| ALIVES #2 - FEAR FINDS ITS WAY |
| | (#)Jeu 1 Juin 2023 - 18:34 | |
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Combien de fois ai-je noté dans un coin de ma tête d’arrêter de dessiner des plans sur des comètes ? Trop et, pourtant, je recommence inlassablement. La vie a beau m’expliquer de manière forte, douloureuse, délicate ou douceureuse, je n’intègre par l’apprentissage. La preuve étant, je me suis réveillée avec un enthousiasme contagieux sur ma Lola enchantée de retrouver son papa dans le courant de l’après-midi. J’ai soigné sa tenue en veillant à respecter ses goûts. J’ai arrangé ses cheveux et j’ai ajouté un peigne coloré pour illuminer ses traits parfaits. Je me suis laissé séduire par son état extatique au point de me presser à me doucher, mais moins à me préparer. J’ai hésité longuement devant ma garde-robe sur ce qu’il convient de porter en pareilles circonstances. J’ai hésité entre la robe mi-saison, sobre et bigarrée. J’ai renoncé au noir, trop strict et trop élégant pour une après-midi dans un parc. J’en ai essayé près de trois avant de statuer que toutes ces réflexions sont stupides. Mon but n’est pas de me déguiser pour conquérir un terrain en friche qui peinerait à porter des fruits ni d’oublier ma spontanéité. De coutume, je me vêt en fonction de mes humeurs, si bien que j’ai tranché, sous les encouragements “oppressants” d’une enfant pressée de se souvenir des émotions - elle les dessinera, j’en suis certaine - qu’induisent le plaisir d’être en famille. De mon côté, j’ai consacré plusieurs soirées, voire nuits, à imaginer comment se déroulerait ces heures durant lesquelles nous cultiverons cette illusion. Je me suis figuré des sourires sur les lèvres, des apartés entre le père et son enfant pendant que je m’éclipserais pour acheter des glaces ou des cafés. Dans ma tête, je traînais volontairement pour ne pas refermer une précieuse parenthèse trop vite. J’ai également décidé de laisser libre court à toute conversation entre Mickey et moi, lorsque nous serons abandonnés par la fillette appelée par les jeux. Pas de tabou. Des confidences si j’en ressens le besoin. Pas de sous-entendu au sujet de la séparation ou du divorce. Juste des aveux pour le présent, des espoirs pour l’avenir et, peut-être, des solutions pour corriger le passé.
Lors de notre dernière entrevue, les aveux de mon mari sur ce que la boxe lui manque m’ont bousculé. J’ai été remuée dans les tréfonds de mon âme d’avoir réalisé mon inaction, celle qui ont découlé sur l’abandon. Bien sûr, je m’empêche de soupirer sur mes choix pour ma santé mentale. Ce qu’il reste de notre affection se gâterait comme une pomme qui tomberait d’un arbre malade. Cela étant, si j’ai bien entendu qu’il estimait cette guerre perdue d’avance, je ne manque pas de ressources et, je crois qu'en mon for intérieur, j’alimente l’intention digne de lui suggérer de prendre les armes, de le faire avec moi parce que si je me dois d’accepter qu’il sera toujours là pour moi, il convient de davantage suggérer que l’inverse existe aussi. C’est donc le coeur gorgé de toutes ses nobles résolutions que j’ai invité Lola à grimper en voiture et que je me suis fait violence pour ne pas dépasser les limites de vitesse prescrites en ville. Certes, j’ai pesté jusqu’à trouver une place. Cédant à l’impatience de ce moment qui ne peut, selon mes caprices, se tapisser uniquement de magie, je me suis même agacée sur les lambins du dimanche qui se promènent derrière leur volant en toute insouciance. En somme, ils ont raison. N’aurais-je pas la sensation de jouer un tour capital dans une partie d’échec - je suis nulle à ce jeu, je ne suis pas assez stratège - je me baladerais aussi vers le point de rendez-vous encore déserté. Je ne presserais pas le pas sous prétexte qu’il m’a semblé reconnaître la silhouette d’armoire à glace de Mickey, une carrure ramassée sur un banc, une attitude qui instille dans mon estomac une vague d’angoisse. Est-ce que j’arrête pour autant la course de bout de femme vers ce pilier auquel elle rêve d’accrocher une lanterne ? Non ! Je lui conseille surtout d’être prudente - je ne voudrais pas qu’elle trébuche - et, sourire aux lèvres, je l’observe rejoindre son papa avec l’excitation d’une gosse - ce qu’elle est encore et sera toujours à mes yeux - un matin de noël. Elle en vit un seconde aujourd’hui et je m’en veux d’être habitée par un mauvais pressentiment que je cache derrière un immense signe à destination de Mickey. Je me sens coupable de le scruter comme une inquisitrice en quête d’un indice qui contredirait mon intuition : quelque chose ne va pas. A-t-il consommé ? Ses pupilles ne sont pas noires et arrondies : je balaie vite l’hypothèse. Il ne flaire pas l’alcool : il est sobre. Le reste ne me regarde plus ou pas tout à fait. Malgré tout, assistant avec émotion à ses retrouvailles, je garde sous le coude une série de questions à poser, la première étant, non pas “comment tu vas”, mais bien “qu’est-ce qui se passe ?”
Elle s’est agglutinée derrière mes dents après l’accolade émouvante de Lola qui a serré son père à la hauteur de ses petits bras. Elle s’est pressé juste à l’arrière de mes lèvres pendant que la petite fille présentait chacun des dessins contenus dans ce carnet secret, qu’elle tient précieusement et sur lequel elle veille en sentinelle. Elle a cédé sa place à un commentaire plus amène tandis que la petite, fière, a souhaité démontrer ses progrès sur une balançoire à son papa d’amour. «Elle ne les montre à personne. Pas même à Andréa. Kieran a un passe-droit parce qu’il l’aide à s’améliorer et moi, si je montre patte blanche, elle me raconte parfois. Tu es un privilégié.» ai-je déclamé en quittant la prunelles de nos yeux des miens pour détailler de nouveaux mon ex. «Qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi ça ne va pas ?» Regrettes-tu d’être là ? Est-ce juste que la déduction me traverse l’esprit ? «Tu as… la mine des très mauvais jours, ce qui me fait penser que tu dois faire un paquet d’efforts, là, tout de suite.» En a-t-il la force morale ? Pour l’évaluer, il doit s’ouvrir un minimum. «Mickey, si tu me parles pas à moi, avec qui tu vas le faire ? » Avec ses amis ? En comptent-ils encore beaucoup ? Avec de vagues connaissances, féminines ou masculines, avec lesquelles ils s’enfoncent dans la débauche ? Quelle solution pourraient-ils bien leur apporter ? Quel bien lui veulent-ils, si ce n’est des plaisirs éphémères et des assuétudes destructrices. «Je te l’ai dit : ce qui est valable pour moi l’est pour toi et moi… moi je l’ai fait.» Et, pour cause, j’ai toujours confiance en toi, ai-je retenu de justesse.
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| | | | (#)Jeu 8 Juin 2023 - 19:48 | |
| ☾ FEAR FINDS ITS WAY The walls are closing in again, so claustrophobic as I'm trapped in my head. It's like I don't belong in my own skin, it's sinking in, I'm lower than I've ever been. Oh god, why do I feel so wrong? I hold on before I'm too far gone, I can't let it consume me. 'Cause I've got thoughts so dark, they tear me apart and I know that I'm losing control. I sit around and wonder why : I'm alive but I don't feel much life? gifs by (c) horrorhooligans & (c) abl-tesfaye D’un coup d’œil jeté à sa fenêtre, Mickey s’assure que sa sportive garée plus bas n’a pas subi de casse durant la nuit. Verdict : sa 911 est intacte contrairement à son propriétaire dont une affreuse cicatrice barre le visage tandis que le plus gros des dégâts résultant de sa rencontre avec Dom demeure au niveau de son ventre, un mois après cette soirée où le boxeur s’est heurté au verre coupant d’une bouteille cassée. Il prétendait au départ qu’avoir une épée de Damoclès au-dessus de la tête ne le changeait pas beaucoup de d’habitude, mais vivre avec l’idée qu’un type peut à tout moment lui tomber dessus devient un problème lorsque ces ennuis que Mickey s’attire peuvent déteindre sur d’autres, en particulier sur Aliyah et Lola qu’il s’apprête à retrouver ce jour-là au parc national. Concrétiser cette rencontre par les temps qui courent revient à prendre le risque de ne pas apparaître devant elles sous un très bon aspect et ce, en admettant que Dom ne choisisse pas aussi très mal son jour pour revenir le cueillir. Le délai accordé pour le rembourser est depuis longtemps dépassé et il ne faudrait pas grand-chose pour que ses menaces soient ainsi mises à exécution, une incertitude quant au sort qui sera le sien amenant Mickey à sérieusement considérer l’idée d’annuler sa venue au parc. Il hésite puis compose le fameux message expliquant à la mère de sa fille qu’il a un empêchement sans livrer de vérité bien plus dérangeante, mais songer à la déception dans les yeux de Lola le pousse à l’effacer car cette fausse joie résultant de l’occasion manquée de passer du temps ensemble, Mickey n’a pas le droit de la lui infliger en tant que père. Il a déjà été bien trop absent pour se permettre un manquement de plus que sa belle-sœur serait encore tentée de lui reprocher, et parce que trahir sa promesse ferait aussi bien trop de peine à Aliyah dont il ne souhaite pas non plus se passer de la présence, demeurant indispensable à son existence comme le prouve cette alliance qu’il refuse de quitter. Sa femme et sa fille constituent une parenthèse bienvenue dans une vie chaotique où plus rien n’a aujourd’hui de véritable sens, et sur laquelle le boxeur a aussi de moins en moins le contrôle. Il peine à regarder Jackson dans les yeux depuis ses récentes découvertes, s’interroge sur ce que Rhett attend vraiment de lui, ne sait plus quoi penser du retour de Zoya dans sa vie, ignore August avec force et tout ça, en poursuivant ses trafics, ses combats et ses courses sans même se demander quelle corde viendra à rompre la première. Il n’y a que Dom pour le mettre un tant soit peu sur ses gardes, comme lorsque Mickey quitte son studio pour rejoindre le Mount Barney National Park après de nombreux regards portés aux alentours, et tout autant dans ses rétros.
Sa vie a de toute évidence pris un tournant encore plus déplorable pour qu'il soit aujourd'hui forcé de vérifier que personne ne le suit, persuadé que rien ne peut arrêter un homme comme celui qu'il prétend fuir car si Mickey n'est pas du genre à contourner les ennuis, jamais il ne laisserait ces derniers atteindre les prunelles de ses yeux. Méfiants sont donc ses pas tandis qu'il longe le parc pour dégoter un banc où s'assoir, son regard continuant de scruter tout ce qui l'entoure à la recherche d'une silhouette dénotant dans le paysage comme on pourrait l'imaginer cachée derrière un journal. Mais rien qui justifie dans l'immédiat que le boxeur soit autant en alerte, pas lorsque la seule intrusion dans son champ de vision est celle de sa fille se précipitant dans ses bras comme si elle ne les avait jamais quittés. Ces bras qui l'enveloppent avec la prévenance et l'amour du père qu'il n'a lui-même jamais cessé d'être, malgré sa posture trahissant une conscience tout sauf tranquille dont il voudrait pourtant ne rien montrer. Il peut sentir qu'Aliyah l'observe, peut-être se doute-t-elle même qu'il traine derrière lui bon nombre de problèmes mais aucun que sa fille doive ici sentir, à qui Mickey offre alors son plus beau sourire en espérant que son visage reste acceptable à voir pour ses petits yeux d'enfant. Et ces dessins que la fillette lui expose ensuite le boxeur n'en rate pas une miette, comme s'il découvrait encore le talent que Lola peut avoir alors que celui-ci ne manquera jamais de le rendre fier. Comment ne pas l'être lorsque son enfant trouve une bien meilleure façon que lui d'utiliser ses mains, telle une vraie petite artiste. « Elle ne les montre à personne. Pas même à Andréa. Kieran a un passe-droit parce qu’il l’aide à s’améliorer et moi, si je montre patte blanche, elle me raconte parfois. Tu es un privilégié. » Des privilèges que Mickey ne doit pas toujours mériter avec les absences qu'on lui connait mais Lola n'est pas encore en âge de lui en tenir rigueur et c'est le temps qu'il entend bien gagner, à l'image de ces moments passés ensemble devenus aussi rares que précieux, dont il tâche de profiter au mieux. « Ils sont de plus en plus beaux, bravo ma chérie. » Sa main se pose en douceur sur l’épaule de la fillette pendant que ses yeux se détachent avec peine de ses petits exploits, effleurant ces derniers du bout de ses doigts avec une délicatesse qu'il ne retrouve que pour elles. « J'aimerais beaucoup en garder un avec moi, tu veux bien ? » Peu importe lequel, Lola peut même choisir pour lui. C’est le plus beau cadeau qu’elle pourrait lui faire, visualisant déjà ses dessins orner les murs fissurés de son studio comme une ancre à laquelle se raccrocher. Pour garder notamment un pied dans cette réalité, les jours où ses consommations lui font oublier qu'il n'a pas encore tout perdu et qu'une petite compte sur lui, au même titre qu'Ali.
« Qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi ça ne va pas ? » Ces questions qui lui parviennent, Mickey avait espéré qu'elles ne viendraient pas trop vite car il sait, oh ça oui, combien Aliyah peut avoir l'œil pour ces choses-là. Elle reste la mieux placée pour déceler quand il n'est pas dans son assiette et ne pourrait à vrai dire pas être plus dans le vrai qu'en le supposant ici, malgré des aveux que Mickey lui refuse encore. « Je ne vois pas pourquoi tu dis ça. » esquive-t-il tout en essayant de dissimuler la cicatrice ornant son visage et sur laquelle, heureusement, Lola ne s'est pas attardée en le voyant. « Tu as… la mine des très mauvais jours, ce qui me fait penser que tu dois faire un paquet d’efforts, là, tout de suite. » Et elle n'a pas tort là encore, quand bien même cette sortie offre au boxeur une véritable bouffée d'oxygène que seule la perspective de redevenir un mari et un père est aujourd'hui en mesure de lui offrir. Il ne mentait pas la dernière fois en se disant prêt à faire semblant pour Lola car la vérité n'est pas belle à voir, pas plus qu'elle n'est agréable à entendre. Son regard fuit alors sa femme avec prudence et Dieu sait pourtant que lui mentir, Mickey déteste ça. « Je suis juste fatigué Ali, mauvaise nuit, alors ne t'imagine pas tout de suite le pire. » Le pire est pourtant ce qu'il s'emploie à lui cacher et face à cela, bien sûr, Aliyah n'est pas dupe. Penser qu'elle n'insistera pas serait très mal la connaître car ces informations sur sa vie que Mickey lui a demandé de ne pas chercher par elle-même, il ne peut pas lui reprocher d'essayer de les obtenir par le biais officiel. « Mickey, si tu me parles pas à moi, avec qui tu vas le faire ? » La situation aurait presque de quoi le faire sourire s'il ne menaçait pas à la place de se refermer comme une huître car ses alliés, aujourd'hui, le boxeur ne les compte plus que sur les doigts d'une seule main – tout le contraire de ses ennuis qui eux en revanche, ne cessent d'être multipliés. « Je te l’ai dit : ce qui est valable pour moi l’est pour toi et moi… moi je l’ai fait. » Un écho à leur précédente discussion qu'il ne peut pas ignorer, même si y songer lui rappelle combien sa venue chez lui a pu le perturber. Il la revoit encore s'envoler après un échange qui ne l'a pas laissé indemne et se demande si cette fois, le prix à payer sera le même. « C'est vrai, et je n'ai pas oublié. » Qu'elle s'est ouverte à lui la première et que cette écoute vaudra toujours dans les deux sens, si toutefois Mickey consent à rompre sa carapace pour admettre que non, ce n'est évidemment pas une histoire de fatigue qu'il trimballerait depuis chez lui. Un bref élan paranoïaque le pousse à regarder une fois de plus autour d'eux avant que son regard ne se raccroche au sien, convaincu pour les trente prochaines secondes que personne ne les observe. « J'ai peut-être quelques problèmes en ce moment mais s'il te plait, je ne veux pas que tu t'inquiètes. Et si j'évite de t'en parler c'est parce que je ne veux pas t'y mêler, c'est déjà bien trop compliqué. » Ces problèmes qu'il évoque, pourtant, Mickey prend soin de ne pas les nommer mais il sent que sa réponse ne sera pas suffisante pour apaiser les interrogations d'Aliyah. À vrai dire, la suite ne devrait pas y parvenir beaucoup plus mais à défaut de réussir à lui en parler, il peut sans doute le lui montrer. « Donne-moi ta main, discrètement. » il souffle en recueillant celle-ci dans le creux de la sienne puis la guide lentement sous son haut, pour mieux permettre un contact avec sa peau. Là, Aliyah peut se faire une idée de l'entaille à présent cicatrisée s'étirant sur une partie de son ventre, d'une profondeur laissant supposer qu'un duel a été perdu contre un objet tranchant et cela il n'y a pas très longtemps. « Tu vois pourquoi ? J'aimerais t’en dire plus Ali mais moins tu en sais, mieux ça vaut pour Lola et toi. » Il voudrait lui dire qu'il s'est blessé tout seul mais ce serait encore lui mentir, même s'il préfèrera toujours cette option à celle consistant à la mettre en danger. « Oui ma puce, on te regarde. » reprend-il en orientant son regard et sa voix vers Lola, dont les grands gestes effectués depuis la balançoire ne lui échappent pas et dont l'innocence lui retourne aussi le ventre, au beau milieu de cette discussion de grandes personnes.
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| | | | (#)Mer 21 Juin 2023 - 22:54 | |
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Aussitôt ai-je remarqué les restes d’une bagarre plus crasse que celle menée avec pour seule arme des poings, aussi vite ai-je trouvé le regard sur Lola. A-t-elle vu ? S’en inquiètera-t-elle ? Posera-t-elle des questions puisqu’elle n’a pas conscience de la fragilité de l’équilibre entre ses parents ? Mickey et moi travaillons seulement à le solidifier dans la séparation en apprenant, entre autres, l’authenticité dans nos échanges pour moi et, pour moi, ne plus me considérer comme l’abandonneuse, mais peut-être, comme l’empêcheur de tourner en rond. Ce serait un mieux qui ne serait pas l’ennemi du bien… le boxeur doit (re)devenir une constante dans la vie de sa fille. Dès lors, à chaque fois que la petite ouvre la bouche, mon estomac est serré par les mâchoires de l’angoisse. Je redoute le moment où elle pointera du doigt la blessure, où une interrogation pourrait mettre mal à l’aise son père et, par conséquent, le braquer. Je prie pour que notre enfant se contente de dévoiler son talent et, plus tard, les yeux remplis de la joie d’être reconnue par l’homme qui lui sert de modèle, de choisir, parmi ses dessins, le plus beaux, le plus touchants, celui qu’elle aura secrètement croquer pour le lui offrir. Elle n’hésite pas longtemps d’ailleurs. Elle en détache un et, d’une voix bousculée par l’émotion, elle déclare à son papa qu’il s’agit de son portrait. C’est ressemblant. Pour une gamine de cet âge, c’est surprenant. C’est preuve d’un talent dans lequel je l’encouragerai à s’épanouir au détriment des débouchées professionnelles. Lola est une artiste, pas un médecin en devenir et j’en suis fière, fière qu’elle soit passionnée, fière qu’elle cherche toujours à s’améliorer. Je suis fière et rassurée qu’elle soit nantie de ce don qui lui permette de coucher sur papier, à l’aide d’un fusain toutes les émotions enfermées dans sa marmite intérieure. Avec un peu de chance, elle n’explosera jamais contrairement à la mienne qui se remplit malgré moi tant je suis pétrie d’anxiété. Maladroitement, j’essaie de la dompter en me fiant à mes réflexes : le bavardage souvent inutile, sauf cette fois. Je ne cherche pas à flatter mon ex-compagnon en déshabillant une vérité : le cahier à croquis de notre bébé - elle le sera toujours - équivaut à un journal intime. En céder un, c’est inconsciemment envoyer le message : “tu fais partie de ma vie” et “reste avec moi”. C’est mon cœur de maman qui m’a conseillé d’induire cet aveu dans la tête de Mickey. Il est malin : il fera les connexions, au même titre que moi qui, depuis mon arrivée, m’acharne à relier les informations en possession les unes aux autres afin de deviner ce qui est à l’origine de ses traits tirés, de cette plaie fraîchement cicatrice qu’il s’efforce de nous cacher. A ce stade, c’est pathétique de ma part : je gagnerais un temps précieux à l’interroger tout de go. Toutefois, la peur me paralyse et je tourne autour du pot. J’utilise des formules que l’on prête à l’usage sans désigner d’emblée l’objet de mon tracas. Je ne la désigne pas, cette blessure dans son visage. Je ne m’attarde que sur la fatigue qui tire ses traits et sur ma sensation qu’il me dissimule quelque chose de grave sous couvert de bienveillance. Sait-il seulement à quel point il me chagrine quand il me garde à distance de sa vie ? De ce qui le travaille ? De ce qui l’empêche de dormir ? De partager des tacos avec sa vie et moi à l’improviste ? De ce qui l’entraîne toujours plus dans la décadence ? De ce qui le détruit à petits feux et qui, tôt ou tard, me l’arrachera pour de bon ? J’ignore comment je vivrais qu’une autre se pavane à son bras. En revanche, je sais que je ne supporterais pas qu’il emprunte ce chemin duquel nul ne revient jamais.
Bien sûr, je ne m’attendais pas à ce qu’il crache le morceau avec une honnêteté désarmante. Je me doutais qu’il privilégierait les non-dits quitte à me renvoyer à l’image de l’ex casse-pied qui se fait un sang d’encre pour des broutilles, voire pour rien. Je suis prête depuis longtemps à contrer ce schéma dans lequel je tiens le mauvais rôle et mes arguments à opposer sont juste là, sur le bout de ma langue, tout prête à être craché, quoique j’opte pour une méthode plus douce. J’invoque notre dernière conversation, à sa promesse d’être toujours là à mes côtés, à sa requête qui consistait à ne pas oublier qu’il sera toujours derrière moi, qu’importe les circonstances… Est-ce que ça sera toujours vrai si, d’aventures, j’invitais à la table de notre conversation les papiers du divorce ? Est-ce à cause de la peur qu’il se referme sur sa coquille, qu’en ces circonstances, il m’entoure de son indifférence que je n’y fais plus allusion ? Peu importe, dans le fond. Mon regard appelle le sien. Il aspire à ce que ses yeux se figent dans les miens et s’y noient, non par séduction, mais pour qu’il saisisse l’urgence d’être sincère, maintenant, pas demain, pas quand tout sera terminé. «Je comprends que tu ne veux pas que je m’en mêle, que je me fasse du mouron, tout ça, tout ça.» ai-je abrégé : la liste de ses raisons est trop longue pour être citée et, qui plus est, je la soupçonne non exhaustive. «Mais, ton silence, c’est encore pire pour moi. Tu laisses trop de place à mon imagination. Tu n’as pas idée de tout ce que je m’invente la nuit et de tout qui m’empêche de dormir. Si tu savais, tu changerais peut-être d’avis.» Tu réaliserais, pour mon plus grand soulagement, que ton comportement provoque en moi des sueurs froides. Tu changerais alors ton fusil d’épaule. Tu m’informerais au mépris des vieux adages sur ce qu’il est bon de dire ou non. Tu ne te fierais qu’à mon besoin excessive de sincérité, de preuves de confiance ou au moins de quelques indices menant vers cette piste. «Et, j’ai jamais voulu te compliquer la vie.» me suis-je défendue, la tristesse inhérente à ce sous-entendu - ou à l’interprétation ? - plus palpable qu’une brise d’automne en Australie. « Je l’ai peut-être fait…» En le quittant après avoir essayé de me battre à ses côtés, jusqu’à l’épuisement, tombant KO et incapable de me relever avant le décompte. «Mais, c’était pas ce que je voulais. Je veux juste aider et si aider, c’est rester loin de tout ça, ben… j’essaierai.» Tout du moins, essayer et, le résultat n’étant pas garanti, je m’abstiens de prêter serment. Attiré par ma gamine, les yeux de Mickey m’échappent, je les quitte pour me concentrer sur une Lola qui bat des jambes sur la balançoire. «Pour elle. Je le ferai.» ai–je conclu en adressant à la prunelle de mes yeux un signe de la main et un immense sourire surfait.
Elle est trop loin pour constater toute ma crispation. Par contre, maintenant qu’il détient ma main entre la sienne - il a demandé, je me suis exécutée non sans surprise - en mesure toute l’étendue. Mon poignet est rigide. Mes doigts se serrent autour de son pouce avec force. «Je suis désolée. Je suis nerveuse en ce moment, et…» je dors mal… Je nourris mes insomnies en quête d’une solution pour réparer mes erreurs et réhabiliter la réputation de mon mari en espérant le sauver de lui-même. J’avais prévu de lui en toucher deux mots. Sauf que les mots se coincent entre ma jugulaire et ma gorge douloureuse. Pour cause, je réprime mes émotions alors que j’ai sous la paume les vestiges trop récents d’une agression au couteau. «Qui ?» me suis-je enquis, ma main libre fermant plutôt mes lèvres les libérant enfin. Mon autre menotte, elle demeure là, sous le t-shirt de Mickey, sur une lésion d’apparence sérieuse et, tandis qu’un frissons d’effroie court le long de mon échine, je lutte pour ne pas hausser le ton et éloigner l’eau qui délaverait volontiers le marron de mes iris. «Qui ? Et, pourquoi ? Et, ça s’est passé où ? C’est une bagarre qui a mal tourné ou il y a autres choses ? Tu as montré ça à un médecin ?» Je prévois de l’y emmener dans les heures à venir avec le concours d’André. «J’ai besoin de savoir. Tu es en danger ?» Évidemment, au contraire, il ne se tairait pas pour assurer la sécurité de notre famille morcelée. «Il faut que tu me dises. Si tu ne le fais pas… Je vais devoir demander à Jackson et je suis prête à l’enfermer dans son bureau aussi longtemps qu’il le faudra jusqu’à ce qu’il crache le morceau. Je te jure que je le ferai.» Qui d’autres, à part la victime, pour me renseigner avec précision si ce n’est son cousin ? Qui ? Et, bien que l’idée d’une telle extrémité me dégoûte - j’ai toujours veillé à ne pas être une pomme de discorde entre eux - la fin justifie les moyens. « Il n’est pas question que tu rentres chez toi non plus. Tu vas revenir avec moi. Et, si c’est plus facile pour toi, dis-toi que je ne le fais pas pour toi, mais pour passer une vraie bonne nuit. Comment veux-tu que je panique pas après ça.» Il m’est également nécessaire de constater les dommages au lieu d’avoir à les deviner. En outre, je ne peux décemment pas laisser ma main où elle est. Elle fait donc machine arrière, mais jamais elle ne lâche celle de mon ex. Je l’écroue fermement à la mienne de crainte qu’il ne s’envole, qu’il refuse par fierté ou pour toutes autres excuses de son cru. «Je ne veux pas te prendre au piège. Je ne veux pas que tu m’en veuilles comme ça. S’il te plait.» Accepte ou tu n’auras pas voix au chapitre quand Lola s’approchera. Je lui annoncerai que c’est toi qui lui préparera son petit-déjeuner demain matin avant que tu n’aies le temps d’ouvrir la bouche. Je te priverai de ta liberté puisque tu refuseras de la décevoir compte tenu de cette joie extatique qui la propulsera au creux de tes bras. Accepte de bon gré pour ne pas me détester…
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| | | | (#)Sam 8 Juil 2023 - 19:02 | |
| ☾ FEAR FINDS ITS WAY The walls are closing in again, so claustrophobic as I'm trapped in my head. It's like I don't belong in my own skin, it's sinking in, I'm lower than I've ever been. Oh god, why do I feel so wrong? I hold on before I'm too far gone, I can't let it consume me. 'Cause I've got thoughts so dark, they tear me apart and I know that I'm losing control. I sit around and wonder why : I'm alive but I don't feel much life? gifs by (c) horrorhooligans & (c) abl-tesfaye C'est toi que j'ai dessiné. S'il aurait pu s'en douter dès son premier regard posé sur le dessin que Lola lui remet, l'entendre alourdit son cœur de père et lui projette en pleine figure l'évidence d'une attention que la fillette ne cessera jamais de rechercher chez lui. C'est encore à lui qu'elle pense lorsque la créativité l'anime, lui qu'elle emporte aussi partout avec elle et si Mickey en est chamboulé, c'est au même instant une décharge de culpabilité qui vient le traverser. Parce que ce portrait est bien trop joli compte tenu de l'image qu'il doit lui renvoyer et que s'il était réalisé aujourd'hui, Lola ne pourrait qu'y faire figurer ses balafres à en juger son sens du détail. Ses coups de crayon l'impressionnent et Mickey réalise une fois de plus tout le potentiel que peut avoir sa fille, aussi bien rassuré de la voir s'épanouir dans une telle discipline qu'inquiet du réalisme que ses dessins prendront avec le temps. Et s'il n'était un jour plus un modèle assez inspirant pour elle ? Et si Lola peinait aussi à le représenter en couleurs quand tout ce qui l'entoure s'avère de plus en plus sombre ? La fierté dans son regard tente de prendre l'ascendant sur le reste et le boxeur récupère le dessin avec toute la précaution que ce dernier requiert, habituellement absente du moindre de ses gestes mais jamais pour Lola, unique bénéficiaire d'une tendresse dont Mickey oublie si facilement le sens avec d'autres. Ce dessin sera conservé avec soin, c'est la promesse qu'il ne manque pas de lui faire quand bien même l'admirer certains jours lui fera plus de mal que l’inverse. Mais cette discussion y parviendra peut-être la première à l'image des interrogations d'Aliyah que le boxeur tente déjà d'esquiver, prétextant que ses traits abimés ne sont que le résultat d'une fatigue accumulée comme s'il n'avait pas plus grave à gérer que sa dette de sommeil. La vérité, Mickey est persuadé qu'elle ne pourra pas l'entendre mais à aucun moment il ne se berce de l'illusion qu'Aliyah s'en tiendra à son peu d'informations, pas au vu de leur dernière conversation. Elle n'est pas de celles que l'on laisse dans l'ignorance et il le sait, autant qu'il sait s'être mis dans des problèmes que la mère de sa fille détestera connaître car il n'a aucune bonne nouvelle à lui transmettre, bien au contraire. « Je comprends que tu ne veux pas que je m’en mêle, que je me fasse du mouron, tout ça, tout ça. » La tenir à l'écart de sa vie n'est pas ce qu'il préfère mais entre lui dépeindre la violente réalité de celle-ci et la préserver à sa manière, Mickey ne risque pas d'hésiter. Il ne fait toutefois que gagner du temps ici, conscient qu'Aliyah n'en démordra pas et peut-être bien épuisé à l'avance, aussi, des nombreux faux-fuyants qu'il devra trouver. « Mais, ton silence, c’est encore pire pour moi. Tu laisses trop de place à mon imagination. Tu n’as pas idée de tout ce que je m’invente la nuit et de tout qui m’empêche de dormir. Si tu savais, tu changerais peut-être d’avis. » Silencieux est pourtant ce qu'il continue d'être face à ces vérités qui le bousculent, allergique à l'idée d'être la cause de ses insomnies alors qu'elle devrait s'être défaite de lui pour le meilleur, et non le pire. Une plaie, c'est ce qu'il est encore dans la vie de celle qui mériterait de parvenir à avancer sans lui mais comment le pourrait-elle si sans cesse, son inquiétude la rattrape pour mieux la ronger et lui rappeler que quelque part, son ex-mari n'en finit plus de se détruire. « Et, j’ai jamais voulu te compliquer la vie. » Lui non plus n'a jamais souhaité compliquer la sienne mais il devine qu'il le fait malgré lui et que compliquées, les choses le seront de toute façon toujours. « Je l’ai peut-être fait…» Il ne le confirmera pas mais la profondeur de son regard et le soupir qui s'ensuit traduisent à eux seuls le fait que cette séparation ne l'a pas aidé, pour ne pas dire que Mickey a même cessé de s'accrocher le jour où leur plus grand engagement a été brisé. « Mais, c’était pas ce que je voulais. Je veux juste aider et si aider, c’est rester loin de tout ça, ben… j’essaierai. » Il ne l'en croit pas vraiment capable et dans un sens, ne souhaite pas non plus qu'Aliyah vienne à véritablement s'éloigner. De ses problèmes, oui, mais surtout de lui. Jamais de lui. « Pour elle. Je le ferai. » Son regard vient à son tour retrouver le doux minois de leur fille dont il salue l'insouciance loin, très loin de la gravité de cet échange et des prochains mots franchissant ses lèvres, dépourvus de légèreté comme le reste. « Tu ne pourras pas sauver tout le monde Ali. » Elle s'y efforce depuis toujours au point de s'oublier et si Mickey a la conviction sincère d'avoir épousé un ange trop bien pour lui, cette propension à s'en faire pour les autres est aussi ce qui l'inquiète quand Aliyah y investit autant d'énergie. « Et si j'étais toi, je le ferais avec ceux qui peuvent encore l'être. » Sous-entendant qu'il est certainement trop tard pour celui qu'il n'a guère besoin de nommer et que sans l'avouer, Mickey a fait une croix sur sa délivrance le premier avant même d'y avoir aspiré. Ce n'est pas ce que son père voudrait s'il le voyait depuis le ciel mais lui aussi, il a depuis longtemps cessé de l'écouter.
Sa main désormais détentrice de la sienne, Mickey ne peut que sentir la fébrilité qui l'anime et relever un regard soucieux vers elle. « Je suis désolée. Je suis nerveuse en ce moment, et… » Il le perçoit sans mal et regrette de ne pas entendre la suite, aussi pénible puisse-t-elle être. Il peut au moins croire qu'une partie de ses tourments viennent de lui et déteste aussitôt cette idée, tout en redoutant qu'Aliyah puisse se heurter à d'autres soucis dont il ne serait pas informé. Ceux dont elle doit en principe toujours lui parler, mais difficile de l'exiger quand la réciproque peine à s'appliquer. « Dis-moi ce qu'il y a. » Dis-moi surtout que ce n'est pas juste à cause de moi. Mickey en vient alors à explorer toutes les hypothèses, des problèmes que leur petite fille pourrait rencontrer à l'école au manque d'argent qui pourrait se faire ressentir, en passant par des déboires amoureux que sa femme pourrait expérimenter sans qu'il ne soit plus question de lui. Il n'oublie pas les révélations d'Andréa quand bien même il tente de les mettre de côté depuis son arrivée, et préfère encore offrir à Aliyah un aperçu de ses blessures que s'aventurer sur ce sujet bien trop sensible vis-à-vis duquel Mickey se sait capable de très mal réagir. « Qui ? » « Peu importe. » il souffle par automatisme et évite tout aussi vite son regard, sa main pourtant toujours liée à la sienne sans que le boxeur ne soit disposé à s'en défaire. « Qui ? Et, pourquoi ? Et, ça s’est passé où ? C’est une bagarre qui a mal tourné ou il y a autres choses ? Tu as montré ça à un médecin ? » C'est en réalité un règlement de comptes que Mickey n'avait lui-même pas vu venir, ignorant avant ce fameux jour de quoi Dom était capable et ce pour une vulgaire histoire de sous. Les détails de cette soirée qui aurait pu lui coûter cher Aliyah n'a pas à les connaître et pourtant, Mickey le sait : tôt ou tard, elle viendra à les apprendre. « Oublie les raisons, j'ai juste croisé un type qui voulait en découdre et tu me connais.. il a peut-être donné le premier coup mais il m’a pas fallu longtemps avant de répliquer. » Et sa fierté l'empêche d'ajouter qu'il est aussi tombé sur plus fort que lui et que face à la détermination d'un homme armé d'une bouteille, ses poings ne risquaient pas de faire le poids. Dom aurait pu le tuer, peut-être même qu'il finira par s'y employer mais dans sa version officielle, Mickey contourne bien évidemment l'essentiel et ces menaces planant sérieusement au-dessus de sa tête. « Et non, je n'ai vu aucun médecin mais je me doutais que ta prochaine question serait celle-là. » Ses réflexes protecteurs sont restés intacts après toutes ces années et plus que jamais, Mickey vient à penser qu'il ne les mérite pas. Quant à cette blessure que personne n'a examiné, il se pourrait qu'une femme lui ait tout de même donné les premiers soins mais pour des raisons évidentes, le boxeur ne mentionnera ni son nom ni son existence. « J’ai besoin de savoir. Tu es en danger ? » Il l'est sans l'ombre d'un doute autant que Dom peut l'être dès lors qu'il donne à Mickey des envies de vengeance mais si son agresseur a lui aussi une famille, il ne doit lui-même se vanter de rien et minimiser les choses pour ne pas inquiéter les siens. « Pas plus que d'habitude, je.. ça finira par se tasser je t’assure. » Les choses sont plus acceptables en ce sens, y compris pour lui car le temps d'un instant, Mickey veut aussi croire qu’elles ne sont pas si terribles afin de relâcher sa vigilance. « Il faut que tu me dises. Si tu ne le fais pas… Je vais devoir demander à Jackson et je suis prête à l’enfermer dans son bureau aussi longtemps qu’il le faudra jusqu’à ce qu’il crache le morceau. Je te jure que je le ferai. » Il peut entendre beaucoup de choses mais pas celle-ci, pas si cette histoire doit l'amener à fouiller du côté de son cousin car il voit d'ici deux personnes bien trop chères à son cœur souffrir d'une situation dont il est le seul fautif. « Non Ali, pas Jackson. Je ne tiens pas non plus à le mêler à ça et on parle ici de mon problème, pas du votre alors laisse-moi le régler à ma façon s'il te plait. » Une façon à laquelle Mickey entreprend déjà de réfléchir, et tout porte à croire qu'elle n'aura rien de très légal. Aux grands maux les grands remèdes, dirait-il. « Comprends que je ne peux pas tout vous dire et que Jackson ne le fait probablement pas non plus, avec toi comme avec moi. » Ce qu’il peut accepter même si ne pas connaître tous les risques que son aîné peut prendre le travaille souvent, comme s’il ne craignait pas déjà assez de le voir rejoindre son père depuis qu’il a emprunté la même voie que Clancy. « On a tous nos secrets après tout, il me semble. » il reprend dans un sous-entendu amer, sans même la regarder. Lui seul sait vraiment ce qu'il veut dire et ce qu'il peut aussi subtilement reprocher à la mère de sa fille, quand il reçoit notamment des informations par le biais de sa sœur plutôt que par elle. Mickey s'était pourtant promis de ne pas y venir mais il jure que ce n'est pas la raison qui le pousse à désapprouver la suite. « Il n’est pas question que tu rentres chez toi non plus. Tu vas revenir avec moi. Et, si c’est plus facile pour toi, dis-toi que je ne le fais pas pour toi, mais pour passer une vraie bonne nuit. Comment veux-tu que je panique pas après ça. » Il remue déjà la tête et souffle, d'une voix presque suppliante. « Ali.. » Si c'est à ses yeux la solution toute trouvée, elle ne l'est en revanche pas du tout aux yeux de Mickey. « Je ne veux pas te prendre au piège. Je ne veux pas que tu m’en veuilles comme ça. S’il te plait. » Le problème n'est pas qu'il se sente pris au piège mais bien qu'il soit persuadé que les choses n'en seront pas plus faciles. Aliyah veut bien faire et il pourrait sincèrement l'en remercier d'en faire autant pour lui si avant tout, Mickey n'avait pas peur d'accepter cette main tendue et ce qu'elle pourrait réveiller en lui parmi de trop nombreux souvenirs. « Tu.. tu ne peux pas me demander de revenir, même pour une nuit. Lola pourrait s'imaginer des choses et ce n'est peut-être pas la seule, d'ailleurs. » Il ne sait même pas s'il fait allusion à lui-même ou à un homme qui pourrait avoir trouvé ses habitudes chez elle mais une chose est sûre, Mickey n'y voit qu'un moyen de plus de se faire du mal en retrouvant brièvement l'illusion de vivre tous ensemble comme s'il n'en nourrissait pas le regret chaque foutu jour de sa vie. « Je n'aurais rien dû te dire, maintenant tu t'inquiètes deux fois plus et c'est la dernière chose que je voulais. » Il n'aurait aussi jamais dû lui faire constater la profondeur de son entaille au ventre car ainsi, il n'a fait que rendre les choses encore plus concrètes pour celle qui parvenait déjà à les imaginer. « J'arrangerais les choses si c'était si simple, tu peux me croire. Ça ne me plait pas non plus cette situation et ça me tue de savoir que tu la vis si mal, mais je ferai tout pour vous protéger et pour m'assurer que personne ne pourra vous atteindre malgré tout ce que ça pourra me coûter. » C'est une promesse qu'elle ne voudra peut-être pas entendre sachant ce qu'elle peut dissimuler mais sa main toujours connectée à la sienne se charge de l’appuyer. Dom peut le traquer autant qu’il le souhaite mais sa famille, mieux vaut pour lui qu’il ne tente pas de s’en approcher. « Tu vas devoir me faire confiance Ali, même si c'est difficile. Je sais que je n'en suis pas toujours digne mais je connais les risques, pas toi. » Et cela parce qu’il s’agit d’un monde que Mickey a désormais le mérite de connaître dans ce qu’il peut renfermer de plus sombre. Un monde qui n’est pas fait pour elle et qui ne le sera jamais et cette pensée s’applique tout autant à leur fille vers laquelle son regard vient à nouveau se tourner, tout en exprimant le souhait silencieux qu’elle ne grandisse pas trop vite.
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| | | | (#)Mar 18 Juil 2023 - 17:50 | |
| EXORDIUM. (code post) NAIROBI (gif)
Mes affirmations n’ont pas vocation à endormir la bête de méfiance afin qu’elle feule la vérité. Le seul crime dont Mickey pourrait m’accuser, ce n’est pas de cracher des boniments, mais de manquer de lucidité sur la prégnance de mon empathie. Mêlées à mon affection débordante pour le père de ma fille, l'affection aux frontières se fondant avec celles d’autres émotions et cette compassion inhérente à ma personnalité débordent du vase de l’acceptable. Or, je ne le réalise pas… ou pas vraiment… auquel cas je ne me serais pas risquée à formuler des promesses que j’aurais moi-même jugées impossible à tenir. Dès lors, je m’offusque de sa remarque jusqu’à hausser un sourcil. Je suis à deux doigts de bouder avec plus de véhémence que notre Lola. Elle a bon caractère, notre enfant. C’est un amour de petite fille qui se bat tous les jours pour s’offrir l’illusion d’être irréprochable et, si je regrette cette quête impossible de perfection, je suis a minima lucide sur ma responsabilité. A se demander de quel droit j’affiche cette mine offusquée, les chiens ne font pas des chats et, outre les facteurs génétiques, mon attitude générale déteint sur ma gamine. Sera-t-elle, comme moi, une angoissée de nature ? Souffrira-t-elle d’insomnies en proie à des tracas tantôt altruistes tantôt l’inverse ? Combattra-t-elle son sentiment d’inutilité en se dévouant à la cause de son prochain ? Négligera-t-elle sa santé mentale pour conduire des guerres qui ne sont pas les siennes ? Aura-t-elle l’impression de “n’être jamais assez” au point de chercher à donner toujours plus d’elle-même ? Souffrira-t-elle de l’ingratitude de l’Homme ? Aimera-t-elle s’entendre psalmodier des mercis qu’elle refusera ? Si, d’aventures, je l’avais jusqu’ici construite à mon image, est-il encore temps de la dévoyer pour son bien ? De lui apprendre l’importance de l’égoïsme ? Qu’il n’est pendable que s’il est pratiqué dans l’excès ? Plus tard, j’en discuterai sans doute avec son papa. Sur l’heure, je suis trop froissée pour lui confesser mes doutes puisque leur cause dépend entièrement de son jugement. «Je n’essaie pas de sauver tout le monde.» ai-je sifflé entre mes dents. Je ne suis pas colère. Pour l’instant, j’appartiens à la frustration d’être un livre ouvert, si bien qu’une poignée de secondes s’écoule avant que je ne renoue avec la raison.
Hormis mes frères et soeurs, qui me connaît mieux que mon mari ? Qui pourrait s’essayer à me déchiffrer sans commettre l’erreur de me sous-estimer ? Le constat est criant : personne. Personne n’a soulevé le pan du rideau derrière lequel je me dérobe de peur d’être trahie, abandonnée ou mésestimée depuis notre séparation. Aussi, ai-je ajouté, à la fois triste et rassurée : «Tu n’es pas tout le monde.». A mon sens, l’assertion mérite que je m’acharne à le protéger de lui-même et de ce défaitisme qui le tue peut-être plus rapidement que les drogues, l’alcool et autres dérives. «Et tu n’es pas une cause perdue. Tu ne peux pas l’être.» Pour Lola qui a besoin d’un père et pour moi, un tout petit peu parce que je tiens toujours à lui. J’en tiens pour preuve l’honnêteté hurlant de mes yeux noirs cadenassés aux seins depuis la genèse de cette conversation. Je ne crains pas davantage de l’affronter que de lui évoiler ma vulnérabilité et je suis aussitôt frappée par le paradoxe de notre relation. S’il s’agit d’un bâtiment, il ne s’érige pas seulement sur le terrain en friche qu’est devenu notre mariage, il se sépare aussi en deux ailes, une pour les secrets, l’autre pour les aveux. C’est triste à pleurer et contenir mon chagrin est plus compliqué encore alors que mes doigts sont prisonniers consentants de sa main. Par réflexe, je fais rouler son alliance entre mon pouce et mon index. «Après… ce n’est rien de grave. Toi, d’abord.» Rien ne peut l’être en comparaison à son cocard… sauf que je ne prends le pouls de l’ampleur de ses emmerdes qu’une fois en contact avec cette plaie qui lui barre le ventre.
A quoi s’attendait-il exactement ? A ce que je balaie cette information d’un revers de la main avec indifférence ? J’ai toutes les raisons d’être horrifiée, de le questionner et, surtout, de proposer des solutions puisqu’il me sert son silence en plat de résistance. «Le premier coup ? C’est plus qu’un coup, ça. C’est une tentative d’assassinat, ce qui veut dire que tu ne peux pas m’assurer que ça va se tasser.» Mon agitation est palpable. Cette nervosité, avouée plus tôt, grimpe de plusieurs degrés sur l’échelle du tolérable pour mon coeur. Je parierais mes maigres richesses que j’ai au moins vingt de tension. Quant à Mickey, ses trois de panique au compteur m’agacent. Ses arguments ? Ils ne riment à rien étant donné que je suis tétanisée. Je n’entends plus. Je ne réfléchis plus pour lui, mais pour notre fille. Je suis terrorisée à l’idée d’avoir à lui annoncer une nouvelle qui lui fauchera son insouciance. «Tu ne comprends pas, Mickey. Ta façon, elle va finir par te tuer parce que c’est ce que tu cherches, mais tu n’es pas seul. Tu as une famille, une fille… une petite fille qui a besoin de toi. Que tu te foutes en l’air à petits feux, c’est une chose. Mais que tu te livres en pâtures à un fou furieux…» Il faut l’être pour oser frapper mon boxeur de mari le premier et pour attaquer un rival avec une arme quand il n’a que ses poings pour se défendre. «Je ne suis pas d’accord et je ne te laisse pas le choix. Je partirai. Je te laisserai avec Lola et Andréa si tu préfères, mais que tu le veuilles ou non, tu rentres avec moi. » Je n’insiste pas. Debout sur mes jambes de guimauve, j’exige avec une détermination insoupçonnée. « Tu rentres avec elle, chez elle. Tu vois, il y a une solution à tous les problèmes quand on prend la peine de chercher du bon côté et le bon côté, c'est que c'est pas moi qu'il faut protéger , mais toi...de toi-même. » Le ton monte, mais il n’est pas motivé par l’ire mal contenue depuis la "une" d’un journal. Seule la peur est responsable de ce regain d’autorité. « J’en ai marre de tes secrets, Mickey. J’en ai marre d’être la seule à essayer de rester honnête. Quant à Lola, elle peut comprendre. Il suffit de lui expliquer, de com-mu-ni-quer avec elle. Regarde, je te montre. » J’ai hélé notre gamine et, sans attendre qu’elle approche - je refuse d’être devancée par son père qui aura certainement deviné ma manoeuvre - j’ai déclaré haut et fort : «Papa va dormir avec toi à la maison ce soir.» sans autre forme d’explications assimilables à un mensonge. C’est inutile. Notre fillette bat des mains et sautille d’une joie extatique. « Va chercher ton gilet. On va décoller pour aller manger une glace.» ai-je ensuite conseillé à mon éternel bébé tandis que ma voix s’habille de honte. Je ne suis pas fière de ma mesquinerie et, déjà, je demande pardon, quoiqu'il y ait un "mais".. « Mais...tu ne m’as pas laissé le choix. Tu refuses toutes les mains que je te tends et j'aime pas la tournure que ça prend. J’ai encore confiance en toi, tu sais, pour pleins de choses, mais pas quand il s’agit de ta sécurité ou de ta santé… » Il préfère s’évertuer à me traiter en oisillon fragile et c’est aussi insultant que touchant. « Donc, on va laisser tous les deux notre imagination de côté pour aujourd’hui et on va juste faire ce qu’il y a de mieux pour tout le monde.» Pas de s’il te plait. Pas de geste affectueux ou rassurant. Pas de questions à propos de celui de nous deux qui sera piégés dans les dédales de la nostalgie jusqu’à s’y perdre. Pas d’allusion à Kieran ou à mon entreprise pour redorer son blason. Juste mes bras croisés sur ma poitrine après avoir brusquement bondi du banc. Rien de plus qu’une pensée amère : je déteste tout dans mon comportement et je remercie le ciel que ma réaction n’ait pas attiré le regard de celle qui s’en revient en courant.
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| | | | (#)Ven 28 Juil 2023 - 19:38 | |
| ☾ FEAR FINDS ITS WAY The walls are closing in again, so claustrophobic as I'm trapped in my head. It's like I don't belong in my own skin, it's sinking in, I'm lower than I've ever been. Oh god, why do I feel so wrong? I hold on before I'm too far gone, I can't let it consume me. 'Cause I've got thoughts so dark, they tear me apart and I know that I'm losing control. I sit around and wonder why : I'm alive but I don't feel much life? gifs by (c) horrorhooligans & (c) abl-tesfaye Elle n'essaie pas de sauver tout le monde et pourtant, Mickey jurerait que celle qu'il a épousé s'oublie encore bien trop au profit des problèmes qu'elle préfère tenter de régler chez les autres. Ce n'est pas un reproche et ça n'en sera jamais un, Aliyah est juste trop pure pour ce monde et s'il ne craignait pas de l'irriter un peu plus, Mickey ajouterait que ce n'est pas à elle de ramasser les déchets de cette ville comme ce qu'il considère être aujourd'hui. C'est encore moins son rôle après avoir fait le ménage que l'on sait dans sa vie, optant pour un divorce mais visiblement pas pour le fait de tirer un trait sur lui alors que ces mots-là, bien sûr, le boxeur les garde à l'état de pensée. « Tu n’es pas tout le monde. » S'il est au moins sûr d'une chose c'est qu'un cas comme le sien n'a pas vraiment de concurrence dans le paysage d'Aliyah en raison d'une abime avec laquelle bien peu pourraient rivaliser mais une part de lui veut aussi croire qu'il reste à part et peut-être bien précieux à ses yeux, pour justifier cette case qui lui est propre et cette distinction que sa femme entreprend d'effectuer. Il n'est pas tout le monde et n'a aucune envie de l'être, pas si cela peut lui offrir un traitement différent et une attention particulière venant de la mère de sa fille. « Et tu n’es pas une cause perdue. Tu ne peux pas l’être. » Là-dessus Mickey ne tentera pas de la contredire alors même qu'elle voit sans doute ce qu'elle a envie de voir en lui, quitte à repousser pour ça la plus dure des réalités. Elle veut croire qu'il peut encore s'en sortir et redevenir celui qu'elle a connu et aimé, que ses addictions ne lui ont pas encore fait toucher le fond et que le point de non-retour n'est lui non plus pas encore atteint, contrairement à tous ceux qui n'ont pas attendu de constater l'étendue de sa débauche pour l'enterrer pour de bon. Aliyah aura éternellement de l'espoir à revendre pour les autres, il le constate une fois de plus mais ces mots ont un écho particulier quand il songe à la solution adoptée quatre ans plus tôt et tardant depuis à être officialisée. S'il n'est pas une cause perdue à ses yeux, il n'est en tout cas plus un homme auprès duquel elle désire vivre et cette idée lui tord doucement le ventre tandis qu'il relève péniblement ses yeux vers elle. « Je reconnais bien là ton optimisme, Ali. » souffle-t-il pour seule réponse, un très léger sourire étirant ses lèvres pour mieux cacher la confusion de ses pensées. Ne devrait-il pas simplement se réjouir qu'elle se soucie encore assez de lui pour mener cette bataille à ses côtés ? Aliyah risque bien de combattre seule et c'est aussi ce qui l'inquiète, lui dont les efforts se limitent aujourd'hui strictement à leur fille car des promesses sur son mode de vie et sur les risques qu'il peut collectionner, Mickey serait bien incapable d'en tenir. La nervosité palpable de sa femme écorche en tout cas sa fausse tranquillité et savoir ce qui peut tant la travailler devient dès lors une priorité. « Après… ce n’est rien de grave. Toi, d’abord. » On sait ce que dissimulent les rien de grave dans la famille car dans l'art de minimiser les faits pour ne pas inquiéter les autres et notamment sa femme, Mickey est lui-même passé maître. Il préfère pourtant penser que celle-ci dit vrai uniquement pour alléger sa propre culpabilité car bien sûr, il s'en voudrait de monopoliser l'attention avec ses problèmes si Aliyah doit elle aussi trainer les siens derrière elle. Des problèmes dont elle a par ailleurs promis de lui parler et dont le boxeur ferait une affaire personnelle à la seconde même où ces derniers lui seraient confiés, mais ce n'est pas ce qu'elle semble avoir en tête alors que Mickey a la très mauvaise idée de la confronter à ses plaies.
Les raisons de ce règlement de comptes sont aussi peu glorieuses que l'état général de sa vie et c'est pourquoi il ne veut rien en dire, comme si sa femme ignorait encore sa capacité à s'attirer des ennuis et comme si Mickey pouvait encore nier le fait d'être sur la sellette avec cet aperçu que Dom lui a donné de ce qu'il pourrait lui faire, à savoir le saigner sans scrupule. « Le premier coup ? C’est plus qu’un coup, ça. C’est une tentative d’assassinat, ce qui veut dire que tu ne peux pas m’assurer que ça va se tasser. » Il le voudrait pourtant, ne serait-ce que pour apaiser un peu ses craintes car comment lui dire que si Dom avait réellement voulu le tuer, il s'y serait déjà employé ? Comment lui avouer qu'il s'est encore fourré dans une sale histoire et que cette fois-ci, il semblerait que son adversaire n'ait aucune limite ? Si Mickey a conscience des menaces pesant sur lui, il ne consent qu'à effleurer ce qui lui pend au nez pour ne pas affoler la mère de sa fille mais Aliyah n'est pas stupide, elle peut voir comme sentir qu'il n'est pas seulement question d'une bagarre qui tourne mal et déjà, sa réponse consiste à vouloir le faire rentrer avec elle pour la nuit. Mickey n'est pas d'accord lui, pas alors qu'une telle perspective le projette déjà vers un passé bien trop susceptible de revenir le hanter. Celui d'une vie de famille qui n'a jamais cessé de lui manquer et d'une solitude qui le rattrapera doublement après ça, quand bien même ses aveux ont ici leurs limites. « Tu ne comprends pas, Mickey. Ta façon, elle va finir par te tuer parce que c’est ce que tu cherches, mais tu n’es pas seul. Tu as une famille, une fille… une petite fille qui a besoin de toi. Que tu te foutes en l’air à petits feux, c’est une chose. Mais que tu te livres en pâtures à un fou furieux…» Il expulse un lourd soupir face aux mots qui lui parviennent, sans doute heurté d'entendre que c'est d'après elle tout ce qu'il cherche. Peut-être bien que certains jours le fait d'en finir ne serait pas pour lui déplaire mais si Mickey se raccroche au peu qui lui reste, c'est bien pour leur fille éveillant encore en lui quelques instincts de survie. « Tu crois vraiment que cette issue-là m'attire ? Je suis le premier à ne pas vouloir que Lola grandisse sans son père et tu sais pourquoi. » Son regard confronte le sien sans qu'il n'ait l'intention de poursuivre mais ce qu'Aliyah sait en l’occurrence, c'est qu'il a lui-même perdu son père bien trop jeune et en garde depuis une colère infinie. Tout semble même trouver son origine dans la disparition successive des époux Reeves et Mickey ne peut que craindre de voir sa fille tourner aussi mal que lui si l'un de ses repères devait lui être retiré, à la différence qu'il n'est pas un père exemplaire comme Clancy a pu l'être et que dans les faits, sa propre perte ne serait pas autant déplorée dans cette ville. « Je ne suis pas d’accord et je ne te laisse pas le choix. Je partirai. Je te laisserai avec Lola et Andréa si tu préfères, mais que tu le veuilles ou non, tu rentres avec moi. » Il n'a donc pas son mot à dire, lui à qui imposer des choses est en temps normal impossible. Face à elle Mickey lutte sans vraiment le faire, il déteste l'idée d'être retenu contre son gré mais il ne peut pas détester Aliyah de penser à sa sécurité alors à défaut de grogner sa frustration et sa colère, c'est un nouveau soupir qui outrepasse ses lèvres tandis qu'il relève sa tête vers elle. « J'ai aucune envie que tu partes, arrête. » Aussi difficile soit le fait de renouer avec des habitudes perdues et de douloureux souvenirs, tout ceci n'aura un sens que si sa femme reste auprès de lui et pas seulement parce que Mickey ne veut pas penser à qui elle pourrait retrouver. L'idée n'est pourtant pas adoptée et son regard, dur au possible, confronte celui d'Aliyah sans avoir l'intention de céder. « Tu rentres avec elle, chez elle. Tu vois, il y a une solution à tous les problèmes quand on prend la peine de chercher du bon côté et le bon côté, c'est que c'est pas moi qu'il faut protéger, mais toi...de toi-même. » Bien sûr, Mickey est un danger pour lui-même et ce n'est pas aujourd'hui qu'on va lui apprendre mais être protégé n'est pas ce qu'il souhaite, malgré toute la bonne volonté qu'elle pourra y mettre. « On parle toujours d'une nuit ou bien tu envisages de me séquestrer ? Tu veux peut-être me confisquer mes clés de voiture aussi, tant qu’on y est ? » Qu'il sache au moins ce que signifie cette protection dont elle parle et dont il n'estime bien évidemment ne pas avoir besoin, obstiné à croire qu'il n'a même besoin de personne alors que sa solution ne le convainc toujours pas. « J’en ai marre de tes secrets, Mickey. J’en ai marre d’être la seule à essayer de rester honnête. » Essayer est une chose mais compte tenu de ce qu'il a tout récemment appris, il doute personnellement que les secrets soient uniquement les siens ici. Aussi, le sourire qu'il affiche n'a rien d'amusé et son regard en dit long sur son incrédulité. « Je ne parlerais pas de secrets si j'étais toi ou alors, je confierais un peu moins de choses à Andréa. » Une fois de plus, le sujet est à peine survolé le temps d'un sous-entendu peu subtile. Elle seule sait ce qu'elle a pu confier à sa sœur et c'est tout ce qu'il fera entendre de son côté dans l'espoir de la faire cogiter, peu disposé à se perdre sur un tel sujet sous peine de laisser sa déception le gagner. « Quant à Lola, elle peut comprendre. Il suffit de lui expliquer, de com-mu-ni-quer avec elle. Regarde, je te montre. » Ses yeux se reportent sur Lola par réflexe et avant même qu'il ne puisse anticiper la suite, la voix d'Aliyah se charge d'annoncer ce à quoi il ne voulait jusqu'ici pas se résoudre : « Papa va dormir avec toi à la maison ce soir. » Piégé, c'est ainsi qu'il ne peut que se sentir en assistant à la joie manifeste de leur fille. Il n'est bien sûr plus question de refuser quoi que ce soit, pas maintenant que Lola est aux anges à l'idée de retrouver son père pour la soirée mais intérieurement Mickey s'agite, trahi par celle qui a abattu sa carte la plus sensible pour le contraindre. « Va chercher ton gilet. On va décoller pour aller manger une glace. » Il saisit ces quelques secondes qui lui sont offertes avant que leur fille ne revienne pour la questionner d'un air désabusé. « Sérieusement Ali ? » Le prendre en traitre devant leur fille en sachant pertinemment qu'il ne voudrait pas la décevoir ? Non, Mickey ne l'avait pas vu venir et à cet instant difficile de dire quel sentiment prédomine chez lui. « Mais...tu ne m’as pas laissé le choix. Tu refuses toutes les mains que je te tends et j'aime pas la tournure que ça prend. J’ai encore confiance en toi, tu sais, pour pleins de choses, mais pas quand il s’agit de ta sécurité ou de ta santé… » S'il n'a aucun doute quant au fait que ses intentions soient bonnes et traduisent un réel besoin de le préserver, Mickey dirait que c'est à lui qu'aucun choix n'a été laissé et cette façon de faire ne manque pas de l'indigner. « Et moi j'aime pas me retrouver au pied du mur, tu le sais en plus. » S'il se résigne finalement à rentrer avec elles c'est avec beaucoup d'amertume, et parce que se défiler n'est désormais plus une option. « Donc, on va laisser tous les deux notre imagination de côté pour aujourd’hui et on va juste faire ce qu’il y a de mieux pour tout le monde. » Ce n'est de toute façon plus à lui d'en décider et s'il parvient à puiser en lui un peu de bonne volonté par la suite, ce sera pour Lola dont l'enthousiasme représente sa seule motivation ici. Il se hisse alors sur ses deux jambes et gratifie la fillette d'un sourire qui parvient à être sincère à côté de l'immense frustration qui le guette. « Allez viens ma puce, tu l'as bien méritée ta glace. » Sa main ébouriffe même chaleureusement sa chevelure brune avant que leurs pas ne s'alignent en direction du stand, sans un mot de plus franchissant les lèvres de celui rongeant amèrement son frein.
Une bonne chose qu'il ne soit pas celui chargé de commander les glaces car Mickey ne pourrait pas garantir sa bonne humeur face au marchand, mais alors qu'il s'apprête à communiquer son choix Aliyah le surprend en prenant là aussi les devants. Avec lui la pistache a de beaux jours devant elle mais ce qu'il pensait être un détail sans importance s'étant perdu avec les années reste une information que sa femme semble avoir de son côté précieusement conservé. « Tu te rappelles encore de mon parfum préféré après tout ce temps. » il remarque d'une voix qui s'adoucit quelque peu, sans doute bien plus touché qu'il ne voudrait l'admettre alors que cette fois-ci, Mickey ne se plaindra pas de ne pas avoir eu le temps de réagir. Son affront d'il y a quelques minutes n'est pourtant pas derrière lui et tandis que Lola s'écarte pour savourer sa glace à quelques pas de là, c'est à l'oreille de sa femme que le boxeur vient souffler : « Mais tu m'as tendu un piège Ali, je l'oublie pas. » Bien sûr qu'ils doivent en parler, Mickey ne peut pas juste accepter son sort sans lui signifier au moins sa façon de penser car derrière l'irritation que l'on devine, clarifier les choses lui semble tout de même nécessaire afin qu'Aliyah ne puisse pas douter du plaisir qu'il aura toujours à passer du temps à leurs côtés. C'est sa manœuvre qu'il déplore, bien plus que le reste. « Ne crois pas que l'idée même d'une soirée avec vous deux me déplait, j'ai juste perdu cette habitude et je crois que j'appréhende de la retrouver. » Parce que vous me manquez et que tout était bien plus naturel autrefois, qu'il s'interdit d'ajouter étant donné qu'Aliyah connait déjà sa position sur la famille qu'ils peuvent encore former. Ce n'est plus pareil et cette évidence le rattrape chaque fois qu'il rentre chez lui après ces courtes retrouvailles, là où plus rien ni personne ne l'attend si ce n'est peut-être sa sombre dérive. « Et Lola.. j'ai pas hâte de croiser son regard quand je devrai repartir parce que je serai incapable de lui dire quand, ni même s’il y aura une prochaine fois. » Il ne peut pas revenir trop souvent car tous deux savent bien que ça la perturberait et lui non plus n’y échapperait pas, sans que Mickey consente là encore à l'avouer. Rendre ces moments trop fréquents leur ferait possiblement plus de mal que de bien si Lola nourrit peu à peu l'illusion de revivre avec son père et si de son côté, Mickey en vient à oublier que cette vie-là n'est plus la sienne. Et Aliyah, comment le vivra-t-elle ? Il faut espérer qu'elle y gagnera au moins un peu de tranquillité, c'est même l'autre motivation que le boxeur vient finalement y trouver. « Une nuit sur ton canapé. Je le fais aussi pour te rassurer. » Sous-entendant qu’il ne le fait pas seulement pour leur fille, et sans préciser que l'époque où ils partageaient le même lit le rend tout autant nostalgique. Mais ce couple qu'ils ont cessé d'être a encore un semblant d'existence aux yeux de Lola et c'est pourquoi Mickey glisse sa main libre dans la sienne, par envie bien plus que par volonté de sauver les apparences malgré tout ce qu'il pourra prétendre.
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| | | | | | | | ALIVES #2 - FEAR FINDS ITS WAY |
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