« je ne sais pas faire quand t'es pas là. » chelsea cavanagh & logan novak.
Elle avait été importante pendant si longtemps, et sa présence avait été toujours présente au cours de ses précédentes années, que Logan refusait que ça se finisse sur un malentendu. Il avait bien l’intention de renouer le contact avec Chelsea, autant que n’importe quelle autre personne qui aurait compté pour lui. Mais elle plus aucune autre. Chelsea avait été plus qu’une amie ses dernières années, elle avait aussi été un pilier fondamentale dans la construction de cet homme qu’il est aujourd’hui, elle avait été de bien des façons un échappatoire, une douceur quand le monde ne lui offrait pas de possibilité de replis, et il refusait d’en rester sur l’échec de la plage. Il refusait qu’elle lui en veuille davantage, et c’est ainsi qu’après avoir refermé à clef le bureau du Gutiérrez où il avait passé quelques nuits pour éviter toute énième dispute avec Leonnie, s’était dirigé dans le quartier de fortitude valley. Il n’était pas certain que ce soit le moment le plus propice, alors qu’elle lui avait laissé aucun choix de retrait face à leur amie Maxim, ils avaient tous les deux jouer aux cons, et il avait balancé sa dernière carte en avouant la grossesse de Leonnie, sans pour autant abattre son joker : expliquer à Chel pourquoi il avait disparu aussi longtemps des radars, la laissant seule affronter le monde. Est-ce qu’elle pourrait lui pardonner de lui avoir caché la présence de son père aussi longtemps dans sa vie ? Il avait préféré remettre au lendemain, et c’est la cause qui fait qu’aujourd’hui, encore elle n’est au courant de rien. Il avait toujours été protecteur envers elle depuis le lycée, depuis leur première conversation dans cette bibliothèque, profitant alors de cette passion pour les BD pour s’ouvrir à un nouveau jeu, un nouveau monde dont eux seuls connaissaient les règles. Mais aujourd’hui, Logan est démuni et il aimerait pouvoir retrouver cette place auprès de la rouquine. A l’aide de son vélo, il parcourait avec agilité les rues de Brisbane, ses mollets ne le remerciait pas toujours, mais lui qui n’a jamais été un brin sportif s’amusait à pédaler comme un fou, grillant parfois un feu ou deux, provoquant des clacksons tantôt, des cris parfois. Mais ça le faisait souvent sourire, de prendre tous ses risques, et de ne rien risquer à chaque fois. Il se prenait pour un as du volant la nuit, du guidon le jour. Il n’avait jamais pu rester sur ses acquis bien longtemps. Est-ce que réellement le fait qu’il va bientôt devenir père pourrait le responsabiliser un peu quand à ce sujet, ça ne lui ferait pas de mal. S’approchant de l’adresse où habitait encore Chelsea, du moins il l’espère parce qu’il n’aurait aucun moyen de la revoir sinon, et ne voulait pas rompre la magie de la surprise en envoyant un texto, il avait préféré directement venir la retrouver dans son antre. Il la connaissait suffisamment pour savoir que si lui, ses derniers temps se perdait dans les boîtes de nuit, c’était pas son cas à elle. Chelsea n’avait jamais aimé côtoyer ce même monde. Garant le vélo à l’entrée de l’immeuble, il profita qu’une personne en sorte, se faufilant jusqu’à l’étage désiré, passant une main dans ses boucles pour replacer ses cheveux. Une première sonnerie. Une deuxième au bout de quelques longues secondes et Logan fronça les yeux. « Chel, ouvre-moi, c’est Logan ! » Sa main vient tambouriner sur la porte d’entrée avec ferveur et appréhension. Il ne savait pas bien si le fait d’avertir de sa présence quand la porte est encore fermée serait la solution la plus adapté à la situation – elle lui en veut encore bien trop et n’ayant pas réellement eu encore toute les réponses à ses questions, pourquoi lui ouvrirait-elle ? « J’ai pris un sac de campement, j’ai tout mon temps. » C’était pas vraiment un sac de campement à proprement parler mais le jeune homme fuyait son propre domicile, sa propre chambre. Il fuyait le contact avec celle qu’il a toujours désiré, n’étant plus vraiment sur la même longueur d’onde – où les reproches les envahissent. Logan s’était appuyé contre la porte, tête posée sur le bois, la main sur la poignée. Le silence de l’autre côté ne lui plaisait pas vraiment, il soupirait une nouvelle fois, en sonnant une énième fois. Et tant pis si il vient à déranger ses voisins ou ses coloc, si elle en a encore. « Je sais que t’es là, toute façon… C’est qu’une question de temps… » Il murmure finalement, le cœur lourd de cette séparation qu’il n’a jamais voulu – bien qu’il n’a jusque-là jamais chercher à l’éviter, ou à le rompre de lui-même.
Le blues s’était installé depuis quelques jours, ce qui ne devait être qu’un coup de cafard perdurait. Chelsea prenait conscience que la santé de son grand père déclinait de plus en plus, il commençait à perdre la tête et elle ne pouvait plus faire semblant de ne pas le voir. Il semblait perdu dans l’espace temps, il lui avait parlé du lycée comme si elle y étudiait encore, il lui avait demandé qui elle préférait entre Desmond et Logan. Une question qui lui avait déjà été posée, cinq ans auparavant et qui l’avait amusé sur le moment, puisque les deux garçons se faisaient la guerre pour savoir lequel d’entre eux était son meilleur ami. À cette époque son cœur balançait, la rouquine les appréciait tous les deux pour des raisons différentes, mais elle su les départager lorsqu’elle comprit la véritable nature de ses sentiments pour l’Edgerton. Elle était amoureuse de lui, tandis qu’elle nourrissait une amitié fusionnelle avec le Novak, qui la comprenait mieux sur bien des points. Logan avait donc gagné la couronne de meilleur ami, pendant que Desmond s’était transformé en un crush tenace duquel elle n’arrivait pas à se dépêtrer. Le rapport de force semblait d’être complètement renversé en cette année 2023, les échanges restant nombreux avec l’un, pendant que les communications se tarissaient avec le second. Depuis que Logan était-il devenu aussi distant ? La vie bien remplie qu’elle menait ne lui avait pas permis d’ouvrir les yeux assez tôt, pour comprendre quel était le déclencheur de cette prise de distance. Elle s’était pourtant bien creusée la tête depuis, mais elle n’avait pas trouvé une seule bonne explication. Un mystère qui fut en partie éclairci lors de leur dernière sortie à la plage, durant laquelle il avait révélé qu’il allait devenir père. Une nouvelle qui avait fait l’effet d’une bombe, puisqu’elle n’aurait jamais pu deviner ce qui se tramait de son côté. Fonder une famille n’était pas un rêve pour lui, du moins pas un qu’il aurait aimé réaliser aussi jeune, de ce qu’elle savait. Logan devait être sacrément perturbé par ce qui l’attendait, mais la Cavanagh n’avait pas pour autant cherché à entrer en contact avec lui. Il ne devait pas avoir envie d’en parler avec elle, puisqu’il avait gardé cette information secrète bien trop longtemps à son goût. Le Novak ne voulait plus d’elle comme confidente et elle en avait pris note, ce qui avait alimenté davantage cette déprime qu’elle voulait passagère. Chelsea n’avait même pas envie de vadrouiller, elle s’était terrée dans sa chambre pour retoucher ses dernières photographies. Elle leva les yeux quand crut entendre une sonnerie, mais elle n’attendait personne. La rouquine continua son activité, jusqu’à ce qu’elle n’entende une seconde sonnerie ainsi qu’une voix masculine. Elle sortit de sa chambre au moment où il clama son nom, Logan. L’étudiante en photographie croisa ses bras, qu’est-ce qu’il lui prenait de venir à l’improviste d’un coup ? Elle se pinça les lèvres, incertaine sur son envie de lui ouvrir. Il ajouta qu’il avait tout son temps, parce qu’il avait un sac de campement avec lui, ce qui eut pour effet de lui faire froncer les sourcils. Qu’est-ce qu’il était en train de baragouiner là ? Est-ce qu’il essayait de faire l’intéressant pour qu’elle daigne le laisser entrer ? Elle se rapprocha de sa porte d’entrée et resta plantée devant pour écouter ses derniers mots. Chelsea décida finalement de la déverrouiller, avant d’observer le jeune homme, qui avait bel et bien un sac de taille imposante. « Tu ne blaguais pas quand tu parlais de sac de campement. » Elle se décala pour le laisser entrer avant de fermer derrière lui. La Cavanagh le regarda avec un air perplexe. « Ta copine t’a mis dehors ou quoi ? » C’était plutôt étrange, pourquoi voudrait-elle se séparer de lui après toutes ces années, maintenant qu’elle portait son enfant ? « Qu’est-ce qu’il se passe bon sang, Logan... » Elle avait toujours la certitude qu’il ne lui disait pas tout, qu’il s’était montré trop évasif à la plage. Il n’était peut-être pas à l’aise à l’idée de déballer tous ses problèmes devant Maxim, mais à présent ils n’étaient plus que tous les deux. « Tu as de la chance que je sois là et que mes colocataires ne le soient pas. » Dit-elle avant de tendre sa main pour récupérer son sac et le déposer dans un coin du couloir. Elle l’encouragea à la suivre jusqu’au salon, avant de s’asseoir dans son canapé et de déposer son coude sur l’accoudoir, avant de saisir son menton. « J’espère que tu es d’humeur plus... bavarde aujourd’hui. »Sinon je ne vois pas l’intérêt de ta venue ici, Logan. Elle n’avait pourtant qu’une seule envie Chelsea, celle de retrouver la splendeur de leur amitié d’antan, qu’elle ne voulait pas croire perdue à jamais...
« je ne sais pas faire quand t'es pas là. » chelsea cavanagh & logan novak.
Logan ne savait pas mettre d’eau dans son vin. Il ne connaissait pas le juste milieu, c’est la raison pour laquelle, il avait coupé court aux diverses conversations, et avait préféré se replier sur lui-même. Mais il devait admettre un truc : voir son amitié avec Chelsea se déliter, se détruire à petit feu le faisait indéniablement souffrir. Quand bien même, il cherchera à faire le fort, le dur, celui qui n’est pas touché – elle, elle sait que ce n’est qu’une façade. Un moyen de se défendre, qui n’est pas toujours ce qu’on recherche chez l’autre. Le silence de l’autre côté de la porte ne lui apporte aucune satisfaction, il se demande combien de temps elle mettra pour venir lui ouvrir. Combien de temps cette porte devra rester fermer pour qu’elle accepte enfin de le regarder dans les yeux, et de lui pardonner. Par quel genre d’explication il devra passer, pour qu’elle daigne s’intéresser de nouveau à lui – autre que par des piques acerbes comme ils l’ont connu sur la plage. Dire qu’il regrette et que si il pouvait revenir en arrière, il le ferait n’était pas une chose facile, parce qu’il a appris à assumer les conséquences de ses actes : la seule pour le moment qu’il a bien dû mal à assumer c’est sa paternité. Il se sent dans un étau, pris au piège. Il se sent vulnérable avec aucun échappatoire qui saurait le satisfaire. Il n’y avait pas vraiment d’issue : celle que l’enfant naît et qu’il affronte ses peurs et devient un père honorable, ou que cet enfant finisse par ne jamais voir le jour, et auquel cas la destruction de cette image de paternité qui finirait elle-même par être détruite en une fraction de seconde. Il ne saurait choisir laquelle, il préfèrerait. Il ne saurait dire celle en accord avec lui-même. C’est dans un vague soupire qu’il tente de faire échapper ses mauvaises pensées de son esprit – d’où la raison pour laquelle il évite de rentrer dans ce petit studio qu’il loue avec Leo. Ce n’est donc pas pour être assommé de questions que ni lui, ni Chelsea ne sauraient répondre. Davantage quand sa meilleure amie, sa confidente n’est au courant de quasiment rien de ce qui s’est passé ses derniers mois. A commencer par son nouveau job et la découverte de l’identité de son géniteur. Le bras appuyé lâchement contre le rebord de la porte, la tête qui s’y appuie, il était prêt à se monter un petit truc de fortune le temps que l’un de ses colocs reviennent ou que les flics débarquent prévenus par des voisins pour qu’elle daigne enfin ouvrir la porte. Mais rien de cela ne devrait se passer parce qu’en toute surprise, il entendit le verrou qui se débloque et la poignée qui s’enclenche, pour laisser découvrir le minois de la rouquine devant son regard qui accepterait presque tous les reproches inimaginables. « Tu ne blaguais pas quand tu parlais de sac de campement. » Et cette phrase réveil en lui un soulagement et un sourire qui apparaît bien vite au coin de ses lèvres. « Je blague rarement pour ce genre de chose, tu l’sais non ? » Il comptait réellement passer la nuit dans ce couloir si il avait fallu lui prouver sa bonne foi, peut-être revenu à la raison ? « Mais je dois dire que ton appart sera plus confortable. » Non, il n’comptait pas s’installer ici, et c’est en tout cas pas ce qu’il lui demanderait, jamais. « Ta copine t’a mis dehors ou quoi ? » Il lève son regard sur elle alors qu’elle lui fait une place pour le laisser entrer. Hum, c’est pas exactement une vérité frappante, mais c’est celle qu’il acceptera volontiers qu’elle croit, si c’est pour éviter de devoir raconter tout le reste. Parce qu’il connaît assez Chel pour savoir qu’elle ne se contentera jamais que d’une seule réponse. Et qu’une réponse de Logan entraînera une nouvelle question de sa part et jusqu’à finalement qu’elle sache tout. Mais n’est-ce pas le but de venir ici ? Retrouver cette amitié, ses confidences ? « Qu’est-ce qu’il se passe bon sang, Logan... » Il relève ses yeux sur elle, fronça ses derniers quelques instants, immobile et surtout silencieux. Avant de poser son sac juste à l’entrée, avant de répondre dans un soupire, « rien de grave avec Leo, c’est passager… » Oui clairement, il laissait entendre qu’il y avait bel et bien quelques tensions entre eux – mais pour Logan, rien n’est vraiment à prendre au sérieux, rien n’est totalement de sa faute, ou tout finira par s’arranger. Chelsea le connaissait suffisamment pour y revoir ses quelques traits dans son regard quand bien même cela fait un petit moment qu’ils ne se sont plus vraiment parlés. « Tu as de la chance que je sois là et que mes colocataires ne le soient pas. » Qu’elle avoue, en partant en direction du salon pour s’installer sur la banquette jaune canari. « Je ne les connais pas encore, ils sont sympa ? » Qu’il demande, en suivant le pas pour s’installer au côté de la jeune Cavanagh. « Tu les embêtes pas trop avec ton mauvais caractère au moins ? » Et ça le fait rire, il s’ose alors qu’il ne sait pas vraiment si il a ce droit, désormais. Mais leur complicité n’a pas vraiment disparut, et il a ce besoin de retrouver ce bout de femme dans sa vie, autant qu’elle, il croit. « J’espère que tu es d’humeur plus... bavarde aujourd’hui. » Il hausse les épaules. Un instant de réflexion, alors que nerveusement sa jambe se met un peu à trembler, et qu’il ne sait plus trop quoi faire de ses mains. « Tu parles de Leo ? » Arrête de tourner autour du pot, Logan ! « Elle m’en veut d’avoir été moins présent pour elle. » Et ce n’est qu’une vérité mais qui masque bien plus important : la découverte de ce géniteur, et ce travail qu’il a décroché pour se rapprocher de lui. Est-ce suffisant pour se faire pardonner auprès de la rouquine ? Il l’ignore encore, et refoule le moment où elle finira par l’apprendre. « Je m’en veux de pas t’avoir donné de nouvelles. » Et cette fois, il relève son regard sur elle pour l’observer un moment, sincère.
Il n’y a pas si longtemps, Chelsea pensait que si ses amitiés perduraient sur plusieurs années, cela relevait du miracle. Elle s’était souvenue que durant un des plus grands moments de lucidité, son grand-père lui avait dit que beaucoup de choses n’étaient qu’éphémères, tout particulièrement les relations avec les autres humains. La rouquine ne comprenait pas comment il pouvait tenir de tels propos, alors qu’il était marié à la même femme depuis une éternité, puis elle finit par comprendre qu’il voulait avant tout l’encourager à chérir les personnes qu’elle avait dans sa vie sur le moment. Est-ce qu’elle avait suivi ce conseil ? L’étudiante en photographie pourrait répondre que oui, la plupart du temps elle l’avait fait. C’était probablement ce qui lui avait permis de conserver Amy, Desmond et toute la bande avec laquelle elle traînait au lycée. Combien de temps cela allait encore durer ? Elle ne le savait pas, même si elle manquait d’optimisme, puisqu’elle se rendait compte que la vie d’adulte ne donnait pas une place de choix aux amitiés. Une constatation qui la fit se questionner sur son attitude, n’était elle pas trop dure avec Logan ? Est-ce qu’il méritait de rester longuement derrière cette porte, qu’elle avait pourtant toujours ouvert avec plaisir lorsqu’il pointait le bout de son nez ? Probablement pas. Il avait fait l’effort de venir jusqu’à elle, ce qui prouvait qu’il n’avait pas encore baissé les bras, qu’il comptait essayer de recoller les morceaux avec elle. Elle ne savait pas encore ce qu’il avait en tête, mais il avait le temps de l’expliquer, la taille de son sac le lui confirmait, il n’était pas prêt de rentrer chez lui. Il lui disait qu’elle devrait savoir qu’il ne blaguait pas pour ce genre de choses, ce qui n’était pas faux en soi, il pouvait être prêt à tout pour parvenir à son but, quitte à dormir dans un couloir. C’était une des qualités qu’elle appréciait le plus chez lui, il était aussi entêté qu’elle. Il s’agissait de la raison pour laquelle elle se mit à avoir un sourire en coin, alors qu’elle était censée lui faire la tête. « C’est sûr qu’en comparaison, tu vas dormir comme un prince sur mon canapé. » Elle ne pouvait pas lui proposer mieux et il le savait, il savait également qu’il devrait être soulagé qu’elle accepte déjà de l’héberger pour la nuit. Chelsea ne comptait pas demander l’avis de ses colocataires, parce que Carl ne s’était pas gêné de ramener une fille - qui n’avait pas l’air très fréquentable qui plus est - et qu’Adèle ne pouvait pas faire sa loi, même si son âge plus avancé pourrait laisser croire le contraire. Elle était impatiente de connaître ses explications, elle n’avait pas hésité une seule seconde à lui faire part de sa supposition. La rouquine avait presque eu l’impression d’avoir tapé dans le mile, après avoir vu son expression. Cependant, elle attendait toujours d’en avoir la confirmation verbale. Il la fera finalement démentir en partie, puisqu’il admit qu’il y avait de l’eau dans le gaz, mais ce que ce n’était pas grave. « Si tu le dis. » Logan était le mieux placé pour le savoir, il devait la connaître sur le bout des doigts puisqu’ils étaient ensemble depuis cinq ans. Une durée qui l’avait rendu admirative, encore plus quand elle voyait toutes les autres relations amoureuses se désagréger au bout de quelques mois seulement. Elle lui partagea ses pensées, des pensées qui rappelèrent au jeune homme qu’il ne connaissait pas encore ses colocataires. Carl était pourtant là depuis plus de six mois, mais elle n’était pas certaine que le Novak l’apprécie. Il était gentil le Flanagan, mais il se coltinait encore d’énormes boulets à côté desquels Logan pourrait difficilement passer à côté, à moins qu’il n’effectue pas une seule recherche sur son nom. Adèle était quant à elle encore relativement récente dans la colocation, bien qu’elle n’ait pas aimé découvrir sa filiation avec un certain Ash, elle ne pouvait pas être de mauvaise foi en la décrivant comme quelqu’un d’horrible. « Ils sont plutôt sympas ouai. » Logan chercha à savoir si de son côté à elle, elle arrivait à être supportable pour eux, ce qui lui valut une petite tape sur l’épaule. Il ne le savait pas mais, Carl lui avait dit plusieurs mois plus tôt que si le précédent colocataire était parti, c’était sûrement à cause de son caractère, ce qu’elle réfutait. « Comment je pourrais trop les embêter alors que j’suis un fantôme ici ? » Elle en était un par rapport à eux, elle ne faisait que d’y dormir, se laver et s’habiller la plupart du temps. Elle était la colocataire rêvée pour ceux qui voudraient avoir l’illusion de vivre seuls. Ce soir, Chelsea ne devrait pas être le sujet principal de leur conversation, elle s’arrangea donc pour qu’elle dévie sur lui. Logan aurait pu paraître pour un je m’en foutiste, si elle n’avait pas perçu une certaine nervosité chez lui. Il lui posa une question dont il connaissait la réponse, la Cavanagh afficha un air blasé. Le Novak lui expliqua vaguement pourquoi sa copine lui en voulait, il n’avait pas été assez présent pour elle aussi. Alors pour qui il avait été présent au juste ? Où était-il passé ces derniers mois ? Il lui confia qu’il s’en voulait de ne pas avoir donner de nouvelles. « Pourquoi tu ne l’as pas fait ? Si Leo se plaint c’est que tu as été absent, pour elle aussi. T’étais où alors ? » Les sourcils de la jeune femme s’étaient froncés, elle voulait vraiment savoir s’il avait eu un motif légitime pour disparaître des radars. « Je n’ai pas eu des mois très faciles ces derniers temps. » Qu’elle ajouta, elle ne l’avait pas dit l’autre jour sur la plage parce qu’elle ne voulait pas diffuser de mauvaises ondes à Maxim. « Je ne sais pas ce qui est le pire entre le fait que je commence à devenir comme ma mère, dans l’sens ou je me fais de plus en plus bouffée par le travail ou... que Raghnall perde de plus en plus la boule. » Chelsea ne pas pourquoi elle lui déballait tout ça, cela ne faisait que de l’éloigner de son but premier. « Ce qui est certain c’est que ça aurait été plus supportable si jamais pu t’avoir à mes côtés dans ces moments-là. » Il lui aurait changé les idées avec ses conneries, entendre son rire lui aurait remonté le moral...
« je ne sais pas faire quand t'es pas là. » chelsea cavanagh & logan novak.
Le Novak ne comprenait pas lui-même comment en était-il arrivé à ce point de non-retour, à cette absence pour ceux qui ont toujours comptés pour lui. Il avait blessé bien trop de personnes mais ce n’est que face à Chelsea qu’il pouvait réellement s’en rendre compte. Seulement face à Chelsea qu’il pouvait culpabiliser. Peut-être parce que leur lien a toujours été très fusionnel, qu’il n’a jamais su l’expliquer, mais que ça le dépassait. Ca les dépassait. Il y a encore quelques mois, il se suffisait l’un à l’autre – Logan en jouant davantage face à un Desmond jaloux, et peu enclin à la conversation. Ils ne s’étaient encore jamais tapé l’un sur l’autre, mais le Novak sait combien ça finirait par arriver. Tôt ou tard, mais ce n’est pas la raison de sa disparition soudaine. Ce n’est pas la raison de son éloignement avec Chelsea. A ses yeux, c’était bien plus important que ce que peut ressentir le Desmond, ou penser. Quand bien même, ce dernier a réellement dû être satisfait de la tournure des choses. Il ne le connaissait pas beaucoup mais suffisamment pour le deviner. Inutile qu’ils soient devant lui pour que Logan ressente à son égard toute l’animosité de l’autre ami de la Cavanagh. De cette jalousie dont les deux hommes s’amusent à convoiter, à pousser toujours le truc à son maximum. Il avait espéré que Desmond ne soit pas là ce soir, plus qu’aucun autre soir. Parce que Logan n’avait pas envie de le voir, pas envie de se confier à lui. Et qu’il ne se serait pas senti à son aise. Pour autant, ses pensées vont en premier lieu pour Leo, alors qu’il l’a abandonné lâchement un soir de plus. Un soir de plus, peut-être espérait-elle qu’il revienne à la raison, et rentre chez eux. Peut-être était-elle de nouveau à se morfondre du comportement de son compagnon, autant d’années l’un et l’autre ensemble, pour se voir, séparés aussi longtemps. Et incompris. « C’est sûr qu’en comparaison, tu vas dormir comme un prince sur mon canapé. » Il lève les yeux vers elle, pas surpris, mais il feinte comme à son habitude se trait de caractère qui lui correspond assez bien pour l’embêter, « tu vas oser me faire dormir sur ton canap ? » Fait-il, en jouant avec une sidération trop exagérée. « Parce que tu penses qu’on va réellement réussir à dormir ? On a du temps à rattraper… » Qu’il souffle avec une facilité, jouant de son air angélique, et de son regard mielleux, avant qu’elle rétorque, haussant les épaules concernant les propos pour Leo. « Si tu le dis, » Il n’a pas spécialement envie d’argumenter davantage. Il préfère pour l’heure laisser cette situation en stand-by, mais il devine avec aisance, que si il y a une personne sur cette terre qui ira autant lui faire la morale que Leo ou Max, c’est bien la rouquine qui se tient devant lui. « Ils sont plutôt sympas ouai. » Admet-elle avec facilité en se laissant tomber sur son canapé, alors qu’il vient la rejoindre, avant qu’elle le repousse de sa main quand elle heurte son épaule face à sa taquinerie légendaire, « comment je pourrais trop les embêter alors que j’suis un fantôme ici ? » Une moue apparaît sur son visage, « un fantôme assez sympa alors quand même… » Qu’il ne peut s’empêcher de rajouter mais il était mal placé pour juger quoi que ce soit, Logan n’a pas l’habitude de parler et de se créer des liens avec des gens qu’il n’apprécie pas ou qui ne sont pas à ses yeux en tout cas – sympa. « Pourquoi tu ne l’as pas fait ? Si Leo se plaint c’est que tu as été absent, pour elle aussi. T’étais où alors ? » Elle l’attaque de front aussitôt qu’il s’exprime sur son manque réel d’intérêt pour les autres. Et il comprend bien vite que Chel ne lâchera pas l’affaire aussi vite, que si elle lui boudait dans la voiture lors de leur escapade sur la plage c’était pas pour rien, qu’elle a été profondément touchée par lui. Et par ses réactions, et par son silence. C’est douloureux de le constater, douloureux pour lui qu’elle ne puisse plus lui faire confiance, quand il semble lui-même perdu dans ses propres sentiments. « Je n’ai pas eu des mois très faciles ces derniers temps. Il relève son regard sur la rouquine, passant sa main dans celle de la jeune femme en fronçant à son tour les sourcils. Que s’est-il passé ? Je ne sais pas ce qui est le pire entre le fait que je commence à devenir comme ma mère, dans l’sens ou je me fais de plus en plus bouffée par le travail ou... que Raghnall perde de plus en plus la boule. » Et Logan est bien placé pour savoir combien la place de son grand-père est importante pour son amie. Il sait combien, sans lui les moments seront compliqués. « Je te promets que c’est fini, que je te lâche plus ! » Si l’étreinte autour de la main de Chelsea se resserre davantage, son regard lui se relève un instant sur la jeune femme, pas vraiment prêt à continuer ses pas en avant, doutant de sa capacité à tout éclaircir d’une seule traite. Et sans la heurter davantage. « Ce qui est certain c’est que ça aurait été plus supportable si jamais pu t’avoir à mes côtés dans ces moments-là. » Conscient de tout ça, il détourne pourtant le regard, lâchant la main de Chelsea. « J’ai pas voulu te blessé, encore moins blesser Leo. Ou Max. » Seule Cassie connait toute l’histoire, parce qu’elle l’a aidée à fournir de faux documents et surtout de faux détail que tout seul, jamais il n’aurait songé. « J’ai commencé un nouveau job. » Ouais, rien de surprenant, elle le sait déjà, puisque même à la plage, ça a été son excuse première pour palier à son silence. « Le patron c’est pas n’importe qui, Chel. » Et Logan se lève du canapé, fronçant les sourcils, tournant le dos à la jeune femme pour regarder un instant à travers la grande baie vitrée. Observant l’horizon avant de reprendre, « Je me suis fait embaucher par mon père… » Son cœur qui s’accélère devant cette putain de révélation qu’il aurait encore pu garder pour lui si Chelsea ne comptait pas autant. Il lui a menti, il lui a caché la chose primordiale dans sa vie. « Je suis son assistant. » Et son larbin par la même occasion, il se retourne vers elle, il a mal au cœur, mal de devoir lui faire part de cette révélation comme ça, alors qu’elle aurait peut-être pu tant lui apporter si elle avait su. « J’espère que tu m’en veux pas trop, Chel. Tu fais partie des premières à le savoir. » Qu'il s'empresse de lui demander, parce qu'il redoutait plus que quiconque le comportement de la Cavanagh. Elle serait en droit de lui en vouloir, en droit de vouloir le gifler ou de lui hurler sa peine. Elle serait en droit de lui tourner à son tour le dos. Seule Cassie, et Max le savent. Et ce putain de journaliste qui le suit au basque ! Pas même Leo. Et encore moins le reste de la bande. « Mais il sait pas qui je suis… » Sous-entendu Sergio, ou son géniteur. Ou son père, il ne sait même pas comment l’appeler encore, tant la déception est visible sur son regard. Lui qui pensait que ce serait facile de rentrer dans sa vie et de se faire cette place qu’il a tant désirée, depuis toujours.
L’appartement de Chelsea était un endroit qui la rendait plus encline à se retrouver avec lui, un endroit intimiste dans lequel ils devraient tous les deux se sentir plus à l’aise. La voiture de Logan avait également représenté un espace assez privé pour qu’ils puissent se parler en toute liberté, mais il n’avait pas été le meilleur des endroits pour le faire en toute sécurité, elle avait préféré le laisser se concentrer sur sa conduite plutôt que de l’accabler de reproches. Garder sa langue dans sa poche n’avait fait qu’augmenter sa rancœur envers lui, elle avait détesté devoir garder plus de la moitié de ses pensées pour elle. Elle avait dû redoubler d’efforts pour se tenir pour ne pas mettre Maxim dans l’embarras, mais le Novak n’avait pas hésité à mettre les pieds dans le plat en soulignant qu’elle lui tirait la tronche. Un épisode qui pouvait paraître lointain maintenant qu’on les observait se parler de nouveau sereinement, Logan était assez détendu pour faire le pitre. « Tu ne mérites pas mon lit, pas le moins du monde. » Chelsea ne plaisantait qu’à moitié, elle ne partageait pas son nid douillet, mais il n’était bien évidemment pas la dernière des personnes qui auraient le droit d’y dormir. Il lui avait demandé si elle pensait réellement qu’ils allaient récupérer, alors qu’ils avaient quelque chose de plus important à rattraper que leur sommeil, le temps qu’ils avaient perdu en étant loin l’un de l’autre. « Tu n’comptes quand même pas me faire tenir debout jusqu’à pas d’heure ? Figure toi que Leo n’est pas la seule à être enceinte, ma patronne de la galerie d’art l’est aussi, alors elle compte sur moi pour pallier ses absences. » Il n’était clairement pas le seul à être accaparé par son travail, mais lui il avait au moins le luxe d’en avoir qu’un seul. Le parallèle qu’elle venait de lui faire lui fit penser que Jenna allait avoir son premier bébé en ayant quasiment le double de son âge à lui. Une comparaison lui donna presque l’impression que le Novak allait avoir un enfant alors qu’il en était lui-même un, elle le percevait encore comme l’adolescent avec lequel elle échangeait des bandes dessinées au lycée. Ils devaient sérieusement discuter à ce sujet, ce qui pourrait effectivement prendre des heures. Elle sentait qu’il y avait bien des choses à creuser, qu’il devait être en pleine minimisation de ses problèmes. Il était peut-être en pleine diversion, à vouloir lui parler de ses colocataires. « J’fais ce que je peux pour être supportable, même si c’est certain qu’il est plus facile de vivre avec quelqu’un qu’on connaît bien... » Dit-elle en se détournant vers la fenêtre. Chelsea regarda de loin le chemin qu’elle prenait pour rejoindre l’appartement de Desmond, qui ne se trouvait qu’à quelques rues de là. Elle savait pourtant qu’elle pourrait difficilement avoir une plus mauvaise idée que celle de cohabiter avec lui, elle secoua brièvement sa tête. L’étudiante en photographie avait d’autres chats à fouetter, elle se remit pleinement dans l’objet de sa venue. Le cœur lourd, elle décida subitement de s’épancher un peu sur son propre sort. Logan effectua un rapprochement tactile avec sa main, ce geste qui se voulait réconfortant n’avait pas eu l’effet escompté sur elle, ses grands yeux bleus laissaient entrevoir le chagrin qui la possédait encore. Il lui fit la promesse de ne pas la laisser tomber tout en resserrant son étreinte, cela la réchauffa quelque peu.
Elle continua de vider son sac et Logan devint fuyant, il rompit tout contact physique et visuel. Un comportement qui tranchait avec ses paroles, mais qui était énonciateur de la suite. Chelsea avait senti qu’il allait se dévoiler, qu’il avait besoin de prendre quelques distances pour cela. Il se mit de nouveau à parler de son travail, elle pencha légèrement sa tête pour lui signifier sa lassitude de ce sentiment de déjà vu. Le brun ajouta que son employeur n’était pas n’importe qui, ce qui rendit la jeune femme sceptique. Où voulait il en venir ? Elle ne voyait plus un seul trait de son visage et cela ne l’aidait pas vraiment. « Ne tourne pas autour du pot. » Qu’elle lui ordonna, sa patience ayant des limites. Il prononça le mot qui eut l’effet d’une bombe ‘ père ’, il avait trouvé son père. Pire que cela, Logan fréquentait son géniteur tous les jours, pendant que l’identité de son géniteur à elle restait encore un mystère à élucider. La jalousie n’était pourtant pas le sentiment qui prédominait chez elle, l’incompréhension et la colère prenaient beaucoup plus de place. La rousse était méconnaissable, elle était restée mutique de longues minutes, jusqu’à ce qu’il lui fasse part de ses espoirs tout en essayant de la faire se sentir spéciale, peut-être pas assez à son goût, puisqu’elle n’était pas la première à avoir eu l’information, de ce qu’elle comprenait. « J’dois m’estimer heureuse de faire partie de ceux qui ont eu l’exclu c’est ça que t’es en train d’me dire ? » La dernière phrase de Logan résonna dans son esprit, son père en savait même pas qu’il avait son fils à ses côtés. Elle se leva à son tour du canapé et se planta devant lui. « Ce que t’es en train de me dire là, c’est que tu nous as tous abandonné pour un putain d’inconnu ? Qui n’a même pas donner une infirme partie de sa vie pour t’élever ? Que t’as même pas jugé nécessaire de m’en parler dès le début alors qu’on est dans le MÊME putain de bateau ?! » Il avait néanmoins la chance d’avoir un père plus facile à trouver, mais cela ne lui donnait pas le droit de faire tout cela dans son dos. Elle s’éloigna de lui pour faire quelques pas, avant de se mettre à tourner en rond. « J’y crois pas, non j’veux pas y croire... » Logan avait été sincère, sa tonalité et son regard l’avaient prouvé, il n’avait rien inventé. Elle quitta la pièce à toute vitesse, elle ramassa son sac dans le couloir et revint en arrière. Chelsea le lui balança en pleine figure. « Casse-toi. » Le visage de la rouquine avait considérablement rougi. Il n’avait plus rien à faire sous son toit, il l’avait trahi en l’ayant jugée indigne de partager tout cela avec elle. « Je ne t’aurai JAMAIS fait ce que tu m’as fait putain. » Elle lui avait toujours tout raconté, ses joies comme ses peines, ses secrets enfouis. Il savait tout d’elle, ce dont même Desmond ne pouvait pas se vanter. « Fous l’camp, t’es plus le bienvenu ici. »
« je ne sais pas faire quand t'es pas là. » chelsea cavanagh & logan novak.
Il le sait mieux que quiconque, qu’il aurait dû venir ici depuis bien longtemps. Il le savait plus que jamais, il ne devrait rien cacher à cette amie. Qu’elle finirait par tout savoir, par lui en vouloir. Mais il a repoussé le moment fatidique aussi longtemps qu’il a pu, peut-être par fierté, par lâcheté, par je m’en foutisme. Et il finira par le regretter, il en a au moins cette conscience. Il ne saurait dire pourquoi, aujourd’hui, il a ce besoin de jouer carte sur table. « Tu ne mérites pas mon lit, pas le moins du monde. » Qu’elle lâche, alors qu’il lève les yeux au ciel, pourtant, il ne devrait pas vraiment râler, ni la provoquer sur ce terrain. Parce que dans le fond, il sait combien il est en tort, alors même, qu’elle l’ignore. C’est bon enfant entre eux, c’est tout ce qu’il aime. Et on peut entendre son rire qui résonne dans l’appartement. « Tu n’comptes quand même pas me faire tenir debout jusqu’à pas d’heure ? Figure toi que Leo n’est pas la seule à être enceinte, ma patronne de la galerie d’art l’est aussi, alors elle compte sur moi pour pallier ses absences. » Il hausse les épaules, presque d’un air désolé, « ta patronne est enceinte, pas toi que je sache… » Il se vante, un sourire en coin, « on en reparlera quand ton tour viendra… » Il souffle, sans ménagement, il ne la laisserait pas râler si elle en a aucune raison. Et comme elle n’est pas enceinte, elle peut bien le supporter. « J’fais ce que je peux pour être supportable, même si c’est certain qu’il est plus facile de vivre avec quelqu’un qu’on connaît bien... » Il l’observe discrètement et fronce les sourcils. Elle parlait de qui au juste ? « Encourage-les à mieux te connaître alors ! » Hors de question de rajouter Desmond dans le tableau, Logan refuse !
Son soupire est audible, alors que Logan recherche du réconfort dans son regard, quelque chose qu’il finira par perdre c’est certain. Depuis la fin d’année il cherche à lui avouer toute cette vérité, parce que depuis qu’ils se connaissent, Chelsea a toujours été présente pour lui, et ils se sont toujours tout avouer l’un et l’autre, sans se ménager parfois. Mais lui cacher cette vérité est sûrement la pire des choses qu’il pouvait faire, et venir comme une fleur quelques mois après lui annoncer, la pire idiotie qu’il est pensé. Pourtant, il se retrouve devant un mur, et il ne peut pas fuir. Il ne peut plus fuir. « Ne tourne pas autour du pot. » Qu’elle annonce, alors qu’il lui tourne toujours le dos, debout face à cette vue splendide sur fortitude valley. Il ne veut pas se retourner. Il ne veut plus lui faire face parce qu’il s’attend au pire. Ce quartier est un coin qu’il connaît désormais bien, davantage quand celle qui se retrouve dans son dos, vit ici depuis assez longtemps pour que les deux jeunes gens soient souvent partis promener en pleine nuit. Il finit par tout lui avouer, presque tout d’une traite, le regard perdu, les mots lui manquent. Des mots pour réellement qu’elle comprenne que ce n’était pas contre elle. Mais comment lui dire qu’il a dû trafiquer son cv alors vide, pour prétexter être l’homme qu’avait besoin cet homme d’affaire ? « J’dois m’estimer heureuse de faire partie de ceux qui ont eu l’exclu c’est ça que t’es en train d’me dire ? » Il avale difficilement sa salive, sans même rompre cette distance qu’il a voulu installer entre eux, et qu’elle n’est pas prête à son tour à la rendre minuscule. Elle lui en veut, elle est déçue, et il ressent cette peine mieux que quiconque. « C’est pas ce que je voulais dire… » Il tente, en vain. Sa voix est un signe SOS qu’elle ne parviendra jamais à capter, à prendre en considération. Parce qu’elle doit s’imaginer le pire, elle doit s’imaginer qu’elle n’est plus rien pour lui, qu’elle n’a jamais compté pour lui. Et c’est douloureux pour le Novak, qu’il n’comprend pas pourquoi elle réagit ainsi. « Ce que t’es en train de me dire là, c’est que tu nous as tous abandonné pour un putain d’inconnu ? Qui n’a même pas donner une infirme partie de sa vie pour t’élever ? Que t’as même pas jugé nécessaire de m’en parler dès le début alors qu’on est dans le MÊME putain de bateau ?! » Elle est debout, à quelques mètres de lui, en plein milieu de ce salon et il la regarde. Silencieux, fronçant les sourcils, immobile. Tentant de comprendre son propre raisonnement, tentant d’accepter la finalité : il n’aura plus sa place côté de la rouquine. Parce que si il doit choisir entre Sergio et elle, son choix est déjà tout tracé ! « Je voulais t’en parler avant, Chel, » mais je l’ai pas fait. Qu’il ne poursuit pourtant pas, alors que c’est exactement ce qu’il lui aurait annoncé. « J’y crois pas, non j’veux pas y croire... » Et elle s’éloigne alors qu’il relève son regard sur elle, se demandant bien ce qu’elle fout. Elle revient après quelques secondes en trombe en lui jetant à la figure son sac, qu’il laisse tomber à ses pieds. « Casse-toi. » Son regard se durcit et il serre les poings, heureusement que ses colocs ne sont pas présents car il se montrerait en spectacle et c’est franchement une chose dont il a horreur. « T’es sérieuse ? » Son ton est calme, trop calme pour être réellement réaliste, alors que sa voix tranche avec piquant et fougue. « Tu veux vraiment que je me casse d’ici ? » Qu’il répète, avançant de quelques pas vers elle alors qu’elle reprend sur la même tonalité. Quoi que Chelsea crie, au lieu de rester calme. Et il trouve ça ridicule. « Je ne t’aurai JAMAIS fait ce que tu m’as fait putain. » Elle lui hurle dessus, « fous l’camp, t’es plus le bienvenu ici. » Il finit par rire nerveusement, se relevant légèrement, « c’est exactement pour CETTE raison que je t’ai rien dis ! » Il lance à son tour, amer et blessant, sa mâchoire serrée. Il n’y a plus aucune raison qu’il baisse son regard, plus aucune raison qu’il tente de prendre des pincettes, et maintenant qu’elle lui a tout dit, lui aussi va en faire de même, « si tu veux vraiment que je parte, je partirai… » Sa voix est devenu presque normale, quoi qu’un peu déchirée alors qu’il s’approche de nouveau d’elle, pour venir la fixer de son regard. « Mais si je franchis cette porte, sache que tu ne me reverras plus jamais ! » Regard dur, et noir, il la défie du regard. Bien décidé à mener jusqu’au bout sa mission et si elle n’est pas à côté de lui, il ne saurait retenir sa jeune amie bien longtemps. « Tu voulais quoi ? Vivre par procuration avec mon histoire ? » Qu’il cherche à comprendre, alors qu’il sait qu’elle aussi, recherche son père et qu’elle ne trouve pas. Elle joue à quoi ?
Chelsea ne savait plus à quand remontait la dernière fois qu’elle lui avait décroché un rire, mais elle était heureuse de l’entendre de nouveau. Elle n’avait jamais aimé se prendre la tête avec lui, parce qu’elle savait qu’avec leurs caractères respectifs ils pouvaient aller loin, trop loin, mais son côté rancunier l’avait tout de même poussé à lui faire des reproches. La rouquine n’avait pas le souvenir d’avoir déjà été privée de lui aussi longtemps que cette année, une prise de distance dont elle allait se servir pour essayer de lui jouer un mauvais tour. « Qu’est-ce que t’en sais ? » Qu’elle répliqua lorsqu’il lui dit qu’aux dernières nouvelles elle n’était pas enceinte. Elle avait pris un air sérieux, même s’il devait suffisamment la connaître pour savoir que ce n’était pas le cas, parce qu’elle ne le lui aurait jamais annoncé d’une façon aussi décontractée. Chelsea n’avait jamais rêvé d’accéder à la maternité, elle était même au contraire terrifiée par la possibilité de donner la vie. Elle était l’une de ces rares enfants qui ne touchaient jamais aux poupées à sa disposition, peut-être parce qu’elle avait rarement été en contact avec des nourrissons. L’étudiante en photographie ne voyait pas plus Logan dans ce rôle de parent, mais l’heure d’aborder ce sujet de discussion n’était pas encore venue. Il était trop occupé à l’encourager à se rapprocher de ses colocataires, elle devinait qu’il ne voulait certainement pas la voir être tentée par l’idée de vivre avec Desmond. La rouquine n’avait pas besoin qu’il l’encourage à le faire, parce qu’elle avait toujours trouvé important de connaître un minimum les personnes qui vivaient sous le même toit qu’elle, mais elle n’irait pas jusqu’à se forcer à devenir leur amie. « Parfois j’me dis que je ferai quand même mieux de rester mystérieuse, surtout au vu de ce qu’a fait Carl après la fois où j’en avais un peu trop dit sur moi... »Dit-elle en croisant ses bras. Logan ne l’aurait probablement jamais embarqué dans un plan aussi tordu que le sien, tout comme il n’aurait pas eu de conversation aussi gênante que celle qu’elle avait pu avoir avec son colocataire. Elle ferma ses yeux l’espace de quelques secondes parce qu’elle préférait oublier cet épisode. Il était pourtant bien moins sombre que les pensées qu’elle avait pu avoir ces dernières semaines, notamment lorsqu’elle se trouvait aux côtés de Raghnall. Chelsea ne le hurlait pas sur tous les toits, mais elle avait besoin d’une présence rassurante lorsqu’elle songeait au pire, ce qu’elle n’avait pas pu trouver en Logan.
Le Novak pouvait en redevenir une selon ses dires, mais elle n’en était pas aussi sûre, parce qu’il y avait encore trop de parts d’ombres. Comment pourrait-elle lui faire confiance alors qu’elle ne savait pas ce qu’il avait fait de ses derniers mois ? Il avait peut-être mal tourné, ce qui pouvait expliquer pourquoi il osait s’absenter lorsque sa petite amie avait le plus besoin de lui. Elle ne connaissait rien de cette activité professionnelle qui l’accaparait tant, ce qui était plus que louche. Il préféra mettre l’accent sur son patron, parce qu’il était la raison pour laquelle il avait accepté ce travail, il était quelqu’un de spécial. Elle aurait voulu l’entendre dire qu’il était devenu l’assistant d’une personne parce qu’il admirait depuis longtemps et non de son père, qui ne s’était jamais préoccupé de lui ni de sa mère. Il ne méritait pas qu’il lui accorde tout son temps, qu’il éclipse tout le reste, elle n’avait même pas besoin de le rencontrer pour en être certaine. Logan essaya vainement de se rattraper, de lui faire comprendre qu’elle avait mal interprété ses paroles, mais elle fit la sourde oreille. Chelsea ne pouvait pas se retenir de lui donner le fond de sa pensée, pendant que lui restait silencieux. Il n’avait pas d’arguments en béton pour se défendre, il se serait manifesté dans le cas inverse. Le brun se contenta de lui dire qu’il voulait lui en parler avant. « Quand on veut, on peut. » Cette phrase était particulièrement horripilante quand elle sortait de la bouche de sa propre mère, mais elle la trouvait tout à fait appropriée dans ce contexte. Il ne lui aurait suffit qu’un peu de volonté pour la mettre dans la confidence plus tôt. Elle s’absenta après un court instant de déni, pour lui rendre ses affaires de la façon la plus brutale possible. Il ne cherchera même pas à ramasser son sac, ce qui lui fit comprendre qu’il n’allait pas s’en aller alors qu’elle venait de lui sommer de le faire. Logan lui demanda si elle était sérieuse, la noirceur qui teintait son regard ne laissait pourtant pas de place au doute. Elle lui confirma qu’il s’agissait de son souhait, avant de l’entendre dire que c’était justement à cause de cette attitude qu’il l’avait laissé dans l’ignorance. Chelsea ne lui aspirait pas assez confiance pour qu’il se confie à elle et cela la blessa profondément. Elle se pinça les lèvres pour s’empêcher de sortir des atrocités, elle le laissa s’exprimer sans dire un mot, même lorsqu’il la menaça de ne plus jamais la revoir. Le regard acariâtre du jeune homme ne la fera vaciller une seule seconde, elle le soutint jusqu’à ce qu’il ne pose une interrogation pleine de provocation, qui sous-entendait qu’elle n’était qu’une pauvre fille pétrie de jalousie, incapable de se réjouir pour lui. Elle n’attendait pourtant pas qu’il réalise son rêve pour en tirer un semblant de bonheur par procuration comme il se l’imaginait.
Est-ce qu’il ne la connaissait pas ou est-ce qu’il ne la connaissait plus ? Elle ne voulait pas qu’il choisisse l’une de ces deux réponses, qui étaient toutes les deux aussi douloureuses l’une que l’autre à recevoir. « Tu ne comprends rien... »Tu ne me comprends pas aurait peut-être été une phrase plus exacte, elle aurait également pu lui signaler que même cette andouille de Desmond aurait mieux compris les choses que lui, mais elle avait du mal à mettre suffisamment d’ordre dans on esprit pour s’exprimer au mieux. Elle était trop occupée à se contenir, à empêcher ses larmes de monter. « Ou tu le fais exprès ? » Il cherchait peut-être à l’atteindre avec cette provocation, ce qui était plutôt réussi. « Je n’ai plus l’importance que j’avais pour toi avant. Je voulais être là pour t’épauler, t’entendre me décrire ton père dès le premier jour, me donner toutes tes impressions sur lui... j’voulais savoir si t’allais regretter de l’avoir cherché. » Il ne lui en donnait pas l’impression, puisqu’il se consacrait à lui désormais. Est-ce qu’il méritait au moins ? Est-ce qu’il était exceptionnel au point qu’il en oublie tout le reste ? Elle en doutait fortement, elle le croyait plutôt capable de fermer les yeux sur ses défauts. « Et non pas parce que je crève d’envie de rencontrer le mien... » Et qui n’avait de base rien à voir avec le sien, puisque lui avait volontairement cherché à mettre une femme enceinte pour qu’elle puisse réaliser son projet, elle voulait le croire bon. « Mais parce que je me souciais de savoir comment tu allais le vivre. » Parce que c’était un peu le rêve de toute une vie, de toutes leurs vies. Elle fit quelques pas en avant à son tour et se plongea dans ses prunelles. « J’ai pas la moindre envie que tu restes là pour me traiter d’amie indigne... » Les rôles n’avaient pas à s’inverser pour qu’il se sente moins coupable. « Ni pour me signifier que je ne vaux plus rien maintenant qu’il fait partie de ta vie. Je ne t’ai pas demandé de choisir entre lui ou moi... » Elle doutait de faire le poids contre lui et de pouvoir faire preuve d’autant d’audace. Chelsea lui tourna le dos quand elle sentit qu’une première larme allait se déverser sur sa joue...
« je ne sais pas faire quand t'es pas là. » chelsea cavanagh & logan novak.
Tête de mule l’un comme l’autre, ils ont tendance à se laisser déborder par leur fougue respectif et à ne jamais faire de courbette aux autres, si bien que parfois les mots dépassent leurs pensées, et campent sur leur décision au lieu de profiter de ce que la vie accepte leur donner. Pour Logan, son amitié avec la rouquine compte bien plus que le reste, mais borné il n’acceptera aucun compromis, davantage si il y a une quelconque pression de sa part. Il déteste le chantage ou qu’on le mette devant le fait accomplie, voilà sans aucun doute pourquoi il se comporte mal avec Leo. Il n’a selon lui aucun échappatoire dont il saurait se satisfaire, et ne voyant pas le bout du tunnel, il préfère fuir. Quitte à passer pour le connard de l’histoire aux yeux des autres, la vérité est si différente que ça, et conscient qu’il a le mauvais rôle, elle a pourtant aussi un rôle à donner Leo. Mais, Chelsea n’en demande pas bien plus et ça convient au brun qui a bien d’autres démons à affronter : et ceux-là, la rouquine ne laissera aucun choix de repli, Logan en a conscience, c’est pourquoi après sa longue absence, il revient en douceur. Il ne l’attaque pas directement de front, tel un serpent, il se font dans le décor et l’heure est pour le moment bon enfant entre eux, alors qu’il se met même à rire, à faire les yeux doux à son amie qu’il considère même comme sa meilleure amie a bien des égards, et à qui, jusque-là, il n’a jamais rien caché, « qu’est-ce que t’en sais ? » Il relève rapidement son regard sur elle alors que son rire s’arrête avec une netteté qui le surprend lui-même, perdant son sourire par la même occasion. « J’irai lui casser la gueule si j’connais son nom ! » Suspicieux, elle devine peut-être surtout qu’il parle du Desmond. Il n’a jamais pu l’encadrer et si il y avait bien un mec capable de faire ça à son amie ce serait bien cette andouille ! Pas que Logan se doute de quoi que ce soit des sentiments de Chel sur ce garçon, mais il va sans dire que le jour où il apprendre quoi que ce soit, ou la certitude prendra place dans son cerveau, le Desmond n’aura qu’à changer de planète si il veut pas se voir réduire en pâté pour chien ! « Tu plaisantes hein ? » Pas que l’idée de voir éventuellement leurs enfants grandir ensembles le dérangerait, mais ce serait assez inattendue, et surtout, il ne savait pas que ce serait dans ses projets au moyen/court terme. « Parfois j’me dis que je ferai quand même mieux de rester mystérieuse, surtout au vu de ce qu’a fait Carl après la fois où j’en avais un peu trop dit sur moi... » Il reporte son intérêt sur son amie un instant, « Qu’est-ce qu’il a fait ? » Encore, aurait peut-être pu être un mot qu’il aurait rajouté si il connaissait un peu mieux ce cher colocataire, en reportant toutefois ses yeux noisettes sur la jeune rouquine, prêt à tout entendre, ou presque. « C’est lui le père ? » Il en rigolerait presque, se tentant une pointe d’humour, là où il n’y en a probablement pas.
Mais la tension redescend pour laisser place à une nouvelle vague de mélancolie, alors qu’il s’est confié sur son nouveau job, et sur cet homme qu’il met à défaut, sur un piédestal. Sergio a une place inexplicable, dont même lui, ne saurait tellement identifié. Mêlé à de la rancœur et de la colère à quelque chose d’envieux. Il a besoin d’en savoir davantage sur lui, sur sa vie. Peut-être parce qu’il espère au fond qu’il n’est pas si mauvais que sa réputation laisse penser. Parce qu’il pense que si sa mère a couché avec lui, c’était pour quelque chose de sincère, alors que ce n’était qu’une nuit sans lendemain, sans aucune once de prétention. Parfois il se demande pourquoi lui, a besoin de s’attacher aux gens pour vivre une histoire, quand d’autres, il leur suffit juste un peu d’alcool et de beaucoup de naïveté. Il est l’opposé de sa propre mère en ce point, et n’arrive pas à comprendre comment elle a pu se laisser avoir si cet homme n’est pas digne de confiance. Il refuse catégoriquement qu’il ne le soit pas ! C’est son père, le même sang qui circule en lui, qu’on le veuille ou non. Et peut-être aussi, qu’il y a une part de reconnaissance, un besoin d’être enfin reconnu pour ce qu’il est, lui le mioche sans père comme on aimait lui rappeler à chaque occasion. Max a bien souvent endossé ce rôle pour protéger son cousin. Mais Logan l’a très mal vécu et si il a une chance aujourd’hui, de se rattraper, il a besoin de la saisir. Il refuse d’avoir des regrets. « Quand on veut, on peut. » Qu’elle balance, alors qu’il lève les yeux au ciel. Comme si c’était si facile, et puisqu’elle veut jouer à ce jeu, elle allait avoir du répondant face à elle, puisqu’elle se croyait plus intelligente que lui, il allait lui prouver que les choses ne sont pas toujours aussi facile qu’on veut le croire, « et toi ? » Il l’attaque frontalement, en posant son regard sur elle, avant de poursuivre, « et toi ? Pourquoi t’es pas venu m’tirer les oreilles avant ? » Pourquoi elle a attendu que Maxim envoie ce message pour que tout le monde se retrouve sur la plage, pourquoi elle n’a pas pris elle-même, les mesures qu’il fallait pour retrouver son vieil ami qui lui manquait, visiblement ? Il se mord la lèvre mais ne baisse pas la tête, alors qu’elle revient peu de temps après, en lui jetant son sac et ses affaires à la gueule, il relève son sourcil, pas le moins décidé à obéir. Il y avait même dans son regard une certaine malice qu’il n’y avait jusqu’ici, pas encore dans son regard. Elle voulait réellement qu’il s’en aille ? Elle voulait réellement tirer un trait sur lui ? « Tu ne comprends rien... Il reporte ses yeux sur elle, ou tu le fais exprès ? » Silencieux, il l’observe du coin de l’œil, attendant qu’elle éclaire sa lanterne. « Je n’ai plus l’importance que j’avais pour toi avant. Je voulais être là pour t’épauler, t’entendre me décrire ton père dès le premier jour, me donner toutes tes impressions sur lui... j’voulais savoir si t’allais regretter de l’avoir cherché. » Et à ses mots, toute les certitudes du Novak s’effondre. Son monde s’effondre alors qu’il avait juste cherché à la provoquer, à provoquer cette colère en elle sans en avoir totalement conscience, ne supportant pas qu’elle lui tourne le dos, à présent qu’il avait fait un pas vers elle. Il réalise dans quoi il s’est embourbé mais c’est déjà trop tard. « Et non pas parce que je crève d’envie de rencontrer le mien... » Il sait combien la recherche de son père est quelque chose de très fort pour la rouquine. Il sait combien elle met toute son énergie pour pouvoir un jour, affronter le monde auprès de lui, et il avait eu peur de sa réaction, parce que peut-être quelque part aussi, il y avait une sorte de duel entre eux, inconsciemment. « Mais parce que je me souciais de savoir comment tu allais le vivre. » Son cœur qui se resserre alors qu’il s’ose doucement, « et je l’ai souvent regretté, » secrètement. Sans jamais le lui avouer, ni à elle la principale concernée, ni à quiconque. Mais est-ce que cela fait de lui quelqu’un de mauvais d’avoir préféré se couper du reste – et surtout de celle qui a été autrefois la plus importante à ses yeux, et qui l’est resté d’une certaine façon encore aujourd’hui ? Est-ce qu’elle serait prête un jour à lui pardonner ses faux pas ? « J’ai pas la moindre envie que tu restes là pour me traiter d’amie indigne... » Un soupire sort de ses lèvres, alors qu’elle soutient son regard et il finit par souffler, ne reculant à aucun moment quand elle se rapproche de lui, « tu n’as jamais été une amie indigne, » et il le pense sincèrement. « J’voulais pas en parler parce que j’avais peur d’être déçu, et parce que tout est allé trop vite. » Et c’était vrai, sans Cassie les choses n’auraient pas été allés si vite. Elle lui a été d’une aide capitale, mais à contrario, il a voulu mettre tout le reste de côté. Et Chelsea n’a pas été épargnée. « Ni pour me signifier que je ne vaux plus rien maintenant qu’il fait partie de ta vie. Je ne t’ai pas demandé de choisir entre lui ou moi... » Il fronce les sourcils, alors qu’elle recule d’un pas puis d’un autre, avant de se retourner et de lui présenter son dos. Il ne peut que rester immobile, les mains qui ne savent plus quoi faire, alors que son regard perdu se pose autour de lui. Ses jambes ne peuvent plus vraiment le porter et son cœur qui s’accélère, Logan se demande de bien des façons si il allait pouvoir rester dans sa cage thoracique ou si il n’allait pas s’effondrer d’une seconde à l’autre, tant il n’a jamais su canaliser ses émotions par le passé. Il n’a jamais été doué dans ce rôle mais n’a jamais supporté voir ceux qu’il aime dans une détresse comme peut l’être Chelsea à cet instant et si il s’était douté de cette douleur d’aujourd’hui, jamais il ne serait venu jusqu’ici. Quelques secondes qui défilent pour lui bien trop rapidement, et il tente un pas vers elle, en s’avançant, et en posant sa main réconfortante sur l’épaule de la rouquine. « Je veux pas te faire souffrir, Chel. » Et quand bien même c’est déjà trop tard, « tu es la personne la plus importante pour moi, et ça changera rien qu’il y est Sergio ou pas. » Il se mord la lèvre quand il se rend compte qu’il a prononcé le prénom de cet homme à voix haute. Chelsea est autant importante pour lui que sa propre mère ou son cousin, Max. Bien plus que Leo, car quand bien même il est amoureux de Leo, l’amitié est censé rester toute une vie, surtout une amitié comme celle qu’il possède avec la rouquine. Il l'oblige à se retourner vers lui en empoignant avec douceur son bras, avant de plonger son regard dans le sien, fronçant les sourcils, en essuyant la larme qui coule de long de sa joue. Logan a toujours veillé sur elle depuis qu’ils se connaissent et il n’comptait pas renoncer à son amitié quand bien même, il était passé par beaucoup trop de sentiment en si peu de temps. « Je suis désolé de tout ça, je sais combien aussi ce sujet te touche… » Ils sont si semblables et si proches l’un et l’autre que même si il a été absent de sa vie ses derniers mois, il ne s’imagine pas que ça reste ainsi pendant des années, « j’ai fait le con et si je peux pas rattraper le passé, je peux au moins t’empêcher de me chasser d’ici… » Il souffle, presque à voix basse avant de reprendre, en plongeant son regard dans le sien, « tu crois qu’un jour, tu arriveras à me pardonner ? » Sa question ne tient qu'à un fil, et il n'est pas certain de pouvoir accepter n'importe quelle réponse.
S’amuser de la crédulité des autres était une activité que Chelsea adorait depuis de nombreuses années, mais elle devait avouer qu’elle avait une saveur toute particulière lorsqu’elle arrivait à faire gober n’importe quoi aux personnes les plus proches d’elle. Logan n’avait jamais cessé de rire aussi brutalement, reprenant le rôle de protecteur qu’il s’était auto attribué depuis une éternité. Il menaçait déjà de faire la peau à celui qui aurait été un peu trop intime avec elle, sans même connaître le moindre détail. Cependant, elle pouvait sentir qu’un jeune homme en particulier était visé par ses mots, alors qu’elle n’avait jamais perçu la moindre once de désir en son égard à travers son regard. La rouquine savait qu’elle avait une part de responsabilité dans le film que venait de se faire son interlocuteur, parce qu’elle lui avait dit qu’un jour elle se jetterait à l’eau, qu’elle éclatera ce secret une bonne fois pour toutes. Des années s’étaient écoulées depuis, mais il semblait la croire encore capable de tenir sa parole. Elle le laissa tout de même croire que sa blague était vraie, en restant mutique suffisamment longtemps pour qu’il se pose des questions. Il lui demanda finalement s’il s’agissait d’une plaisanterie, elle fit durer son jeu quelques secondes de plus avant de pencher légèrement sa tête sur le côté. « Qu’est-ce que tu peux être naïf parfois Log. » La commissure de ses lèvres s’était étirée. Elle le trouvait adorable lorsqu’il se montrait crédule ainsi, elle pouvait encore lui réserver des surprises malgré une amitié de longue date et ce n’était pas pour lui déplaire. Il y en avait bien une qui pourrait le surprendre, une qu’elle pouvait lui dévoiler maintenant qu’il savait que son colocataire avait fait quelque chose. Intrigué, il lui chercha à savoir quoi avant de chercher à la taquiner en prétendant qu’il était le père de l’enfant imaginaire. « Certainement pas. » Qu’elle répliqua en grimaçant, il n’y avait aucune ambiguïté avec Carl, il le saurait s’il savait de quelle façon elle l’appelait. « Je t’interdis de te foutre de moi... » Commença-t-elle alors qu’il s’agissait justement du meilleur moyen pour qu’il se moque d’elle. « Il m’a inscrit à un speed dating dans mon dos. » Elle ne s’en était pas doutée malgré la proximité avec une date suspicieuse, à laquelle elle essayait de ne plus prêter attention pour ne pas se souvenir qu’elle n’avait jamais eu le valentin qu’elle voulait avoir.
Leurs conversations ne pouvaient plus être légères maintenant que Logan lui avait donné l’information qu’elle convoitait, celle qui expliquait cette longue absence. Elle avait cru peut-être un peu ingénument que retrouver son père mettrait du temps pour lui, après tout pourquoi aurait-il retrouvé le sien bien plus tôt qu’elle alors qu’il n’avait été qu’un coup de soir ? La mère du Novak ne devait pas savoir grand-chose de lui, elle ne devait même pas savoir où il travaillait et pourtant, il était parvenu avant elle à atteindre son but. Il ne lui avait jamais fait savoir qu’il était sur une bonne piste, encore moins qu’il allait le côtoyer quotidiennement. Logan décida de contre-attaquer en retournant sa phrase contre elle, ce qui n’avait rien de bien original puisqu’elle s’y attendait. « Je ne cours pas après les autres, même auprès de toi. » La fierté gargantuesque de l’étudiante en photographie l’en empêchait et il le savait. Elle avait bien essayé de maintenir le contact, de lui tendre des perches pour qu’ils se voient, mais il ne s’était jamais montré intéressé. « Je vaux mieux que ça. » Ajouta-t-elle, implacable. Et c’était justement parce qu’elle jugeait qu’elle valait mieux que ça qu’elle allait chercher à le mettre dehors, sans la moindre délicatesse. Il ne s’était pas préparé à recevoir une telle virulence de sa part, il savait pourtant que son père était un point aussi sensible que ne pouvait l’être Desmond. Elle n’avait pas supporté de l’entendre supposer que tout ce qu’elle voulait c’était de vivre son récit par procuration, comme si leur relation n’existait que grâce à un intérêt aussi vain que celui-ci. Chelsea n’avait jamais cherché à tirer le moindre profit de son amitié avec Logan, elle avait fait preuve d’une sincérité sans faille dont il osait douter aujourd’hui. Elle décida de mettre sa colère de côté pour s’ouvrir à lui, peut-être pour la dernière fois. La rouquine ne savait pas si elle avait réussi à le raisonner, mais elle obtint une première confidence de sa part, pas vraiment positive. La réalisation de leur rêve commun ne lui avait pas apporté la satisfaction voulue, mais elle ne cherchera pas à creuser la question davantage, parce qu’elle avait encore des ressentis à lui partager. Il démentit le fait qu’elle était une amie indigne, avant d’admettre qu’il avait eu peur d’être déçu et que les choses s’étaient emballées. Elle s’exprima encore une dernière fois avant de se taire, de cacher ce visage qu’il ne devait plus voir.
Il avait eu plus d’une fois l’occasion d’observer les larmes de Chelsea, mais jamais sans en avoir été la cause principale. Plus elle prenait de l’âge et moins elle voulait les montrer pour se prouver qu’elle s’était endurcie, qu’elle ne se laisserait plus atteindre, mais l’image de rebelle qu’elle avait voulu se construire pouvait s’effriter considérablement dans l’intimité. Elle s’arrangeait habituellement pour que celle-ci ne parte en lambeaux que lorsqu’elle se trouvait entre les quatre murs de sa chambre verrouillée, mais ce soir elle avait craqué. La rouquine resta parfaitement immobile, malgré la main de son ami qui s’était apposée sur son épaule. Logan lui clama qu’il ne voulait pas la faire souffrir avant de lui déclarer qu’elle était la personne la plus importante pour lui, avant Sergio. Être en possession du prénom de son père rendait les choses encore plus concrètes, elle le détestait encore plus maintenant qu’elle pouvait nommer celui qui lui avait subtilisé Logan. Elle devrait pourtant se concentrer sur le reste de sa phrase, celle qui importait le plus. Il la força à se tourner vers lui et effaça sa larme avant qu’elle n’atteigne son menton. Le brun s’excusa de nouveau, il reconnut qu’il avait déconné et que la moindre des choses qu’il pouvait faire, c’était d’insister pour rester à ses côtés. « J’aurais été déçue que tu lâches l’éponge facilement. » Qu’il accepte de ramasser son sac et de prendre la porte. « Il y avait peu de risques en vrai, t’es pas vraiment quelqu’un de docile. » Il aurait été sacrément chiant dans le cas contraire, leur amitié n’aurait probablement pas été celle qu’elle était devenue s’il n’avait pas été capable de lui tenir tête. « Est-ce que je pourrais te pardonner un jour ? J’sais pas trop... » Répondit-elle dans l’unique but de le torturer. Elle entendit la porte d’entrée s’ouvrir, ce qui la coupa dans son élan. Chelsea fit un signe de la tête pour lui indiquer de la suivre jusque dans sa chambre, se fichant bien de paraître asociale auprès du colocataire qui venait de rentrer. Elle ferma rapidement la porte de la pièce une fois qu’il se retrouva à l’intérieur, avant d’aller s’asseoir sur le bord de son lit. « Tu ne sais pas à quel point ça m’a réchauffé le cœur de t’entendre dire que je suis plus importante que lui. » Elle n’avait pas pu le regarder lorsqu’il avait prononcé ses mots, mais elle les pensait véridiques, il n’aurait pas osé les dire s’il s’agissait d’un immense mensonge. Apaisée, elle pouvait désormais se centrer sur l’essentiel. « Je ne vais pas te rayer de ma vie, pas à la première erreur, aussi grande soit elle... je ne suis pas aussi impitoyable. » Même si elle voulait s’en donner l’air pour inspirer la crainte. « On m’a fait subir pire que ça. » Chelsea faisait référence à celle qu’elle croyait être l’une de ses premières vraies amies, qui l’avait poignardé en dévoilant à son village qu’elle était le fruit d’une procréation médicalement assistée. Et puis il y avait celui qui la faisait souffrir malgré lui, même si on pourrait le croire malintentionné de passer autant à côté de ses signaux, comme s’il ignorait sciemment la véritable nature de ses sentiments. « Mais ce n’est pas le sujet. » Elle n’avait pas besoin de remuer d’autres couteaux dans ses plaies. « Je refuse que tu sortes d’ici avant que tu ne me racontes tout. » Il lui devait bien ça. « Comment tu l’as trouvé ? Comment se sont passés tes premiers échanges avec lui ? Pourquoi tu as souvent regretté de l’avoir retrouvé ? » L’interrogatoire pouvait enfin débuter, elle recula sur son matelas afin de pouvoir se mettre en tailleur.
« je ne sais pas faire quand t'es pas là. » chelsea cavanagh & logan novak.
Il n’a jamais compris pourquoi il a toujours eu ce besoin de protection qui reprend le dessus, qui n’existe pas avec tout le monde de son entourage proche, qui n’existe pas avec toutes celles qui le côtoie, mais Chelsea fait partie de ses rares personnes. « Qu’est-ce que tu peux être naïf parfois Log. » Il n’y a aucune raison qu’elle lui raconte des conneries selon lui, il n’y a aucune raison de se faire passer pour une femme enceinte si c’est pas le cas auprès de son meilleur ami, donc il ne voit pas le mal. Mais il se demande si c’est quand même vrai parce que le timing serait quand même fou. Et quand il demande si son coloc n’y serait pas pour quelque chose, la réaction de la Cavanagh ne se fait pas attendre, « certainement pas. » Elle s’affole, et sa réaction lui faut hausser les sourcils. « Pourquoi ça ? Il est gay ? » Elle a vraiment des réactions bizarre, et en même temps si ça pouvait être ce Carl à la place de l’autre gosse de riche, Logan ne trouverait rien à redire. « Je t’interdis de te foutre de moi... Lui ? Il oserait jamais ! Il m’a inscrit à un speed dating dans mon dos. » Logan se marre doucement, avant de reconnaître, « saperlipopette, il a osé ?! » Le regard brillant qui lui renvoie n’a rien de spécialement compatissant, parce qu’il trouve pas l’idée si nulle que ça. « Et alors ? Le type t’a plu ? » Qu’il lui lance avec un clin d’œil ! Il risque de bien apprécier ce fameux Carl finalement. Même si pour faire ça à Chelsea c’est qu’il ne la connaît pas encore très bien, mais si elle cherche du réconfort auprès de son meilleur ami, elle risque d’avoir quelques soucis. (…) Le verdict est sans appel. « Je ne cours pas après les autres, même auprès de toi. Je vaux mieux que ça. » Il le savait qu’elle resterait sur ses positions. Il le savait, combien son explication ne sera pas de tout repos et qu’elle finirait par lui reprocher les choses. Il le savait qu’il devrait venir avec une explication en béton, des preuves à l’appui. Et il a beau eu avoir tout le loisir de s’y être préparé en amont depuis leur dernière entrevue, il reste pour l’heure incapable d’en donner davantage – préférant accepter les coups qu’elle oserait lui filer en guise de réponse.
Qu’est-ce qu’il pouvait être maladroit et arrogant quand il se sentait menacé, le Novak. Qu’est-ce qu’il avait été odieux avec Chelsea lorsqu’il a voulu lui prétendre qu’elle agissait de la sorte uniquement parce qu’elle voulait vivre par procuration. Ce n’était pas des mots qu’il avait sur le cœur, qu’il avait réussi à dompter malgré les secondes qui se sont défilés devant eux. Ses mots lui ont brûlés la gorge, et la réaction de la rouquine, le heurte alors qu’il reste silencieux et immobile, n’acceptant pas le verdict. A cet instant, il a un goût amer : il ne supporterait pas de la perdre pour toujours. Il ne supporterait pas qu’elle lui tourne le dos aussi longtemps que lui, l’avait fait. Mais était-il en droit d’exiger quoi que ce soit alors qu’il détruit tout ce qu’il touche, inconsciemment ? Max l’avait laissé entendre de la sorte quand il lui a posé une seule et unique question : sa propre mère, et les Novak ne lui suffisent plus ? A cette question, Logan n’avait pas su trouver de réponse, parce qu’il n’était pas question à ses yeux de choisir entre son passé et son futur. De choisir les Novak ou les Gutiérrez. Il n’avait jamais été question de renoncer à Max, ou à leur bar familial. Mais en ça, son cousin ne le comprend pas. Il ne comprend pas que Logan pourrait être performant dans les deux familles. Logan avait fini par rendre les armes le concernant. Qu’il considère les choses comme il le veut, de toute évidence ça ne changera rien – il trouvera toujours le moindre prétexte pour avoir raison. « J’aurais été déçue que tu lâches l’éponge facilement. » Elle est là, devant lui alors que son doigt est toujours appuyé sur son visage, contre sa joue plus exactement, et le timbre de sa voix n’annonce rien de mauvais, il en profite pour qu’un léger sourire apparaisse même au coin de ses lèvres. « Il y avait peu de risques en vrai, t’es pas vraiment quelqu’un de docile. » Il ne s’estimait pas vraiment avec un sale caractère mais il a les idées arrêtées – qui ne sont pas toujours les bonnes peut-être, et il reste difficile de l’en persuader du contraire. Si il ne sait pas toujours ce qu’il veut, il sait au moins ce qu’il ne veut pas. Il souffle, « j’suis chiant, dis le… » fais toi plaisir Chel, autrement dit. « Est-ce que je pourrais te pardonner un jour ? J’sais pas trop... » Il relève son regard en sa direction, il attendait la suite, parce qu’il connaissait suffisamment Chelsea pour savoir qu’elle n’allait pas s’arrêter en si bon chemin, qu’il y avait forcément un ‘mais’ quelque part. A côté de ça, le verrou de la porte d’entrée saute, et Logan tourne machinalement la tête vers la porte qui commence à s’ouvrir. Au lieu de rester dans le salon, Chelsea préfère elle-même se diriger vers sa propre chambre, et fait signe à Logan de le suivre. Il s’exécute sans trop rien comprendre, et surtout, il ne sait pas pourquoi elle ne veut pas qu’ils restent avec eux. Mais ça lui passe au-dessus, et il ne peut s’empêcher de rétorquer, malicieux quand elle referme la porte derrière lui, « tu veux pas m’partager… » Ce qui en soit, ne l’étonne guère quand on voit comment elle s’est comporté ce soir à l’annonce de Sergio, « j’aime bien le fait de me cacher. » Il se moque assez ouvertement, mais avec gentillesse de sa meilleure amie, qui, il le sait, ne changera de toute façon pas d’avis. Et dans le fond, ça ne le dérange pas de s’isoler, il n’a jamais été le genre à aimer la foule, ni à se faire plein de connaissances. Il préfère la qualité que la quantité le brun. « Tu ne sais pas à quel point ça m’a réchauffé le cœur de t’entendre dire que je suis plus importante que lui. » Il hausse un sourcil, « tu en doutais ? » Il relève son regard sur elle, il ne comprenait pas comment elle pouvait penser cela. A aucun moment, il a laissé sous-entendre le contraire, quand bien même il s’est coupé de toute vie extérieur. Si vraiment c’était pas le cas, elle n’aurait jamais reçu son sms avant de se rendre à la plage pour venir la chercher, et jamais il n’aurait sonné ce soir à cette porte d’entrée en l’espoir qu’elle accepte de lui parler à cœur ouvert. Ca pourrait que leur faire du bien. Peut-être qu’il a été beaucoup absent ses derniers temps, mais il réalise aujourd’hui, que c’était une connerie, et qu’il aurait pu faire des efforts de son côté. Ils avaient peut-être raison ses autres : le Gutiérrez ne le mérite probablement pas, mais cette pensée lui donne mal au cœur – si bien qu’il n’est pas prêt d’y faire face. « Je ne vais pas te rayer de ma vie, pas à la première erreur, aussi grande soit elle... je ne suis pas aussi impitoyable. » Il lève les yeux au ciel, « impitoyable, toi ? » Il joue au garçon interloqué par sa phrase parce que c’était un peu vrai en soit. Chelsea n’a jamais eu rien d’impitoyable à ses yeux, et si tel avait été le cas, jamais elle n’aurait pris la place qu’elle a prise aujourd’hui dans sa vie. Jamais, il n’aurait été le genre à devenir proche d’une personne méchante et odieuse. D’une personne sans cœur. « On m’a fait subir pire que ça. » Il perd son sourire, fronçant les sourcils, s’approchant d’un pas ou deux vers Chelsea, voulant chasser les mauvaises ondes de sa chambre, il ne le supportait pas. Logan avait ce besoin de toujours voir la vie dans le positif, il ne voulait pas s’attarder sur les mauvais moments, et refuser catégoriquement que dans la même pièce que lui, Chel fasse tout le contraire. « Mais ce n’est pas le sujet. » Elle se reprend assez vite et ça fait sourire le brun, « je refuse que tu sortes d’ici avant que tu ne me racontes tout. » Elle s’était installée en tailleur sur son lit, alors qu’il restait toujours devant la porte, immobile, un soupire sort de ses lèvres, et ça risque de durer des heures. « Comment tu l’as trouvé ? Comment se sont passés tes premiers échanges avec lui ? Pourquoi tu as souvent regretté de l’avoir retrouvé ? » Il s’approche du lit de la jeune Cavanagh et finalement, se laisse tomber sur l’un des bords, non loin de où elle se trouve. Les mains sur le matelas, l’aidant à prendre appuie sur ses deux bras alors qu’un soupire discret sort de ses lèvres. Il y a tant de questions, tant de choses à dire. « C’est ma mère qui n’voulait pas me dire son nom, mais un jour elle l’a lâché qu’il s’appelait Sergio, jeune Mexicain, et qu’il est agent artistique. » Et il n’a jamais pu effacer ce prénom de sa mémoire, il a commencé à faire des recherches sur tous les Sergio de la région. Mais il y en avait trop. « Et puis en septembre/octobre, quand elle est rentrée du boulot, elle m’a dit qu’elle venait de le croiser sur Brisbane, ce jour-là. » Peut-être pensait-elle que son fils été passé à autre chose, mais la bombe qu’elle venait de lâcher, lui a permis de faire un sérieux tri. « Bingo ! Le seul Sergio de Brisbane, c’était lui. Agent artistique d’origine Mexicaine. » Tout collé. Il s’est alors rapproché de l’homme doucement, jusqu’à voir cette annonce qui lui tombait réellement du ciel. Il ne pouvait pas l’ignorer, pas passer à côté d’une telle demande. « C’est Cassie qui m’a permis de rentrer en contact avec lui, professionnellement parlant. » Il détourne son visage pour observer le vide un instant, « c’est pas évident tous les jours, il ne considère pas ses assistants comme des humains, » et ça, Logan n’a pas mis beaucoup de temps avant de le comprendre, il y a bien eu plusieurs fois où il a failli vendre la mèche. Lui dire qu’il ne parlait pas juste à son assistant, mais à l’un de ses fils, mais il n’est jamais allé jusqu’au bout de la conversation. Il n’a jamais voulu vendre la mèche, parce qu’il ignore la suite : la réaction de cet homme.
Plaisanter sur un sujet aussi sérieux n’était pas une habitude chez Chelsea, mais l’occasion était trop belle pour qu’elle ne la saisisse pas. Logan s’était jeté à pieds joints dedans, pensant peut-être que leur destin leur avait fait un drôle de tour, en leur faisant prendre le même chemin au même moment. Un chemin dont la rouquine se serait détournée si elle s’était retrouvée dans cette situation, parce qu’il aurait été hors de question que la nature le lui impose, la force à vivre l’un de ses pires cauchemars. La blague de l’étudiante de photographie se retourna quelque peu contre elle, lorsqu’il émit l’hypothèse que son colocataire aurait pu la mettre enceinte. Elle réfuta l’idée et il se mit à croire qu’il était homosexuel. Pourquoi son imagination s’était elle mise à aller aussi loin ? Pensait-il qu’elle était irrésistible, qu’il s’agissait de la seule explication logique à leur relation platonique ? « Non il ne l’est pas. » C’était même tous l’inverse, c’était plutôt le genre à tomber amoureux d’une fille tous les quatre matins, mais elle ne voulait pas qu’il croit qu’elle insinue qu’il pourrait en pincer pour elle. « C’est pas mon style de mec. » Carl n’avait pas un tempérament fort pour lui tenir tête, elle ne pouvait pas non plus dire qu’ils avaient une complicité qui faisait des étincelles, comme celle qu’elle pouvait avoir avec Desmond. Il était aussi beaucoup trop étrange, au point de prendre des initiatives farfelues, dont une qui sembla plaire à Logan. Elle n’en était pas étonnée, il avait toujours voulu qu’elle s’intéresse à d’autres garçons pour ne plus craquer pour l’héritier des Edgerton. « Il a risqué sa vie, oui. » Il n’était pas prêt d’oublier le remontage de bretelles qu’elle lui avait fait dans sa chambre. Le Novak se montra curieux en cherchant à savoir si l’homme rencontré durant cet événement lui avait plu. « Oui mais c’était pas un type pour moi. » Cette réponse ne lui apportera certainement pas de satisfaction, celui qui balancerait son crush de toujours aux oubliettes ne faisait pas encore partie de son existence. Tout comme celle qu’elle lui apportera plus tard, lorsque leurs échanges recommencèrent à redevenir tendus. Elle avait au moins eu le mérite de lui clouer le bec, parce qu’il n’avait pas su quoi lui répondre, il devait reconnaître qu’elle n’avait pas tort, dans le fond. Il savait qu’il ferait mieux de bien réfléchir avant de lui rétorquer quoique ce soit, Chelsea pouvait s’emporter très vite, encore plus chez elle où elle pensait avoir tous les droits.
L’un comme l’autre pouvait devenir infecte, mais la rousse s’était imaginée qu’elle s’était celle qui risquait le plus de l’être, puisqu’elle était celle qui avait été blessée dans cette histoire. Elle aurait préféré que ce soit le cas, plutôt que de le voir se fourvoyer, alors qu’il était venu avec un objectif noble à la base. La fierté qui les animait tous les deux était leur pire ennemie, c’est pour cela qu’elle décida de la mettre de côté quelques instants, des instants qui suffirent à amorcer la diminution du feu qui consumait leur amitié. Il fut éteint complètement, lorsqu’il l’obligea à la regarder avant d’effectuer un geste bienveillant. Elle lui confia ses ressentis, il lui demanda de dire clairement qu’il était chiant, elle se mit à rire doucement. « Pour une fois que je fais dans la sobriété t’es pas content. » Chelsea ne l’avait pas nommé l’emmerdeur dans ses contacts pour rien, elle adorait l’appeler ainsi. Il avait cherché à savoir si elle allait lui pardonner un jour, elle décida de se montrer tatillonne alors qu’elle connaissait parfaitement la véritable réponse à sa question. Elle ne la lui donnerait pas en présence d’intrus, qu’il s’agissait de Carl ou bien d’Adèle n’avait pas d’importance, leur conversation ne regardait qu’eux. L’étudiante en photographie avait bien lu une pointe d’incompréhension sur le visage de son ami, mais celle-ci disparue rapidement une fois qu’ils se retrouvèrent dans sa chambre. « Tu vas pas m’dire que t’es gêné de te retrouver ici quand même ? » Dit-elle après les deux dernières remarques de son interlocuteur. Il avait été plus d’une fois dans sa chambre d’adolescente et cette pièce ne lui était pas inconnue non plus, puisqu’elle l’occupait depuis presque deux ans. Elle cessa les plaisanteries et il la questionna, en se demandant si elle avait vraiment douté de la place qu’elle occupait dans sa vie. « On dit toujours que les liens du sang sont plus forts que tout... » Elle s’était donc bel et bien posée des questions, parce qu’il n’était pas anodin qu’il soit aux abonnés absents pendant aussi longtemps. « Et puis je sais bien qu’en tant qu’enfant unique on peut se sentir assez seuls, encore plus lorsqu’on a qu’un seul parent, on ressent un vide que l’on doit combler... » Il pouvait être aisé de rechercher l’amour de son deuxième parent à tout prix, même lorsqu’on ne le connaissait à peine. Logan avait tout l’air d’être dans ce cas, puisqu’il s’était coupé de tout pour se consacrer à son père. Elle lui expliqua qu’elle n’avait pas envisagé sérieusement de couper les ponts avec lui, qu’elle avait tout de même un cœur et il leva les yeux au ciel. « Tu sais bien qu’on me voit comme ça. » Du moins que le commun des mortels la percevait comme ça, ceux qui la connaissaient vraiment savaient qu’il ne s’agissait que d’une façade, qu’elle entretenait quand celui lui chantait pour garder une certaine distance avec les autres. C’était sa manière de se protéger, de ne plus revivre d’épisodes douloureux, qui revenaient parfois à la surface. Elle n’avait pas besoin d’être réconfortée là-dessus, elle venait de chasser d’elle-même ces images de son esprit.
La Cavanagh s’était montrée très claire, elle ne voulait pas qu’il s’en aille avoir d’être allé au bout de ses confidences. Elle ne savait pas pourquoi il restait encore debout devant sa porte, au lieu de la rejoindre dans son lit ou même de s’emparer de la chaise de son bureau. Chelsea le bombarda de questions et il daigna enfin se mettre à ses côtés. Logan lui expliqua que sa mère n’avait pas l’intention de l’aider à le chercher, avant de finalement lui céder quelques informations. Elle connaissait désormais ses origines en plus de son métier, qui n’était pas très commun. Monsieur s’occupait de starlettes et avait refait surface à Brisbane de ce qu’elle comprenait, ce qui l’avait convaincu d’intensifier ses recherches. Il avait réussi à intégrer son entreprise grâce à l’aide de Cassie, il se mit à regarder dans le vide avant d’admettre que cet homme n’avait pas d’humanité envers ses assistants. « Comment tu fais pour ne pas être assez dégoûté, pour ne pas lui claquer la porte au nez ? » C’est ce qu’elle aurait fait à sa place, mais elle avait certainement bien moins de patience que Logan. « Tu attends le bon moment pour lui dire qui tu es ? » Si le personnage était aussi ignoble qu’il le racontait, il n’y en aurait probablement jamais. « Tu crois qu’il va changer d’attitude quand il saura qui tu es ? Est-ce qu’il a des enfants ? » Chelsea était loin de s’imaginer que cette famille ne lui était pas inconnue, en effet elle connaissait l’un de ses plus jeunes fils, en plus de croiser la mère de sa ribambelle d’enfants dans l’hôtel où elle travaillait. S’il avait espoir de le voir sous un autre jour une fois son secret percé à jour, elle espérait pour lui qu’il ne ferait pas par amèrement regretter tout ce temps gaspillé pour lui. « Je n’ai jamais eu la crainte que mon père soit un connard... même si on m’a dit qu’il pourrait l’être, que c’est peut-être mieux que je ne le connaisse pas pour cette raison... » Le récit de Logan ne l’encourageait pas à abandonner sa quête, parce qu’elle croyait sincèrement que son géniteur serait différent du sien. Elle avait besoin de se faire son propre avis sur lui, de lever l’ombre qui régnait sur une partie de son histoire et ça c’était plus fort que tout le reste...
« je ne sais pas faire quand t'es pas là. » chelsea cavanagh & logan novak.
Il n’aimait pas vraiment qu’elle se foute de lui aussi ouvertement, sur un sujet qui le tiraille autant. D’autant plus qu’elle est comme lui : elle aussi n’a pas vécu auprès de son père mais il aimerait sans doute savoir si elle, à son tour serait le genre à accueillir la nouvelle avec plus de tact si ça la touchait plus personnellement. Avec moins de jugement, moins d’appréhension. Jusque-là, il n’avait jamais songé à la chose, parce que les choses nous touchent bien davantage quand ça nous touche plus personnellement. Mais ce serait pourtant pas une question qu’il saurait poser à la jeune femme à voix haute, et il préfère demeurer distant et silencieux quand à cette pensée et la garder enfouie pour lui. Logan cherche à avoir le dernier mot alors qu’il connaît suffisamment la Cavanagh pour savoir qu’elle est de la même trempe que lui. Qu’elle est le genre à sur enchérir par-dessus l’autre, en espérant posséder entre ses mains, la victoire – chose que le Novak n’est pas prêt de céder facilement. Ils ont des caractères autant semblables qu’opposés, que ça a toujours été épique entre eux. Ils ont toujours su tirer tous les bénéfices d’une dispute avant que la ligne rouge ne soit franchie. « Non il ne l’est pas. » Logan lui offre une moue devant sa réponse, sans savoir où est le vrai problème. Il est persuadé qu’il saurait trouver toute les qualités requises à ce fameux Carl, juste pour emmerder le Edgerton. « C’est pas mon style de mec. » Il lève les yeux au ciel devant cette réponse, et parce qu’il n’allait pas s’en contenter, il sur enchérit, « t’es trop difficile aussi… » Il lâche en lui tirant la langue, comme si la faute revenait à elle, vraisemblablement pas décidé à coopérer. « Faut pas que je cherche davantage c’est ça ? » Il aurait pourtant des milliers de questions à lui poser. Parce que Logan est de tempérament curieux, et qu’il ne reste pas sur une défaite. Il saurait replacer la carte joker de Carl tôt ou tard, il ne perdait que peu d’espoir là-dessus. Il a l’avantage d’être son coloc, et aux yeux de Logan, c’était suffisant pour puiser dans les ressources de son amie ; comme si il pouvait l’avoir à l’usure – connaissait-il si mal la Cavanagh ? « Il a risqué sa vie, oui. » Et ça le fait sourire amplement, « ton coloc sait vivre dangereusement, un bon point pour lui. » Il hausse les épaules, sans réellement montrer un attrait éventuel à ce potentiel concurrent au gosse de riche, puisque Logan ne voulait pas accepter que Desmond soit le petit ami idéal pour quiconque – et encore moins pour la rouquine. « Oui mais c’était pas un type pour moi. » Il fronce les sourcils, devant cet aveu. Elle avait rencontré quelqu’un et ne savait pas en tirer tous les bénéfices, « je suis sûr que tu lui a même pas laissé de chance ! » Il y mettrait sa main à couper que c’est une vulgaire vérité. Il lève les yeux sur elle, avant de soupirer légèrement. « Pour une fois que je fais dans la sobriété t’es pas content. » Qu’elle avoue, avec un rire. Alors qu’il hausse les épaules. Il le sait : il est chiant et c’est pas aujourd’hui que les choses changeront, à ce qui paraît ça fait son charme. Il veut le croire en tout cas, Chelsea n’est pas connue pour supporter quelqu’un si elle n’en a pas envie, contre son gré. « Tu vas pas m’dire que t’es gêné de te retrouver ici quand même ? » Cette phrase-là, le fait sourire, « oh terriblement… » Il joint ses deux mains devant lui, cligne des yeux comme pour paraître le plus crédible possible : mais il ne l’aura probablement pas à ce jeu. Il connaît sa chambre autant que la sienne, chaque recoin. « On dit toujours que les liens du sang sont plus forts que tout... » Les liens du sang c’est pas quelque chose qui parle réellement à Logan. Bien sûr son cousin est vital pour le garçon d’aujourd’hui, et celui d’hier. Bien sûr, sans lui, que serait-il réellement advenu de lui ? Mais est-ce qu’on peut parler que Sergio a un quelconque attrait de sang à ses yeux ? La question demeure encore en suspens. « Je te considère presque comme de la famille… » C’est une évidence qui sonne chez lui, quand bien même la vie a décidé de leur jouer un tour supplémentaire ; ils arriveront à l’affronter ensembles, une fois de plus. « Et puis je sais bien qu’en tant qu’enfant unique on peut se sentir assez seuls, encore plus lorsqu’on a qu’un seul parent, on ressent un vide que l’on doit combler... » Il l’écoute, quand bien même il n’a pas l’impression d’avoir un besoin plus important qu’un autre, il se goure peut-être. « Tu sais bien qu’on me voit comme ça. » Il hausse les épaules, « ce qui m’importe c’est comment moi je te vois. » Logan est pas le genre à écouter les autres, il est plutôt celui qui veut prendre le risque de se planter mais qui veut le faire de lui-même.
Ils sont tous les deux seuls dans cette chambre que Logan connaît bien désormais, un refuge, un repère pour tout ce qu’il recherche, aujourd’hui à fuir. Désormais installé à côté d’elle, elle peut bien lui demander ce qu’elle veut. Et il constate que si sa vie est détruite, c’est vers elle qui se tourne, encore une fois. C’est vers Chelsea qu’il aime se confier sur ses doutes, ses craintes légitimes, et qu’elle est réellement la seule à pouvoir le comprendre et le conseiller. Cassie aurait parfaitement pu être un choix de première aussi, mais certainement pas Max, encore moins quelqu’un d’autre. « Comment tu fais pour ne pas être assez dégoûté, pour ne pas lui claquer la porte au nez ? » Il n’en sait rien lui-même, et demeure silencieux devant une telle question qui le laisse autant amer que perplexe. « Tu attends le bon moment pour lui dire qui tu es ? » Parce qu’il y en a un ? C’est juste que Logan cherche à se rassurer en se disant qu’il existe bel et bien, mais au plus profond de son cœur : il la connaît la vérité. Il n’y en aura jamais et il repoussera ce verdict autant que possible, pour ne pas devoir à affronter son regard ni ses pensées obscures. « Tu crois que c’est une connerie ? » Il demande, en relevant enfin ses yeux sur elle, à chercher ce contact visuel avec celle qui a toujours été importante à son équilibre, malgré avoir passés toutes ses semaines loin d’elle. « Tu crois qu’il va changer d’attitude quand il saura qui tu es ? Est-ce qu’il a des enfants ? » Elle est là, la question qui vaut de l’argent, celle qu’il ne parvient pas à répondre, ou à être en mesure, de se calmer. « Tu veux réellement que je sois honnête avec toi ? » Sa mine est fermée, et son visage fermé, parce qu’il ne doute pas que la carapace du Gutiérrez est bien plus solide que n’importe qui d’autre, et qu’il ne parviendra pas aussi facilement qu’il aimerait à la percer, « plus le temps passe, plus j’apprends à le connaître et plus je me dis, que cette place je n’y aurai jamais le droit. » Pourquoi espère t’il encore ? Pourquoi est-il encore là alors ? Même lui, ne saurait pas répondre à cette question. Il en a juste besoin, ça le dépasse juste. « Il a six autres gamins, dont un bébé que j'ai déjà gardé. » Et il la voit déjà se foutre de lui à cette annonce, lui qui ne veut pas de gosse. Mais jouer le baby-sitter c'est pas quelque chose pour lui. Il soupire, le teint pale. « Je n’ai jamais eu la crainte que mon père soit un connard... même si on m’a dit qu’il pourrait l’être, que c’est peut-être mieux que je ne le connaisse pas pour cette raison... » Qu’elle lance, dans un soupire, alors qu’il détourne son regard sur elle, un instant. « Je n’ai pas cette crainte, pour toi Chel. » Et ses propos sont confiants, et sincères. « Je sais combien vous formerez un joli duo le jour où tu le rencontreras. » C’est une évidence sur laquelle il est forcé de constater. « Tu veux que je nous commande un truc à manger ? » Il est prêt à dégainer son portable pour commander un Uber.
Logan avait cette capacité inouïe de la voir avec à peu près n’importe qui, du moment qu’il ne s’agissait pas de Desmond. Elle n’avait jamais vraiment compris pourquoi il le détestait autant, était ce parce qu’ils ne venaient pas du même milieu ? Il était un peu facile de ne pas aimer une personne uniquement parce qu’elle est née avec une cuillère dans la bouche, chose qu’elle n’avait pas ressenti du tout avec lui avant qu’ils ne se retrouvent dans la même école. Parfois elle se demandait si dans le fond, le Novak ne craignait pas seulement d’être évincé si l’Edgerton venait à prendre encore plus de place dans sa vie, elle était pourtant certaine que les deux jeunes hommes pouvaient coexister dans son quotidien. Elle n’était donc pas étonnée de constater qu’il prenait le parti de Carl, alors qu’il ne le connaissait même pas. Chelsea fit la grimace lorsqu’il lui dit qu’elle était trop difficile, un argument qu’elle avait déjà beaucoup trop entendu. « Il n’y a rien à savoir de plus. Ça ne va pas dans ta tête toi, tu serais prêt à me mettre avec le premier venu... » Un peu comme Amy, qui était prête à la traîner en boîte de nuit pour qu’elle y trouve ‘ le prince charmant ’, ses deux amis lui paraissaient aussi tordus l’un que l’autre à ce niveau là. Elle allait vraiment finir par être vexée de leur attitude, même si elle n’arrivait pas à se mettre à leurs places, après tout c’était eux qui entendaient toujours les mêmes complaintes, année après année... C’était une raison pour laquelle il ne pourrait qu’applaudir Carl d’avoir pris une telle initiative, c’était aussi pour celle-là que Logan était légitime de croire qu’elle n’avait pas laissé une seule chance à son match. L’étudiante en photographie entendait cette réplique pour la seconde fois, cela l’énervait tout autant que la première. « J’lui ai tellement pas laissé sa chance que j’ai eu un rencard avec lui en dehors du cinéma, enfin bref... » Cela devrait lui en boucher un coin, à défaut de réussir à le faire taire. Il allait probablement se montrer curieux , mais elle n’allait pas s’épancher plus que cela dessus, pas alors qu’ils devaient parler d’un sujet infiniment plus sérieux. Elle avait toutes les raisons de le traiter franchement d’emmerdeur, puisqu’il en rajoutait une couche en se moquant d’elle, parce qu’elle avait préféré qu’ils s’isolent. Une conversation aussi intime que celle qu’ils allaient aborder, n’avait pas à être à la portée de tous, encore moins à celle d’Adèle qui avait encore à gagner sa confiance. Il fit semblant d’être gêné, elle n’en croira pas un mot. Elle répéta cette phrase, qui était à la fois une source de réconfort et de crainte, car si celle-ci s’avérait vraie, cela voulait dire qu’elle pourrait aisément être oubliée de ceux avec qui elle ne partageait pas de lien familial. Logan avait dû le sentir puisqu’il se voulut rassurant, la commissure de ses lèvres s’étira. Logan prouva définitivement qu’il savait comment lui parler quand il le voulait, en lui rappelant qu’il se fiait avant tout à sa propre opinion.
Elle essayait de le comprendre, de décrypter comment il faisait pour garder sa détermination, malgré la découverte d’un père qui n’avait rien d’idéal. L’envie de sortir de l’ombre était peut-être plus forte que tout le reste, mais elle ne savait pas vraiment ce que cela pourrait lui apporter. Logan lui demanda si elle pensait qu’il faisait n’importe quoi, elle afficha un air songeur, avant de lui poser une question qui pourrait lui permettre d’éclairer sa lanterne. Le regard de la rousse devint plus vif lorsque son ami l’interrogea, alors qu’il connaissait déjà parfaitement sa réponse. « Bien sûr. » Qu’elle rétorqua tout le fixant. Le visage du brun laissait présager qu’elle n’allait pas aimer ce qu’il allait lui confier, mais le principal était qu’il ne fasse aucun enrobage. Logan ne croyait pas pouvoir accéder à sa place de fils, une croyance qui fut renforcée lorsqu’il dénombra le nombre d’enfants que son père avait. Elle ne put s’empêcher d’écarquiller les yeux, il en avait six dont un qui ne tenait même pas encore debout. « Il faudrait peut-être lui apprendre l’existence de la capote ?! » Il lui paraissait tout bonnement irresponsable, elle espérait qu’il avait au moins la décence de bien subvenir aux besoins de sa tribu. Chelsea se focalisa sur ses derniers mots, elle était presque passée à côté. « Toi ? Avec un bébé ? Il t’a presque rendu service, il l’a préparé pour ton futur rôle. » Elle préférait le prendre à la rigolade, mais elle n’était pas du tout certaine d’avoir réussi à détendre l’atmosphère. L’étudiante en photographie lui donna son propre ressenti, sur ce père qu’elle ne connaissait pas encore de son côté, il acquiesça ses pensées. « Il va vraiment falloir que je trouve un moyen d’obtenir son identité... » Chelsea avait son idée en tête, elle n’était pas forcément très légale, mais pour elle cela n’était pas un crime de chercher à connaître son géniteur, elle était donc prête à tout pour y parvenir. Logan lui demanda si elle voulait qu’il commande à manger. « Pourquoi pas, passons pour de véritables asociaux auprès de mes colocataires. » Elle leur accordait le droit d’être égoïste, après tout elle n’avait pas signé un contrat pour tout partager avec eux. « Tu as une envie particulière ? Moi j’aimerais bien commander jap. » Il connaissait son attrait pour la cuisine nippone, qu’elle avait découverte avec lui dès qu’ils avaient eu l’occasion de s’offrir un restaurant japonais. Elle aimait ce clin d’œil au pays qui leur avait permis de se rapprocher, neuf ans auparavant dans une bibliothèque. Une époque lointaine qui la rendait nostalgique des nombreux moments d’amitié qu’ils avaient pu partager, avant de constituer leur propre bande d’amis et de rentrer dans une vie d’adulte contraignante.
« je ne sais pas faire quand t'es pas là. » @chelsea cavanagh & logan novak.
C’était une évidence qui s’offre devant Logan : Chelsea resterait mystérieuse sur cet homme avec lequel, elle a eu son rencard. Et il pourra ruminer ce qu’il voudra, ou vouloir lui faire dire ce qu’il veut entendre, ça ne fonctionnera pas, aussi elle attise le feu au poudre, quand de son côté, sa vie est devenu bien fade, mais à qui la faute ? Ne peut-il pas s’en prendre qu’à lui-même, quand Léonnie ne désire qu’une chose : qu’il prenne conscience de cette chance qu’ils ont, et que certainement beaucoup de monde viendrait à envier : la Cavanagh la première. Non pas pour cet enfant, mais plutôt pour cette histoire d’amour, qui n’en finit plus entre eux, malgré les bas, malgré son côté chiant quand il s’agit de renouer avec un passé qui ne le laisse pas indifférent. Pourquoi il se bat autant Logan ? Pourquoi il se bat à corps perdu pour un homme qui n’a jamais voulu de lui, et qui ne voudra jamais de lui ? C’est une perte de temps, et peut-être qu’il aurait mieux fait d’écouter Max depuis le début, ou sa propre mère. Ou Léonnie. Qui ne s’est jamais mis à dos Logan malgré ce qu’elle pouvait en penser, car une chose est évidente : elle ne le laisserait pas se détruire au profit d’un inconnu qui ne semble pas se soucier de lui, elle lui voue déjà une certaine amertume, quand Sergio inconsciemment, l’empêche de renouer avec lui. Des excuses, ce ne sont que des excuses que trouve le Novak pour fuir une destinée qu’il ne souhaite pas. Ou dont il est effrayé car il ne se sent pas à la hauteur, que pourrait-il apporter à cet enfant ? Que saurait-il apporter à ce duo ? « Il n’y a rien à savoir de plus. Ça ne va pas dans ta tête toi, tu serais prêt à me mettre avec le premier venu... » Chel le sort de ses pensées déjà trop encombrés par tout ce qui s’est passé ses derniers mois. Et d’ailleurs un sourire diablotin arrive instantanément sur son visage, « alors techniquement, c’est ton coloc qui est prêt à t’mettre avec le premier venu… » Et ça l’fait ouvertement rire, lui rappelant alors avec une aisance particulière que l’acte de son colocataire est odieux ! Ca ne semble pourtant pas le convaincre que ce dernier a eu tort. Tant que ce dernier l’empêche d’aller avec le pire de tous, il restera dans les petits papiers du Novak. « J’lui ai tellement pas laissé sa chance que j’ai eu un rencard avec lui en dehors du cinéma, enfin bref... » Logan tourne son visage devant cette révélation inattendue, ignorant encore l’identité de la personne, et il pourra tout tenter de pour le connaître : elle ne lui laissera jamais son identité aussi facilement. « Avoue… » Qu’il nargue prenant son sérieux qu’on lui connaît peu, « son nom ou je m’associe à ton Carl ! » Ouais, maintenant c’est son Carl, elle pourra récolter que ça de sa part alors qu’il râle. « Tu vas pas me laisser sur ma faim ? » C’est injuste mais il connaît suffisamment sa meilleure amie pour savoir, que oui elle allait le laisser ainsi. La conversation dérive doucement sur le Guttiérrez et Logan soupire. « Il faudrait peut-être lui apprendre l’existence de la capote ?! » Il hoche les épaules, trop facile cette réplique, qu’il songe mais après tout, est-ce qu’elle a tort ? « Toi ? Avec un bébé ? Il t’a presque rendu service, il l’a préparé pour ton futur rôle. » Il échange un regard avec la rouquine, sentant bien qu’elle en rigole, qu’elle tente d’apaiser les choses et l’ambiance mais Logan n’a pas envie de rire de ça, du moins pas encore. Il ne réussit pas à passer outre, à faire comme si il ne devait pas ne pas le calculer. Il aimerait s’en foutre au moins autant que cet homme, mais ça fait pas partie de lui, pas quand ça le concerne lui. « J’en veux pas de ce rôle… » Il balaye d’un revers de main cette hypothèse, balayant par la même occasion tout ce que peut lui apporter Léonnie dans cette histoire. Elle est patiente, elle ne le juge pas, il aurait pourtant bien besoin de quelques baffes, c’est certain ! Les choses qui s’apaisent à présent entre la rouquine et le Novak, et elle sourit faiblement en pensant à son propre père, celui qu’elle met autant sur un piédestal que son ami met son géniteur au même niveau, « il va vraiment falloir que je trouve un moyen d’obtenir son identité… » Il hausse les épaules, « tu sais comment faire ? T’as une piste ? » Sans doute que non, mais il ne peut s’empêcher de lui demander. Ils s’éloignent du salon, en entendant la porte d’entrée s’ouvrir, pour s’enfermer dans la chambre de Chelsea en rigolant, « pourquoi pas, passons pour de véritables asociaux auprès de mes colocataires. Tu as une envie particulière ? Moi j’aimerais bien commander jap. » Il lève les yeux au ciel, « c’est pas étonnant quand on te connaît… » Qu’il ne peut s’empêcher de lui dire en levant les yeux au ciel, avant de prendre son portable. « Je nous commande ça alors ! » Et il est déjà en train de téléphoner sans perdre davantage de temps. Ils auraient encore tout le reste de la soirée pour mettre à exécution leur soirée.