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Stanley se retrouvait, une fois de plus, à accompagner sa colocataire dans une activité qu’il n’avait pas du tout choisi. Aujourd’hui, elle avait décidé de l’amener à sa journée porte ouverte de l’école de mode où elle étudiait. Alors qu'ils se promenaient entre les différentes installations, Stanley affichait un air légèrement ennuyé. Il ne comprenait pas réellement l'intérêt de leur présence, puisqu’elle était déjà inscrite au sein de l’école. Elle remarqua immédiatement son expression. « Si tu ne voulais pas m’accompagner, tu n’avais qu’à trouver une fausse excuse comme les deux autres. » C’est vrai que les deux autres colocataires s’étaient montrés plus rapide que lui pour trouver une raison de ne pas venir. Il ne refusait que rarement au caprice de Nelly au risque de devoir affronter une tornade incontrôlable. Et puis même s’il n’était pas ravi d’être là, il se montrait toujours présent pour ses meilleurs amis dès qu’ils en avaient besoin. Il regarda la brochure qu’on lui avait filé à l’entrée. « C’est bon ! C’est quoi la suite du programme ? » lui demanda-t-il, s’agaçant de ne pas trouver l’information par lui-même sur le papier. Nelly se montra plus joviale, l’attrapant par le bras pour l’attirer dans un amphithéâtre déjà bondé. « Il va y avoir une présentation sur la maison de haute couture Weatherton, je rêve d’obtenir un stage là-bas. » Stanley n’était guère plus intéressé que ça par cette conférence, mais il savait que son amie y tenait. Ils s’installèrent alors sur les places les plus au fond en attendant le début. Pendant ce court laps de temps, il avait attrapé son téléphone afin d’envoyer un sms de reproche aux deux autres qui avaient réussi à se défiler. La présentation commença, mais Stanley ne s’y intéressa pas immédiatement. C’est au bout de quelques minutes qu’il leva la tête, feignant de se passionner par ce qui se passait dans la pièce. Pourtant, ses yeux ne quittèrent pas la jeune femme sur scène qui parlait. Son visage lui semblait familier, mais il lui fallut quelques instants pour réaliser qui elle était. Il s’agissait de Millie Butcher. Il n’avait pas mis bien longtemps à la reconnaître n’ayant pas changé énormément depuis la période du lycée qu’ils avaient fréquentés à la même époque.

Il donna un petit coup de coude à Nelly pour attirer son attention, alors qu’elle tourna la tête vers lui afin de connaître la raison de son interruption. « Tu te souviens de cette fille ? C’est Millie. Millie Butcher. » chuchota-t-il alors qu’elle tourna de nouveau le visage vers la scène pour constater par elle-même. Nelly réfléchit un instant, puis ses yeux s'illuminèrent. « Mais oui, je me souviens ! Son frère avait disparu ou un truc du genre. Après ça, elle ne faisait que longer les murs comme un fantôme. » Il la pinça afin de lui faire regretter ses paroles. C’était ça le problème avec Nelly, c’est qu’elle ne mesurait jamais ses propos. Il avait beau s’en offusquer à chaque fois, elle ne comprenait pas la leçon. « Bah quoi ? C’est vrai non ? Je me souviens qu’elle ne parlait plus trop à personne. » Stanley hocha la tête, se remémorant les nombreuses fois où il avait essayé de lui proposer son aide. Mais à l'époque, elle avait refusé toute aide, préférant garder ses souffrances pour elle-même. Alors que Millie continuait son discours, Stanley sentit une bouffée de regret l'envahir. Il aurait aimé pouvoir faire quelques choses à l’époque. Il n’était qu’un adolescent, il était rapidement passé à autre chose après le lycée. Il ne sait même pas s’il avait déjà repensé à elle et sa douleur. Après tout, il avait dû lui-même gérer ses propres problèmes.

A la fin de la présentation, il se tourna vers Nelly. « Je vais aller la voir. » lui dit-il, alors qu’elle le regardait avec incompréhension. « Pourquoi faire ? Vous n’étiez même pas pote ! » Stan leva les yeux en l’air, loin d’être surpris par la réaction de sa meilleure amie. Elle se comportait toujours comme ça quand il s’approchait d’une autre fille. « Je vais juste prendre des nouvelles. Tu n’as qu’à finir ton tour et je te rejoins, ok ? » ajouta-t-il avec ce regard si doux qu’il était toujours très compliqué de lui dire non. Elle céda non sans souffler. Il descendit les quelques marches pour se retrouver au niveau de la scène où Millie rangeait un tas de papier. Il se sentait investi d'une mission, celle de s'excuser pour son insistance passée. Avec un mélange d'appréhension et de détermination, Stanley s'approcha de Millie. Elle semblait surprise de voir quelqu’un l’interpeller, mais elle ne semblait pas totalement fermée à son approche. « Salut ! Je ne sais pas si tu te souviens de moi, on était au lycée ensemble. Stanley. Brooks. » commença-t-il, son sourire s'étendait sur son visage, illuminant ses yeux d'une lueur sincère et chaleureuse.

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Elle était tombée sur l’information un peu par hasard, alors qu’elle passait dans les bureaux pour récupérer le courrier de James - parce-que ce dernier n’avait pas le temps de s’en occuper lui-même, trop pressé et trop occupé à d’autres taches ici et là. Millie avait entendu l’une des responsables du recrutement en discuter avec un collègue, alors qu’elle passait devant un bureau ou un autre, et bien sur que cela avait attiré son attention. S’arrêtant au milieu du couloir, elle avait tendu l’oreille. « … mais c’est déjà la semaine prochaine et personne a envie d’y aller. Les présentations en école, c’est toujours une épreuve. » Le soupire de l’homme qui parlait était assez fort pour se faire entendre d’où elle se tenait, alors qu’elle faisait demi-tour pour entrer à son tour dans la pièce - frappant tout de même quelques coups sur le bois de la porte avant de pénétrer dans la pièce. « Je peux m’en occuper. Je veux dire, si vous avez personne. » Ils étaient étonnés, autant d’une telle intervention de sa part car Millie n’était pas du genre à déranger que de l’enthousiasme dont elle faisait preuve. Mais cela était presque logique: il s’agissait de son école, un des seuls endroits où elle s’était toujours sentie chez elle, et il était logique à ses yeux de faire les efforts nécessaires pour rendre la pareille d’une façon ou d’une autre. Il était ainsi convenu qu’elle s’occuperait de la présentation des stages en entreprise, parce-qu’elle avait le profil parfait pour s’occuper de ça.

Ce fut la raison qui poussa Millie à se mettre en lumière ce jour là, à se montrer aux autres, là où d’ordinaire elle préférait largement rester dans l’ombre; la position d’assistante de James Weatherton en personne aidant dans cette quête là au quotidien, la plupart du temps. De son point de vue, la présentation c’était plutôt bien passé: elle était satisfaite du message qu’elle avait réussi à faire passer, et les couleurs qu’elle avait réussi à donner au tableau Weatherton à travers ses paroles. En retour, le visage des participants paraissaient renvoyer quelque-chose de positif après son intervention, bien que la pièce se désemplit rapidement et qu’aucune sollicitation ne fut faite à la fin.

Enfin, aucune, ce serait mentir puisqu’au moment où elle ramassait les dernières feuilles avec lesquelles elle était venue ici, quelqu’un l’interpela. Relevant son regard et fronçant légèrement les sourcils, elle se concentra sur la personne s’approchant d’elle connaissant son prénom qui plus était; elle savait qu’elle l’avait mentionné en début de discours, mais ce n’était en général par la meilleure des façons que d’approcher quelqu’un en l’appelant par son prénom sans connaitre la personne. « Salut ! Je ne sais pas si tu te souviens de moi, on était au lycée ensemble. Stanley. Brooks. » Et parce-que c’était presque idiot que cela ne lui ait pas sauté aux yeux lorsque ces derniers s’étaient posés sur le visage du jeune homme, les siens s’écarquillèrent quelque peu alors que le souvenir revenait à elle avec une aisance qui lui faisait presque peur. « Stanley, salut. » L’introduction de son côté n’étant pas autant chaleureuse qu’elle l’aurait voulu, et ne répondait en rien à la façon dont Stanley présentait lui de son côté, mais c’était surtout parce-qu’elle tentait de maitriser plusieurs émotions qui s’immisçaient à l’intérieur d’elle en cet instant, sans préavis de leur part. Fermant les yeux un instant, elle secoua quelque peu son visage, se parant d’un sourire bien plus familier par la suite - rouvrant, bien sur, ses paupières. « Pardon, je t’ai pas reconnu de suite. » Et surtout, Millie n’avait pas croisé son chemin depuis des années désormais et ne s’attendait pas à ce que ce soit chose faite aujourd’hui. « Mais oui, je me souviens, le lycée. » La pire période de sa vie. « Ca fait un bail. » Et elle se trouvait idiote à réagir de la sorte en cet instant. « Qu’est-ce qui t’amène ici aujourd’hui ? T’as assisté à la présentation ? » Savoir depuis combien de temps il l’avait reconnu et à quel point elle passait présentement pour une ingrate à laisser la stupéfaction de le voir ici aujourd'hui dans ses yeux trainer autant de temps alors que son côté, le jeune homme appuyait une réaction qui semblait chaleureuse à son égard.

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Stanley n'aurait jamais imaginé croiser quelqu'un qu’il connaissait lors de cette journée portes ouvertes. Il avait bien croisé des visages vaguement familiers, probablement des habitués du café où il travaillait les week-ends ou des personnes croisées lors de quelques soirées détente. Mais l'idée de rencontrer une ancienne camarade de lycée ne lui avait même pas effleuré l'esprit. Et pourtant, là se tenait Millie, surprise d'être interpellée ainsi. « Stanley, salut. » Son regard se posa sur elle, cherchant des signes de reconnaissance dans ses yeux. Une lueur d'embarras y apparut, laissant Stanley se demander si elle se souvenait de lui. Les souvenirs de leur passé commun vinrent alors affluer dans son esprit. C'était il y a tant d'années, à une époque où Millie traversait une période difficile après la disparition tragique de son frère. Stanley avait essayé d'être là pour elle, bien qu'ils ne fussent pas très proches. Son besoin constant d'aider les autres l'avait poussé à tenter de la soutenir. Mais elle avait repoussé ses avances, peut-être pas encore prête à partager sa douleur avec quiconque. « Pardon, je ne t'ai pas reconnue tout de suite » avoua-t-elle. Un sourire sincère, toujours aussi communicatif, se dessina sur son visage. « Je ne peux pas t'en vouloir, à l'époque j'avais bien plus de temps pour le sport. J'avais certainement 10 ou 15 kilos de muscle en plus » ajouta-t-il, exagérant légèrement. Malgré les contraintes de son emploi du temps, il continuait à jouer au basket quand il le pouvait, même si ses séances n'étaient plus aussi intenses qu'à l'époque où il rêvait de devenir professionnel.

« Mais oui, je me souviens, le lycée. » répondit Millie avec une intonation qui laissait deviner que cette période n'avait pas été facile pour elle et Stanley avait bien une idée des raisons. « Ça fait un bail. » ajouta-t-elle. Stanley ressentait lui-même une gêne et une appréhension à l'idée de rouvrir de vieilles blessures chez Millie, ce qui n'était évidemment pas son intention. Malgré cela, il ne pouvait tout simplement pas faire demi-tour et lui souhaiter bonne continuation. Il avait vraiment envie de savoir comment elle se sentait maintenant et comment elle avait évolué. Les quelques aperçus qu'il avait pu avoir lors de la présentation, même s'il n'était pas très attentif, lui laissaient déjà entrevoir une évolution qu'il appréciait. « Qu’est-ce qui t’amène ici aujourd’hui ? T’as assisté à la présentation ? » demanda-t-elle. Stanley ne perdait pas son attitude ensoleillée qui lui était propre depuis sa jeunesse. Il pointa rapidement dans une direction au hasard. « J'accompagne Nelly, elle est étudiante ici. Tu ne dois pas te souvenir d'elle, ou peut-être que si, mais dans ce cas-là, tu dois en garder une mauvaise image. » Il savait que peu de personnes au lycée avaient pu apprécier Nelly à sa juste valeur, car elle refusait toujours de montrer sa sensibilité, sauf à ses amis les plus proches, parmi lesquels se trouvait Stanley. « Tu travailles pour Weatherton, alors ? » demanda-t-il en sifflant d'admiration face aux exploits de Millie, car apparemment c'était un emploi très convoité, selon sa meilleure amie et le monde présent lors de la présentation. « J'espère... que tu te portes bien ? » hésita-t-il à prononcer ces mots, ne sachant pas vraiment comment Millie les prendrait. Il se disait que le temps avait peut-être réussi à apaiser la jeune femme, même si on ne guérit jamais complètement de ce genre de tragédie.

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Elle s’en voulait quelque peu d’avance, car elle savait que dans son regard il serait possible de lire l’hésitation qui avait fait part d’elle pendant un instant; elle n’avait su remettre les traits du jeune homme dans le bon contexte en une fraction de seconde, mais parce-qu’il appartenait à toute une période de sa vie qu’elle avait tenté d’enfouir le plus loin en elle possible pendant tellement longtemps que parfois, elle oubliait que certains souvenirs pouvaient ressurgir sous forme humaine face à elle. Millie espérait simplement que le petit sourire qu’elle tenta d’esquisser servirait d’appui pour ses excuses, et que Stanley face à elle ne prendrait pas mal qu’elle n’ait pas réussi à le replacer de suite. « Je ne peux pas t'en vouloir, à l'époque j'avais bien plus de temps pour le sport. J'avais certainement 10 ou 15 kilos de muscle en plus. » Il ne semblait pas s’en formaliser plus que cela, et c’était tant mieux: là n’était en aucun cas le but de la jeune femme. La petite touche d’humour qu’il ajouta même fut la bienvenue.

Il n’en restait que cela faisait bien longtemps que leurs chemins ne s’étaient pas croisés, et il était vrai qu’elle ne s’était en aucun cas attendu à croiser la route de Stanley ici, aujourd’hui. Ses yeux cherchaient autour d’eux la raison qui avait pu pousser le jeune homme à se montrer ici, autant en réalité qu’ils cherchaient inconsciemment une porte de sortie; ce n’était pas là sa première intention, mais lorsqu’il que des éléments de son passé avaient tendance à resurgir au premier plan de la sorte, Millie ne savait faire autrement que de chercher le moyen le plus rapide de s’extirper d’une situation. Ici, il s’agissait de Stanley et c’était idiot d’agir de la sorte; mais plus d’une fois à sa place s’étaient tenus des journalistes qui avaient été parfois jusqu’à la poursuivre dans la rue pour avoir des informations croustillantes à mettre dans leurs articles. Les réflexes, lorsqu’elle pouvait potentiellement se retrouver dans une situation la mettant dans une position compromettante, avaient la peau dure. A sa question, le brun pointa ce qui semblait être au hasard une direction - qui se perdait bien des mètres plus loin d’eux. « J'accompagne Nelly, elle est étudiante ici. Tu ne dois pas te souvenir d'elle, ou peut-être que si, mais dans ce cas-là, tu dois en garder une mauvaise image. » Oh, elle n’eut pas besoin de beaucoup d’efforts pour se rappeler de la dite-Nelly, maintenant que le tiroir souvenirs correspondant à sa scolarité et surtout au lycée avait été rouvert. Elle était déjà très proche de Stanley à l’époque - Millie s’était toujours demandée d’ailleurs comment était-ce possible que les deux soient amis. « Je me souviens de Nelly, oui. » Le petit sourire poli qu’elle ajouta à la suite voulait effectivement dire de lui-même que ce n’était pas forcément pour les bonnes raisons que c’était là le cas. A ses yeux, ce n’était pas forcément la peine de le souligner - et si Stanley avait envie de le comprendre, il saurait surement lire entre les lignes.

« Tu travailles pour Weatherton, alors ? » Le petit sifflement d’approbation qu’il ajouta à ses paroles eut, cette fois-ci, le don de tirer un sourire plus sincère à Butcher. Elle savait que ça faisait son petit effet. « Oui, depuis plus d’un an maintenant. » Elle tourna un instant son regard vers le stand qu’elle occupait depuis le début de la journée. « J’ai fait mon école de mode ici, et après j’ai été embauchée chez Weatherton. » Et même si elle était très fière du poste qu’elle occupait aujourd’hui, si la question ne lui était pas posée, elle ne précisait pas directement qu’elle était même l’assistante du créateur principal de la maison: cela avait tendance à changer la façon des personnes de la regarder. Certaines personnes se mettaient à la considérer avec dédain, et d’autres se mettaient à envier de façon extrapolée sa place. « J'espère... que tu te portes bien ? » Et elle savait parfaitement à quoi faisait référence cette question là, désormais. Appuyant ses lèvres l’une sur l’autre pour les faire rouler, un maigre sourire s’en suivit alors qu’elle hochait quelque peu la tête; fut un temps, elle aurait fait en sorte de s’excuser pour furie la discussion. Aujourd’hui, elle avait grandi - Millie n’avait toujours pas envie de s’épancher sur certains sujets, mais elle savait accuser réception de la bienveillance de certains. « Je vais bien, oui, merci. » Elle reporta son regard sur Stanley. « J’ai la chance d’avoir pu m’épanouir dans une voie qui me plait, comme je l’avais imaginé à l’époque, alors j’ai pas à me plaindre. » Oh, il ne parlait surement pas que de ça - mais pouvait-il vraiment la blâmer si elle choisissait de répondre de cette façon là à sa question, dans un premier temps ? « Et toi, alors ? Qu’est-ce que tu deviens ? Dans la mode aussi ou tu es juste un très bon ami ? » Peut-être après tout qu’il accompagnait Nelly ici mais parce-qu’il s’y connaissait dans le domaine; elle en doutait, car sinon il y avait de fortes chances pour que leurs routes se soient croisées plus tôt mais savait-on jamais. « T’as sous-entendu ne plus avoir le temps pour le sport, j’en déduis donc que c’est pas la carrière que tu mènes aujourd’hui au moins ? »

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Stanley avait su reconnaitre les traits de Millie directement, ce qui n’était pas le cas de la jeune femme qui le regarda d'un air perplexe. Au lieu de se vexer, Stanley prit cela avec humour, se disant quand même que son égo en prenait un coup, lui avait pourtant été populaire dans sa période de lycée. Il ne lui en tenait pas rigueur, il comprit que le temps pouvait effacer les souvenirs, surtout lorsqu’ils n’avaient été forcément joyeux. Il ne tarda pas à lui donner la raison de sa venue, c’est-à-dire tenir compagnie à Nelly qui était elle-même étudiante de cette école. Il ne savait pas si Millie se rappellerait d’elle, mais si c’était le cas, il savait pertinemment qu’elle ne garderait pas d’excellent souvenir de sa meilleure amie. Nelly était une véritable peste au lycée, la reine des abeilles. Elle se comportait souvent mal avec les autres élèves. Seul le petit groupe d’ami sincère qu’elle avait su se faire, dont Stanley arrivait à voir à travers ses mauvaises manières de méchante fille. « Je me souviens de Nelly, oui. » Le sourire poli, mais crispée qu’afficha Millie ne pouvait que confirmer ses doutes. Il ne tarda pas à éclater de rire face à sa réaction. Il n’était pas là pour essayer de prouver que Nelly était devenue une bonne personne. Elle avait beau être sa meilleure amie, elle allait devoir se débrouiller pour redorer son blason blason et regagner la confiance des personnes qu’elle avait pu blesser dans le passé.

Il changea rapidement de sujet pour parler du boulot actuel de la jeune femme. Il était fasciné par son parcours professionnel et ressentait une certaine fierté pour elle. La mode semblait être un domaine assez féroce, alors il ne pouvait pas cacher son inquiétude soudaine, mais les propos de Millie lui prouvaient surtout qu’elle semblait épanouie. « Oui, depuis plus d’un an maintenant. » Stanley écoutait avec une attention soutenue le récit de Millie. « J’ai fait mon école de mode ici, et après j’ai été embauchée chez Weatherton. » Il secouait la tête, signe d’approbation à son parcours. « C’est impressionnant, d’après ce que j’ai entendu, les postes là-bas sont très convoités. Bravo ! » souligna-t-il, tapotant légèrement le bras de Millie avec un sourire chaleureux pour la féliciter. Un peu moins confiant sur la façon dont elle prendrait sa question, il demanda à Millie comment elle allait. La question pouvait sembler anodine, mais pas pour elle. « Je vais bien, oui, merci. » Le regard de Stanley s'adoucit en entendant les mots de Millie, il exprima sincèrement sa joie à travers un sourire chaleureux. « J’ai la chance d’avoir pu m’épanouir dans une voie qui me plait, comme je l’avais imaginé à l’époque, alors j’ai pas à me plaindre. » Elle ne répondait pas directement à sa vraie question, mais à travers sa réponse, il pouvait comprendre qu’elle allait mieux. « Je suis content pour toi, tu le mérites ! » Ses mots étaient accompagnés d'un léger hochement de tête et d'un regard empreint de respect, témoignant de son appréciation pour le chemin qu'elle avait parcouru. Elle ne tarda pas à faire basculer la conversation sur le brun. « Et toi, alors ? Qu’est-ce que tu deviens ? Dans la mode aussi ou tu es juste un très bon ami ? » Il secoua légèrement la tête, répondant d'un ton taquin : « Non, mon intérêt pour la mode s’arrête au niveau de ma collection de sneakers. Je suis juste un excellent ami. » Il pouvait bien se flatter un peu, ce n’est certainement pas Nelly qui le ferait pour lui. « Pour tout te dire, je suis étudiant en droit. Tu as devant toi un futur grand avocat. Enfin si j’arrive à survivre jusqu’à mes prochains partiels. » Son regard brillait d'amusement. Au fond de lui, une part de vérité se mêlait à l'humour, conscient des défis et des exigences auxquels il devait faire face depuis cinq ans maintenant. « T’as sous-entendu ne plus avoir le temps pour le sport, j’en déduis donc que c’est pas la carrière que tu mènes aujourd’hui au moins ? » Un léger voile d'ombre passa dans les yeux de Stanley alors que Millie mentionnait la carrière sportive qu’il aurait dû avoir, rappelant involontairement un épisode de sa vie qu'il avait laissé derrière lui. Son sourire, autrefois radieux, s'estompa brièvement. Cependant, il reprit rapidement son calme, ne laissant rien transparaître de ses pensées intérieures et répondit avec une voix légèrement plus sérieuse, dissimulant sa tristesse passagère. « J'ai failli devenir pro au lycée, mais la vie en a décidé autrement. J’ai dû mettre de côté mes rêves » Tout en gardant un léger sourire, il tenta de masquer les tourments qui l'habitaient, souhaitant maintenir une certaine légèreté dans la conversation. « Tu vis toujours sur Brisbane d’ailleurs ? » lui demanda-t-il afin de changer de sujet, ne préférant pas s’étaler sur ce sujet qui était toujours très sensible pour lui.

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L’expression que son visage afficha lorsqu’elle affirma se rappeler effectivement de l’amie de Stanley dut la vendre, car à peine une poignée de secondes plus tard, le jeune homme se mit à rire comme s'il avait su lire dans ses pensées. Si elle resta interdite l’espace de quelques secondes, un petit air amusé perça sur le visage de Millie juste après. Au moins, Stanley était tout à fait lucide sur le fait que de se souvenir de Nelly n’était pas forcément bon signe - car bien sur qu’il avait compris le sous-entendu du sourire que la brune lui avait adressé. N’étant pas mauvaise de nature, bien sur qu’elle tenta de suite de rattraper sa réaction. « Vous êtes toujours amis après tout ce temps. C’est bien. » Le sourire qu’elle étirait désormais se voulait plus chaleureux, plus amical; après tout, s’ils arrivaient eux à s’entendre, c’était surement ça le principal.

Stanley se montrait quelque peu curieux en tous cas, leur échange se transformant d’une simple politesse à une véritable discussion. En venant ici aujourd’hui, Millie s’était surtout attendue à croiser des futurs élèves de l’école de mode dans laquelle elle avait elle-même effectué ses études, ou des personnes déjà présentes dans cette dernière cherchant par tous les moyens à trouver un moyen d’être acceptées en stage chez Weatherton. Elle ne s’était en revanche, à aucun moment, attendue à croiser d’anciens camarades du lycée avec qui elle n’avait pas échappé depuis littéralement des années - et ce n’était pas la faute du jeune homme face à elle, elle en était parfaitement consciente. Au moins, elle ne pouvait pas lui reprocher d’être rancunier, lui qui donnait le change dans la conversation comme si elle ne s’était pas montrée à la limite d’être odieuse avec lui quelques années plus tôt. « C’est impressionnant, d’après ce que j’ai entendu, les postes là-bas sont très convoités. Bravo ! » Elle esquissa un petit sourire, empli bien sur d’une certaine fierté. « Merci. Effectivement, c’est pas simple d’obtenir des postes là-bas. » Elle ne préciserait pas bien sur que pour mettre un pied dans cette grande maison de haute couture, elle avait visé un poste qui n’avait en réalité pas réellement tout à voir avec ses études - puisqu’elle utilisait finalement peu de fois ses capacités de créatrice durant ses journées, gérant le planning du principal créateur et porteur du nom Weatherton -, parce-que de toutes façons obtenir son poste était tout de même pas facile et qu’au moins, elle avait un pied dans un monde qui faisait envie à plein d’autres. « Je suis content pour toi, tu le mérites ! » Elle releva un brin son regard vers Stanley, un petit sourire gêné au coin des lèvres, replaçant une mèche de cheveux rebelles derrière son oreille. « C’est gentil Stanley, merci. » Même s’il ne le pensait pas véritablement, elle appréciait la bonne humeur et la bienveillance qu’il mettait dans ses paroles. Si ils s’étaient tous les deux encore trouvés au lycée, Millie se serait surement méfié d’un élan de gentillesse de la sorte, en pensant à ce qu’il soit prêt à tout moment à se moquer d’elle ou à évoquer un quelque-chose de déplacé; cela n’avait jamais été le cas de Brooks, mais les adultes en devenir n’étaient pas les créatures les plus intelligentes et ils leur arrivaient d’agir vachement de la sorte. Aujourd’hui, elle ressentait une certaine sincérité dans ses paroles et son enthousiasme, qui faisait du bien à voir en réalité.

Comme il s’était retrouvé devant le stand qu’elle tentait d’animer avec l’aide d’ancien camarades et certains collègues désormais, elle lui demanda si lui aussi avait pour aspiration d’appartenir au grand monde de la mode ou s’il était venu ici simplement pour être un bon ami pour Nelly. « Non, mon intérêt pour la mode s’arrête au niveau de ma collection de sneakers. Je suis juste un excellent ami. » - « C’est déjà bien. Souvent, les adeptes de belles paires de sneakers ont de bons gouts vestimentaires tu sais. » Et il présentait pas si mal, aujourd’hui. « Pour tout te dire, je suis étudiant en droit. Tu as devant toi un futur grand avocat. Enfin si j’arrive à survivre jusqu’à mes prochains partiels. » L’air étonné qui s’afficha sur le visage de Millie l’était de façon positive: c’était là le type de carrière impressionnante. « Je te retourne mes félicitations alors. Avocat, ça c’est une branche difficile. » A ses yeux, avec la médecine, il s’agissait là des deux parcours les plus semés d’embuches de toute la sélection post-études secondaires. « T’as réussi à arriver en quelle année, là ? » Elle savait que les études étaient longues et fastidieuses, et qu’il fallait de la volonté et du courage pour tenir jusqu’au bout. Elle l’interrogea cependant par la suite sur un autre point, car il avait mentionné juste avant qu’il n’avait plus trop le temps de pratiquer une activité sportive - avec de telles études, elle comprenait bien plus facilement ! -, pourtant si ses souvenirs étaient bons, cela s’apparentait à une partie importante de la vie de Stanley, du temps du lycée. Et à voir le voile qui couvrit ses yeux rapidement après la question de Millie, elle venait de mettre les pieds dans un plat duquel elle aurait du restée éloignée; elle s’en voulait déjà, mais n’eut pas le temps d’émettre la moindre excuse que déjà Stanley reprenait la parole. « J'ai failli devenir pro au lycée, mais la vie en a décidé autrement. J’ai dû mettre de côté mes rêves. » Elle esquissa une faible moue. « Je suis désolée. » Que ses rêves ne se soient pas réalisés, qu’elle ait posé la question également.

De toutes façons, le sujet fut clos bien plus rapidement qu’il n’avait été ouvert - elle notait de ne plus amener la discussion vers cette sortie là, si cette dernière continuait encore quelques instants. Elle ne pouvait pas le forcer à s’aventurer sur un terrain qu'il n’appréciait guère, étant la première à en avoir un certain nombre de ces derniers. « Tu vis toujours sur Brisbane d’ailleurs ? » Et pour lui montrer qu’elle acceptait sans broncher le changement de sujet, elle esquissa un petit sourire encourageant. « Oui oui. J’ai vécu chez mon père pendant mes études, et après j’ai pris un appartement en centre ville. Je suis en colocation avec une personne qui travaille chez Weatherton aussi. » Flora était bien plus que cela désormais, mais ce n’était pas le moment d’étaler le pédigrée de ses relations sociales. « J’ai toujours pensé que vivre en colocation serait un enfer, et finalement c’est l’une des meilleures décisions que j’ai pu prendre. » Surtout parce-qu’elle ne savait en réalité pas vivre seule et qu’elle avait peur de le faire. « Je te retourne la question: toujours à trainer les mêmes rues depuis toutes ces années ou la curiosité t’a amené ailleurs ? » Elle se prêtait davantage au jeu au fil des minutes qui passaient; ce n’était plus trop dans ses habitudes d’entrer en contact avec autrui pour autre chose que du travail, elle s’était aperçue ces derniers temps - mais l’avantage de Stanley, c’était qu’il n’était pas un étranger, et n‘aurait donc pas ce regard plein de jugement si u détour d’une conversation, il apprenait pour son histoire: il la connaissait déjà.

w/ @Millie Butcher  

Stanley ne put retenir un éclat de rire face à la réaction de Millie lorsqu'il mentionna son amie Nelly. Une situation  dont il avait fait les frais plusieurs fois, mais qui l’amusait bien plus qu’autre chose. Il ne blâmait pas ceux qui ne l'appréciait pas, car il fallait l'admettre, son amie avait sa part de responsabilité dans cette situation. « Vous êtes toujours amis après tout ce temps. C'est bien. » Malgré sa réserve concernant la jeune femme, Millie semblait sincère. Stanley lui rendit un sourire en guise de réponse. « Et toi d'ailleurs, tu as gardé contact avec certains du lycée ? » Il se demandait quelle serait sa réponse, car il savait que c'était à cette époque que tout avait basculé pour elle, la poussant à se renfermer davantage sur elle-même. Il espérait que d'autres personnes avaient réussi là où lui avait échoué, en lui apportant le soutien dont elle avait besoin. L'évolution de Millie suscitait l'enthousiasme de Stanley. Il n'osait pas prétendre qu'il était fier d'elle, car il n'avait pas cette légitimité, mais il ressentait un soulagement sincère de savoir qu'elle avait su relever la tête. Peu de gens auraient réussi à évoluer de manière aussi positive après les épreuves qu'elle avait traversées et Stanley voyait cela comme une véritable victoire en soi, une étape qu'elle ne devait pas minimiser. Alors, il la félicita chaleureusement, exprimant toute la sincérité de ses félicitations.

Millie s'intéressa à Stanley, l'imaginant également dans le monde de la mode. Stanley avouait humblement ne pas avoir une connaissance approfondie dans ce domaine. Il préférait souvent se fier à son amie pour obtenir un avis tranché lorsqu'il en avait besoin. Ainsi, il se contenta de révéler que son intérêt pour la mode se limitait à sa collection de sneakers, pourtant assez impressionnante. « C'est déjà bien. Souvent, les adeptes de belles paires de sneakers ont de bons goûts vestimentaires, tu sais » lui dit-elle avec bienveillance. Fier de ses choix vestimentaires, Stanley recula légèrement et fit une pirouette sur lui-même, dévoilant à la jeune femme sa tenue décontractée. « Je te laisse juger par toi-même, ce n'est pas trop mal ? » demanda-t-il, un sourire amusé aux lèvres. Malgré un style simple, il aimait se sentir à l'aise dans ses vêtements. La conversation bascula ensuite sur ses études en droit. Stanley ressentit un élan de fierté lorsqu'il vit le visage surpris de Millie. Il était véritablement fier de ce qu'il avait accompli jusqu'à présent. « Je te retourne mes félicitations alors. Avocat, c'est une branche difficile » admit-elle, soulignant l'ampleur de ses réalisations. Son sourire s'étira, flatté par tant de compliments. « Ouais, c'est vrai que je n'ai pas choisi les études les plus simples, mais j'adore me challenger. » confia-t-il. Il voulait être à la hauteur de ses ambitions et rendre ses parents fiers de lui. Millie poursuivit en s'enquérant de son avancement dans ses études. « En cinquième année. » lui précisa-t-il, avant d'ajouter d'un ton déterminé, « encore trois ans. » Stanley savait que le chemin serait ardu, mais il ne reculerait devant aucune difficulté. Il croyait fermement en sa réussite, car l'échec n'était pas une option pour lui. Le seul échec qu'il acceptait désormais, c'était sa carrière de basketteur, qui avait pris fin avant même d'avoir réellement commencé. Mais il n'avait aucun regret, car il avait fait des choix qui l'avaient mené vers le droit, un domaine où il se sentait doué et épanoui. « Je suis désolée. » lui dit Millie, affichant une sincère compassion. Stanley secoua doucement la tête pour lui signifier qu'il n'y avait pas de raison de s'excuser. « C'est comme ça, c'est la vie. Finalement, peut-être que c'est un mal pour un bien. » dit-il avec sérénité. Peut-être n'aurait-il jamais réellement percé dans le basket, alors qu'il savait être doué pour le droit, où sa passion et son talent l'avaient conduit vers un avenir prometteur.

Le sujet étant parfois encore sensible pour lui, il glissa naturellement vers des sujets plus légers. Il interrogea Millie sur sa vie à Brisbane, n'ayant pas eu l'occasion de la recroiser en ville jusqu'à aujourd'hui. « Oui, oui. J'ai vécu chez mon père pendant mes études, puis j'ai pris un appartement en centre-ville. Je suis en colocation avec quelqu'un qui travaille également chez Weatherton. » répondit-elle. Stanley l'écouta attentivement, acquiesçant pour lui montrer qu'il retenait chaque mot qui sortait de sa bouche. Elle semblait toujours résider dans cette ville et partager une expérience similaire de colocation. « J'ai toujours pensé que vivre en colocation serait un enfer, et finalement c'est l'une des meilleures décisions que j'ai pu prendre. » confia Millie avec un sourire qui réchauffa le cœur de Stanley. En tant que colocataire depuis le début de ses études, il comprenait parfaitement son ressenti. Les préjugés qu'il avait pu entretenir à l'égard de la colocation s'étaient envolés avec le temps. « Je te retourne la question : toujours à arpenter les mêmes rues depuis toutes ces années, ou la curiosité t'a-t-elle guidée ailleurs ? » demanda-t-elle d'une manière qui le fit rire. Stanley ne tarda pas à répondre, le cœur léger. « Et oui, toujours le même gamin des rues. » avoua-t-il en plaisantant, avant de développer ses propos. « Je suis également en colocation, avec Nelly et d'autres amis du lycée, depuis cinq ans. » Il préféra ne pas s'étendre davantage sur ses amis, qui n'auraient probablement pas croisé Millie à l'époque, leur discrétion étant leur marque de fabrique au lycée. « Et je suis bien d'accord avec toi, j'adore vivre ainsi aussi. En plus, cela nous permet de nous retrouver plus souvent et de partager des moments agréables ensemble. » confia-t-il avec une lueur de joie dans les yeux. La colocation avait créé des liens indéfectibles entre eux, leur permettant de tisser des souvenirs qui resteraient gravés à jamais.

come in with the rain

@stanley brooks

(c) astrxq/tumblr

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« Et toi d'ailleurs, tu as gardé contact avec certains du lycée ? » Plissant quelque peu le bout du nez autant qu’elle pinçait ses lèvres en parallèle, Millie finit par secouer quelque peu sa tête. « Très peu. » Elle laissa couler une seconde, avant de finalement ajouter une précision. « Pas du tout, en réalité. J’ai pas mal coupé les ponts avec nos anciens camarades. » Elle n’avait pas réellement besoin de préciser la raison qui l’avait poussé à agir de la sorte, il y avait de fortes chances que Stanley la divine sans trop de mal: trop de souvenirs étaient rattachés à cette période là de sa vie, et ce n’était pas de ceux qui lui mettaient exclusivement du baume au coeur. Alors souvent, elle préférait ne pas mettre sur son chemin des éléments qui pourraient remuer de trop le couteau dans la plaie.

De fil en aiguille, la conversation continuant son bout de chemin, ils dévièrent sur leur occupation respective plutôt que sur les années qu’ils avaient vu s’écouler l’un aux côtés de l’autre, à parcourir les mêmes couloirs et les mêmes salles de classe pendant des années. Se prenant au jeu qu’elle avait instauré sans même réellement s’en rendre compte, Stanley se recula quelque peu pour qu’elle ait tout le loisir d’admirer la façon dont il était présentement habillé. « Je te laisse juger par toi-même, ce n'est pas trop mal ? » Bien sur qu’elle esquissa un petit sourire amusé. « Vraiment pas mal. » Et elle n’essayait même pas d’aller dans son sens pour lui faire plaisir, c’était là une remarque tout à fait honnête. Et pour voir toute la journée des présentations de différents assortiments de vêtements, elle pouvait se permettre de donner un avis sur la question, qui plus était.

« Ouais, c'est vrai que je n'ai pas choisi les études les plus simples, mais j'adore me challenger. » Elle hocha vaguement la tête. « Ca rend les choses plus intéressantes. » Elle-même n’arriverait pas à aussi bien exercer aujourd’hui si le challenge n’était effectivement pas omniprésent dans ses tâches quotidiennes - et pour la mettre au challenge, James savait le faire sans même avoir besoin de se forcer à le faire. « En cinquième année. Encore trois ans. » Elle lui décrocha un petit sourire affectueux. « T’as réussi à faire la plus grosse partie. » Ce type d’études pouvait éventuellement paraitre interminable et surtout il était surement facilement possible d’avoir l’impression de ne pas en voir le bout. Mais il y avait certaines choses qui pouvaient être encouragées en cours de parcours: le fait qu’il ait réussi à tenir jusque là, par exemple, était déjà un exploit en lui-même. « Tu sais déjà dans quelle branche tu veux te diriger ensuite ? » Parce-que quitte à engager la conversation sur ce thème là, autant se permettre de le faire véritablement et non juste par politesse, elle se disait; elle était réellement intriguée de savoir qu’elle était désormais l’avenir de Stanley. Car dans sa mémoire, il avait d’autres projets initialement prévus pour ses futures années - chose qu’il confirma, mais sujet sur lequel il botta plutôt rapidement en touche, étant surement sensible pour lui. « C'est comme ça, c'est la vie. Finalement, peut-être que c'est un mal pour un bien. » Hochant doucement la tête, Millie ne fit pas de commentaire à suivre: elle ne connaissait que trop bien les sujets qui restaient tabous et bien mieux rangés au placard.

Discuter de leur vie actuelle à Brisbane semblait presque doux, finalement. Répondre aux curiosités de Stanley n’était pas aussi désagréable qu’elle aurait pu l’anticiper, aussi. Après tout, les sujet abordés désormais étaient de ceux qui apportaient une douce touche à son quotidien. Qu’en était-il de lui, après tout ce temps ? « Et oui, toujours le même gamin des rues. Je suis également en colocation, avec Nelly et d'autres amis du lycée, depuis cinq ans. » - « Oh, donc vous êtes vraiment tous restés proches. » Là où elle s’était contentée de botter elle en touche sur les relations créées pendant cette période là de leur vie. « Et je suis bien d'accord avec toi, j'adore vivre ainsi aussi. En plus, cela nous permet de nous retrouver plus souvent et de partager des moments agréables ensemble. » Presque timidement, alors que ses doigts jouaient entre eux, elle hocha la tête avec un petit sourire aux coins des lèvres. « Surtout quand ça se passe bien comme ça a l’air d’être le cas pour toi et tes colocataires. » Il n’y avait qu’à entendre la façon dont il en parlait: il ne rentrait pas chez lui avec la boule au ventre, mais plutôt en pressant le pas. « C’est vraiment une bonne pioche alors. Un bon entrainement pour toi quand tu devrais plaider devant une cour aussi, que d’apprendre la vie dans un échantillon de communauté comme ça. » Car d’après toutes les informations qu’il avait apporté aujourd’hui, la colocation dans laquelle Stanley évoluait pouvait être composées de personnes vivant des études et carrières bien différentes; ayant surement de paire avec aussi des habitudes qui prenaient le même chemin.