« le mauvais départ » chelsea cavanagh & adèle shephard.
Depuis son retour en février 2022, la jeune Shephard avait connu plusieurs lieux de résidence – trop à son goût mais elle avait toujours prit les choses à la dérision, se focalisant bien davantage sur ses propres problèmes quotidiens, plutôt que sur ses lieux de vie. Il y avait eu l’appartement de Cody son aîné où elle se sentait à l’étroite et bien seule, alors qu’il n’avait toujours pas digéré son départ précipité pour le Mexique. Contrairement aux autres, il n’avait pas eu le besoin de la féliciter d’aller aider d’autres peuples, préférant toujours garder un œil sur cette petite dernière que de la savoir dans un pays étranger sans pouvoir intervenir au besoin. Il y avait cette chambre d’hôtel où elle avait élu domicile avant de finalement trouver sa place auprès de Riley, en janvier de l’année suivante. Quelques mois de répit, avant qu’Adèle retourne à la case départ. Elle venait d’emménager dans cet appartement, depuis récemment. Et elle commençait à se faire à cet environnement, elle n’était pas bien chiante et avait déjà vécu dans d’autres colocations, assez pour savoir se faire discrète quand il le fallait, ou au contraire, présente pour certaines tâches ménagères. Donner des coups de main, elle savait le faire et avait déjà dû faire du troc pour certaines tâches pour désamorcer l’ambiance, parfois compliqué quand c’est toujours les mêmes qui vont faire les courses, ou qui font le ménage. La présence rassurante de Will son cousin n’était jamais bien loin, mais pour l’heure elle se faisait en toute discrétion. Adèle était restée dans sa chambre la veille au soir, laissant le loisir à Chelsea et à Carl de se retrouver. Elle avait préféré rester sur son ordinateur pour continuer à bosser tard dans la nuit, trouver des biens peuvent parfois être plus compliqué que d’autres, et il y avait bien une famille qui la laissait réellement perplexe. Suffisamment pour qu’elle ne sache plus quoi faire, il y avait toujours un truc qui n’allait pas, un truc à redire et elle soupirait devant les nombreuses annonces qui ne collaient pourtant pas à la perfection à la demande. La vie quand Ash son frère était encore là lui paraissait si simple, il prenait tout avec légèreté et savait la faire rire même quand elle avait envie de le gronder, de ses nombreuses erreurs. La nuit avait porté ses fruits et c’est d’ailleurs déjà au téléphone qu’elle quitte sa chambre pour se retrouver dans le salon cosy de l’appartement devant Chelsea qui semble déjà debout. « Oui j’entends bien Madame, on se retrouve d’ici une petite heure, je vous envoie l’adresse par sms. » Machinalement, elle s’était arrêté devant la petite table, finissant de rédiger son texto à la fameuse cliente qui l’attendait de pied ferme et surtout au tournant, elle finit par relever le regard vers sa nouvelle colocataire, qu’elle avait aperçu la veille rapidement. Les présentations avaient étés faites par un Carl intimidé mais Chelsea n’avait probablement pas relevé la cause : ayant l’habitude de cela avec le jeune homme. Alors qu’elle repose son téléphone sur la table, à côté de là où s’est installé la rouquine, Adèle se faufile jusqu’à la cafetière. Téléphone avec la photo d’Abby et d’elle sur son fond d’écran. « Carl est pas encore levé ? » Elle ne connaissait pas vraiment Chelsea pour échanger sur un autre sujet mais elle ne doutait pas une seconde qu’elles finiraient par s’entendre et par s’apprécier. Elle n’avait jamais eu de problèmes par le passé et ne comptait pas le moins du monde que ça commence dès aujourd’hui. Elle récupéra le premier paquet de gâteau, un verre de jus pressé et son café avant de retourner en direction de la table et de sa nouvelle colocataire, « tu as passé une bonne nuit ? » Elle espérait aussi ne pas avoir trop fait de bruit avec son ordinateur, quand l’heure de se coucher a été plus forte que précédemment. « Qu’est-ce que tu as de prévu pour aujourd’hui ? » Qu’elle lui demandait, ayant le besoin de toujours combler le silence qui n’est décidemment pas quelque chose avec lequel la Shephard est à l’aise.
Allongée dans son lit, Chelsea avait péniblement ouvert ses yeux, comme souvent elle ne savait pas combien d’heures elle avait dormi. Elle saisit son portable qui se trouvait juste à côté d’elle sur sa table de chevet, elle y découvrit l’heure, mais surtout une notification de message de la part de sa mère. La rouquine soupira avant même de l’ouvrir, apercevoir le début de celui-ci était suffisant pour qu’elle comprenne que Brianna cherchait une nouvelle fois à faire du maternage. Elle avait quitté le domicile familial depuis deux ans et demi et pourtant, elle avait encore l’impression d’y vivre lorsqu’elle la voyait réagir ainsi. Chelsea préféra ouvrir une autre notification, qui lui signalait que son meilleur ami avait posté une story, qu’elle regretta bien vite d’avoir ouvert une fois qu’elle constata la présence d’une fille en arrière-plan, qu’elle avait déjà vu sur d’autres vidéos de Desmond. J’aurais peut-être mieux fait de lire le message de ma mère, finalement. Elle balança son appareil sur le bout de son lit avant de se lever. La jeune femme se connaissait suffisamment pour savoir que lorsqu’elle était d’humeur aussi ronchonne, il n’y avait rien de mieux pour elle que d’aller se rafraîchir les idées avec une bonne douche. Elle quitta sa chambre avec précaution, pour ne pas avoir l’air d’une coloc trop bruyante, qui risquerait de faire partir la dernière venue, une nouvelle habitante qui avait tout l’air de charmer Carl. Adèle vivait déjà depuis plusieurs semaines sous leur toit, mais Chelsea ne pouvait pas vraiment dire qu’elle en savait beaucoup sur elle, leurs interactions restant relativement limitées. La prédécesseure de la demoiselle lui manquait encore, elle avait perdu l’une des femmes avec lesquelles elle parlait le plus librement, une personne plus âgée auprès de laquelle elle aimait chercher des conseils. Cette dynamique lui manquait et elle pensait ne plus jamais la retrouver, son incapacité à se lier véritablement à sa demi-sœur étant toujours intacte. Elle pouvait néanmoins trouver quelques qualités à cette colocataire, elle ne se faisait pas trop remarquer et ne monopolisait pas la salle de bain, elle ne savait même pas si celle-ci était debout. Une fois sa douche prise, elle rejoignit le salon dans lequel elle avait laissé son courrier, qu’elle n’avait pas encore ouvert. Elle saisit une première lettre et fut interrompue dans sa lecture, perturbée par l’arrivée de sa colocataire qui parlait visiblement avec une cliente. Chelsea ne lui avait pas adressé un seul mot, pour ne pas gâcher son échange téléphonique, mais elle l’observa suffisamment pour que son regard ne soit accroché par la photo ornant son fond d’écran. Elle plissa des yeux, elle n’était pas totalement sûre d’avoir reconnu le second visage qui s’y trouvait et ne pourra pas y réfléchir plus longtemps, parce qu’elle décida de lui adresser la parole dès qu’elle fut disponible. Adèle l’avait questionné sur Carl, elle hocha négativement de la tête avant de se replonger dans ses pensées. Pourquoi avait-elle cru reconnaître les traits de la fille de sa meilleure amie, Abby ? Il s’agissait des seuls traits enfantins qu’elle connaissait jusqu’au bout des doigts, elle l’avait dessiné à plusieurs reprises, mais le téléphone de son interlocutrice restant éteint, elle ne pouvait pas le vérifier. La tentation de le saisir pour l’allumer était grande, mais elle savait que faire preuve d’une telle familiarité avec une colocataire qu’elle connaissait à peine n’était pas la plus grande des idées. Adèle tenta d’alimenter la conversation en lui demandant si elle avait passé une bonne nuit, ce à quoi elle répondit ; « Ça va. » La réponse à sa question ne devait pas vraiment l’intéresser, elle ne voyait donc pas l’utilité de lui détailler sa nuit. Déterminée à avoir une vraie conversation avec elle, son interlocutrice la questionna de nouveau. Elle vit en son questionnement le moyen idéal de l’interroger. « Je vais aller voir une amie et sa fille... » Elle avait volontairement omis de préciser meilleure amie pour qu’elle ne se doute pas d’à quel point elle pouvait en être proche. « Une fille qui se trouve être sur ton téléphone. Comment ça se fait que tu connais Abby ? » Chelsea avait un mauvais pressentiment, si Adèle allait jusqu’à la mettre sur son fond d’écran, c’était probablement parce qu’elle en était très proche. Elle prenait le risque de se mettre le doigt dans l’oeil, mais elle avait besoin d’en avoir le coeur net, quitte à foncer un peu trop vite dans le tas.
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Dernière édition par Chelsea Cavanagh le Lun 2 Oct 2023 - 13:57, édité 1 fois
« le mauvais départ » chelsea cavanagh & adèle shephard.
Voilà quelques jours que Adèle était arrivée dans cette colocation et elle n'avait pas vraiment encore trop croisé la route de la rouquine. Mais elle ne s'en préoccupait guère, préférant croire à un éventuel agenda de ministre que pourrait posséder Chelsea plutôt qu'un autre éventuel problème avec elle pour vouloir la fuir. A vrai dire quelles seraient les chances pour qu'elle l'accepte en tant que coloc si il y avait d'emblée un quelconque souci ? A peine, Adèle a eu le temps de se lever et de rejoindre le salon, qu'elle aperçut la mine renfrognée de sa colocataire, presque trop absorbée dans sa tasse à café. Adèle toujours au téléphone, termine sa conversation rapidement avant de porter son attention sur Chelsea en oubliant complètement d'avoir laissé son téléphone devant des yeux curieux que font preuve ceux de la rouquine. « Ça va. » Ni plus, ni moins, Adèle soupire discrètement, le dos tourné vers la Cavanagh, elle fait les gros yeux en priant certainement que leur conversation qui semble déjà mal partie se finisse rapidement. Elle n'est pas très bavarde la Chelsea - ce qui contraste à la perfection avec le caractère de Adèle, et les besoins qu'elle possède pour se mettre à l'aise dans une nouvelle demeure. Et elle n'a sans doute pas besoin de beaucoup de temps pour s'apercevoir qu'elle n'est pas la bienvenue dans la salle à manger surtout quand la voix de Chelsea retentit de nouveau. « Je vais aller voir une amie et sa fille... » A vrai dire, aurait-elle quelque chose à redire ? Évidemment que non, elle pense même que c'est une très bonne idée et alors qu'elle se retourne vers la rouquine, prête à le lui confier, amicalement, avant que Chelsea reprenne la parole - cette fois, légèrement avec plus d'accusation que précédemment. Assez pour que Adèle fronce les sourcils, cherchant à comprendre. Elle s'assoit sur la chaise face à la rouquine, « une fille qui se trouve être sur ton téléphone. Comment ça se fait que tu connais Abby ? » Instinctivement, ses yeux dérivent sur son téléphone, où Abby trône sur son fond d'écran. Elle relève aussitôt ses yeux marrons sur sa colocataire. Cherchant à tort l'aspect négative d'avoir cette photo à cet emplacement là, aux yeux de l'agente immobilière il n'y en a pas, mais visiblement pas aux yeux de l'étudiante. « Je ne savais pas que tu connaissais Amy et Abby. » Confiant finalement le prénom de la maman comme si elle la connaissait bien. Et c'était bel et bien le cas. « Amy est une amie de longue date, et Abby... Ma nièce. » Elle ne s'était pas encore familiarisée avec ce nom parce qu'elle commençait à peine depuis son retour à entretenir une relation avec celle-ci. Elle n'était donc pas des plus a l'aise, mais elle prenait rézllement un plaisir à la gâter et s'occuper d'elle quand elle le pouvait - au même titre que son frère aurait voulu faire. « Je suis la soeur de Ash. » Qu'elle ajoute, bancale, l'idée que Chelsea déteste son frère ne lui traverse pas l'esprit. Certes elle était amie avec Amy avant même de savoir qu'ils sortaient ensemble mais sans aucun doute que la petite Abby a permis à la Shephard de continuer de prendre plus facilement des nouvelles d'elles. « Je ne savais pas que tu les connaissais... » Et très certainement que Chelsea ne manquera pas de lui en dire davantage sur tout ça. Adèle repose son attention sur elle, prête à tout entendre, ou presque.
Adèle ne savait pas qu’elle connaissait Amy et sa fille, cette affirmation n’était pas du tout surprenante, puisque Chelsea n’affichait jamais les photographies de ses proches en dehors de sa chambre. Il s’agissait bien de la seule pièce dans laquelle sa colocataire ne devait pas mettre les pieds, pour la simple et bonne raison qu’elle n’avait rien à faire dans son sanctuaire. Elle était encore une inconnue à ses yeux, cela pouvait paraître fou qu’elle en connaisse si peu sur celle qui partageait son toit, mais du moment qu’elle ne posait pas de problèmes et qu’elle réglait sa part en temps et en heure, la rousse ne ressentait pas le besoin d’enquêter sur elle. La jeune femme était pourtant accessible, elle avait bel et bien perçu des tentatives de socialisation, mais elle n’était jamais rentrée dans aucune d’entre elles. Aujourd’hui cela allait changer, même si la Cavanagh n’était pas intéressée par ses questions, elle était véritablement intriguée par ce qu’elle venait de voir sur son téléphone. C’était indiscret, elle le savait, mais elle n’avait pas non plus été jusqu’à fouiller ses messages, elle n’avait fait que d’observer une image qui pouvait être visible pour n’importe qui. Adèle décrivit Amy comme une amie, avant de préciser qu’Abby était sa nièce. Elle se retint de délivrer un rire jaune, comment avait elle pu oublier que Shephard était le nom de famille de la petite fille ? Elle avait peut-être pensé que ce nom de famille était trop répandu pour qu’elles soient forcément reliées l’une à l’autre. L’interlocutrice de l’étudiante en photographie souligna une évidence, en précisant qu’elle était la soeur de Ash. Un prénom qui l’irritait toujours autant, le fait que son détenteur soit six pieds sous terre n’y changeait rien. « Amy est ma meilleure amie. » Annonça-t-elle d’emblée, comme pour annoncer la couleur. La rouquine doutait du fait qu’elles soient réellement amies, Adèle n’éprouvait peut-être que de la pitié pour elle, elle cherchait certainement à racheter les erreurs de son défunt frère. « Je ne pensais pas avoir à nouveau à faire à cette famille... à ta famille. » Chelsea avait encore du mal à réaliser ce qu’elle venait d’apprendre, cette coïncidence était vraiment malvenue. Elle ne put s’empêcher de penser à toute la douleur qu’avait pu ressentir Amy, après avoir été lâchement abandonnée par le père de son enfant. Il n’avait même pas eu la décence de faire le moindre deuil de cette relation, puisqu’elle se souvenait qu’il s’était rapidement mis avec une autre. La Cavanagh regarda les différents traits d’Adèle, avant de reprendre : « Heureusement que tu ne ressembles pas à cette ordure. » L’absence de grande ressemblance physique entre les deux n’allait pourtant pas lui permettre d’oublier ce lien de parenté, maintenant qu’elle était détentrice de cette information elle n’était pas prête de passer d’en faire abstraction. Elle s’était toujours demandée si cette famille avait essayé de le raisonner, de l’encourager à tout mettre en œuvre pour l’épanouissement d’Abby, à rester en bons termes avec Amy. Chelsea croisa ses bras, elle n’allait pas en rester là. « J’espère que tu es plus honnête que lui avec elle. » Si elle ne se trompait pas, il avait fait l’affront de quitter son amie pour se remettre avec son ex, il avait donc entamé une histoire qui était perdue d’avance.
PRETTYGIRL
Dernière édition par Chelsea Cavanagh le Lun 2 Oct 2023 - 13:57, édité 1 fois
« le mauvais départ » chelsea cavanagh & adèle shephard.
La réaction de Chelsea était malvenue aux yeux de la Shephard, parce qu’elle avait mis beaucoup de temps à revenir vers Amy après l’explosion de leur couple, et qu’elle ne se sentait pas légitime de faire comme si de rien, alors qu’elle savait qu’au fond, elle prendrait la défense de son jeune frère, coûte que coûte. C’est une passionnée dans l’âme, Adèle. Une des rares qui se sacrifierait pour les autres, et surtout pour ceux qui parviennent à toucher son cœur. Ash et Cody sont en haut de la première marche, évidemment. Elle avait été amie avec la maman avant même qu’elle ne sorte avec son frère – et cette nouvelle, Adèle l’avait d’abord mal perçu, parce qu’elle connaissait suffisamment son frangin pour savoir qu’il détruisait tout de ses rapports avec les autres femmes. Mais devant l’enthousiasme des deux, pouvait-elle plus longtemps leur mettre un stop quand on sait qu’Adèle est passionnée par les histoires à l’eau de rose, celles qui finissent toujours comme dans un rêve ? Elle n’allait donc pas priver son frère de vivre peut-être sa plus belle histoire d’amour, et Adèle partait du principe que même si un jour, ça prendrait fin, ses moments de bonheur vaudrait mille fois plus le coup que ne rien tenter. Et elle se souvient parfaitement, le jour où Ash est venu lui dire que c’était terminé entre eux – toujours la même rengaine, elle n’a pas pu le résonner parce qu’Amy était déjà au courant aussi de son côté. Elle a si souvent détesté celles qui sont venues par la suite, seule Claire est parvenue à se lier d’amitié aussi avec l’agente immobilière. Mais jamais autant que la maman d’Abby sans doute parce qu’elles se connaissaient depuis de longue date. Au fil de son histoire, le silence de Chelsea parle pour elle, surtout quand elle la fusille du regard. Adèle reste pour autant, installée au fond de sa chaise, sans baisser le regard, quoi qu’en dise sa nouvelle colocataire, elle est fière de porter ce nom et d’avoir grandi au côté de Cody et d’Ash. « Amy est ma meilleure amie. » Qu’elle lâche soudainement, presque fière d’elle et de cette répartie. « Je ne pensais pas avoir à nouveau à faire à cette famille... à ta famille. » Adèle a eu de la chance de tomber sur Carl lors de la remise des clefs et de la visite de l’appartement pour finaliser le tout – elle ne doute pas une seconde qu’elle n’aurait pas tenue long feu en présence de la rouquine si celle-ci en serait venue à lui poser des questions plus personnelles – parce qu’évidemment Adèle n’aurait jamais menti sur sa famille et sur le milieu dans lequel, cette petite fille d’autrefois a construit sa vie. « T’es tellement pitoyable, avec ton air de je sais tout… » Visage fermé, main qui se resserre l’une sur l’autre, la mâchoire d’Adèle se rétracte à chaque respiration. Faire face à des gens qui n’aiment pas Ash a toujours été sa hantise, parce qu’au-delà de ses bêtises, il a toujours été présent pour elle, et l’a toujours soutenu dans les pires moments de sa vie. Elle savait qu’elle n’avait pas besoin de lui demander de venir la sauver de certaines situations, il le faisait en un simple regard sans qu’elle est de mot à dire. « Heureusement que tu ne ressembles pas à cette ordure. » Et c’est peut-être la phrase de trop… Le mot de trop, et elle ne pouvait s’empêcher d’avoir le cœur serré devant ses accusations – aussi, parce qu’elle n’avait pas envie de quitter la coloc. Et certainement pas pour rester au côté de celle qui lui fait face et qui selon Adèle, ne mérite pas même un regard et une main tendue vers elle, mais plutôt vers le Flanagan. Elle se contenta pour autant d’enfouir son ressenti bien profond d’elle, comme elle savait si bien le faire, elle n’était certainement pas une Shephard pour rien, mais elle n’avait pas envie que ça vienne s’ébruiter jusqu’aux oreilles du valet sans qu’elle puisse elle-même faire valoir sa version des faits. Elle espérait aussi secrètement que possible qu’il se range de son côté, mais n’est-ce pas un peu trop demandé de sa part ? Après tout, il connaissait Chelsea depuis bien plus longtemps, et surtout, elle l’avait visiblement sauvé in extremis d’une mauvaise aventure. Pourtant, le mot ordure se répète, devenu à cet instant un bruit sonore qui lui abasourdi les tympans, et aussi, elle vient taper sur la table avec ses mains, en se redressant du siège comme pour s’avancer alors qu’aucune des deux ne baissent le regard, bien trop obnubilé par avoir le dernier mot, « tu traites d’ordure qui tu veux, » et par là elle entend son petit copain, son meilleur ami, son oncle ou son grand-père, mais certainement pas un garçon qu’elle ne connaît ni d’Eve ni d’Adam et qui n’est même plus là pour se défendre, « mais laisse mon frère en dehors de ta haine à sens unique ! » Amy avait finis par pardonner, elle s’était même rendue à l’enterrement de son frère en mars 2022, alors par pitié qu’elle ne lui fasse par ressortir tout ça tel un boomerang. « J’espère que tu es plus honnête que lui avec elle. » Elle soupire Adèle, redescend que très légèrement, cette colère cache évidemment beaucoup de regret. Beaucoup d’amertume. Et sa nature joviale la poussera toujours à tout faire pour se faire apprécier des autres – parce que sa nature refuse le rejet, mais on ne pouvait pas lui demander de ranger sa fierté pour autant. « J’ai aucun compte à te rendre… » Sa voix est devenu un supplice, parce que le souvenir de cet accident refait encore surface, parce qu’elle ne parvient pas à se rendre au cimetière autant qu’elle le souhaiterait, et que finalement l’histoire de sa famille est morte avec lui. « Je te laisserai pas détruire mon amitié avec Amy… » Qu’elle confesse, sous-entend aussi ce lien qu’elle possède indirectement envers la petite Abby qu’elle couvre de bisous et de cadeaux dès qu’elle le peut. « Je n’ai pas à choisir entre Amy et Ash pour tes beaux yeux. » Parce qu’à ses yeux, même si Ash a eu certainement la plus grosse part de responsabilité, elle refuse de l’incriminé dans son entièreté, et l’a toujours soutenu dans n’importe quelle démarche.
L’univers se moquait d’elle puisqu’il lui avait mis une membre de cette famille en particulier sous son toit. Une femme qui ne lui inspirait aucune crainte, bien qu’elle soit son aînée, Chelsea se sentait plus légitime d’occuper cet appartement qu’elle, si quelqu’un devait être amenée à en partir elle savait pertinemment qu’il ne s’agirait pas d’elle. Adèle n’aurait qu’à se servir de son travail dans l’immobilier pour trouver un autre logement fissa, si le prétendu air de je sais tout qu’elle lui imputait l’insupportait tant que cela. La critique de son interlocutrice ne l’avait même pas égratigné et sa posture ne lui donnait pas envie de faire machine arrière, bien au contraire. Elle l’avait touché en plein cœur et elle s’en satisfaisait, parce qu’elle vengeait Amy d’Ash d’une certaine façon. Un jeune homme qu’elle n’hésitera pas à qualifier d’ordure, ce qui poussa Adèle à frapper la table la plus proche. L’étudiante en photographie plissa des yeux quand elle cru comprendre qu’elle l’encourageait à insulter ses proches plutôt que son frère, un rire jaune éclata dans la pièce lorsqu’elle lui asséna de rester seule dans sa haine à sens unique. « En quel honneur ? » Si la vie d’Amy n’avançait plus c’était de sa faute à lui, elle était toujours coincée chez ses parents avec le même travail, une situation qui aurait pu être différente s’il ne lui avait pas fait d’enfant. La Cavanagh avait bien ingéré les discours de sa mère, qui lui avait rentré dans la tête qu’enfanter aussi jeune était une catastrophe pour son avenir. Il aurait pu se soucier de son futur en se protégeant mieux ou en lui demandant d’arrêter sa grossesse. La rouquine ne s’était pas laissée aveuglée par son attachement envers Abby, elle s’était toujours demandée ce qu’aurait pu devenir sa meilleure amie si elle ne s’était pas retrouvée dans ce contexte. Adèle lui rétorqua qu’elle n’avait aucun compte à lui rendre, elle n’avait pas totalement tort, c’était avant tout à leur amie commune qu’elle en devait. Cependant, Chelsea se doutait que celle-ci ne chercherait pas à les obtenir d’elle-même, elle était trop gentille pour cela. La nouvelle colocataire de la rousse l’imaginait déjà chercher à briser ce qu’elle appelait une amitié, un qualificatif qu’elle trouvait un peu maigre puisqu’elles devraient plutôt former une famille autour de la petite, mais elle était peut-être la seule à se soucier d’elle parmi les Shephard. « Si c’est vraiment une amie comme tu le dis, ton lien de parenté ne devrait pas t’empêcher de reconnaître les erreurs d’Ash. » L’étudiante avait peut-être simplement trop de mal à se mettre à sa place, car elle était fille unique, elle ne savait pas ce que c’était que de devoir défendre sa fratrie bec et ongles. Elle n’arrivait pas à avoir un tel lien avec Selina, elle n’aurait probablement pas à chercher à la défendre de cette manière, mais la blonde était beaucoup trop irréprochable pour en avoir besoin de toute façon. Chelsea commença à comprendre qu’elle ressentait une jalousie qui ne risquait que de la rendre infecte. Elle leva ses yeux au plafond avant de fermer ses paupières quelques secondes. « Je ne t’ai pas demandé de choisir entre les deux. » Adèle pouvait soutenir Amy sans renier son frère, tout ce qu’elle lui demandait c’était de ne pas essayer de lisser son image, de ne pas se servir de sa mort comme d’un parfait prétexte pour le faire...
« le mauvais départ » chelsea cavanagh & adèle shephard.
Faire face à Chelsea à cet instant est difficile pour Adèle. Déjà parce qu'elle a bien plus à perdre que la rouquine - et qu'elle se voit surtout pas quitter aussi vite Carl alors qu'elle ne sait pas bien elle-même ce qu'elle attend de lui, d'eux deux. Et puis parce que repenser à son frère quand elle n'a toujours pas tourné la page depuis un an maintenant n'est pas une mince affaire pour son palpitant. Chelsea remue le couteau dans la plaie et si la fierté de la Shephard refusera de lui montrer combien elle l'a touché : c'est indéniable pourtant. Et il suffirait juste de la regarder pour s’en apercevoir. « En quel honneur ? » Adèle n'allait pas prétendre le contraire : il lui a fallu du temps pour revenir vers Amy. Tout comme il a fallu à Amy du temps pour accepter de reprendre contact avec Adèle. Les choses entre elles se sont arrangées quand bien même elles évitent ce sujet - douloureux pour les deux. Elle ne donne donc aucun droit à Chelsea d’insulter la mort de son propre frère, malgré ses erreurs. Et parce que Adèle est ce genre de personne entière, qui donne tout et qui sait aussi le reprendre dès qu’on la déçoit. Elle ne connaît pas la demi-mesure, et aimer son frère mais reconnaître qu’il a tort sur de nombreux points serait reconnaître son échec et elle en est incapable. Elle se battra donc jusqu’au bout pour Cody, et Ash, mais aussi pour les rares personnes qui parviennent à monter tout en haut de son estime. « Parce que tu ne connais pas toute l’histoire ! » Qu’elle lui répond avec naturel, ne comprenant même pas qu’elle puisse avoir ce genre de conversation avec une étrangère – certes qui connaissait Amy, visiblement assez pour se mêler de sa propre vie, mais elle n’était personne d’autre et encore moins pour Abby. « Il a toujours voulu s’occuper de Abby en plus ! » Elle se défend et repenser à tout ce qui s’est passé, à toutes les étapes qu’elle a dû avancer et se revoir replongé de la sorte ne lui fait pas vraiment plaisir, si bien qu’elle soupire devant cette colocataire dont elle se serait bien passé. « Si c’est vraiment une amie comme tu le dis, ton lien de parenté ne devrait pas t’empêcher de reconnaître les erreurs d’Ash. » Et Adèle laisse échapper un énième soupire avant de voir se glisser sur ce visage parfois angélique - pas devant Chelsea, un léger sourire. Tout se dessinait désormais. « Tu as des frères ? Des soeurs peut-être ? » Qu’elle lui demanda, le pire c’est qu’elle avait à moitié reconnut devant Amy que son frère n’avait pas été cool avec elle, et secrètement, elle avait eu cette hantise que ça se finisse mal. Aucun des Shephard n’a véritablement été heureux en amour. Mais elle avait espéré que Ash s’en sorte mieux que ses deux aînés. Avant que la vérité le rattrape, et ce qui avait mis à l’époque Adèle en rogne c’est bien la présence de la petite, qui n’avait rien demandé et qui se retrouvait en plein cœur d’histoire de grand. Elle avait donc convaincu Amy de laisser voir Abby à son père à l’époque, et s’était porté garante de contrôle l’incontrôlable de la famille. La chance qu’elle a Adèle, comparé à Cody, c’est que Ash l’a toujours plus ou moins écouté. « Non évidemment que non, tu ne tiendrais pas ce discours sinon. » Elle ricane, se moque de Chelsea ouvertement, mais elle le pense sincèrement. Si elle avait eu des frères et des sœurs, elle ne tiendrait jamais ce genre de discours. « Je ne t’ai pas demandé de choisir entre les deux. » Chelsea lève la tête en l’air, fermant un léger instant les yeux. « Amy lui a pardonné, tu sais ? » Son ton est tout à coup plus calme, Adèle est une championne pour passer des cris, à un calme inné qu’on lui connaît habituellement. Et elle prend sur elle. Parce qu’elle ne veut pas que la coloc devienne source de tension – elle a fait de nombreuses colocations et elle est toujours arrivée à charmer ceux qui l’entouraient. Chelsea n’en sera pas épargné, Addie n’avait pas le choix. « Je peux comprendre que ce soit difficile à le comprendre. » L’amour peut faire parfois des choses surprenantes et si Adèle en avait conscience, Chelsea n’était visiblement pas dotée de cette capacité. « Il a regretté tu sais, mais tu peux pas savoir, tu le connaissais pas… » Elle était assez sèche dans ses paroles, peut-être un peu plus froide que ce qu’elle devrait l’être, mais Chelsea voulait remuer le couteau dans la plaie, et Adèle n’était pas le genre à faire des courbettes, encore moins face à quelqu’un qui croit tout savoir quand elle n’a encore rien vécut.
Il était vrai que Chelsea ne connaissait pas toute l’histoire, mais est-ce que cela l’empêcherait d’avoir des opinions ? Certainement pas, parce qu’elle avait beau ne pas avoir les informations des deux côtés, il n’y avait absolument aucun bon argument pour justifier le comportement qu’Ash avait adopté auprès d’Amy. Adèle le décrivait presque comme un bon samaritain, à lui raconter qu’il avait toujours voulu s’occuper d’Abby, comme si cela était suffisant pour le décrire comme un bon père. Vouloir et pouvoir étaient deux choses différentes, la rousse avait eu du mal à concevoir qu’il puisse être un bon parent après avoir trahi la mère de son enfant, s’il avait vraiment voulu donner la meilleure des vies à cette fillette, il serait resté auprès de sa meilleure amie. « Il aurait dû avoir une médaille pour ça, peut-être ? » Pour des mots jetés en l’air, Chelsea n’avait pas pu rester de marbre face à cette réplique. Les nouveaux propos tenus par l’étudiante en photographie donnèrent un semblant de satisfaction à son interlocutrice, qui se mit soudainement à sourire subtilement. Elle semblait avoir une illumination, qu’elle lui dévoila en lui posant deux questions, auxquelles elle répondra d’elle-même d’un ton affirmatif. Les sourcils de la demoiselle se froncèrent, était elle en train de se moquer du fait qu’elle soit fille unique ? Comme s’il y avait quoique ce soit de drôle dans cette information. « J’ai une demi-sœur. J’suis pas orpheline non plus. » Elle ne mentionnera pas que la blonde l’était uniquement grâce à une alliance, parce qu’elle ne voulait pas qu’Adèle invalide cet argument en un claquement de doigts. Chelsea n’avait pas besoin d’avoir un frère ou une sœur pour connaître le besoin viscéral de défendre quelqu’un, un sentiment qu’elle ressentait même pour certains de ses meilleurs amis. La colocataire de la rousse lui signala qu’Amy avait pardonné à Ash, ce qui enclencha un haussement d’épaules chez elle. Certaines personnes étaient capables de pardonner l’impardonnable, pour des raisons qui lui étaient obscures. Adèle le voyait dans ses yeux, Chelsea n’arrivait pas à le comprendre. Le Shephard aurait regretté de s’être comporté ainsi, elle ne pouvait pas la contredire parce qu’elle ne pouvait pas prétendre connaître sa personnalité tout entière. « Quel gâchis. » Pensa-t-elle à voix haute. L’étudiante en photographie faisait un parallèle avec sa propre existence, elle pensait à toutes ces années durant lesquelles elle avait grandi sans père. Cependant, elle avait eu la chance d’avoir été élevée par un grand-père très présent et d’avoir côtoyé plusieurs membres possédant de l’affection pour elle. Elle voulait croire que les Castle accompagneraient tout aussi bien la prunelle des yeux d’Amy. Ash n’avait plus la possibilité de se racheter, mais Adèle pouvait le faire à sa place d’une certaine façon. « J’ai de la peine pour Abby. » Précisa-t-elle, il était rare qu’elle exprime ce genre d’émotion face à une personne qui la connaissait si peu. Lorsqu’elle y réfléchissait, cette petite aurait au moins la chance d’entendre des récits sur son père, de connaître son visage via des clichés et peut-être qu’elle pourrait aussi entendre sa voix. Tout un tas d’éléments auxquels Chelsea ne pouvait pas accéder sur son propre géniteur. « Mais elle s’en sortira. » L’inverse n’était pas concevable, elle avait elle-même réussi à se débrouiller malgré une famille plutôt chaotique, il n’y avait pas de raison qu’Abby finisse mal.
« le mauvais départ » chelsea cavanagh & adèle shephard.
Elles ne se comprennent pas et c'est même pire que ça : elles font tout pour ne pas comprendre et vouloir avoir le dernier mot l'une sur l'autre. Adèle devine que peut-être niveau caractère elles se ressemblent suffisamment pour ne pas pouvoir matcher lorsqu'elles sont d'avis opposé. Certainement que lorsqu'elles feront équipe elles seront redoutables, mais pour l'heure, elles s'affrontent sur un sujet délicat et douloureux, et surtout Adèle considère que Chelsea n'est pas légitime pour prétendre quoi que ce soit. La brune ne sait pas bien ce que Amy a pu lui dire, mais elle pensait réellement que la page été tournée et qu'elles allaient désormais de l'avant - peut-être garde t'elle quand même une certaine rancoeur sur le Shephard et c'est en tout cas ce que comprend Adèle suite aux mots désagréable de la Cavanagh. « Il aurait dû avoir une médaille pour ça, peut-être ? » Adèle lève les yeux au ciel devant cette réplique alors qu'elle soupire légèrement car ce n'était évidemment pas de cette façon là qu'elle voulait dire les choses. Elle était la première à prendre conscience de son rôle et elle avait mis un point d'honneur à traiter Amy comme avant toute cette histoire. Elle n'avait pas voulu changer. « Bien sûr que non, et il n'en n'aurait pas voulu. » Assez contradictoire avec son côté pas très fiable quand à ses anciennes histoires d'amour, Adèle avait vraiment espérer qu'il devienne plus mature et responsable. Mais le penser au fond d'elle et lui faire la morale face à face, ne veut pas dire qu'elle le dira à haute voix à sa colocataire. Adèle l'attaque sur le fait qu'elle ne doit pas avoir de frère et soeur pour réagir ainsi - et surtout elle se souvient de ce que lui a dit Carl pour leur rencontre, ce qui ne semble pas coller avec ce qu'elle montre à présent. « J'ai une demi-sœur. J’suis pas orpheline non plus. » Le visage d'Adèle blêmit et son corps se crispe sous ses mots. Mais elle ne comptait certainement pas rendre les armes quand bien même elle a perdu ses parents assez jeunes, la raison pour laquelle son aîné de presque neuf ans a pris la relève pour les élever. « Je la plains alors ! » Si elle était pas foutu de savoir la défendre quand bien même elle a tort c'est que ce n'est pas réellement une vraie sœur, songea Adèle. « Si t'es même pas foutu de prendre ton rôle à coeur c'est que t'es pas une vraie soeur. » Qu'elle rétorque, froide et sur le même ton que la Cavanagh. Repenser à ses parents devant une personne dont elle n'a aucune estime ni d'amitié ne fait qu'accroître ce sentiment de froideur et d'éloignement. Elle se demandait bien pourquoi avait-elle décidé de sauver Carl si elle n'est pas foutu de le faire pour sa soit disant soeur. « Quel gâchis ! » La Cavanagh ajoute en soupirant et Adèle ne relève pas. Ne comprenant de toute façon pas pour quelle raison ce serait du gâchis et ne voulant surtout pas creuser davantage. Qu'elle s'abstienne au minimum toute les deux, simplement pour Carl, voilà ce que souhaitait Adèle. « J'ai de la peine pour Abby. » Adèle relève son regard sur la rouquine haussant les épaules. « Mais elle s’en sortira. » Pourquoi en doutait-elle ? Adèle avait la tête sur les épaules - certainement plus que son petit frère et elle savait tout autant être responsable. « J'en doute pas, » qu'elle ajoute à voix plus basse. « J'ai proposé à Amy de la garder de temps en temps quand elle en aura besoin et j'attendais d'avoir un appart plutôt qu'une chambre d'hôtel. » Le ton entre elles étaient bizarrement devenus plus calme mais rien de quoi crier victoire. Adèle n'accepterait toujours pas qu'on critique Ash devant elle et cela en toute circonstance. « Et si tu souhaites pas qu'on reste là, c'est pas bien grave, le parc et les magasins seront mes plans B. » Adèle avait toujours solution à tout, un plan de secours comme elle aimait dire.
Chelsea n’avait pas imaginé qu’Adèle lui tiendrait tête de cette manière, elle l’avait probablement sous-estimé parce qu’elle ne connaissait quasiment rien d’elle. Une évidence qui lui faisait prendre conscience qu’elle aurait peut-être dû prendre le temps de mieux la connaître. Elle n’en avait pas fait une priorité alors qu’elles vivaient tout de même sous le même toit, sa tendance à considérer l’appartement comme un simple dortoir ne l’avait pas encouragé à lui parler plus que cela. L’agente immobilière continuait d’essayer de redorer l’image de son défunt frère, qui était loin de l’image qu’elle s’en faisait selon ses propos. La rousse ne pouvait pas la croire sur de simples paroles, car elle savait bien que l’affection portée à une personne pouvait rendre complètement aveugle. Des sentiments qu’elle ne ressentait guère envers sa demi-sœur, elle ne s’en cachait même pas parce qu’elle n’en avait jamais eu honte. L’étudiante en photographie resta hermétique aux propos de son interlocutrice, elle savait qu’elle était une bien meilleure petite fille et amie et c’était tout ce qui lui importait à l’heure actuelle. La grande froideur dont pouvait faire preuve Adèle ne l’empêchera pas de donner le fond de sa pensée. La colère de la Cavanagh s’était subitement dissipée pour laisser place à de la tristesse, ce qui commença à rendre leur conversation un peu moins houleuse. La jeune femme lui apprit qu’elle s’était proposée de garder Abby une fois qu’elle ne vivrait plus à l’hôtel, une promesse qu’elle ne pensait pas forcément tenir au sein de leur logement à cause d’elle. « Je ne refuserai jamais de l’avoir sous ce toit. » Il n’y avait aucune raison qu’elle refuse l’enfant de sa meilleure amie, même si celle-ci pouvait s’avérer bruyante. Elle était certaine que Carl ne serait pas dérangé par sa présence de son côté non plus. « Je ne la vois pas assez. » Admit elle, il ne s’agissait pas de sa plus grande fierté, mais elle avait du mal à remédier à ce problème. Soudainement, Chelsea se mit à regarder dans la direction de la chambre de leur colocataire, elle croisa ses bras avant de reprendre ; « Écoute j’ai pas envie de mettre Carl dans l’embarras. » Il était fort à parier que le valet de chambre ne saurait plus où se mettre s’il se retrouvait au beau milieu de leur dispute, elle ne voulait aucunement le mettre mal à l’aise et puis ils avaient tous les deux besoin d’une tierce personne pour payer le loyer. La rousse n’avait pas l’envie ni l’énergie de rechercher une nouvelle colocataire, elle ne voulait pas prendre le risque de tomber sur quelqu’un de pire. Elle ne savait pas quand le brun allait rentrer, mais elle préférait mettre un terme à cette embrouille avant qu’il ne pointe le bout de son nez. « On est pas obligées de s’aimer, de toujours être d’accord avec l’autre. » Elles ne vivaient pas dans une dictature, même si Chelsea aimait régner sur son monde. « Je ne vais pas te faire la guerre pour un lien de parenté. » Contrairement à tout ce qu’aurait pu lui faire croire cette conversation, mais elle ne devait pas pour autant s’attendre à des excuses de sa part. « J’ai assez de problèmes à gérer en dehors ces murs pour m’en rajouter une nouvelle couche. » Dit-elle en toute franchise.
« le mauvais départ » chelsea cavanagh & adèle shephard.
Adèle détestait la tension, et peut-être davantage quand elle vit sous le même toit que la personne – la raison très certainement de sa fuite de la villa familiale, où Cody y passait simplement pour se doucher et dormir, quand il ne le faisait pas dans sa salle de boxe. Il lui arrivait donc de ne pas le voir pendant plusieurs jours, et même si la Shephard ne disait rien, elle le vivait très mal. C’est la raison pour laquelle, Adèle a préféré faire ses valises et se tirer de chez lui, pour se trouver d’abord une chambre d’hôtel, puis une chambre chez Riley, ne pouvant plus remettre les pieds dans son ancienne coloc – au vu de la situation autant tendue avec son cousin Will, avant que ce dernier ne se tire jusqu’aux Etats-Unis. Chez Riley elle avait pu bénéficier d’un peu de calme, à câliner son chat, et il s’était habitué au tempérament plutôt bavard de sa nouvelle coloc – lui qui se disait pas friand de tout ça. Mais Riley n’était pas Carl, et rien qu’en cela, elle ne comptait pas mettre à mal cette colocation, davantage pour le garçon que pour Chelsea. Fallait qu’elle soit honnête avec elle-même. « Je ne refuserai jamais de l’avoir sous ce toit. » Adèle relève les yeux, surprise, et rassurée. « Je ne la vois pas assez. » Elle pourrait donc profiter facilement que Adèle la fasse venir pour se joindre à elles, et sans attendre, elle le lui propose, adoucissant les mœurs, « si tu veux, je te dirai quand elle viendra pour que tu passes une heure ou deux avec nous. » C’était un grand pas en avant que se permettait Adèle. « J’en parlerais à Carl aussi, c’est normal qui m’donne son accord. » Ca semblait naturel pour elle, quand bien même elle se doutait que le brun ne refuserait pas. Bien au contraire, il lui avait déjà dit qu’il avait gardé des enfants, et sans aucun doute serait-il plus à l’aise que l’agente immobilière dans ce domaine, elle n’en doutait pas. « Écoute j’ai pas envie de mettre Carl dans l’embarras. » A l’annonce de ce prénom, Adèle releva les yeux sur la jeune photographe, s’intéressant alors au pourquoi ce prénom ressort, et elle comprend assez vite. Elle-même n’avait pas envie de décevoir le Flanagan. « On est pas obligées de s’aimer, de toujours être d’accord avec l’autre, » elle fait un mince sourire à l’encontre de la rousse. « Ca me va, si c’est pour Carl. » Qu’elle confesse, et tant que la Cavanagh cesse ses réflexions sur Ash, le tout devrait bien se passer. « Je sais qu’il n’est pas parfait, et tu penses ce que tu veux, je ne suis pas là pour vouloir absolument te faire changer d’avis, mais d’éviter simplement de t’entendre parler de lui en négatif devant moi. » C’était normal qu’elle soutienne sa meilleure amie, mais il faut parfois se rendre à l’évidence : on ne peut pas changer les choses, et Adèle a fini par le comprendre, préférant profiter de tout ce qui peut s’offrir à elle. « Je ne vais pas te faire la guerre pour un lien de parenté. » Rassurée de l’intelligence et de sa compréhension, peut-être qu’un jour, pourront-elles devenir plus proche, pour l’heure, cela convenait à la Shephard. « J’ai assez de problèmes à gérer en dehors ces murs pour m’en rajouter une nouvelle couche. » Elle récupère son téléphone posé sur la table, « ça me convient, » seront ses seuls mots avant de glisser ses yeux sur l’heure, « je vais être à la bourre pour mon sport, je file, à plus tard alors Chelsea. » Elle débarrasse sa tasse et son verre, avant de prendre son sac à l’entrée de l’appartement et claquer la porte derrière elle.
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