novembre 2022
La jeune Australienne n’aurait pas su dire si les choses étaient moins pires qu’elle ne l’avait pensé. Oui, elle avait sûrement gâché sa vie et son avenir par la même occasion en décidant de mettre un terme à son internat de médecine, mais au fond, Olive avait senti un poids en moins sur son estomac et c’est sûrement cette sensation en moins sur son corps qui faisait la différence. Non pas qu’elle se sentait plus légère pour autant, pour ça, il faudrait beaucoup plus de temps ou peut-être même que cela ne viendrait jamais, elle n’était encore certaine de rien, c’était sûrement le problème. Mais aujourd’hui, Olive Sterling avait fait un choix et il n’était pas question qu’elle revienne en arrière. De toute manière, même si elle le voulait, elle ne pourrait pas puisque cela impliquerait trop de choses, trop de nouveaux mensonges surtout. Parce que rare était les personnes qui connaissaient les derniers choix de la jeune. Olive, elle n’avait pas eu le courage de dire la vérité à ses parents, encore moins à Oscar son ainé. Ces derniers étaient encore persuadés qu’elle s’épanouissait pleinement dans ses études, mais ce n’était plus le cas depuis bien longtemps déjà. Pour autant, Olive avait eu besoin de retrouver une certaine stabilité, autrement, elle aurait fini par devenir complètement dingue. Bien trop pour son propre bien d’ailleurs. Alors sans vraiment le vouloir, et sûrement par le biais de la chance, Olive était tombée sur une annonce pour un poste de serveuse au restaurant l’Interlude. Elle n’avait clairement pas les qualifications pour réussir, mais elle avait au moins la volonté de bien faire. Et surtout, l’envie de fuir le domicile de Midas qui était bien trop vide à son goût. Être serveuse n’était clairement pas une vocation pour Olive qui de toute manière était indéniablement maladroite et pas assez habile, mais elle avait au moins le courage d’affronter les clients les plus grincheux sans sourciller.

Olive avait donc pris son service, un de plus dans cette semaine qui ne voulait pas se finir. La volonté de bien faire solidement accrocher à ses épaules. Coute que coûte, elle braverait les étapes de cette nouvelle soirée. Il le fallait de toute manière. Et puis Olive avait la chance de ne pas être la seule employée du restaurant. Par chance, elle avait même fait la rencontre d’Andréa, à dire vrai, c’était même cette dernière qui avait pris en charge l’intégration d’Olive, autrement dit, l’Australienne lui en devait beaucoup, sans Andréa, elle aurait sûrement été encore plus perdue. Peu à peu, les deux jeunes femmes avaient sympathisé et Olive était toujours ravie de pouvoir partager des services avec elle. Tout se déroula sans accroche, Olive tenta de faire le moins de dégâts possibles jusqu’au moment où ses yeux se posèrent sur les nouveaux venus. Elle cligna plusieurs fois des yeux. Non, elle ne rêvait pas. Ses parents venaient de prendre place dans le restaurant, et pile-poil dans son rang. Prise de panique, la jeune femme opéra un demi-tour sur elle-même avec un plateau en équilibre dans ses mains. Elle lâcha un juron en se précipitant dans l’office. Ce n’était pas possible, pas ce soir, non. Ce restaurant n’était même pas un lieu habituel pour ses géniteurs, cela ne pouvait pas être possible. L’inquiétude gagna la jeune femme qui peinait à reprendre une respiration normale. Elle n’avait aucune idée de comment se sortir de ce pétrin sans qu’on ne la repère. Clairement, elle ne se sentait plus d’attaque pour ce soir et le ciel lui tombait définitivement sur la tête. Que pouvait-elle faire ?

@Andréa Fernandèz Garcia

Cela ne pouvait pas être la réalité, Olive était forcément en plein rêve. Le genre dont on a envie de se réveiller le plus rapidement possible. Les géniteurs Sterling ne pouvaient définitivement pas être là ce soir. Pourtant, Olive manquait clairement d'air. Il était certain qu'elle ne pourrait pas ressortir de sa cachette avant un long moment à moins de vouloir perdre la tête. Et sa tête, elle y tenait particulièrement et malgré tout. Elle tenta longuement l'Australienne, de reprendre ses esprits, de calmer ses mains tremblantes, de souffler à petit accoue comme on lui avait appris à le faire avant un examen important. Olive, elle était comme ça, stressée par un rien, mais surtout effrayée de l'avis de ses parents. Depuis toujours, ils avaient fait en sorte qu'elle ne sorte pas du rang, qu'elle tienne un rôle important et qu'elle soit en tout point parfaite. Ce qu'elle a réussi à faire jusqu'à un certain point, et ce point fut un non retour immédiat vers le néant. Elle avait essayé tant bien que mal de dire la vérité, de se sortir de ce gouffre qui l'enferme et la brise davantage chaque jour, mais elle n'a jamais eu le courage d'aller jusqu'au bout. Alors à la place, elle se retrouve coincée dans l'office à attendre que sa respiration se calme et que ses idées se tiennent. Un peu désolant. Sans qu'elle ne le perçoive, la porte de l'office s'entre-ouvre pour faire apparaitre Andréa. Décidément, Olive avait également manqué de discrétion sur ce coup. La voix d'Andréa perce les pensées désagréables d'Olive, ce qui lui permet de relever la tête vers la nouvelle venue. La surprise et la crainte se dessinant sur son visage. Olive devient rouge de honte à l'idée que sa collègue la découvre ainsi. « Olive ? » Les battements de son cœur s’accélèrent, comme si cela ne suffisait pas.  « Ça va ? Qu’est-ce qu’il se passe ? » Olive ne sait même pas quoi répondre qui ne la ferait pas paraitre dingue. Mais les mains d'André contre les siennes apaisent un instant son état. Elle cligne plusieurs fois des yeux se rendant compte de l'absurdité de la scène en cours. « Je.. je suis désolée. » Lamentable certainement. L'Australienne prit une inspiration. « J'crois que la panique à pris le dessus. » Ce n'était pas un euphémisme puisqu'il était certain qu'elle ne pouvait pas bouger pour l'instant à moins que ses jambes ne la lâchent dans le prochain mouvement. « Mes parents sont là. » Ce qui dit comme ça, ne donne pas une intention à cette frayeur dans les yeux d'Olive. Il est vrai qu'elle est la seule à savoir pourquoi il est préférable qu'elle ne remette pas les pieds dans la salle. Qu'elle reste aussi loin que possible des nouveaux venus. Que cela mette son travail en péril ou non. « C'est juste que.. » Et en même temps, il fallait bien qu'elle explique un minimum les choses. Sans trop de précisions, juste le nécessaire devrait suffire. Fallait-il encore mettre les bons mots dans l'ordre. « Ils ne savent pas. » Ce qui voulait tout et rien dire, bien joué Olive. A aucun moment Andréa ne pourrait se douter qu'Olive était une menteuse née qui n'assumait clairement pas son nouveau rôle de serveuse alors qu'elle était promue à une carrière de chirurgienne. Jamais.

@Andréa Fernandèz Garcia

Olive n'aurait jamais pensé que cette situation se présenterait à elle un jour. A vrai dire, elle n'y avait même jamais pensé. L'Interlude était un restaurant connu de la ville et très agréable oui, mais pas le genre d'endroit où les géniteurs Sterling pourraient se rendre. Il y avait même une chance sur un million que cela n'arrive. Mais visiblement elle s'était complétement fourvoyée, et il fallait forcément que cela arrive au moment de son service. Autant dire qu'elle était dans de beaux draps. Alors, oui la panique avait pris possession de son corps et elle n'avait pas la moindre idée de comment elle pourrait mettre un terme à ses tremblements. De comment elle pourrait redonner un sens à sa respiration. Elle était au bord du gouffre littéralement. Les mains d'Andréa l'aide à se concentrer sur l'instant présent, à recentrer son attention sur sa respiration battante et à reprendre ses esprits. Ce n'est pas encore ça, mais c'est mieux qu'il y a quelques minutes. Alors, Olive elle balance des mots, un peu au hasard pour essayer de donner du sens à la situation à son amie. « Je sais que les parents ça craint mais… » Elle essaie elle-même de se donner du sens, mais c'est tout sauf compréhensible. « Il ne savent pas que tu travailles ici ? » Olive hoche la tête de haut en bas, un peu trop rapidement. Non, ils ne savent pas et elle n'a pas envie qu'ils l'apprennent, pas ce soir, pas demain non plus. Elle deviendrait une honte pour eux, elle deviendrait une menteuse déclarée au grand jour. Cela ne pouvait pas se produire. Il fallait qu'elle trouve une solution et vite. Qu’est-ce que je peux faire ? Est-ce qu'elle avait envie d'imposer plus que de raison cela à Andréa ? Pas vraiment. Mais au fond, elle n'avait pas vraiment le choix. La brune était son seul salut, et même de cette façon, Olive n'était pas certaine de comment faire pour que ses parents ne la voit pas. « Je. Oui, ça me sauverait sûrement les miches. » Mais le restaurant était bondé, et ils n'étaient pas non plus une équipe assez nombreuse pour qu'Olive dépose son tablier et ne parte. « Il ne faut juste pas qu'ils me voient, s'il te plait. » Mais Andréa n'était pas magicienne, et Olive le savait bien. Elle demandait sûrement beaucoup. « J'imagine que je peux pas rester toute la soirée là, tu ne vas pas pouvoir non plus gérer deux rangs en un. » Elle réfléchissait à pleine vitesse tout en exposant les idées qui lui venaient comme un pêle-mêle. « Je suis désolée de t'embarquer là-dedans, vraiment. » Mais sur l'instant, il n'y avait pas d'autre solution. Pas encore du moins.

@Andréa Fernandèz Garcia

Faire machine-arrière maintenant serait plus difficile que n'importe quoi. Olive, elle était dos au mur, les mains tremblantes et le cœur au bord de l'explosion. Elle savait au plus profond d'elle que cette situation n'aurait jamais pu être de cette façon si elle avait eu le courage d'admettre à ses parents sa nouvelle vocation. Si elle n'avait pas mis en terre le moindre de ses secrets pour continuer à être l'enfant prodige avec un bel avenir. Ce n'était plus le cas, plus maintenant et peut-être plus jamais d'ailleurs. La vérité était bien loin de tout cela, mais elle n'était juste pas prête Olive. Pas encore du moins. « Bon, reste là. J’ai une idée. » Elle était reconnaissante l'Australienne que la jeune femme prenne soin d'elle alors qu'elle aurait clairement pu lui botter le cul et la faire retourner de force faire son boulot. Et même si la force lui manquait complétement, elle gratifia Andréa d'un remerciement. Ce n'était d'ailleurs que peu face à ce que la jeune femme s'apprêtait à accomplir. Andréa était certainement en train de lui sauver la vie à cet instant même et pour cela, Olive lui serait à jamais reconnaissante. Parce qu'au fond, elle ne connaissait que peu de chose sur Andréa, mais elle avait reconnu certaines similitudes avec son propre chemin et très vite, elle avait partagé une affinité certaine avec la brune. C'était toujours un plaisir de partager un service avec Andréa et de pouvoir sortir de sa zone de confort avec quelqu'un qui la comprenait un peu, ou du moins, qui était aussi maladroite qu'elle. Les deux jeunes femmes avaient vite réussie à se coordonner, se couvrant mutuellement des bêtises commisses. Mais ce soir, c'était Olive la plus grosse des bêtises. Andréa s'était éloignée et Olive n'avait aucune idée de quand elle reviendrait. Elle ne pouvait cacher son inquiétude qui ne de toute manière ne voulait clairement pas disparaitre. La porte s'ouvrit de nouveau sur la silhouette d'Andréa. « Je les ai déplacés, normalement tu devrais être tranquille. Et tu dois les apéros au resto. » Un soulagement se dessine sur les traits d'Olive alors qu'elle se lève péniblement, retrouvant un peu de son équilibre. Elle a l'espoir que l'action de la jeune femme interviendra favorablement et qu'elle ne risque pas de se faire réprimander devant un restaurant plein. « Et je te dois encore plus qu'un apéro.» Elle respire profondément avant de s'approcher de sa sauveuse. « Merci infiniment ! » A partir de cet instant, elle avait une dette grande comme le monde pour Andréa. « Ils n'ont pas été trop impoli j’espère? » Monsieur Sterling avait beaucoup de mal avec l'imprévu, davantage quand cela pouvait troubler sa tranquillité et son confort. « Je sais qu'il est un peu rude avec les autres, mais c'est un ours. » Du moins, c'est de cette façon qu'elle avait décidé de le décrire, parce qu'encore une fois, les vérités n'étaient pas toujours bonnes à dire et qu'il valait mieux rester sur cette image. « Encore merci Andréa, beaucoup, beaucoup.» Olive pose une main reconnaissante sur le bras de sa collègue avant de sourire timidement. Elle resserra sa natte avant de prendre une nouvelle grande inspiration. « Il faut y aller maintenant, pas vrai? » Avant toute chose, elle attend l'aval de son amie, prête à frôler les murs le reste de la soirée et sans faire le moindre grabuge pour le reste de la soirée. Et puis, tout irait bien.

rp terminé.

@Andréa Fernandèz Garcia