« Oui ? »
« Oui. »

Ils s’étaient mariés pour le meilleur, pour le pire, elle n’en savait rien, mais en tout cas pour la nuit. C’était du moins l’un des nombreux mensonges que l’alcool leur avait permis de se répéter alors qu’ils avaient profité de la soirée sans se soucier de quoique ce soit. Ava avait conscience d’avoir trop bu mais l’ambiance de la soirée et la compagnie de Finnley lui donnaient un sentiment de sécurité, bien éloigné de toutes ces soirées auxquelles elle ne souhaitait pas participer. Après 2013, elle se souvenait qu’Il lui avait fallu quelque temps après avoir enfin pu arrêter de travailler pour ses parents avant de désirer sortir et rencontrer du monde, cela la ramenant à chaque fois inévitablement à un passé qu’elle n’avait finalement pas tant apprécié que ce qu’elle s’efforçait de le croire. Finnley, elle l’avait rencontré par hasard et les éclats de rire et la conversation fluide qu’ils avaient entamée n’avaient rien de faux et Ava avait très vite apprécié sa compagnie, laissant de côté les amis qui l’avaient accompagnée. En sortant ce soir-là, elle n’avait pas accordé de soin particulier au choix de sa tenue, traînant presque les pieds à l’idée de se retrouver au milieu d’une foule parce que la fête n’avait jamais été son activité préférée. Au final, elle s’était trouvée chanceuse que cet homme roux au charme indéniable ait renversé une partie de son cocktail sur sa robe, sans réaliser où ce geste anodin les mènerait.

Le réveil du lendemain avait été plus compliqué que la fête de la veille et en ouvrant les yeux, Ava avait posé une main sur son front avant d’analyser la situation. En un regard, elle avait compris qu’elle n’était pas chez elle et après quelques minutes nécéssaires pour être totalement réveillée, que la nuit avait été courte. « Finnley, c’est ça ? » avait-elle demandé avec bien plus de timidité qu’elle n’en avait montré la veille. Ce n'était pas qu'elle ne se souvenait pas et qu'elle avait besoin qu'il lui confirme son prénom, mais plutôt une façon de s'annoncer alors qu'elle l'avait rejoint dans son salon. Un léger sourire s’était dessiné sur ses lèvres lorsque que son regard s’était posé sur elle parce que malgré les excès et la fougue dont ils avaient fait preuve, la blonde le trouvait toujours aussi séduisant. C’était une bonne nouvelle, contrairement au fait qu’elle n’était couverte que par un drap fin, les cheveux en bataille et les yeux faisant l’inventaire de leurs vêtements éparpillés sur le sol. Ava s’était mordue la lèvre, ignorant les bribes de souvenirs qui lui revenaient ici et là et était venue s’asseoir à côté de lui avant de lui donner un léger coup de coude. « Alors, tu ne portes pas ton alliance ? » Son rire s’était stoppé net alors que Finnley lui montrait sa main gauche - ce détail là lui avait échappé. « Oh, je vois. Pardon. J’avais pas réalisé. » Il avait probablement eu tout le loisir de constater la maladresse dont pouvait faire preuve la blonde et le résultat restait le même, ils étaient rentrés ensemble. Ce n’était jamais le moment de passer la porte ou la nuit en elle-même qui posait problème, mais ce moment-là, celui qu’ils étaient en train de vivre et qui les empêchait de se regarder directement dans les yeux sans réellement savoir pourquoi, ils étaient deux adultes consentants et avaient passé un bon moment. Du moins, elle avait passé un bon moment. « Tu te souviens de tout, toi ? » avait-elle demandé pour briser un silence qui devenait rapidement pesant en tentant d’ignorer la migraine qui venait marteler ses tempes. Elle rêvait d’un café, elle n’osait simplement pas le demander à son époux. Le mariage ne commençait pas sous les meilleurs hospices.

(FLASHBACK). La lenteur avec laquelle Finnley s’extirpe de son lit est proportionnelle à son désir de ne pas interrompre le sommeil de... Avril ? Le rouquin glisse hors des draps, constate qu’il ne porte plus de vêtements, s’empare de nouveaux dans sa penderie qu’il enfile à la va-vite avant de quitter la pièce, prenant soin de ne pas faire claquer la porte derrière lui. Wernicke aboie joyeusement quand il arrive dans la pièce à vivre et Finn quémande aussitôt le silence, pour ne pas déranger... Ana ? autant que pour ne pas accentuer son mal de crâne qui se réveille en même temps que lui. La jeune femme dans son lit autant que les coups réguliers qui cognent contre ses tempes sont un rappel de la soirée animée de la veille, sans pour autant qu’il ne soit en mesure de s’en remémorer le déroulement. Ou plutôt, il se souvient du début ; de cet enterrement de vie de garçon qui les a amenés dans un club, où la danse privée qu’on lui a offerte s’est transformée en séance chez le psy pour la pauvre effeuilleuse qui a dû l’écouter déblatérer sur ses récentes relations avortées. Une plaisanterie plus tard quant à ses désirs de mariage qu’il ne connaîtrait probablement jamais, le petit groupe s’était déplacé de bar en bar jusqu’à arriver à l’événement qui animait la ville ; la Pride et sa chapelle de fortune mise à disposition. Amy était là, sans qu’il ne se souvienne vraiment la raison, ni le point de départ de leur conversation qui était sans doute perchée, mais qu’ils avaient poursuivi d’un point à un autre. Il n’a pas fait la carte des bars visités, mais il a néanmoins l’impression que si le décor a changé, Aja, elle, était devenue la constante de sa fin de soirée. Jusqu’à ce moment où ils se sont retrouvés devant l’autel, après des plaisanteries sûrement moins drôles sans l’effet de l’alcool, à se jurer amour et fidélité. Pour une nuit, du moins, alors qu’ils avaient tous les deux conscience que cette rencontre n’engageait à rien d’autre qu’un bon moment entre deux adultes consentants qui, le temps d’une soirée, ne se limitait pas uniquement au sexe. Mais ça s’arrête-là ; malgré le feeling et le bon moment passé ensemble, Finnley est conscient que ce matin, ils reprendront chacun leur route de leur côté – tant mieux, cela lui permettra de se réapproprier son lit pour la journée, dans l’espoir que son crâne ne lui donne plus l’impression d’être malmené par un marteau-piqueur.

Un café dans un main, l’autre qui masse son crâne, Finn profite de ce silence quelques instants. Il ne l’a pas réveillée, car malgré tout le but n’est pas de l’expulser avec précipitation, et ça n’est pas plus l’objectif maintenant qu’elle le rejoint. « Finnley, c’est ça ? » - « Tu as meilleure mémoire que moi. » Il admet, un léger sourire désolé aux lèvres. Il préfère être honnête ; il n’a aucune certitude quant à son prénom et compte tenu du nombre de verres qu’ils ont consommé hier soir, il s’estime à moitié pardonné. D’autant plus en prenant en compte que la consommation d’alcool de Finnley est, en réalité, particulièrement problématique ; pour qu’il n’ait que de vagues souvenirs de la soirée de la veille, c’est qu’une nouvelle limite a été franchie. « Alors, tu ne portes pas ton alliance ? » La jeune femme lui demande en venant s’asseoir à ses côtés, question à laquelle il répond en soulevant sa main pour en dévoiler son annuaire et ses phalanges manquantes. Le rire de Finnley prend la suite du sien. « Oh, je vois. Pardon. J’avais pas réalisé. » - « C’est là que tu te dis que t’aurais pu trouver un meilleur parti ? Entier, par exemple ? » Il demande avec un sourire, alors que sa main, aussi particulière qu’elle puisse être, n’est pas vraiment la source d’une gêne chez lui. D’autant qu’il a pu constater la veille que la blonde n’est pas en reste quant à la maladresse – et il ne peut nier que c’est quelque chose qui est loin de l’avoir fait fuir. Dans un sens, il est ravi de constater qu’elle est fidèle à l’image qu’elle lui a renvoyée hier au soir et qui l’a séduite. « Tu te souviens de tout, toi ? » Buvant une gorgée de café, il finit par secouer la tête de gauche à droite pour répondre par la négative. « Non, pas vraiment. Mais à nous deux, j’imagine qu’on doit pouvoir retracer la soirée ? » Il l’interroge, un peu hésitant, avant de reprendre : « Si c’est important pour toi. » Lui n’a pas de difficulté majeure à rester dans l’ignorance, mais il peut concevoir que ce ne soit pas le cas de tout le monde. « Il y a du café et sûrement des restes dans le frigo, si tu veux. » Il souligne, avant de rire nerveusement quand il réalise un détail : « Ouais, pardon, je suis pas le meilleur comité d’accueil qui soit. » Ou de départ, en l’occurrence, mais il n’a pas non plus envie de la brusquer et de passer pour un ingrat. La vérité est que Finnley n’a guère l’habitude des coups d’un soir ; et qu’il n’est pas certain de l’attitude à adopter.

@Ava Good

Ce n’était pas son genre et c’était sûrement ce sentiment de nouveauté qui rendait tout cela si excitant. En se réveillant, avant la nervosité de retrouver celui avec qui elle avait passé la nuit et de ne pas apprécier les flashbacks de la veille, c’était un sourire qui s’était affiché sur son visage. Ava était satisfaite, elle avait osé sortir des sentiers battus et cette nuit-là lui avait appartenue alors peu lui importait les faits, l’important était d’en avoir été l’unique décisionnaire. Elle était sortie du lit pour retrouver son amant d’un soir qui semblait avoir encore plus de difficultés qu’elle à combler les trous de mémoire. « Tu as meilleure mémoire que moi. » Ava avait penché la tête sur le côté, ravie que ses premiers mots forment un compliment, aussi infime était-il. « J’en déduis que je dois te dire que je m’appelle Ava ? Et te rassurer en te disant que je ne t’en veux pas de ne pas te souvenir. » Ils étaient encore de parfaits inconnus et la proximité physique dont ils avaient fait preuve n’était gage d’aucune sorte de promesse. Le sourire de la jeune femme se voulait rassurant et était criant de sincérité, alors elle espérait qu’il suffise à rassurer un Finnley visiblement moins à l’aise qu’elle. Comme une façon de lui donner les premiers indices de ce qu’il s’était passé la veille, Ava avait évoqué l’alliance de médiocre qualité qu’elle lui avait passé au doigt avec un éclat de rire et, à la façon dont il avait levé sa main gauche, elle devinait qu’il se souvenait au moins de ça.  « C’est là que tu te dis que t’aurais pu trouver un meilleur parti ? Entier, par exemple ? » Ava avait haussé les épaules, Finnley restait tout à fait à son goût et l’absence d’annulaire ne l’avait visiblement pas empêché de lui dire oui. « J’ai connu des hommes entiers qui n'avaient pas le tiers de ton humour. Tu gagnes au change.  » On pouvait même parler d’auto-dérision à ce stade et au fur et à mesure de cette discussion que les maux de tête et le manque de sommeil rendaient bien peu fluide, Ava retrouvait cette alchimie qui les avait menés jusqu’à cette chapelle sans qu’ils ne pensent une seule seconde au lendemain. Même si cela serait éphémère, si elle choisirait sûrement bientôt de sortir de chez lui pour le laisser retourner à sa vie probablement rangée, Ava resterait reconnaissante parce qu’il lui avait fait vivre quelque chose de spécial. Un moment qui l’avait fait se sentir vivante.

Malheureusement, certaines étapes semblaient s’être échappées de sa mémoire. « Non, pas vraiment. Mais à nous deux, j’imagine qu’on doit pouvoir retracer la soirée ? » Leurs regards s’étaient croisés avant qu’il ne poursuive. « Si c’est important pour toi. » Elle ne savait pas vraiment répondre à la question, les faits étaient là et s’en souvenir ou non avait probablement peu d’importance, elle aurait de toute façon détesté avoir l’impression de le déranger. Mais ce n’était justement pas un sentiment qu’elle ressentait alors qu’elle se tenait là au milieu de son salon pendant qu’il occupait probablement la même place que chaque matin alors elle s'était lancée. « Etant donné qu’on est mariés et que je ne me souviens pas de l’étape entre oui je le veux et la nuit de noce, j’imagine que c’est important oui ? » Il ne s’attendait probablement pas à ce qu’elle soit aussi décomplexée mais Ava n’était pas du genre à prendre d’immenses pincettes lorsqu’il s’agissait de parler de sexe. Au final, c’était souvent ce qu’il se passait lorsque deux adultes célibataires - ou non, d’après ce qu’elle avait cru comprendre mais c’était un sujet qu’elle n’appréciait que très peu - un peu alcoolisés discutaient et faisaient la fête ensemble. Et cela n’avait été que la suite logique de leur union.« Il y a du café et sûrement des restes dans le frigo, si tu veux. » En l’écoutant parler, elle avait réalisé s’être un temps perdue dans ses pensées, comme si elle tentait de recoller les morceaux du puzzle. « Ouais, pardon, je suis pas le meilleur comité d’accueil qui soit. » Il était attendrissant, à vouloir retracer la soirée si cela était important pour elle, à s’excuser de ne lui proposer que du café. Depuis son enfance, Ava n’avait pas été habituée à ce qu’on s’inquiète pour elle même si elle avait depuis rencontré des personnes comme Atlas ou Sergio, ces petites attentions suffisaient à la faire sourire parce qu’ils avaient une autre saveur pour elle. « Le café suffit à me rendre heureuse, tu sais ? Je me sers ? » avait-elle demandé en désignant la cafetière et une tasse laissée là.  Ava faisait comme chez elle, non pas parce qu’elle était impolie, mais parce qu’il était évident que Finnley n’avait pas prévu de s’occuper des besoins d’une femme après sa soirée arrosée et elle ne le comprenait que trop bien. « Je sais qu’on est supposés être hyper mal à l’aise, là, tout de suite. Mais je le suis vraiment pas. Je ne me rappelle pas de tout mais je crois me rappeler que t’es quelqu’un de bien. » avait-elle dit avec un sourire avant de prendre une gorgée de son café et de le recracher dans l’évier. Elle n’avait pas pris soin de rincer la tasse alors que si elle traînait, c’était sûrement parce qu’ils s’en étaient servis la veille pour boire encore un peu plus. « On a bu du whisky ? C’est ça qu’on a fait en rentrant ici ? » Parce que le mariage ne l’étonnait pas tant, mais ça, un peu plus. Ils avaient assez bu à la Pride, de ça elle en était convaincue. « Pardon, tu dois penser que tu vas jamais te débarrasser de moi… » avait-elle dit après s’être resservie un café dans la tasse rincée au préalable. La vérité était qu’elle se sentait bien avec lui et qu’elle n’avait pas envie de partir de suite, sachant qu’elle ne le reverait probablement plus jamais après cela.

Peu coutumier des aventures sans lendemain, Finnley ne peut nier qu’elles possèdent un certain avantage : il n’est pas nécessaire d’envelopper les conversations de fioritures, car les attentes de chacun étaient – généralement – claires. Bien sûr, il pourrait comprendre qu’elle se vexe à l’idée qu’il ait oublié son prénom, ce n’est jamais un détail très plaisant ; pour autant, si Finnley peut concéder à s’excuser, ce n’est pas pour autant qu’il tentera de se faire pardonner ou se racheter. Il ne lui doit rien, la réciproque s’applique, et s’il ne compte pas la pousser vers la sortie pour autant, il ne sera pas non plus celui qui la retiendra inutilement. Préférant ainsi être franc et admettre, à sa façon, que son prénom lui est inconnu (il l’était sans doute moins hier soir), il ne cache pas un sourire quand la jeune femme lui rétorque : « J’en déduis que je dois te dire que je m’appelle Ava ? Et te rassurer en te disant que je ne t’en veux pas de ne pas te souvenir. » - « Ava, c’est ça. » Il claque son pouce et son majeur ensemble, ravi d’avoir obtenu cette information, ajoutant : « À trois lettres près, j’y étais. » Deux, en réalité, si l’on considère qu’il avait bien la première lettre en tête. Et l’idée n’est pas de se montrer exécrable, mais simplement de poursuivre sur la même légèreté qui s’installe entre eux et qui est loin d’être déplaisante. Et il ne laissera pas une méprise quant à son annuaire manquant entacher cette dynamique qui semble s’installer entre eux, alors qu’il est très loin de s’en offusquer. Il n’ira pas jusqu’à lui raconter l’histoire derrière cette amputation – d’autant qu’elle ne le croirait probablement pas tant elle peut sembler exagérée – mais il est inutile de s’en plaindre alors que cela ne change rien à sa situation. « J’ai connu des hommes entiers qui n'avaient pas le tiers de ton humour. Tu gagnes au change. » Les coins de sa bouche s’arquent pour former une légère moue, ses yeux s’illuminant légèrement pour parfaire le tout ; « Un ou deux autres doigts en moins et je leur laisse plus aucune chance. » Il se vante faussement, faisant bouger les doigts de sa main pour illustrer son propos avant de rire doucement. Si un jour on lui avait dit qu’il prendrait la chose avec philosophie, tiens. Ou qu’on mettrait en avant son humour, qualité pour laquelle le rouquin n’est pas particulièrement réputé. Si le comité d’accueil laisse à désirer, cette Ava peut au moins se féliciter d’avoir un aperçu de Finnley qu’il offre rarement aux autres.

Sa mémoire n’est cependant pas une caractéristique dont il peut se vanter, alors qu’il lui est difficile de retracer le parcours de la veille, les ayant amenés jusqu’ici. Il possède quelques bribes, évidemment, tandis que d’autres sont relativement évidentes. Pour le reste, il doit s’avouer vaincu : de nombreuses heures lui semblent inconnues, même s’il n’exclut pas la possibilité qu’elles lui reviennent peu à peu. Pour le reste, peut-être que la jeune femme possède d’autres souvenirs et qu’ensemble, ils arriveront à retracer une histoire à peu près cohérente. De son côté, ce n’est pas tant important parce que Finn a tiré un trait sur le fait de se souvenir de ses soirées depuis bien longtemps, mais il peut comprendre que tout le monde ne réagit pas de la même manière et si cela a une quelconque importance pour elle, il fera de son mieux pour l’aider. « Étant donné qu’on est mariés et que je ne me souviens pas de l’étape entre oui je le veux et la nuit de noce, j’imagine que c’est important oui ? » -  « Me demande pas à moi, je me contente de l’étape nuit de noces. » Il précise en levant les mains à hauteur d’épaules qu’il hausse légèrement, faussement innocent, alors que même si cette manière de faire n’est pas dans ses habitudes, il ne peut pas nier que c’est sans doute l’étape qu’il a le plus appréciée – ce n’est pas aujourd’hui que le cliché sur les hommes et le réel emplacement de leur cerveau connaîtra sa fin. Et tant qu’à prendre le temps de reconstituer la veille, autant qu’elle soit à l’aise alors qu’il l’invite à se servir. « Le café suffit à me rendre heureuse, tu sais ? Je me sers ? » Hochant la tête par l’affirmative, il ajoute : « fais comme chez toi. » Il n’a pas grand-chose à cacher, pour toute personne ne le connaissant pas un minimum, son appartement ressemble à celui de n’importe quel homme célibataire ; désorganisé, des bouteilles de bière au frigo et du courrier qui s’accumule jusqu’à ce qu’il se décide à le traiter. « Je sais qu’on est supposés être hyper mal à l’aise, là, tout de suite. Mais je le suis vraiment pas. Je ne me rappelle pas de tout mais je crois me rappeler que t’es quelqu’un de bien. » - « Outch, l’alcool frappe vraiment fort chez toi. » Il se moque légèrement, comme si ses souvenirs ne pouvaient être les bons, avant d’ajouter : « je ne suis pas mal à l’aise. » Il l’était, il est sans doute encore un peu gêné, plus parce qu’il ne sait pas vraiment dans quel ordre se font les choses dans une pareille situation que parce qu’il a honte de son comportement ou qu’elle est désagréable, non. « On a bu du whisky ? C’est ça qu’on a fait en rentrant ici ? » À vrai dire, il ne saurait dire si la tasse est la sienne, laissée là la veille ou s’ils l’ont réellement partagée, mais Finn préfère songer à la première hypothèse. « En partie, oui, sans doute. » Parce qu’ils n’ont certainement pas fait que ça, à vrai dire, mais il n’a pas besoin de le pointer du doigt. « Pardon, tu dois penser que tu vas jamais te débarrasser de moi… » - « Je suis déjà en train de réfléchir à quel membre de ma famille sacrifier pour prétexter une urgence, oui. » Il souligne d’un ton parfaitement neutre alors qu’il n’est pas le moins du monde sérieux, finissant néanmoins par esquisser un léger sourire. L’invitant à s’asseoir face à lui sur la table de la cuisine, Finn s’empare du petit carnet et du stylo qui traîne dessus, tirant un axe sur une feuille, qu’il annote à la fin ; réveil douloureux. « Tu sais où on s’est rencontré ? » Comme elle peut le constater, il ne sera sans doute pas d’une très bonne aide s’il n’arrive même pas à le contextualiser. « Enfin, ton premier souvenir de moi ? » Il interroge,  stylo en main, prenant son rôle vraisemblablement très à cœur. « Oh, merde. » Qu’il finit par dire, alors qu’il relève les yeux vers elle. « J’ai renversé mon verre sur toi. » Il dit en même temps qu’il l’écrit sur la feuille, ajoutant, le plus sérieusement sans pour autant le noter sur papier : « technique validée. »

@Ava Good

Depuis la veille, la jeune femme avançait au hasard et elle continuait encore ce matin là, cherchant à sonder son amant. « Ava, c’est ça. » Il avait fait claquer ses doigts entre eux, comme s’il détenait cette information depuis le début. « À trois lettres près, j’y étais. » Son côté optimiste ne viendrait pas le contredire alors elle avait confirmé avec un petit mouvement de la tête avant que le sujet de son doigt mutilé refasse surface. « Un ou deux autres doigts en moins et je leur laisse plus aucune chance. » Ava en était à son énième éclat de rire et cela venait renforçait l’idée que c’était cette auto-dérision, cette répartie et cet humour qui avaient réussi à la séduire au point de se réveiller à ses côtés ce matin. Ce n’était pas dans sa nature de se laisser aller et elle appréciait réaliser que ce qui aurait pu être un faux-pas ressemblait finalement à une bonne décision. Que même sous influence, elle avait réussi à éviter de finir dans les draps d’une personne douteuse. Au contraire, Finnley semblait déterminé à se comporter avec elle comme un vrai gentleman, lui proposant de retracer l’histoire de la veille si cela lui importait. « Me demande pas à moi, je me contente de l’étape nuit de noces. » Ce n’était visiblement pas son cas, alors elle avait haussé les épaules avant de chercher une tasse de café. « fais comme chez toi. » Attrapant la cafetière et versant le café dans la tasse, elle avait laissé son geste en suspens. « Tout ce qui est à toi est à moi, tout ce qui est à moi est à toi c’est ça qu’on dit ? » Devant son sourcil arqué elle avait poursuivi. « Oui je suis capable de te sortir tous les clichés en une matinée, j’hésiterai pas Finn. Je peux t’appeler Finn ? C’est comme ça qu’on faisait hier. » Une seule gorgée de café et Ava devenait la meilleure version d’elle-même, ou la pire. Dès le lever du lit, sa bonne humeur et son enthousiasme prenaient déjà le dessus et elle était bien consciente de combien cela pouvait être déstabilisant pour certaines personnes, notamment pour un garçon qu’elle ne connaissait que depuis quelques heures.

Tout comme elle était consciente de la difficulté de se comporter normalement avec une inconnue qui avait partagé son lit, alors elle avait tenté de désamorçer en complimentant Finnley au passage. « Outch, l’alcool frappe vraiment fort chez toi. » Elle aurait pu confirmer si ce sentiment ne perdurait pas maintenant que ce voile là avait été levé. « je ne suis pas mal à l’aise. » Cette affirmation avait amené un sourire sincère sur le visage d’Ava avant que celle-ci ne tente de boire son café. « En partie, oui, sans doute. » Ava n’avait pas pu savourer la boisson, le whisky dès le matin étant difficilement appréciable. Elle avait rincé la tasse pour continuer la conversation en étant totalement sobre, contrairement à la veille. Mais même ainsi, sa spontanéité lui jouait des tours et elle s'inquiétait déjà d'être un fardeau pour un Finnley probablement pressé de retourner à sa vie normale. « Je suis déjà en train de réfléchir à quel membre de ma famille sacrifier pour prétexter une urgence, oui. » « Mise tout sur les grands-parents, c’est plus crédible. » avait-elle répondu franchement dans un rire avant d’ouvrir de grands yeux. « Pardon si t’as déjà perdu tes grands-parents… » avait-elle ajouté en agitant les mains devant elle, sentant le rose lui monter aux joues et l’embarras la gagner. « Mon dieu. Pardon. Y a vraiment que sous influence que je peux trouver quelqu’un, tu le vois maintenant. » La blonde se mordillait légèrement la lèvre, attendant patiemment la réaction de Finnley avant de se décider à rire ou à garder un air sévère et désolé. C’était cette étape là qui l’inquiétait toujours dans l’idée d’une relation, prendre le temps de connaître l’autre pour pouvoir anticiper ses réactions et réussir à trouver un point d’entente, une complicité parfaite. Elle l’avait regardé attraper un carnet et un stylo, sans savoir ce qu’il comptait faire puis sa question était venue lui indiquer qu’il comptait bel et bien refaire le film de leur folle soirée. « Tu sais où on s’est rencontré ? » Ava s’était mise à réfléchir, appuyée sur le meuble de cuisine qui faisait face à Finnley. Il était facile de se souvenir de l’endroit où ils avaient entamé la discussion même si la foule avait rendu la possibilité de se localiser exactement dans la ville un peu plus périlleux. « Enfin, ton premier souvenir de moi ? » C’était une question un peu plus précise et déjà un sourire s’était dessiné sur le visage de la blonde avant que son interlocuteur n’interrompe le court de ses pensées. « Oh, merde. » Son stylo s’était mis à écrire frénétiquement sur le carnet alors qu’Ava avait le sourcil arqué, impatiente de savoir si le souvenir qui lui revenait était le même que le sien. « J’ai renversé mon verre sur toi. » Son visage avait fait un mouvement exagéré de haut en bas. « technique validée. » Dans un petit ricanement, Ava était retournée rapidement dans la chambre pour y récupérer sa veste de la veille avant de la brandir avec un air faussement énervé. « La note du pressing va être salée. » Ses bras étaient venus se croiser sur sa poitrine alors qu’elle tentait de paraître sérieuse mais il était clair que Finnley, de son côté, avait déjà plutôt bien assimilé le caractère de sa femme. Elle était venue placer son annulaire et sa bague de pacotille devant ses yeux, la faisant loucher légèrement.  « Tu t’es rattrapé, finalement. » Avec la bague, mais bien avant cela.  « Tu m’as payé un autre verre. Puis un autre encore. Et je crois que c’est après le troisième que j’ai réussi à te faire participer au karaoké… » Les flashbacks étaient de plus en plus gênants et la blonde se revoyait à ses côtés, chantant une célèbre chanson italienne alors qu’ils n’en parlaient pas un mot.  « Je crois qu’on a dû rester ensemble après ça parce qu’on a gâché la soirée de pas mal de monde.  » Finnley continuait d’écrire alors Ava était venue s’installer à table à côté de lui, lisant ses notes au fur et à mesure avec un sourire sur les lèvres. Le menton posé dans la paume de sa main, elle avait planté ses yeux dans les siens. « C’est toi qui m’a demandée en mariage. » Son affirmation avait été accompagnée d’un sourire alors qu’elle se souvenait du ton solennel employé par le jeune homme pour l’entraîner dans la chapelle installée pour l’occasion.

Demandez à Ross Geller ; oublier le nom de son épouse n’est pas bien glorieux. La comparaison s’arrête-là, car là où le paléontologue était engagé dans une union ayant du sens, celle qui unit Finnley à Ava n’est rien d’autre qu’une mauvaise blague entre deux adultes bien trop alcoolisés. Et peu importe, même si une telle spontanéité ne lui ressemble pas, Finnley ne s’inquiète pas outre mesure étant donné que tout ceci relève d’une farce qui n’a pas pour vocation à avoir un quelconque poids sur leur vie. Le bout de papier est aussi faux que le sosie d’Elvis les ayant unis, alors on peut bien lui pardonner son oubli compte tenu des circonstances. Faisant claquer ses doigts entre eux – ou ce qu’il en reste – Finn tourne en dérision son amputation forcée, même s’il se garde bien de donner les détails de celle-ci. Et, à vrai dire, il est le premier surpris lorsqu’elle rit ; parce qu’il n’est pas vraiment connu pour son sens de l’humour aiguisé et qu’il n’est pas de ceux qui permettent de confirmer l’adage selon lequel elle finira dans son lit. Pourtant, concernant Ava, cela semble avoir marché ; et ce n’est pas tant le fait d’avoir réussi à l’amener jusqu’à cet appartement qui le surprend que l’idée qu’il puisse avoir de l’humour. Cela fait bien des années qu’il ne s’autorise plus la moindre légèreté, et il doit admettre que ce n’est finalement pas si déplaisant, de ne pas tout prendre au sérieux, constamment. Toutefois, il peut le redevenir si cela arrange la jeune femme quant à la perspective de retracer le parcours de la veille. Ça n’a pas grande importance pour lui car il aime l’idée de s’arrêter au fait d’avoir été plus spontané que jamais quelques heures plus tôt, mais il peut concevoir que les trous noirs ne plaisent pas à tout le monde. De son côté, il en est habitué, autant dire que la perspective de faire appel à ses souvenirs est une tâche qui lui paraît plutôt ardue. « Tout ce qui est à toi est à moi, tout ce qui est à moi est à toi c’est ça qu’on dit ? » Un rictus s’empare de ses lèvres alors qu’elle ajoute : « Oui je suis capable de te sortir tous les clichés en une matinée, j’hésiterai pas Finn. Je peux t’appeler Finn ? C’est comme ça qu’on faisait hier. » - « Tu peux. » Il confirme, avant de demander : « D’ailleurs, Ava, c’est un surnom ? Avalon ? Avaline ? » Il s’essaie, sans être convaincu. Pour être honnête, Ava lui va comme un gant de sa grande expertise des prénoms et de leurs significations. C’est court, c’est surtout percutant, et c’est une qualité qu’il peut lui associer sans en douter un instant. « Pour le reste… je te laisse jeter un œil à cet appartement pour comprendre que t’aurais pu flairer un meilleur parti si tu voulais un partage de biens. » Il s’en amuse, guettant lui-même les lieux durant un instant, son regard se posant sur un canapé déchiré de par et d’autres, une vieille guitare cabossée dans le coin de la pièce, sans parler d’un ordinateur sur la table basse qui n’a rien à envier aux premiers prototypes d’Apple.

Quelqu’un de bien, peut-être, mais vraisemblablement pas quelqu’un de riche. L’alcool frappe fort chez Ava, il ne peut le nier, alors qu’elle semble lui trouver des qualités dont on ne l’a jamais doté auparavant. De son côté, il peut lui concéder qu’elle sait mettre les autres à l’aise, même les garçons ramassés dans un bar qu’elle n’a pas pour vocation de revoir. Et tandis qu’elle s’excuse de s’attarder ici, Finn balaye celle-ci à l’aide d’un sarcasme qui, pour une fois, ne cache pas de véritables intentions. « Mise tout sur les grands-parents, c’est plus crédible. » Levant un peu le menton, expulsant d’entre ses lèvres un bref « aaah » pour accentuer la révélation qu’elle lui apporte, il ne manque pas de rire à son tour lorsqu’elle semble prendre conscience du poids que peuvent avoir ses mots. « Pardon si t’as déjà perdu tes grands-parents… » Il aurait pu – dû, même – l’interrompre pour lui éviter un pédalage en bonne et due forme, mais il y a quelque chose d’aussi amusant que d’attendrissant dans ses maladresses. « Mon dieu. Pardon. Y a vraiment que sous influence que je peux trouver quelqu’un, tu le vois maintenant. » - « Je trouve que la version sobre se défend plutôt bien. » Il confesse un sourire cette fois-ci gêné face à cette – pas si subtile – tentative de compliment. « Plus de grands-parents, mais t’inquiète, j’ai fait mon deuil, je vais pas t’exposer mes mommy issues tout de suite, quand même, on est pas intimes à ce point. » Si seulement elle savait à quel point celles-ci sont conséquentes, sans doute qu’elle aurait passer son chemin. Mais Finn est sincère sur un point, ce n’est pas un sujet qu’il a envie d’aborder, autant conserver cette bonne humeur qui les unit depuis le réveil. Attrapant un carnet, prêt à griffonner les souvenirs de la soirée dans l’espoir de parvenir à une chronologie ayant un minimum de sens, Finnley débute par l’essentiel : leur rencontre. Posant des questions visant à l’aider, Finn réalise qu’il sera effectivement possible de retracer le parcours de la veille puisqu’il est le premier à se souvenir d’un détail, et pas des moindres. Et lorsqu’il se vante de sa maladresse, il fronce les sourcils en voyant Ava disparaître, s’interrogeant pour quelle raison exactement il l’a vexée. « La note du pressing va être salée. » Et alors que son visage se détend, le sien en fait de même, alors qu’il ajoute : « pas de souci, je compte me prévoir un budget mensuel vu le taux de réussite. » Du 100% sur… une tentative, certes, mais du 100% quand même. « Tu t’es rattrapé, finalement. » Admirant la bague qu’elle lui montre, Finn esquisse une petite moue satisfaisante en pinçant les lèvres. « Y a vraiment que sous influence que j’ai aussi bon goût. » Pour les bijoux, donc, et non pour les femmes, qu’elle ne le prenne pas mal. « Tu m’as payé un autre verre. Puis un autre encore. Et je crois que c’est après le troisième que j’ai réussi à te faire participer au karaoké… » - « Karaoké ? » Il répète, étonné, avant de griffonner sur sa feuille. « Quatrième, plutôt. Voir même cinquième. » Ce n’est pas une activité qu’il apprécie particulièrement, et il peut revoir à la hausse le nombre de verres concernés pour en être arrivé là. « Je crois qu’on a dû rester ensemble après ça parce qu’on a gâché la soirée de pas mal de monde.  » - « Ah oui, ça, ça me ressemble déjà plus. » Il précise, amusé. « Je crois qu’on a annoncé une tournée générale et qu’on s’est barré avant de la payer. » Il songe, ajoutant rapidement : « Tu te souviens du nom du bar ? Qu’on y remette pas les pieds. » Il vaut mieux, pour leur compte en banque respectif – à moins qu’il soit commun, désormais, hm ? Lorsqu’elle vient s’installer près de lui, il décale légèrement sa chaise autant que le carnet pour qu’elle puisse suivre la reconstitution au plus près. « C’est toi qui m’a demandée en mariage. » - « C’est vrai ? J’ai fait les choses biens ? » Il questionne, incapable de se souvenir exactement comment il s’y est pris. Correctement, il espère. « Et t’as piqué une des décorations en guise de bouquet. » Il note à son tour, amusé en revoyant la jeune femme se présenter avec un « bouquet » qui n’en était pas vraiment un. « Ah, et t’as… t’as alpagué cette grand-mère pour être notre témoin, non ? » Il jure qu’il essaie de se souvenir au mieux, mais la mission est quelque peu compliquée. « Par contre, c’est toi qui m’a embrassé. » En premier ; autant dire que c’est donc sur ses épaules que porte la responsabilité de cette nuit, oui. En réalité, il ne vise pas plus à désigner un coupable, qu’à s’amuser de sa fausse timidité.

@Ava Good

Ava se sentait étrangement à l’aise, alors qu’elle avait les cheveux en bataille et les yeux encore fatigués de la nuit précédente. Pourtant, la situation aurait dû laisser s’installer un climat de gêne, même pour la jeune femme qui ne perdait que très rarement son assurance. Il y avait quelque chose chez Finnley qui rendait les choses faciles, et elle serait loin de lui tenir rigueur d’avoir oublié son prénom, proposant à la place de déjà l’affubler d’un surnom. « Tu peux. » Ava avait hoché la tête pour confirmer que Finn serait désormais la norme. « D’ailleurs, Ava, c’est un surnom ? Avalon ? Avaline ? » « Avada Kedavra. » avait-elle répondu spontanément, comme pour poursuivre une blague qui était déjà ratée à la seconde où elle avait franchi les lèvres du roux. Ils s’entendaient bien, ils usaient du même humour, et elle en profiterait allègrement parce que cette matinée-là, comme la soirée précédente, avait le goût particulier de l'inattendu. Devant le silence gêné de son mari fictif, la blonde avait repris. « Quoi ? Me dis pas que t’aimes pas Harry Potter parce que sinon tu vas devoir me signer les papiers du divorce et je t’avoue que je me suis attachée… » Ava avait levé ses yeux suppliants vers lui, et elle voyait son regard à lui se parer d’un voile sombre, Finnley se trouvait quelque part entre l’orgueil et la crainte, alors elle s’était empressée de terminer son énième tentative d’humour pour le soulager. « A la bague. » Et elle avait éclaté de rire. « Pour le reste… je te laisse jeter un œil à cet appartement pour comprendre que t’aurais pu flairer un meilleur parti si tu voulais un partage de biens. » Ava s’était exécutée, balayant l’appartement des yeux et elle devait admettre ne pas avoir constaté certains détails la première fois qu’elle y était entrée et pour cause, si tout apparaissait en double, les objets n’étaient pas assez clairs dans son esprit pour en constater la qualité. Et encore une fois, elle avait ri pour simple réponse à ce commentaire sarcastique de Finnley. Et sans réellement s’en rendre compe, Ava s’était perdue dans un monologue concernant la meilleure excuse à trouver pour la mettre dehors et elle avait presque regretté ne pas être partie d’elle-même à peine réveillée. « aaah » avait-il réussi à articuler avant que, déjà, elle ne souligne son incapacité à ramener un homme chez elle tant elle était maladroite. « Je trouve que la version sobre se défend plutôt bien. » C’était subtil, et pourtant, cela avait suffi à ce que la blonde affiche un sourire. « Plus de grands-parents, mais t’inquiète, j’ai fait mon deuil, je vais pas t’exposer mes mommy issues tout de suite, quand même, on est pas intimes à ce point. » Il avait navigué parmi son flôt de paroles sans lui en tenir rigueur et à la place, avait même réussi à dissiper toute la gêne qu’elle pouvait ressentir après avoir réalisé sa maladresse et pour cela, elle aurait presque voulu le remercier. « Je sais pas, dans les histoires romantiques les mummy issues se discutent avant ou après le sexe ? » Son sourcil s’était levé alors qu’elle soutenait son regard, comme si la question était on ne peut plus légitime.« Tu sais… Ca va paraître fou, hin ? Mais si t’avais envie d’en parler, de tes issues, je trouverais aucun problème à ce que tu le fasses avec moi. Au cas où, j’veux dire. » Ava lui avait finalement accordé un sourire sincère, venant balayer toutes les nuances d’humour qu’ils avaient parsemées ici et là lors de leur discussion. Finnley la touchait, sans qu’elle ne s’explique pourquoi, et si son coeur d’artichaut ne fondait pas encore pour celui avec qui elle avait déjà consommé - comme si les choses devaient réellement avoir un ordre - elle se connaissait assez bien pour savoir qu’elle s’y serait attachée en quittant son appartement. Pour rendre ce point moins solennel, elle avait simplement haussé les épaules avec sa nonchalance habituelle avant de boire une gorgée de son café. Alors qu’il avait repris la parole pour lui rappeler avoir renversé son verre sur sa veste, Ava était partie la chercher pour trouver des preuves et demander à Finnley réparation de ces dégâts. « pas de souci, je compte me prévoir un budget mensuel vu le taux de réussite. » « La bague au doigt depuis moins de vingt-quatre heures et mon mari planifie déjà de me tromper. Je vois. » Ses bras s’étaient croisés alros qu’elle prenait un air faussement vexé et durant le court instant où la blague faisait effet sur Finnley, elle s’était demandée d’où leur venait cette aisance à plaisanter ensemble. En une matinée, ils semblaient déjà avoir débloqué certains réflexes et l’idée l’amusait, peut-être que la bague avait un certain pouvoir, mais elle ne s’essaierait pas à une nouvelle blague en lien avec de célèbres films. « Y a vraiment que sous influence que j’ai aussi bon goût. » avait-il rétorqué alors qu’elle avait finalement choisi de brandir sa bague comme un drapeau blanc.

Il avait maintenant son carnet, prêt à retracer la soirée, alors Ava avait apporté ses bribes d’informations. « Karaoké ? » Sa grimace était venue confirmer. « Quatrième, plutôt. Voir même cinquième. » Une chose était sûre, Finnley avait consommé assez d’alcool à ce moment-là pour chanter les bandes originales de certains films comme si sa vie en dépendait. Peut-être que ces deux-là avaient un peu trop monopolisé le micro, le constat était encore visible ce matin, le duo avait terminé la soirée ensemble, probablement parce qu’ils étaient les seuls capables de supporter la voix de l’autre. « Ah oui, ça, ça me ressemble déjà plus. » Ava avait ri, fixant le trajet du crayon sur la feuille de papier. « Je crois qu’on a annoncé une tournée générale et qu’on s’est barré avant de la payer. » Oh. « Tu te souviens du nom du bar ? Qu’on y remette pas les pieds. » Ava avait répondu par un mouvement de la tête de droite à gauche, ils n’avaient pas dû en faire qu’un seul, et les noms se mélangeaient dans son esprit. « J’ai pas prévu de refaire un karaoké de si tôt, de toute façon. J’imagine qu’on aura un affreux flashback quand on passera devant ce fameux bar, t’en fais pas. » Le genre d’électrochoc devant quelque chose qui rappelait un mauvais souvenir qu’on pensait avoir oublié. Mais il y avait une chose qui resterait gravée dans la mémoire d’Ava et son côté romantique, vieux jeu et traditionnel en était ravi. « C’est vrai ? J’ai fait les choses biens ? » Un sourire s’était dessiné sur son visage, le moment était presque romantique lorsqu’on y pensait et si elle devait ne garder qu’un souvenir, celui-ci se défendait plutôt bien. « Aussi bien que pouvait le faire un homme ivre. » avait-elle répondu en tournant son visage vers lui. « Il y a eu le genou par terre, ça je m’en souviens, parce que j’ai bien cru qu’on allait te perdre durant l’acrobatie. » Ava avait grimacé en prenant connaissance des flash qui lui parvenaient de la veille : Finnley tentant de s’agenouiller alors qu’il tanguait sous l’effet de l’alcool. « Tu t’es rattrapé à mon mollet et tu m’as demandé si je faisais du vélo… » Leurs regards s’étaient trouvés, leurs yeux s’étaient écarquillés et ils avaient éclaté de rire dans un réflexe similaire. Finnley avait continué de noircir le carnet et les détails devenaient de plus en plus nombreux, de plus en plus improbables. « Et t’as piqué une des décorations en guise de bouquet. » « Ah. Tu peux noter là-dessus que Ava Good se transforme en kleptomane après cinq verres ? » Mais il y aurait sûrement bien d’autres choses à noter sur le carnet pour les mettre en garde contre eux-mêmes et contre ces comportements qui devenaient tout à fait logiques après que l’alcool ait pris possession d’eux. Finnley avait d’ailleurs ajouté. « Ah, et t’as… t’as alpagué cette grand-mère pour être notre témoin, non ? » Cette fois-ci, Ava, appuyée sur la table avec ses coudes, avait posé ses deux mains jointes sur son front en soupirant. « Par contre, c’est toi qui m’a embrassé. » Les yeux d’Ava avaient trouvé les siens, cherchant à les sonder, cherchant à comprendre s’il s’agissait là d’une bonne chose ou pas. « Je suis désolée ? » avait-elle finalement répondu, comme si poser ses lèvres sur les siennes était un geste plus condamnable qu’une demande en mariage. « Je sais pas si c’était une bonne idée de tout retracer, en fait. J’ai un peu honte, je crois ? » Réalisant que sa phrase pouvait être mal interprétée, elle avait repris. « Pas de t’avoir embrassé. Mais d’avoir volé des décorations, de m’être prise pour une pop star au karaoké et d’avoir embêté une pauvre dame. J’ai honte mais ça m’a fait du bien. » avait-elle finalement conclu en haussant encore une fois les épaules parce qu’elle n’était pas du genre à ressasser un passé qui ne pouvait plus être changé. Bien sûr, elle avait eu besoin de réponse, mais maintenant qu’elle les avait, elle pouvait continuer sa vie et décider de ce qu’elle garderait ou non. « La question maintenant, c’est qu’est-ce qu’on fait, Finn ? Je pars et on prétend que c’est jamais arrivé ou on reste en contact ? » L’heure avait tourné, et elle devrait bientôt reprendre le cours de sa vie, et elle ne serait jamais du genre à se torturer l’esprit en attendant de savoir si elle serait rappelée alors elle avait préféré poser la question.

Ava, qu’elle se prénomme, et Finnley se fait la note mentale de ne pas l’oublier, cette fois-ci. Après tout, elle n’est ni plus ni moins que sa femme, il serait de bon ton de se souvenir de son identité. C’est d’ailleurs concernant celle-ci qu’il se montre désormais curieux, et la réponse de la blonde lui arrache, dans un premier temps, un silence étonné. « Avada Kedavra. » Une référence à Harry Potter, tiens donc. Son mutisme est plus lié au fait qu’il semble attendre une inévitable suite, qui n’est pas réellement celle qu’il espérait : « Quoi ? Me dis pas que t’aimes pas Harry Potter parce que sinon tu vas devoir me signer les papiers du divorce et je t’avoue que je me suis attachée… » Attachée à quoi ? À son air de Bill Weasley, comme certains lui font remarquer depuis des années, raison pour laquelle il attendait la suite de sa phrase avec une impatience à peine déguisée ? « A la bague. » - « J’y ai mis tout mon budget, donc je m’attends effectivement à ce que tu me la rendes. » Un énorme budget, à en croire l’objet en plastique qui trône autour de son annuaire. « Ah, et c’est pas que je n’aime pas Harry Potter, c’est que j’en ai marre qu’on me compare à Bill, j’ai eu peur pendant une seconde. » Et le regard entendu qu’il lui adresse en dit long sur le fait de ne pas s’y essayer, quand bien même elle peut le penser. En étant roux, Finn a récolté un nombre incalculable de vannes sur son manque d’âme ainsi que des comparaisons un peu foireuses, mais celle-ci l’agace dû à sa répétition régulière. Quoi qu’il en soit, outre son potentiel désamour pour Harry Potter, c’est surtout le fait qu’il ne possède pas grand-chose qui fait de lui un parti indésirable et elle aurait certainement pu viser plus haut, si elle s’en était donné la peine. Ses maigres possessions et cet appartement qui tombe en ruine ne sont pas vendeurs. Mais Finn apprécie l’âme de cet appartement tout autant que celles de ses objets.

C’est un sourire qu’il peine à dissimuler qui s’affiche sur ses lèvres quand elle tente tant bien que mal de se dépatouiller de la maladresse dans laquelle elle s’est enfoncée, qu’il observe en silence, bien trop amusé par la situation pour réagir. Il le fait ainsi après quelques instants, sous couvert de l’humour tandis qu’il a perçu la tension qui était la sienne. Qu’elle se rassure, il peut se montrer susceptible, mais elle ne lui donne pas réellement de raisons de l’être. « Je sais pas, dans les histoires romantiques les mummy issues se discutent avant ou après le sexe ? » - « Avant, j’crois, c’est en partie grâce à ça qu’il y a du sexe. » Loin d’être expert en matière d’histoires romantiques, il ne se base que sur des clichés perçus lorsqu’il tombe sur un téléfilm à l’eau de rose et sur lequel – il avoue tout – il peut rester bloqué. En général, c’est en partie les issues des personnages qui font que l’autre s’attache à eux. « On a loupé les étapes, mais c’est pas vraiment une surprise. » Il précise, un sourire amusé aux lèvres alors qu’ils n’ont vraisemblablement faits que cela, de louper les étapes. « Tu sais… Ca va paraître fou, hin ? Mais si t’avais envie d’en parler, de tes issues, je trouverais aucun problème à ce que tu le fasses avec moi. Au cas où, j’veux dire. » Il reste interdit un instant, sondant le visage de la jeune femme, détaillant ses traits par la même occasion, réalisant pourquoi elle s’est laissé tenter la veille. C’est sa personnalité solaire qui l’a frappé ce matin, mais la veille, c’est sûrement sa beauté, sans aucun doute. « J’apprécie l’offre, mais je te l’ai dit, on est pas assez intimes. » Il se justifie, n’ayant aucune envie de la blesser, mais ne voulant pas non plus faire miroiter plus qu’une gueule de bois commune et quelques souvenirs partagés autour d’un seul et unique café. « Sans offense, c’est juste que c’est un chapitre trop conséquent pour un lendemain de soirée. » Aussi agréable que celle-ci ait pu être. Portant son café à ses lèvres lorsque la jeune femme disparaît un instant à la recherche des preuves visant à reconstituer le déroulé de la veille, il doit lui reconnaître un certain investissement. « La bague au doigt depuis moins de vingt-quatre heures et mon mari planifie déjà de me tromper. Je vois. » Haussant les épaules d’un air – presque – innocent, il finit par laisser échapper un léger rire face à son air vexé. « Je crois qu’on a sauté l’étape des vœux, alors, techniquement, j’ai jamais rien promis. » Il ne peut pas en être sûr, pour des raisons qui ne lui échapperont pas. Est-ce qu’ils ont joué la comédie jusqu’à échanger des discours mielleux et émouvants ? Il n’en est pas certain.

Son carnet à la main, prêt à retracer l’historique de la veille, l’aide de la jeune femme est précieuse pour se remémorer une soirée qui lui a laissé, pour une fois, un arrière-goût agréable en lien avec ses habituelles absences. Le karaoké, ça n’était probablement pas avant le cinquième verre, mais ça en dit long sur l’état que devait être le sien. « J’ai pas prévu de refaire un karaoké de si tôt, de toute façon. J’imagine qu’on aura un affreux flashback quand on passera devant ce fameux bar, t’en fais pas. » - « En espérant qu’on n’ait pas oublié nos papiers sur place. T’as tout, de ton côté ? » Il l’interroge, alors qu’il abandonne son carnet un instant pour s’assurer que son porte-monnaie se trouve bien dans sa veste et quand il en fait le constat, il ouvre celui-ci pour s’assurer que rien ne manque. À part des billets qui ont servi à leur perte de contrôle, ses papiers sont là ; peu de chances que le propriétaire des lieux ne le retrouve pour le mettre à l’amende, ce qui est déjà une bonne chose puisque l’ardoise doit être conséquente. Il y a au moins un point sur lequel il peut se rassurer ; et le fait que malgré leur taux d’alcoolémie, Finnley n’a pas perdu tous ses principes. « Aussi bien que pouvait le faire un homme ivre. » Outch, ou du moins, pas tous. Revenu à sa place, il découvre l’effroyable vérité : « Il y a eu le genou par terre, ça je m’en souviens, parce que j’ai bien cru qu’on allait te perdre durant l’acrobatie. » Rien de bien flatteur, donc. « C’est un bon début, j’imagine. » Il dit, un peu déçu de lui-même alors qu’au vu de la situation, il n’est pas en droit d’avoir des attentes. « Tu t’es rattrapé à mon mollet et tu m’as demandé si je faisais du vélo… » Oh. De mieux en mieux. Il rit à ce souvenir. « La vraie question c’est : et, t’en fais ? » En voilà un autre mystère à résoudre, un de ceux où il obtiendra une réponse très rapidement. « T’as posé des conditions, mais je me souviens plus lesquelles. » Ou des demandes. Peut-être des réflexions ? Il ne sait plus. « Ah. Tu peux noter là-dessus que Ava Good se transforme en kleptomane après cinq verres ? » - « Oh, c’est clair que je t’ai fait une vanne là-dessus. Avec du retard, je te présente mes excuses. » Un nom de famille comme le sien est sûrement sujet à des vannes et, alcoolisé, il n’y a  pas fait abstraction. « Mais je note, oui. » Ava Good, kleptomane, ça a de la gueule, ouais. « Je constate que cinq verres, c’est notre limite commune, c’est sûrement pour ça qu’on s’est trouvés. » Il constate, amusé face à cette similitude. Quelques flashs du mariage de l’année – rien que ça – lui reviennent, et, surtout, le plus important de tous. Ses yeux dans les siens, à sa question : « Je suis désolée ? » Finnley balaie l’air de sa main. « Ne le sois pas. » Non, elle n’a pas à l’être, d’autant plus qu’il est rare qu’il se réveille d’une soirée comme celle-ci en étant d’une humeur aussi joviale qu’il l’est à cet instant. Et la présence d’Ava n’y est sûrement pas pour rien. « Je sais pas si c’était une bonne idée de tout retracer, en fait. J’ai un peu honte, je crois ? » Haussant un sourcil, surpris, elle reprend rapidement : « Pas de t’avoir embrassé. Mais d’avoir volé des décorations, de m’être prise pour une pop star au karaoké et d’avoir embêté une pauvre dame. J’ai honte mais ça m’a fait du bien. » - « Dis-toi que ça aurait pu être pire, on aurait pu repeindre la chapelle avec notre vomi et finir au poste de police pour avoir tenté d’arracher sa perruque à Elvis. » Oui, ça aurait pu être nettement pire. « La question maintenant, c’est qu’est-ce qu’on fait, Finn ? Je pars et on prétend que c’est jamais arrivé ou on reste en contact ? » - « Tu veux garder contact alors que je viens de te parler de vomi au petit-déj ? » Si oui, elle est définitivement plus surprenante qu’il n’y paraît. La vérité, c’est que Finn n’a aucune idée de la réponse à lui donner, lui-même n’ayant aucune idée de ce qu’il veut faire dans pareille situation. « Je ne compte pas prétendre que ce n’est jamais arrivé. » Il dit, dans un premier temps, ayant à cœur de clarifier ce détail. Il n’est pas partisan des coups d’un soir, mais elle mérite plus que d’être oubliée et passée sous silence, surtout après ces quelques heures qu’ils viennent de vivre. « Si tu désires rester en contact, ça me ferait plaisir. » Il dit, lui tendant cette fois-ci le carnet pour qu’elle y apporte, elle aussi, sa contribution, sous la forme d’un numéro qu’il gardera précieusement.  

@Ava Good