Velvet détestait ce silence radio de la part de Leela. Les messages étaient restés au stade de ‘échecs d’envoie’ et les appels lui faisaient savoir que le numéro n’était plus attribué, ce qui n’était pas dans les habitudes de sa protégée. Elle avait un mauvais pressentiment au creux des reins, pressentiment qui n’avait fait que croître lorsqu’elle s’était rendue chez la jeune femme. Elle est tombée sur le mari de cette dernière et elle devait avouer l’avoir trouvé profondément étrange, et ce n’était pas parce que le courant n’était jamais passé entre eux, bon ceci n’était qu’un doux euphémisme puisque ses tripes avaient tendance à sonner le signal d’alarme quand elle se retrouvait en sa compagnie. A bien y penser, il ne s’agissait pas d’un réel signal d’alarme, pour faire simple, disons qu’elle ne l’aimait pas…certains de ses collègues vous diront certainement qu’elle n’était pas le genre à accepter grand monde, peut-être était-ce vrai après tout. Peut-être pas.

Elle s’était ainsi rendue chez le couple, avait rencontré le mari qui lui avait fait savoir que Leela n’était pas présente, que son portable avait eu quelques problèmes qu’elle devait gérer avec l’opérateur, qu’elle n’avait pas donné de nouvelles car elle était très occupée avec un dossier assez épineux. Des arguments qui se valaient, mais quelque chose en lui ne semblait pas naturel. Elle avait déjà eu à faire à des clients empêtrés dans leurs propres mensonges pour céder au doute. Leela était censée être au travail, soit, elle devait vérifier cela par elle-même avant de céder à la panique. Ce qui expliquait de fait sa présence dans les locaux du cabinet de sa protégée. Elle salua quelques personnes, brièvement et se dirigea directement vers le bureau de la jeune avocate, elle frappa à la porte et sans attendre une réponse à l’intérieur, elle fit son entrée.

« Enfin, je te trouve ! »

La fuite. Il était tellement rare que Leela ait recours à ce genre de choses qu’elle s’en surprenait elle-même… mais pour sa propre survie, il lui avait fallut quitter son appartement - pourtant partagé avec son compagnon depuis une dizaine d’année - sans même prendre ses affaires, changer de numéro de téléphone, d’adresse bien sûr, mais aussi de mail. Un tourbillon de changements qui l’avait laissée sur les rotules. Pourtant elle continuait d’être l’avocate du genre bourreau de travail, au bureau tous les jours, à l’heure à ses rendez-vous, et à prendre plus de dossiers que beaucoup de ses confrères. Y comprendre par là qu’elle avait besoin de compenser par le travail ce qui lui manquait dans sa vie personnelle : une stabilité. Ne plus rien contrôler à ce niveau-là l’avait rendue plus désireuse encore d’être efficace en tant qu’avocate pénaliste, et c’était justement plongée dans un dossier et vêtue d’un tailleur sur mesure que Velvet la trouva dans son bureau, après avoir frappée à la porte de ce dernier sans attendre une réponse. Leela s’était levée, surprise qu’on ose entrer sans y avoir été invité - bien que le mal soit moindre, vu qu’elle était actuellement seule. « Velvet ? » Mon dieu, elle n’avait pas pu la prévenir. « Tu m’as cherchée, c’est ça ? Je suis… terriblement désolée. J’ai dû changer de numéro, de mail… » Pour mieux expliquer le pourquoi tu comment, la brunette ôta la mèche de cheveux qui cachait habilement sa blessure à l’arcade. « J’ose espérer que si tu es allée voir mon ex, il n’a rien osé te faire ? » s’inquiéta-t-elle sur le champ. L’indienne ne savait que trop bien de quoi il était capable et il n’était pas question qu’elle reste les bras croisés s’il osait s’en prendre à sa proche amie et mentor. « Je… t’offre un petit café ? »

« Ne t’inquiètes donc pas pour ça »

Elle méprisait cordialement ces hommes qui osaient lever la main sur les femmes et elle était bien volontiers disposée à lui apprendre une petite leçon qu’il ne serait pas prêt d’oublier. La tentation était si grande que son imagination se laissait aller à des scénarios qui n’étaient pas forcément tous légaux. Elle savait que face à elle, il ne pourrait rien, il fallait au préalable qu’un pouvoir ait été instauré et il n’y avait rien de tel entre eux, si ce n’était des rapports qu’elle avait essayé de garder cordiaux bien qu’à chaque fois que son regard se posait sur lui, elle avait une envie irrésistible de lui foutre son point dans la gueule, elle était certaine que cela lui serait cathartique.

« D’accord »

Elle patienta à l’extérieur que son amie se prépare et elles sortirent du bâtiment dans mot dire. Velvet cogitait énormément, cette situation ne pouvait durer plus longtemps et ce sentiment d’impuissance était à chaque fois plus écrasant. Il fallait que cette relation se termine sinon, elle craignait un jour de retrouver Leela à l’hôpital ou pire…non elle ne voulait pas se pencher sur ce cas de figure. Au café, chacune passa commande puis attendant que cela fût prêt, elles allèrent s’installer à une table.

« Alors, tu étais passée où ? »

La curiosité était trop grande et elle refusait de laisser cours à toutes ces idées qui lui avaient traversé la tête. Ceci étant ,elle devait reconnaître se sentir mieux d’avoir Leela devant elle, en chair et en os, vivant en somme.

Leela prit finalement son manteau avant de sortir du cabinet en compagnie de Velvet, laissant simplement un mot à son assistante lui indiquant qu’elle reviendrait d’ici peu, et qu’en cas d’urgence, elle était toujours joignable sur son portable. Le désavantage d’être avocate : ne pas s’appartenir la plupart du temps, même en dehors des heures de bureau. Mais là n’était pas l’important. Connaissant Velvet comme l’indienne la connaissait, sûrement était-elle en train de cogiter sur le moyen de faire payer à l’ex compagnon de Leela, pour la protéger comme elle l’avait toujours fait. Mais ce n’était pas si simple. Si jusqu’ici l’avocate n’avait pas porté son problème devant la justice, c’est bien parce qu’elle avait conscience que ladite justice pouvait la débouter avec autant de facilité que quelqu’un pourrait lui dire merde, tout bonnement. De quoi en avoir des sueurs froides, alors qu’elle s’asseyait en souriant à Velvet dans un café. Chacune passa sa propre commande, et pour Leela, se fut bien évidemment un café serré… sa petite drogue personnelle, qui lui permettait de tenir sans trop de problème malgré son emploi du temps extraordinairement chargé. « Après deux nuits en observation à l’hôpital, je me suis réfugiée au bureau. Pour le moment j’y dors, j’attends de me trouver un autre appartement et j’essaye de ne pas penser au fait qu’il puisse me retrouver pour me faire payer mon départ. Je suis désolée de ne pas t’avoir contactée Velvet, sincèrement… mais j’avais tellement de choses en tête et le temps est passé tellement vite ! J’ai dû changer de téléphone, de mail comme je te l’ai dit et puis vivre dans son bureau… je t’avoue que j’espérais autre chose de la vie avec ce que je gagne. Côté boulot ça roule mais tu as vu ma tronche ? J’évite pour l’instant les rendez-vous sinon je ferais peur… »

La mention de l’hôpital laissa quelques sueurs froides à l’avocate, mais elle n’en laissa rien paraitre. Leela n’avait pas à gérer ses états d’âmes en plus de sa situation plutôt délicate d’ailleurs. Velvet ne dit rien, écoutant son amie d’une oreille attentive tandis que son cerveau s’évertuait déjà à mettre en place un stratagème légal qui pourrait réussir à Leela. « C’est la fin cette fois ? » Peut-être n’était-ce pas la meilleure façon de formuler cette question, sans doute était-elle trop abrupte dans ses propos, mais elle n’en avait cure pour l’instant. Elle avait à maintes fois observer les rétractations de sa cadette lorsque l’on en venait à prendre une décision finale sur la question, ce qu’elle ne comprenait pas trop d’ailleurs mais se gardait d’émettre un quelconque jugement. « Tu te sens fin prête à y mettre un terme et à te consacrer avant tout à toi ? » Son regard acéré jaugeait celui de son amie sans gêne, semblant dire qu’il ne pouvait y avoir cette fois aucun retour en arrière, elle ne le permettrait pas, c’était la laisser courir à sa perte et la culpabilité serait trop grande de savoir qu’elle avait aidé à la mettre six pieds sous terre et elle n’était pas assez masochiste pour s’infliger de tels remords. « D’ailleurs, si tu cherches un endroit où t’installer avant de trouver un appart, tu es la bienvenue à la maison, j’ai une chambre de libre » Et beaucoup d’espace maintenant que les affaires de Jeremy ne l’encombraient plus, elle chassa prestement cette idée de son esprit, peu désireuse de replonger dans les affres de cette séparation qu’elle tentait de garder secrète pour une raison incongrue, sûrement la peur de se laisser gagner par l’émotion. Alors qu’elle s’apprêtait à ajouter quelque chose, la serveuse vint leur déposer leur boisson et Velvet s’empara prestement de la sienne, elle n’avait pu en boire qu’une aujourd’hui et les effets s’en faisaient ressentir.

Leela hocha premièrement la tête, de façon positive, pour toute réponse. Se dire que son histoire avec Anton était finie demeurait difficile, très difficile à admettre… mais d’un autre côté, se savoir si démunie et au bord de la panique dès qu’elle sortait dans la rue de peur qu’on ne s’en prenne à elle… l’indienne ne pouvait plus le supporter. On ne pouvait pas lui demander une chose pareille, alors qu’elle se battait déjà pour reprendre sa vie en main et s’éloigner de l’être qu’elle pensait aimer. Hélas, l’amour avait rapidement été balayé par cette violence insupportable que Leela n’avait accepté que trop longtemps. « C’est fini oui » reprit-elle avec difficulté, serrant entre ses mains la tasse de café lui semblant réellement minuscule. Ses doigts tremblaient sous l’effet de la crainte, de la fatigue et de la douleur, sans compter qu’elle n’était pas certaine que Velvet n’émette pas un jugement sur le fait que la brune n’ait pas fuit avant. Bah, Leela ne pouvait même pas la blâmer pour cela à vrai dire, et ne comptait pas le faire. « Si seulement je savais exactement comment prendre soin de moi ! Mais j’ai fuit l’appartement que j’habitais avec Anton, c’est déjà une étape pour moi, je te prie de me croire… » admit-elle en prenant une première gorgée salvatrice de café avant de soupirer de plus belle. « Tu m’extirperais de mon bureau avant que mon cou ne vienne à porter plainte contre moi pour mauvais traitements ? » L’indienne émit un petit rire, qui rapidement se transforma en grimace tant sa lèvre était douloureuse à cet instant précis. « Est-ce que tu es rassurée ? » s’enquit-elle néanmoins car, comme à son habitude, Velvet n’était pas extraordinairement expansive et il fallait savoir lire entre les lignes, voilà tout.

« Je te crois » fit simplement Velvet avec un léger sourire afin de ne pas paraitre trop stricte. Et c’était la vérité, il fallait le regarder agir pour s’en rendre compte. En outre, l’associée avait lu quelques témoignages à ce sujet dans sa quête de solution pour son amie et avait cru comprendre que couper le lien entre le bourreau et la victime était très compliquée, surtout quand l’amour avait été de la partie. Elle ne disait pas comprendre, car ce serait un mensonge, seuls ceux l’ayant vécu pouvaient en témoigner mais elle en avait assez de son statut de simple spectatrice de cette situation. Sans réellement s’en rendre compte, ses mains se posèrent sur celles de la jeune femme, se voulant réconfortantes, porteuses de courage et emplies de promesses silencieuses. « Tu n’es pas seule ok ? Tu as des proches qui ne demandent qu’à se rendre utile et puis, prendre soin de soi ça s’apprend, je serai ravie de te l’apprendre » Parait-il s’occuper de soi était la première étape dans la guérison ou quelque chose du même acabit, en tout cas, cela fonctionnait pour elle, un week-end au spa à se faire pouponner était très agréable pour l’âme en peine. « Je serai rassurée quand je serai certaine de n’avoir pas à te défendre au tribunal face à un cou accusateur » dit-elle en riant afin de détendre un peu l’ambiance et apporter un peu de légèreté dans cette discussion d’un sérieux déprimant. « Quand est-ce que tu serais partante pour venir à la maison ? » Elle avait conscience de la presser, mais la nécessité de sa situation l’obligeait, et plus vite trouverait-elle un peu de stabilité, plus vite elle pourrait retrouver ses repères. « Je me dis que le plus vite serait le mieux…non ? »

Leela hocha légèrement la tête en esquissant un faible sourire, soulagée que Velvet la croie. Il n’y avait rien de plus important aux yeux de l’indienne : son avis comptait double, voire triple dans l’équation et le fait qu’elle puisse désapprouver certaines choses ne pouvait que la rendre plus triste et malheureuse encore qu’elle ne l’était déjà. Les mains de son mentor et ami se posèrent bientôt contre les siennes, la rassurant plus encore que tous les mots qui auraient pu être prononcés à l’heure actuelle. La brunette se sentait moins oppressée, sa respiration se fit d’ailleurs plus lente et apaisée, comme si le stress venait petit à petit de la quitter, par enchantement. « Je me suis dit surtout que je suis très chanceuse de t’avoir toi, prête à me remettre dans le droit chemin quand je m’en écarte » admit Leela en laissant une larme s’écouler le long de sa joue pâle et froide. « Mais je vais avoir besoin que tu m’aides en m’apprenant » reprit-elle dans un élan d’honnêteté qui ne la surprit guère, car elle n’avait jamais menti à Velvet depuis qu’elles se connaissaient et ce n’était pas aujourd’hui que cela risquait de commencer. « Je ne compte pas porter plainte. Je ne sais que trop bien comment ça se déroule, toi aussi, il n’est pas question que je finisse déboutée et qu’Anton s’en tire sans rien… je serais non seulement grillée auprès de la profession mais en prime, il ne pourra que s’en gausser et ça, il n’en n’est pas question ! » s’emporta-t-elle presque en serrant les mains de Velvet dans les siennes, s’y accrochant comme à une véritable bouée de sauvetage. « Quand serais-je partante pour venir chez toi ? Dès aujourd’hui… vu que tu me le proposes si gentiment… j’ai trop peur de rester toute seule, si tu savais Vel’ combien j’ai la trouille de rester dans la rue, juste le temps d’atteindre ma voiture ! »

« J’en serai ravie » Elle sourit, de manière plus douce cette fois. Elle se sentait apaisée d’avoir pu constater de ses yeux que Leela était toujours de ce monde et mieux, qu’elle concédait à prendre mieux soin d’elle, à s’occuper avant tout d’elle. C’était important pour le développement de soi, ce qu’on prenait trop souvent à tort pour de l’égocentrisme, mais n’était-ce pas logique ? Si on arrivait à se donner ce qu’on méritait, on ne faisait que s’épuiser à le donner aux autres. « Aujourd’hui sans problème, tu dois encore retourner au bureau ou tu en as terminé ? » Elle avait sciemment passé à la trappe l’affirmation de Leela concernant le fait de porter ou non plainte contre Anton, elle n’était pas d’accord, bien au contraire mais dans l’immédiat la jeune indienne avait surtout besoin de se reposer, elles auraient tout le temps d’en discuter une autre fois, car oui, Velvet ne comptait pas laisser cela ainsi, son sens de la justice lui hurlait qu’il fallait que cet homme paie. Elle avait en horreur ces gens qui plastronnaient outrageusement une fortune qu’ils n’avaient pas gagnée en bouclier au monde, en profitant pour perpétrer les pires actions et s’en sortir facilement. Ils étaient des humains au même titre que ceux à qui ils réservaient leur dédain et la française serait ravie de lui apprendre cette leçon. « Tu as l’air complètement épuisée, je ne saurais trop te conseiller de prendre quelques jours de congé » Un temps hors du monde pour se ressourcer et se reconcentrer sur elle, dans un endroit où elle serait certaine d’être en sécurité afin de recharger les batteries. « Je sens que tu n’as pas eu un sommeil décent depuis que tu es partie de là-bas, et tu ne peux continuer longtemps ainsi, autant prendre un moment pour repartir »

La douceur de Velvet acheva de rassurer Leela quant au fait qu’elle ait bien fait de lui parler de tout cela, même si son amie et mentor était la première actrice de cette confession… et pour cause, elle avait eu l’excellente idée de venir trouver l’indienne directement à son bureau, inquiète de ne pas avoir de ses nouvelles. « Je ne sais même pas comment je vais réussir à te remercier pour tout ça » admit la brunette, qui cherchait pourtant d’ors et déjà un moyen, même infime, de la remercier de sa si délicate gentillesse. Typiquement ce dont avait besoin Leela à cet instant précis, alors que son monde personnel lui donnait l’impression de s’effondrer aussi facilement qu’un château de carte sous une brise légère. « Je ne faisais que des papiers aujourd’hui, et mes dossiers sont pratiquement à jour. Mon associé a fait en sorte de reporter mes rendez-vous… et pour cause, j’ai une tête à faire peur ! » Graham avait toujours eu beaucoup de délicatesse à son égard, et prenait soin de son bien-être, au même titre que Velvet d’ailleurs, bien qu’elle le connaisse bien moins que la belle française. « Je n’ai pas que l’air épuisée, je t’avoue… mes nuits ne sont que cauchemars, lorsque j’arrive à dormir car je repousse toujours le moment de me coucher, de peur de revoir tout ce que j’ai pu vivre » articula-t-elle avec difficulté, buvant une gorgée de café pour faire passer la pilule. Ce n’était pas peu dire qu’elle ait besoin de repos, à dire vrai. « Mais tu es disponible toi aujourd’hui ? Je ne t’ai même pas demandé si tu avais des rendez-vous plus tard dans la journée… après tout, tu as sûrement autre chose à faire qu’à me babysitter… »

« Me remercier ? » reprit Velvet visiblement surprise, quelque peu choquée. « Pourquoi me remercier ? Il n’y a pas de raison, je suis certaine que tu en ferais autant pour moi » Velvet n’avait pas beaucoup d’amis mais elle prenait soin du peu qu’elle possédait, peut-être même un peu trop par moment, néanmoins on finissait par s’en accommoder, elle était comme ça l’associée, maternelle et parfois intrusive, pour la bonne cause cependant. « Je te propose qu’on rentre chez moi, je te prépare un bon bain, un verre de vin rouge ou bien une petite tisane, au choix puis une petite sieste » Elle avait besoin de se reposer et se retrouver dans une autre ambiance ne pourrait pas lui faire de mal. Et puis, Velvet savait son bain spécial empli de merveilles qui pourraient sûrement la détendre. « Ne t’inquiètes donc pas pour moi, j’ai pris mes dispositions » la rassura-t-elle avec un petit sourire ainsi qu’un clin d’œil complice. Elle n’avait rien d’important de prévu aujourd’hui, du moins rien qui ne pouvait être reporté et un message à sa secrétaire suffirait pour qu’elle prenne les dispositions nécessaires. C’était plutôt agréable de n’avoir des comptes à personne, et de pouvoir s’organiser de la manière dont on le désirait. « Donc si tu te sens d’attaque, je te propose de se mettre en route ! »

Leela esquissa un petit sourire attendri face aux propos de son amie et mentor Velvet. « Pour sûr, je ferais la même chose pour toi ! J’ose espérer que tu le sais et que si jamais tu as un problème… tu viendras me trouver pour m’en parler. » L’indienne ne voulait pas que le moindre secret s’immisce dans leur belle amitié, dans ce qu’elles partageaient au jour le jour, cela la peinerait bien plus qu’elle n’aurait pu le dire là, tout de suite maintenant. De plus, Velvet avait toujours eu ces élans maternels envers elle, ceux qu’auraient pu avoir sa propre mère à son égard. Un peu comme si, alors que la génitrice se trouvait loin, son amie proche lui donnait l’impression de ne jamais être seule, d’avoir toujours une épaule sur laquelle se reposer et une oreille pour l’écouter. Ce constat l’emplissait d’une délicate chaleur, qu’elle avait crue perdue à jamais après ses disputes conjugales à répétition. « Je t’avoue que je ne dis jamais non à un bon verre de vin rouge avec un bain ! » s’exclama-t-elle en finissant son café d’une brève gorgée, alors que Velvet lui avouait avoir pris ses dispositions. Décidément, elle était parfaite ! « Je crois que je serais perdue si tu n’étais pas là pour me remettre dans le droit chemin… » Le ton de sa voix était presque ému, preuve qu’elle était extrêmement touchée par toutes les attentions prodiguées par sa collègue avocate. « Je vais réussir à me lever pour me mettre en route, n’aie crainte » expliqua-t-elle tout en se relevant effectivement avec grande peine, preuve que ses hématomes ne se concentraient pas uniquement sur son visage mais également sur le reste de son corps. Elle parvint néanmoins à se mettre sur ses deux jambes - et à rester stable par-dessus le marché - pour mieux sourire à l’attention de Velvet : « je suis prête, je te suis ma belle ! »