L’idée a été sujette à un débat intérieur. Pour autant, Swann pensait que le débat serait bien plus long et qu’il passerait une éternité à peser le pour et le contre d’une décision qui ne devrait jamais avoir à recevoir un tel traitement: s’il veut y aller, alors il devrait y aller. Finalement, c’est cet état d’esprit qui a fini par vaincre sur tout le reste, son appréhension d’une telle journée n’ayant pas à prendre le pas sur ses convictions et son devoir qu’il fait de célébrer un amour qui n’a rien d’étrange, malsain, ou n’importe quel autre synonyme du genre. Il aime Rory avec le même droit qu’il a aimé d’autres femmes avant lui ; mais avec une intensité toute différente. La parade n’existe qu’un seul jour dans l’année, il ‘aurait pas voulu le manquer, encore moins maintenant alors que son couple n’est plus un mensonge ni même un secret: il porte avec fierté l’alliance le relient à son mari, et c’est avec le coeur rempli d’amour qu’ils élèvent au jour le jour leur incroyable fille. Pour l’évènement, cependant, tous deux sont tombés d’accord sur l’idée de ne pas emmener Robin avec elle. Elle n’a que quatre mois, elle n’est qu’un bambin et il ne veut pas lui imposer une journée qui ne sera rien d’autre que particulièrement longue et bruyante pour une toute jeune enfant qui ne peut évidemment pas comprendre la signification symbolique. Cette parade est la première à laquelle il participe le cœur un peu plus léger, et il n’existe pas le moindre doute quant à l’idée qu’il réitère l’expérience à l’avenir, éternellement auprès de Rory, et peut-être auprès de Robin aussi si elle émet l’intention de les accompagner. Le moment venu, ce sera son choix, et son choix seul.

De son côté, Swann attend avec une appréhension moindre mais toujours existante. Il sait qu’ils se fondront dans la masse, il sait aussi que d’autres personnalités seront en tête de cortège et prendront même la parole, mais il sait aussi que certains ont une incroyable capacité à reconnaître les visages et que Rory fera partie du lot. C’est aussi pour ça qu’ils ont préféré garder Robin au calme chez eux, pour continuer à garder son visage inconnu du grand public. De son côté, il vient aussi avec la surprise de lu blouson de son mari, gagné (non sans l’aide de Donna) à une vente aux enchères particulière, dont les gains seront reversés à une association LGBTQ+. Pour Swann, ce petit bout de vêtement tient une symbolique toute particulière, et il avait à cœur de le garder au sein de leur couple, tout en donnant un peu d’argent à une cause importante au passage. Ainsi, il a simplement décidé de le porter sur ses propres épaules aujourd’hui, un peu perdu au milieu d’un blouson toujours trop grand pour lui. Mais peu importe. Pour une fois, il était celui à être retenu par une réunion, qui prend en réalité la forme de son rendez-vous bimensuel avec son psychologue. Ainsi, Rory était le premier à l’attendre avant le départ de la foule, laissant désormais l’anglais tenter de retrouver son mari à travers la foule. La quête ne s’annonce pas si périlleuse qu’elle l’aurait pu, ce dernier dépassant au moins d’une tête le reste des inconnus amassés, pailletés et colorés. Timidement, Swann esquisse un sourire face à ce spectacle atypique pour lui mais auquel il saurait aisément s’habituer.

“Monsieur Craine.” Arrivant face à lui, débusqué depuis de longues secondes maintenant, il l’embrasse comme s’ils ne s’étaient pas déjà vus le matin même. Une main se loge naturellement contre sa nuque et, du bout de son pouce, il caresse l’arrête de sa mâchoire sans même s’en rendre compte. Son sourire est grand et évident alors qu’il en oublie même le brouhaha et l’omniprésence d’inconnus autour d’eux, pendant une seconde au moins. “Regarde ce que j’ai trouvé sur le chemin.” Sa main se détache de sa peau alors qu’il tourne simplement sur lui-même, mettant en avant son nouveau blouson, donné il y a peu à l’association Run For Judy dans le but de la mise en vente aux enchères. Après avoir tourné une seule fois sur lui-même, convaincu qu’il reconnaîtrait l’habit en un rien de temps, Swann sourit avec l’énergie et la fierté d’un enfant. “Je sais que ça te tenait à coeur de participer à la vente aux enchères mais… ça me tenait aussi à coeur comme souvenir.” Il confesse d’un ton un peu plus bas et sérieux, n’ayant pas tenté de l’empêcher un seul instant de proposer ce lot à la vente. Il n’aurait pas fait la moindre crise s’il n’avait finalement pas réussi à gagner le blouson non plus, évidemment, mais il a évidemment été soulagé d’entendre dire Donna qu’elle comprenait son point de vue et ferait de son mieux pour gagner l’enchère en tant qu’anonyme, ce qu’elle a bel et bien réussi par faire - comme toujours dès lors qu’elle s’investit dans un projet. “Et l’association a reçu son argent, alors je me dis que tout le monde est gagnant.” Il espère ne pas avoir fait de faux pas auprès de son mari, conscient qu’il a pris un risque en ne lui en ayant pas parlé avant d’agir. Simplement, il veut croire qu’il le connaît bien assez après toutes ces années pour savoir qu’un tel geste n’a rien de particulièrement répréhensible.

Naturellement, sans se soucier du monde autour, ses doigts viennent trouver ceux de son mari et s’y enroulent avec délicatesse. C’est avec autant de douceur qu’il laisse tomber sa tête contre son épaule et ajoute quelques mots sur le ton de la confession. “Ça s’est bien passé aujourd’hui. On a parlé de la pride, de Robin.” Swann parle de son rendez-vous avec son psychologue sans le préciser, non par honte mais bien parce qu’il sait que Rory est au courant et que leur discussion n’a pas à être alourdie par une telle précision. Il tient à lui faire un compte rendu de leurs discussions, toujours plus ou moins précis mais éternellement existant, signe à ses yeux qu’il n’y a rien que son psychologue sache et qui ne soit pas le cas de Rory. A leur discussion du jour s’être pourtant ajoutée une certaine révélation qui provoque encore une certaine nervosité aux yeux de l’anglais, la lui faisant taire quelques secondes de plus, ne serait-ce pour laisser à son mari le temps de dire quelque chose au milieu de ces diverses annonces.

(c) davidcorenswct & evanpeters

turned the mess into a romance.

@SWANN CRAINE & RORY

La foule s’amassait de tous les cotés tandis que Donna, elle, lui avait faussé compagnie quelques minutes plus tôt. Mais non sans toutefois lui rappeler son rendez-vous avec une journaliste dont Rory avait accepté l'interview pour promouvoir le Brisbane Pride Festival et mettre un coup de projecteur encore plus important sur les festivités d'aujourd'hui et pour lesquelles l'acteur avait accepté de jouer les porte-paroles. Il avait pour ça obtenu la promesse que tout ce qui concernait sa vie privée serait soigneusement mis de coté pour se concentrer sur l'essentiel. Mais aussi que ladite interview n'aurait pas lieu avant plusieurs heures, le temps pour lui de profiter de cette célébration avec la personne qu'il avait le plus à cœur d'avoir près de lui pour l'occasion : son mari, avec qui il aurait été impensable de prendre part à cet événement il y a encore quelques années mais qui ne cessait de le rendre un peu plus fier à mesure qu'il dépassait ses peurs et s'assumait de plus en plus. Les alliances à leurs doigts en étaient la meilleure preuve et pour ça Rory était particulièrement serein à l'idée de profiter de cette journée ensemble, d'ors et déjà assuré qu'il ne pousserait pas Swann hors de ses retranchements mais qu'il l'encouragerait à s'amuser autant qu'il en aurait envie. Et tout irait bien, parce qu'ils seraient tous les deux et qu'ils iraient en douceur. “Monsieur Craine.” La voix de Swann s'éleva justement dans sa direction et un large sourire illumina aussitôt le visage de l'australien, qui ne mit qu'une seconde à l'identifier parmi la foule. Une fois face à face, c'est un baiser ô combien délectable que son mari déposa sur ses lèvres et que Rory ne se fit pas prier pour prolonger, avec une douceur contrebalancée par la passion qu'il insuffla à l'échange – certainement transporté par l'euphorie qui se ressentait tout autour d'eux. « Monsieur Craine. » Et si son regard n'avait pas prêté plus attention que ça à sa tenue lorsqu'il était plus occupé à l'embrasser amoureusement, une légère surprise se lut bientôt dans son regard. “Regarde ce que j’ai trouvé sur le chemin.” Bien sûr qu'il reconnaîtrait ce blouson entre mille, pour l'avoir porté des centaines de fois rien que sur le tournage qui avait déterminé beaucoup de choses pour lui, quelques années en arrière. « Swann, mais ? Ça veut dire que tu... » Qu'il avait enchéri et remporté ce blouson mis aux enchères quelques heures plus tôt ? Rory émit un rire attendri à cette pensée, l'imaginant tout à coup assis face à un commissaire-priseur, agitant sa petite pancarte, sans qu'il n'ait eu la moindre idée qu'il prendrait part à cette partie de l’événement. « Tu as bien caché ton jeu, tu le sais ça ? » Rory ignorait qu'il comptait se procurer ce blouson, ce qui avait très probablement été possible grâce à l'intervention de Donna. Oui, tel que Rory la connaissait, son agente n'avait sans doute pas hésité à prêter main forte à son mari. “Je sais que ça te tenait à cœur de participer à la vente aux enchères mais… ça me tenait aussi à cœur comme souvenir.” Des confessions qui le touchèrent en plein cœur, alors qu'il vint caresser sa joue du bout de son pouce. « Tu aurais du me le dire quand j'ai proposé de le mettre aux enchères, j'aurais choisi autre chose si j'avais su que tu voulais qu'on le garde. » Les idées n'auraient pas manqué, ça n'aurait pas été un problème, quand bien même il trouvait sa démarche adorable et ne regrettait pas d'avoir procédé de cette façon maintenant qu'il le voyait, tout heureux et fier dans son blouson fraîchement acquis.

Finalement, un éclair malicieux passa dans son regard que Rory reposa dans celui de son époux. « Il te va encore mieux qu'à moi, je crois que c'est le signe que tu devais le récupérer. » Et que les choses n'étaient pas supposées se passer autrement, là où il ne lui viendrait pas un seul instant l'idée de lui reprocher quoi que ce soit, et surtout pas d'avoir voulu réacquérir cet objet qui pour eux avait forcément une importante valeur sentimentale. Rory se sentirait presque coupable de ne pas y avoir pensé plus tôt, mais il se rassurait en se disant que cette histoire connaissait une issue heureuse à tous les niveaux, et pas uniquement pour leur couple. “Et l’association a reçu son argent, alors je me dis que tout le monde est gagnant.” C'était naturellement ce qui avait motivé sa participation à ces enchères, l'idée de céder l'une de ses possessions l'ayant séduit dès qu'il avait été question de récolter des fonds pour une association. Ça rejoignait leurs valeurs communes ainsi que l'engagement que Rory avait déjà pu prendre auprès de plusieurs organismes, qu'il veillait à aider dès qu'il le pouvait et qui réunissaient plusieurs causes qui lui tenaient véritablement à cœur. Celle d'aujourd'hui ne faisait pas exception et il était plus qu'heureux que Swann y ait lui-même contribué, rendant cette vente et tout ce qui l'entourait encore un peu plus symbolique. « J'ai l'impression que les enchères ont attiré beaucoup de monde et que ça va permettre de récolter pas mal de fonds. Je suis tellement content que cette cause reçoive le soutien qu'elle mérite. » Il se sentait tout particulièrement concerné lui-même en tant que personnalité publique ayant la possibilité d'utiliser sa notoriété à des fins de sensibilisation comme aujourd'hui, mais aussi et surtout en tant qu'homme, mari et père épanouis qui ne pourrait pas être plus fier que de participer à cet événement avec l'homme de sa vie. « Qui sait, l'année prochaine je pourrai peut être vendre un bavoir tâché de purée pour bébé. Tu crois que ça trouverait preneurs ? » Il s'amusa en se penchant pour venir déposer un baiser dans le cou de l'anglais, à qui il savait qu'il n'avait pas besoin de préciser que non, bien sûr, jamais il ne lui viendrait l'idée de se séparer de quoi que ce soit qui appartiendrait à leur fille. Quand bien même elle était leur plus grande fierté, il tenait pour l'instant à ce qu'elle grandisse à l'abri d'une trop grande exposition et veillait pour ça scrupuleusement à ce qu'il partageait à son sujet.

“Ça s’est bien passé aujourd’hui. On a parlé de la pride, de Robin.” L'entendre évoquer ses rendez-vous avec le psychologue confortait Rory dans l'idée qu'il ne pourrait pas être plus heureux que la transparence et la confiance soient parties intégrantes de leur relation et, depuis peu, de leur mariage. « J'ai l'impression que ça te fait vraiment du bien de suivre ces séances. Toi, tu sens que ça t'aide de continuer ? » Il demanda doucement, conscient d'à quel point ça n'avait rien d'évident pour lui au départ de suivre ces séances et de mettre des mots sur tout ce qu'il n'arrivait pas toujours aussi bien à exprimer. Rory lui était profondément reconnaissant d'avoir accepté de recevoir de l'aide quand il le lui avait demandé, ne supportant pas à l'époque de se sentir aussi démuni et impuissant face au mal-être de celui qu'il aimait inconditionnellement. Le savoir en proie à ses vieux démons l'avait terrorisé plus d'une fois, au point de lui avoir déjà laissé craindre que Swann puisse à nouveau ne pas connaître d'autre échappatoire que celle de se nuire, c'est pourquoi ces séances lui paraissaient si essentielles. Tout ce qu'il espérait, encore aujourd'hui, c'est que Swann se sente apaisé et libéré d'avoir pu livrer ce qu'il avait sur le cœur, peu importe que ce ne soit pas toujours directement auprès de lui. Son fiancé ne lui cachait rien, c'était au moins une chose dont Rory ne viendrait jamais à douter. « Je suis vraiment content que tu accepté de participer à la parade. J'espérais tellement qu'on pourrait partager ça tous les deux. » Ça comptait énormément à ses yeux, plus encore maintenant que Swann et lui étaient officiellement mariés et bien placés pour défendre l'idée que tout le monde devrait pouvoir aimer qui il souhaitait et mener exactement la même vie que n'importe quel autre couple. Leur amour avait surmonté bien des obstacles et aujourd'hui, ils avaient fait un long chemin ensemble dont ils pouvaient être immensément fiers. « Y'a pas de meilleur endroit pour se fondre dans la masse, ici tout le monde se moque que tu portes des vêtements colorés ou sois venu habillé comme tous les jours. » Son bras se resserra doucement autour de Swann, alors qu'il espérait l'entourer d'une bulle rassurante avant d'aller plus loin. « Mais si ça te rend nerveux, je veux pas que tu hésites à me le dire. T'as rien à me prouver, d'accord ? » Quelque chose dans son regard lui faisait craindre qu'il ne lui dise pas tout, peut être par peur de le décevoir si cette journée ne se déroulait pas comme ils l'avaient prévu. Jamais Rory n'éprouverait la moindre déception par sa faute, moins encore s'il y avait le moindre risque que certaines de ses craintes ressurgissent s'il avait quelque chose sur le cœur et que cette agitation risquait de le plonger en plein trouble.

Lorsqu’il embrasse son mari, il ne se pose plus la question de savoir si quelqu’un les regarde ou si un autre en pense quoi que ce soit. Il est simplement heureux de le retrouver, même s’il ne l’a quitté que peu de temps, et il agit avec presque autant de naturel que s’ils étaient chez eux. Ses mains trouvent les bras de Rory et s’y accrochent simplement. « Monsieur Craine. » Il l’est enfin, lui aussi. Le second Monsieur Craine de leur chez eux. « Swann, mais ? Ça veut dire que tu... Tu as bien caché ton jeu, tu le sais ça ? » L’annonce de l’achat du blouson lors des enchères ne tarde pas une seule seconde et bien au contraire, Swann étant particulièrement pressé de partager la nouvelle à son mari. Il est heureux d’avoir gagné cette enchère, il est heureux que l’argent soit reversé pour une bonne cause, et il est heureux que cela ne pose pas le moindre problème à l’acteur. “Oh si tu savais tout ce que je te cache.” Il ironise et s’en amuse, n’ayant évidemment pas pour habitude d’avoir des secrets pour l’homme qu’il aime, à un tel point qu’aucun ne lui vient à l’esprit en cet instant. L’histoire du blouson était particulière et il y a fort à parier qu’il a su tenir sa langue uniquement parce que tout s’est passé très vite. Avec un peu plus de sérieux cette fois-ci, il laisse sa main glisser le long de son bras, pour mieux laisser leurs doigts se nouer naturellement. “Je voulais que ce soit une surprise.” Parce qu’il ne craignait pas réellement que Rory n’aime pas ladite surprise, alors il a préféré prendre le risque, pour avoir le droit de brièvement observer son regard s’éclairer sous la surprise. Son attitude change subtilement lorsque Swann lui avoue avoir un certain affect pour ledit blouson, et ce dernier laisse sa joue être caressée sans chercher un seul instant à repousser son mari. « Tu aurais du me le dire quand j'ai proposé de le mettre aux enchères, j'aurais choisi autre chose si j'avais su que tu voulais qu'on le garde. » Lentement, et pour que Rory ne se sente pas coupable à tort, son mari marque la négation au travers des mouvements de sa tête. “Je voulais pas interférer dans ton choix. Et j’avais peut-être déjà bon espoir de l’acheter moi-même.” Rory se serait plié en quatre pour ne pas lui faire de peine, il le sait bien, et il jure qu’il n’aurait pas hésité à faire valoir ses sentiments si jamais il l’avait jugé nécessaire. Dans le cas de ce blouson, il aurait eu un pincement au cœur à l’idée de le savoir ailleurs, mais rien dont il ne soit pas capable de se relever. “Y’avait absolument rien de dramatique, d’accord ? Le plus important c’est que ça serve une bonne cause.” Il précise, il rassure, il fait de son mieux pour que son mari ne ressente pas la moindre once de culpabilité. Il n’a pas à se sentir désolé de ne pas savoir lire dans les pensées de l’anglais, surtout alors qu’il est déjà la personne le connaissant le mieux en ce monde. « Il te va encore mieux qu'à moi, je crois que c'est le signe que tu devais le récupérer. » Ce sont sans doute les meilleurs mots à apposer en guise de conclusion, comme le démontre le sourire grandissant de l’anglais, fier et heureux d’entendre un tel compliment de la part de Rory - quoiqu’il se montre bien souvent très peu objectif dès qu’il s’agit de l’anglais.

« J'ai l'impression que les enchères ont attiré beaucoup de monde et que ça va permettre de récolter pas mal de fonds. Je suis tellement content que cette cause reçoive le soutien qu'elle mérite. » Touché, Swann sourit un peu plus, sa main prenant cette fois-ci place contre le dos de son compagnon. Il sait que Rory est particulièrement touché par cette cause, parce qu’elle le concerne en personne et Swann tout autant, raisons pour lesquelles il n’avait pas douté un seul instant qu’il participerait à la vente aux enchères lorsque la proposition lui en a été faite. Il n’aurait de toute façon pas douté, peu importe la cause défendue en question. Rory a un grand cœur et il sait qu’il est à l’abri du besoin, lui autant que sa famille, ce qui le pousse à faire tout son possible pour ceux n’ayant pas autant de chance, ou simplement pour d’autres causes lui tenant à coeur. Pour ça comme pour bien d’autres raisons encore, son mari est terriblement fier de lui. “La salle d’enchères était pleine.” Il l’informe, souriant doucement au passage. Arthur et lui n’en ont pas raté une miette, ce qui a fait chaud au coeur de l’anglais que de voir son ami de toujours se prendre au jeu. Il ne va pas jusqu’à penser qu’Arthur voulait avant tout défendre la cause LGBTQ+, mais il est tout de même heureux qu’ils aillent de l’avant, pas après pas. « Qui sait, l'année prochaine je pourrai peut être vendre un bavoir tâché de purée pour bébé. Tu crois que ça trouverait preneurs ? » - “Tu pourrais vendre un flacon d’air respiré par tes soins que ça trouverait toujours preneur.” Il rétorque avec amusement, sans doute avec un brin de désespoir aussi. Une foule d’inconnus seraient prêts à acheter tout et n’importe quoi lui ayant appartenu, ce qui est attendrissant jusqu’à un certain point seulement, avant de rapidement basculer dans la crainte de savoir où ce genre de personnes trouverait ses limites dans l’adoration d’un inconnu. A cette question Swann ne veut connaître la réponse, occupé à profiter de l’instant présent et se réjouir simplement de cette habitude qu’a Rory d’embrasser son cou, comme il l’aime tant. Il sait qu’ils sont sur la même longueur d’onde en ce qui concerne Robin et le devoir qu’ils se sont faits de l’élever aussi loin que possible des médias, idée allant évidemment de pair avec l’absence de vente de tout ce qui lui a appartenu: et à cette règle, aucune bonne cause ne saurait faire exception. “De toute façon on a déjà dit que tous les objets pour bébé pourraient connaître une nouvelle vie tôt ou tard, alors il va falloir que tu trouves autre chose monsieur le philanthrope.” Il s’en amuse avec assurance, son visage tout près de celui du brun et ses yeux relevés dans les siens, malicieux. La question n’est déjà plus de savoir si oui ou non ils agrandiront leur famille, simplement de savoir quand est-ce qu’ils le feront. Ils veulent profiter pleinement de Robin, faire évoluer leur vie professionnelle, prendre du temps pour eux, ne rien presser. Ils veulent s’assurer que la vie de famille convient à leur rythme de vie, aussi, chose qu’ils veulent croire du plus profond de leur cœur mais dont ils ne peuvent avoir aucune assurance avant de l’avoir expérimenté.

Bien plus sur le ton de la confession cette fois, sans pour autant craindre le sujet, Swann aborde délicatement ce dont il a parlé avec son psychologue. Il n’a jamais été poussé à le faire, ni par son psychologue ni par son compagnon, mais il trouve l’idée nécessaire. Puisque tout est loin d’être un calvaire à ses yeux, il le fait même avec plaisir, soucieux de toujours rassurer Rory et lui prouver qu’il va uniquement de l’avant et s’éloigne chaque jour un peu plus de ses démons. « J'ai l'impression que ça te fait vraiment du bien de suivre ces séances. Toi, tu sens que ça t'aide de continuer ? » - “On avance plus beaucoup maintenant. Je veux dire, il y a moins de travail à faire, on a même espacé les séances. Mais c’est une bonne chose.” Il ne ressent jamais le besoin de se confier à une personne autre que son mari, mais n’est pas pour autant qu’il ne reconnaît pas tout le travail de son psychologue et toute l’aide qu’il lui apporte sans même sembler faire le moindre effort. Il pointe ce qu’il ne va pas, il souligne ce qui va bien, il pose des questions qui ne viendrait potentiellement pas à l’esprit d’un autre. Si les premières séances ont été particulièrement difficiles pour Swann, cela n’est plus le cas aujourd’hui et il se rend au cabinet avec le cœur plus léger. “Je vais continuer, oui.” Il annonce enfin, les séances aujourd’hui ancrées dans sa routine. Il ne pense pas qu’il pourrait retrouver ses travers s’il venait à arrêter ses séances, mais il ne veut pas prendre le moindre risque, encore moins aujourd’hui alors que Rory compte plus que jamais sur lui et qu’il en est de même pour Robin. “T’as eu raison de me pousser.” Cela n’avait pas été facile pour lui d’en parler à l’époque, encore moins un soir où le blond n’était que le fantôme de lui-même alors que Rory avait aperçu des marques de scarifications qu’il pensait assez cachées pour ne pas l’alerter. Bien plus que dans les cris, leur discussion s’était faite dans les larmes, mais c’est grâce à Rory et à la force qu’il a eu pour deux, à l’époque encore, que tout va mieux aujourd’hui. Il se doit de lui dire, certain qu’il est encore imprégné de remords.

« Je suis vraiment content que tu accepté de participer à la parade. J'espérais tellement qu'on pourrait partager ça tous les deux. » Ayant passé bien trop de temps sans contact physique, et ce selon ses propres critères uniquement, c’est avec un regard ému qu’il pose ses yeux naturellement sombres dans ceux de son mari, d’un clair épanouissant. Son pouce caresse sa joue, ses doigts jouent des cheveux qu’ils trouvent juste derrière ses oreilles. “J’en étais pas encore certain il y a quelques mois, je voulais pas prendre le risque de venir pour au final faire une crise de Dieu sait quoi.” De panique, ou de bien d’autres choses encore que Swann aurait pu craindre, ayant toujours eu un don pour se sentir étouffer au milieu d’une foule si jamais il a l’impression de se sentir différent et jugé. “Mais je suis déjà heureux d’être venu, surtout avec une telle compagnie.” Ses lèvres scellent la danse de ses doigts contre sa joue, embrassant longuement cette dernière alors qu’il ferme même les yeux, lui signifiant son amour autant que ses remerciements. Sans Rory, sa vie aurait été bien vide et bien triste. « Y'a pas de meilleur endroit pour se fondre dans la masse, ici tout le monde se moque que tu portes des vêtements colorés ou sois venu habillé comme tous les jours. » Le bras de l’acteur l’entoure et il place naturellement son corps près du sien, dans le sens de la marche et près à prendre le départ dès que ce dernier aura été annoncé. Sa tête retombe contre son épaule et son regard balaie la foule, ne remettant pourtant pas un seul instant les paroles de Rory en doute. Ils sont à leur place, plus que jamais invisibles au coeur d’une foule des plus visibles, justement, entre couleurs et paillettes prenant la forme de vêtements, accessoires ou maquillage. Il est à sa place, au sein de la communauté qui est la sienne et qu’il reconnaît enfin. « Mais si ça te rend nerveux, je veux pas que tu hésites à me le dire. T'as rien à me prouver, d'accord ? » Son regard se relève pour rencontrer le sien, étonné de l’aspect soudain de sa question autant que de sa teneur. Et lorsqu’il réalise que sa propre nervosité a dû se rendre visible, Swann rigole simplement, enlaçant son mari pour le rassurer avant toutes choses. Le début de la marche attendra quelques minutes de plus. “Tout va bien, je te le promets.” Et il ne reviendra pas là-dessus, raison pour laquelle il statue cette généralité avant de s’étendre aux précisions allant avec et expliquant la façon dont il réagit en cet instant. “Je savais juste pas trop comment aborder le sujet avec toi je crois.” Non parce qu’il craint sa réaction, mais simplement parce qu’il n’aurait pas su faire tomber l’information tel un cheveu au milieu de la soupe ; et qu’au contraire, il ne sait pas non plus comment lui créer un fil conducteur. “Mais on a parlé, avec mon psy, comme je te disais, et…” Et il va avoir besoin de temps pour se faire à l’idée avec bien plus de naturel, c’est désormais une évidence. “Je suis bisexuel.” Il sait bien qu’être nerveux face à une telle annonce devant un homme qui est son mari a tout de paradoxal, mais ce n’est pas face à Rory qu’il est nerveux, mais bien avec lui-même et ses pensées, après avoir passé trois décennies à se considérer uniquement comme hétérosexuel, n’hésitant pas un seul instant à répondre même lorsque la question lui était posée lors de sondages hasardeux en ligne. Il est hétérosexuel, parce que c’est l’évidence. Il voulait l’être, du moins, avant que son amour pour Rory ne se fasse une place dans l’équation et qu’il décide simplement de le considérer comme l’exception confirmant la règle. C’était simple, c’était pratique. Cela lui a fait fuir la question pour sept années de plus.

Son regard chasse des cibles invisibles lorsqu’il se défait de celui de Rory pour trouver le besoin de s’accrocher aux pans de son t-shirt, comme le font ses mains sans s’en rendre compte. “Et je dis pas ça parce que je suis tombé amoureux d’un autre, ou même parce que la question m’a effleuré l’esprit.” Il ne veut pas qu’il pense que la réalisation arrive après que Swann ait enfin compris le potentiel de la gente masculine dans son entièreté. Ce n’est pas le cas. Au milieu des hommes et des femmes, il n’a d’yeux que pour lui, et l’étiquette qu’il pose sur son orientation sexuelle n’y change rien. “Je te le dis à toi parce que je sais que tu comprends et que tu sais que j’ai du mal à accepter être différent, même si je suis foutrement têtu pour avoir continué à me considérer hétéro tout ce temps après t’avoir rencontré.” Avouer sa bisexualité revient aussi à avouer qu’il ne fait plus partie de l’immense majorité des personnes de ce monde, et ce quoiqu’il en dise, quoiqu’il en pense, et quel que soit le rythme auquel les mœurs changent. “C’est bon, j’arrête d’accaparer la discussion. Je voulais juste te dire que c’est ce dont on a parlé, aujourd’hui. Et ça me semblait être un bon jour pour te le dire.” En plein mois des fiertés, en plein coeur de la parade. “Et je t’aime. Tellement.” Il l’étreint de nouveau, son visage trouvant désormais refuge contre son cou, où il ferme paisiblement les yeux, son coeur empli d’une infinité de sentiments. “Merci pour ta patience.” Swann souffle enfin, chaque jour un peu plus conscient de la bienveillance de Rory à son égard et de tout ce que cette dernière arrive à créer en retour chez l’anglais, qui s’accepte enfin et apprend à être heureux.

(c) davidcorenswct & evanpeters

turned the mess into a romance.

@SWANN CRAINE & RORY

“Oh si tu savais tout ce que je te cache.”
« Trop tard, je t'ai épousé avec tous tes sombres secrets et y'a plus de retour en arrière possible. »

La légèreté de l'instant fut finalement contrebalancée par un certain sérieux, la minute suivante, lorsque Rory prit conscience de l'énergie et des efforts déployés par son mari pour remporter cette enchère sans le mettre immédiatement dans la confidence, ce qui avait tout pour le toucher au plus haut point. “Je voulais que ce soit une surprise.” Et c'était peut être bien la meilleure preuve qui soit que même mariés, l'anglais et lui ne cesseraient jamais de se surprendre l'un-l'autre, une perspective qui attendrissait l'acteur autant qu'elle le confortait dans la certitude d'avoir pris la meilleure décision de sa vie en l'épousant. Et dieu sait qu'il avait longtemps attendu de pouvoir vivre un pareil bonheur. « C'est réussi, mon amour. Et c'est une bonne surprise, je veux surtout pas que tu en doutes. » Il était loin de s'attendre à ce que Swann soit finalement l'heureux acquéreur de ce blouson, sans doute parce qu'il avait quelques peu minimisé l'attachement de son mari pour ce dernier, mais c'était une issue qui le comblait à tous les niveaux. L'association ferait bon usage de cet argent et son mari, lui, semblait sincèrement heureux avec ce vêtement sur le dos. “Je voulais pas interférer dans ton choix. Et j’avais peut-être déjà bon espoir de l’acheter moi-même.” - « C'est le genre d'idée que toi seul aurait pu avoir. Parce que c'est tout bonnement adorable, tu t'en rends compte au moins ? » Rory, lui, était particulièrement sensible à la façon dont Swann s'y était pris pour manigancer tout ça, sans que ça n'ait rien de cachotteries qu'il pourrait un seul instant vouloir lui reprocher. S'il ne doutait pas qu'il s'était lancé dans cette enchère en n'ayant aucune certitude de l'emporter à la toute fin, il était convaincu que son mari y avait mis tout son cœur. “Y’avait absolument rien de dramatique, d’accord ? Le plus important c’est que ça serve une bonne cause.” C'était tout ce qui importait le plus aussi aux yeux de l'australien, qui avait trouvé un véritable sens dans le fait de participer à cet événement et de contribuer ainsi à donner un peu plus de visibilité à une cause qui en valait absolument la peine à ses yeux. Que d'autres célébrités aient joué le jeu et permis de sensibiliser davantage de monde valait son pesant d'or aux yeux de l'acteur, qui avait toujours pensé que leur statut et leur notoriété devraient servir à des causes nobles. « Je peux quand même te rembourser, si tu veux. Je sais que ça a aucune importance pour toi, mais tu sais aussi que je t'en aurais fait cadeau avec plaisir si j'avais su. » Il connaissait suffisamment Swann pour savoir qu'il refuserait et était fier au contraire d'avoir récupéré ce blouson par ses propres moyens, mais ce ne serait pas Rory s'il n'essayait pas au moins un peu de négocier. Tout ce qu'il espérait, c'est que son mari n'avait pas fait de folie. “La salle d’enchères était pleine.” Le sourire du brun s'illumina de penser à tout ce que cette vente pourrait permettre d'accomplir, immensément touché de voir que certains fans n'avaient déjà pas hésité à l'arrêter pour lui montrer leur soutien lorsque certains d'entre eux l'avaient identifié parmi la foule, un peu plus tôt. “Tu pourrais vendre un flacon d’air respiré par tes soins que ça trouverait toujours preneur.” Son regard malicieux et amusé reposé dans celui de son mari, Rory laissa échapper un rire au moment de nouer leurs doigts ensemble, bien incapable de ne pas le regarder avec les yeux de l'amour, et plus encore en cette journée qui le célébrait aussi l'amour sous toutes ses formes et toutes ses couleurs. “De toute façon on a déjà dit que tous les objets pour bébé pourraient connaître une nouvelle vie tôt ou tard, alors il va falloir que tu trouves autre chose monsieur le philanthrope.” Et c'est un vent chaud que Rory sentit cette fois souffler au fond de son cœur, alors que cette pensée suffisait à faire briller un peu plus son regard. Oh ils s'acclimataient encore à leur nouveau rôle de pères, mais la perspective d'agrandir un jour la famille était déjà bien plus qu'une simple idée que le couple se contentait d'envisager à ce stade. Ils voudraient d'autres enfants, c'était l'évidence à leurs yeux, ayant bien trop d'amour à donner et bien trop à cœur d'en faire profiter d'autres bambins. « Je compte bien garder tout ça précieusement pour le jour où Robin aura un petit frère ou une petite sœur, oui. C'est pas comme si ça avait encore quoi que ce soit d'une hypothèse, après tout. » Il souffla, sourire au coin des lèvres, ces dernières bientôt occupées à retrouver les siennes le temps d'un contact qui, à son tour, venait sceller à nouveau cette évidence.

La transparence dont Swann avait toujours fait preuve concernant ses séances avec le psychologue permettait à Rory de se sentir inclus depuis le premier instant tout en étant témoin des progrès de son mari, qui semblait un peu mieux le vivre chaque fois qu'il revenait d'un de ses rendez-vous. Et ça avait toute son importance aux yeux de l'acteur, qui lui personnellement avait demandé de se faire suivre par un professionnel et était aujourd'hui soulagé de voir que ça lui réussissait bel et bien. “On avance plus beaucoup maintenant. Je veux dire, il y a moins de travail à faire, on a même espacé les séances. Mais c’est une bonne chose.” - « C'est une très bonne chose, oui. J'en suis tellement heureux pour toi. » Se confier à un parfait inconnu sur des sujets parfois douloureux et sources de traumatismes n'avait rien d'évident au départ, Rory en était conscient, c'est pourquoi il se réjouissait autant de voir les bienfaits que ça semblait avoir eu sur lui. “Je vais continuer, oui. T’as eu raison de me pousser.” Il l'avait fait pour lui et pour son bien, et parce qu'il doutait d'avoir lui-même tous les outils pour pouvoir l'aider autant qu'il le voulait pourtant. Même en l'aimait du plus profond de son cœur, il n'était pas certain de pouvoir faire autant qu'un professionnel, et ça lui avait coûté de se l'avouer. « Je t'ai peut être poussé mais c'est toi qui as fait le reste du chemin. Et on sait tous les deux que ça t'a demandé de nombreux efforts, alors t'as le droit d'être fier du chemin parcouru. » Il espérait sincèrement qu'il était fier de lui-même, fier de s'être accroché et de s'être risqué à ce qui le terrifiait plus que tout au départ, ce pour quoi Rory ne cesserait jamais de lui être reconnaissant. Aujourd'hui, Swann était un autre homme et beaucoup de choses qui lui auraient été impensables il y a quelques mois lui étaient aujourd'hui possibles, comme le simple fait de se tenir ici aujourd'hui, au milieu de cette foule, à deux pas de cette marche des fiertés. “J’en étais pas encore certain il y a quelques mois, je voulais pas prendre le risque de venir pour au final faire une crise de Dieu sait quoi.” Il avait simplement attendu d'être fin prêt, et qu'il se soit écouté avant toute autre chose était de loin le plus important pour Rory qui n'aurait pas voulu qu'il le fasse seulement pour lui faire plaisir. « Si ça avait pas été cette année, ça aurait été la suivante. Mais je suis tellement heureux que tu sois là et qu'on puisse partager ça ensemble. » Ça avait une toute saveur et une toute autre symbolique, de pouvoir prendre part à ces réjouissances auprès de l'homme qu'il aimait et qu'il avait tout récemment épousé. Ça n'avait même jamais eu autant de sens que d'être à ses cotés dans un moment pareil, là où personne ne risquait d'émettre le moindre jugement sur leur couple et où Swann et lui se fondaient parfaitement dans la masse. Et ça avait son importance, comme chaque fois qu'ils s'affichaient en public, Rory en était conscient. “Mais je suis déjà heureux d’être venu, surtout avec une telle compagnie.” Son sourire s'étira un peu plus, sa joue accueillant ses lèvres la seconde suivante. « On est là pour te créer de jolis souvenirs et faire que tu te souviennes toujours de ta première Pride. Et ça veut pas dire que t'as la moindre obligation de participer tous les ans, juste que tu pourras réitérer l'expérience si t'en as envie. » Ils n'en feraient une habitude que si Swann en avait envie et se sentait suffisamment à l'aise pour ça. Qu'il le soit aujourd'hui ne signifiait pas qu'il le serait chaque année, ils ne décideraient rien à l'avance et aviseraient le moment venu. Et parce que son bien-être était toujours la première de ses préoccupations, plus encore aujourd'hui et face à tout ce que cette journée symbolisait pour Swann, l'australien s'assura que son mari se sentait capable de passer la prochaine étape. Qu'ils n'allaient pas trop vite, ou que Swann oserait le lui dire si c'était le cas. “Tout va bien, je te le promets.” Des mots qui suffisaient à rassurer Rory, telle que l'étreinte que le couple partagea bientôt. “Je savais juste pas trop comment aborder le sujet avec toi je crois.” Finalement, son regard se reposa dans le sien tandis qu'il lui consacra toute son attention, une pointe d'appréhension lui chatouillant le ventre à l'idée de ce qu'il pourrait avoir à lui avouer. Rory n'imaginait pas le pire, non, il redoutait simplement que son mari puisse avoir quelque chose sur le cœur. « Tu peux tout me dire, Swann. Absolument tout. » Il pouvait tout entendre et tout accepter, rien de ce qu'il pourrait lui dire n'avait la plus petite chance d'altérer la force de ses sentiments pour lui ou le bonheur qu'ils partageaient. “Mais on a parlé, avec mon psy, comme je te disais, et… Je suis bisexuel.” Une émotion sans égal se répandit finalement à travers son regard, alors qu'un sentiment de fierté immense s'empara de tout son être et lui valut de souffler, après un court instant de silence. « Oh, Swann. » Il pouvait sentir sa nervosité, il pouvait voir que de prononcer ces mots le troublait au plus haut point, pourtant il en était aujourd'hui capable et c'était le plus beau des accomplissements aux yeux du brun. « Je suis tellement heureux que tu me le dises. Je sais tout ce que ça représente et combien c'est un cap immense, et... » Il rêvait déjà de le serrer longuement contre lui, de lui répéter combien il l'aimait et de lui assurer que son amour pour lui n'avait jamais été plus fort qu'en cet instant. Pour l'heure, ce sont ses deux mains que Rory déposa de part et d'autre de son visage, un sourire infiniment amoureux sur les lèvres, simplement comblé. « Swann, je suis extrêmement fier de toi. Je le suis tellement, si tu savais. » De toutes les choses qu'il rêvait de lui dire, c'était encore celle qui lui semblait à cet instant la plus importante, alors que c'est bel et bien de fierté que son cœur s'était rempli en l'entendant formuler cet aveu. Il en connaissait toute la symbolique, Rory, parce qu'il était lui aussi passé par là. Mais surtout parce qu'il savait toutes les craintes que Swann avait du dépasser pour en arriver là et que son amour pour lui ne le rendait pas moins objectif pour souligner son courage et sa persévérance.

“Et je dis pas ça parce que je suis tombé amoureux d’un autre, ou même parce que la question m’a effleuré l’esprit.” C'est un rire profondément attendri qui lui échappa tandis que de son regard tendre replongé dans le sien, il lui fit comprendre que jamais une telle idée n'aurait pu lui passer par la tête. « Je sais, oui, bien sûr. Je t'assure que j'ai pas la moindre inquiétude à ce sujet. » Il le connaissait bien trop pour ça et savait qu'il n'avait pas la moindre raison de se faire du souci ; et ça, avant même que Swann ne s'identifie comme bisexuel. C'était une étape particulièrement symbolique pour lui et pour sa propre acceptation, mais ça ne changeait assurément rien à l'échelle de leur couple. Rory ne se mettrait pas à redouter que son regard puisse s'attarder davantage sur les hommes ou même les femmes qui croiseraient leur chemin, tout comme Swann n'avait jamais nourri ce genre de craintes à son sujet, et à juste titre. “Je te le dis à toi parce que je sais que tu comprends et que tu sais que j’ai du mal à accepter être différent, même si je suis foutrement têtu pour avoir continué à me considérer hétéro tout ce temps après t’avoir rencontré.” Rory, pourtant, ne l'entendait pas tout à fait de cette oreille et osa pour une fois le contredire, néanmoins avec autant de douceur qu'à son habitude. « Ne dis pas ça, non. Ça t'a simplement demandé du temps de trouver ce à quoi tu t'identifiais et de poser des mots dessus. Et je te promets qu'il est absolument jamais trop tard pour ça. » C'est vrai, ça lui avait demandé plusieurs années avant de se sentir assez en phase avec lui-même pour assumer cette partie de sa personne, et aux yeux de Rory ça n'avait absolument rien d'une mauvaise chose. Et ça prouvait encore moins son caractère borné ou sa propension au déni. « Tu n'as jamais vraiment eu de modèles auxquels t'identifier lorsque tu étais plus jeune, et on sait tous les deux que tu craignais les jugements et la discrimination. Alors c'était pas l'évidence pour toi de te définir un jour comme bisexuel, même en étant en couple avec moi. » Il était tombé amoureux d'un homme sans que ses sentiments n'impliquent qu'il doive forcément poser davantage de mots dessus, en tout cas avant de s'y être senti prêt. « Même en étant marié avec moi. » Il ajouta dans un petit sourire, leur proximité lui offrant tout le loisir de l'étreindre un peu plus, de le serrer contre lui et de l'envelopper de toute sa chaleur, désirant plus que tout que ce moment reste pour Swann synonyme de sérénité. « Tout ça, c'était aussi une étape du parcours que tu as entrepris pour arriver jusqu'à ce moment, et je t'aurais pas moins aimé même si tu t'étais jamais posé la moindre étiquette. Tu le sais, pas vrai ? » Il aimait penser qu'il n'en doutait pas, qu'il avait toujours vu que la question était dénuée d'importance pour l'australien tant qu'il était heureux, tant que leur couple l'était et que Swann se sentait libre d'être qui il était lorsqu'il était auprès de lui. Il serait toujours resté son premier fan, son plus grand soutien, quand bien même avoir été témoin de sa fantastique évolution le remplissait d'une fierté incomparable. “C’est bon, j’arrête d’accaparer la discussion. Je voulais juste te dire que c’est ce dont on a parlé, aujourd’hui. Et ça me semblait être un bon jour pour te le dire.” - « C'est vraiment merveilleux, Swann. » Ses séances avaient porté leurs fruits bien au-delà de toutes leurs espérances, et de le voir aujourd'hui suffisamment épanoui pour passer un tel cap était la plus grande source de bonheur pour Rory. « Est-ce que ça te rend heureux, d'avoir accepté cette part de toi ? Est-ce que tu te sens soulagé ? » Etait-il aussi fier de lui que son mari pouvait l'être, alors que ses bras l'étreignaient un peu plus fort et que ses lèvres parsemaient sa nuque de baisers, leurs cœurs lui semblant maintenant battre à l'unisson et au rythme de la musique qui ne leur parvenait plus que dans un lointain écho. “Et je t’aime. Tellement.” - « Je t'aime moi aussi. Je t'aime plus que tout. » Des mots encore insuffisants pour rendre véritablement compte de la force de son amour autant que de sa fierté, que son regard brillant de joie, de tendresse et d'un millier d'émotions exprimerait mieux que n'importe quoi d'autre. “Merci pour ta patience.” Du bout de ses doigts, il effleura ses boucles et apposa de longues caresses à l'arrière de son crâne. « Merci à toi pour ta confiance. Ça vaut plus que tout pour moi, tu sais. » Même s'il était aujourd'hui son mari, l'homme qui partageait sa vie depuis près de sept ans et le père de sa fille. Même s'il était théoriquement la personne toute désignée pour recevoir ses confessions lorsque quelque chose d'aussi important lui arrivait. Rory n'aurait jamais pu prendre ce genre de choses pour acquises, alors qu'il s'ouvre à lui de cette manière comptait plus que tout à ses yeux. Se redressant doucement, ses bras encore enserrés autour de sa taille, c'est son regard qu'il porta un instant sur la foule aux alentours et d'une petite voix qu'il souffla. « Et même si on prend part à la parade, rien ne t'oblige à assumer quoi que ce soit publiquement. C'est une chose de m'en avoir parlé à moi et c'en est une autre de mettre d'autres personnes dans la confidence, et je t'inciterai jamais à le faire si tu t'y sens pas prêt. » Il ne devait rien à personne et surtout pas d'assumer sa bisexualité en dehors de l'intimité de leur couple s'il n'y tenait pas, ça n'était pas Rory qui attendrait de lui une telle chose après l'avoir vu évoluer pas à pas vers cette acceptation qu'il savait encore fragile. Il ne devait rien à personne, un point c'est tout. « Ça changerait rien pour aucun de nos proches, je le sais, mais ça t'appartient de décider auprès de qui tu veux faire ton coming out. Et j'ai sûrement pas besoin de te le dire, parce que je sais que tu le sais, mais j'ai aucune intention de trahir les confessions que tu viens de me faire. » Il savait que Swann n'avait pas la moindre raison d'en douter, mais ça comptait pour lui qu'il puisse en être absolument certain. Qu'il sache que Rory mesurait mieux que quiconque la symbolique de cet aveu et tout le chemin qu'il représentait ; qu'il sache surtout qu'ils pourraient en discuter entre eux aussi souvent qu'il le voudrait mais qu'il n'en parlerait jamais en son nom et auprès de qui que ce soit, aussi fier soit-il de vanter ses exploits et ses mérites. Cette fois, il ne s'en octroyait simplement pas le droit, Swann étant le seul à pouvoir décider de s'en confier à quelqu'un d'autre le moment venu.

L’achat du blouson aux enchères est la première chose dont Swann voulait parler, notamment parce qu’il le porte sur ses épaules et que cela le rend particulièrement visible. Néanmoins, l’anglais avait aussi et surtout à cœur d’expliquer ses intentions derrière son geste et de souligner que si acquérir ce blouson par lui-même lui tenait à cœur, il n’y a rien dans ce don aux charités qui puisse être reproché à celui qui est aujourd’hui son mari. Le grand cœur de Rory est une des nombreuses raisons expliquant pourquoi Swann en est éperdument amoureux et jamais il n’aurait eu à cœur de lui dicter une nouvelle façon de faire, pas alors qu’il le trouve aussi attendrissant que parfait tel qu’il est naturellement. “Non, ne me rembourse pas. Tu te doutes que c’est hors de question.” Il répond néanmoins, pas vexé par la proposition de l’acteur mais ferme sur ses positions: Rory n’a pas à littéralement payer pour cette histoire, et plutôt que d’en faire un véritable débat, Swann préfère en rire. “On va juste revoir la lune de miel pour plutôt partir au bout du jardin, ok ?” Ils ne feront pas une telle chose, de toute évidence, tout comme Swann ne tient pas à dévoiler l’argent déboursé pour ce blouson. Cela n’a aucune importance et, surtout, cela ne les met pas dans une position difficile, comme tend à le faire comprendre le baiser amusé qu’il pose brièvement contre ses lèvres. Leur lune de miel les attend toujours, inchangée.

C’est avec un sérieux pleinement retrouvé que l’anglais aborde plutôt le sujet de ses rendez-vous chez le psychologue qu’il consulte depuis près d’un an maintenant, sans jamais manquer un seul de ces moments parfois difficiles et parfois bienvenus. L’idée n’est pas la sienne et il l’a subi bien plus qu’autre chose au début, pourtant prêt à tout pour rassurer son fiancé et surtout lui assurer que son état mental n’a pas vocation à s’empirer et à lui faire adopter des idées un peu trop noires. Maintenant, sans pour autant dire qu’il se rend au cabinet de gaieté de cœur, il peut au moins dire sans mal qu’il s’y rend de lui-même en sachant que c’est la meilleure chose à faire. Pour lui, mais aussi pour eux. Les avancées ont été nombreuses et significatives auprès de son psychologue, et sa venue jusqu’à la marche des fiertés en est une preuve. « On est là pour te créer de jolis souvenirs et faire que tu te souviennes toujours de ta première Pride. Et ça veut pas dire que t'as la moindre obligation de participer tous les ans, juste que tu pourras réitérer l'expérience si t'en as envie. » La main de l’anglais trouve sa place à la naissance de la nuque de Rory, traçant son bout de chemin le long de sa colonne qu’il caresse doucement, éternellement attendri par ses mots et son empathie. “On est là pour se créer des beaux souvenirs.” Il corrige dans un sourire, n’ayant pas à cœur de devenir le personnage principal d’une journée qui les met sur un éternel même pied d’égalité. Cette pride est sa première, oui, mais il n’y a aucune raison qu’elle se passe mal et qu’il soit veillé comme un enfant. “A quel âge tu y as été pour la première fois ?” Les zones d’ombres sur la vie de Rory sont rares mais celle-ci en est une, raison pour laquelle Swann se montre curieux. Les marches des fiertés étaient sans doute bien moins répandues à l’époque où Rory a fait son coming-out, il s’agit d’une expérience complètement différente mais qu’il garde à cœur l’envie d’entendre, de façon plus étendue si jamais son fiancé a envie de se confier sur ce souvenir.

Dans le coeur de Swann continuait pourtant de subsister un éléphant dans la pièce, duquel il finit par parler après avoir pris une large inspiration, avouant ainsi pour la première fois, à lui-même comme à une personne autre, qu’il est bisexuel. Face à la bienveillance de Rory autant que sa connaissance totale de sa personne et de son histoire, il sait que son aveu est en sécurité et que son cœur l’est tout autant. « Oh, Swann. » L’émotion se lit aisément dans le regard que son mari pose sur lui, et la pression redescend subitement du cœur de l’anglais qui laisse échapper un soupir etouffé et encore quelque peu nerveux. Avouer et accepter sa bisexualité ne change pas son quotidien, et pourtant il en a l’impression. « Je suis tellement heureux que tu me le dises. Je sais tout ce que ça représente et combien c'est un cap immense, et... Swann, je suis extrêmement fier de toi. Je le suis tellement, si tu savais. » Il enlace son mari, la main posée contre son dos se refermant rapidement en un poing emprisonnant un pan de son t-shirt. Il s’était juré de le lui dire pour mieux passer à autre chose ensuite, mais l’émotion est bien plus grande que ce que l’anglais avait anticipé. Rory n’est pas son psychologue, et lui faire un tel aveu ne peut pas être purement factuel et dénué de mélancolie. Les mots lui manquent et l’émotion prend le dessus alors qu’il sent ses yeux se gorger de larmes n’ayant pourtant rien de triste. Il évacue enfin une évidence vieille de trois décennies qu’il avait sauvagement tenue à garder scellée en son cœur et il le fait auprès de la personne en qui il a le plus confiance et dont le soutien est indéfectible. L’entendre dire qu’il rend Rory fier est sûrement l’annonce de trop pour lui qui peinait déjà à rester de marbre: ces mots le touchent bien plus que tout le reste encore. Il a essayé de rendre fiers proches et famille depuis toujours sans jamais avoir l’impression d’avoir réussi un seul instant mais Rory, lui, n’hésite pas à partager de tels mots dès l’instant où il les pense. Finalement, s’il reprend la parole, ce n’est que pour se justifier de maux dont personne ne l’accuse ; mais une fois de plus, il ne veut laisser aucune place au doute: il n’y a que Rory qui anime son coeur et le fait d’avouer sa bisexualité n’y change rien, absolument rien. « Je sais, oui, bien sûr. Je t'assure que j'ai pas la moindre inquiétude à ce sujet. » Le sourire de l’anglais est marqué par son émotion et quiconque observe le scène ne saurait dire s’il est heureux ou triste. Rory, lui, n’a sûrement aucun mal à se rendre compte que le bonheur émane toujours de sa personne, surtout depuis leur mariage. “C’est parce qu’ils ont pas d’aussi jolis blousons, les autres.” Il ajoute en reniflant, tentant une fois de plus l’humour pour ne pas que leur discussion s’enlise. De toute évidence, il faudrait bien plus qu’un joli blouson pour que l’anglais laisse son regard se poser sur un autre, que ce soit un homme ou une femme.

Néanmoins, et justement parce qu’ils se connaissent depuis presque une décennie maintenant, Rory sait à quel point le chemin a été long et difficile pour que Swann en arrive à accepter non seulement leur couple mais aussi lui-même, tel qu’il est, sans artifices ni mensonges. « Ne dis pas ça, non. Ça t'a simplement demandé du temps de trouver ce à quoi tu t'identifiais et de poser des mots dessus. Et je te promets qu'il est absolument jamais trop tard pour ça. » - “Je trouve ça injuste de m’identifier bisexuel maintenant alors que t’es le seul dans ma vie.” Il ne se flagelle pas pour autant, mais il pose les mots sur ce qu’il ressent et la façon dont il voit la situation. Il l’aime depuis sept ans et même si leur histoire de couple a été loin d’être un long fleuve tranquille, connaissant même une période de séparation, aucun autre homme n’a jamais intéressé Swann. Il y a eu Lucia, qu’il a aimé tendrement et à sa façon, mais elle n’était pas lui et l’intensité était différente. « Tu n'as jamais vraiment eu de modèles auxquels t'identifier lorsque tu étais plus jeune, et on sait tous les deux que tu craignais les jugements et la discrimination. Alors c'était pas l'évidence pour toi de te définir un jour comme bisexuel, même en étant en couple avec moi. » Rory pose des mots simples et justes sur la vie qui a longtemps été celle de Swann, vécue à moitié pour diverses raisons, celle d’être différent prenant le pas sur toutes les autres. Il hoche la tête avec lenteur, sans doute peiné d’avouer que Rory dresse un tableau complet de la situation, lequel n’a rien de joyeux. Il se jure que leurs enfants ne diront jamais de telles choses sur leur histoire et leur passé et il jure qu’ils pourront être qui ils veulent, grandissant avec tout l’amour et le soutien nécessaire pour s’épanouir pleinement. « Même en étant marié avec moi. » La précision le fait sourire à son tour, ses lèvres se redressant en miroir de celles de son mari. Ils ne sont plus seulement un couple, aujourd’hui, et il porte son nom pour le meilleur, tout le meilleur qui soit. Il sent les bras de son mari se replacer contre ses épaules et le serrer un peu plus encore, geste contre lequel il ne va pas, sa tête ayant pleinement sa place contre son épaule et leurs corps près l’un de l’autre. “Mais maintenant je veux que ce soit de l’histoire ancienne. On est ensemble et on ne cache plus rien à personne, et moi j’accepte l’idée de ne pas aimer uniquement les femmes et Rory Craine.” Il n’a pas honte de dire bisexuel et il n’a pas peur non plus, il dresse simplement le portrait de toute la situation sous un angle quelque peu différent. Peu importe son enfance, peu importe son adolescence. Peu importe sa réaction face au reste du monde hier encore: maintenant, tout est clair et à défaut que tout puisse aussi être simple, ils font leur part de chemin. « Tout ça, c'était aussi une étape du parcours que tu as entrepris pour arriver jusqu'à ce moment, et je t'aurais pas moins aimé même si tu t'étais jamais posé la moindre étiquette. Tu le sais, pas vrai ? » Son visage bouge légèrement pour que ses lèvres arrivent à déposer un baiser rassurant à la naissance de sa mâchoire. “Je sais mon amour.” Il l’a aimé à une époque où Swann était trop occupé à nier son attirance pour Rory et se refusait de le regarder avec les yeux brillants qui sont aujourd’hui éternellement les siens. Rory a dû surpasser la crainte que ses sentiments ne soient pas partagés au point où Swann niait toute attirance pour la gente masculine à l’époque ; après ça, il ne pourrait pas douter un seul instant que l’acteur aurait continué de l’aimer contre vents et marées, ce qu’il a effectivement fait pendant sept années. Aujourd’hui, la mer se calme enfin et leur offre un repos bien merité.

A leur tour, ce sont des baisers de Rory dont on retrouve la trace contre le cou et la nuque de l’anglais, sans que cela ne déplaise à ce dernier, lui qui a un instant fermé les yeux et oublié qu’ils se trouvent encore au cœur d’une foule compacte. « Est-ce que ça te rend heureux, d'avoir accepté cette part de toi ? Est-ce que tu te sens soulagé ? » Il rouvre les yeux un instant pour observer les siens, sans doute pris de court par une question qu’il ne juge pas mal placée ou mal venue pour autant. “Pas heureux, non. Je le suis déjà, je veux dire.” Avoir eu cette réalisation ne le rend pas davantage heureux, voilà ce qu’il dit maladroitement. “Mais je me sens soulagé. J’avais ça au fond de moi depuis toujours et ça me rongeait sans que je ne m’en rende compte.” Il voudrait faire un parallèle avec son métier et associer cet aveu à un nerfs coincé depuis tellement longtemps que le corps aurait cessé d’envoyer des signaux d’alerte et ce serait contenté de faire avec, bien que diminué et gêné par ce dernier. A ses yeux, il en est de même avec l’étiquette qu’il accepte enfin de poser sur sa sexualité et sur la vision qu’il porte au monde. Tout ce qu’il avait à cœur de dire à Rory se résume en quelques mots, son amour pour lui se retrouvant finalement soufflé contre sa peau. Il l’aime plus que tout, et s’il y a bien une seule chose à retenir de son aveu, ce n’est que ça. Il l’aime, et c’est tout ce qui lui importe. « Je t'aime moi aussi. Je t'aime plus que tout. » Il a douté de bien des choses au cours de sa vie, mais jamais de ça.

Leurs visages redressés et leurs yeux plongés les uns dans les autres, Rory redouble de douceur à son égard, les caresses qu’il apose contre son crâne lui faisant presque regretter qu’ils ne soient pas en train de s’assoupir dans leur maison après une longue journée. « Merci à toi pour ta confiance. Ça vaut plus que tout pour moi, tu sais. » - “Tu l’as toujours eue.” Il sait l’importance que ce sentiment a pour lui, tout comme il espère qu’en retour Rory sait qu’il n’est pas arrivé de nulle part et que s’il a toujours eu la confiance de Swann, ce n’est que parce qu’il a toujours su s’en montrer digne. Sans la moindre faille. « Et même si on prend part à la parade, rien ne t'oblige à assumer quoi que ce soit publiquement. C'est une chose de m'en avoir parlé à moi et c'en est une autre de mettre d'autres personnes dans la confidence, et je t'inciterai jamais à le faire si tu t'y sens pas prêt. » Son plan s’arrêtait au moment où en il parlait à Rory, à dire vrai. Il est le centre de son attention, sans surprise aucune. “Je pensais pas leur en parler. Je crois qu’au fond ça a toujours été clair pour tout le monde sauf pour moi.” Depuis le moment où il a avoué l’existence de son couple avec Rory, du moins. Personne ne lui a jamais frontalement demandé s’il était donc finalement bisexuel, ou même gay, et cela le pousse aujourd’hui à ne pas avoir la moindre envie de faire une annonce pour avouer le résultat de son rendez-vous chez le psychologue. Auprès de Rory, tout est différent et il a ressenti le besoin de prononcer ce mot une bonne fois pour toutes. Auprès de ses proches, pourtant, le sentiment est différent et ce n’est pas moins les estimer que de penser qu’il n’y a pas besoin de leur en parler. Ils savent. Tout le monde savait. « Ça changerait rien pour aucun de nos proches, je le sais, mais ça t'appartient de décider auprès de qui tu veux faire ton coming out. Et j'ai sûrement pas besoin de te le dire, parce que je sais que tu le sais, mais j'ai aucune intention de trahir les confessions que tu viens de me faire. » Evidemment, il n’a jamais émis la moindre crainte à ce sujet. Rory accueille ses confessions depuis des années sans jamais avoir trahi une seule d’entre elles, celle-ci n’aurait pas fait exception. “Je te trouve très courageux d’avoir osé toutes ces réflexions aussi jeune. Et d’avoir osé en parler.” Il prend une nouvelle bouffée d’air, laissant le plus difficile de cette discussion derrière eux pour enfin se préparer à entamer cette marche. Ses bras relâchent leur étreinte contre son torse, mais il garde toujours une main pour se nouer à la sienne. “Je l’ai toujours pensé, mais maintenant je me rends compte de ce que ça représente.” Rory a avoué sa sexualité il y a bien longtemps, au point où Swann savait très bien qu’il était bisexuel lorsqu’ils se sont rencontrés. A l’époque, seulement, cela ne semblait pas tenir la moindre importance pour l’anglais qui s’obstinait à voir en lui un ami de valeur. Il l’a été et l’est encore aujourd’hui, mais il n’y a pas que ça. “J’ai l’impression d’avoir rattrapé mon retard, maintenant. Je sais que tu vas me dire que c’était pas un retard mais me contredis pas, s’il te plaît.” Il a été le seul à le dernier à les accepter en tant que couple, le dernier à vouloir en parler, le dernier à vouloir faire face aux médias. Le dernier à vouloir l’épouser. Le premier à rompre, seulement. Il sait par avance que Rory rejettera l’idée d’un jugement de valeur négatif sur sa personne mais Swann n’en pense pas moins et, surtout, il pense pour une fois avoir raison et son mari tort: lui seul a porté leur couple sur ses épaules durant toutes ces années et ce n’est qu’aujourd’hui, enfin, après un mariage et l’adoption de leurs filles, que Swann rattrape péniblement son retard. “Ce que je veux dire, c’est que je suis serein pour l’avenir. Je sais qu’on peut faire face aux médias, on peut protéger Robin, on peut penser à agrandir notre famille… On peut faire tout ce que font les autres couples, et t’as même le droit d’être jaloux si je regarde de trop près un autre à la plage.” Il ajoute la dernière phrase dans un rire amusé, jugeant la situation peu probable d’arriver mais il en parle quand même: parce qu’ils peuvent être comme n’importe quel autre couple comprenant ses hauts et ses bas. Ils discutent de tout, tout le temps, mais cela ne les rend pas parfaits pour autant et les points de divergence existent. Mais cela fait partie de la vie normale à laquelle l’anglais continue d’aspirer à ses côtés. “Et on a toute notre place ici, parce que je suis tellement tellement fier d’être ton mari.” Cette marche des fiertés est sa première, oui, mais il sait déjà qu’elle ne sera pas la dernière, en témoignent ses doigts raffermissant doucement leur pression autour des siens.

(c) davidcorenswct & evanpeters

turned the mess into a romance.

@SWANN CRAINE & RORY

“On est là pour se créer des beaux souvenirs.” Swann avait parfaitement raison, cette sortie visait à ce qu'ils passent un moment unique et qu'ils n'oublieraient pas, tout dans leur présence ici étant forcément symbolique à compter du moment où Swann participait à sa toute première Pride. « Et je suis sûr que ça manquera pas. » Ils ne feraient rien de particulièrement exubérant et veilleraient à ce que Swann ne sorte pas trop brutalement de sa zone de confort, ainsi il y avait peu de risques que quoi que ce soit tourne mal. Rien n'importait davantage aux yeux de Rory que de veiller au bien-être de son mari, en toutes circonstances, et plus particulièrement lorsque l'anglais prenait part à un événement de cette ampleur ; un événement qu'il aurait fui il y a encore quelques années de ça. “A quel âge tu y as été pour la première fois ?” Ils n'avaient toujours qu'effleuré le sujet jusqu'ici, précisément parce que Rory savait qu'il ne le mettrait sans doute pas particulièrement à l'aise et que de toutes les choses qu'il lui avait toujours confié sans mal au sujet de ses plus jeunes années, il avait préféré miser sur d'autres souvenirs. « J'avais dix-neuf ans. J'étais encore à la fac, ou disons plutôt que j'alternais entre mon cursus et les cours de théâtre que je prenais à coté. J'avais déjà eu des histoires avec des filles et des garçons, et même si je criais pas ma bisexualité sur tous les toits je l'assumais auprès de mes amis. » Il avait eu beaucoup de chance en s'entourant d'amis bienveillants et compréhensifs. « Ma famille savait aussi, depuis la fin du lycée, mais c'était pas le premier sujet de conversation avec eux. Et généralement, mes parents utilisaient Wendy comme excuse pour que l'échange tourne court. » Sa sœur était trop jeune pour y comprendre quoi que ce soit, à l'époque, mais ses parents connaissaient sa curiosité exacerbée et ne tenaient pas à ce que ce genre de conversations deviennent la norme. « Un jour, mes amis ont entendu dire que la Pride se tenait en ville et j'ai accepté de les y accompagner. Ça restait un concept un peu abstrait alors je savais pas trop à quoi m'attendre, à mes yeux c'était une sortie comme les autres. Jusqu'à ce que je réalise ce que ça symbolisait réellement pour moi. » Il s'en était rendu compte lorsqu'il s'était retrouvé au beau milieu de cette foule d'inconnus pour qui ça n'avait subitement aucune importance, qu'il puisse aimer les hommes tout autant que les femmes ; qu'il puisse même à ce moment-là être amoureux d'un homme qui le faisait inévitablement souffrir en jouant avec ses sentiments. Cette partie-là, Swann la connaissait parce qu'il ne lui avait jamais rien caché de ses précédentes histoires, ni de ce qui avait longtemps fait de lui un sentimental désillusionné. Jusqu'à leur rencontre, et le moment bien précis où il avait su au plus profond de lui-même qu'il était l'amour de sa vie, aussi simplement que si un ange était apparu pour le lui souffler à l'oreille. « Ça peut sembler idiot, mais en étant le seul bisexuel de mon groupe d'amis le fait de voir deux garçons s'embrasser devant moi a été comme un électrochoc. J'ai éprouvé un sentiment d'appartenance que j'avais jamais vraiment ressenti. Ça m'a fait beaucoup de bien et ça m'a rendu deux fois plus fier de celui que j'étais. » Et ça lui avait permis d'en parler encore plus librement autour de lui, y compris auprès de sa fratrie qui lui avait toujours montré un soutien indéfectible et grâce auquel il s'était là aussi assumé de mieux en mieux.

L'aveu qui s'échappa bientôt des lèvres de Swann répandit une émotion inévitable dans la petite bulle où le couple profitait sereinement des festivités. Si reconnaître sa bisexualité pouvait avoir l'air d'un détail à ce stade de leur relation et maintenant qu'une alliance trônait à leurs doigts, il en était bien autrement aux yeux de Rory et alors que l'acteur savait tout de ce que ça symbolisait exactement pour Swann. Des doutes et des craintes par lesquelles il était passé, du besoin qu'il avait longtemps éprouvé de se fondre dans la masse et de ne surtout pas déroger à cette idée de normalité que la société pouvait encore souvent imposer. Il savait tout le chemin que ça lui avait demandé de pouvoir seulement prononcer ces quelques mots, et que tout ne s'était pas fait en une seule séance chez son thérapeute. C'était le fruit de nombreux efforts et de nombreux démons combattus ; autant de raisons qui le rendait profondément fier de lui. “C’est parce qu’ils ont pas d’aussi jolis blousons, les autres.” L'émotion de l'instant n'empêcha pas une certaine légèreté de reprendre ses droits, aidant certainement à rendre le tout un peu moins solennel et un peu plus confortable pour Swann. Malgré tout, leurs sourires parlaient mieux que n'importe quoi d'autre pour symboliser combien ce moment à lui seul était profondément précieux et combien leur couple, à nouveau, était en parfaite symbiose. Bien sûr que Rory le soutenait du plus profond de son cœur, conscient d'à quel point il aurait été impensable que Swann reconnaisse officiellement son attirance pour les deux sexes quelques années en arrière, y compris à l'époque où ils étaient tombés amoureux. Parce qu'il n'avait jamais eu besoin qu'il le dise pour savoir que ce qu'ils vivaient était vrai, que c'était plus beau que tout et que rien d'autre n'avait besoin d'importer. “Je trouve ça injuste de m’identifier bisexuel maintenant alors que t’es le seul dans ma vie.” Ça ne l'empêchait pas de comprendre ce qu'il voulait dire et pourquoi une part de lui ne pouvait s'empêcher de se sentir coupable, même quand il n'avait précisément rien fait de mal, et bien au contraire. « C'est pas comme ça que je le ressens, mon cœur, je t'assure. » Il comprenait, oui, mais il avait surtout besoin que Swann entende que ça ne le blessait pas, non, bien sûr que non. « J'ai jamais eu besoin que tu poses des mots sur ta sexualité pour me sentir profondément aimé par toi, Swann. J'ai jamais eu besoin que ce soit officiel pour savoir que tu voulais autant que moi écrire ce futur à deux, et ça a toujours été le plus important à mes yeux. » Il avait eu besoin de temps pour assumer cette partie de lui, c'est vrai, mais Rory n'en avait jamais douté de la force de son amour ou de la sincérité de ses sentiments. Tout comme il ne l'avait jamais trouvé moins courageux pour autant. Swann avait aussi d'autres démons, d'autres traumatismes à exorciser et qui à leur manière ne lui avaient pas non plus simplifié les choses. Il revenait de loin, et c'était aussi sa façon de le lui rappeler. « Ça n'a rien d'injuste, vraiment rien. » Les mots qu'il prononçait aujourd'hui symbolisaient énormément de choses, mais ceux qu'il avait prononcé devant l'autel au moment de l'épouser aussi. A ce moment-là, il ne lui avait pas encore confié se considérer comme bisexuel, et ça ne faisait pas la moindre différence. Ni dans sa manière de l'aimer, ni dans son envie de devenir son mari. “Mais maintenant je veux que ce soit de l’histoire ancienne. On est ensemble et on ne cache plus rien à personne, et moi j’accepte l’idée de ne pas aimer uniquement les femmes et Rory Craine.” Ses lèvres s'étirèrent un peu plus, sans qu'il ne puisse décidément empêcher un profond sentiment de fierté d'illuminer les traits de son visage. « En parlant de ce Rory Craine, justement... » Un petit sourire au coin des lèvres, le ton un peu plus malicieux, il reprit. « Il est extrêmement heureux de t'avoir vu parcourir tout ce chemin et apprendre à t'accepter de mieux en mieux. » Il l'avait rencontré avec son lot de bagages, avait toujours su que Swann devait faire la paix avec certaines parties de lui et ça ne l'avait jamais effrayé, jamais dissuadé de vouloir être là pour lui et à chaque instant. Aujourd'hui, l'homme qu'il aimait avait enfin le cœur plus léger et son bonheur ne semblait plus être un état temporaire mais bel et bien une constante ; pour sa plus grande joie. “Je sais mon amour.” Et leurs étreintes tout autant que leurs baisers se teintaient d'un parfum de délivrance, alors que la vie ne leur avait jamais paru plus douce, et encore un peu plus à la lumière de cet échange. Le regard fier de l'australien ne cessait plus de briller tandis que ses lèvres ne restaient jamais bien loin de la peau de Swann.

“Pas heureux, non. Je le suis déjà, je veux dire.” Son sourire s'étira à cette seule pensée, preuve qu'il n'avait lui-même besoin de rien d'autre pour l'être pleinement. Swann venait de franchir un cap important et ça semblait pleinement lui réussir, là où tout ça aurait été source de nombreuses appréhensions quelques années plus tôt. C'était la preuve de tout le chemin qu'il avait parcouru et qui se dressait derrière lui. “Mais je me sens soulagé. J’avais ça au fond de moi depuis toujours et ça me rongeait sans que je ne m’en rende compte.” - « Je suis tellement heureux de te l'entendre dire. » Qu'il avait l'impression d'avoir libéré quelque chose qui dormait en lui depuis longtemps, et pas qu'on lui avait arraché cette confession dans un contexte qu'il n'avait pas choisi. C'était tout le contraire, Rory le savait, la présence de ce thérapeute dans la vie de Swann ayant fait bien des miracles depuis quelques mois. Celui-ci était certainement le plus précieux de tous, alors qu'il lui permettait enfin d'accepter une part de lui-même sur laquelle Swann avait longtemps préféré ne pas s'attarder. Et bien qu'il en ait toujours eu le droit aux yeux de Rory, qui ne lui aurait jamais demandé de faire son coming out s'il ne s'y était pas senti près, ça comptait profondément à ses yeux que Swann puisse être heureux avec celui qu'il était aujourd'hui. Sans plus éprouver ni honte ni crainte. Sans plus que ça ne pèse sur son cœur.

“Tu l’as toujours eue.” Et c'est bien là ce qui comptait le plus aux yeux de l'acteur, qui réalisait une fois de plus que la confiance qu'il plaçait en Swann était partagée ; un détail qu'il chérissait par dessus tout. Une confiance qui ne lui donnerait pas pour autant le droit de parler à quiconque de ce que son mari lui avait avoué, quand bien même il n'avait aucune raison d'en avoir honte. “Je pensais pas leur en parler. Je crois qu’au fond ça a toujours été clair pour tout le monde sauf pour moi.” Secouant doucement la tête, ses doigts toujours entrelacés aux siens, l'australien souffla. « Je pense que ça a jamais eu grande importance à leurs yeux, que ton bonheur était la seule certitude dont ils avaient besoin. Et j'ose croire que s'ils ont été aussi nombreux à venir à notre mariage, c'est qu'ils pensent que je m'y prends pas trop mal pour te rendre heureux, justement. » Oh, si leurs proches avaient du nourrir des doutes à ce sujet, il osait penser qu'il les avait balayé depuis longtemps et les avait tous rassuré sur son envie profonde de faire de Swann un homme aussi comblé qu'il méritait de l'être. “Je te trouve très courageux d’avoir osé toutes ces réflexions aussi jeune. Et d’avoir osé en parler. Je l’ai toujours pensé, mais maintenant je me rends compte de ce que ça représente.” Et ça le touchait profondément qu'il le verbalise de cette façon, quand bien même il n'en avait effectivement jamais douté. « J'ai eu de nombreux soutiens. Auprès de ma fratrie, de mes amis et même de Donna, qui aurait pu me conseiller d'en faire un tabou mais qui l'a pas fait. » Lorsque sa carrière débutait à peine et que sa bisexualité aurait pu l'enfermer dans une case, son agente n'avait jamais attendu de lui qu'il en fasse un secret. « J'ai pas eu à expérimenter ce que certains peuvent vivre dans la même situation, et je sais que ça fait de moi quelqu'un de très chanceux. Et c'est pour ça que ça a tant de sens pour moi, de venir ici, pour soutenir cette cause et ceux qui n'ont pas la même chance et qui se sentent incompris. » Il savait que Swann comprendrait mieux que n'importe qui, pour avoir longtemps vécu avec cette crainte du regard des autres, cette crainte qui l'avait conditionné à vouloir rentrer dans le moule par tous les moyens pour ne pas se sentir exclu. “J’ai l’impression d’avoir rattrapé mon retard, maintenant. Je sais que tu vas me dire que c’était pas un retard mais me contredis pas, s’il te plaît.” Un sourire au bord des lèvres, Rory n'ajoute pas un mot, ne comprenant que trop bien où son mari voulait en venir. “Ce que je veux dire, c’est que je suis serein pour l’avenir. Je sais qu’on peut faire face aux médias, on peut protéger Robin, on peut penser à agrandir notre famille… On peut faire tout ce que font les autres couples, et t’as même le droit d’être jaloux si je regarde de trop près un autre à la plage.” Un petit rire filtra d'entre les lèvres de l'acteur qui secoua finalement la tête d'un air profondément attendri, si fier de voir que toutes les questions qui se posaient il y a encore quelques années ne les empêchaient plus aujourd'hui de vivre une vie de couple – et de famille – heureuse et épanouie. « Je suis serein, moi aussi. Je l'ai jamais autant été, à vrai dire, et ça tient pour beaucoup au fait que je suis aujourd'hui certain que l'homme que j'aime est bien dans sa peau. » Que Swann ne luttait plus contre ses démons, ou que s'il lui arrivait encore d'y être confronté il pouvait recevoir toute l'aide dont il avait besoin. Qu'il avait fait la paix avec certaines parties de lui au point de pouvoir aujourd'hui se tenir aux abords de cette parade, dans un geste si riche de sens. « Je dis pas que j'ai forcément hâte pour la partie où tu admires un autre homme à la plage, mais... » Son sourire à lui seul prouvait qu'en vérité, la question ne l'inquiétait pas réellement, qu'il choisissait au contraire de répondre par l'humour et la légèreté. « Ce sera parfait. Ça l'est même déjà. Et même s'il y aura toujours des choses qu'on pourra pas prévoir et des obstacles qu'on pourra pas éviter, on est une famille. Et ce sera toujours beaucoup, beaucoup plus fort que tout le reste. » Il était son mari, le père de sa famille, et son pilier de chaque instant. Quoi qu'il puisse advenir, ça ne changerait jamais. “Et on a toute notre place ici, parce que je suis tellement tellement fier d’être ton mari.” C'est son cœur qui cette fois fit un véritable bond dans sa poitrine, ces mots-là symbolisant le plus grand des honneurs à ses yeux. Son émotion était palpable mais, une fois n'est pas coutume, Rory s'efforça de la contenir encore un peu. « Et moi la seule raison pour laquelle je résiste à l'envie de grimper sur un char, d'attraper un micro et de faire en sorte que personne ici ne puisse douter d'à quel point je t'aime, c'est que ça risquerait de faire un peu trop d'émotions pour aujourd'hui. » Son regard brillait de malice tandis que la façon dont son regard raccrocha le sien visait à le rassurer : non, jamais une telle idée n'aurait pu lui passer par la tête même s'il n'avait pas pu se cacher derrière cette excuse. Il le lui avait dit, le fait qu'il s'assume ne signifiait pas qu'il devait assumer quoi que ce soit auprès des autres ; encore moins auprès d'inconnus dont il pourrait encore redouter le regard. « On a toute notre place ici, tu as raison. Et ça ferait une très jolie histoire à raconter un jour à nos petits-enfants, si tu veux mon avis. A ranger dans la catégorie de celles dont on est les plus fiers, évidemment. » Parmi une infinité d'autres qu'ils auraient à cœur de leur partager le moment venu, un peu trop tentés de déjà s'imaginer profiter de leurs vieux jours entourés d'une grande et heureuse famille, tel qu'ils en avaient toujours rêvé.

Cela lui semble étrange que de l’interroger sur une part aussi importante de la vie de son mari, comme s’ils en étaient encore au point où ils apprennent à se connaître l’un l’autre. Il n’y a plus de ça depuis longtemps, pas alors qu’il connaît Rory bien mieux qu’il se connaît lui-même, et pourtant c’est en cet instant précis qu’il se rend compte que des zones d’ombres subsistent parce qu’ils ne se sont sûrement jamais jugés prêts à en parler. La sexualité de Swann était un sujet tabou, faisant par extension celle de Rory une zone d’ombre dont ils ont tous deux préféré ne jamais trop parler. Aujourd’hui, il n’y a plus rien à craindre et c’est avec un sourire profondément touché qu’il l’écoute poser des mots sur ses souvenirs d’adolescent. “C’est pas idiot, Rory.” Il souffle doucement et le coupe dans son récit uniquement pour chasser cette idée de son esprit. Ce n’est pas idiot qu’il n’ait pas compris l’importance de la Pride avant de s’y rendre, ni même qu’il se soit pleinement senti lui-même qu’après avoir expérimenté une telle journée. Ce n’est pas idiot du tout, et bien loin de là. Son sentiment d’appartenance, un terme si fort et si difficile à trouver, ne pourra jamais être qualifié d’idiot, surtout pas alors que Swann pose à son tour un sourire plus fier que jamais sur le profil de son compagnon. Même après toutes ces années, Rory parle de cette journée avec émotion, et son mari le rassure en caressant doucement son dos: aujourd’hui plus que jamais, Rory sait qui il est et accepte pleinement d’aimer la gente masculine sans pour autant se cantonner à cette dernière. “Je suis contente que tout se soit bien passé pour toi, à l’époque.” Sa propre acceptation, celle des autres. Sa famille, son groupe d’amis. Il était bien dans ses bottes et il était bien entouré, ce qui lui a permis d’accepter sa sexualité sans trop de mal, et de ça Swann est parfaitement heureux et soulagé. Rory n’en méritait pas moins, évidemment.

Du côté de Swann, les efforts ont été nombreux et immenses depuis que l’homme qu’il aime est entré dans sa vie mais ce serait un mensonge que de croire qu’il ne lui en reste pas encore davantage à fournir. Le plus dur est derrière eux, il en est persuadé, mais d’autres obstacles subsistent. « C'est pas comme ça que je le ressens, mon cœur, je t'assure. » Il se doute, oui, mais il a du mal à calquer ses propres émotions sur cette idée. Il a l’impression que leurs sentiments ne sont pas parfaitement balancés ou, du moins, qu’il ne se fait pas sentir Rory aussi aimé qu’il le fait sentir en retour. Et pourtant, il jure l’aimer plus que tout au monde, sans exception, sans retenue. Il peine simplement à le lui faire comprendre, parfois, son propre processus d’acceptation prenant beaucoup de place et de temps. « J'ai jamais eu besoin que tu poses des mots sur ta sexualité pour me sentir profondément aimé par toi, Swann. J'ai jamais eu besoin que ce soit officiel pour savoir que tu voulais autant que moi écrire ce futur à deux, et ça a toujours été le plus important à mes yeux. » Lentement, il en oublie le monde extérieur et repose le bout de ses empreintes contre les hanches de Rory, resserrant doucement mais sûrement son étreinte contre ces dernières, son regard posé sur l’opération comme s’il risquait d’échouer à l’exercice. “J’ai jamais eu besoin de comprendre ma sexualité pour savoir que je t’aimais. Plus que tout.” Il pose des mots aujourd’hui parce qu’il en ressent le besoin, mais cela ne l’a pas empêché d’aimer Rory de plus profond de son cœur pendant presque une décennie. S’il a besoin de temps pour accepter les changements, il n’en est rien lorsque l’amour frappe à sa porte - et se montre assez têtu pour refuser d’en partir. « Ça n'a rien d'injuste, vraiment rien. » Il repose ses yeux dans les siens et hoche doucement la tête, voulant plus que tout croire à ce mensonge. Mais lorsque Rory lui répète qu’il est fier de lui, c’est contre lui qu’il se blottit un peu plus, plus que jamais certain que cela n’a rien d’un mensonge.

A deux, ils prévoient de quoi seront faits les lendemains et c’est ainsi qu’ils prévoient, à deux, de ne pas faire la moindre annonce de coming out pour Swann auprès de ses proches. Ils savent désormais tous que son histoire avec Rory est vieille de plusieurs années, si bien que personne ne lui a demandé s’il était bel et bien hétérosexuel: de toute évidence, la réponse était négative. Et tout le monde l’a accepté bien avant que ce ne soit le cas de l’anglais lui-même, pourtant premier concerné par la question. « Je pense que ça a jamais eu grande importance à leurs yeux, que ton bonheur était la seule certitude dont ils avaient besoin. Et j'ose croire que s'ils ont été aussi nombreux à venir à notre mariage, c'est qu'ils pensent que je m'y prends pas trop mal pour te rendre heureux, justement. » Il sourit plus sereinement, désormais. “Tu sais pas le nombre de fois où on m’a répété que j’étais chanceux.” Il annonce avec le même sourire, ses doigts jouant désormais avec soin près des cheveux de Rory. On le lui a répété ces mêmes mots encore et encore sans que jamais Swann ne s’en lasse, toujours aussi heureux de répondre qu’au contraire, il connaît sa chance. “Enfin, Elle Australia l’avait dit avant tout le monde quand ils ont anticipé la tristesse du reste du pays en te sachant en couple.” Il ajoute avec une pincée d’humour, relatant un article qui, à l’époque, ne l’avait pas autant fait rire. Aujourd’hui, il arrive à prendre du recul, notamment parce qu’il sait que les articles au sujet de Rory, et de lui aussi certaines fois, font partie de leur quotidien.

« Je suis serein, moi aussi. Je l'ai jamais autant été, à vrai dire, et ça tient pour beaucoup au fait que je suis aujourd'hui certain que l'homme que j'aime est bien dans sa peau. » Avec plus de vitalité cette fois, Swann hoche la tête. Certains démons subsistent sans qu’il ne sache comment ni pourquoi, mais il ne s’est jamais senti aussi complet et lui-même depuis bien longtemps, si ce n’est toujours. Sa vie personnelle est tout ce dont il a toujours rêvé: il a marié la personne qu’il aime, ils élèvent ensemble leur parfaite petite fille. Ils vivent dans une maison où ils se sentent bien et où leur chien peut faire ses crocs sur le canapé. Il observe chaque jour les avancées du projet de cabinet, plus que jamais envieux de retourner faire un travail qu’il aime tant. La vie ici lui plaît plus que jamais, quand bien même il a perdu ses piliers initiaux. Tout va mieux, maintenant, et c’est grâce à Rory et à tout le calme autant que l’amour qu’il lui apporte. “Et je le suis grâce à toi, tu sais.” Il le lui a déjà dit mais il ne se lassera jamais de le lui répéter. Tout ceci est dû à Rory. Grâce à lui et à tout ce que l’avenir leur réserve de plus délicat. « Je dis pas que j'ai forcément hâte pour la partie où tu admires un autre homme à la plage, mais... » Rory sourit et Swann en rigole déjà, avant même d’entendre la fin de son annonce. « Ce sera parfait. Ça l'est même déjà. Et même s'il y aura toujours des choses qu'on pourra pas prévoir et des obstacles qu'on pourra pas éviter, on est une famille. Et ce sera toujours beaucoup, beaucoup plus fort que tout le reste. » Il l’embrasse délicatement, chassant toute idée que Swann puisse un jour observer quelqu’un avec le même regard qu’il tend bien souvent à son mari. L’idée d’aller voir ailleurs n’a jamais été une crainte pour lui tant il est assuré de la force autant que de la réciprocité de leur amour. “On avait pas prévu d’aller à la plage ce week-end, en plus ?” Il s’en amuse, sa phrase pourtant ponctuée d’un autre baiser, un peu plus enfantin cette fois. “Je me fais pas d’illusions, je sais pas trop faire ça en ce qui me concerne. Mais je me fais pas de souci non plus.” Alors qu’il sait parfaitement le faire, au contraire. L’avenir a tout pour leur réussir, et ils s’assureront de ne pas dévier de la trajectoire initiale. Pour eux, pour Robin.

« Et moi la seule raison pour laquelle je résiste à l'envie de grimper sur un char, d'attraper un micro et de faire en sorte que personne ici ne puisse douter d'à quel point je t'aime, c'est que ça risquerait de faire un peu trop d'émotions pour aujourd'hui. » Et aussi parce qu’il sait que Swann le détesterait sans doute pour oser faire ça, quand bien même il l’aime tout autant en retour. Cela n’empêche pas ce dernier d’en rire, déjà assuré que la scène ne risque pas de devenir réalité. “Tu pourras toujours me le dire à la maison ce soir, j’accepte mon sort.” Il propose, il s’arrange, il mime de trouver un arrangement dans lequel ils seront tous les deux heureux, déjà prêt à mimer que le sommet des escaliers est un char de la Pride. Peu importe. Une fois chez eux, ils pourront bien faire ce qu’ils veulent - tant que cela ne réveille pas Robin, vie de parents oblige. « On a toute notre place ici, tu as raison. Et ça ferait une très jolie histoire à raconter un jour à nos petits-enfants, si tu veux mon avis. A ranger dans la catégorie de celles dont on est les plus fiers, évidemment. » Evidemment. Ils ont le temps de vieillir ensemble et de collecter bon nombre de ce genre d’histoire, cela n’a rien d’un facteur inconnu pour les deux hommes qui nourrissent la certitude de vieillir et de mourir ensemble ; dans longtemps, bien longtemps. “Si on veut raconter une histoire, il faut au moins qu’on commence à avancer.” Il ajoute dans un rire, le cortège ayant déjà avancé de plusieurs mètres alors qu’ils continuent de refaire le monde, comme toujours. Le sourire de l’anglais prend la forme d’un ultime baiser qu’il dépose contre le cou de son mari avant d’enrouler ses doigts autour des siens. “Je t’aime, Rory Craine.” Il l’annonce une fois de plus, laissant doucement retomber sa tête contre son épaule alors qu’ils alignent leur marche sur les personnes devant eux.

(c) davidcorenswct & evanpeters

turned the mess into a romance.

@SWANN CRAINE & RORY

“C’est pas idiot, Rory.” Son sourire s'étira avec douceur et laissa entrevoir toute l'émotion que ces quelques mots suffisaient à susciter chez lui, peu de choses étant plus précieuses aux yeux de l'acteur que d'entendre l'homme qu'il aimait accorder cette légitimité à son parcours, celui qui avait fait de lui l'homme heureux et épanoui qu'il était aujourd'hui. Des années en arrière, il ne lui était pas toujours aussi facile et naturel de mentionner sa bisexualité qu'aujourd'hui, non pas parce qu'il ne l'assumait pas mais parce qu'une partie de ses proches – ses parents, principalement – ne lui avait jamais fait sentir qu'il pouvait venir les trouver et mettre le sujet sur la table dès qu'il en avait besoin. Ils n'avaient jamais clairement rejeté cette part de lui, ils ne lui avaient simplement fait que peu de place pour en parler aussi ouvertement qu'il l'aurait bien souvent voulu, là où c'était si important pour lui de se sentir accepté par sa propre famille. De savoir que ça ne changeait rien à leurs yeux, que ça changeait encore moins le regard qu'ils posaient sur lui et l'envie qu'ils pouvaient nourrir de le voir heureux un jour auprès de la personne qui ferait battre son cœur. Avoir toujours été confronté à l'ambivalence de leurs réactions lui avait parfois fait regretter qu'ils ne se montrent pas plus catégoriques dans leur façon de réagir à tout ça. Il avait manqué de soutien, manqué d'écoute, jusqu'à se sentir un jour suffisamment à l'aise pour en parler de plus en plus naturellement autour de lui. Et sa première Pride, oui, avait bel et bien tout changé à la façon dont il s'était toujours senti compris et accepté, parce que subitement il lui avait été possible de s'identifier à des milliers de personnes, qui semblaient toutes tellement heureuses de pouvoir assumer qui elles étaient. “Je suis content que tout se soit bien passé pour toi, à l’époque.” « Et moi je suis content de pouvoir te dire tout ça. Je crois que le moment aurait pas pu être mieux choisi. » Il souffla tendrement, parce que c'était aujourd'hui le grand saut pour Swann et qu'il espérait du fond du cœur que cette marche des fiertés l'aiderait à trouver lui aussi ce sentiment d'appartenance qui pouvait véritablement tout changer. Son mari avait fait le plus difficile en posant des mots sur sa sexualité et à présent, il pouvait décider de faire le reste du chemin pas à pas, sans pression. « Je sais qu'on a jamais eu besoin d'en parler dans le détail, mais... le fait d'avoir connu d'autres personnes avant toi, des femmes et parfois des hommes, et même d'être parfois tombé amoureux... » C'était arrivé dans sa jeunesse, à différents degrés et sans jamais qu'il ne se soit pour autant imaginé finir sa vie auprès de l'un ou l'autre de ses partenaires de l'époque. Il avait simplement toujours été un sentimental dans l'âme, Rory. « Tout ça, ça change rien au fait que c'est en te rencontrant toi que j'ai su qu'on pouvait aimer quelqu'un à ce point. » Il savait déjà que Swann lui dirait qu'il n'avait pas besoin de le réaffirmer, qu'il n'en avait jamais douté parce que c'était l'évidence même pour tous les deux. Mais une part de lui avait besoin de le formuler clairement, de lui dire qu'il y avait eu un avant et un après leur rencontre. « Je chérirai toujours les histoires que j'ai vécu, et je sais que c'est aussi ton cas. Mais je veux que tu sois sûr qu'à l'instant où j'ai su que tu étais l'amour de ma vie, j'ai compris que rien n'aurait jamais pu se comparer à ce que je vis aujourd'hui avec toi. » Peu importe la tendresse et l'affection qu'il avait pu avoir à l'égard de Jessian ou bien de Freddy, peu importe que certaines de ces histoires l'aient parfois fait souffrir, il était profondément sûr d'une chose depuis le soir où il était tombé irrémédiablement amoureux de ce jeune homme aux airs angéliques, tout juste débarqué d'Angleterre : il était l'amour de sa vie, et la place n'aurait pu revenir à personne d'autre que lui.

L'autre chose qu'il tenait profondément à lui assurer, c'est que le fait de s'assumer au bout de sept ans de relation ne changeait strictement rien à la sincérité de celle-ci, et encore moins à la certitude que l'acteur avait toujours nourri que les sentiments de Swann étaient tout aussi forts et inéluctables que les siens. Il n'avait jamais eu besoin de l'entendre poser des mots sur sa sexualité pour savoir qu'ils étaient bien incapables de vivre l'un sans l'autre, tout comme le passé le leur avait justement prouvé. Il n'avait jamais eu besoin qu'il règle ces questionnements avec lui-même pour savoir qu'il ne voulait faire sa vie auprès de personne d'autre que lui, parce que ça ne faisait alors pas la moindre différence à ses yeux. “J’ai jamais eu besoin de comprendre ma sexualité pour savoir que je t’aimais. Plus que tout.” Rory avait beau n'en avoir jamais douté, l'entendre de sa bouche représentait tout pour lui. Ainsi son regard s'éclaira avec émotion, cette fois, tandis qu'il souffla. « Je pensais pas bouleverser autant de choses dans ta vie, lorsqu'on s'est rencontrés. Mais je suis pas mécontent que ça se soit passé comme ça, tu t'en doutes. » Tout ce qu'il disait, alors qu'un petit sourire fendait le coin de ses lèvres, c'est qu'il était heureux que les choses se soient passées ainsi et pas autrement. Heureux de l'avoir rencontré et d'être tombé amoureux de lui, quand bien même il avait toujours été conscient d'à quel point le fait d'aimer un homme avait bouleversé toutes les certitudes que Swann avait toujours eu au sujet de lui-même et à quel point ça avait pu être douloureux, parfois, de sortir de cette case à laquelle il se sentait appartenir avant son arrivée. Il ne lui referait revivre toutes ces épreuves pour rien au monde, et pourtant il n'aurait pas voulu que les choses se passent différemment et alors qu'aujourd'hui, c'est son nom que l'anglais portait et leur fille que le couple retrouverait d'ici quelques heures, plus heureux qu'ils ne l'avaient jamais été. “Tu sais pas le nombre de fois où on m’a répété que j’étais chanceux.” - « Tu crois peut être que mes proches ont d'autres mots à la bouche en ce qui te concerne ? » Il demanda avec amusement, à peu près certain que Wendy à elle seule devait avoir battu tous les records imaginables sur la question : il n'était pas d'hier que Swann était le beau-frère idéal à ses yeux, elle était donc la plus heureuse d'avoir été aux premières loges du plus beau jour de leur vie. “Enfin, Elle Australia l’avait dit avant tout le monde quand ils ont anticipé la tristesse du reste du pays en te sachant en couple.” Ils parvenaient aujourd'hui à s'en amuser, parce qu'il le fallait bien et que cet épisode était heureusement derrière eux, là où Rory ne risquait pas d'oublier que le chemin de l'acceptation avait été particulièrement long pour Swann, plus encore en étant en couple avec un acteur reconnu. Il éprouverait toujours une part de culpabilité à ce sujet, bien qu'il choisisse aujourd'hui de garder la conversation la plus légère possible. « Est-ce qu'on peut aujourd'hui reconnaître que cet article était tourné d'une manière bien trop dramatique ? » Comme beaucoup de ceux qui s'étaient souvent intéressés à sa vie amoureuse, lesquels n'étaient pourtant qu'une partie de plaisir comparés à ceux qui l'épinglaient comme une brute épaisse il y a trois ans de ça. Tout bien réfléchi, Rory préférait lorsque la presse s'intéressait exclusivement à son travail – une chance que le succès confirmé de son dernier film aide justement à les occuper – lui qui considérait que son mari et lui avaient gagné le droit de souffler un peu.

“Et je le suis grâce à toi, tu sais.” Il le savait, oui, sans que ce ne soit aucunement de la prétention de sa part. Simplement il savait depuis le temps que Swann et lui n'auraient jamais eu la moindre chance d'être aussi heureux en étant séparés qu'ils l'étaient depuis qu'ils s'étaient laissés une seconde chance. Et si son mari avait parfois connu son lot de rechutes et lui avait fait quelques frayeurs, il savait aujourd'hui que le pire était derrière eux. Que l'anglais avait fait la paix avec plusieurs parties de sa vie qui autrefois lui causaient une profonde souffrance et qu'il était entre les meilleurs mains lorsqu'il avait besoin de livrer ce qu'il avait sur le cœur, lorsque lui ne pouvait pas toujours faire autant qu'il voudrait pour l'aider. Swann allait mieux, Swann apprenait à aimer la personne qu'il était autant qu'il le méritait, et c'était tout ce dont Rory avait besoin pour être pleinement serein en retour. Entendre aujourd'hui qu'il avait contribué à ce que l'homme qu'il aimait se sente mieux dans sa peau valait simplement plus que tout, comme en témoignait son visage immensément ému et ses lèvres tremblantes. S'il ne lui sembla pas nécessaire d'ajouter quoi que ce soit pour que Swann comprenne ce que ça représentait pour lui, c'est sa main qu'il déposa doucement contre sa joue et son pouce qui s'échoua dans une caresse sur sa peau. “On avait pas prévu d’aller à la plage ce week-end, en plus ?” Il voyait l'éclair d'amusement que cette idée provoquait chez Swann, bien conscient qu'il le taquinait parce que le sujet s'y prêtait sans mal. « La plage se résume à peu de choses près à notre jardin, alors... oui, je crois que c'était au programme. » Il souffla doucement, ses lèvres retroussées avec malice. “Je me fais pas d’illusions, je sais pas trop faire ça en ce qui me concerne. Mais je me fais pas de souci non plus.” Finalement, son front délicatement reposé tout contre le sien, il souffla tout bas. « Je serai toujours là pour te rappeler de pas t'en faire. » Et qu'ils affronteraient tout ensemble, toujours.

Bien sûr qu'il ne comptait pas réellement grimper sur le char le plus proche pour lui crier son amour, quand bien même il mourrait effectivement d'envie de lui rappeler qu'il faisait de lui l'homme le plus fier et le plus heureux qui soit. Ce n'était simplement pas une chose qu'il avait à cœur de partager avec quiconque, moins encore une foule d'inconnus et alors que l'idée ne mettrait jamais son mari à l'aise, peu importe qu'il assume aujourd'hui sa sexualité. Il le connaissait simplement bien trop pour savoir que ça, en revanche, ça ne changerait jamais. Qu'il était pudique et bien trop désireux de protéger leur intimité, même lors d'une journée comme celle-ci. “Tu pourras toujours me le dire à la maison ce soir, j’accepte mon sort.” - « Maintenant que tu le dis, je crois que je préfère que tu sois le seul à l'entendre. » C'était définitivement le meilleur des scénarios et tant que ses grandes déclarations ne troublaient pas le sommeil de leur fille, il était probable que Robin soit d'accord avec l'idée elle aussi ; elle à qui le couple avait particulièrement hâte de raconter un jour le symbolisme de cette journée et un millier d'autres tout aussi importantes à l'échelle de leur histoire et de leur famille. “Si on veut raconter une histoire, il faut au moins qu’on commence à avancer.” Une idée que Rory approuvait évidemment, lui qui secoua doucement la tête et laissa ses doigts s'entremêler naturellement à ceux de son mari. Ses lèvres embrassèrent son front lorsque Swann déposa sa tête contre son épaule, voyant naître le plus radieux des sourires chez l'acteur. « Un pas après l'autre, et s'il y a quoi que ce soit on pourra toujours s'écarter de la foule. » Ils pourraient faire des pauses, s'isoler si Swann en éprouvait le besoin. Ils pourraient faire comme bon leur semble ; cette journée ne s'accompagnait d'aucune règle et eux, ils étaient avant tout là pour passer un bon moment tous les deux. “Je t’aime, Rory Craine.” - « Je t'aime, et je suis fier de toi. » Il l'avait déjà dit et il le répéterait certainement encore de nombreuses fois, incapable de réprimer cette envie lorsqu'il était question de Swann et du chemin que l'anglais avait parcouru. Leurs premiers pas parmi la foule en étaient le plus précieux des symboles.