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crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Jo Carter

Ces codes de promo m'ont sauvé la vie, plus besoin de m'inquiéter pour ma carte de crédit.
Oh génial, une autre grande blonde mince qui vend des vêtements, c'est tellement original.
OUAIS, tu leur montres bien.
Go Laurie, GO

Relire les commentaires sur ton dernier post et les réactions à ta dernière story ne va pas changer le fait que le St Vincent te parait un peu menaçant en cette fin d'après-midi. Tu ne peux pas vraiment faire demi-tour, tu ne peux pas et ce même si tu en meures d'envie. Tu te connais bien, tu as calé ce rendez-vous après une journée de boulot pour ne pas te défiler, sachant très bien que si c'était la première chose que tu voyais sur ton emploi du temps en te réveillant, tu ne sortirais pas de ton lit. Cela n'a pas été le cas et dès que toi et ta paire de bottes vous êtes arrivés à la boutique du Queen Street Mall, ta patronne t'a tendue un téléphone avant de faire un petit coup de tête vers une pile de boites. Allez mademoiselle l'ambassadrice, c'est ton tour de faire la tournée de la ville. La tournée n'est pas un exercice bien difficile en soi, ça implique d'aller taper à la porte d'influenceuses, de mannequins, d'actrices débutantes et de leur rappeler que MAC est là pour tous leurs besoins. Le tout avec un joli sourire aux lèvres, un maquillage impeccable, en prenant plein de photos et de vidéos, autant pour ton Instagram que pour celui de la compagnie.
Et ça, c'était fun, tu sais quoi faire, quoi dire, comment sourire, comment complimenter et faire des courbettes et trois iced latte plus tard, ta journée de boulot est officiellement finie. "Allez, c'est juste un check-up." Que tu murmures plus pour toi-même qu'autre chose, et une main sur ton téléphone, l'autre sur le bord de ton gobelet en plastique, tu tires une dernière fois sur la paille avant de passer la porte de l'hôpital. Tu commences à connaitre les couloirs du St Vincent et passer à l'accueil n'est qu'une formalité avant d'être redirigée dans le bon service, tu fais un hochement de tête poli avant de grimper dans l'ascenseur et de dominer tout ce joli monde de ta grande taille. C'est les bottes, que tu penses aussitôt, parce que tu es un peu plus haut que d'habitude et que c'est une aubaine que ces dernières t'arrive à mi-cuisse, ça s'accorde bien avec la mini-jupe noire que tu portes, partiellement cachée par ta longue veste en cuir. Pas la tenue la plus confortable du monde mais depuis quand est-ce que tu te soucies de cela ?
L'attente est minime, une seule autre personne est vissée sur une chaise en plastique et vous échangez un hochement de tête avant qu'on ne t'appelle par ton nom complet. "Lawrence Wright ?" 
"C'est Laurie." Que tu réponds au soignant avant de le suivre dans la pièce de consultation. 
"Oh désolé, j'aurais dû m'en douter..." Le sourire est bienveillant, un jour, il faudrait que tu fasses changer ton prénom de façon officielle, tu t'es déjà renseignée sur tout ce que tu devais signer, mais, étrangement, tu as choisi de garder ce souvenir-là. Ouais, certains ont des tatouages et des exs qu'ils ne rappellent pas, toi, tu as le fantôme de Lawrence qui vient te hanter de temps en temps. "On ne va rien faire de passionnant aujourd'hui Laurie, je vais te prendre un peu de sang, et te poser des questions pour savoir s'il y a eu des changements dans ta vie...et pour déterminer si on doit modifier ou non le dosage des hormones que tu prends."
"Okay." Tu hoches la tête, dans un sens, tu es rassurée de voir le médecin si calme et t'annoncer que c'est quelque chose de barbant. Juste une petite routine pour lui, ça ne change rien dans sa journée, tant pis si dans la tienne c'est le rappel d'une opération et de ce que tu dois faire pour être qui tu es vraiment. Juste la routine... Tu ne réagis pas à la prise de sang, un peu trop habituée aux aiguilles, Lawrence les déteste, Laurie sait toutes les potions magiques que ces dernières contiennent ; non ce qui te fait plus réagir c'est les questions qui suivent. Pour savoir si tu subis le coup d'effets secondaires, tu ravales un rire quand on te demande si tu as des changements d'humeurs trop fréquents ou des passages dépressifs qui ne sont pas si anodins. "Ce n'est pas le cas de tout le monde ?" Ton interrogation est stupide, bien sûr qu'elle l'est et après un petit silence, le médecin fronce les sourcils, se penchant sur ton dossier. "Je vois qu'on t'a déjà recommandée un suivi psychiatrique et... il n'y a jamais vraiment eu de rendez-vous."
"Je suis occupée."
"Trop occupée pour prendre soin de toi ?" Et le médecin a beau dire cela avec un léger sourire aux lèvres, tu sens quelque chose se serrer en toi.
Es-tu si transparente que cela ? Tu es déjà la fille trans, pas besoin d'être celle qui voit un psy, celle qui n'a encore invité personne dans son nouvel appartement par véritable peur mais qui a fait un reel de trente minutes pour montrer ledit appartement en détails à des parfaits inconnus. Okay, peut-être que ça se tient, tu devrais consulter. Il a toujours un sourire aux lèvres alors qu'il te renvoie vers un autre service, après, tu pourrais partir qu'il t'assure et tu récupères ta veste lentement, pas capable de dire véritablement au revoir. Non, à la place, tu t'éclipses et tu empruntes de nouveau l'ascenseur. Qui est vide dieu merci, tu te demandes si ce n'est pas une opportunité en or pour lâche un cri guttural ou mieux, des larmes, quelque chose, mais c'est avant que la cage en métal s'arrête de nouveau. Par réflexe, tu recules, tu ne t'attends pas à ce que tes yeux face la focale sur Jo, la brune accompagnée par sa grand-mère que toi, tu reconnaitrais entre mille. "Laurie !" La voix d'Ava est toujours aussi rassurante, même des années plus tard, et même si tu n'es plus une gamine qui a envie d'entendre des histoires ou d'avoir une jolie robe. Ava se rapproche, te prenant les mains, comme avant. "Je ne savais pas que tu allais nous rejoindre, pourquoi est-ce que tu ne me l'as pas dit Jo ?"

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"Elle va avoir besoin d’encore plus de stabilité, et compte tenu de ce qui vous arrive ces derniers temps, je vous suggère au moins d’y penser. Ça ne vous engage à rien de consulter vos options Jo." Elle sentit un poids à la base de ses cils, c’est pour cette raison qu’ils se mirent à battre frénétiquement pendant quelques secondes avant qu’elle ne réussisse à sortir pour de bon du bureau du médecin de sa grand-mère. Ava l’attendait à l’extérieur, assise sur une chaise dans la salle d’attente, ses mains jointes, soignées d’une teinte vermeille appliquée sur ses ongles légèrement longs. Genoux serrés, comme une enfant qui attend qu’on lui fasse remarquer qu’elle est sage et qu’elle mérite récompense, elle lui sourit en la voyant arriver "Viens, on peut s'en aller." Que Jo lui fit en l’encourageant à se lever, ne la traitant donc pas comme une petite-fille parce qu’Ava ne le supporterait pas.
Elle n’avait pas toujours toute sa tête, elle restait assez caractérielle pour qu’on sache de qui Jo tenait, et elle préférait qu’on lui dise que c’était de sa grand-mère plutôt que de son père, ce qui au final revenait un peu à la même chose puisqu'il était son fils. Ce n’était pas le sujet. Sentant le bras de sa grand-mère se refermer au creux du sien, Jo, enfoncée dans ses pensées, sentit son souffle chaud sur sa joue l’ancrer de nouveau dans la réalité ; un baiser claquant sur sa pommette l’instant d’après, elle sentit un trace de rouge à lèvres lui picoter la peau, mais rien qui la força à la frotter au contraire, se satisfansant de ce genre de petits gestes quand ils venaient d’elle "Tout s’est bien passé, huh ?" Jo tourna la tête dans sa direction, lui donnant un sourire qui voulait dire que oui.

Elle n’avait pas besoin de s’arrêter sur les signes de sa vieillesse pour savoir qu’elle culpabiliserait de consulter ses options, comme l’avait dit son médecin. Elle se sentait déjà atrocement coupable de la laisser seule plus souvent qu’à son tour depuis près de sept mois pour en plus avoir envie de la fourguer à des inconnus qui ne la traiteraient peut-être pas aussi bien qu’elle le faisait. Mais il fallait voir la vérité en face : sa maladie progressait, sa perception du monde commençait pour de bon à s’effriter au point qu’elle ne la remettait pas de temps en temps, et c’était compliqué. Elle s’y était préparée, elle ne pensait qu’à ça depuis des années, et maintenant que c’était devant son nez, elle était piégée par un dilemme qui partait de temps de choses à la fois que ça devenait ingérable à envisager. Elle avait l’option parents qui se profilaient plus que les autres, les siens ayant refait leur apparition inopinément depuis des semaines maintenant. Seulement, la patience de son père n’était pas compatible avec l’action de s’occuper d’une vieille dame atteinte d’Alzheimer ; encore que Jo avait bien réussi elle, alors pourquoi pas ?
Ce serait encore moins pire que de la mettre dans une maison spécialisée — et ça, c’était une façon bien jolie de ne pas dire maison de retraite. Elle serait bien à St-Luke pourtant. Elle avait des amis là-bas, Richard était là-bas, et puisqu’il semblait amoureux d’elle comme au premier jour, nul doute qu'il s’occuperait d’elle sans vaciller, le vieil homme. Alors pourquoi hésiter ? Parce que ça l’éloignerait davantage d’elle, et c’était aussi égoïste qu’elle se sentit terrible de le penser quand elle avait enfin eu la bonne impulsion pour se prendre en mains ; il fallait qu’elle se remette à penser à sa grand-mère, et sa loyauté lui étant toute acquise, elle savait que ça la ferait dériver quelques temps du bon chemin qu’elle avait pris en tant que l’étoile montante qu’elle était. Grâce à ça, elle pourrait peut-être aspirer à l’élite en matière de soin ? Son avance sur les ventes de son futur premier album était pharamineuse pour une gamine qui avait vécu dans une famille modeste toute sa vie, qui avait dû enchaîner les petits boulots pour compléter les revenus d’une grand-mère qui avait un petit pécule de côté de l’époque où elle travaillait, alors oui, il fallait qu’elle y pense et qu’elle ne lésine pas sur le soin à accorder à cette tache qui l’incombait désormais.

Mais pas dans l’immédiat. Dans l’immédiat, elle prit une profonde inspiration. Elles se placèrent à l’unisson devant la porte de l’ascenseur qui ne mit pas bien longtemps à s’ouvrir sur une Laurie surprise des les voir. Cette rencontre alimenta curieusement la mémoire défaillante de sa grand-mère qui s’approcha d’elle sans hésiter, laissant Jo de côté. Elle se retint de souffler, déjà agacée par le couperet avec lequel on venait de l’assener "Parce que c’était pas prévu. Je pense qu’elle est là pour autre chose que pour nous." répondit-elle seulement à Ava, la faisant se décaler de Laurie pour avoir accès au tableau de commandes de l’ascenseur et le faire accéder à sa requête d’un index enfoncé fort dans un de ses boutons "Tu veux venir déjeuner avec nous ?" "Quoi ? Non." expulsa Jo en entendant Ava prendre des initiatives, son regard faisant la navette entre elle et Laurie qu’elle regarda juste pour ajouter, décidée à ne pas brusquer Ava "Te sens pas obligée d’accepter." Une façon polie de lui dire n’accepte pas si tu tiens à ta vie, évitant les menaces lorsqu’elle était en présence de sa grand-mère.

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Tu pensais que quelque chose de dramatique se passerait la prochaine fois que tu poserais le regard sur Jo. Pas par écrans interposés, pas en la voyant à la télévision ou en couverture d'un magazine, mais bien en face de toi... oui, il devrait se passer quelque chose de biblique, ton cœur devrait se serrer, tes yeux se retourner, tu devrais perdre tes moyens, ou quelque chose de cette nature. Ce n'est pas le cas, pas totalement, la surprise est réelle et non surjouée, tu as beau t'être installée à Brisbane, ce n'est pas comme si tu traquais la moindre des allées et venues de la star qu'elle est devenue depuis quelques semaines. Et cela te fait juste repenser à ta dernière conversation avec son protecteur à elle et à la façon dont tu es sortie de sa vie. Enfin, ancien protecteur, si les rumeurs sont justes. Et c'est putain de triste, voilà ce que tu te dis, cela ne reflète pas toute la culpabilité qui t'habite toujours en repensant à tout ça et est-ce que tu n'essayes pas d'être meilleure que la fille qui s'est sentie obligée de l'écraser pour y arriver ? Oui, sûrement, cela explique très probablement le sourire qu'il y a sur ton visage alors que tu confirmes à Ava que ce petit aparté n'était absolument pas prévu. "Totalement autre chose, mais je vais bien, aucune raison de vous inquiéter." Les mots-là sont pour Ava et parce qu'il y a bien un moment où tu as trouvé refuge dans sa demeure à elle, et que tu as vu la façon dont elle s'occupait de Jo et que tu as un peu mieux compris ce qu'était censé faire une mère et même une grand-mère.
Des souvenirs qui sont précieux et qui sont rangés dans un coin de ta tête et que tu n'oublieras jamais, non, cela fait partie des bons jours, ceux qui sont là pour te persuader que tout va bien chez toi. Jo et son mouvement rapide pour t'écarter d'Ava te ramène à la réalité, alors qu'Ava te tend une invitation et, métaphoriquement parlant, la main. "Pardon ?" Ta voix s'élève dans la cage de l'ascenseur en même temps que celle de Jo, là encore la surprise passant dans tes iris bleutés. Parce qu'Ava n'a aucune raison de faire ça, de te tendre la main justement, tu soupçonnes Jo de ne pas l'avoir mis au courant de la tournure amère qu'ont pris les choses entre vous deux, ou alors c'est autre chose. Ton regard croise celui de Jo, la brune a déjà pris la décision et il y a encore de la politesse dans sa phrase et tu sais très bien que si Ava n'était pas là, Jo serait beaucoup plus directe. Est-ce que Jo serait là si ce n'était pas pour sa grand-mère d'ailleurs ? Elle a l'air... en bonne santé, de ce que tu peux voir, pas de signes d'une quelconque maladie, ce qui est stupide comme pensée, parce que tu sais très bien que cela ne fonctionne pas comme ça. Ce n'est pas comme le nez en plein milieu de la figure. Et puis, ne t'avait-elle pas dit, il y a des décennies de cela, quand tu ne prêtais pas vraiment attention à rien d'autre que ton écran de téléphone portable, qu'elle retournait à Brisbane, pour s'occuper d'Ava, justement ? Oui, Jo n'a pas fait que fuir Sydney et mettre fin à votre colocation à l'époque.
Tu devrais refuser, tu devrais les laisser tranquilles, la laisser tranquille, comme tu as promis, mais qu'est-ce qui t'attend ? Une série de questions barbantes, un autre soignant qui va juger ta vie et enfoncer encore plus le clou en voulant te donner des conseils ? Cela en dit beaucoup si tu préfères rejoindre une personne qui a une vision erronée de ta personne, accompagnée d'une personne qui ne veut pas te voir. "Vous savez quoi ? Je vais me joindre à vous. Mon autre rendez-vous peut attendre, le plus important est fait. Donc j'ai du temps libre." Tu ne réponds pas à Jo en disant cela, mais bien à Ava, toujours avec le même sourire sur le visage, comme si tu venais d'entendre la meilleure blague du monde. Tant pis pour les conséquences, tant pis si cela énerve Jo, ce ne sera qu'une heure dans sa journée, elle pourra continuer à te détester après. Et, comme si tu avais tout prévu depuis le début, les portes de l'ascenseur s'ouvrent de nouveau, révélant les couloirs du St Vincent, son accueil et bien entendu la sortie. Tu en profites pour passer ta veste en cuir, sortant de l'ascenseur, prête à les suivre, parce que tu n'as absolument rien à perdre.
"Où est-ce que vous alliez ?" Tu poses la question, autant à Ava que Jo cette fois-ci, se tournant vers la brune et prête à accuser le coup si jamais elle te renvoie une autre expression meurtrière.

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crédit/(raquelsgifs) ✰ w/ @Laurie Wright

"Personne s’inquiète, t’en fais pas." La réplique était facile à renvoyer à la gueule de l’autre qu’elle regarda à peine dans la seconde, trop concentrée sur Ava qui, Jo le voyait, était perdue dans une réalité alternative où les deux jeunes femmes qu’elle avait en face d’elle étaient beaucoup plus jeunes qu’aujourd’hui. Elle ne disait plus rien pour le moment sa grand-mère, mais elle la voyait cogiter sur le meilleur chemin à adopter pour convaincre sa mémoire que c’était bien ce qu’elle pensait, qu’elle ne se trompait pas et qu’inviter Laurie à déjeuner alors que ce n’était pas prévu, c’était la meilleure chose à faire.
Même si elle gardait la face, ça faisait néanmoins mal au ventre à Jo de la voir perdue de cette façon-là. Ce n’était pas la première fois, et si elle commanda à l’ascenseur de démarrer vers le rez-de-chaussée avec une volonté agressive, son doigt d’enfonçant dans le bouton en ignorant royalement Laurie encore quelques instants, c’est avec une douceur innée qu’elle reprit le bras d’Ava en s’adossant au mur, lui souriant lorsqu’elle tourna la tête vers elle pour lui murmurer doucement , le haut de son nez se fronçant en remarquant un détail sur son visage usé "Ton rouge à lèvres a bavé, c’est ça de donner des baisers." Et sa main se tendit pour lui essuyer le coin de sa bouche avec le pouce, puis frotter sa propre joue avec sa paume pour enlever la trace qu’elle avait laissée tout à l’heure.
C’était son rôle à Jo de faire en sorte qu’elle soit présentable, et c’était sur ça qu’elle voulait se concentrer sur le moment, pas sur la blonde qui les regardait avec des yeux de merlan frit de l’autre côté de l’ascenseur, et que la chanteuse menaça enfin d'un regard qui se pointa dans sa direction pour la dissuader d’accepter de venir déjeuner avec elles. Mais bien sûr, qu’attendre de la part d’une traître dans son genre si ce n’était la réponse qu’elle accorda soudain, et qui fit regarder en l’air à Jo "À quoi je m’attendais franchement." Elle n’avait pas la commisération instinctive Laurie, c’était une pétasse de premier ordre, opportuniste de la pire espèce qui ne savait battre en retraite que quand on lui promettait un gros chèque — une pute quoi, appelons un chat, un chat. Étonnant d’ailleurs qu’elle ne s’était pas encore précipitée pour venir lui donner le montant que Midas avait inscrit sur celui qu’il lui avait refilé pour qu’il lui foute la paix histoire de lui faire savoir à combien il estimait sa tranquillité et prétendre que ce n’était sûrement pas assez, qu’elle, elle savait ce qu’elle valait — ouin, ouin, laisse-moi redevenir ton amie Jo.

Se perdant un instant dans cette pensée là, Jo se laissa surprendre par ce que sa grand-mère laissa échapper en claquant des mains, son regard s’illuminant d’une lueur un peu démente, qui fit décoller la jeune femme de la paroi de l’ascenseur et ravaler la boule qu’elle avait dans la gorge "Je crois que c’est cette semaine le spectacle de fin d’année ? Jo m’en a parlé dans sa dernière lettre et je lui ai promis de lui faire la robe à sequins dont elle rêve depuis longtemps. Entre nous, elle n’a même pas besoin de sequins pour briller, mais au moins ça la rendra inoubliable, pas vrai ma douce ?" Opinant seulement en direction d’Ava, n’ayant pas le temps de dire quoi que ce soit, elle ajouta à l’adresse de Laurie "Est-ce que tu participes aussi cette année ? Si ta maman est d’accord pour cette fois, je peux m’occuper de toi aussi. Une silhouette comme la tienne crois-moi que ça ferait rêver n’importe quel mannequin. J’en ai habillé quelques-unes, pas les plus malines si tu veux mon avis, mais ce n’est pas ce qu’on leur demande d’être." "Ça c’est sûr." fit Jo en sortant de sa courte torpeur, se basant sur cette phrase-ci pour s’en servir comme pique à l’encontre de Laurie dont elle ne suivait pas l’actualité, mais qui n’avait jamais caché son envie de briller devant les objectifs des photographes — son intellect reflétait ses capacités en la matière au moins, c’était déjà ça. Entendant le ding de l’ascenseur leur annoncer la fin de leur trajet, Jo laissa son regard dur et froid se perdre dans celui de Laurie pour lui dire silencieusement de fermer sa gueule à propos des mots qu’Ava avait prononcé, ne tenant pas à ce qu’elle lui fasse remarquer qu’elle avait quinze ans de retard, et laissa la vieille dame sortir avant tout de chose, la suivant sans se soucier que la blonde les suive ou non. Mais elle le faisait, et Jo perdit patience "Nana, prends un peu d’avance, la voiture attend devant l’entrée." Ava s’en remit au jugement de sa petite-fille sans rechigner, cette dernière se dressant devant Laurie pour lui dire "Tu viens parce qu’elle t’a invitée et que je veux pas la perturber, mais je te jure sur ce que tu veux que si tu l’ouvres et que si tu fais le moindre commentaire désobligeant à propos de ce qu’elle dira, je te défonce les dents." Et vu toute la colère qu’elle avait en elle ces derniers temps — plus que d’habitude s’entend, ce n’était pas son xanax qui allait amoindrir ces sentiments là —, elle aurait tôt fait de lui refaire la tronche sans qu’elle ne se soit obligée de s’asseoir sur la chaise d’un maquilleur. Elle pourrait le chanter sur tous les toits si ça la faisait kiffer de se faire encore plus passer pour la putain de victime qu’elle avait toujours été, Jo retomberait sans hésiter dans ses travers si ça impliquait de protéger sa grand-mère, et elle tenait à ce que Laurie le comprenne. Elle s’en assura d’ailleurs, lui demanda en la fixant droit dans les yeux, pas impressionnée par la différence de taille qu’il y avait entre elle aujourd'hui, alors qu'elle avait délaissé ses talons pour des tennis plus confortables "T’as compris ?"

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crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Jo Carter

Tu ne parlais pas à Jo de toute façon, que tu penses alors que la brune réplique, un peu comme une gamine têtue qui tenterait d'avoir le dernier mot. Et c'est bien ce que tu es dans le fond ? Oui, toi, Jo, c'est bien pour cela que ça a fonctionné à une époque certaine et savoir qu'elle se fiche complètement de ton sort ne t'atteint même pas. Qu'elle prenne un ticket, vraiment, la liste de gens que tu déçois ou qui réalisent qui tu es vraiment, de quelle manière tu vis, commence à s'allonger de jour en jour, Jo n'aura même pas de place choix sur cette liste-là, du tout. Il est difficile de se dire que les circonstances ont été un peu plus légères et que si tu n'avais pas tout fait foirer, tu en saurais plus sur le quotidien de Jo et d'Ava. Maintenant, tu n'es qu'une étrangère, qu'une intéressée qui regarde la scène se dérouler, sur le pas de la porte, littéralement, alors que Jo s'occupe d'Ava... comme elle l'a toujours fait. C'était vrai quand vous étiez plus jeunes, c'est le cas maintenant et la scène est touchante, tu te demandes si tu en feras autant avec Catherine dans quelques années. Ta grand-mère à toi a été enterrée depuis longtemps et vu l'expression de ta génitrice à chaque fois qu'elle en parle, les rapports n'ont jamais été bon. Non, ta famille s'est toujours composée de ta mère et de ta propre personne, personne d'autre, tu n'as pas tous ces liens à un passé, à des frères et des sœurs, tu n'as pas autant de racines que Jo et peut-être que plus jeune, à chaque fois que tu devais attendre que les répétitions se finissent pour trainer avec elle, tu étais jalouse.
Maintenant, tu vois bien que tu n'aurais pas pu partager de la sorte et que tu serais bien nulle et perdue avec une telle responsabilité. Ava reprend la parole et plutôt que de froncer les sourcils, plutôt que de te demander de quoi elle parle, tout ça s'est déjà passé en fait, tu colles ton sourire d'influenceuse sur ton visage et tu hoches la tête. Tu acquiesces automatiquement plutôt que de poser des questions, car même si Ava est confuse, ou malade, ou les deux, si tu pouvais te replonger à cette époque, d'un simple claquement de doigts, peut-être que tu le ferais, pour une heure ou deux. Le regard de Jo te ramène à la réalité et tu sais que tu as bien fait de garder le silence alors et de ne pas commenter, et Jo est là, la seconde suivante, juste devant toi, pour te forcer à rester sur la terre ferme encore une fois. Ton sourire faiblit à chacun de ses mots, il n'était pas réel de toute façon et les conditions sont données. Tu t'y attendais, elle devient presque prévisible à force.
"Ça, je n'en doute pas une seule seconde, Jo." Tu marmonnes les mots, avec moins de force que d'habitude, moins de tout, parce que tu n'es pas là pour te battre. Oui, cela irrite Jo, oui, tu lui as dit que tu la laisserais tranquille, oui, tu as même accepté et dépensé le chèque de Midas pour cela... mais qu'est-ce qu'une heure en fait ? Ta présence est-elle si horrible que ça ? Oh, tu connais déjà la réponse à cette question-là, pas besoin d'enfoncer le couteau dans la plaie. "Message reçu cinq sur cinq, je peux me la boucler et suivre le mouvement." Contrairement à ce qu'elle semble penser, tu n'es pas si difficile que ça, tu sais suivre des ordres et des directives sans en rajouter outre-mesure. Tu le faisais bien à ses côtés à une époque, et c'était facile, lâche à souhait, mais définitivement facile. Ton regard est toujours sur Jo et avant que vous n'alliez retrouver la voiture et Ava, une autre question passe la barrière de tes lèvres. "Il y a des sujets que je ne dois absolument pas aborder ou pas ?" Que personne ne t'accuse d'avoir fait empirer l'état d'Ava, non, tu ne te le pardonnerais pas dans le fond et Jo est la mieux placée pour t'aiguiller là tout de suite. Si tu dois prétendre avoir douze ans et être de passage à Brisbane pour une durée déterminée, tu peux le faire sans aucun problème. "Je pose la question pour ne pas la perturber, et parce que... même si nos interactions passées ne le prouvent pas, je tiens un minimum à mes dents et je sais les dégâts que tu peux causer."

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crédit/(raquelsgifs) ✰ w/ @Laurie Wright

Laissant Ava prendre de l’avance sur le chemin qu’elles devaient emprunter pour sortir de l’hôpital, Jo garda un oeil sur elle de loin avant de les tourner  graduellement vers la blonde qui les suivait et ainsi lui faire ses recommandations. Ça ne prendrait pas beaucoup de temps, une certitude dont elle se para pour l’arrêter dans sa marche et se placer face à elle dans l’espoir qu’elle l’écoute et qu’elle l’entende, ne tenant pas à se répéter plus d’une fois. Evidemment, l’attitude de Laurie était fidèle à elle-même ; si elle, elle était 1m54 de prévisibilité, petite tornade difficilement stoppable, Laurie était 1m78 de volonté farouche de ne pas sortir de l’image en pixels qu’elle s’était crée pour mieux vivre et supporter la vie qu’elle s’était choisie.

Levant une main dans l’espace qui les séparait pour calmer les ardeurs de Laurie, Jo rentra le menton pour la jauger sans prétendre lui trouver des qualités, et lui fit lorsqu’elle se prit son petit ton plein dans les oreilles "Hey, ça te fait peut-être kiffer de prendre ce petit ton avec moi, mais je m’amuse pas là." Laurie et son insolente désinvolture devaient être bien charmantes aux yeux des autres, pas à ceux de Jo qui n’avait pas envie qu’elle soit là et qui l’acceptait uniquement à cause de sa grand-mère. Elle ignorait quel genre de bien ça pouvait lui faire de se perdre dans ces années-là, seulement pour l’heure, elle était prête à lui autoriser cette virée sans essayer de la ramener sur terre par tous les moyens. Elle le ferait plus tard, en douceur, à l’abri des regards, lorsqu’elles rentreraient chez elles et que le calme feutré de la maison qu’elles partageaient viendrait étouffer le bruit extérieur.
Sur le moment, elle n’avait pas envie de la voir se décomposer sous ses yeux lorsqu’elle lui ferait réaliser qu’elle se trompait, que les années avaient passé et que les temps avaient changé ; que Jo avait 27 ans, qu’elle avait cessé de compter sur elle pour lui faire des robes, et que celles qu’elle lui avait faites des années auparavant, elle les gardait comme des précieux trésors qu’elle ne vendrait pour rien au monde, les gardant à l’abri pour en faire son héritage. La seule chose à laquelle elle tenait maintenant, c’était la jugeote de Laurie pour au moins essayer d’être quelqu’un de bien le temps d’une heure et d’éviter de tout tourner en dérision parce que c’était le seul moyen qu’elle trouvait pour supporter de vivre avec elle-même. Sur ça, elle ne la jugeait pas, elle avait le même genre de mécanismes de défense, mais sur l’instant, elle se foutait bien qu’elle se déteste assez pour ne pas vouloir comprendre qu’on vivait dans le monde réel, et pas derrière son putain de téléphone à chouiner sur ses déboires et ses problèmes : quand Ava était impliquée, ce n’était jamais un jeu, et elle entendait bien le lui faire percuter à cette idiote qu’elle fixa sans ciller le temps qu’elle enregistre le message et qu’elle adhère à sa requête sans la discuter.

Elle pouvait la boucler et suivre le mouvement. Jo avait très envie de lui faire remarquer que si elle avait un peu de race, si elle n’était pas qu’une connasse qui vit pour les autres, elle aurait poliment refusé la proposition d’Ava pour aller vaquer à ses occupations à la con en espérant qu’elles soient assez intéressantes pour lui faire oublier toutes ses erreurs, mais elle se retint le temps de s’arrêter sur la question que Laurie lui posa. Elle l’observa juste une seconde en se redressant de toute sa petite taille, et arqua un sourcil en conséquence. En ce qui concernait Ava, tous les sujets se valaient ; quand son cerveau avait décidé de lui jouer des tours, rien ne pouvait vraiment faire empirer les choses. C’était lui et lui-même, il n’y avait pas de facteur de stress qui faisait améliorer ou empirer la situation en vérité, il fallait juste s’armer de patience et attendre que les choses reviennent plus ou moins à la normale. En revanche, du côté de Jo, il y avait des boutons à ne pas pousser, et même si elle savait très bien que ce n’était pas d’elle que Laurie voulait parler, elle comptait bien lui rappeler qu’il y avait des sujets à ne pas aborder. Elle commença par lui dire "Elle a pas été brainwashé tu sais. Y a pas de protocole pour activer son mode meurtrier, on est pas dans un Marvel." Un petit rire lâché par le nez plus tard, et elle ajouta dans la foulée, ce sans en dire plus, trop optimiste sans doute pour croire qu’elle était assez maline pour comprendre pourquoi elle lui fit la sa demande suivante qui la concernait davantage que sa grand-mère "Parle pas de Midas." Point final. Si elle y tenait vraiment à ses dents, ce serait la meilleure chose qu’elle ferait de sa vie.

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crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Jo Carter

"Ce petit ton ? Tu veux dire ma voix ?" Que tu marmonnes, parce qu'encore une fois, Jo te prête des intentions que tu n'as pas. Comme si tout était calculé chez toi, que tout était prévu, des coups en avance, parce que la vie avance mais que tu joues aux échecs et que tu sais tourner toutes les situations à ton avantage. Bien sûr que non, tu ne sais pas comment vivre et c'est bien ça le cœur du problème. Tu avances à tâtons la plupart du temps, prête à te prendre des portes fermées et essuyer des refus et à verser des larmes si c'est le cas. C'est sûrement pour cela que tu es aussi gourmande, pourquoi tu ne sais pas dire non et que tu prends tout ce qu'on te donne. Tu le fais à chaque fois, même si c'est néfaste pour toi, même si ça ne fait pas de sens. Et même si, comme aujourd'hui, cela va à l'encontre de la demande de Jo, de Midas, du gros chèque signé par le Harry Style au rabais qu'il est dans le fond et même le regard de Jo posé sur toi en ce moment. Tu n'as pas envie de te battre dans tous les sens du terme et au moins, Jo te répond et lâche un petit rire. La chanteuse n'a rien perdu de son piquant habituel il semblerait bien et tu attends la demande plutôt que de répliquer.
"C'est ta seule condition ?" La question arrive alors que ce n'est pas celle que tu veux poser. Tu veux savoir si ça a un rapport avec la gifle qu'elle lui a donnée, les rumeurs qui courent à leur sujet. La plus populaire ? Midas a trompé Jo, parce qu'ils étaient ensemble tout le long du Revival et il est allé voir ailleurs à la minute où il n'y avait plus aucun enjeu et qu'elle avait gagné. Tu ne connais pas la vérité et il faudrait vraiment que tu fasses autre chose de tes soirées que te balader de reels en reels mais hein... un seul problème à la fois. Tu prends une profonde inspiration et face à Jo, tu lèves ta main droite, l'autre se posant sur une Bible invisible. Encore heureux, tu es presque certaine que tu finirais engloutie par des flammes si tu touchais un vrai livre sacré. "Je peux te dire sans mentir et sans aucune hypocrisie que tu n'as aucun soucis à te faire... Je ne parlais pas de tu-sais-qui." Cela est dit avec tout le sérieux que tu possèdes, sans aucune ironie, ton regard posé sur Jo. Quelques secondes passes et ta main se rabaisse. "Je cracherais bien dans ma main pour serrer la tienne mais quelque chose me dit qu'on a passé l'âge pour ça toutes les deux." Et qu'elle t'en collerait bien une si tu faisais cela, mais tu n'as pas envie de parler de Midas, certainement pas avec Jo, alors peut-être que le reste de la journée ne sera pas un désastre complet.
Tu suis Jo quand elle semble satisfaite, grimpant toi aussi dans la voiture. Les beaux jours de Jo semblent être positifs pour tout le monde, la voiture est luxueuse et vient avec un chauffeur. Tu ne commentes pas, assise à la droite d'Ava, tu acquiesces à tout ce qu'elle dit, comme si c'était parole d'évangile et dans un sens, rassurée par sa présence. C'est un truc de grand-mère, ça tu le sais. Le véhicule s'arrête, devant une demeure familière et encore une fois, tu suis le mouvement, replongeant littéralement dans les souvenirs et à une vie où tout était plus facile. Tu peux encore te revoir ici, ta main serrant celle de Jo, à la suivre dans sa chambre et prête à sauter sur le lit tout en chanter à tue-tête les chansons d'High School Musical. Bordel, où est passé tout ce temps ? Cette fois-ci, tu n'es pas limitée à la porte d'entrée, tu as le droit d'entrer dans la demeure, et tu le fais avec un léger sourire sur le visage. "J'avais oublié à quel point c'était... confortable ici." Tu retires rapidement tes chaussures, pour ne pas ruiner l'intérieur et tu suis toujours Ava, qui s'est déjà dirigée vers la cuisine. "Vous avez besoin d'aide ?" La question est pour Ava et elle ne te ressemble pas du tout. Du tout même. Est-ce que tu sais faire autre chose que des toasts ou réchauffer des nouilles instantanées ? Non, mais il semble que tout soit possible aujourd'hui, alors pourquoi pas, peut-être que le résultat ne sera pas complètement désastreux.

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crédit/(raquelsgifs) ✰ w/ @Laurie Wright

Jo ramena Midas sur le tapis, et ça sans que personne ne lui demande quoi que ce soit. Ça frôlait l’obsession d’une part, n’ayant pas encore trouvé une méthode efficace pour fermer son esprit à ses pensées le concernant, cherchant sans même s’en rendre compte à s’imaginer ce qu'il faisait et avec qui, alimentant plus qu’étouffant ses craintes secrètes à ce propos. Sauf que là c’était surtout parce qu’elle la connaissait Laurie, et qu’à défaut de pouvoir à nouveau compter sur elle, elle la savait incapable d’apprendre de ses erreurs, tout juste bonne à vouloir attirer l’attention et pas celle de n’importe qui.

La preuve, elle aurait tout simplement pu tourner les talons, dire à Ava qu’elle avait des choses à faire en inventant un bobard à la hauteur de sa connerie, et se tirer faire ce qu’elle savait faire de mieux, c’est-à-dire chialer sur les réseaux en espérant qu’on l’écoute se plaindre sur son sort de pauvre petit-fille mal comprise — et n’oubliez pas le like surtout. Mais elle restait là, à la regarder et à souligner la condition prononcée par Jo avec auto-dérision — appeler Midas tu-sais-qui comme si c’était une farce qu’elle était la seule à apprécier tant elle avait toujours crevé de le voir attirer son attention sans même essayer, et surtout plus qu’elle ne l’avait jamais fait en faisant des pieds et des mains pour rester dans ses bonnes grâces. Jo n’était pas capable de prendre assez de recul sur tout ce qui s’était passé depuis le mois de mars pour s’amuser de quelque chose à ce sujet ; et la moquerie était perceptible dans le son de sa voix à Laurie. Ça l’énervait déjà assez pour qu’elle renchérisse, apprenant à la boucler quand c’était nécessaire, aussi elle ne fit que confirmer d’un regard qui balaya sa longue silhouette que oui, c’était sa seule condition. Ne lui disant pas que ça pouvait très bien changer en cours de route, elle lui tourna aussitôt le dos pour reprendre son chemin et rejoindre la voiture mise à sa disposition pour la journée histoire de rentrer chez sa grand-mère.

"Tes pompes. On est pas chez ta mère ici." "Josephine." lui dit Ava en fronçant un peu trop fort les sourcils, la rendant plus sévère qu’elle ne l’était vraiment. Roulant des yeux en la laissant entrer avant toute chose, Jo laissa la place à Laurie à qui elle avait envie de faire un croche-patte pour la voir s’étaler de tout son long dans le vestibule. A la place, elle adressa un sourire tout en fossettes à Ava qui annonça qu’elle allait s’asseoir pour se reposer. A une autre époque, elle y serait allée de son petit commentaire de mamie pour les empêcher de se chamailler pour le reste de la journée, mais elle avait relativement retrouvé le sens des aiguilles de la montre qu’elle portait au poignet pour ne pas avoir le courage de reprendre davantage sa petite-fille qui annonça à Laurie qui comptait sûrement sur la nostalgie pour provoquer quelque chose chez elle — qu’elle crève, la seule chose qu’elle provoquait chez elle, c’était de l’urticaire, et pas à un endroit accessible à n’importe qui, et surtout pas à elle "C’est bon, évite le couplet nostalgique.  On me le sert assez souvent en ce moment." Son père, sa mère, leur talent inégalable pour se dresser sur son chemin en prétendant avoir de bonnes intentions quand elle avait appris qu’Isaiah s’était renseigné auprès de son agent de sécurité sur la marche à suivre pour accompagner sa fille lors de ses déplacements les plus à risques.

Retirant ses chaussures d’un coup de pieds, elle les rangea au bas de l’escalier après avoir retiré sa veste, soufflé un bon coup pour se décharger de la pression du rendez-vous médical de sa grand-mère, et se dirigea vers la cuisine en ne vérifiant pas si Laurie la suivait ou non. Elle le faisait, comme le bon chihuahua qu’elle avait toujours été, lui demandant déjà si elle avait besoin d’aide. Jo eut un léger rire "Tu sais cuisiner maintenant ?" Non pas que Jo était plus aguerrie dans la discipline, mais s’occuper de quelqu’un à temps plein, ça l’avait rendue plus encline à mettre la main à la pâte sans bouder ; la vie de célébrité, elle la laissait derrière elle quand elle rentrait chez Ava, et dans une certaine mesure, c’était une putain de torture de revenir à la réalité, ça lui faisait se rendre compte que malgré tout ce qu’elle ferait jamais pour toucher les étoiles, elle finirait toujours par redescendre sur Terre, et pas dans un atterrissage contrôlé. Ça lui faisait mal, et pas qu’au bide, mais inutile de vous faire un dessin "On a une colocataire, si tu tombes sur des trucs où s’est écrit Maisie dessus dans le frigo, évite d’y toucher." Comme un feu vert pour qu’elle ne se tourne pas les pouces, elle lui montra le frigo en question d’un signe de la tête avant de marquer une pause et de faire à Laurie en croisant les bras sur sa poitrine, ses reins se posant d’eux-mêmes sur le meuble devant lequel elle s’était arrêté, la malice de son expression jurant avec tout le sérieux de la situation "Vas-y, pose-la ta question. Je le sens que t’en crèves d’envie." La question à propos de l’état d’Ava, de ce qui la menait à se penser à des années de la période actuelle.

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crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Jo Carter

L'ordre de Jo est un peu superflu, tu es peut-être la pire personne de la ville, de l'univers même s'il le faut, tu n'en oublies pas tes manières et garder tes chaussures à l'intérieur, c'est exclu. Tu ne le fais pas dans ton appartement tout beau et tout neuf alors pourquoi ici ? Non vraiment, elle n'a pas d'inquiétudes à se faire et quand la chanteuse surenchérit pour te dire de ne pas faire dans le couplet nostalgique, tu hoches la tête. En ce moment, oui, tu n'es pas la seule fautive. Tes pensées dérivent automatiquement sur son père et la dernière fois que tu l'as croisé, avant d'être virée, pardon congédiée, de la production du Revival. Il avait l'air motivé, il doit toujours graviter dans les environs, tu n'en sais rien, ce n'est pas comme si tu étais la mieux placée pour savoir ce qui se passe dans la vie de Jo Carter. La faire souffrir était une erreur que tu ne comptes pas oublier et tu ne traques pas le moindre de ses faits et gestes à la recherche de l'occasion parfaite pour rentrer de nouveau dans sa vie. Il y a des années de ça, peut-être que tu y aurais pensé, mais décider de rester à Brisbane voulait aussi dire accepter tes bêtises, enfin voir les dégâts que tu causes et te regarder en face. Tout comme tu regardes Jo maintenant, alors qu'Ava est partie se reposer. Peut-être que tu devrais aller lui tenir compagnie, après tout, c'est parce qu'Ava s'est manifestée que tu es là, mais tu rayes cette idée bien vite et tu hausses les épaules. Répondant à Jo avec un temps de retard.
"Non, mais je ne ferais pas brûler la maison." Est-ce une autre promesse que tu vas briser ? Tu n'en sais rien, toi aussi, tu as envie de rire en disant cela à voix haute, comme Jo vient de le faire, tu ne le fais pas parce qu'elle reprend, chez elle, clairement dans son élément. L'intrus, c'est toi, et tu n'as jamais eu autant conscience de chaque centimètre carré de ta  peau qu'à cette seconde précise. Enfin... non, correction, c'est pire quand Jo croise les bras sur sa poitrine et t'ordonne de le faire. De lui poser la question la plus évidente du monde, celle qui est sur le bord de tes lèvres.

Dis, tu crois qu'un jour tu pourras me pardonner d'avoir été aussi conne et égoïste ?

Tu pinces tes lèvres durement la seconde suivante, les bras ballants de chaque côté de ton corps, tu sens tes poings se serrer d'eux-mêmes et c'est quand tes ongles rentrent dans ta peau que tu réalises que Jo attend une réponse. Et que ce n'est pas à cette question-là qu'elle fait référence, c'est la seule qui te traverse l'esprit, sauf que tout ne tourne pas autour de toi. Alors oui, ton regard bleuté se pose sur Ava, Ava dans son fauteuil qui a connu de meilleurs jours et qui se croie des années en arrière. Est-ce de la démence ? Ou pire encore, et bien plus spécifique, Alzheimer qui est venu taper à la porte des Carter ? Après un silence beaucoup trop long pour la pipelette sociale que tu es quand on braque une caméra sur toi, tu te tournes vers Jo, clignant des yeux. "Vous avez une colocataire... depuis quand ?" Maisie que Jo a dit, elle s'appelle Maisie, tu te concentres sur ce détail. Puis, tu réalises que Jo va penser que tu joues à l'idiote ou que tu te moques de l'état d'Ava. Ce n'est pas le cas, du tout, cependant poser la question ne va aider Ava, ni Jo même. "C'est la seule question qui me traverse l'esprit dans l'immédiat... pour le reste..." Tu hausses les épaules. Elles étaient à l'hôpital pour une raison et les sourires en cachent long. Les afflictions graves ne sont pas toujours visibles malheureusement. "Tu sembles gérer, et quelque chose me dit qu'une amie aurait le droit à ce genre d'information, vu que ce n'est pas ce que je suis pour toi, autant que j'économise ma salive et que je me mêle de ce qui me regarde... j'en fais déjà assez pour une journée, pas vrai ?" En étant là, en insistant, en poussant Jo dans ses retranchements d'une part. Non, elle n'admettra jamais que cela lui fait quelque chose, peut-être que ce n'est même pas le cas pour elle, peut-être que tu es la seule accablée par le fardeau. Franchement ? Tu l'espères, cela rétablirait un peu d'équilibre.
"Et puis je sais que tu es capable de déplacer des montagnes pour Ava." Pas besoin d'avoir un passé commun pour réaliser à quel point Jo se soucie de l'état de sa grand-mère, et s'il y a quelque chose et que l'état d'Ava empire... Jo doit en payer les frais quotidiennement, et cela non plus, ça ne doit pas être facile à gérer. Une bonne personne saurait quoi dire pour la rassurer et une amie l'aurait déjà fait, vu que tu n'es ni l'un ni l'autre..."Bref." Que tu reprends, la gorge plus sèche que la seconde précédente. "Tu veux de l'aide pour le repas ?"

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crédit/(raquelsgifs) ✰ w/ @Laurie Wright

Qu’elle fasse brûler la maison, ça lui donnerait une bonne occasion de la buter pour de bon sans qu’on ne veuille l’accuser de surréagir à une situation imposée par le besoin compulsif de Laurie de graviter dans son orbite. Roulant des yeux, Jo enchaîna sans transition, lui offrant la possibilité de lui poser des questions sur Ava et son état. Ce serait une réaction normale de vouloir savoir, Jo ne le reprocherait même pas à Laurie. Mais normale n’était pas un qualificatif qui seyait particulièrement à la jeune femme pour qui la seule chose valable à ses yeux, c’était sa petite personne. Jo était déjà bien gratinée niveau égocentrisme, elle savait se faire passer en premier sans regretter après une enfance passée à satisfaire les désirs d’un père despotique. Mais Laurie remportait haut la palme sur ce coup-là, et ce serait toujours le cas tant qu’elle penserait que c’était mignon d’agir comme elle le faisait. Ça ne l’était pas et sa réaction était à la hauteur du personnage qu’elle était devenue : vide, préférant s’arrêter sur des détails plutôt que sur ce qui compte et qui avait du sens. Elle ne lui posa donc aucune question. Jo n’était pas étonnée, il en fallait beaucoup pour forcer Laurie à considérer le monde sous une perspective plus réelle que l’objectif d’un appareil-photo.

Alors elle eu un léger rire, le genre expulsé par le nez, ses reins se décollant du meuble sur lequel elle était appuyée, ses bras se décroisant en même temps, plus déçue que le reste que jamais elle n’ouvrirait suffisamment les yeux pour regarder autour d’elle et comprendre qu’il y avait des choses sérieuses qui se passaient, et que non, ne pas être né dans le bon corps ne faisait même pas partie de la top liste des problèmes les plus difficiles à vivre. Mais elle ne le dirait pas, on l’avait déjà injustement dénigré pour l’avoir ouvert trop fort, lui collant une étiquette disgracieuse sur le front quand elle ne pouvait pas en avoir plus rien à foutre de l’identité sexuelle de ses congénères, mais le politiquement correct faisait tourner le monde désormais, c’était comme ça.
"Depuis novembre. C’était une condition pour que je participe à l’émission, je voulais pas la laisser seule." Et que dans son monde, vivre ses rêves ne voulait pas forcément dire mettre les gens à qui elle tenait de côté ; chose que Laurie n’était pas apte à comprendre, autant éviter de lui faire une leçon sur ce principe qui lui rentrait par un orifice pour ressortir pas un autre "Ouais pour le reste faudrait pas que tu te rendes compte qu’il y a de vrais problèmes autour de toi, ça t’obligerait à déplacer le curseur de ta petite personne et à t’intéresser à la réalité." Sentant monter quelque chose en elle qui n’était pas tant de la colère, mais qui ressemblait plus à de la lassitude, elle s’affaira à saisir la planche à découper installer près du piano de cuisson et le posa sur le plan de travail qu’elle débarrassa de ce qui formait une jolie décoration ; le panier à fruits et à légumes, le dernier bouquet qu’elle avait ramené à Ava "Non, quelqu’un qui s’intéresse à ma vie en dehors des caméras et qui s’inquiète pour moi aurait eu droit à une réponse. Ça a rien à voir avec l’amitié, ça s’appelle être humain et un minimum bienveillant." Chose qui là encore ne faisait pas partie des prérogatives de la personne que la blonde était devenue avec le temps. Moi, moi, moi voilà ce qui formait l’univers de Laurie "Mais tu sais quoi, t’as raison, mêle-toi de ce qui te regarde pour ce que t’en as à foutre de toute façon." Elle n’exagérait pas. Laurie donnait au mieux l’impression de chercher à pleurer sur son sort, au pire celle d’en avoir royalement rien à cogner de ce qui arrivait à Ava — cette pensée, elle fit ajouter à Jo, un nouveau rire du même acabit que tout à l’heure s’échappant de ses narines "C’est pas comme si elle t’avait accueillie pendant les vacances d’été quand t’étais gamine, pas comme si elle t’avait conseillée sur des pièces à bien associer parce qu’en dehors des goûts de pute de ta mère, tu savais à peine te saper pour pas passer pour un clown." Au moins, elle restait constante dans sa façon d’agir Laurie, c'était un bon point pour elle, un qui aurait dû empêcher Jo de songer à l’éventualité qu’elle s’intéresse un peu à la situation.

S’éloignant du plan de travail, elle noua ses cheveux en un chignon rapide qu’elle fixa avec une épingle accrochée au revers de son chemisier juste au-dessus de sa nuque, et se passa les mains sous le jet glacé du robinet qu’elle actionna avec son coude pendant que la voix blanche, elle réagissait à la conclusion de Laurie qui lui disait qu’elle savait qu’elle était capable de déplacer des montagnes pour Ava "C’est souvent ce qu'on fait quand on aime quelqu’un. On le protège, on prend soin de lui sans rien attendre en retour. Je comprends que ça te parle pas comme concept, mais je suis pas la seule qui fait ce genre de choses pour un proche." Jo faisait rarement preuve d’humilité, aussi la manière dont elle posa son explication en agrémentant le tout par une pique au passage, elle était assez désarmante pour que quiconque sache qu’elle n’avait sincèrement jamais agi par intérêt auprès d’Ava ; auprès de personne en vérité, elle préférait encore être seule qu’être décrite comme une opportuniste, autre preuve était les mois qu’elle avait passé avec Midas en voulant à tout prix attendre que sa carrière décolle pour annoncer qu’ils étaient ensemble. Ils ne l’étaient plus aujourd’hui, elle ne pouvait que récolter les lauriers de son honnêteté pour ce que ça lui avait apporté de vouloir faire les choses dans les règles de toute façon.
S’essuyant les mains avant de prendre un tablier, elle laissa le silence s’installer le temps de le nouer autour de sa taille et de relever la tête vers Laurie quand, faisant glisser un couteau du bloc qui était posé non loin d’elle pour le poser sur la planche à découper, elle lui fit dans le même temps "Je te veux pas dans mes pattes. T’as qu’à lui préparer une tisane, celle à la réglisse et à la menthe sur le dernier étage du buffet, et aller lui apporter." Haussant les épaules, elle poursuivit sur le même ton las et détaché "Elle trouvera bien un truc ou deux à te raconter le temps que je prépare de quoi grignoter."

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crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Jo Carter

Jo vise juste en t'accusant d'être égocentrique, cela a toujours été le cas, même du temps où les choses étaient plus simples et plus définies entre vous deux. Tes émotions sont grandes, fortes, elles arrivent avec des larmes, des hauts et des bas, elles prennent le pas sur tout, tellement que tu ne te mets jamais à la place des autres, tu ne dis que rarement pardon et si tu dois pousser quelqu'un juste pour pouvoir respirer... eh bien tu le fais sans hésiter. Tu l'as fait, avec d'autres, avec Jo, l'écrasant même un peu au passage et maintenant, tu as le cœur lourd de regrets. Tu encaisses quand elle te décrit et parce que ça sonne plus comme une vérité que des insultes, tu ne peux qu'hocher la tête, les mains nouées devant toi comme maigre défense et le visage vide de toute expression pour une fois. Tu n'es pas bienveillante, on ne t'a jamais appris à le faire, tes premiers souvenirs sont Catherine qui te dit quoi faire ou qui remet les gens à leur place, autant pour Lawrence que pour Laurie. En t'assurant que rien ne cloche chez toi. Que tu es absolument parfaite... peut-être que cela explique beaucoup de choses au final.
Tu fronces un peu les sourcils alors que Jo soutient que tu te fiches de tout, tu pourrais soupirer et tourner les talons, ça prouverait qu'elle a raison, à la place, tu t'efforces de lui parler sur un ton neutre. Pour ne pas démarrer quelque chose si près d'Ava, surtout quand tu ne pourras pas le finir. "Si je m'en fichais vraiment, je ne serais pas là, mais pense ce que tu veux de moi Jo, ce n'est pas comme si j'en avais quelque chose à faire, ou que je pouvais rectifier le tir." C'est Jo qui t'a presque mis au défi de poser la question à propos de l'état de santé de sa grand-mère et c'est Jo encore qui te rappelle que non, ça ne te regarde pas. Alors qu'est-ce que tu es censée faire pour contenter la brune ? Tu es beaucoup de choses, mais tu ne peux pas te tordre de cette façon-là et quoi que tu fasses, tu ne gagneras pas. Tu ne pourras pas retourner en arrière, effacer ce que tu as dit, fait ou pensé. Mais Ava ? Tu te soucies d'elle, Jo et sa grand-mère sont rattachés aux quelques bons souvenirs que tu as et les moments où on t'a pris au sérieux en tant que Laurie, ça fait partie de toutes les choses qui t'ont persuadé de sauter le pas et de l'avoir cette opération. Savoir qu'elle est malade et que c'est grave ne t'enchante pas bien au contraire, si les circonstances avaient été différentes peut-être que... Tu ne finis pas cette pensée, à quoi bon, tu n'es pas médecin ou magicienne et Jo a déjà dû tout envisager de toute façon. "Peu importe ce que je dis ou je fais maintenant, c'est déjà trop tard, je le sais." Et ce n'est même pas un reproche que tu lui fais, c'est juste un simple constat de la situation. Tu hausses les épaules la seconde suivante, tu es de trop, tu le sais, tu n'as pas eu les meilleures intentions du monde cependant, tu es là, non ?
Ton regard bleuté s'attarde sur Jo, tu n'auras pas la réponse à tes interrogations silencieuses et tu es en mouvement la seconde suivante. Si tu ne peux voler que quelques minutes avec sa grand-mère alors parfait, c'est tout ce que tu auras, tu retouneras à ta vie bordélique plus tard. "Okay, une tisane, okay." Les tasses sont toujours à la même place, c'est assez pour que l'ombre d'un sourire se colle sur ton visage et tu fais en sorte de rester loin du chemin de Jo alors que tu prépares la boisson chaude d'Ava. Tu conserves le silence jusqu'à avoir la tasse fumante entre tes mains et tu te brûles les doigts au passage, mais c'est beaucoup mieux que d'être là avec Jo et tu finis par rejoindre l'autre Carter dans le salon. Elle est installée dans son fauteuil, la télévision est allumée et sert de bruit de fond. Tu poses la tasse sur la table basse avec un sourire. Tu sais toujours les conjurer même quand tu n'as pas envie de le faire, surtout quand tu n'as pas envie de le faire, pas besoin d'ennuyer Ava avec... tout le reste. "C'est pour vous... qu'est-ce qu'on regarde ?" Tu poses la question et plutôt que de t'asseoir sur le canapé à côté d'elle, tu trouves une position sur le sol, juste aux pieds d'Ava, plus confortable là qu'ailleurs. "Oh rien d'intéressant, comment va ta mère au fait ? Elle prépare toujours ton entrée dans un autre concours de beauté ? Je suis certaine que tu repartiras avec un autre trophée ?"
Ava se souvient de Catherine, tu supposes que personne ne peut oublier ta mère comme ça, plus que de cela, Ava parle de ton enfance, et même de ton adolescence facilement, comme si ce n'était pas il y a quelques années et... tout ça avec une certaine clarté. C'est aussi touchant que c'est perturbant en fait et tu ne sais même pas quel genre d'émotions ou de réactions tu es censé avoir en réalité. Tu préfères offrir à Ava un autre sourire. "Si vous en êtes certaine alors... ça va forcément arriver, non ?" Ava t'assure que c'est le cas et tu lui parles un peu plus de Catherine, enfin, la Catherine de l'époque, celle qui prépare tes tenues, qui te dit comment te tenir et comment te comporter... Des choses qui s'appliquent encore maintenant en fait. "J'ai même des conseils pour défiler comme une pro, vous voulez voir?" Avant d'avoir une vraie réponse, tu es de nouveau debout, sur tes deux pieds, faisant une démonstration de ton déhanché de future gagnante à Ava. Comme avant, comme si les mots de Jo d'il y a quelques minutes n'allaient pas rester gravés dans ta mémoire, comme si.

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crédit/(raquelsgifs) ✰ w/ @Laurie Wright

"T’es là parce que quand elle t’a proposé de venir déjeuner avec nous, t’as compris que je voulais pas que tu dises oui, et que ça te fait kiffer de me gâcher la vie." Un peu d’exagération ça ne faisait pas de mal. Jo en était la reine, ça tombait bien "Te fais pas passer pour plus humaine que tu l’es vraiment." Elle en avait des choses à dire sur Laurie, Jo, autant profiter de l’occasion pour le faire. Elle ne tournait jamais autour du pot, c’était encore moins le cas maintenant qu’elle savait quel genre de personne elle était vraiment. Un rire lui échappa quand elle lui dit qu’elle n’en avait rien à faire de ce qu’elle pensait d’elle, qu’elle pensait ce qu’elle voulait. Pourquoi restait-elle alors, pour Ava ? Cette putain de blague "Barre-toi alors. Qu’est-ce que tu crois ? Que t’as tellement laissé un souvenir impérissable à nana qu’elle va se souvenir du moment qu’elle passera avec toi tant que tu décideras de taper l’incruste ?" Putain, elle qui se jugeait détentrice du melon le plus gros de la ville, y en avait qui lui ravissait la palme ces temps-ci "Y a que toi qui pense que t’es inoubliable, redescends." Jo ne s’adoucirait pas, pas même un peu, et ça n’avait aucune limite dans le temps. Laurie avait creusé trop fort dans sa propension à faire confiance à très peu de gens, jouant avec leurs souvenirs pour l’attendrir et lui asséner un coup de poignard dans le dos au moment le plus opportun.

Par sa faute, elle ne voyait plus que ses nouvelles rencontres sous le prisme de l’opportunisme, pas sa faute elle savait que chaque fois qu’elle s’attachait à quelqu’un, ça lui revenait à la gueule comme un boomerang parce que si elle donnait peu, à peu de monde Jo, quand elle le faisait enfin, c’était sans limites et avec une loyauté proche de la bêtise. Laurie, elle avait floué tout ça pour tirer son épingle du jeu et la laisser essuyer les plâtres de ses conneries tout ça pour quoi, gagner trois pauvres campagnes de pub dont personne se souviendrait et quelques followers ? Quand elle arrêterait d’intriguer avec son histoire, les gens se lasseraient d’elle, et elle reviendrait chialer sur ses réseaux en prétendant être malheureuse, ne rien valoir, et en se cachant derrière la fermeture d’esprit des gens pour se faire passer pour la victime qu’elle aimait être parce que ça lui offrait une identité stable, dans laquelle elle se complaisait. Jo était une solitaire dans l’âme, elle choisissait ceux qui marquaient sa vie sur la durée, quitte à s’enfermer dans son monde, mais Laurie ? Ce n’était pas un choix qu’elle avait fait d’être seule, c’était elle qui faisait fuir tous ceux qui s’intéressaient un tant soi peu à sa personne en dehors des écrans.

Retournant à sa préparation en jugeant utile de faire comme si Laurie n’était plus là, elle fût soulagée qu’elle quitte enfin la cuisine pour la laisser seule. Pas seulement parce qu’elle ne pouvait plus la voir en peinture, mais parce qu’elle se souvenait des paroles du médecin de sa grand-mère, et que jusque-là, l’autre s’incrustant comme le putain de morpion qu’elle était, elle n’avait pas eu le temps de s’arrêter un seul instant sur ce qu’on lui conseillait de faire, et qui la plongea un instant dans un état proche de la tristesse qu’elle passa en détaillant son céleri en branche avec une précision d’orfèvre, la lame de son couteau marquant le tempo de sa découpe avec un rythme aussi saccadé sur les battements de son coeur qui cognait dans sa poitrine. Si Laurie avait été moins elle-même, peut-être que Jo aurait voulu débriefer avec elle, soulager quelque chose en lui demandant conseil, en essayant de déblayer l’énigme sans nom qu’était la maladie d’Ava qu’elle devait gérer tout en accusant le contrecoup de l’effervescence exponentielle d’une médiatisation qui ne se tarirait sans doute pas de sitôt. Mais elle ne ne l’appréciait officiellement plus assez pour lui accorder le droit d’avoir accès à sa fragilité.

rp terminé.