a wrinkle in time like the crease by your eyes

@rory craine

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lieu: logements, bayside.

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Il y avait deux choses qui étaient absolument à différencier pour comprendre la situation qui allait suivre: ce n’était pas parce-que Ruben ne désirait pas avoir d’enfants maintenant qu’il ne les appréciaient pas. S’il avait opté pour l’option où Nina mettait un terme à sa grossesse, c’était avant et pour tout pour des raisons de logique, d’organisation et d’avenir. Il ne désirait pas avoir d’enfants à un moment où sa carrière était en train d’éclore et où un bambin serait venu lui prendre du temps, de l’énergie, des occasions de briller davantage comparé à certaines autres de ses collègues qui n’avaient pas ce type d’obligations. Il savait également que l’arrivée d’un enfant au sein d’un foyer faisait revoir les priorités et changer la donne au sein d’un couple, et ce n’était pas là quelque-chose qu’il voulait voir être chamboulé - initialement, les choses n’ayant pas été dans le sens qu’il aurait pu anticiper une fois qu’il avait énoncé haut et fort sa vision des choses à sa fiancée; s’il aurait voulu que rien ne change, tout était devenu d’autant plus complexe dans les mois qui avaient suivi. Dans tous les cas, ce n’était pas parce-que Ben n’avait pas l’envie, ou même ne ressentait pas le besoin de fonder une famille de suite que c’était là pour répondre à une certaine aversion de sa part face aux êtres humains miniatures. Ils aimaient les enfants, les trouvaient fascinants et adorait les entendre rire - ceux des autres, cependant.

Là était la raison pour laquelle lorsqu’il se pointa se jour là chez Rory et Swann, il portait son plus beau sourire pour pub de dentifrice et qu’il se montrait excité comme un enfant le soir de Noël. Bien sur qu’il avait on ne pouvait plus hâte de rencontrer la petite, de voir l’ajout qu’elle apportait au tableau familial que les deux futurs mariés représentaient, et de surtout voir le bonheur que ce petit être pouvait apporter à son ami de toujours. Oh, ce n’était en rien là une surprise que Craine désire fonder une famille, c’était un sujet qu’ils avaient ensemble abordé plus d’une fois, lorsqu’ils discutaient de leurs projets d’avenir. Ruben avait toujours su que c’était une évidence même, l’idée de découvrir Rory papa, et qu’il n’y avait qu’à attendre quelques temps pour que cela se voit être réalisé. Mais de justement pouvoir en devenir le témoin était un privilège auquel il avait plus que hâte d’avoir accès - raison pour laquelle il n’avait pas attend un jour de pas pour rendre visite au jeune père lorsque ce dernier lui avait donné le feu vert pour agir de la sorte.

Une fois garé devant l’adresse qu’il connaissait par coeur, il avait pris l’option d’envoyer un message à son ami plutôt que de sonner à la porte pour être sur de ne pas réveiller la petite - il voulait faire bonne impression dès leur rencontre, et pas qu’elle se mette à le détester dès les premiers instants partagés, même s’il existait de grandes chances qu’elle ne se souvienne absolument pas de ce moment. Patiemment alors, il avait attendu devant la porte que le brun viennent lui ouvrir, ne se défaisant pas de son gigantesque sourire lorsque ce fut le cas. Ben n’avait ensuite pas attendu un seul instant supplémentaire pour faire un pas en avant et pour prendre Rory dans ses bras, resserrant son éteindre autour du corps de son ami peut-être plus que de raison: il était heureux pour lui, ne comptait pas s’en cacher, et comptait surtout le faire savoir. « J’arrive pas à croire qu’on peut enfin le dire: t’es papa mon grand. » Se reculant légèrement, il avait pris le visage de Craine entre ses mains, et avait tapoter l’une de ses joues d’une main en laissant échapper un rire. « Tu peux pas savoir depuis quand j’attends de pouvoir voir ça. » Surement depuis moins longtemps que Rory lui-même, c’était un fait, mais c’était tout de même assez conséquent pour perte notifié. {color=steelblue]» J’espère qu’elle dort pas parce-que j’ai hâte de la rencontre. »[/color] Les photos c’était bien, mais ça n’était rien comparées à l’idée de voir la petite de ses propres yeux. « Et comme ça, j’aurais les mains débarrassées: tiens. » Gardé dans sa main jusqu’à cet instant, il remit à Rory un petit cadeau dans lequel se trouvait une peluche, un pyjama et une blouse de médecin taille miniature - bien sur qu’il avait osé et qu’il l’aurait fait, si ça n’avait été aujourd'hui un autre jour. » C’est complété de quelques séances de baby-sitting gratuites pour quand vous aurez envie de vous prendre un peu de temps pour vous deux. Ou dans un futur plus proche, si vous avez trop de pain sur la planche avec le mariage qui arrive et que vous avez besoin d’un coup de main.» Et en réalité, qu’importe le motif ou le moment où ils pourraient avoir besoin de lui, Ben se montrerait présent et ferait en sorte de se libérer pour les aider.

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@RUBEN HARTFIELD & RORY

C'était un véritable défilé qui se jouait depuis plusieurs jours chez Swann et Rory, pour le plus grand bonheur du couple qui se réjouissait toujours de recevoir leurs amis mais éprouvait une joie encore plus grande à leur ouvrir la porte depuis que la petite dernière de la famille les avait officiellement rejoint. Parce qu'ils le savaient, tout ce petit monde avait à cœur de rencontrer officiellement Robin, qui du haut de ses quatre mois faisait déjà tourner toutes les têtes et fondre tous les cœurs. Ça n'était pas Rory qui irait dire le contraire, alors qu'il profitait au maximum de chaque instant passé auprès de leur fille et redoutait parfois de rater un moment important rien qu'en s'absentant cinq minutes pour lancer une lessive ou aller faire des courses. Un sentiment qu'il savait partagé par Swann et sur lequel le couple ne manquait jamais de plaisanter, alors que beaucoup trouveraient peut être qu'ils en faisaient trop à couver leur fille comme ils le faisaient. Seulement, ils avaient attendu des années de pouvoir vivre un bonheur aussi grand que celui de devenir parents et avaient encore traversé des mois d'incertitudes avant de se voir octroyer le même droit que n'importe quel autre couple. Tout ça décuplait forcément la joie qu'ils éprouvaient à veiller sur ce petit être que si souvent ils avaient espéré pouvoir serrer dans leur bras et qui aujourd'hui, enfin, comblait officiellement leur vie de ses rires et de ses gazouillements.

Entendre la sonnette retentir était donc habituel pour le couple, et c'est une nouvelle fois avec un enthousiasme non dissimulé que Rory s'empressa d'aller ouvrir la porte, sachant parfaitement qui se trouverait derrière celle-ci. Ruben l'avait prévenu de sa visite et le jeune père s'était dès lors impatienté de retrouver son ami, qui lui était inséparable depuis de nombreuses années et répondait encore aujourd'hui présent pour lui maintenant que sa vie avait pris un virage particulièrement précieux et symbolique. Et ça valait son pesant d'or pour Rory, de voir que malgré le temps écoulé et le fait qu'ils aient emprunté des chemins parfois différents, certaines choses étaient vouées à rester les mêmes. « J’arrive pas à croire qu’on peut enfin le dire: t’es papa mon grand. » Une entrée en matière qui ressemblait bien au cadet Hartfield et qui tira à Rory un rire sincère, alors qu'il n'aurait probablement pas osé rêver d'entendre ces mots-là il y a encore quelques années, quand pourtant son désir de fonder une famille était déjà bien présent. « Tu peux pas savoir depuis quand j’attends de pouvoir voir ça. » - « C'est dingue, pas vrai ? Hier encore toi et moi on se retrouvait pour courir et boire des cafés, et aujourd'hui mon quotidien est constitué de couches, de biberons et de sièges auto. » Un contraste d'autant plus saisissant lorsqu'on savait qu'ils s'étaient connus une quinzaine d'années plus tôt et avaient presque tout traversé ensemble, joies comme désillusions, réussites comme échecs. « Et tu veux que je te dise ? J'ai jamais été plus heureux. Tout ça, ça compense largement les nuits trop courtes et le désordre. » Et il était parfaitement sincère, tel que Ruben n'en douterait sûrement pas en voyant son sourire éclairer entièrement son visage et son regard briller d'une joie incomparable. C'était simplement un sentiment unique, de pouvoir dire qu'il était père et d'entendre ses amis prononcer ce mot à leur tour, tel un rêve bel et bien devenu réalité. « J’espère qu’elle dort pas parce-que j’ai hâte de la rencontrer. » Il va sans dire que c'était là la principale raison à la visite de Ruben, sans pour autant que Rory en soit jaloux une seule seconde. « T'as de la chance, elle vient de finir sa sieste. Je l'ai installée dans le salon. » En prévision de cette visite, bien sûr, mais aussi parce que Swann et lui tenaient à ce que leur fille passe un maximum de temps auprès d'eux et puisse se familiariser jour après jour avec son nouvel environnement, dans cette maison que le couple avait principalement choisie parce qu'elle se prêtait parfaitement à leurs yeux à la construction d'une vraie vie de famille.

« Et comme ça, j’aurais les mains débarrassées: tiens. » Ses lèvres s'entrouvrirent pour former un « O » surpris, non pas que Ruben ne soit pas venu les mains vides mais parce que le jeune médecin semblait avoir vu grand et décidé de gâter la fillette. « Tu sais que t'étais pas obligé. » Et son sourire, déjà étiré de part et d'autre de son visage, se fit un peu plus ému lorsqu'il découvrit finalement le contenu du petit sac. Une peluche aussi craquante qu'on pouvait l'imaginer, un pyjama qui servirait sans le moindre doute et une adorable petite blouse de médecin, clin d’œil qui n'échappa évidemment pas à Rory et qui ne l'étonna pas complètement non plus, pour connaître le jeune homme par cœur. « Ruben, c'est vraiment adorable. La petite blouse va faire craquer Swann quand il verra ça. Merci beaucoup. » Tous les cadeaux reçus ces derniers jours leur avaient fait chaud au cœur, mais celui-ci avait en plus la particularité de ne ressembler à aucun autre et ça faisait forcément son petit effet sur l'acteur, qui avança finalement d'un pas vers Ruben pour l'étreindre et le remercier. « C’est complété de quelques séances de baby-sitting gratuites pour quand vous aurez envie de vous prendre un peu de temps pour vous deux. Ou dans un futur plus proche, si vous avez trop de pain sur la planche avec le mariage qui arrive et que vous avez besoin d’un coup de main.» Les derniers préparatifs du mariage rajoutaient une certaine dose de stress à leur quotidien, déjà bouleversé par l'arrivée de la petite Robin, alors Rory ne prétendrait pas qu'un coup de main n'était jamais le bienvenu. C'était bel et bien le cas, parce qu'ils n'étaient pas des sur-hommes et que tout s'était enchaîné à toute vitesse pour eux ces derniers mois. La proposition de son ami, en plus de ne pas tomber dans l'oreille d'un sourd, le touchait donc au plus haut point. « J'avais établi depuis longtemps que t'étais un ami et un beau-frère en or, mais là tu viens encore de gagner des points. » Etait-il encore permis de douter que Ruben cochait absolument toutes les cases, depuis l'instant où il était entré dans sa vie puis dans celle de sa sœur ? Même très occupé par son travail à l'hôpital, il trouvait encore le moyen de se proposer de les aider et ça n'était pas rien, bien sûr, pour un Rory conscient d'à quel point son quotidien était chargé. « Plus sérieusement, tu sais à quel point j'apprécie ton aide. Et puis, t'es techniquement tonton maintenant. On va pas chipoter, tu sais que c'est tout comme avec moi. » Nina et lui partageaient la vie l'un de l'autre depuis maintenant assez d'années pour que ce genre de subtilités n'aient plus leur place dans le langage qu'ils employaient. Et parions qu'il n'en serait pas autrement pour Robin, lorsqu'elle grandirait au contact d'un Ruben auquel il était bien impossible de ne pas s'attacher. « Allez viens, suis-moi. » Il lui intima finalement, devinant qu'il s'impatientait de rencontrer celle dont le nom était sur toutes les lèvres – à commencer par celles de ses pères, remplis de fierté depuis qu'elle les avait rejoint. « Je te présente Robin, notre petite merveille. » Et s'accroupissant au sol pour arriver à hauteur de sa fille, allongée dans son transat et dont les yeux curieux analysaient le visage de leur visiteur, Rory déposa une caresse sur le petit ventre de Robin. « Maintenant tu comprends pourquoi Swann et moi on en est complètement gaga et... oh, j'ai l'impression qu'elle te fait des sourires. » Et son regard ne pourrait pas s'attendrir davantage devant la scène qui se jouait sous ses yeux, alors que sa fille semblait avoir adopté Ruben en un seul regard, à l'instar du reste de la famille Craine.

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@rory craine

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« C'est dingue, pas vrai ? Hier encore toi et moi on se retrouvait pour courir et boire des cafés, et aujourd'hui mon quotidien est constitué de couches, de biberons et de sièges auto. » Ruben gardait son sourire ancré sur ses lèvres, parce-que les paroles du brun étaient vraies et que c’était là un bon résumé des dernières années entre eux. Le point qui n’avait pas besoin d’être précisé, c’était que pour le chirurgien c’était toujours là son quotidien, alors que ce dernier aurait pu s’apparenter à celui de son ami si certaines décisions n’avaient pas été prises un an plus tôt. « Et tu veux que je te dise ? J'ai jamais été plus heureux. Tout ça, ça compense largement les nuits trop courtes et le désordre. » Recentrant ses pensées sur les paroles de Rory, son sourire regagna en authenticité avec ses dernières paroles. « Tu peux pas savoir combien je suis content d’entendre ça. » Parce-que son bonheur avait toujours été quelque-chose d’important aux yeux de Ben, et savoir son ami dans son élément et accomplissant certains de ses rêves étaient peut-être la plus belle récompense des années passées à ses côtés. Il n’y était pour pas grand chose, il le savait parfaitement, mais il ne pouvait s’empêcher de sentir son coeur s’emplir de fierté en le voyant ainsi - en témoignait son sourire niais dont il ne savait pas se défaire, ce qui n’était pas tout à fait dans ses habitudes. Et même s’il était ravi de parler du bonheur de celui qui se tenait à ses côtés, ce n’était pas pour lui qu’il avait fait le déplacement aujourd’hui - et il ne s’en cachait même pas. « T'as de la chance, elle vient de finir sa sieste. Je l'ai installée dans le salon. » - « Ca c’est une bonne nouvelle ! »

Mais d’abord, avant de se montrer parfaitement disposé à rencontrer la petite Robin, il se devait de se débarrasser les bras de ce qu’il avait apporté avec lui - et la gamine n’était pas assez grande pour le moment pour être celle recevant ses propres présents, alors Ben les refila dans les bras de son père, en faisant abstraction de la surprise sur le visage de ce dernier. « Tu sais que t'étais pas obligé. » - « Bla-bla-bla - me fais pas ton discours à deux balles, tu sais très bien que j’aurais rien suivi et que je serais quand même venu les mains pleines dans tous les cas. » Et qu’il continuerait de le faire à chaque fois qu’il verrait la petite, qu’importe ce que pourraient en dire ses pères. Surtout qu’il état particulièrement fier de la petite blouse qu’il avait trouvé. « Ruben, c'est vraiment adorable. La petite blouse va faire craquer Swann quand il verra ça. Merci beaucoup. » Faisant un petit clin d’oeil à Rory, il compléta ses cadeaux physiques en précisant qu’il était également prêt à leur prêter main forte, qu’importe si c’était parce-qu’ils avaient besoin de souffler le temps d’une soirée, ou parce-qu’ils se trouvaient avoir un peu trop de pain sur la planche avec le mariage qui pointait le bout de son nez d’ici à quelques semaines. « J'avais établi depuis longtemps que t'étais un ami et un beau-frère en or, mais là tu viens encore de gagner des points. » Il eut un petit rire - et dut retenir la pointe de nervosité qui aurait pu se faire entendre dans ce dernier; son ami était trop dans un nuage hors du monde de toutes façons pour noter ce genre de détails en ce moment. « Plus sérieusement, tu sais à quel point j'apprécie ton aide. Et puis, t'es techniquement tonton maintenant. On va pas chipoter, tu sais que c'est tout comme avec moi. » Il plissa le bout de son nez, venant appuyer sa main sur l’épaule de son ami. « Je dis pas que j’attendais que tu le dises, maiiiiis… » Bien sur qu’aux yeux de Ben, il était tonton et la discussion n’avait pas lieu d’avoir; après tout, il faisait partie des paysages Craine depuis tellement longtemps, que chipoter ne serait d’aucun sens.

« Allez viens, suis-moi. » Il ne se fit à aucun moment prier pour suivre Rory jusqu’au salon, où la petite était sagement installée dans son transat, ses grands yeux cherchant à découvrir et à détailler chaque élément à sa portée. Bien sur qu’à partir du moment où il entra dans la pièce, toute l’attention de Ruben fut dirigée vers la petite. « Je te présente Robin, notre petite merveille. » A l’instar de son ami, Ben s’accroupit aux côtés du transat pour être à hauteur de Robin, dont les yeux s’étaient désormais mis à détailler chaque parcelle du visage du médecin. Instinctivement, un sourire attendri s’étira sur les lèvres de Ben; à le voir ainsi, il était vraiment difficile de croire qu’il ne désirait pas une version miniature d’un doux mélange de Nina et de lui. « Salut Robin. » Même sa voix avait pris un timbre un brin plus niais, s’accordant presque parfaitement avec son sourire. « Maintenant tu comprends pourquoi Swann et moi on en est complètement gaga et... oh, j'ai l'impression qu'elle te fait des sourires. » Il était vrai que le visage de la petite semblait s’illuminer alors qu’elle ne lâchait pas Ben du regard; ses joues s’arrondirent sous la pression des semblants de sourires qu’elle tentait de lui adresser tant bien que mal, et cela arracha un petit rire à Hartfield. « Ce serait difficile de pas l’être. » Tentant son doigt, Robin l’attrapa et se mit à le secouer dans l’air, agitant ses pieds en rythme et émettant des gazouillis sans aucun sens mais clairement destinés à Ben. « Et tu parles déjà ? T’es vraiment un bébé formidable, alors. » Il resta un instant de plus à ne rien dire davantage, et peut-être un autre également à contempler ce petit être qui semblait se tenir à l’endroit même où elle était. Lentement, il remonta son regard vers Rory. « Félicitations à vous. Vous allez être de super papas pour elle, je le sais d’avance. » Il avait un amour infini à partager, et un petit être prêt à le recevoir: rien ne pouvait être plus parfait. « Tu penses que… Je peux la prendre dans les bras ? » Son regard passait successivement de Rory à Robin, s’attardant finalement sur l’adulte et le responsable des deux, alors qu’un sourcil s’était haussé sur le visage de Ruben. De toutes façons, la petite agrippait avec une telle force toujours le doigt de son tonton qu’il n’était pas possible qu’il se défasse de cette dernière facilement, alors autant qu’il la récupère dans ses bras, non ? Ou était-ce simplement une excuses toute faite de laquelle il était prêt à user sans aucune honte alors qu’il avait simplement envie d’avoir la petite dans ses bras ? Il aurait bien rajouté un promis je pars pas en courant avec pour rire, mais il savait que ce n’était plus le genre de remarque ou de blague qui ferait rire son ami; il aurait du même avoir honte de penser que cela pouvait à un moment être amusant, mais ce n’était malheureusement pas le cas - il se passa de tous ces commentaires là, les gardant dans un coin de sa tête, se contentant de faire une petite moue suppliante. « S’il te plaiiiiit ? »

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@RUBEN HARTFIELD & RORY

« Tu peux pas savoir combien je suis content d’entendre ça. » Voir combien son bonheur et celui de Swann pouvaient importer aux yeux de Ruben touchait forcément Rory au plus haut point, tandis qu'il se réjouissait de son coté de le partager avec un ami aussi cher que pouvait l'être le médecin. Tous les deux, ils se connaissaient depuis assez d'années pour que l'idée qu'ils vivraient un jour une vie d'adultes pleinement responsables leur ait sans doute paru loin, à une époque, et voir à quel point ils avaient tous les deux évolué avait quelque chose de sincèrement précieux. « Tu risques de devoir t'y habituer, d'après Wendy je suis un peu en boucle. Mais je crois qu'elle dit surtout ça pour m'embêter. » Sa sœur aimait simplement insister sur le fait qu'il était encore plus émotif depuis qu'il était devenu père, ce qu'il ne chercherait pas à nier et n'avait pas la moindre chance de le vexer non plus. « Ça c’est une bonne nouvelle ! » Le timing était on ne peut plus parfait, Ruben allait avoir l'occasion de rencontrer une Robin parfaitement éveillée, pour le plus grand bonheur de son ami. « Elle voulait pas rater ta visite. »

Que Ruben soit venu avec les mains chargées de cadeaux n'avait rien d'une surprise, mais ça n'en était pas moins la source de beaucoup d'émotion chez l'acteur, qui s'attendrissait chaque fois qu'un de ses proches avait à cœur de gâter sa fille. Elle méritait toutes les peluches et tous les petits ensembles du monde à ses yeux, mais c'était une chose de dévaliser les boutiques avec Swann et une autre de voir son meilleur ami prendre la même peine. « Bla-bla-bla - me fais pas ton discours à deux balles, tu sais très bien que j’aurais rien suivi et que je serais quand même venu les mains pleines dans tous les cas. » Il marquait un point, Ruben, et ça ne pouvait qu'amuser Rory. « C'est clair, t'en as toujours fait qu'à ta tête de toute façon. Mais ça me touche beaucoup, vraiment. » Il savait que son ami voudrait marquer le coup et gâter sa fille, lorsqu'ils avaient convenu de se retrouver, mais qu'il ait vu aussi grand prouvait une nouvelle fois combien Ruben était d'une nature dévouée et généreuse sous cette apparence imperturbable et pleine d'assurance, ce dont Rory n'avait quant à lui jamais douté. « Attends-toi à recevoir un sms de remerciement de Swann dès ce soir. » Ou à ce qu'il l'invite à boire un café dans les prochains jours, il connaissait son fiancé par cœur et savait que Swann voudrait le remercier comme il se doit à défaut d'avoir été là au moment de sa visite. Que les deux hommes s'apprécient sincèrement était l'une des nombreuses joies qu'apportait dans sa vie l'existence de Ruben, sans qui il n'aurait pas pu imaginer vivre un tel bonheur que celui de devenir père. Après tout ce qu'ils avaient partagé, c'était dans l'ordre des choses de célébrer la nouvelle avec lui. « Je dis pas que j’attendais que tu le dises, maiiiiis… » Bien sûr qu'il faisait partie de la famille et qu'il serait l'oncle Ruben pour sa fille, il y a longtemps qu'ils avaient décidé de ne pas accorder d'importance aux petits détails. Et en étant fiancé à sa sœur, il méritait ce titre plutôt deux fois qu'une. « Et à juste titre. Si Nina et toi vous étiez pas aussi occupés par le boulot, on sait tous les deux que vous seriez sûrement passés devant l'autel avant nous. » Réalisant que ça pourrait lui donner l'impression qu'il les pressait à sa façon, quand c'était tout sauf le cas, il se reprit rapidement et dans un sourire. « Y'a pas de pression à se mettre, vous avez tout le temps. » Se fiancer ne voulait pas dire qu'ils étaient forcés de passer par la case mariage au bout de quelques mois, chaque couple fonctionnait différemment et ils étaient en droit de patienter le temps qu'ils souhaitaient, de faire les choses à leur façon. Rory serait profondément heureux pour eux le jour où ils se lanceraient officiellement dans les grands préparatifs, mais personne ne leur en voudrait d'attendre, surtout après les derniers mois.

Intimant son ami de le suivre jusqu'au salon, où attendait calmement sa fille, c'est avec un brin d'émotion dans le regard que Rory supervisa la rencontre entre Ruben et Robin ; une rencontre qu'il attendait forcément avec impatience. « Salut Robin. » L'entendre adapter sa voix et prendre un ton plus doux tira un sourire à l'acteur, que cette vision confortait au fond de lui dans l'idée que si les circonstances avaient été très différentes et ne s'étaient pas soldées par un épisode aussi douloureux entre sa sœur et lui, Ruben aurait fait lui aussi un très bon père. « Ce serait difficile de pas l’être. » - « Quatre mois et elle fait déjà craquer tout le monde. J'ai pas hâte de voir ce que ce sera quand elle aura dix-huit ans. » Oh, il savait déjà que Swann et lui veilleraient sur ses fréquentations et s'inquiéteraient beaucoup trop, déjà inévitablement protecteurs et incapables de ne pas passer constamment une tête dans la chambre de leur fille pendant que celle-ci dormait. Rien de vraiment étonnant lorsqu'on les connaissait. « Et tu parles déjà ? T’es vraiment un bébé formidable, alors. » L'échange, qui sans surprise se déroulait sans la moindre encombre, avait tout pour émouvoir Rory. Sa fille, dont les grands yeux curieux scrutaient attentivement les traits de Ruben, répondait très positivement à la présence du jeune médecin et semblait n'avoir mis que quelques secondes à l'adopter. « Swann et moi on rêve déjà du jour où « papa » sera son premier mot. Et non, y'a pas moyen qu'il en soit autrement, ça nous briserait beaucoup trop le cœur. » Et il avait beau le souligner sur le ton de la plaisanterie, il est certain qu'ils espéraient autant l'un que l'autre pouvoir partager ce bonheur lorsque leur fille serait en âge de parler. Dans leur situation, et si tout se passait comme ils l'espéraient, il ne devrait pas y avoir de déçus. « Félicitations à vous. Vous allez être de super papas pour elle, je le sais d’avance. » Si son sourire s'étira davantage, c'est surtout son regard qui laissa transparaître à quel point ces mots-là le touchaient. Peu importe le nombre de fois qu'on avait pu le leur dire, l'effet était toujours le même sur eux. « Merci beaucoup, Ruben. On attend ce moment depuis si longtemps qu'on veut bien faire, maintenant. » Ils avaient conscience de la chance qui leur était donnée d'enfin réaliser leur rêve, que tous les couples ne se la voyaient pas offrir ou qu'au terme de longues et épuisantes années d'attente. Ils faisaient partie des chanceux, de ceux qui ne se contentaient plus seulement d'en rêver.

« Tu penses que… Je peux la prendre dans les bras ? » - « C'est vraiment une question ? » Rory s'amusa, un petit air malicieux sur le visage, évidemment conscient que Ruben ne le ferait jamais sans obtenir sa permission et qu'il saurait se satisfaire d'un refus dans le pire des cas. Ça n'était évidemment pas près d'arriver, et pas seulement parce que les doigts de sa fille ne semblaient plus décidés à lâcher ceux de Ruben. « S’il te plaiiiiit ? » Voir son petit air suppliant convainquit Rory de faire cesser le suspense, tandis qu'il souffla d'une voix douce. « Bien sûr que tu peux. Regarde, je crois qu'elle attend que ça. » Robin raffolait des câlins, surtout lorsqu'ils venaient de quelqu'un qui comme Ruben s'était fait accepter en un éclair par le tout jeune bambin : nul doute que sa fille n'était pas différente de lui sur ce point. Se penchant ainsi vers le transat où elle était installée, Rory la prit délicatement dans ses bras avant de se tourner vers Ruben et de la déposer entre les siens, songeant que ce serait peut être moins intimidant ainsi. « Tout doux, voilà. » Robin trouva rapidement une position confortable entre les bras du médecin, que ses yeux ne lâchaient décidément pas tandis que ses petits gazouillements, eux, reprenaient de plus belle. « Tu peux t'installer sur le canapé si tu veux. » S'il se sentait plus à l'aise que de rester debout. « Ça va être l'heure de son biberon, tu veux le lui donner ? » Son regard retrouva celui de Ruben, à qui il ne voulait pas mettre de pression. Peut être voudrait-il essayer, peut être préférerait-il passer son tour. « Y'a pas d'obligation. Je trouve juste que tu t'en sors très bien. » On pourrait presque croire qu'il avait fait ça toute sa vie, et sa fille semblait à l'aise avec lui. Fidèle à lui-même, Ruben ne commettait pas la moindre erreur et se montrait prudent et délicat. « Promis, c'est pas un test pour savoir si notre fille sera entre de bonnes mains lorsque Swann et moi on te la confiera. On sait déjà que ce sera le cas. » Il se permettait de parler au nom de l'anglais, pour une fois, d'ors et déjà assuré que Swann en penserait la même chose et saurait leur fille en sécurité auprès de Ruben. Si ses heures de boulot lui laissaient assez peu de temps libre, il savait que son ami ne lui proposerait pas de les dépanner de temps à autres s'il n'était pas prêt à dégager un peu de temps pour garder Robin : rappeler à quel point il lui faisait confiance n'était sûrement plus utile, depuis le temps.

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« Tu risques de devoir t'y habituer, d'après Wendy je suis un peu en boucle. Mais je crois qu'elle dit surtout ça pour m'embêter. » Un fin sourire étira les lèvres de Ben. « Je sais qu’elle aime bien te taquiner, mais je serais pas étonné si c’était vraiment le cas. Que tu sois en boucle. » Et c’était là avec aucun reproche dans la voix qu’il le disait: bien sur que Rory allait être en boucle sur sa fille et sur son nouveau statut de père, puisque c’était là quelque-chose de très important pour lui et un changement non-négligeable dans son quotidien. « Elle voulait pas rater ta visite. » Cette fois-ci, peut-être que c’était lui qui avait un brin de niaiserie dans son sourire. Si ça n’avait pas été le cas, cela n’aurait pas été si grave que Robin n’ait pas terminé sa sieste avant qu’il n’arrive, car c’était là l’une des rares choses dont les enfants avaient vraiment besoin à cet âge là. Mais de savoir qu’elle était éveillée et qu’il allait pouvoir faire sa connaissance et bonne et due forme le renait ravir - il s’agissait de la fille de l’un de ses meilleurs amis, et il était même devenu ami avec le mari de ce dernier à travers les années: il ne manquerait une telle rencontre pour rien au monde.

« C'est clair, t'en as toujours fait qu'à ta tête de toute façon. Mais ça me touche beaucoup, vraiment. » Il ajouta un petit rire à ses yeux levés au ciel. « T’es si dramatique. » - « Attends-toi à recevoir un sms de remerciement de Swann dès ce soir. » - « Il a mon numéro, il sait où me trouver s’il le veut. » C’était loin d’être une étape obligatoire pour Swann, ce n’était bien sur pas de cette façons là qu’il avançait ses paroles; simplement qu’il connaissait assez bien malgré tout maintenant le futur mari de Rory pour savoir qu’il agirait de la sorte qu’importe ce que lui pourrait bien dire. Alors, il n’émettait aucune objection. Surtout si en contre partie, il obtenait le titre d’oncle Ruben, qui lui plaisait bien à l’oreille. « Et à juste titre. Si Nina et toi vous étiez pas aussi occupés par le boulot, on sait tous les deux que vous seriez sûrement passés devant l'autel avant nous. » Touché, Rory; si seulement c’était là qu’une question d’être trop occupés par le boulot seulement. Il ne pouvait pas le savoir, bien sur, puisque le but était que peu à pas de personnes soient au courant des réelles raisons. Ruben ne put tout de même s’empêcher de pincer ses lèvres un instant, et Craine se reprit de suite, ajouta une précision à ses paroles sans atteindre un instant de plus. « Y'a pas de pression à se mettre, vous avez tout le temps. » - « Tant qu’elle apprend à m’appeler tonton Ruben dans tous les cas. » Et à la suite, il fit un petit clin d’oeil pour montrer à Rory qu’il comprenait sa maladresse et qu’il n’était pas question de ressentir la moindre pression de son côté.

Désormais, ils avaient tous deux rejoint le salon et se tenait autour de la petite, dont les grands yeux s’étaient posés sur les traits du visage de Ben et ne savaient les lâcher. « Quatre mois et elle fait déjà craquer tout le monde. J'ai pas hâte de voir ce que ce sera quand elle aura dix-huit ans. » Il eut un petit rire, secouant quelque peu son visage. « Vous allez être insupportables avec elle quand elle aura dix-huit ans. » Et puis, tournant son visage vers Robin et prenant une voix bien plus aiguë. « Mais t’en fais pas, je te donnerai un coup de main pour te débarrasser d’eux moi quand t’auras besoin. » Le pire ? Ce n’était même pas une blague. « Swann et moi on rêve déjà du jour où « papa » sera son premier mot. Et non, y'a pas moyen qu'il en soit autrement, ça nous briserait beaucoup trop le cœur. » Les yeux qu’il déposa sur le visage de son ami étaient emplis d’un certain attendrissement. « Ca veut dire que j’ai pas le droit de lui apprendre stéthoscope en premier mot ? » Bien sur que Ben plaisantait et qu’il ne se permettait ce type de blagues que parce-que c’était Rory face à lui. Il comprenait parfaitement que l’envie principale des deux pères soit que leur fille prononce papa en guise de premier mot. Quelque chose disait à Ben qu’elle leur donnerait bien plus de fil à retordre que cela et que ce n’était pas là lac premier mot qu’elle prononcerait - ils verraient avec le temps. «  Merci beaucoup, Ruben. On attend ce moment depuis si longtemps qu'on veut bien faire, maintenant. » - « Vous faites déjà bien, j’en suis sur. » Il n’existait pas une seule situation où il doutait de cette partie là de l’histoire qu’ils écrivaient en famille.

Ils parlaient, ils parlaient, mais Ruben était d’attaque pour prendre la petite dans ses bras et pouvoir finaliser leur rencontre en bonne et due forme. « C'est vraiment une question ? » Bien sur que c’était vraiment une question - il n’agirait pas de la sorte s’il n’avait pas le feu vert de son ami. Il lui faisait même son plus beau regard de malheureux pour soutenir son idée. « Bien sûr que tu peux. Regarde, je crois qu'elle attend que ça. » Il était vrai que la toute jeune enfant semblant tendre ses bras vers les deux adultes qui la regardaient avec des yeux idiots, sans jamais lui donner le moindre coup de main pour être relevée justement. Rapidement à la suite de ses mots, Rory prit sa fille dans ses bras pour ensuite la déposer doucement dans ceux de Ben qui avait désormais toute son attention portée sur Robin. « Tout doux, voilà. Tu peux t'installer sur le canapé si tu veux. » Même s’il était debout, Ruben se trouvait plutôt à l’aise étant donné que la petite ne bougeait pas d’un pouce, sage comme un image à être lovée contre lui. Mais il savait aussi que de voir son enfant dans les bras de quelqu’un d’autre pouvait être source de stress, et il n’était pas question que ce soit le cas inutilement. Alors, presque docilement, il hocha la tête. « Oui, bien sur. » Et puis de toutes façons, avec la proposition que lui fit Rory à la suite, il était plus logique qu’il se retrouve à s’installer sur le canapé effectivement. « Ça va être l'heure de son biberon, tu veux le lui donner ? Y'a pas d'obligation. Je trouve juste que tu t'en sors très bien. » Les regards des deux amis se croisèrent en cet instant, et la première réponse de Ruben se fit sous forme d’un petit sourire. Bien sur qu’il s’en sortait très bien, Ruben à qui peu de choses résistaient en règle générale; et puis, ce n’était pas la première fois qu’il prenait un enfant dans ses bras - ce n’était pas parce-q’iil avait formulé ne pas désirer des enfants lui-même pour le moment qu’il était inapte à s’occuper de ces derniers. « Promis, c'est pas un test pour savoir si notre fille sera entre de bonnes mains lorsque Swann et moi on te la confiera. On sait déjà que ce sera le cas. » La remarque arracha un petit rire au chirurgien. « Encore heureux. Mais j’ai révisé, tu peux m’interroger: je m’en sortirais bien dans tous les cas. » Parce-que Ruben s’en sortait toujours bien, même lors des interrogations surprises; il était formé pour gérer les urgences et les imprévus.

« T’as qu’à aller lui chercher son biberon pendant que je m’installe, tiens. » Et presque d’un mouvement de menton, il congédiait Rory - le relayait surtout au rang de simple serviteur pour sa propre fille. Pendant ce laps de temps là, Ben tint sa part du marché et alla s’installer dans le canapé, les yeux de Robin ne lâchant pas un instant son visage, ajoutant ici et là un petit commentaire sous forme de habillements qui n’avaient pas grand sens mais qui faisait beaucoup sourire Ruben. « Tu perds pas une occasion de dire quelque-chose toi, hein. » Déjà, Craine revenait avec eux dans le salon, et sans attendre parce-qu’il voyait bien tout de même que la petite commençait à avoir faim maintenant surtout qu’elle avait compris ce qui arrivait, Ruben tendit sa main libre vers le brun pour récupérer le biberon. Et à cette vision qu’il avait sous les yeux, il ne put s’empêcher d’avoir un petit rire, se secouer quelque peu son visage. « Si le moi d’il y a quelques années nous voyait maintenant, je pense qu’il perdrait connaissance assez rapidement. » Et comme si c’était là une réflexion normale à faire et avoir, il se concentra de nouveau sur le biberon et l’enfant dans ses bras.

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« T’es si dramatique. » Son rire se joignit à celui de Ruben, avec qui il était heureux de constater que les choses n'avaient pas changé, même maintenant qu'il était devenu père et qu'ils avaient chacun passé différents caps dans leur vie de jeunes adultes. C'était toujours aussi simple et naturel, d'échanger et de plaisanter avec celui qui demeurait aujourd'hui son plus vieil ami. « J'ai fait mes armes sur la scène d'un théâtre, bien sûr que je suis dramatique. » Et en tant que tel, il ne résista pas à l'envie de prendre une pause mélodramatique pour appuyer cette idée, quand bien même il avait en vérité toujours considéré que le vrai Rory était bien différent de tous les personnages qu'il avait pu camper aussi bien sur scène qu'au cinéma ou à la télévision une fois redevenu simplement lui-même. Le succès ne l'avait pas changé, c'était au moins une certitude qu'il avait toujours eu pour lui en voyant que le regard que ses proches lui portaient, lui, était aussi resté le même. « Il a mon numéro, il sait où me trouver s’il le veut. » Son sourire s'étira un peu plus à l'idée que son futur mari ne laisserait assurément pas passer l'occasion de le remercier à son tour, et pas uniquement par politesse. Sa conviction profonde avait toujours été que Swann appréciait sincèrement Ruben, quand bien même les deux hommes n'échangeaient pas aussi souvent que pouvaient le faire Rory et son ami de longue date, principalement parce qu'il comptait sur l'acteur pour lui faire directement part de tout ce qui concernait Ruben. Ça ne les empêchait pas de s'apprécier réellement, Rory en était convaincu, et même si l'inverse aurait été étonnant cette idée suscitait forcément la plus grande joie chez lui. « Tant qu’elle apprend à m’appeler tonton Ruben dans tous les cas. » - « On veillera à ce que ce soit le cas. » Après tout, il le lui avait dit, ils ne chipoteraient pas sur ce genre de détails et il y avait fort à parier pour que leur fille non plus.

« Vous allez être insupportables avec elle quand elle aura dix-huit ans. » Oh, il n'avait sûrement pas tort sur ce point et cette idée tira un rire à l'acteur, qui s'imaginait un peu trop bien s'inquiéter outre mesure pour les fréquentations de sa fille lorsque celle-ci serait devenue adolescente. Une époque encore lointaine, heureusement : il ne voulait pas gâcher une seule seconde de ses premières années de vie. « Si Wendy me reproche déjà d'être trop étouffant et protecteur avec elle, imagine comment je serai avec ma fille. » C'était le problème quand vous aviez constamment besoin de veiller sur les autres et que vous preniez à cœur de leur éviter les désillusions par lesquelles vous étiez vous-même passé. Sa sœur et lui étaient extrêmement proches, mais il savait qu'elle apprécierait parfois qu'il soit moins sur son dos. « Mais t’en fais pas, je te donnerai un coup de main pour te débarrasser d’eux moi quand t’auras besoin. » - « Je sais qu'on pourra compter sur toi pour ça. » Il glissa sur un ton entendu et complice, absolument certain que Ruben ne se ferait pas prier pour rappliquer le moment venu, ce qui sous-entendait aussi qu'ils seraient aussi proches dans dix-huit ans qu'ils pouvaient l'être aujourd'hui. Une chose dont Rory n'irait jamais douter, tout simplement parce que le temps leur avait déjà prouvé que leur amitié pouvait résister à tout. « Ça veut dire que j’ai pas le droit de lui apprendre stéthoscope en premier mot ? » Un air amusé sur le visage, Rory réalisa que sa fille grandirait entourée de personnes toutes plus aimantes et attentionnées les unes que les autres, toutes impatientes de contribuer à son éducation et son enrichissement personnel ; une idée qui rendait tout ça un peu plus magique encore pour lui qui chérissait à l'avance chacun de ces moments. « Ça veut dire que ce sera malheureusement pas la priorité. Mais on pourra toujours s'arranger pour que ça figure dans son top 5, par contre. » Ruben saurait sans mal saisir la plaisanterie, et le fait que Swann et lui désirent en réalité laisser ce genre de choses entre les mains du hasard – ce qui ne les empêchait pas de souhaiter très fort que papa soit effectivement son premier mot. « Vous faites déjà bien, j’en suis sur. » Peu importe le nombre de fois où ils avaient entendu des mots similaires de la bouche d'un de leurs proches, ils comptaient plus que tout pour eux, comme en témoignait l'émotion inévitable dans le regard de Rory.

Une émotion qui s'intensifia encore un peu plus lorsque Ruben formula le souhait de prendre la petite dans ses bras – une requête que l'acteur n'avait pas le moindre risque de refuser, et pas seulement parce qu'une partie de lui espérait que cette première rencontre entre son meilleur ami et sa fille prendrait cette direction. Il n'y avait simplement rien de plus naturel à ses yeux et Ruben savait déjà qu'il lui faisait toute confiance pour être aussi doux et précautionneux que possible. La petite Robin passant des bras de son père à ceux de Ruben, Rory suggéra à son ami de prendre place sur le canapé pour adopter une position plus confortable. « Oui, bien sur. » Et parce que le moment lui semblait parfaitement choisi, ce fut à son tour de proposer au jeune médecin de donner lui-même le biberon à sa fille, non sans s'empresser d'ajouter qu'il n'avait aucune obligation d'accepter et que ça n'était pas un test, loin de là. « Encore heureux. Mais j’ai révisé, tu peux m’interroger: je m’en sortirais bien dans tous les cas. » Un petit rire amusé filtra d'entre les lèvres de Rory, qui secoua doucement la tête. « Je nierai pas que c'est tentant de te soumettre à une interro, mais je sais déjà que tu t'en sortirais avec la note maximale, petit génie. » Parce que c'était Ruben et qu'il n'imaginait pas un seul sujet que son ami ne soit simplement pas capable de maîtriser, ce qui valait aussi pour les tous jeunes enfants de ses amis et qui avaient certainement valu au médecin d'emmagasiner de nouvelles connaissances, rien que pour être pleinement opérationnel le jour où le couple aurait besoin de lui. Il suffisait de le voir à l’œuvre avec Robin, avoir les bons gestes et faire preuve d'autant de minutie que s'il se trouvait au bloc opératoire. « T’as qu’à aller lui chercher son biberon pendant que je m’installe, tiens. » - « D'accord, je reviens tout de suite. » Rory savait qu'il ne prenait pas le moindre risque en les laissant seul Robin et lui pendant qu'il s'absentait dans la cuisine pour finir de préparer le biberon et le rapporter dans le séjour. Ce qui ne lui prit effectivement que quelques instants, son regard s'attendrissant à nouveau lorsqu'à son retour, il surprit son ami en pleine conversation – à sens unique, ça va sans dire – avec sa fille de quatre mois. « Tu perds pas une occasion de dire quelque-chose toi, hein. » Désireux de laisser Ruben s'approprier l'instant sans le brusquer, il attendit que son ami se redresse pour lui tendre le biberon et observer ses gestes. « C'est parfait, tu t'en sors très bien. Elle va boire à son rythme et si tu sens qu'elle fatigue un peu, n'hésite pas à lui caresser doucement les pieds pour la stimuler. » Il serait là pour l'aider s'il avait besoin ou s'il fatiguait de tenir cette position avec Robin dans les bras, mais pour l'heure il trouvait particulièrement touchant d'observer Ruben faire preuve d'autant de concentration face à ce tout petit être qui ne le quittait plus du regard. « Si le moi d’il y a quelques années nous voyait maintenant, je pense qu’il perdrait connaissance assez rapidement. » Retrouvant le regard de son ami, Rory émit un rire plus doux au moment de souffler. « Ne me dis pas que tu nous imaginais nous perdre de vue après nos années fac, je pourrais pas le concevoir. » Il savait bien que non, que c'était plus ou moins une évidence pour l'un comme pour l'autre qu'ils entreraient dans la vie d'adultes ensemble tant leur amitié s'était consolidée dans le temps et après que la relation entre Nina et Ruben les aient rapprochés un peu plus. « A moins que toi aussi, tu misais pas grand chose sur l'état désastreux de ma vie sentimentale à l'époque ? Je pourrais pas te le reprocher, j'accumulais pas mal de malchance. » Il était aujourd'hui capable d'en rire, c'était le principal, et tout ça ne pourrait pas lui sembler plus anecdotique que depuis que Swann faisait de lui l'homme le plus heureux et que sa fille faisait de lui un père comblé. « Mais bizarrement, j'ai toujours su que si je réalisais un jour mon rêve de fonder une famille, tu serais là pour le fêter avec moi. Tout comme je savais que mes enfants t'adoreraient, et regarde, j'avais raison sur ce point-là aussi. » C'est un regard infiniment attendri que Rory reposa sur Ruben et sa fille Robin, dont le médecin prenait grand soin maintenant qu'il était occupé à lui donner son biberon. Une scène dont Rory avait sûrement rêvé à l'époque où il gardait l'espoir de rencontrer la personne faite pour lui – rien d'étonnant à ce que sa rencontre avec Swann ait sonné une telle évidence à ses yeux – et qu'il ne pourrait pas être plus heureux de voir se matérialiser aujourd'hui.

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« Si Wendy me reproche déjà d'être trop étouffant et protecteur avec elle, imagine comment je serai avec ma fille. » - « Insupportable, je viens de le dire. » Il ajouta un petit clin d’oeil amusé à sa réponse. Ses papas allaient être sur son dos, mais elle pourrait compter sur tonton Ruben pour lui donner un coup de main lorsqu’elle aurait envie de leur échapper. « Je sais qu'on pourra compter sur toi pour ça. » Il eut un petit rire qui sembla attirer l’attention de la petite dans sa direction. « Surtout pour vous mettre des bâtons dans les roues. » Pour les aider aussi, bien sur et sans la moindre hésitation; mais pour faire en sorte que leur vie soit plus amusante aussi. Il ferait partie de l’équipe qui apprenait les bêtises à Robin, que Rory en soit sur, et il comptait s’adonner à cette activité le plus rapidement possible - même si son ami voulait contrecarrer ses plans. « Ça veut dire que ce sera malheureusement pas la priorité. Mais on pourra toujours s'arranger pour que ça figure dans son top 5, par contre. »  Ruben releva son visage vers le jeune père pour lui tirer la langue. « Ca te va comme réponse ? » Et bien sur qu’il ajouta de paire un petit rire avec, tant toute la situation était ridicule, tellement irréaliste et pourtant tant dans la continuité de leur réalité.

De fil en aiguille, la conversation continua et Robin finit par passer des bras de son père à ceux de son futur oncle préféré - il ne fit pas l’affront de le dire à haute voix, juste au cas où Garrett ait des oreilles qui trainent ici aussi, déjà qu’il était à peu près sur que la présence de Ruben de façon générale ne l’enchantait guère. « Je nierai pas que c'est tentant de te soumettre à une interro, mais je sais déjà que tu t'en sortirais avec la note maximale, petit génie. » Ben lui adressa un petit clin d’oeil, avant de lui proposer d’aller chercher le biberon de la petite pendant qu’il s’installait dans le canapé. « D'accord, je reviens tout de suite. » Cela laissa le temps au chirurgien de tomber complètement en admiration copule devant la petite - pas un instant de plus, pas alors qu’elle le couvrait d’un tel regard et qu’elle lui adressait ce qui s’apparentait à de très jolis sourires. « C'est parfait, tu t'en sors très bien. Elle va boire à son rythme et si tu sens qu'elle fatigue un peu, n'hésite pas à lui caresser doucement les pieds pour la stimuler. » Ben hocha la tête, se mit à la tache - de toutes façons, il comptait sur Robin pour lui faire les gros yeux s’il n’allait pas assez vite.

« Ne me dis pas que tu nous imaginais nous perdre de vue après nos années fac, je pourrais pas le concevoir. » - « Oh non, pas ça non, je savais que je t’aurais dans mes pattes pendant encore bien des années dès le premier jour. » Ca avait fonctionné dès le début entre eux, Ruben avait toujours su qu’il avait trouvé un ami pour la vie à ce moment là; ce n’était vraiment pas cette partie là qui lui avait posé soucis à l’époque et qui pourrait étonner sa version passée. « A moins que toi aussi, tu misais pas grand chose sur l'état désastreux de ma vie sentimentale à l'époque ? Je pourrais pas te le reprocher, j'accumulais pas mal de malchance. » Il se permit  d’avoir un petit rire à la remarque de Rory. « Ca c’est un sujet de conversation à part, Craine, sinon ta file aura vraiment dix-huit ans quand on terminera d’en parler. » Il pouvait parler, il n’avait pas toujours été mieux de son côté - mais Rory aurait les connaissances pour le taquiner en retour s’il avait envie. « Mais bizarrement, j'ai toujours su que si je réalisais un jour mon rêve de fonder une famille, tu serais là pour le fêter avec moi. Tout comme je savais que mes enfants t'adoreraient, et regarde, j'avais raison sur ce point-là aussi. » Effectivement, Robin déposait un regard déjà plein d’admiration sur Ruben, et aucun des deux n’était étonné que ce soit le cas. Il y avait certains points comme ça qui étaient établis silencieusement dans les esprits depuis des années. Mais ce n’était pas sur cette partie là que portait la réflexion initiale de Ruben - qui releva pendant quelques secondes son regard vers son ami. Oh, il avait la confirmation avant de poser la question, mais il se devait de le faire: il ne risquait plus rien désormais. « Alors comme ça, tu t’en es jamais aperçu hein ? » Ce n’était pas possible autrement, il ne réagirait pas de cette façon là aujourd’hui. Les émeraudes de Hartfield s’arrachèrent au visage de Rory pour se reposer sur celui de sa fille. « Moi qui pensais que tu m’avais cramé dès le premier jour. Mais comme j’étais encore timide sur ça à l’époque, j’ai jamais rien dit. En fait, tu t’en es jamais aperçu. » Ricanant légèrement, il se pencha pour déposer un baiser sur le dessus du crâne de Robin. « Je savais que je serai à tes côtés pour célébrer les grandes étapes de ta vie, Craine, j’en ai jamais douté. » Il se racla la gorge. « Mais le petit Ben que j’étais à douze ans et qui était tombé amoureux de toi dès la première année a cru pendant longtemps que c’était avec lui que tu validerais ces étapes là de la vie. » Et peut-être pour la première fois de toute sa vie, ce fut consciemment et sans tenter de le cacher qu’il tourna un regard un brin gêné vers Rory. « Tu t’en étais jamais aperçu, pour de vrai ? » Un sourcil légèrement haussé, un air désolé dans le fond des yeux concernant l'information qu'il mettait aujourd'hui en lumière.

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« Insupportable, je viens de le dire. » Oh personne ne s'attendait vraiment à ce qu'il soit autre chose qu'un père surprotecteur avec sa fille, surtout lorsque celle-ci grandirait et serait en âge de fréquenter des garçons ou des filles. « Toi, je t'imagine déjà en tonton cool à qui elle se plaindra tout le temps de moi. » Ruben serait parfait dans ce rôle, il n'en doutait pas un seul instant, et à choisir il aimait autant que ce soit à lui qu'il revienne – peut être parce qu'il aurait au moins l'espoir de le cuisiner suffisamment pour lui faire avouer certaines confessions que lui aurait faites sa fille. « Surtout pour vous mettre des bâtons dans les roues. » - « Oh oui, pour ça aussi j'en suis sûr. » Il releva d'un petit air amusé, de plus en plus convaincu que Ruben n'y serait pas pour rien si Robin devenait une vraie petite rebelle en grandissait. Mais en venant d'une famille comme les Craine, n'était-ce pas déjà inscrit dans son ADN ? « Ça te va comme réponse ? » A le voir tirer la langue comme un enfant de huit ans, Rory expulsa un rire quelques peu attendri. « Je me demande si c'est comme ça que tu réponds aux médecins qui sont en désaccord avec toi quand vous êtes au bloc ? Parce que je donnerais cher pour voir ça. » L'image qu'il se représentait dans son esprit était en tout point hilarante, en tout cas.

Lorsque Ruben fit un parallèle entre leur situation d'aujourd'hui et l'époque où ils s'étaient connus, Rory se méprit visiblement sur le sens des propos de son ami, ce qu'il ne comprit que lorsque ce dernier reprit la parole. « Oh non, pas ça non, je savais que je t’aurais dans mes pattes pendant encore bien des années dès le premier jour. » Et ça le rassurait quelque peu, que lui aussi n'ait jamais vraiment douté du fait qu'ils resteraient inséparables même en grandissant, même en troquant les bancs du lycée puis ceux de la fac pour une vie d'adulte, rangée mais aussi beaucoup plus chargée et compliquée à certains égards. Ils avaient changé par la force des choses mais ne s'étaient jamais éloignés pour autant, et c'était un constat précieux pour l'acteur. « Ouais, t'as toujours su que tu te débarrassais pas de moi si facilement. » Il nota dans un petit sourire amusé, loin de s'attendre à la tournure que prendrait bientôt la suite de leur échange, manifestement trop naïf pour s'attendre à quoi que ce soit d'autre qu'une petite séance nostalgie entre deux amis qui avaient presque tout vécu ensemble. « Ça c’est un sujet de conversation à part, Craine, sinon ta file aura vraiment dix-huit ans quand on terminera d’en parler. » - « Et ça vaut pas vraiment la peine de s'étendre là-dessus, en vérité. » Sa vie sentimentale avait connu plus de bas que de hauts durant des années et avant qu'il ne rencontre Swann, ce n'était pas une époque dont il aimait spécialement se rappeler ou qui restait rattachée à de très bons souvenirs. Il ne regrettait rien parce que son passé avait aussi fait de lui celui qu'il était aujourd'hui, mais il regardait parfois en arrière en se disant qu'il avait fait confiance aux mauvaises personnes. « Alors comme ça, tu t’en es jamais aperçu hein ? » Une légère confusion se lut sans doute dans le regard de Rory, qui sonda celui de son ami comme s'il y cherchait des réponses. « Aperçu de... quoi ? » Son sourire portait la marque d'un certain amusement, ce petit jeu de devinettes lui rappelant l'époque où Ruben et lui usaient déjà de ce genre de petits jeux pour se taquiner l'un-l'autre. « Moi qui pensais que tu m’avais cramé dès le premier jour. Mais comme j’étais encore timide sur ça à l’époque, j’ai jamais rien dit. En fait, tu t’en es jamais aperçu. » Aujourd'hui, pourtant, il lui semblait que Ruben cherchait à lui dire quelque chose alors qu'il peinait de son coté à en saisir le sens. Eux qui se comprenaient si bien d'habitude ne semblaient pas sur la même longueur d'ondes pour une fois. « Que je t'avais cramé, mais... attends, je comprends plus rien tout à coup. » Qu'aurait-il du comprendre et qu'est-ce que ça avait à voir avec sa timidité de l'époque ? « Tu me fais pas une blague, au moins ? » Il demanda entre deux rires un peu confus, son regard empli d'une lueur amusée, pas certain de ce que son ami essayait de lui dire.

« Je savais que je serai à tes côtés pour célébrer les grandes étapes de ta vie, Craine, j’en ai jamais douté. Mais le petit Ben que j’étais à douze ans et qui était tombé amoureux de toi dès la première année a cru pendant longtemps que c’était avec lui que tu validerais ces étapes là de la vie. » Soudain, ses yeux s'arrondirent comme deux billes et c'est un Rory un peu hébété qui s'entendit demander, d'une voix quelques peu incertaine et abasourdie. « Tu étais... amoureux de moi ? » C'est ce qu'il venait de dire, et c'était la première fois que Rory l'entendait lui faire cet aveu ; un aveu qui le prenait forcément de cours même alors qu'aujourd'hui on pourrait croire que la surprise était moindre et que rien de tout ça n'avait tellement d'importance. C'était peut être le cas, mais ça ne l'empêchait pas de se dire qu'il était passé à coté de certains signes, à l'époque et puis par la suite, pour ne s'être jamais douté de rien. Car rien de ce qu'ils avaient partagé pendant toutes ces années ne lui avait donné l'impression que son ami avait pu un jour nourrir des sentiments de ce type à son égard. « Tu t’en étais jamais aperçu, pour de vrai ? » - « Oh, non, je... je m'en suis jamais douté. Je pensais que tu t'intéressais plutôt aux filles qui traînaient parfois avec nous, pas... » Pas qu'il ressentait en fait quelque chose pour lui, dans leur jeunesse, à l'époque où ils étaient inséparables mais où Rory n'avait jamais perçu d'indice qui lui aurait laissé penser que quelque chose d'autre se tramait dans le cœur de Ruben. Aujourd'hui, il se sentait forcément un peu idiot de ne pas avoir compris plus tôt et se demandait comment il avait pu ne rien voir. « Pourquoi tu m'en as jamais parlé ? C'était vraiment de la timidité ou t'avais peur que ça change quelque chose entre nous ? » Il demanda doucement, reposant sur lui un regard plein de bienveillance, ne voyant aucune raison pour que cet aveu change quoi que ce soit à leur amitié. Il était simplement curieux, désireux aussi sans doute de désacraliser rien qu'un peu ces confessions et de lui montrer qu'il le prenait bien, évidemment, malgré la surprise qui était la sienne. « Je me sens un peu bête de pas avoir compris. Mais j'aurais honnêtement jamais pu croire qu'un garçon comme toi pouvait s'intéresser à quelqu'un comme moi. » Il précisa dans un petit sourire gêné, repensant à l'époque où Ruben brillait déjà par son charisme et ses ambitions, quand lui s'était réfugié dans le sport pour tenter de satisfaire celles de ses parents. Il n'avait jamais été mal dans sa peau, Rory, mais sa naïveté avait parfois joué contre lui et lorsqu'à la fin de son adolescence il croyait enfin pouvoir faire la fierté de son père, une blessure avait balayé ce rêve. Ruben, de son coté, lui avait toujours donné l'impression que tout lui réussissait.

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« Toi, je t'imagine déjà en tonton cool à qui elle se plaindra tout le temps de moi. » - « Bien sur que je vais être tonton cool. » Pas d’autre choix disponible. « Oh oui, pour ça aussi j'en suis sûr. » Il lui adressa un petit clin d’oeil amusé, avant de lui tirer la langue pour une toute autre remarque; cela eut le don de tirer un rire franc à Rory, et à Ruben par effet ricochet. « Je me demande si c'est comme ça que tu réponds aux médecins qui sont en désaccord avec toi quand vous êtes au bloc ? Parce que je donnerais cher pour voir ça. » Il fronça le bout du nez, toujours un air amusé sur le visage. « On porte des masques, ils le verraient pas, c’est pas drôle. »

« Ouais, t'as toujours su que tu te débarrassais pas de moi si facilement. » Il n’avait jamais douté de ça, à aucun moment. « Et ça vaut pas vraiment la peine de s'étendre là-dessus, en vérité. » Sur la vie sentimentale passée de Rory; peut-être effectivement que ça ne valait pas la peine, surtout que c’était plutôt sur ce que cette dernière n’avait pas collecté que Ben se dirigeait davantage. Parce-que dans la discussion qu’ils menaient, il avait l’impression que les deux jeunes hommes parlaient de la même chose, mais pas de la même façon. Se contentant de relever son regard vers son ami sans oublier son objectif principal du coin de l’oeil qui était de donner le biberon à la petite, il voulait cependant voir dans son regard s’il se jouait de lui ou s'il était sincère. « Aperçu de... quoi ? » - « Tu t’en es jamais aperçu pour de vrai. » Bien sur qu’un certain étonnement était de mise côté Hartfield, qui se permit un petit rire. Lui qui avait toujours pensé que Rory avait préféré ne jamais lui en parler, se trouvait quelque peu déconcerté en cet instant. « Que je t'avais cramé, mais... attends, je comprends plus rien tout à coup. Tu me fais pas une blague, au moins ? » Ben pencha quelque peu son visage sur le côté, glissant un j’ai l’air de faire un blague ? silencieux - avant d’ajouter des explications verbales.

« Tu étais... amoureux de moi ? » Oh, la surprise était de mise et pas qu’un peu, apparemment, côté Craine. « Tu veux que je le répète ? » Le petit sourire de Ben était un brin amusé, mais surtout attendri: étant donné qu’il pensait qu'il l’avait toujours su, il ne s’était pas attendu à une telle réaction de la part de son ami. « Oh, non, je... je m'en suis jamais douté. Je pensais que tu t'intéressais plutôt aux filles qui traînaient parfois avec nous, pas… » Il eut un rire franc cette fois-ci. « Oh, je m’intéressais aussi aux filles qui trainaient avec nous. Mais au début c’était un peu par dépit parce-que j’osais pas te dire que c’était pour toi que j’en pinçais. » Si Ruben n’avait pas été à l’aise avec ses émotions et ses sentiments en tout temps désormais, il n’aurait pas abordé le sujet aujourd’hui; il le faisait parce-que Rory et lui avaient bien évolué depuis, et qu’il pouvait se permettre de discuter de ce type de choses sans que cela n’impacte leur relation. « Pourquoi tu m'en as jamais parlé ? C'était vraiment de la timidité ou t'avais peur que ça change quelque chose entre nous ? » Ben pinça les lèvres un instant. « Des deux, je pense. J’ai gagné en confiance après avec les années, donc la timidité était de mise c’est sur. Mais je pense aussi que j’avais pas envie de risquer l’amitié qu’on construisait, parce-que je t’ai dit: dès le début, j’ai su que toi et moi c’était pour la vie. » Ses yeux ancrés aux siens, il esquissa une petite moue; chez quelqu'un d’autre, elle aurait pu être qualifiée de désolée, chez Ben elle était juste adorable. « Je me sens un peu bête de pas avoir compris. Mais j'aurais honnêtement jamais pu croire qu'un garçon comme toi pouvait s'intéresser à quelqu'un comme moi. » - « Te sous-estimes pas comme ça Craine. » Il lui fit un petit signe de la tête. « Viens t’asseoir à côté de moi là, déjà pour commencer. » Lorsqu’il eut fini de s’exécuter, Ruben plongea avec intensité son regard dans celui de son ami. « Le sourire à se damner, même avec l’appareil dentaire, il était déjà là. T’as toujours eu un regard à tomber aussi je te rappelle. Comment j’aurais pu ne pas tomber amoureux de toi au premier regard, pour commencer ? » Bien sur que son sourire à lui comportait un brin de malice et d’amusement. « Et puis quand j’ai appris à te connaitre, c’était pire. Mais c’est parce-que j’ai appris à te connaitre que j’ai mis tout ça de côté. T’as pas à te sentir bête, mais j’apprends que mon jeu d’acteur est meilleur que ce que j’aurais pensé. » Bien sur que désormais, il était amusé.

« Tu m’en veux de te dire ça ? » Il haussa un sourcil, curieux. « Je veux dire: si tu l’avais pas deviné à l’époque, j’aurais peut-être pas du t’en parler aujourd’hui. » Qu’il disait, la fille que Rory avait adopté avec un autre dans les bras, en train de tranquillement s’endormir alors qu’elle terminait progressivement son biberon.

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@RUBEN HARTFIELD & RORY

« Tu t’en es jamais aperçu pour de vrai. » Son expression encore incrédule parlait sans doute mieux que tout ce qu'il aurait pu lui dire pour lui confirmer que non, il ne s'était jamais douté de quoi que ce soit, ce qui expliquait sans doute qu'il soit aussi déphasé par la teneur de son aveu. « Tu veux que je le répète ? » - « Non, je... » Un fin sourire ne mit qu'un court instant à retrouver le chemin de ses lèvres, tandis qu'il lui paraissait nécessaire de dédramatiser l'instant. Ce n'était rien de grave, il avait juste un peu de mal à intégrer le fait que Ruben ait pu nourrir ce genre de sentiments à son égard sans qu'il n'ait jamais rien vu. « Je suis simplement surpris, pardon. C'était pas vraiment sur la liste des choses auxquelles je m'attendais quand on a convenu de passer l'après-midi ensemble. » Et par là, il ne voulait pas dire que la tournure de cet échange lui déplaisait, simplement qu'il ne pensait pas avoir un jour ce type de discussion avec celui qui était son ami depuis les bancs du lycée. Encore moins le jour où il faisait les présentations avec sa fille, passée des bras de son père à ceux du jeune médecin sans que ça ne semble la perturber un seul instant. « Oh, je m’intéressais aussi aux filles qui traînaient avec nous. Mais au début c’était un peu par dépit parce-que j’osais pas te dire que c’était pour toi que j’en pinçais. » Et forcément, Rory se sentait un peu coupable de ne réaliser tout ça qu'aujourd'hui, quand certains signes auraient peut être au moins pu le mettre sur la voie à l'époque. Etait-il si aveugle pour ne rien avoir remarqué, ou Ruben était-il simplement fort pour ne rien laisser paraître ? « J'arrive pas à croire que ça ait pu complètement m'échapper. » Il confessa d'un ton légèrement éhonté, parce qu'il n'y avait jamais eu de secret entre son ami et lui et que ça avait peut être quelque chose d'un peu déstabilisant, de songer qu'il avait gardé ça pour lui durant tout ce temps. « Je veux dire, j'ai pas la prétention d'être extrêmement perspicace, mais je peux pas m'empêcher de me reprocher d'avoir rien vu. » Rory avait toujours été doté d'une certaine naïveté, n'ayant vraiment pris confiance du pouvoir d'attraction qu'il pouvait avoir sur les autres que le jour où il était monté sur une scène pour la première fois et que quelque chose s'était passé dans les yeux du public. Il y avait eu les tournages, ensuite, et ses premiers rôles quelques peu orientés de façon à capitaliser sur son physique, bien avant qu'on ne s'intéresse réellement à ce qu'il valait en tant qu'acteur. Aujourd'hui, il se demandait s'il aurait perçu quelque chose dans le regard de Ruben, s'il avait seulement été capable de se voir comme certains le voyaient. « Des deux, je pense. J’ai gagné en confiance après avec les années, donc la timidité était de mise c’est sur. Mais je pense aussi que j’avais pas envie de risquer l’amitié qu’on construisait, parce-que je t’ai dit: dès le début, j’ai su que toi et moi c’était pour la vie. » Et ça l'était incontestablement, il n'y avait qu'à voir comment leur amitié avait déjà résisté à l'épreuve du temps. Ils avaient presque tout traversé ensemble, et c'est tout naturellement que Ruben avait été convié à l'un des jours les plus importants de sa vie ; celui de son mariage. « Je comprends que tu aies rien dit, parce que je pense que j'aurais pas osé t'en faire part non plus si j'avais été à ta place. » Il se connaissait assez pour savoir qu'il aurait sûrement éprouvé ça dans son coin et sans rien dire, lui non plus, et pour les mêmes raisons. « Tu sais que le problème venait pas de toi, pas vrai ? Que le fait que je me sois rendu compte de rien, ça veut pas dire que t'étais pas digne de mon intérêt, hein ? » Il avait besoin de s'assurer que Ruben en était conscient, qu'il savait que ça ne remettait surtout pas en question le jeune homme attachant et bourré de charisme qu'il avait toujours été à ses yeux. « Je suis incapable de te dire ce qui se serait passé si je l'avais su et si ça aurait changé quelque chose ou non, mais j'ai toujours pensé que tu avais tout pour toi et je le pense toujours. » Il était convaincu qu'il n'avait pas besoin de le préciser, mais il le faisait quand même, parce que ça n'était jamais qu'une vérité que Ruben méritait d'entendre.

Surpris de recueillir ces confessions aujourd'hui, Rory l'était aussi de songer au fait que Ruben ait pu développer ces sentiments à son égard à une époque où l'acteur était loin d'avoir autant confiance en lui qu'aujourd'hui. Intégrer l'équipe de football lui avait forcément valu une certaine popularité auprès de leurs camarades – et un certain succès auprès de quelques filles – mais jamais il n'aurait pensé qu'un garçon comme Ruben, à qui tout semblait déjà réussir, verrait en lui plus qu'un ami. « Te sous-estimes pas comme ça Craine. » Ça avait longtemps été dans ses habitudes, et même aujourd'hui le succès qu'il rencontrait et la carrière qu'il se construisait ne sauraient totalement gommer cette part de lui. Durant des années, son tempérament candide avait fait pale figure face aux caractères flamboyants de ses aînés, si bien que s'affirmer lui avait demandé du temps. « Viens t’asseoir à côté de moi là, déjà pour commencer. » Son regard tendre et protecteur toujours posé sur sa fille, qui semblait avoir trouvé une place confortable entre les bras de Ruben, Rory s’exécuta sans attendre et prit place à ses cotés. « Le sourire à se damner, même avec l’appareil dentaire, il était déjà là. T’as toujours eu un regard à tomber aussi je te rappelle. Comment j’aurais pu ne pas tomber amoureux de toi au premier regard, pour commencer ? » Un rire nerveux mais attendri franchit la barrière de ses lèvres, tandis qu'il souffla. « Ruben... Je suis sûr que tu en rajoutes un peu. T'étais jeune et tu vivais ton premier béguin, on peut pas exactement dire que t'étais objectif à mon sujet. » Et ça n'avait pas d'importance, ses propos n'en étaient pas moins attendrissants pour celui qui en mesurait malgré tout la pleine sincérité. Ruben n'était pas obligé de lui dire tout ça pour qu'il le croit sur parole, mais ça le touchait énormément qu'il le fasse. « Et puis quand j’ai appris à te connaître, c’était pire. Mais c’est parce-que j’ai appris à te connaître que j’ai mis tout ça de côté. T’as pas à te sentir bête, mais j’apprends que mon jeu d’acteur est meilleur que ce que j’aurais pensé. » Quand il y repensait, sa vie aurait manqué d'une présence extrêmement précieuse si Ruben et lui ne s'étaient pas liés d'amitié à l'époque, et c'était à cette occasion qu'il avait l'occasion de songer à tout ce qui aurait été différent. « C'est ce qui importe le plus à mes yeux, que la relation qu'on a noué tous les deux ne t'inspire aucun regret. Parce que tu comptes énormément pour moi, tu le sais. » Au point qu'il ait attendu avec beaucoup d'impatience de lui présenter officiellement Robin, qui semblait toute aussi réceptive à sa compagnie que le reste de leur famille. « Et j'ai envie de croire que tout arrive pour une bonne raison et que c'est pas un hasard si t'as fini par craquer pour les beaux yeux d'une autre Craine. On sait tous les deux que c'était l'évidence, Nina et toi. » Et que même s'il avait pu craquer pour lui à l'époque, ça n'était pas comparable avec ce qu'il pouvait éprouver pour sa sœur.

Sa fille semblait peu à peu s'endormir entre les bras de Ruben, elle qui du haut de ses quelques mois ne comprenait rien à la conversation qui se jouait ici. « Tu m’en veux de te dire ça ? » Le regard de Rory se remplit d'une certaine inquiétude lorsqu'il songea qu'il lui avait peut être donné l'impression d'éprouver de la rancœur à l'idée qu'il ait choisi ce moment pour lui avouer une vérité restée secrète pendant toutes ces années. « Non, non pas du tout. » Il lui assura, déposant une main amicale sur son avant-bras, sans doute avec l'espoir que le message passe encore un peu plus clairement. Ruben le connaissait, il savait que Rory était quelqu'un de tactile et qu'il l'était d'autant plus facilement lorsqu'il était à l'aise. Ici, la conversation ne le gênait pas et il ne voulait pas donner l'impression qu'il y avait le moindre malaise. « Je veux dire : si tu l’avais pas deviné à l’époque, j’aurais peut-être pas du t’en parler aujourd’hui. » Il aurait pu ne rien dire sans que Rory ne se doute jamais de quoi que ce soit, mais il ne lui en voulait pas d'avoir fait preuve de franchise. C'était bien l'une des dernières choses que l'acteur irait reprocher à quelqu'un, lui qui avait si longtemps souffert des secrets alimentés par ses propres parents. « Je t'en veux pas de m'en avoir parlé, notamment parce qu'il y a prescription aujourd'hui et qu'on sait tous les deux que ça a pas le moindre risque de changer quoi que ce soit. » C'était un constat rassurant pour son ami comme pour lui, il le savait, rien de ce que leur amitié avait traversé ces quinze dernières années ne pouvant être mis à mal par ces révélations. Ruben était l'une des personnes les plus importantes de sa vie, et tout était forcément encore plus fusionnel entre eux depuis qu'il était en couple avec sa sœur. Aujourd'hui, ils étaient tous les deux heureux en ménage et si Rory ne jugeait pas utile de le souligner, c'est uniquement parce que ça lui paraissait évident. Lui aimait profondément Swann et ne voudrait réécrire le passé pour rien au monde, construisant tout ce dont il avait pu rêver à ses cotés. « J'aime l'idée qu'on ait aucun secret l'un pour l'autre, alors même si j'aurais pu continuer à l'ignorer sans que ce soit un problème, ça me fait plaisir que te sois confié. » Il souffla avec sincérité, son sourire s'étirant doucement. Hésitant un instant à poursuivre, il se pinça les lèvres et reprit finalement. « Je cache rien à Swann, alors il est possible que je lui en parle. Mais t'as pas à t'en faire, je suis sûr que ça l'amusera et qu'il trouvera ça mignon. Tu le connais. » Et son intention n'était pas de placer Ruben dans une position délicate, simplement de ne rien cacher à celui qui était devenu son mari. Il pourrait très bien faire comme si ça n'avait strictement aucune importance, mais ça ne lui semblait pas juste, ni pour Swann ni pour Ruben. « On n'est peut être pas obligés d'en parler à Nina, cela dit. Je te laisse décider mais en ce qui me concerne, je peux ne rien lui dire. » Sa sœur non plus n'y accorderait sans doute aucune importance, mais ce n'était pas à lui de prendre cette décision. Rory connaissait sa place et même s'il ne lui avait jamais rien caché à elle non plus, il savait que son couple avec Ruben avait traversé certaines turbulences et il tenait à tout prix à éviter d'être responsable d'une autre d'entre elles. « Non pas que je pense qu'elle le prendrait mal, mais c'est de ton couple dont il est question et si tu préfères que ça reste entre nous, y'a pas de souci. » Ce ne serait qu'un sujet de plus qu'il éviterait d'évoquer auprès de sa cadette, les échanges se voulant un peu plus fragiles avec cette dernière depuis ce fameux dîner qui avait laissé des traces. C'était sa façon de lui dire qu'il respectait son choix quel qu'il soit.

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« Non, je… » Le sourire porté par les lèvres de Ruben était quelque peu moqueur, il l’avouerait sans aucun mal. « Je suis simplement surpris, pardon. C'était pas vraiment sur la liste des choses auxquelles je m'attendais quand on a convenu de passer l'après-midi ensemble. » Et bien sur qu’il ajouta là un petit rire. « Je me doute en vrai. » Lui-même ne s’était pas attendu à lancer cette information là en cet instant, les circonstances avaient simplement fait qu’il l’avait laissé être désormais de notoriété commune. « J'arrive pas à croire que ça ait pu complètement m’échapper. Je veux dire, j'ai pas la prétention d'être extrêmement perspicace, mais je peux pas m'empêcher de me reprocher d'avoir rien vu. » - « Faut croire que j’étais plus discret que ce que je pensais, c’est tout. Franchement, te blâme pas de pas l’avoir vu. » Ce ne serait pas logique, et cela ne saurait rendre justice à la légèreté de la chose désormais; il n’avait rien vu, mais Ruben n’avait pas fait en sorte que cela soit évident à voir non plus: c’était donc plutôt logique. Bien sur qu’il aurait préféré qu’il s’en soit aperçu depuis le début, qu’il l’ait juste gardé pour lui pour en rediscuté avec lui le jour où Ben en parlerait tout seul; mais il n’était pas à blâmer non plus. Il avait lui-même préféré gardé cette information pendant toutes ces années, il était davantage à pointer du doigt ici. « Je comprends que tu aies rien dit, parce que je pense que j'aurais pas osé t'en faire part non plus si j'avais été à ta place. » - « Oh, je te connais assez pour parier que tu m’aurais rien dit oui. » - « Tu sais que le problème venait pas de toi, pas vrai ? Que le fait que je me sois rendu compte de rien, ça veut pas dire que t'étais pas digne de mon intérêt, hein ? » Avec une petite moue amusée accrochée aux coins de ses lèvres, Ruben pencha la tête quelque peu sur le côté. « Je sais, Craine, je sais. Commence pas à te faire de la bile pour rien. » Même si c’était exactement pour ce type de comportements et traits de caractère qu’il était tombé rapidement sous son charme à l’époque lorsqu’il avait commencé à le connaitre.

« Je suis incapable de te dire ce qui se serait passé si je l'avais su et si ça aurait changé quelque chose ou non, mais j'ai toujours pensé que tu avais tout pour toi et je le pense toujours. » - « Et c’est peut-être à cause de personnes comme toi que je suis persuadé que c’est le cas, alors le répète pas trop souvent sinon ta soeur va te tuer. » Autant ajouter la couche d’humour supplémentaire s’il le fallait, parce-que autant les paroles de Rory que celles de Ruben étaient vraies; le premier ne pensait pas à mal, et estimait son ami quand ce dernier savait pertinemment qu’il avait beaucoup de choses pour lui, malheureusement.

Finalement, Ruben incita Rory à s’asseoir à ses côtés, étant lui bloqué dans le canapé avec la petite Robin dans les bras. L’autre brun avait toujours eu tendance à ne pas voir son réel potentiel, ce qui n’avait pas été son cas à lui - encore aujourd’hui, sur certains moments il fallait le pousser à ce qu’il réalise certaines choses -, et il n’était pas question de garder ce qu’il en pensait pour lui alors que la conversation était lancée. Il n’en avait pas parlé à l’époque, mais ce n’était pas pour autant qu’il n’en avait pas des choses à dire. Au moins, cela lui arracha un petit rire. « Ruben... Je suis sûr que tu en rajoutes un peu. T'étais jeune et tu vivais ton premier béguin, on peut pas exactement dire que t'étais objectif à mon sujet. » Il haussa vaguement les épaules. « Peut-être que j’en rajoute un peu, mais c’est pas pour autant que je vais m’en priver. » Il se trouvait être avare en compliment que lorsqu’il s’agissait de son frère - les autres avaient le droit aux paroles positives, eux. « C'est ce qui importe le plus à mes yeux, que la relation qu'on a noué tous les deux ne t'inspire aucun regret. Parce que tu comptes énormément pour moi, tu le sais. Et j'ai envie de croire que tout arrive pour une bonne raison et que c'est pas un hasard si t'as fini par craquer pour les beaux yeux d'une autre Craine. On sait tous les deux que c'était l'évidence, Nina et toi. » Ce fut sans trop de mal qu’il garda son grand sourire ancré à ses lèvres en cet instant, puisque non seulement il se doutait que cette conversation mènerait vers de telles paroles mais parce-que ces dernières étaient on ne pouvait plus vraies à ses yeux: Nina et lui, malgré tout, étaient une évidence. « Et promis, je te remercierai dans mon discours de mariage d’avoir jamais vu que j’avais d’yeux que pour toi au début, et d’avoir pu laisser une chance à ta soeur à la place. » Il ajouta là un clin d’oeil à l’intention de son ami, secouant quelque peu la tête. « Peut-être que tu as raison, oui. Si j’avais eu plus de courge à l’époque, peut-être qu’on en serait pas là toi et moi et peut-être que j’aurais jamais pu rencontrer Nina. Ca aurait été une bien triste vie. » Et il pensait chacun de ses mots.

Il savait aussi surtout à quel point Rory pourrait être bien plus affecté de son côté par cette nouvelle réalisation, là où Ruben était au courant depuis des années puisqu’il était au centre de cette déclaration. Il s’assura alors qu’il n’avait pas mal agi en lui en parlant, remettant l’espace d’un instant un masque de sérieux sur ses traits alors que son regard faisait des allers-retours entre le père et la petite qui s’endormait entre ses bras. « Non, non pas du tout. » La main qu’il posa sur son avant-bras était rassurante, et une indication déjà de la suite de ses paroles. « Je t'en veux pas de m'en avoir parlé, notamment parce qu'il y a prescription aujourd'hui et qu'on sait tous les deux que ça a pas le moindre risque de changer quoi que ce soit. » Il secoua quelque peu son visage. « Non, ça change rien du tout. » C’était l’occasion qui lui avait fait en parler, et rien d’autre alors bien sur que cela ne changeait rien. « J'aime l'idée qu'on ait aucun secret l'un pour l'autre, alors même si j'aurais pu continuer à l'ignorer sans que ce soit un problème, ça me fait plaisir que te sois confié. » Le sourire qu’il abordait sur ses lèvres prouvait qu’il disait cela avec la plus grande sincérité - et c’était peut-être ça qui piqua légèrement le coeur de Ruben en cet instant. Il aimait aussi l’idée qu’ils n’aient aucun secret l’un pour l’autre, mais cette vérité n’en était plus une depuis trop longtemps désormais malheureusement. Il se contenta en première intention d’étirer à son tour un petit sourire, pour se laisser quelques secondes de réflexion supplémentaire - avant de prendre la parole car il n’était pas normal de sa part de ne pas rebondir sur ce lui disait son ami. « Même si ça aurait rien changé, j’aurais du le faire plus tôt je me rends compte. » Pour le sujet en question, cela n’avait aucun poids mais il se rendait compte à quel point garder des choses pour lui et ne pas les partager avec Rory lui pesait plus qu’il n’aurait jamais su le soupçonner. Fut un temps où il ne lui cachait effectivement rien, et ce dernier lui paraissait loin et comme un souvenir flou désormais.

« Je cache rien à Swann, alors il est possible que je lui en parle. Mais t'as pas à t'en faire, je suis sûr que ça l'amusera et qu'il trouvera ça mignon. Tu le connais. » Un rire franc et amusé s’échappa d’entre les lèvres de Ruben - qu’il réfréna quelque peu pour ne pas réveiller la petite désormais endormie dans ses bras, une petite goutte de lait s’échappant de sa bouche tant son repas avait été satisfaisant. « Oh, je le connais assez pour savoir qu’il va se payer ma tronche surtout oui. » Il ne le ferait pas avec de mauvaises intentions en tête, mais il le ferait tout de même - et peut-être que cela rendait la situation d‘autant plus cocasse en réalité. « On n'est peut être pas obligés d'en parler à Nina, cela dit. Je te laisse décider mais en ce qui me concerne, je peux ne rien lui dire. Non pas que je pense qu'elle le prendrait mal, mais c'est de ton couple dont il est question et si tu préfères que ça reste entre nous, y'a pas de souci. » - « Oh, Rory… » Ben plissa le bout du nez, le regard malicieux et un air rieur accroché aux traits de son visage. « T’es adorable. Vraiment, sans aucune moquerie: tu l’es vraiment. » Et c’était peut-être ça la partie qui le faisait le plus sourire de son côté. « T’es un peu naïf aussi de penser que ta soeur est pas déjà au courant par contre. » Un grand sourire para le visage de Ruben, alors qu’il haussait quelque peu les épaules. Oh, bien sur que cette anecdote là était connue de Nina depuis bien des années, parce-que Ben n’avait su la garder pour lui les premiers mois où ils avaient commencé à se fréquenter avec sérieux, lui soulignant qu’il avait toujours pensé mettre un autre Craine dans son lit avant de l’y mettre elle. « Ca fait des années qu’elle le sait, parce-que j’ai pas su le garder pour moi. Et sa réaction était à la hauteur de tout ce que j’avais imaginé, alors ça valait d’autant plus le coup de le lui dire. » Il pencha quelque peu la tête sur le côté. « Elle est pour moi ce que Swann est pour toi, alors bien sur qu’elle est au courant. » Jusqu’à un certain point dans le temps, ses paroles n’étaient en rien à remettre en cause. « Si tu veux une occasion de te moquer de moi avec elle dans les jours ou semaines à venir, t’as une occasion toute prête entre les mains désormais. » Il pesait ses mots, sachant très bien tous les deux qu’ils sauraient à quoi il faisait référence et pourquoi Ben choisissait de lui donner son accord sur ce sujet là - il n’était pas sans savoir que les rapports entre les deux Craine n’étaient pas autant au beau fixe qu’ils avaient su l’être. C’était le cas entre Nina et lui aussi, mais cela ne devait pas être une raison pour que Rory et elle perdent ce qui était précieux pour eux. Alors, si le brun souhaitait saisir cette occasion de discuter de façon plus légère de son couple avec sa cadette sans remettre le feu aux poudres, il était le bienvenu.