la silhouette de son amie, enfin, si cela était encore le cas.

@Jo Carter

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@Olive Sterling ☆ crédit/ssoveia

Jo avait su dès son arrivée sur le festival qu’elle viendrait voir Midas se produire. Elle n’avait pas cherché à s’en défendre, encore moins à assurer que ce n’était pas dans ses intentions en jouant les revêches de base, celle qu’elle était plus souvent qu’à son tour, et parce que son équipe était aux petits soins, elle n’avait pas non plus boudé l’idée qu’elle le ferait de la façon la plus privilégiée qui était. En revanche, elle avait voulu le faire assez discrètement pour éviter qu’on ne lui tombe dessus avec des questions auxquelles elle n’avait pas envie de répondre, encore qu’elle le faisait avec une grâce toute relative lorsque des courageux s’opposaient à son envie farouche de préserver la courte histoire qu’elle avait vécu avec le jeune homme. Il était omniscient, elle ne pouvait pas y échapper à son nom, à sa présence, à son influence, à ce qu’on les soupçonnait d’être sans qu’aucun d’eux n’eut jamais démenti ou confirmé. Mais la dernière vidéo en date d’eux se disputant avant la finale de X Factor, elle avait fini t’entériner les rumeurs, et les questions avaient repris sans discontinuer, faisant presque passer sa victoire au second plan tant tout le monde était intrigué par cette histoire.

Si elle avait voulu être discrète aussi, c’était pour ne pas se sentir obligée d’aller le féliciter juste après. Et pourtant, elle en avait eu envie quand elle avait prit conscience qu'il avait terminé la chanson dont il lui avait parlé en janvier dernier, et qu’elle s’était aperçu qu’elle serait sans doute le début d’une nouvelle ère pour lui du point de vue de sa carrière. Elle n’avait pas été bouleversée dans le sens premier du terme, elle avait eu les quelques lignes qu’il avait griffonné sur son carnet sour les yeux en avant-première, elle savait de quoi il en retournait plus ou moins, n’étant pas du genre à s’offusquer qu’on parle d’elle, en bien ou en mal, dans ces circonstances, s’abreuvant plutôt du sentiment d’être assez inspirante pour figurer, même si non-citée, dans l’oeuvre des autres. Néanmoins, elle avait été fière de lui. Ça l’avait transie le temps de la chanson, et bien après, lorsqu’elle avait décidé de s’en aller avant la fin de sa prestation, la laissant au prise d’une émotion refoulée à la hauteur de sa détermination.
Il avait enfin trouvé l’impulsion nécessaire pour se remettre à travailler correctement, c’était une bonne chose qui lui ferait du bien, et elle le pensait vraiment parce qu’elle n’était pas assez débile pour se dire qu’il gérait mieux leur rupture qu’elle le faisait. A défaut de lui parler, à défaut de réussir à se raisonner pour le faire, elle pouvait au moins lui souhaiter d’aller mieux et de prouver ce dont il était capable quand son label ne le lâchait pas pour pondre des titres auxquels il ne croyait pas. Là au moins, il y croyait. Jo l’avait vu, elle l’avait entendu, elle le connaissait assez pour savoir d’où venait la fêlure dans sa voix et l’énergie de ses doigts pinçant les cordes de sa guitare. Il y avait de la satisfaction à tirer du simple fait d’être une muse, et elle le faisait souvent, Jo. Mais sur le moment, elle avait juste envie d’y échapper pour ne pas s’attarder trop longtemps sur l’idée que leur histoire était assez banale pour trouver racine auprès de ceux qui écoutaient, qui écouteraient, leurs chansons sur le sujet. Elle l’avait toujours cru épique au contraire.

Relevant la tête, elle demanda à un agent de sécurité non loin de là, celui qui était en charge d’elle pour la soirée, de l’aider à s’extirper du carré VIP. Son attention se détourna de la scène pour se poser sur un autre membre de la sécurité qui remettait en doute la présence d’une jeune femme qu’elle reconnut comme étant Olive. Se dégageant de la main d’Edison qui l’avait fermement saisie pour la faire avancer, elle fit un pas de côté pour venir en aide à la jeune femme, ses sourcils se fronçant et sa main saisissant le bras de l’agent pour qu’il se retourne et foute la paix à Olive "Elle a rien fait. Elle fait partie de la famille, faut te renseigner avant de jouer au gros dur." La différence de taille de Jo avec l’homme ne semblait pas l’impressionner, la jeune femme — et puis quoi encore, elle le toisa de bas en haut —, et étant donné que son collègue le remit aussi vite à sa place, il battit en retraite pendant que, victorieuse, elle disait à Olive "Tu tiens pas à ta vie — ton badge." lui dit-elle, pointant du doigt sa poitrine où l’absence de badge assurant sa survie dans cette partie de l’espace réservé lui fit retirer celui qu’elle avait autour du cou pour le lui donner "Garde-le. J’en ai plus besoin." Ça sonnait comme un au revoir qu’elle affirma, sans doute trop sèchement, par une bascule de son corps, tournant sur ses talons pour reprendre son chemin auprès d’Edison.

Olive en venait à douter de sa propre présence parfois. C'était le cas encore cette fois, quand elle avait senti son être se faire avaler par la foule. Elle avait eu ce besoin, cet envie de voir son frère sur scène. De prendre un peu de recul avec son quotidien, même si cela n'était valable que pour une soirée. Une soirée où elle pouvait prendre place au milieu d'inconnu et sentir son cœur battre puissamment dans ses oreilles. Le tumulte de la fête. Autant dire qu'Olive Sterling n'était pas une grande fêtarde, loin de là-même. Son type de soirée idéale étant plus aisément une soirée chill devant un bon film. C'était sûrement cliché, mais totalement acceptable pour elle. Puis après tout, cela ne regardait qu'elle non ? Mais de plus en plus, Olive prenait des initiatives, bon, peut-être pas toujours les bonnes, ce qu'elle en avait fait les frais lors de son séjour à Sydney. Une catastrophe évidente. La jeune Australienne, d'aussi loin qu'elle s'en souvienne avait toujours été la fan numéro une de Midas, ce qui n'avait fait qu'évoluer avec les années. Il était donc nécessaire et évident qu'elle se rendrait au festival afin de l'admirer sur scène. Oui, parce qu'il s'agissait de cela avant tout, Olive admirait énormément son frère. Pour la pulsion qu'il savait donner à n'importe quel moment, mais surtout pour tout ce qu'il endossait péniblement depuis des années et qui pourtant ne semblait jamais l'affecter. A contrario, Olive subissait toutes les peines du monde et n'avait pas de mal à le faire savoir. C'était bien là une grande différence entre eux. Après des années à se morfondre pour des choix qu'elle avait fait, Olive avait le sentiment qu'il était temps de reprendre du poil de la bête, et il était temps. Mais elle savait aussi que le chemin vers l'épanouissement serait long et difficile, chaque jour, elle subissait ce rappel que rien n'était jamais suffisant pour être heureux. Elle n'en perdait pas espoir pour autant, et beaucoup de choses avaient changés en une année déjà. Alors pour cette fois, elle pouvait bien supporter une foule d'admirateurs ou trices surtout. Et comme toujours, Olive était impressionnée par la prestation de son ainé et elle n'hésiterait pas à lui à quel point il avait été agréable de le voir sur scène. L'Australienne savait plus ou moins que les tracas résonnaient dans l'esprit de Midas mais que jamais il n'en laisserait paraître un seul. Admirative, avait-elle admis, et elle le dirait encore et encore.

Il était temps pour Olive de rejoindre l'autre monde. Celui du derrière de la scène. Là où elle n'était pas non-plus à sa place, mais toujours mieux dans l'ombre que sous la lumière des projecteurs. Elle aimait se sentir étrangère au reste du monde, et cela, pour toujours d'ailleurs. Jamais elle n'aurait pu affronter le regard d'autant de monde, jamais elle n'aurait eu le courage de se mettre en avant ainsi. C'était réservé à un certain cercle, qu'elle ne franchirait jamais et c'était simplement mieux ainsi. Mais le côté tête en l'air d'Olive était bien présent, aussi bien qu'elle n'avait pas pensé à ce foutu badge d'accès. Évidemment que la sécurité non-plus ne la reconnaîtrait pas. Qu'est-ce qu'elle pouvait être sotte parfois. Par chance, elle avait aperçu Edison dans un coin de son champ de vision, son billet d'entrée pour se dégager des bras balaises du mec qui lui tenait tête pour qu'elle déguerpisse. Mais ce qui avait été le plus étrange, c'est l'ombre près du jeune homme. Une silhouette qu'elle reconnaîtrait n'importe où. Difficile de rater tout ce qui dégage de Joséphine Carter. Ses lèvres avaient sûrement formé un O sans le vouloir tellement elle avait été surprise de la voir ici, s'éclipsant aussi discrètement qu'un lynx de la zone des guests. Encore plus étonnant de voir que la brune se rapprochait d'Olive, davantage encore qu'elle s'interpose à l'agent de sécurité alors qu'elle aurait très bien tracé sa route sans demander son reste. Olive aurait d'ailleurs bien plus attendu cette réaction que celle en cours sous ses yeux. "Elle a rien fait. Elle fait partie de la famille, faut te renseigner avant de jouer au gros dur." Et bah ça alors ! Olive ne savait même pas quoi dire à cet instant, restant planté là, incrédule. Enfin, l'homme lâcha l'affaire et déguerpit quelques mètres plus loin grâce au renfort d'Edison et de Jo. "Tu tiens pas à ta vie — ton badge." -« Oui, merde. » Elle n'allait quand même pas admettre qu'elle n'en avait pas. Qu'encore une fois, elle avait fait une erreur de jugement. Olive l'invisible, ce n'était pas pour rien. "Garde-le. J’en ai plus besoin." Surprise Olive n'a pas eu le temps de remercier Jo qu'elle prenait déjà les jambes à son cou. D'un geste rapide, Olive passa le badge au-dessus de sa tête et emboîta le pas à Edison. « Tu pars ? » La question était sûrement bête puisque oui, rien ne pouvait être plus réelle. Olive tentait de suivre la cadence imposée. « Attends, s'il te plaît Jo. » Elles n'avaient pas eu l'occasion de se reparler depuis Sydney et visiblement, Jo ne voulait pas le faire à cet instant. Olive le comprenait en un sens, mais elle avait besoin de savoir où elle avait encore plus merdé avec elle. « Jo, je t'en prie, accorde moi cinq minutes au moins. » Elle était suppliante et sûrement pitoyable, mais l'occasion était présente de mettre les choses au clair avec Jo, elle ne la perdait pas. Même si ce n'était ni le lieu, ni l'endroit pour cela et qu'à tout moment Midas pouvait surgir.

@Jo Carter

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@Olive Sterling ☆ crédit/ssoveia

L’expression de surprise d’Olive, c’est ce qui poussa Jo à vouloir déguerpir le plus vite possible. Elle ne donnait jamais une très bonne image d’elle la jeune femme, elle était insolente, vulgaire et agressive, mais elle comptait sur la finesse d’esprit de ceux qui la connaissaient au moins un peu pour se dire que ce n’était qu’une carapace, qu’il fallait un peu de courage pour voir au-delà de l’image qu’elle aimait refléter par commodité, plus que par choix. La plupart du temps du moins, parce qu’elle avait plus de défauts que de qualités, ne se sentant pas honteuse de ne pas vouloir les mettre à égalité, embrassant sa mesquinerie, son immaturité et sa muflerie sans prétendre vouloir changer, en étant même fière quand on les lui mettait sous le nez. Mais qu’on laisse supposer qu’elle pouvait être foncièrement mauvaise, bien qu’elle ne s’estimait franchement pas la plus bienveillante, à l’aise avec l’idée de ne pas être quelqu’un de bien en vérité, c’était tirer sur quelque chose qu’elle ne savait pas être une cicatrice, et c’était clairement le message que laissait sous-entendre la réaction d’Olive à ce moment-là : qu’en la voyant se faire malmener par un agent de sécurité, elle aurait été capable de la laisser derrière elle sans tenter de l’aider.

Ce n’était peut-être qu’une excuse qu’elle se cherchait dans le fond. Elle s’en foutait un peu de son image, c’était bien ça qu’on lui reprochait le plus d’ordinaire. Non, à cet instant-là, ce qu’elle essayait vraiment de fuir, ce n’était pas les préjugés de la petite-soeur de Midas, c’était son discours que sa place auprès de lui lui conférait de droit. Elle, elle n’était pas assez proche de ses frères pour qu’ils viennent à sa rescousse, ne les ayant jamais laissés faire de toute façon, même à l’époque où ils étaient indissociables, cependant Midas et Olive étaient connectés d’une façon qu’elle leur enviait parfois, et pas par sentiment déplacé de jalousie. La jeune femme avait été le déclencheur de la gloire de Midas, et Jo n’ignorait pas qu’ils partageaient des secrets ; qu’est-ce qu’il lui avait dit à propos d’eux, qu’est-ce qu’il avait partagé avec elle depuis que c’était terminé, comment avait-il expliqué leur rupture sans parler de la vraie raison, comment il la dépeignait quand elle avait le dos tourné, est-ce qu’il s’évertuait à faire comme elle et à ne pas vouloir en parler ? C’était une série de questions à laquelle elle ne pensait pas jusqu’à ce moment précis, mais qui la transit lorsqu’elle pivota pour s’en aller, et davantage quand elle sentit la présence de la jeune femme à ses côtés qui lui demandait si elle partait.

"Ouais, j’ai plus rien à faire ici." lui répondit-elle sans agressivité au demeurant, sans surjouer l’amoureuse malheureuse non plus, les faits étaient là : le concert était fini, elle devait retourner à l’hôtel et se morfondre sur la réalité alternative dans laquelle elle s’enfoncerait en se retrouvant seule dans sa chambre, laissant Charlie et Megan à leurs occupations en prétendant être devenue trop bien pour traîner avec des gueuses dans leur genre, à imaginer qu’il y avait encore quelques semaines de ça, si tout ne s’était pas cassé la gueule, elle aurait été la première à vouloir débriefer avec Midas, à lui dire qu’il avait été impressionnant, qu’elle voulait ne faire plus que ça : le voir jouer, entendre son public l’acclamer, reprendre ses paroles avec lui, et l’écouter parler d’elle aux travers de mots qu’il n’avait jamais osé lui dire sans chanter. Elle ne s’octroyait plus ce droit là, il avait son équipe pour ça.
Prenant un peu d’essor un accélérant le pas, ses petites jambes trouvant l’impulsion nécessaire pour combler la distance avec Edison, la voix de la jeune femme la fit camper sur le carré d’herbe qu’elle foula lorsqu’elle la supplia de rester un moment. Il se ressemblaient, Midas et Olive ; ils avaient la même douceur innée dans le regard, la même façon de la faire culpabiliser de trucs qu’elle aurait été vaillante d’éprouver pour autrui, mais qu’elle ne voulait pas alimenter pour eux qui avaient toujours été bons avec elle. Ça la gavait, d’être obligés de les apprécier l’un et l’autre quand elle ne réussissait même pas à être confrontée à l’image de Midas sans se sentir brisée de l’intérieur, et ça faisait percer le seule mécanisme de défense auquel elle se raccrochait dans ces cas-là : son amertume, qui perça dans le ton de sa voix quand elle demanda à la jeune femme, se retournant vers elle en écartant les bras "Pourquoi faire ?" La question était simple, prononcée avec un froncement de sourcils vigoureux qui rendit le regard qu’elle posa sur Olive presque menaçant.

Olive devait bien admettre qu'elle avait du mal à comprendre totalement la réaction de Jo. Bien évidemment qu'elle avait causé du tort plus que nécessaire à la chanteuse, bien sur qu'elle était responsable de bien des choses depuis le séjour à Sydney mais naïvement, elle ne s'était pas du tout attendue à ce type de réaction de la part de son amie. Enfin, elle en venait même à douter sur ce point. L'impression qu'elle n'était qu'un fantôme dans la vie de la jeune femme. Certes, Olive n'avait même pas pris un instant pour la contacter, parce qu'elle avait eu peur de sa réaction, comme à cet instant. La sensation constante de ne pas être à la bonne place, pas au bon endroit. En outre, Jo l'impressionnait grandement et elle ne s'en était jamais cachée. C'était l'une des raisons pour laquelle Olive hésitait. Comme à cet instant où elle avait hésité à lui demander pourquoi elle filait à toute vitesse, partant comme une voleuse de sa propre scène. Ce n'était pas le genre de Jo de disparaitre dans les coulisses comme si elle n'avait pas sa place sous les feux des projecteurs. "Ouais, j’ai plus rien à faire ici." Cette réponse fut une surprise pour l'Australienne. Depuis quand Jo n'avait pas sa place près d'une scène ? Les fils se connectèrent enfin dans l'esprit d'Olive, ce n'était pas pour ça qu'elle était là, mais pour Midas. Enfin elle comprenait pourquoi cette course frénétique vers la sortie la plus proche. Olive elle se sentie poussée des ailes un instant, le temps nécessaire pour supplier Jo de ne pas partir. Pour lui demander juste un petit instant. Quelques minutes tout du moins, lui permettant de dire ce qu'elle avait sur le coeur. Ce qui la rongeait depuis des semaines maintenant et qu'elle n'avait eu le courage de dire à personne. Parce qu'Olive, elle était comme ça, à ruminer pendant des jours et des jours, à garder tout pour elle jusqu'à ce que à un moment cela explose. L'occasion était là, et elle ne pourrait continuer à faire semblant que ça ne l'accable pas pour le reste du temps. Elle avait besoin, soudainement de se confondre en mille excuse et de se faire pardonner pour ses erreurs auprès de Jo. Mais la réponse de la brune cloua sur place Olive. "Pourquoi faire ?" Réponse qu'elle comprenait pourtant. C'est vrai après tout, pourquoi tout d'un coup elle se réveillait ? Pourquoi elle avait tant de choses à admettre ? La réalité était frappante et Olive perdait pied face à la position de Jo. Elle ne trouva pas tout de suite les mots, elle n'arriva même pas à prononcer une phrase avec du sens. Olive, elle sentait que la patience de Jo était à rude épreuve et qu'elle devait faire vite si elle ne voulait pas perdre son unique chance. « Parce que je suis. » Oh bon sang Olive, il était temps. « J'suis désolée. » Pour des tas de raisons, pour des tas de mots, pour des tas d'événements. Toute sa vie Olive avait été navrée. Désolée de ne pas être l'amie idéale, de faire des gaffes et de ruiner les sentiments de ses proches. « Tu as toutes les raisons du monde de vouloir déguerpir et j'aurai sûrement fait la même chose à ta place. » Non, elle serait littéralement enfermée chez elle, dans le noir à ruminer. « Et j'suis entièrement fautive de ce qui se passe. » Même si au fond, elle savait pas vraiment ce qui était en cours entre Midas et Jo. Parce qu'elle avait pas eu l'occasion d'en discuter réellement avec son ainé. Elle avait compris l'essentiel Olive, et avait déduit le reste, mais aucun des deux n'avaient encore admis la vérité qui crevait les yeux. « Tu méritais pas d'apprendre les choses comme ça Jo, c'était stupide. » Voilà qu'elle devenait un vrai moulin à parole, laissant les mots s'échappaient aussi vite que ses pensées. « Voilà, j'suis désolée, sincèrement.» Elle n’espérait pas être pardonnée, ni même avoir une réponse. Elle avait juste ouvert son cœur un instant. Fragile Olive.

@Jo Carter

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@Olive Sterling ☆ crédit/ssoveia

C’était connu quasiment de tous, que la patience de Jo était limitée, que si elle essayait parfois, ce n’était jamais assez étant donné qu’elle n'était une putain de gamine capricieuse qui ne supportait pas qu’on la fasse attendre pour rien et surtout pas pour des excuses qu’elle se prit en plein visage sans comprendre tout de suite où Olive voulait en venir. Ça se manifesta par une bouffée de chaleur, cette perte soudaine de sa patience qu’elle aurait voulu étouffer sous une dose plus haute des tranquillisants qu’elle avait dans son sac. Sur ça au moins, elle était docile, et l’idée même de se sédater plus que de raison n’était pas dans sa liste de priorités. Celle de s’en prendre à Olive non plus par ailleurs, seulement ses plans se retrouvèrent bousculés tout à coup, et le besoin de se pincer le haut du nez avec les doigts pour tenter de recouvrer un semblant de calme se présenta à elle comme le seul moyen efficace pour atténuer ce qu’elle ressentait maintenant, et qui ressemblait quand même vachement à de la colère.
Comme souvent cette dernière se manifestait par le besoin compulsif de frapper dans tout ce qui bouge, aussi se remettre un peu la tête à l’endroit en respirant profondément pour reprendre ses esprits, c’était probablement le meilleur choix qu’elle avait fait de sa vie ; ce dernier était alimenté par son refus catégorique de ne serait-ce que bousculer physiquement Olive qui au fond n’avait rien demandé, mais qui lui tapait sur les nerfs sur le moment, à se traîner de nouveau sa mine affligée des jours où elle pensait être la source de tous les maux de la terre.

"T’es au courant que le monde tourne pas autour de toi et de tes conneries, Olive ?" La question était posée brusquement, son regard sombre trouvant celui de la jeune femme qui avait l’avantage de la taille certes, pas du charisme, cette bataille étant remportée haut la main par Jo qui avait beau être à plat ce soir, donnait pourtant l’impression d’être aussi grande qu’Olive.
Forcément qu’à s’interdire de frapper, elle trouverait un autre moyen pour faire sortir toute la frustration qu’elle ressentait depuis des semaines déjà, et qui ne faisait que s’accroître au plus elle entendait la jeune femme se répandre en mots qui avaient du sens seulement parce qu’elle savait très bien de quoi elle parlait et pourquoi elle s’excusait. Mais à ce sujet-là, de l’eau avait coulé sous les ponts, et le seul qui lui devait vraiment des excuses, c’était Midas. Il s’était excusé, il avait pris le temps de lui expliquer les choses, et elle avait compris, aussi surprenant que ça pouvait paraître. A propos de Posy, ils avaient discuté longtemps, les choses étaient claires, encore que Jo avait toujours un peu de mal à se dire qu'il était papa, que c’était un rôle qu’il tenait en alternance, faisant de son mieux pour faire partie de la vie de sa fille. Ça lui laissait un goût étrange dans le fond de la gorge qu’elle savait induit par son angoisse de se retrouver un jour confrontée à la relation qu’il entretenait avec sa gamine sans être heurtée par tout ce que ça impliquait pour elle du point de vue d’une fille qui avait eu un père comme le sien. Ça c’était son problème, ils en avaient d’autres dont Olive n’était évidemment pas au courant parce que ce n’était pas ses affaires et que ça ne devait pas le devenir quand bien même Jo était sur la défensive à cet instant précis.

Continuant à la fixer, elle reprit sur le même ton, loin d’être tendre "T’es fautive de rien. Je sais pas ce que ton frère t’a dit à propos de tout ça, mais tourne la page, ça vaudra mieux pour toi." Ses sourcils se froncèrent encore plus que tout à l’heure, et ses yeux se fermèrent en même temps que ses doigts crochetèrent quelque chose d’invisible devant elle, ses ongles devenant griffes, et sa rage contenue la faisant serrer les lèvres avant d’ajouter sans pitié "Occupe-toi de tes problèmes putain, des vrais, au lieu de chercher à t'en inventer des sans importance pour te donner l’occasion de dire pardon tout le temps. Dans quel monde je t’en voudrais d’avoir voulu faire plaisir à Midas ? Ça arrive de faire des erreurs. Même lui t’en as pas voulu." Ce n’était même pas le sujet là, et ça l’énervait d’autant plus sur le moment qu’Olive faisait toute une histoire de quelque chose sur lequel elle savait que Midas l’avait rassuré des heures pour qu’elle ne s’en veuille pas davantage, prenant la responsabilité sans chercher à s’en dédouaner. Ecartant de nouveau les bras lorsqu’elle les refit tomber le long de son corps, Jo haussa les épaules en même temps "Mais merde t’as 27 ans. C’est ton signal pour commencer à vivre ta vie et arrêter de chercher à tout prix qu’on t’en veuille pour des trucs dont tout le monde se fout." Ou plus ou moins puisqu’au départ, Jo ne s’en était pas foutue du tout de cette histoire. Toutefois, elle n’était pas aussi stupide qu’elle en donnait l’air, et à partir du moment où Midas avait jugé ça inutile d’en vouloir à sa soeur, que pouvait-elle faire d’autre que de le suivre à ce sujet ? D’autant qu’au fond, elle lui avait rendu un putain de service en se pointant avec Posy, alors pourquoi elle campait sur cette visite comme si c’était le point central de son existence ?

"T’es au courant que le monde tourne pas autour de toi et de tes conneries, Olive ?" Les mots de Jo la frappèrent en pleine face. L'Australienne, elle ne s'était pas vraiment attendue à ce type de réponse. Des scénarios, elle en avait imaginé par centaine, par milliers peut-être même, mais celui de se faire reprendre ainsi au vol par Jo n'était pas dans sa top-liste. Ça lui faisait mal Olive, même si elle savait que c'était la vérité. Même si elle faisait tous les efforts du monde pour faire attention à ne pas être le centre du monde, comme le tonnait si fort et bien Jo. Sauf qu'elle était comme ça, pas à se mettre en avant de tout, ou à ne parler qu'elle pendant des heures, non bien tout le contraire, mais elle avait l'impression de ne pas pouvoir se sentir bien si elle n'avait pas eu le pardon des autres. C'était de cette façon qu'elle fonctionnait Olive, est-ce que c'était si dramatique ? Certainement pas, du moins peut-être pas pour les autres, ça ne l'empêchait pas de ne pas apprécier le retour acerbe de la brune. Olive savait que Jo ne mâchait pas ses mots, que ça ne dérangeait pas la chanteuse d'être crue mais quand même. L'Australienne était fragile, ce qui n'excusait pas tout certes, mais qui avait son importance et ça, Jo elle le savait non? Parce que ce n'était clairement pas l'impression qu'elle donnait à cet instant. Autant qu'Olive n'avait aucune réponse, aucun commentaire à ajouter. Elle était juste restée comme pétrifier sur place, sans pouvoir prendre le recul nécessaire aux mots de Jo. Bordel qu'il fallait qu'elle prenne du caractère, mais ce ne serait pas pour aujourd'hui. Pas cette fois. Peut-être jamais même d'ailleurs. Et pour pas changer, elle se laisserait faire, quitte à tourner les talons en s'excusant d'être l'âme faible de la situation.

Ce n'était pas l'idée de Jo qui pourtant était prête à partir quelques minutes plus tôt, visiblement les mots d'Olive avait réussie à la faire rester, mais pas pour le bon sentiment. "T’es fautive de rien. Je sais pas ce que ton frère t’a dit à propos de tout ça, mais tourne la page, ça vaudra mieux pour toi." Oui, c'était certainement le mieux à faire, mais Olive se sentait coupable et cela personne ne pouvait lui retirer à part elle-même. Certes, Midas avait pardonné Olive, avait même largement mis la situation de côté pour que la brune puisse passer à autre chose, mais c'était pas son genre. Elle était plus à garder en tête l'ensemble des tracas du monde et de repasser sans cesse ces images. Avec le temps, elle avait appris à faire abstractions de certaines choses Olive, à ne pas réagir à d'autres, mais l'idée d'avoir pu faire du mal à quelqu'un était bien le pire sentiment pour elle. C'était ce qu'elle avait pensé lors de cette soirée, c'était pour cette raison qu'elle avait souhaité présenter des excuses à Jo. Des excuses qui visiblement n'avaient pas lieu d'être. "Occupe-toi de tes problèmes putain, des vrais, au lieu de chercher à t'en inventer des sans importance pour te donner l’occasion de dire pardon tout le temps. Dans quel monde je t’en voudrais d’avoir voulu faire plaisir à Midas ? Ça arrive de faire des erreurs. Même lui t’en as pas voulu." Les mots de Jo continuaient de sonner comme une enclume frappée par un marteau dans le crâne d'Olive et ce n'était pas pour s'arranger avec les prochains. "Mais merde t’as 27 ans. C’est ton signal pour commencer à vivre ta vie et arrêter de chercher à tout prix qu’on t’en veuille pour des trucs dont tout le monde se fout." Si elle n'était pas tant sous le choc, Olive aurait certainement laisser un flot de larmes prendre place sur son visage. Pourtant, rien ne parvenait à franchir sa rétine alors qu'elle fixait avec des yeux ébahit Josephine Carter. Dieu, cette femme avait le pouvoir de frapper là où ça faisait vraiment mal. « Tu as raison Jo, tu n'as plus rien à faire ici. » Et elle ne la retiendrait plus, pas après tout ça. Peut-être que c'était pour son bien, et qu'elle aurait eu un moment besoin d'un déclic. Mais pas de quelque chose d'aussi violent, pas quelque chose qui briserait une petite partie d'elle. Olive, elle avait eu l'impression de pouvoir faire un pas vers quelqu'un sans que son mur ne s'effondre parce qu'elle tenait profondément à Jo et même si c'était insensée. Elle avait l'impression que la réciproque n’était pas aussi présente.

Olive, elle avait présenté des excuses. Elle avait laissé son cœur s'ouvrir mais il avait été tabassé avec une grosse cuillère par les mots de Jo. Peut-être que cela n'aurait pas eu d'importance si tout le bordel dans la tête d'Olive n'était pas déjà en pagaille. Si elle avait eu les épaules assez solides pour supporter la vérité en face, mais ce n'était pas le cas. Elle n'était pas prête Olive à affronter le monde, pas prête à se sentir mieux. Ce n'était ni le bon endroit, ni le bon moment. « J'vais rejoindre Midas du coup. » C'était surtout des mots pour elle, parce qu'après tout, elle savait que Jo n'en aurait que cure. Mais elle pouvait pas rester encore là, plantée comme un arbre dans le sol boueux du festival. Fallait qu'elle tienne le coup, encore quelques instants seulement. Elle s’effondrerait plus tard Olive, parce qu'elle ne valait pas mieux que cela pour l'instant. Pas mieux qu'une brindille sur laquelle on venait de marcher sans trop de force. Une prochaine fois peut-être. Alors, elle tourna les talons, le choc amortit par ses jambes qui filaient à contre-sens de ses envies. Fallait pas qu'elle reste, c'était compris, elle demanderait pas son reste.

@Jo Carter