Trouver quelque chose à offrir à ta mère relève d’un parcours du combattant, un exercice que tu détestes devoir répéter plusieurs fois chaque année. Mais c’est encore pire cette fois parce que t’as pas la patience de faire quarante milles boutiques à la recherche du parfait présent. Il y a une explication fort simple derrière ton manque de motivation, derrière cette pointe d’énervement qui parvient à te peser un peu trop fréquemment. La cause se résume à une chose : le fait que ton travail n’est plus exactement un échappatoire depuis que t’as accepté d’engager Mac. C’est rien contre elle - quoi que - c’est juste que c’est un rappel constant de ton coeur qui a été brisé. La chose saine à faire autant doute été de refuser de lui donner le poste ou au moins d’accepter de tout mettre à plat entre vous deux. Si bien que tu ne peux que te blâmer pour avoir détruit ton refuge, ton boulot, la chose sur laquelle tu te concentres un peu trop depuis des années. Tant pis si te blâmer ne fait que rendre la chose plus pénible en te privant d’un autre échappatoire en blâmant l’autre femme impliquée dans l’histoire. Peut-être que tu devrais le faire, mais non, tu te concentres uniquement sur ce que t’as à faire aujourd’hui : acheter un cadeau et t’enfonces tout le reste. Ça passerait à un moment ou un autre.

La vie, toutefois, n’a aucune intention de te faire une fleur et t’aider à passer outre l’étincelle de mécontentement. Non, elle préfère plutôt te mettre le nez devant, seulement de façon un brin indirecte. Pas assez pour que tu puisses ne pas y penser. Même qu’en fait, on pourrait se demander si cette méthode indirecte n’est pas pire encore. Parce que c’est pas Mac que tu repère du coin de l’oeil, non c’est Spencer. Si voir ton ex sur une base quotidienne - ou presque - est difficile, c’est bizarrement peu comparable à l’effet que ça te fait que ton regard se pose sur elle.
Quoi que c’est pas totalement juste, voir la blonde est pénible oui, après tout, tu la portes pas dans ton coeur depuis le temps, mais le coup de couteau dans le coeur, il vient plutôt de la vitrine devant laquelle elle se trouve. Une bijouterie. Sauter à une conclusion précise est simple, évident même. Tu sais qu’elle est en couple avec Mac, tu l’as su par des connaissances communes avant que ce soit confirmé par la fois où tu les as croisées en soirée. Et de là, déduire que sa présence devant la bijouterie s’explique par une envie d’aller plus loin de leur relation… eh bien c’est évident. Ça ne te laisse que l’occasion de te sentir particulièrement pathétique, comme si t’avais pas réussi à complètement tourné la page.

De là, la logique voudrait que tu rebrousses chemin. Tant pis si t’as pensé pendant un instant offrir un bijou à ta mère. Tu préfères chercher ailleurs qu’être confrontée à tout le travail que tu n’as pas encore fait dans ta vie personnelle. C’est ce que tu tentes de faire au final, si Mac a toujours un effet évident sur toi au point où tu oublies de prendre soin ta santé mentale, c’est pas le cas de Spencer. Sauf que dans ton empressement de t’éloigner, tu fais pas attention aux autres passants et percutes un pauvre mec qui n’a rien demander. « Désolée. » Que tu souffles au mec qui repart sans souffler de frustration. Et là, fuir n’est plus vraiment une option. Parce qu’il y a des chances qu’elle ait entendu la brève altercation, parce que t’as pas envie de donner l’impression que tu fuis. « Hey Spencer. » Avec un peu de chance, elle aura aussi peu envie de te parler qu’à l’habitude et tu pourrais te pousser sans demander ton reste, mais en attendant… « Grosse dépense en vue ? » Ouais en attendant il faudra te contenter de platitudes, même si t’as plutôt envie de disparaitre sous terre ou te faire frapper par la foudre.

@spencer blackwell

natural disaster
Spencer Blackwell & @Margot Imani  
lieu : queen street mall  

A l’instant où t’as sorti ta bague bradée à un pawn shop pour faire ta demande, tu t’es promis d’aller en chercher une vraie neuve et pas encore usée, une que tu pourrais faire graver et qui aurait plus de sens que la première. Alors quand t’as un moment, tu t’arrêtes pour contempler les vitrines des bijouteries hors de prix, tu bloques là en réalisant que si tu veux pouvoir tenir parole, tu vas sûrement devoir demander des heures supplémentaires ou revoir tes ambitions à la baisse. Là, juste devant toi, y en a une qui te fait sacrément de l’oeil et en ton for intérieur, t’es persuadée que c’est celle là et pas une autre. Dans un coin de ton crâne, tu fais tous les calculs en te disant que de toute manière, t’as déjà réussi à t’en sortir avec rien sur ton compte et que ça ne serait que temporaire, juste le temps de renflouer le tout ; et puis tu te raisonnes, c’est exactement avec ce genre de pensées que t’as sombré la première fois. Et si jamais elle le découvre ou qu’elle se doute de quelque chose, c’est le genre de situation qui risque de lui faire croire que t’es en train de repartir dans tes vieux travers et t’auras beau te défendre et essayer de tout expliquer, ça sera peine perdue.
Alors t’es là, à moitié figée dans ta bulle hermétique aux passants ou au reste du monde, le regard toujours braqué sur l’objet qui te cause tant de soucis. Ca aurait pu continuer longtemps comme ça, s’il n’y avait pas eu un semblant d’altercation pas loin de là. Par réflexe, tu tournes la tête pour regarder de quoi il s’agit, plus intéressée par les éventuels ragots que par l’idée d’aller porter assistance, mais visiblement ce n’est qu’une bête collision entre deux passants. Sauf que l’un des deux s’avère être Margot. Merde. Forcément, fallait que ça soit elle.
Et franchement si on t’avait dit que c’est l’ex de ta meuf qui allait débarquer et te prendre la main dans le sac en plein lèche-vitrine, tu te serais contentée de rester chez toi. Au moins, elle a l’air tout aussi ravie et à l’aise de te croiser là et tout ce que tu peux répondre à sa brève salutation, c’est un petit « hey- » pas franchement assuré. Lèvres pincées, tu jettes un oeil coupable vers la devanture de la boutique avant de reporter ton attention sur elle. « Heu je- Ouais ? Nan, c’est juste- c’est genre par curiosité. » La vérité c’est que t’aimerais bien pouvoir te permettre une grosse dépense comme ça, être capable de sortir une liasse de billets et repartir avec une bague ou un collier qui se solde à minimum trois zéros. Mais tu peux pas et t’en as parfaitement conscience, alors à quoi bon se faire du mal ? Ton regard passe d’elle à l’autre qui s’éloigne d’un pas décidé à tes pieds qui ne demandent qu’à le suivre sans vraiment réussir à se poser plus de quelques secondes. « Ça va ? » Tu lances sans pouvoir t’en empêcher, presque par automatisme pour dire de dévier la conversation alors que dans le fond, c’est pas tellement la personne avec qui t’as envie de causer, et surtout pas d’un sujet comme ça. Tu sais même pas si elle est au courant, que t’as fait ta demande. Est-ce que Mac lui a dit ? Ou est-ce qu’elle l’a délibérément caché pour éviter les situations gênantes au boulot ? Tu te rends compte que t’as même pas posé la question, que t’évites au possible d’aborder le sujet M, que c’est toujours sensible et que tu t’en veux aussi pour la façon dont vous avez géré les choses ; et quand bien même t’as jamais porté Margot dans ton coeur, t’es bien consciente qu’elle ne méritait pas ça. Au moins là, tu peux prétendre te soucier de son état de santé suite à la bousculade même pas si grave que ça. « J’pensais pas tomber sur toi ici. » Ni même ailleurs dans Brisbane, pour ce que ça vaut. « Pas que t’as pas le droit, hein, c’est juste- » C’est juste tais-toi, en fait, t’as pas besoin de meubler comme ça. « Pardon, je m’attendais pas à ça, quoi. » Tu t’excuses platement de ton incapacité à savoir amener une conversation avec elle, de te trouver sur son chemin, qu’importe, elle peut le prendre pour ce qu’elle veut.

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@Spencer Blackwell & Margot Imani  

T’aurais voulu disparaitre, peu importe que ce soit en te faisant frapper par la foudre ou en te faisant avaler par la terre. Toutes les options seraient bonne et en vérité, tu songes même de rebrousser chemin sans aucune gêne. Peut-être que tu devrais, peut-être que ça te soulagerait de ne pas être confrontée à l’autre jeune femme. Mais tu t’entêtes contre toi-même, tu décides de faire preuve d’un minimum de politesse. Tant pis si vous êtes pas proches du tout, pas amies pour deux sous. C’est la bonne chose à faire, c’est comme ça que t’as été élevée. Oh, tu t’en serais passée et tu supposes que Spencer aussi, mais vous voilà prise dans cette situation. Quoi qu’à être pleinement honnête, tu dirais que ça t’arrangerait bien si elle décide d’être la malpolie d’entre vous deux, t’en ferais même pas un cas. Pas que cet aveu mental t’aide beaucoup, au contraire. La blonde ne semble peut-être pas très assurée et sans doute qu’elle n’est pas plus contente de te voir, mais elle répond à ta question quand même. T’arques un sourcil, pas certaine de ce que tu dois conclure de cet enchainement de semi-réponses qui ne veulent rien dire. Tu crois pas à la notion de curiosité dans la situation, pas pour elle en tout cas. « Curieuse du prix ou tu te demandes quelle bague plairait à Mac ? » Tu pourrais te taire aussi, parce que t’as même pas envie de savoir la réponse. Tu te pinces l’arche du nez, dévoile d’un coup le regret d’avoir poser la question. « Laisse tomber, ça me regarde pas. » Et ça te vaudrait sans doute un commentaire, après tout, ça doit être la première fois que tu te mêles uniquement de ce qui te regarde.

Pour ta défense, vaut mieux te tenir loin de l’évidence qui se pointe sous ton nez. Tu te rabats même sur les platitudes échangées, hochant la tête. « Ouais, bien sur. Plus de peur que de mal. » On ne peut pas vraiment dire que tout va bien, le boulot est devenu plus pénible depuis que t’as accepté que Mac bosse avec toi, ta vie privée est d’un ennui effarant et tu te retrouves maintenant devant celle que ton ex a toujours aimée… ouais bon, autant dire que ton affirmation comme quoi tout va bien n’est pas crédible. T’essaies même pas particulièrement de l’être en soit, ça doit se lire sur ton visage. « Et toi comment tu vas ? » Comme si tu t’en préoccupais vraiment, comme si ce n’était pas uniquement de la politesse. Qui sait, peut-être que si tu te réfugies dans toutes les platitudes du monde ce sera un peu moins terrible comme situation. C’est ce que semble faire ton interlocutrice après tout. « Je ne m’y attendais pas non plus. » C’est pour ça que t’as voulu partir trop rapidement pour être subtile et que t’as attiré l’attention sur toi. Le coup de la surprise passe peu à peu, mais pas le reste, pas le fait que t’apprécies toujours pas être dans sa compagnie, pas plus que les réflexions à deux balles que ton cerveau décide de faire parce qu’elle est là.

Tout ce que tu ne peux qu’ignorer alors que t’essaies encore de tenter une conversation. C’est idiot de ta part, mais si elle essaie, tu peux pas vraiment te permettre de ne pas lui rendre la pareille. « Je venais juste acheter un bijou pour ma mère, je repasserai plus tard. » Parce que l’envie t’est passée, voilà une autre évidence. « Mais du coup, j’en déduis que des félicitations sont de mises. » Et encore une fois peut-être que tu devrais pas aborder le sujet, mais en même temps, alors que t’es là devant une bijouterie et qu’il est ô combien évident qu’elle cherche quelque chose pour Mac… est-ce que tu peux vraiment faire autrement ? Ça explique pas mal de choses en plus, notamment le comportement un peu bizarre de ton ex qui a cherché à cacher sa main à quelques reprises. T’as l’impression que ça rend tout ça encore plus pénible - tu supposes que c’est un énième signe que t’aurais pas du accepter de lui donner un poste. Il est un peu trop tard à ce niveau-là. « Je suis contente pour vous. » Tu l’es pas vraiment, au final, le seul truc semi-positif à tes yeux, c’est la confirmation que t’as été fichtrement conne et que t’as perdue des années de ta vie dans cette histoire. Comme si t’en étais pas déjà trop consciente.

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Spencer Blackwell & @Margot Imani    

C’est étrange de retomber sur elle après tout ça. Après les frasques passées et les conflits d’intérêt que vous avez eu. Ca l’est encore plus quand vous tentez de rester courtoises l’une avec l’autre tout en sachant que ça n’est quasiment jamais arrivé lorsque vous étiez seules. Dans l’histoire, t’es sans doute celle qui reste le plus à blâmer, vu ton état quasi constant de défonce à l’époque. Là, tu sais juste pas quoi dire ni quoi faire et t’as certainement plus aucune raison de vouloir lui sauter à la gorge chaque fois que tu la croises. « Heu… » T’es prise de court, face à ses questions. Un peu des deux, si t’es tout à fait honnête, mais est-ce qu’elle a réellement envie que tu le sois ? Y a certaines vérités qui ne sont pas bonnes à dire, t’en as bien conscience. Elle confirme d’ailleurs en te disant de laisser tomber, et elle a raison sur le fait que ça ne la concerne pas. « Nan, c’est juste… » T’as pas tellement de justifications à opposer alors tu t’arrêtes au milieu de ta phrase et t’ajoutes rien. Qu’est-ce qu’il y a à dire de plus que ça, même ?
A la place, tu t’enquiers de son état, t’essaies d’avoir l’air suffisamment convainquante et t’es même pas sûre qu’elle y croit. Mais oui, ça va, plus de peur que de mal qu’elle te dit et tout ce que tu trouves à répondre c’est un « cool » un peu fade, à la fois rassurée qu’il n’y ait rien de grave et un peu perplexe sur la situation. T’es même pas sûre de lui avoir déjà demandé comment elle allait, avant. Ou en tout cas ça ne lui était jamais directement adressé. Tout aussi intéressée, elle te renvoie la question et ça te fait doucement sourire, ce petit cinéma. « Bien, ça va. » Clean depuis un an, fiancée à l’amour de ta vie alors qu’avant ça t’étais au fond du trou, y a pire comme retournement de situation.
« Dis pas n’importe quoi, tu vas pas repartir alors que t’es devant. » Ca serait franchement stupide de faire demi-tour maintenant et de perdre son temps, tout ça pour revenir plus tard. « Je rentre pas dans la boutique, de toute façon. J’faisais que regarder. » Et clairement pour le moment, t’as pas les moyens de craquer un billet pareil dans un bijou, alors la question est vite répondue. « Ouais… Merci. Mais heu, t’es pas obligée de faire semblant, tu sais ? » Tu continues doucement, sans la moindre trace d'agressivité ou de reproche. Si quoi que ce soit, t’es même plutôt honteuse de la situation. Tu sais à quel point c’est pénible de faire genre que t’es heureuse pour un couple alors que t’as juste pas envie et que t’y crois même pas. Automatiquement ça te renvoie à l’époque où Margot et Mac étaient ensemble et que toi tu faisais semblant d’être contente pour ta meilleure pote alors que vraiment, ça t’arrachait le cœur de la voir au bras de quelqu’un d’autre. Bien évidemment à ce moment-là t'avais bien des difficultés à l’admettre ; t’étais pas amoureuse, juste un peu protectrice et pas forcément d’accord avec l’idée que la personne à qui tu tenais le plus s’éloigne de toi sans que tu puisses rien y faire. Y avait rien de plus faux, en plus, mais à cette période là de ta vie, t’étais pas vraiment en état de te rendre compte de quoi que ce soit. « J’veux dire… C’était merdique, ce qu’on a fait. » T’es à peu près sûre qu’elle est quand même persuadée qu’il s’est passé quelque chose avant que tu disparaisses, mais est-ce que tu peux la blâmer ? Elle a toujours été méfiante à ton égard et elle avait raison de l’être, tu le sais aujourd’hui. Pourtant, quand vous vous preniez la tête pour tout ça, t’étais toi-même convaincue de tes lignes de défense ; t’étais sûre de toi quand tu disais qu’il se passerait rien, qu’elle se faisait des idées et tout le reste. Le fait est qu’elle était simplement plus lucide que toi et a vu les choses telles qu’elles étaient, contrairement à toi. La question qui te vient, maintenant, c’est de savoir pourquoi elle est restée malgré tout, t’es pas sûre qu’en ayant autant de doutes sur ta meuf t’aurais fait pareil. « Pour c’que ça vaut, j’suis désolée. » Elle va très certainement se torcher avec tes excuses et ça n’effacera rien du tout, mais tant pis, fallait que ça sorte et t’auras probablement plus l’opportunité de le faire. « Je voulais pas que ça se passe comme ça. » Sérieusement, y avait mille façons de faire qui auraient été moins pénibles pour tout le monde, mais non, il a fallu que tu reviennes après deux ans pour pécho sa meuf alors que t’as passé des heures à jurer à Margot que ça n’arriverait jamais. Puis y a tout le reste, ce que Mac a fait pendant tout ce temps avec les autres meufs, et si t’es pas directement responsable de ça, tu l’es en partie quand même.

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@Spencer Blackwell & Margot Imani  

Tu ne saurais dire si l’échange de platitudes est agréable ou complètement ridicule. C’est certes plus simple de t’y cantonner que réellement affronter les sentiments que des retrouvailles - à défaut d’un meilleur terme - avec Spencer fait naitre chez toi. Tu n’es pas à l’aise, pas du tout, et faire semblant que tu te préoccupes de comment elle se sent te donne une vague impression de normalité. C’est toutefois d’une oreille distraite que tu écoutes, parce qu’au final, tu te t’en préoccupes pas plus que ça.
Non, à la place, tu préfères planifier ton départ, dire que tu n’as pas besoin d’aller acheter un bijou pour ta mère. C’est plus ou moins vrai considérant que tu avais hâte de lui offrir et surtout que la date de son anniversaire te rattraperait plus tôt que tard, mais bon, t’enfuir de cette situation te parait plus important. T’as plus envie de passer de longues minutes à choisir le bijou parfait, à te casser la tête avec tout ça quand la réalité a décidé de t’asséner un bon coup. T’arrives même pas à te réfugier à nouveau dans des platitudes puisque Spencer fait preuve d’une logique qui brise tout ça. Tu sais que c’est con de repartir alors que t’es devant, mais t’as plus envie d’entrer, même si la blonde n’irait pas à l’intérieur. Le pire, reste en revanche ce qu’elle ajoute, un commentaire fort plein de sens mais… ça t’arrange pas. Tu grimaces doucement. Qu’est-ce qu’elle veut que tu fasses d’autres ? Tu fronces les sourcils et l’observes un instant. Ouais tu fais semblant, bien sur que tu feins d’être moindrement heureuses pour elles, mais en même temps qu’est-ce que t’es supposée faire d’autre ? C’est pas comme si tu pouvais injurier ton interlocutrice, des plans pour que Mac vienne t’en parler après coup. « Je fais pas semblant, si vous êtes fiancées des félicitations sont de mises. » Ouais et peut-être que t’aurais l’air crédible si tu le disais pas avec un vague air de robot, peut-être.

Et pour toi ça pourrait vaguement en rester là, tu rebrousserais chemin, tu entrerais dans la boutique - un ou l’autre parce que tu ne sais pas encore ce que tu veux au-delà de la réaction d’instinct. Mais voilà, Spencer insiste, ramène la douleur au milieu de tout ça, te confronte à ce que tu essaies d’oublier sans jamais y parvenir parce que t’as un rappel constant à ton boulot. Pour autant, t’as pas laisser Mac aller jusque là, t’as refusé ses explications, nier l’idée qu’elle avait besoin de t’offrir quelque explication que ce soit parce que tu ne voulais pas les entendre. Est-ce que c’est différent maintenant ? Non, t’es toujours fermée aux excuses que l’on pourrait t’offrir, la différence, c’est que Spencer attend pas un boulot de ta part, tu peux pas juste lui donner ce qu’elle veut pour qu’elle te laisse tranquille.
Alors t’es là, sans trop savoir quoi répondre. Oui c’était merdique, oui tu leur en veux, oui ça te pèse encore le coeur, ça te hante sans que tu puisses y faire quoi que ce soit. Mais en même temps est-ce que t’es supposée le dire ? Non, probablement pas. Tu doutes qu’elle a envie que tu lui confirmes la chose, elle doit le savoir de toute façon. « Hm. Qui suis-je pour me mettre au travers du grand amour. » Il y a toujours une dose d’amertume dans ta voix. Ça risque de rester même après que ton interlocutrice te surprenne avec des excuses. Tu t’attendais à des explications ou autre truc du genre, mais des excuses ? Non. Pas qu’elles aient un quelconque effet sur ton coeur meurtri. Si tu t’en es pas remise après un an, faut peut-être s’attendre à ce que ça perdure encore plus. « Ouais okay et je suis le père noël. » C’est injuste de laisser sous-entendre que c’est exactement ce qu’elle voulait. Mais peut-être que tu le penses. C’était peut-être pas beau et t’as chié de cette histoire, mais au fond, Spencer voulait être avec Mac, est-ce que le reste lui importait vraiment ? Est-ce que toi tu comptais dans l’histoire ? T’en doutes, t’es même persuadée de l’inverse. « Je sais pas pourquoi tu t’excuses. Tu l’aimais, elle t’aimait, j’étais juste la conne entre vous deux. J’ai pas besoin de la pitié en prime. » C’est injuste de ta part, tu le sais, mais au final, t’es plus avec Mac. Ton coeur a été brisée et tu vois sérieusement pas pourquoi il faudrait que tu fasses mine d’être ok avec tout ça, que tu t’efforces d’être sympa.
T’as déjà fait ta bonne action, tu la regrettes tout les jours à présent. Spencer aura pas droit à un bonus de gentillesse de ta part, tu donnes assez.

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Spencer Blackwell & @Margot Imani    

« Ouais enfin de là à dire que t’es contente pour nous… » Le pire dans tout ça, c’est que c’est tout sauf un reproche. Au contraire, t’es sans doute la mieux placée pour comprendre à quel point ça arrache la gueule de sortir ce genre de mensonge ; tu te revois des années en arrière en train de servir la même soupe insipide à Mackenzie au moment où elle a parlé de cette meuf qu’elle voyait, qu’elle a précisé que ça faisait un moment et que c’était sérieux. Tu te souviens avoir acquiescé en forçant un sourire avant de lâcher un “j’suis contente pour toi” auquel tu croyais même pas, et ça a scellé le deal pour les années à venir. La suite vous la connaissez, t’as rencontré Margot, t’as fait genre de t’y intéresser trois secondes avant que ta jalousie mal assumée reprenne le dessus et que tu fasses la gueule chaque fois qu’elle était dans la même pièce que toi ou que t’entendais son nom. Bien sûr dans tout ça, tes excuses tombent un peu à plat. Fallait s’y attendre, et puis Margot elle a sûrement tout sauf envie de les accepter. Ca n’empêche que tu te sens obligée de les lui offrir quand même.
Alors forcément tes excuses elle va sûrement se torcher avec ou alors carrément ne pas y croire, et franchement y a rien de plus normal dans une situation pareille. « Pense pas que c’est de la pitié. » Tu marmonnes sans savoir si tu le fais pour l’apaiser d’une quelconque façon ou si c’est ta conscience que tu cherches à soulager. Au final, Margot n’est qu’une des nombreuses personnes à qui t’as fait du mal au cours de ta vie. « Et je m’excuse parce que c’est genre… c’est le minimum que j’puisse faire après tout ça. » Enfin non, le minimum aurait été de ne pas te taper sa meuf pendant qu’elle avait le dos tourné, mais c’est un autre débat dans lequel t’es pas sûre d’avoir envie de t’engager. « Tu méritais pas ça. » T’ajoutes tout de même en triturant tes doigts. « Maintenant t’en fais c’que t’en veux, je vais pas te forcer à les accepter. » Mais au moins c’est là et tu le penses très sincèrement, quand tu dis que t’es désolée.
Ca pourrait s’arrêter là, ça serait facile de lâcher un “bon, c’était cool de te revoir, la bise”, mais ta conscience est pas encore tout à fait allégée malgré tes excuses. Presque gravement,tu t’éclaircis la gorge en carrant les épaules, t’attendant à un retour de flamme à l’instant où tu vas t’engager dans cette voie là. « Mais ouais, faut croire que t’avais raison sur c’point à l’époque. » Félicitations, du coup, y en avait au moins une avec la tête sur les épaules et de suffisamment lucide dans le lot, une qui a su décrypter les regards en biais et les gestes tout sauf subtils, une qui a exprimé son mécontentement et à qui on a rit au nez parce que “mais n’importe quoi, tu t’fais des films,” alors que pas tant que ça. Elle a senti le coup fourré arriver et personne ne l’a écoutée. D’un côté y avait Mac qui essayait de passer à autre chose sans y parvenir, de l’autre y avait toi qui refusait d’admettre que t’étais amoureuse et au milieu y avait la pauvre Margot qui n’avait pas tellement son mot à dire. « Tu me crois si je te dis qu’il s’est rien passé avant l’année dernière ? » Sans doute pas. Elle t’a déjà accusée de vouloir pécho Mac et si ça a déjà été établi qu’elle n’avait pas tort à ce sujet-là, ce n’est pas pour autant que t’as sauté le pas. Merde, tu sais même pas pourquoi t’essaies de te justifier auprès d’elle, tu ferais mieux de lui foutre la paix et de la laisser aller acheter ses trucs avant que le ton se mette à monter pour rien. T’imagines que Mac a déjà dû tenter de s’expliquer, de la rassurer maintes fois avant que tu ne partes à Sydney, et t’es à peu près sûre que déjà à l’époque, elle ne la croyait pas. Alors pourquoi elle l’aurait fait après avoir appris pour toutes les autres tromperies, y a vraiment aucune raison.

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@Spencer Blackwell & Margot Imani  

De là à dire que t’es contente pour elles… ouais Spencer a bien raison, mais t’as pas envie de lui accorder le point. Alors t’hausses les épaules de façon peu convaincue, l’air de dire que ça change rien au fond. Qu’est-ce que t’as à dire en dehors de ça de toute façon ? Tu pourrais laisser sortir ton amertume actuelle, lui faire savoir à quel point toute cette histoire t’a blessée jusqu’à la moelle, mais au fond, ta vis-à-vis est la mauvaise personne à blâmer. Certes, elle a compliqué le tout, elle était l’être aimé inaccessible, mais reste que c’était pas avec elle que t’étais en couple. Enfin, peut-être que ça c’est la réflexion poussée, ce qui te pousse aux platitudes, c’est plutôt le fait que t’as pas envie d’avoir Mac sur ton dos après coup. C’est déjà compliqué au travail de sa seule présence, tu ne vas pas chercher à empirer les choses.
Enfin, ça c’est jusqu’aux excuses, celle que t’as aucune envie d’entendre, celles qu’on te pousse dessus comme une façon de s’exonérer de tout. Tu le prends comme c’est à tes yeux : de la pitié. T’étais la conne de service, celle qui s’est mise en travers d’une histoire sans penser à comment ça allait lui retomber dessus. Spencer affirme que ce n’est pas le cas, elle souligne que c’était surtout la moindre des choses à faire et en soit… tu ne peux pas dire qu’elle a tord. Tu restes dubitative, surtout, tu ne vois pas en quoi ça empêcherait que ce soit de la pitié. « Je dirais que personne mérite ça en soit. » Et pour les excuses… tu préfères rester silencieuse. T’es pas dans un état d’esprit propice à les accepter ou même à les considérer. Elles sont là, peut-être qu’un jour tu comprendras que les accepter t’aiderait peut-être à passer à autre chose, à finalement tourner la page.
Pour l’instant, elles ne sont qu’une source d’amertume supplémentaire, comme si ta vie n’en était pas suffisamment remplie.

Et peut-être que ça aurait du te suffire, peut-être que t’aurais du te pousser en sachant que rien de ce qu’elle pouvait dire te ferait te sentir mieux. T’as entendu ses excuses - à défaut de les écouter - ça doit être assez pour qu’on te laisse tranquille, pour que Mac te laisse tranquille surtout. Mais tu pars pas assez évite, ouvrant ainsi la porte à ce que Spencer continue. Cette fois c’est trop, tu parviens pas à retenir le rire jaune qui vient te prendre à la gorge. T’avais raison. C’est bizarre de l’entendre maintenant, quand on t’a dit à de multiples reprises que tu te faisais des idées avant. « Wow, ça aura juste pris des années avant que tu l’admettes. » Et en soit, c’est injuste de ta part de présenter les choses ainsi. Tu te doutes que ce n’était pas simple pour elle, tu le sais même. Tu sais aussi qu’elle avait une position merdique à l’époque, parce que Mac était avec toi. Maintenant… est-ce que ça t’aide à faire preuve d’un peu plus de compassion ? Peut-être que ça devrait, mais pas cette fois. « Ça rend pas ça plus agréable, si jamais. » Tu sais pas pourquoi tu lui dis, elle doit s’en douter. Il faut croire que montrer les crocs est tout ce que tu trouves à faire pour te protéger. Ça fonctionne même pas.
Parce qu’elle te lâche pire. Tu restes interdite pendant un moment. Est-ce que tu la crois ? « Non. » Bien sur que non. « J’ai pas besoin que tu continues à me prendre pour une conne tu sais. » Parce que, encore une fois, c’est le rôle dans lequel t’as l’impression d’être coincée. Pas plus que t’as besoin qu’on te prenne en pitié, peu importe à quel point t’es pitoyable là à pester contre Spencer alors qu’il est trop tard pour que les choses changent. Ce n’est pas comme si Mac t’aimerait magiquement maintenant ou comme si tu voulais que ça arrive en fait. « De toute façon que ce soit arrivé ou pas change rien au fait que vous auriez bien voulu toutes les deux. » T’hausses les épaules comme pour feindre que ça ne t’affecte pas trop. Elle a pas besoin de savoir à quel point ça t’a brisé. « Ou au fait que Mac s’en est pas privé, alors pourquoi pas avec toi en plus. » T’enfonces toi-même le couteau dans la plaie en parlant des infidélités de ton ex, mais t’es pas naïve au point de penser que Spencer n’est pas au courant alors bon, autant jouer cartes sur tables. Expliquer pourquoi tu la croiras sans doute jamais sur ce point.

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Spencer Blackwell & @Margot Imani    

C’est marrant comme à chaque fois que tu te retrouves face à Margot, y a systématiquement cette foutue tension palpable, même pour n’importe quel inconnu ayant le malheur de passer dans les alentours. C’est pas pour rien que tu l’évitais comme la peste à l’époque. T’as jamais su faire autrement, elle non plus, et c’est sûrement pas demain la veille que ça sera réglé. T’as beau continuer à insister pour qu’elle comprenne que t’as jamais voulu tout ça, que t’as bien essayé de t’effacer pour lui faire de la place quand bien même ça te coûtait, mais c’est peine perdue. Tu sais pas trop si Mac lui a avoué qu’elle n’a au final été qu’un pansement pour pallier à ton propre manque de réponse à ses avances. Sans doute pas, mais elle l’aura sûrement bien compris toute seule. Alors oui, en effet, personne ne mérite ça, ni d’être la troisième personne dans son propre couple pendant des années. Sur ce point là en tout cas, vous avez toutes les deux été bien mauvaises à interpréter les signaux et les situations.
De ton côté, t’as toujours été persuadée que Mac et elle, c’était du solide, que c’était sérieux et voué à durer, que t’avais plus qu’à l’accepter si tu voulais voir ta meilleure amie heureuse et épanouie. Et de son côté, Margot a senti ton hostilité à son égard, a sûrement dû faire des concessions pour le bien de son couple et a dû vivre un moment avec tout un tas de doutes à ton égard. La seule fois où elle t’a confrontée sur le sujet, t’as évidemment tout nié en bloc avec véhémence et t’y croyais pourtant tellement fort, à l’époque, que ça t’a rendue dingue de pas être crue pour quelque chose qui te paraissait pourtant si évident. « J’y croyais déjà pas moi-même, alors l’admettre face à toi t’imagines bien… » Bien sûr que non, tu n’étais pas amoureuse et tu n’attendais rien de plus de la part de ta meilleure pote, t’as jamais été une de ces meufs d’à côté, pas pour elle en tout cas. Pas avant ton retour en grandes pompes il y a un an de ça. Et bien évidemment, qu’elle ne te croit pas non plus. Pire que ça, même, elle pense sûrement que tu te fous de sa gueule, limite que tu te moques d’elle. « C’est pas parce qu’on veut quelque chose qu’on l’a forcément. »  Tu marmonnes et c’est complètement naze, comme ligne de défense, tu le sais, mais ça n’en reste pas moins faux pour autant. Certes, t’en crevais d’envie, mais d’une part tu te l’es pas avoué avant longtemps et d’autre part, t’étais dans une période de ta vie où ça aurait tout simplement mené à une catastrophe. Dans le chaos de ton existence, la seule stabilité que t’aies jamais eue a toujours gravité autour d’une et unique personne ; Mac. Vouloir plus que ce que t’avais avec elle, c’était risquer de tout gâcher et de la perdre. Alors ouais, quand Margot a débarqué, tu t’es sentie menacée, tu t’es bêtement dis qu’elle allait te la prendre et que ça finirait irrémédiablement par vous éloigner. Résultat des courses, c’est toi qui est partie. T’as commencé par t’enfoncer chaque jour un peu plus dans tes mauvaises habitudes de consommation, de tes soucis financiers, familiaux et tout ce qui est imaginable encore qui ne cessaient de s’accumuler jusqu’au moment où t’as plus supporté de te regarder en face et que t’as décidé de tout foutre en l’air. Mais tout ça, c’est pas important pour Margot et elle n’a pas besoin de le savoir. Nouveau soupir. « J’me suis barrée pendant deux ans parce que j’allais pas bien et que j’avais besoin de prendre mes distances. » T’élabores pas, t’enjolives un peu parce que les détails de l’histoire ne la concernent pas et t’as toi-même encore du mal à tout assumer. « Encore une fois, t’es pas obligée de me croire, mais j’étais pas au courant pour les autres et je suis désolée que t’aies eu à passer par là. J’pensais sincèrement que vous deux c’était… Ça marchait vraiment. » Pourtant, t’as pas la conscience plus tranquille pour autant. T’as même pas posé la question à Mac, pour savoir quand elle a commencé à aller voir ailleurs, tu sais pas si ça date d’avant ou d’après ton départ et la vérité c’est que la réponse te fait flipper. « Je- J’devrai te laisser tranquille, t’as sûrement mieux à faire que m’écouter toute la journée. » T’acquiesces doucement en reculant d’un pas, juste pour lui laisser l’opportunité d’en remettre une couche si ça lui chante ou d’accepter ta reddition pour le moment.

natural disaster
@Spencer Blackwell & Margot Imani  

T’as envie de rire, mauvaise à ses dires, t’as envie de pleurer. Difficile de mettre le doigt sur ce que tu ressens exactement au fur et à mesure que la conversation ne s’étire. Parce qu’elle continue à te dire des choses - des vérités ? - que tu n’as pas envie d’entendre. Il a toujours été plus simple de mettre Spencer dans une case bien précise, celle d’une ennemie. Oh tu sais que c’est idiot, que la vie ne fonctionne pas comme les livres, mais pour ta défense, c’est facile de la considérer ainsi plutôt que te poser plus de questions ou te forcer à réellement considérer le problème. Sans compter qu’en vouloir plus de raison à Mac n’est pas une solution viable, pas pour ton coeur, pas pour ta santé mentale. Alors il y a la blonde qui reçoit tout. Qu’elle se tienne devant toi avec des excuses n’aide en rien la chose. Tant pis si ça devrait, tu te sens bien incapable de vraiment l’écouter, de faire preuve d’un semblant d’ouverture. Alors tu finis par hausser les épaules, peu d’avis d’avouer que tu comprends à quelle part. À la place, tu rebondis sur le second point, tu fronces les sourcils et fais remarquer. « Ouais bien sur. Ça aura juste pris quelques années dans votre cas. » Parce qu’il est difficile de ne pas faire remarquer qu’elles ont eu ce qu’elles voulaient toutes les deux. Que toi t’as été une note de bas de page, une anecdote sans importance. Et c’est horrible de te sentir ainsi, rien de ce qu’elle te dit à présent ne pourrait t’aider en ce sens.

Certainement pas l’histoire qu’elle te raconte. Tu te doutes que c’est plus que ce qu’elle dit, qu’il y a tout plein de détails qui méritent d’être entendus, mais encore une fois tu n’es pas là encore. Qui sait si tu le serais un jour. « Ouais moi aussi j’y ai cru trop longtemps. » Quelle conne t’as été. Que t’es encore même alors que Mac arrive toujours à avoir un effet sur toi. C’est différent à présent, c’est un peu moins pathétique, mais on ne peut pas dire que ça vole bien haut pour autant. Si t’avais moindrement plus de volonté, tu lui aurais dit non c’est aussi simple que toi.
Et alors que tu continues de réfléchir malgré toi, Spencer te prend de court à nouveau. Oh, en soit, elle n’a pas tord. T’as mieux à faire qu’être là devant un rappel que t’as gâché quatre année de ta vie à aimer quelqu’un qui te l’a peut-être jamais vraiment rendu. Pas qu’elle était la seule fautive dans l’histoire au fond, pas que t’as été parfaite comme petite-amie non plus, mais quand même. « J’ai mieux à faire oui. » Aller t’enfermer dans ton appartement pour te changer les idées par exemple, mais avant ça t’as plus important à faire.
Tu fais quelques pas dans sa direction, histoire de l’empêcher de partir complètement avant de demander. « Qu’est-ce que t’attends de moi Spencer ? Sérieusement ? » Parce que toute cette discussion servait à rien en soit. Elle doit bien se douter que tu serais comme un mur face à elle ? « Que je te dise que c’est okay tout ça ? Que je te pardonne ? Parce que tu m’excuseras, mais je pense que j’en prends assez en voyant Mac tous les jours. » Tu t’énerves un peu, tout ce que tu n’as pas dit jusque là faut croire. « Ça changerait rien de toute façon, c’est toi qu’elle a toujours aimé. Je pense que le seul moment où elle m’a vraiment considéré dans la balance c’était quand t’étais pas là alors non, j’ai pas envie de te pardonner. Tant pis si c’est pas de ta faute. J’en ai marre qu’on me prenne comme une idiote ou qu’on me dise que je méritais pas ça. » Parce que tu le sais, à quelque part, au fond de toi. Y croire est autre chose, mais passons. « Je veux juste qu’on me laisse tranquille. » Mais tu sais que c’est pas une option, parce que t’as accepté que Mac travaille avec toi et que t’es pas conne au point de penser qu’elles sortiraient complètement de ta vie un jour.
Tu sais même pas si t’en as vraiment envie de toute façon.
Probablement pas.
Tu soupires un bon coup. « Tout ce que je peux vous dire c’est d’être heureuse, mais je veux pas être mêlée à tout ça. » Que ce soit de façon prenante ou juste pour les absoudre d’une quelconque culpabilité. Parce que c’est tout ce qu’elles veulent au fond non ? Que tu dises que c’est bon pour qu’elles puissent vivre leur parfait bonheur.  

natural disaster
Spencer Blackwell & @Margot Imani    

Bien évidemment qu’elle y a cru trop longtemps et en même temps, tu ne peux que comprendre. L’adage “l’amour rend aveugle” est lourd de sens, dans votre cas à toutes les deux et c’est d’une tristesse sans nom d’en être arrivées là. Ses sentiments l’empêchaient de prendre une décision trop définitive, les tiens te faisaient flipper à un point que tu ne sais même pas expliquer et tout ça pour quoi ? Des centaines de regrets et de remords, des non-dits qui ont tout rongé de l’intérieur et des blessures toujours béantes et jamais moins douloureuses malgré le temps passé. L’injustice de toute la situation crève les yeux ; Margot est objectivement quelqu’un de bien, quelqu’un qui a subi et qui ne méritait rien de tout ça, tandis que toi c’est tout l’inverse. Tu ne t’es jamais considérée comme ça, comme quelqu’un de bien qui méritait sa rédemption et tout le bordel. T’as fait du mal à trop de gens, t’as été tout sauf honnête ou digne de confiance et pourtant tu t’en sors pas trop mal, finalement. Alors ouais, c’est injuste parce que c’est pas comme ça que ça aurait dû se passer, pas dans un monde bien balancé.
Mais qu’est-ce que t’y peux ? T’as vu une opportunité qui s’offrait à toi et tu l’as saisie, et malgré tout t’arrives pas à regretter cette victoire au goût pourtant si amer. Contrairement à ce qu’on pourrait croire venant de toi, blesser Margot dans le procédé, c’est pas ce que tu voulais et pourtant c’est ce qui est arrivé. Y a des années, quand on te mettait en garde en disant que tous les actes ont des conséquences, tu roulais des yeux en lâchant un “je gère”, parce qu’au final, si ça en touchait que toi, c’était pas si grave. Mais là, t’es mise devant les fameuses conséquences sans trop savoir quoi faire ou comment les gérer, et ça te fait te sentir honteuse et coupable. Elle aussi y a cru, à son histoire d’amour, et le dénouement n’en est que plus triste pour elle.
Alors que tu commences à t’éloigner, elle se rapproche de quelques pas, n’en ayant visiblement pas terminé avec toi. “Qu’est-ce que t’attends, Spencer ?” Honnêtement, tu ne sais pas toi-même. L’absolution, peut-être. A moins que ça ne soit qu’un désir masochiste de te faire remettre à ta place comme elle aurait dû le faire il y a bien longtemps déjà, qu’elle te dise tes quatre vérités et te confirme à quel point tu mérites pas d’avoir redressé la barre à ce point. Margot s’énerve, crache sa vérité en te surplombant de toute sa hauteur, et t’as rien à lui opposer. Tu la regardes dans les yeux, droite comme un i, mâchoire crispée pendant qu’elle te remet à ta place et rien. Aucune protestation, aucune tentative de te défendre, tu la laisses déverser toute son animosité à ton égard sans broncher, presque prête à l’encourage à continuer. Elle a raison, ça ne changerait rien qu’elle te pardonne et de toute façon, ce n’est pas ce que tu attends d’elle. « J’te rassure, je comptais pas t’emmerder plus longtemps que nécessaire. » Tu marmonnes en te massant la nuque. « Et encore j’attends rien de toi, Margot. Je sais que tu vas pas soudainement pardonner ou dire que ce qui s’est passé est ok, hein. » Cette fois tu baisses les yeux, tu la laisses avoir le dessus et confirmer son idée que t’es sans doute la pire tocarde qui soit, chose qu’elle savait déjà depuis un moment. « Je tenais juste à ce que tu saches que j’étais désolée et que je regrettais tout ça, même si t’y crois pas. » T’as pas la conscience tranquille pour autant, mais au moins cette fois, t’as dit les choses et tu t’es comportée comme une adulte en ne fuyant pas le combat. Enfin presque pas, parce qu’à sa dernière phrase, t’acquiesce lentement, attendant quelques instants qu’elle en remette une couche, mais rien. A la place tu te râcles légèrement la gorge en enfouissant tes mains dans les poches. « Et t’en fais pas, la prochaine fois qu’on se croise je changerai de trottoir pour pas que t’aies à voir ma tronche, » t’ajoutes avec un léger sourire malgré tout, et clairement, t’as rien de mieux à lui proposer. Clairement, le seul cadeau que tu puisses lui faire, c’est de feindre l’indifférence à son égard, de prétendre ne pas la voir et de faire comme si de rien n’était, presque comme à l’époque, au final. « Prends soin de toi. » Piètre conclusion polie à cette rencontre et cette fois tu t’éclipses sans demander ton reste.