| AMOS & RUSSEL #1 ► STEP 1 : A CRITICAL PERSONAL INVENTORY |
| | (#)Sam 10 Juin 2023 - 16:22 | |
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STEP 1 : A CRITICAL PERSONAL INVENTORY Je ne me suis pas précipité à l’intérieur de la bâtisse où se tient cette fameuse réunion des AA. Je me suis plutôt arrêté sur le trottoir d’en face pour griller une cigarette et tenter de répondre aux questions qui ricochent dans mon cerveau et secouent ma boîte crânienne. La première, c’est : “ Qu’est-ce que je fous là ?” et ma conscience apporte une explication plutôt claire et indiscutable “Tu en as besoin. Tu as perdu les pédales parce que tu avais trop bu.” Ok ! Mais, ce n’était qu’un accident… J’ai eu peur et j’ai mal réagi. Ce n’était plus arrivé depuis des mois. Pourquoi tout ce ramdam ? J’ai hésité à formuler la justification logique et, par extension, aimante puisque c’est par la faute de ce noble sentiment que je me tiens debout, sur un trottoir, près de quinze minutes avant le début des hostilités, à observer les quidams qui pénètrent dans l’antre supposé régler leur problème d’addiction. Quelques-uns m’ont paru pathétiques, leur dégaine sous-entendant leur alcoolisme. D’autres, en revanche, m’ont étonné dans leur costume trois pièces et leur coupe de cheveux de chef d’entreprise. C’est sur ceux-là que j’ai choisi de me concentrer, leur imaginant une vie, une raison sérieuse qui, un jour, les aura poussés du socle de la réussite. Suis-je davantage comparable à ceux-là ? Deux interrogations se mélangent et, si la dernière ne lèvera le voile que si j’ose les suivre, la première se résout d’elle-même. “Tu es là parce que tu as fais peur à ta femme. Tu es là parce que tu t’es figuré capable de faire du mal à ton bébé et à ton épouse. Tu es là parce que Raelyn t’a aidé à comprendre que demander et accepter de l’aide ne te rendait pas plus faible aux yeux du monde et moins encore aux siens. Tu es là parce qu’elle est épouvantée par l’idée de te perdre à cause de sa seule rivale : la boisson.” Dans combien de temps lui concédera-t-elle le rôle de maîtresse si je ne me bouge pas pour la rassurer ? Rapidement. A chaque verre, si tant est que je sois capable de me contenter de n’en boire qu’un, ce qui est somme toute utopique, elle paniquera pour ma santé physique. Étrange qu’elle ne m’ait pas encore conseillé de rendre visite à un médecin, de faire une prise de sang, d’exiger un examen de mon foie pour mesurer s’il est déjà trop tard pour me sauver de moi-même. Peut-être qu’au lieu de me jeter dans cette arène, devrais-je grimper dans ma voiture pour une visite aux urgences. Il me suffirait de prétexter que mon ventre est en feu pour être ausculté au milieu de la nuit. J’hésite, j’avoue. En jetant le mégot de ma cigarette d’un pichenette - elle est retombée à la faveur du hasard - j’ai songé opérer une marche-arrière pour le Saint-Vincent. J’ai avancé un pas vers ma voiture d’ailleurs. J’ai renoncé cependant. J’ignore quand j’en sortirai et, au fond, j’appréhende de décevoir mon épouse. Dès lors, j’attrape mon courage à deux mains, je traverse en dehors des clous la rue qui me sépare de cet endroit dont rien ne sortira de bon - j’en suis convaincu - et je m’expose au regard des curieux agglutinés autour de la machine à café ou du buffet frugal dans lequel il picore. «Soyez le bienvenu. C’est la première fois ?» m’a demandé une femme marquée par l’âge et une mauvaise vie. C’est son nouveau rôle dans la vie : accueillir les nouveaux, ici-même, parce qu’elle a trouvé dans ces réunions de quoi se tirer d’affaires. Je la considère d’un oeil grave. Je décline mon identité dans un chuchotement et je n’attache pas le badge qu’elle m’invite à épingler à mon t-shirt, au niveau des battements de mon coeur. C’est l’acte désespéré d’un révolté puisqu’au fond, je ne dois pas être le premier à débarquer avec du plomb dans mes chaussures. Ceci étant, je nourris ainsi l’illusion que je garde le contrôle et c’est presque rassurant. Je m’accroche à cette idée lorsque je complète le cercle formé autour de l’animateur. Persuadé que tous les regards sont rivés vers moi, je sors mon paquet de cartes de ma poche et je le mélange, encore et toujours. Je le mélange jusqu’à que l’animateur - un dénommé Stuart - il a effectivement l’air d’une petite souris - sonne la cloche annonçant le premier round. Petit tour de table. Invitation à expliquer nos difficultés de la semaine pour rester sobre. Jusque là, je n’apprends rien de nouveau, si ce n’est la débâcle qu’est la vie des autres et dans laquelle je ne me retrouve pas forcément. Rien de pertinent sous la lune hormis cet instant terriblement angoissant où il annonce la répartition des parrains. On m’en a déjà désigné un, pourquoi ? Parce que je suis sur les registres, que j’ai essayé l’expérience et que j’ai pris mes jambes à mon cou rapidement ? Est-ce une façon d’éviter que ma fuite ne se reproduise ? “Tu déconnes, Amos. Tu n’es pas la cuisse de Jupiter. Cette “cérémonie” sous forme de speed dating est en lien avec une toute autre personne traînant ses savates dans cette immense pièce décorée sommairement de sorte que les prospectus publicitaire pour d’autres assemblées de ce genre - narcotique anonyme, groupe de soutien pour les malades d’un cancer, etc. - soient visibles de tous. Je m’aggripe de toutes mes forces quand un grand type, noir de cheveux, une barbe saillante et bien taillée prend place en face de moi. Il n’a rien d’un alcoolique. Il est presque trop propre sur lui et contrarie ma propre nature : je succombe à la curiosité. «Vous êtes donc celui que je suis supposé appeler jour et nuit si je ne vais pas bien, c’est ça ?» J’ai coulé sur lui mes pupilles inquisitrices. «J’ai dû mal à vous imaginer à terre, à moitié mort ou en train d’halluciner si vous voulez mon avis.» Autrement dit, je suis pas certain d’être en face d’un véritable malade de l’addiction, d’un accroc à cette drogue dure en vente libre que sont la vodka, le whisky ou le rhum…. chacun sa came dans ce milieu !
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| | | ÂGE : Quarante-neuf ans (12 juin 1975) SURNOM : Sutton pour ses collègues à la caserne, un surnom sûrement peu flatteur pour Angus. STATUT : Il sort avec Faith depuis un peu plus d'un mois, la culpabilité vis à vis de Beth, son ex-femme maintenant décédée est cependant toujours présente dans un coin de sa tête MÉTIER : Sapeur-pompier pour le service d'incendie et de sauvetage du Queensland. Depuis plusieurs années, il a délaissé les interventions de terrain et est désormais en poste en tant qu'operational capability officer : son rôle ? Appuyer la planification des opérations de secours de la caserne et former les sapeurs pompiers volontaires LOGEMENT : Redcliffe, 22, un petit appartement avec Tony son chat POSTS : 302 POINTS : 400 TW IN RP : Alcoolisme, deuil, abandon, ptsd (incendie) TW IRL : / GENRE : Je suis un homme ORIENTATION : Je n'aime que ma moitié. PETIT PLUS : Alcoolique abstinent depuis 2022, membre des AA > Roi de la débrouille : il a longtemps vécu dans la précarité > Bricoleur chevronné et altruiste, il est le voisin idéal > Utilise toujours de vieux appareils photos argentiques > Il se déplace le plus souvent en moto, une Harley qu'il bichonne au quotidien > Nerd, fan de comics et de fans de super héros, son chat s'appelle d'ailleurs Tony en référence à Tony Stark DISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : Russell fuit les discussions en (#ff6700) RPs EN COURS : (à venir <3) ☼ Famille en pièces détachées m'a rendu infirme. Qui pourra réparer mes blessures intimes ? ☼ Rps avec le précédent Angus
Quino #3 ☼ If I was dying on my knees.You would be the one to rescue me. And if you were drowned at sea. I'd give you my lungs so you could breathe. ☼ 1 > 2
Faith #4 ☼ No regrets, just love. We can dance until we die. You and I, we'll be young forever. You make me feel like I'm livin' a teenage dream ☼ 1 > 2 > 3 > #4
Fête des voisins ☼ Everybody wants to be a cat ☼ Stella
Avis de tempête ☼ Semper Paratus ☼ Lola #1
Mabel #1
Autres rps en cours ☼ Autumn #1
RPs EN ATTENTE : Shaun #1
AVATAR : Milo Ventimiglia CRÉDITS : Harley pour l'avatar, glommyfilm (tumblr) pour le gif de profil, Harley (gif d'Angus dans le profil :sisi:) DC : Cesar Gutiérrez et Kendall HardingPSEUDO : Aligot INSCRIT LE : 28/05/2023 | (#)Sam 10 Juin 2023 - 16:25 | |
| @Amos Taylor
Aujourd’hui est une journée banale, pourtant c’est typiquement le genre de journées que j’aurais redouté il y a quelques années à peine. Le bruit de la bouilloire qui s’emballe me tire de mes pensées et je l’arrête avant de me verser l’eau bouillante dans ma tasse avant d’y ajouter mon infuseur en forme de sucre d’orge. Un gadget que Sally -bien trop friande de la période Noël- m’avait offert alors que nous étions ensemble depuis quelques mois seulement. Je ne me souviens que trop bien de la période où elle m’a fait ce cadeau. C’était la période de ma vie la plus douloureuse sans aucun doute, le début de la bataille la plus difficile qu’il m’ait été demandé de mener : la sobriété. Après des années de souffrance personnelle et après tout le mal que j’ai pu faire à ma famille j’avais décidé de me battre et d’avancer. Tout ce processus avait été long, plein de régressions et de rechutes. Mais Sally était là, elle m’a porté à bout de bras pendant tout ce temps, me poussant à ne pas rater mes rendez-vous médicaux ou les réunions des AA. Je me souviens parfaitement de ma première réunion. C’était avec la boule au ventre que je les avais contactés au tout début, juste après la fin d’une de mes énièmes cures de désintoxication. Les AA c’est quelque chose que je n’arrivais pas à envisager à l’époque, j’étais persuadé que je pourrais y arriver seul, ou plutôt que le soutien et l’amour de Sally mêlés à ma détermination personnelle me seraient suffisants pour avancer et tourner définitivement la page de l’alcoolisme. Mais à la fin de chaque cure c’est le même schéma qui se répétait : une rechute, parfois pire que la situation antérieure. Contacter les AA était par conséquent ma dernière solution et elle s’est révélée salvatrice. Sans eux je peux l’affirmer je serais toujours pris dans ce cercle vicieux, j’en serais peut-être mort. Mais l’écoute et le soutien que j’ai pu recevoir là-bas de la part de personnes qui avaient souffert du même mal que moi c’est ça qui m’a sauvé. C’est quelque chose que l’on ne réalise dès les premières réunions, c’est le contraste entre le poids des mots de ceux qui essaient de nous comprendre et ceux qui nous comprennent trop bien. Même si Sally a été un pilier pour moi elle ne savait pas ce que je traversais au quotidien. Les réunions AA se sont rapidement révélées vitales bien qu’au début je les appréhendais énormément. Aujourd’hui je ne les appréhende plus au contraire, je les perçois comme un moment de partage, une safe place où je me sens bien à ma place. Je retire l’infuseur sucre d’orge -que j’ai laissé bien trop longtemps- avant de boire mon thé et de me préparer pour la réunion de ce soir. La réunion de ce soir sera spéciale puisque ce soir je deviens à mon tour parrain. A mon tour de tendre la main, d’écouter et d’être présent comme ma marraine l’avait été pour moi à l’époque.
C’est apaisé que je passe les portes du bâtiment et en avance. Je suis parmi les premiers arrivés et je me place près de la machine à café, curieux de voir qui va passer les portes aujourd’hui. Il y a les habitués, ceux qu’on voit toutes les semaines mais aussi quelques nouvelles têtes, et c’est précisément celles-ci qui attirent mon attention. Parce que je sais que dans le lot se trouve mon filleul. Je ne connais pas encore son nom, je n’ai aucune idée de ce à quoi il peut ressembler ou quel genre de type c’est. J’ai hâte de pouvoir faire sa connaissance et de l’aider du mieux que je peux même s’il y a des fois où je me demande si je suis le parrain idéal. Le petit groupe prend place en cercle et Stuart démarre la session. J’écoute attentivement les divers récits, ceux de nouvelles tentations, des vieux démons qui surgissent, ceux qui relatent des petites victoires aussi. Et il y a ce type en face de moi qui attire mon attention. Il a l’air complètement ailleurs, visiblement mal à l’aise et avec un genre de tic nerveux si j’en crois ses mains qui s’agitent pour mélanger un paquet de cartes. J’ai beau forcer ma mémoire je ne me souviens pas de lui et malgré mes efforts je n’arrive pas à forcer ma vue pour lire le nom écrit sur son badge. Mais je n’ai pas besoin de lui poser la question pour le savoir, c’est évident c’est la première fois qu’il met les pieds ici. Je peux l’affirmer parce que j’étais à peu près dans le même état que lui la première fois que je suis venu. Sauf que dans main je serrai un médaillon qui avait appartenu à ma mère, un des rares souvenirs qu’il me reste d’elle à ce jour. La prise de parole touche à sa fin et Stuart annonce la répartition des parrains. Plutôt qu’une attribution à l’aveuglette l’association a préféré faire ça sous forme de speed dating et je trouve que c’est une excellente idée pour voir si un binôme pourra s’entendre ou non. Les autres parrains et marraines se dirigent vers des nouveaux et à mon tour je m’avance vers le type au jeu de cartes. Je me reconnais dans son attitude fuyante et j’ai envie d’en savoir plus sur son parcours. «Vous êtes donc celui que je suis supposé appeler jour et nuit si je ne vais pas bien, c’est ça ?» Je hoche la tête, c’est un bon résumé de la situation, bien que dit comme ça j’ai davantage l’air d’être un médecin de garde. “Exactement oui.” Je sens bien qu’il m’observe, ou plutôt qu’il me dévisage et son jugement ne tarde pas à être exprimé. «J’ai du mal à vous imaginer à terre, à moitié mort ou en train d’halluciner si vous voulez mon avis.» J’esquisse un petit sourire. “Une des premières choses que vous apprendrez ici c’est qu’il faut se méfier des apparences.” C’est pourtant quelque chose qu’il aurait dû réaliser en venant ici, même s’il n’est présent que depuis quelques dizaines de minutes. Il n’y a qu’à regarder les visages dans l’assistance qui se compose tout autant de personnes marginales que de personnes aux allures de chefs d’entreprise. Il n’y a pas de profil type et s’il connaissait mon histoire il saurait que si j’ai l’air à peu près présentable aujourd’hui j’étais dans un état lamentable il n’y a pas si longtemps que ça. Si j’ai réussi à m’en sortir, j'ai vécu des heures très sombres et surtout j’ai fait vivre l’enfer à ma famille pendant tout ce temps. Je lui tends la main avant de me présenter. “Russell, je suis clean depuis deux ans et demi. Et votre nom c’est ?”
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| | | | (#)Sam 10 Juin 2023 - 16:26 | |
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STEP 1 : A CRITICAL PERSONAL INVENTORY Légèrement à l’écart de cette petite assemblée d’hommes et de femmes que je devrai apprendre à observer sans juger, je me demande encore ce que je fous là. Puis, je me souviens. Je me rappelle de l’état dans lequel Raelyn m’a ramassé il y a moins de quarante-huit heures. Tous les pans de cette nuit me reviennent en mémoire, en ce compris ses insectes rampants que je me suis figuré existant et dangereux. Alors, je m’efforce d’écouter l’histoire des uns et des autres. J’espère que l’une d’entre elle légitimera la mienne. Je souhaite trouver ma place afin de rentrer chez moi plus serein, non pas ce soir, mais dès que je me sentirai assez fort pour ne plus représenter un fardeau pour mon épouse. Est-ce un désaveu que cette fuite décidée sans elle ? A-t-elle l’impression que j’ai rompu mon serment, celui que j’ai prononcé lors de ma demande en mariage et que j’ai répété pendant la noce ? A-t-elle le sentiment que je l’ai par conséquence abusée ? Que je n’ai plus confiance en nous ? Pas foi en elle ? Je le regretterais, la réalité étant que je suis le seul dont je me méfie. Je refuse d’être le caillou dans la chaussure de ma conjointe. Dès lors, je m’appuie sur le dossier de ma chaise inconfortable et je respire amplement, régulièrement. Je tente de maîtriser l’angoisse qui menace d’exécuter ma santé mentale, ce qui n’aurait pour effet que de prendre mes jambes à mon cou pour m’en aller, loin, aussi loin que me le permettra mes envies de boire. Je crois que c’est grâce à l’image figée de ma fille et de sa maman que je suis demeuré là, le cul vissé sur mon siège. C’est grâce à elles que mes pieds m’ont paru peser une tonne ou comme coller sur le parquet. Sans quoi, j’aurais cédé, me trompant moi-même en me jurant que je serai là demain en meilleure composition. Au lieu de ça, j’ai pris la parole : je me suis présenté tant à l’aide de mon identité qu’avec mon statut assumé : “Bonjour, je m’appelle Amos et je suis alcoolique.” Le mot m’a écorché l’oreille : je n’y ai trouvé aucun réconfort et mon coeur s’est mis à saigner. Je me suis tu, car ma fierté a chuté et s’est brisée au milieu de ces gens qui me saluent. Mon orgueil survivra-t-il à une telle expérience ? J’en doute et ma désertion du domicile conjugal reprend tout sens.
Jouer avec mes cartes, c’est une façon de calmer ma nervosité. Sauf que ça ne fonctionne pas aussi bien qu’à l’accoutumée. J’ai un nœud dans la gorge et, sans l’épisode des speed dating, j’aurais écourté mon calvaire en m’éclipsant aux toilettes. A défaut, je me tourne vers ce gars bien de sa personne qui me hèle gentiment. Sa tête me revient bien. Il n’a pas les traits usé par l’abus d’alcool. Il a plutôt l’air en parfaite santé et, étonnamment, il m’inspire quelque chose de bon, de bien, un truc qui équivaudrait à de l’espoir. S’en tirer en adhérant aux concepts et aux méthodes des AA, ce n’est peut-être pas que pour les autres finalement. Je me laisse donc aller à un jugement facile après l’avoir détaillé de pied en cape et je réponds à son sourire avec intégrité. « Est-ce que je dois en déduire que je n’ai pas la tête de l’emploi moi non plus ? » ai-je rétorqué, conscient que si mon teint est grisâtre, je ne pue pas le whisky à plein nez. Je prends soin de mon hygiène parce que d’aucuns n’auront jamais le droit de me pointer du doigt, de me moquer ou de faire remarquer que j’ai une gueule de dépravé. Qu’à cela ne tienne, j’accepte sa main tendue et je la serre, non pas avec enthousiasme, mais de la bonhomie. «Deux ans et demi. Ce n’est pas rien.» Moins que le temps que j’ai passé à boire. Bien plus que je n’ai réussi à tenir en état d’abstinence. « Jamais une envie d’un verre de vin ? Même en société ? » me suis-je enquis sans songer que c’est peut-être déplacé. J’en ressors embarrassé et je l’exprime par une grimace. « Amos. Et j’essaie juste de comprendre, de trouver une bonne raison de rester là, un qui ne dépend pas de mes proches. Je crois que… j’ai déjà essayé pour elle et ça a été un échec cuisant.» Par manque de volonté ? Qu’importe : j’en ressors amoindri de mon estime envers moi. «Il paraît qu’il faut le faire d’abord pour soi.» Persuadé qu’il me suivra, je me dirige vers la machine à café : j’en ai besoin. J’ai aussi l’intention de me griller une cigarette aussi vite que possible. Plus tard cependant. Ma curiosité est à son comble. « Qu’est-ce qui vous a décidé, vous ? » La maladie ? La crainte de perdre la vie ? D’être abandonné par un proche ? Jusqu’où a-t-il touché le fond, Russel ?
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| | | ÂGE : Quarante-neuf ans (12 juin 1975) SURNOM : Sutton pour ses collègues à la caserne, un surnom sûrement peu flatteur pour Angus. STATUT : Il sort avec Faith depuis un peu plus d'un mois, la culpabilité vis à vis de Beth, son ex-femme maintenant décédée est cependant toujours présente dans un coin de sa tête MÉTIER : Sapeur-pompier pour le service d'incendie et de sauvetage du Queensland. Depuis plusieurs années, il a délaissé les interventions de terrain et est désormais en poste en tant qu'operational capability officer : son rôle ? Appuyer la planification des opérations de secours de la caserne et former les sapeurs pompiers volontaires LOGEMENT : Redcliffe, 22, un petit appartement avec Tony son chat POSTS : 302 POINTS : 400 TW IN RP : Alcoolisme, deuil, abandon, ptsd (incendie) TW IRL : / GENRE : Je suis un homme ORIENTATION : Je n'aime que ma moitié. PETIT PLUS : Alcoolique abstinent depuis 2022, membre des AA > Roi de la débrouille : il a longtemps vécu dans la précarité > Bricoleur chevronné et altruiste, il est le voisin idéal > Utilise toujours de vieux appareils photos argentiques > Il se déplace le plus souvent en moto, une Harley qu'il bichonne au quotidien > Nerd, fan de comics et de fans de super héros, son chat s'appelle d'ailleurs Tony en référence à Tony Stark DISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : Russell fuit les discussions en (#ff6700) RPs EN COURS : (à venir <3) ☼ Famille en pièces détachées m'a rendu infirme. Qui pourra réparer mes blessures intimes ? ☼ Rps avec le précédent Angus
Quino #3 ☼ If I was dying on my knees.You would be the one to rescue me. And if you were drowned at sea. I'd give you my lungs so you could breathe. ☼ 1 > 2
Faith #4 ☼ No regrets, just love. We can dance until we die. You and I, we'll be young forever. You make me feel like I'm livin' a teenage dream ☼ 1 > 2 > 3 > #4
Fête des voisins ☼ Everybody wants to be a cat ☼ Stella
Avis de tempête ☼ Semper Paratus ☼ Lola #1
Mabel #1
Autres rps en cours ☼ Autumn #1
RPs EN ATTENTE : Shaun #1
AVATAR : Milo Ventimiglia CRÉDITS : Harley pour l'avatar, glommyfilm (tumblr) pour le gif de profil, Harley (gif d'Angus dans le profil :sisi:) DC : Cesar Gutiérrez et Kendall HardingPSEUDO : Aligot INSCRIT LE : 28/05/2023 | (#)Sam 10 Juin 2023 - 16:28 | |
| @Amos Taylor Contrairement à ce que je pouvais ressentir en passant les portes de l’association il y a quelques années, c’est apaisé que je passe la porte des locaux de l’association. La première fois que j’ai posé ma main sur cette poignée je tremblais comme une feuille, mais pour une fois ce n’était pas à cause du manque, j’avais peur. Peur de me confronter au regard des autres, qu’on me trouve pitoyable. Ils auraient eu de quoi, j’ai laissé tomber ma femme et mes deux gamins. Je suis parti, j’ai claqué la porte et je n’ai pas donné de nouvelles pendant près de sept ans. Mais ce n’est pas ce qui s’est passé. Je me suis assis, j’ai écouté et j’ai pris une grande claque. Il n’y avait pas de jugement, seulement de l’écoute. J’ai entendu de sales histoires, le genre qui pourrait garder éveillé toute la nuit, j’ai vu la détresse dans le regard de certaines personnes et aussi j’ai vite remarqué ceux qui cherchent à tout prix à cacher ce mal être. Je n’ai jamais trop su dans quelle catégorie je me trouvais. Au début j’ai toujours voulu cacher ma détresse mais avec du recul je me dis que ça devait se voir. Mais personne n’a rien dit, personne ne m’a forcé à mettre des mots dessus. On m’a mis en confiance et petit à petit j’ai pu m’ouvrir. J’ai trouvé plus que de l’écoute ici, j’ai trouvé des personnes qui me comprenaient, qui étaient sur le même chemin que moi et qui savaient à quel point c’est un chemin qui semble parfois inaccessible. Alors aujourd’hui j’ai à mon tour envie de tendre la main. D’aider un nouveau ou une nouvelle, de les mettre en confiance comme on l’avait fait pour moi. Ca tombe bien puisque c’est justement l’objectif de cette après-midi.
On me dirige vers un homme, la quarantaine, très propre sur lui. Le genre de personne qu’on imaginerait mal être alcoolique. Mais s’il y a bien une chose que j’ai pu apprendre ces derniers temps c’est qu’il n’y a pas un profil type de malade. N’importe qui peut être touché et il ne faut pas se fier aux apparences. C’est ce que j’essaie de lui faire comprendre quand il me signale que je n’ai pas vraiment l’air d’être un ancien alcoolique. Sa remarque me fait sourire parce que c’est exactement quelque chose que j’ai pu me dire en arrivant ici la première fois. « Est-ce que je dois en déduire que je n’ai pas la tête de l’emploi moi non plus ? » Je secoue légèrement la tête avant de lui répondre. “Pas vraiment non.” Je lui tends la main et je me présente. «Deux ans et demi. Ce n’est pas rien.» Il a l’air impressionné, pourtant au sein du groupe certains entament leur dixième année de sobriété, deux ans à côté de ça c’est peu. Mais il faut bien commencer quelque part. “Ca n’a pas été facile d’en arriver là c’est sûr. Je vais sur mes trois ans.” Le 21 octobre très précisément ça fera trois ans que je n’ai pas touché à une goutte d’alcool. « Jamais une envie d’un verre de vin ? Même en société ? » La réponse est évidente, bien sûr que si. Je ne me suis pas levé un matin en me disant que je n’avais plus envie et puis c’est tout, ce n’est malheureusement pas aussi simple. “Si bien sûr, ça peut m’arriver encore de temps en temps mais j’arrive à contrôler ces envies et c’est le plus important.” Il y a eu de nombreux moments où j’ai eu envie de craquer. Des moments où je me suis retrouvé au rayon alcool du supermarché à fixer les bouteilles avec un regard vitreux et les mains qui me démangeaient d’attraper le Gin en face de moi. Il n’y a pas si longtemps que ça, il y a quelques mois au moment où j’ai appris la mort de Beth par Angus. Mais j’ai serré les dents, j’ai puisé dans la force qui me restait et je n’ai jamais racheté cette fameuse bouteille de Gin. Je préfère être honnête en lui disant qu’il est normal d’avoir des moments plus difficiles où la tentation est rude mais le principal c’est de ne pas céder à ces tentations dévastatrices. « Amos. Et j’essaie juste de comprendre, de trouver une bonne raison de rester là, un qui ne dépend pas de mes proches. Je crois que… j’ai déjà essayé pour elle et ça a été un échec cuisant.» Je sens qu’il hésite mais je ne veux pas l’interrompre. «Il paraît qu’il faut le faire d’abord pour soi.» Je hoche la tête, c’est la base de la guérison. “C’est exactement ce que j’allais vous dire.” Au début j’ai voulu faire ça pour Sally, pour qu’on puisse avoir un avenir ensemble, mais ça n’a pas marché. J’ai rechuté, plusieurs fois et ce n’est que quand j’ai décidé que je voulais aller mieux pour moi, pour redevenir l’homme que j’étais avant que j’ai pu commencer à aller mieux. « Qu’est-ce qui vous a décidé, vous ? » Je prends un instant pour réfléchir à la manière de formuler ma réponse. “J’avais envie d’avancer, de reprendre le contrôle de ma vie.” C’est peut-être vague comme explication, pourtant c’est la vérité. J’en avais assez de finir toujours dans le même état minable et de devenir l’ombre de moi-même. J’avais honte, surtout en étant pompier, je passais du héro au marginal. Mais au-delà de ça, il y a la souffrance que j’ai causée à Beth, Angus et Sam. Je sais que je les ai laissés tomber mais je souffrais trop pour être le père dont ils avaient besoin. Mieux vaut ne pas avoir de père qu’un père en pièces détachées. Je regrette beaucoup mon geste mais à l’époque c’est la seule solution que j’ai trouvé pour les protéger et pour me protéger aussi. “J’ai vu tout le mal que j’ai fait à ma femme et mes gamins et voulais redevenir quelqu’un de bien” Au début je pensais que j’aurais eu la force et le courage de les recontacter, de repasser en étant clean pour refaire partie de la vie de mes gamins. Mais ce moment n’est pas venu, plus le temps passait et moins je me sentais légitime de revenir. « Vous parliez de faire ça pour "elle", vous parliez de votre femme ? » La question est peut-être indiscrète mais après tout nous sommes ici pour parler de lui plus que de moi.
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| | | | (#)Jeu 20 Juil 2023 - 16:41 | |
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STEP 1 : A CRITICAL PERSONAL INVENTORY Aurais-je accepté plus tôt l’idée d’être un homme malade si j’avais encore la dégaine de l’alcoolique ? Je l’ai eue après mes cuites répétées. Une sueur odorante - whisky, bière - a roulé de mon front jusqu’à mon cou, graissant mes cheveux devenus trop longs par manque d’entretien. Lorsque je vivais dans l’une des granges de chez mes parents, je ne suis pas certain que je me levais et me lavais tous les jours. Bien entendu, peu fier de cette ère dépressive, je n’en parle jamais en ces termes. Je gomme de mon discours tout ce qui pourrait blesser mon ego. J’en ai écrit quelques mots dans le fameux questionnaire qu’il m’a été forcé de compléter. J’ai gardé pour moi tout ce qui était trop douloureux pour ma vanité. N’ai-je pas rebondi ? Si je trempe les lèvres encore trop souvent dans mes verres, si je bois toujours au goulot d’une bouteille de bière, j’ai le mérite d’être plus ou moins apprêté - je n’en fais jamais des tonnes - de flairer davantage la cigarette que l’alcool. Je suis coiffé, mes ongles sont propres et mon haleine est déchargée grâce aux bonbons à la menthe que j’ingurgite tout au long de la journée. Ainsi je prends la remarque pour ce qu’elle est : un compliment dissimulé derrière l’étonnement. Le mien est palpable. Je me demande sincèrement comment on peut arriver à lutter contre l’envie pendant près de trois ans. Mes efforts réguliers se réduisent à peau de chagrin si vite que je n’ose compter les jours séparant ces périodes de sobriété de ceux où je craque. J’aurais peur d’être déçu de moi et, par conséquent, de me convaincre de n’être plus qu’une déception en devenir pour mon épouse. Ne le suis-je pas déjà ? Ne lui aurais-je pas fait du al en poussant la porte du loft pour m’isoler sur le catamaran ? Je n’en sais rien. Je n’arrive pas à enfiler sa paire de baskets. La fréquence de l’empathie est brouillé : je ne pense plus avec une complète lucidité. Et, pour cause, je n’ai pas envie d’être ici, dans cette où m’entoure des gars et des femmes accablés par l’alcoolisme et, quoique je ne perde pas un mot des confidences de mon interlocuteur, je m'égare dans mes pensées. Elle vagabonde vers ma fille, ma femme, cette famille que j’ai tantôt l’impression d’abandonner tantôt l’inverse. Je ne sais plus si j’agis pour leur bien ou le contraire et je décroche jusqu’à ce qu’ils soient indirectement question d’elles. Comme Russel bien avant moi, je ressens ce désir de me débarrasser de l’alcool, de ne plus décevoir mes proches, de ne plus avoir collé sur le front l’étiquette du type avec un problème de boisson. Alors, je me reconcentre. Je me focalise sur les aveux sur celui qui deviendra mon parrain avec une attention toute particulière. «Je n’ai pas l’impression de ne pas être quelqu’un de bien, mais de ne pas être assez bien pour elles.» ai-je confessé, me surprenant moi-même de mon absence de pudeur. Face à quelqu’un d’autre, j’aurais opté pour un silence farouche. Sur l’heure, je me sens entendu, ce qui est assez rare en soi et je m’ouvre. Je ne déshabille pas mon coeur, mais ma langue se délie assez pour que je confie mes motivations personnelles. «Parce que oui, je parle bien de ma femme, mais pas seulement. Je parle d’un bébé que j’ai pas envie d’abandonner parce que j’aurais été égoïste. Les médecins ne sont pas optimistes.» A les entendre, la cirrhoses ou le cancer du foie me guettent. « Et malgré ça… je suis pas sûr d’y arriver. J’ai peur d’être… tombé trop bas.» J’ai baissé les yeux, non par honte, mais parce que le souvenir de mon récent délirium tremens me secoue. «Le manque… ça me transforme plus que le whisky.» Et c’est là que réside le piège sournois tendu par mes démons.
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| | | ÂGE : Quarante-neuf ans (12 juin 1975) SURNOM : Sutton pour ses collègues à la caserne, un surnom sûrement peu flatteur pour Angus. STATUT : Il sort avec Faith depuis un peu plus d'un mois, la culpabilité vis à vis de Beth, son ex-femme maintenant décédée est cependant toujours présente dans un coin de sa tête MÉTIER : Sapeur-pompier pour le service d'incendie et de sauvetage du Queensland. Depuis plusieurs années, il a délaissé les interventions de terrain et est désormais en poste en tant qu'operational capability officer : son rôle ? Appuyer la planification des opérations de secours de la caserne et former les sapeurs pompiers volontaires LOGEMENT : Redcliffe, 22, un petit appartement avec Tony son chat POSTS : 302 POINTS : 400 TW IN RP : Alcoolisme, deuil, abandon, ptsd (incendie) TW IRL : / GENRE : Je suis un homme ORIENTATION : Je n'aime que ma moitié. PETIT PLUS : Alcoolique abstinent depuis 2022, membre des AA > Roi de la débrouille : il a longtemps vécu dans la précarité > Bricoleur chevronné et altruiste, il est le voisin idéal > Utilise toujours de vieux appareils photos argentiques > Il se déplace le plus souvent en moto, une Harley qu'il bichonne au quotidien > Nerd, fan de comics et de fans de super héros, son chat s'appelle d'ailleurs Tony en référence à Tony Stark DISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : Russell fuit les discussions en (#ff6700) RPs EN COURS : (à venir <3) ☼ Famille en pièces détachées m'a rendu infirme. Qui pourra réparer mes blessures intimes ? ☼ Rps avec le précédent Angus
Quino #3 ☼ If I was dying on my knees.You would be the one to rescue me. And if you were drowned at sea. I'd give you my lungs so you could breathe. ☼ 1 > 2
Faith #4 ☼ No regrets, just love. We can dance until we die. You and I, we'll be young forever. You make me feel like I'm livin' a teenage dream ☼ 1 > 2 > 3 > #4
Fête des voisins ☼ Everybody wants to be a cat ☼ Stella
Avis de tempête ☼ Semper Paratus ☼ Lola #1
Mabel #1
Autres rps en cours ☼ Autumn #1
RPs EN ATTENTE : Shaun #1
AVATAR : Milo Ventimiglia CRÉDITS : Harley pour l'avatar, glommyfilm (tumblr) pour le gif de profil, Harley (gif d'Angus dans le profil :sisi:) DC : Cesar Gutiérrez et Kendall HardingPSEUDO : Aligot INSCRIT LE : 28/05/2023 | (#)Mar 12 Sep 2023 - 0:23 | |
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S’il y avait bien une chose que Russell avait apprise au cours de son processus de guérison c’est qu’il fallait du temps. Il ne suffisait pas d’une cure de désintox pour être libéré d’une addiction aussi puissante en quelques semaines. Se laisser du temps, accepter les moments difficiles, les retours en arrière et surtout arrêter d’imaginer que le chemin de la guérison est une ascension constante. Le chemin de la sobriété était comme des montagnes russes si Russell avait dû décrire ce dernier. Le pompier avait également appris que la deuxième clé de la réussite tenait au soutien et à l’accompagnement par des pairs. S’il n’avait pas été soutenu par les AA après ses désintox, il aurait replongé, il en était certain, sans sa marraine il n’aurait pas été capable de supporter les coups durs. Sans @Faith Felton et son soutien inconditionnel après le décès de Beth l’an dernier il aurait replongé à coup sûr dans ses vieux démons. Pourtant après plusieurs années de sobriété il se croyait assez fort pour ne jamais sombrer à nouveau, la vie et ses épreuves lui avait donc démontré le contraire. Il était désormais convaincu que ce combat contre l’alcool serait un combat de toute une vie et il était capital de ne pas baisser sa garde. C’est précisément pour ces raisons qu’il avait souhaité être parrain à son tour, pour être ce soutien et ce pilier dans cette lutte. Russell écoutait très attentivement les confidences d’Amos, un discours qui ne le surprenait pas. «Je n’ai pas l’impression de ne pas être quelqu’un de bien, mais de ne pas être assez bien pour elles.» Une pensée que Russell avait longtemps eu et il en était persuadé, qui avait bousillé sa vie. A force de se persuader qu’il n’était pas assez bien pour sa famille il avait fini par les abandonner. Dans l’esprit de Russell il était préférable que ses fils n’aient plus de père plutôt qu’un père alcoolique. Ce qui faisait sens au vu des épreuves que sa famille avait dû traverser à cause de son addiction. Cependant, cet état d’esprit l’avait poussé à se couper du monde, à ne donner aucune nouvelle à ses enfants, et en n’en prendre aucune. Il s’était donc isolé, avait abandonné sa famille en étant persuadé que c’était un mal pour un bien pour eux, mais c’était la plus grande erreur de sa vie. Il en avait pris conscience en mesurant la colère d’Angus et à quel point la vie sans père avait été difficile pour lui. La confidence d’Amos toucha donc Russell qui ne souhaitait pas que ce dernier reproduise ses erreurs. «Parce que oui, je parle bien de ma femme, mais pas seulement. Je parle d’un bébé que j’ai pas envie d’abandonner parce que j’aurais été égoïste. Les médecins ne sont pas optimistes.» Le quadragénaire laissait Amos parler, sentant que ce dernier avait besoin de vider son sac sans être interrompu. « Et malgré ça… je suis pas sûr d’y arriver. J’ai peur d’être… tombé trop bas.» Un constat que Russell avait fait à de nombreuses reprises. Il ne pouvait même plus se rappeler le nombre de fois où il avait cru être condamné et d’avoir passé le point de non retour. Des jours sombres qui étaient désormais loin derrière lui mais qu’il ne pouvait pas oublier. «Le manque… ça me transforme plus que le whisky.» Russell le comprenait, sans toutefois partager son point de vue avec le recul. “Je vois très bien ce que tu veux dire.” Commença-t-il accompagné d’un petit hochement de tête compatissant. Le vouvoiement venait de glisser vers un tutoiement puisque l’heure était aux confessions. “J’étais dans le même état d’esprit. J’étais persuadé que j’étais une mauvaise personne et que je ne pouvais que faire du mal à ma famille. Je n’avais aucun espoir que ma situation s’améliore et je ne voulais pas continuer de les blesser.” Raconter cette histoire était une chose éprouvante mais elle était parfaitement nécessaire pour donner un électrochoc à Amos. “Alors je suis parti, je me suis éloigné pour les épargner, pour les protéger par altruisme. Mais j’ai réalisé finalement que c’était en fait purement égoïste de ma part. Mes enfants méritaient d'avoir un père, pas un fantôme.” Une vérité difficile à accepter et sans aucun doute le plus grand regret de sa vie. “Tout ça pour dire que penser que l’on est un cas désespéré et que l’on est pas assez bien n’apporte absolument rien de positif, au contraire.” S’avouer déjà vaincu, ne pas croire en ses chances de réussite était un facteur d’échec très certain. “Le chemin est difficile. Il y a des hauts, des bas, beaucoup de bas au début à cause du manque. Mais on finit par s’en sortir.” Le simple fait de le voir dans les locaux des AA était un signe qu’au fond de lui, Amos avait la volonté de s’en sortir. “En tout cas tu es au bon endroit, les AA c’est ce qui m’a sauvé. Et je serai là pour te soutenir, te donner des conseils sans aucun jugement.” |
| | | | (#)Sam 16 Sep 2023 - 21:59 | |
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STEP 1 : A CRITICAL PERSONAL INVENTORY Me confier sur mes craintes et sur mes angoisses après une première rencontre est un inédit que je ne m’expliquerai pas. En effet, il est lié à l’émotionnel, relève du domaine impalpable des ressentis. C’est, par conséquent, insaisissable. Alors, je ne cherche pas au-delà de cet élan de sincérité spontané. Je me contente de cette vérité-là : vider mon sac me fait du bien. Qu’importe, dans un premier temps, qu’elle sera la réaction de Russel. Je ne m’en tracasserai que lorsque viendra pour lui le moment d’ouvrir la bouche. Pour le moment, ma marmite se désemplit et j’en tire plus de bienfaits que d’inconvénients. Bien sûr, cette rencontre ne changera rien à ma décision de ne plus participer au cercle de parole. En revanche, je veux bien adhérer au principe du parrain puisque celui-ci semble avoir convaincu mon instinct. Il n’a pas allumé tous les feux d’urgence dans ma tête de type méfiant à souhait. Il se sent à l’aise et, tandis que je recueille les impressions de mon interlocuteur, je statue sur ce qu’il gagnera mon numéro de téléphone à la fin de cette étrange expérience. Au départ, elle me déplaisait : je n’aimais pas la forme et, par esprit de contradiction, je n’étais pas convaincu par le fond. Sur l’heure, tout est sujet à la remise en question puisque mon regard se plisse faute à l’intérêt que j’accorde aux propos dudit Russel. Lui aurais-je accordé autant de crédit si, comme moi, il n’était pas parti sous couvert de l’altruisme ? De l’amour porté à femme et enfants (combien en a-t-il, lui ?)? Dommage qu’il évoque le sevrage physique. Sans cela, j’aurais ajouté qu’au-delà de me sentir comme une merde, je me préfère dans le rôle de l’égoîste qui libère son épouse du poids qu’il représente plutôt que l’alcoolique qui lui pourrit la vie au quotidien. Au lieu de ça, je me renfrogne, pas contre mon futur accompagnateur, mais parce que je suis trop fier pour avouer que je suis tétanisé par le syndrome de sevrage. J’ai peur des insomnies, des douleurs musculaires, des impatiences dans mes jambes, de ma gorge sèche et de l’envie irrépressible de mettre fin à cette souffrance. Je suis paralysé par l’idée de revivre un délirium tremens et ses hallucinations qui, souvent, me plongent dans mes phobies ou les souvenirs de mes traumas. J’ai trop de vanité pour les évoquer au bout de quelques heures alors, je me tais. Je hausse simplement de la tête avant de m’attarder sur les questions plus pratiques. Quand convient-il de l’appeler ? Est-il réellement présent tout le temps comme le prétend la légende ? Avant la fin de cette séance, je me souviens de l’avoir remercié chaleureusement d’une poignée de main et d’avoir récolté son numéro de portable en appuyant la promesse de le contacter en cas de faiblesse par les mots. Je me rappelle également que j’ai quitté cette réunion le coeur plus léger, avec la sensation que, peut-être, je pourrais m’en tirer grâce à l’aide de cet gars dont les priorités ressemblent aux miennes et dont le regard qu’il posait sur lui était aussi négatif que le mien lorsque j’ai le malheur de me croiser dans un miroir.
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| | | | | | | | AMOS & RUSSEL #1 ► STEP 1 : A CRITICAL PERSONAL INVENTORY |
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