| (parkers #6) designed to deceive |
| | (#)Dim 2 Juil 2023 - 13:22 | |
| La nuit est drôlement chaude pour une nuit d’hiver. Ou alors c’est simplement les effets de l’alcool qui t’empêche de ressentir quoique ce soit normalement. Combien de fois est-ce que tu t’es retrouvée dans cette situation exacte dans les dernières semaines? Dans les derniers mois même? A errer dans les rues de Brisbane à te demander ce que tu fais, où tu vas, ce que tu veux, avec qui tu veux être, qui tu veux être toi-même? Souvent, bien trop souvent. C’est toujours le même schéma destructeur qui se dessine sous tes yeux et même si tu sais chaque fois comment ça se termine, tu recommences encore et encore comme si tu étais incapable d’apprendre la leçon. Albane en a eu assez. Elle l’a dit et tu ne peux même pas lui en vouloir. You’re a fucking mess Parker. Tu sens ta joue qui t’élance légèrement, là où l’inconnue t’as frappé un peu plus tôt aujourd’hui. Tu ne connais toujours pas son prénom, mais tu sais que tu la détestes avec ferveur et surtout que tu la blâmes pour la merde qui a eu lieu avec Albane ensuite. Les dernières heures ont cessé de faire du sens. Tu ne sais pas exactement quand et comment tu as perdu la carte, mais ça n’a pas la moindre importance. Tout ce que tu sais c’est que tu ne veux plus gérer avec quoique ce soit. Tu ne veux plus ressentir la moindre douleur. Tu ne veux pas penser à Sara ni à Wyatt, tout comme tu ne veux plus voir la silhouette d’Albane se dessiner sous tes paupières chaque fois que tu fermes les yeux. L’alcool ne suffit plus et ça fait longtemps que tu le sais, mais ça ne t’empêche pas de continuer à boire avec excès et d’espérer un résultat différent. Il y a un joint dans le fond de ta poche, mais tu as perdu ton briquet en cours de route. Ce serait une mauvaise idée de toute façon, tu es déjà complètement pétée.
Mais pas assez pour ne pas savoir où tu es et quelle direction bien précise tu as prise. Tu n’as peut-être pas la moindre idée de l’heure qu’il est, ton téléphone ayant rendu l’âme il y a quelques heures de ça déjà, mais tu connais le quartier avec trop de précision pour ne pas savoir où tes pieds te mènent, même si ton cerveau ne semble pas avoir approuver l’idée. Tu n’allais pas retourner chez toi, ou plutôt chez Albane après ce qui s’est passé il y a quelques heures, et tu n’as pas envie de voir la tronche emmerdante de Mickey, ni même celle d’Arthur, les deux ayant trop souvent fait office de colocataires d’urgence quand tu fous la merde (trop souvent donc) avec Albane. Quand tu arrives finalement devant le bloc appartement où vit ton cousin et sa petite famille bien trop parfaite pour avoir une place pour toi, tu hésites. C’est la partie logique de ton cerveau qui veut te dire encore et encore que de débarquer comme ça au beau milieu de la nuit ne t’apportera rien de bon. Tu risques de réveiller ton filleul autant que tu risques de faire chier la guindée et si normalement, le premier fait aurait pu te stopper, l’idée de faire gueuler Rosalie t’amuse soudainement trop pour que tu ne t’en prives. Tes doigts appuient sur tous les boutons d’appartement, persuadée que quelqu’un finirait bien par te laisser entrer et si tu as droit à quelques insultes au passage, quelqu’un finit par déverrouiller la porte d’entrée et voilà que tu montes les escaliers en riant bêtement, incapable d’aligner deux pas sans finir sur le cul. Tu finis par te rendre à la porte, ou du moins tu espères vraiment que c’est la bonne porte parce que vu la grabuge que tu causes, tu risques de te faire bien des ennemis sur l’étage si ton cousin ne t’ouvre pas la porte bien rapidement. « Wyaaaatt, ouvre la porte, c’est moi, Leooooo! » que tu chantonnes à répétition, tes poings se portant encore et encore contre la porte. @Wyatt Parker |
| | | | (#)Mar 18 Juil 2023 - 19:40 | |
| « Toujours rien ? » Relevant les yeux de mon écran de téléphone, je croise le regard désormais inquiet de Rosalie. Secouant la tête en guise de réponse, je laisse ma main glisser sur mon visage avant de verrouiller l’appareil. Cela fait des semaines maintenant que Leo ne réponds plus à mes messages et qu’elle daigne seulement me laisser des appels en absence à des heures pas possible, simple signe qui veut me faire savoir qu’elle est toujours vivante, mais pas prête à parler. Je savais que l’annonce de ma mère allait venir bouleverser son monde, je n’avais néanmoins pas prévu qu’elle nous ferait le coup du silence radio. À croire que c’est une fâcheuse tendance dans la famille. Me reconnectant à la réalité de ce qui m’entoure, j’aperçois Gabriel qui joue sur le tapis avec ses voitures et dans la seconde qui suit la main de Rosalie se glisse dans mes cheveux. Son ventre s’arrondit de jour en jour ne laissant plus aucun doute sur l’origine de ses courbes. « Pardon, j’ai encore déconnecté ce soir. » J’avais passé le repas à trouver un moyen de contacter ma cousine et une fois encore, j’ai laissé filer un moment en famille. « Je venais te dire que j’allais aller le coucher. » Rosalie sait à quel point j’aime m’occuper de la fin de journée. Le rituel du bain, Gabriel qui choisit son pyjama pour finir par aller s’allonger dans son lit de grand, me laissant une minuscule place sur le matelas pour que je vienne lui lire une histoire. Il était hors de question que je rate cet instant, que Leo aille au diable avec ses absences et son silence.
Si mon esprit n’a eu de cesse de divaguer sur les options qui me restent pour mettre la main sur ma cousine, j’ai tout de même pris le temps de rester avec Rosalie pour le reste de la soirée. Installer dans le canapé, chacun un livre à la main, en se donnant le prénom des personnages féminins, dans l’espoir d’avoir une inspiration pour notre fille. Une fois encore, il nous a été impossible de trouver un accord et Rosalie n’a fait qu’ajouter des possibilités à la liste tenue à la première page de l’un de mes carnets. Une soirée banale, ponctuée par l’inquiétude de ne jamais voir l’écran de mon téléphone s’illuminer avec un nouveau message. Demain, j’irai à nouveau sonner à sa dernière adresse. Je doute qu’elle y soit encore, mais peut-être que je finirais par croiser la petite brune qui paraissait lui mener la vie dure.
C’est en sursaut que je me réveille lorsque la sonnette de l’appartement se déclenche à trois heures du matin. Si je crois d’abord à un mauvais rêve, je réalise brutalement que tout est bel et bien réel quand le bruit strident retenti à nouveau dans l’appartement. « Qu’est-ce qui se passe ?! » Me tournant vers Rosalie, je lui fais signe de rester dans le lit. Dans le couloir, je ferme la porte de la chambre de Gabriel, alors que la personne derrière la porte semble désormais s’être endormie sur le bouton de la sonnette. « Wyaaaatt, ouvre la porte, c’est moi, Leooooo! » Elle se fout de ma gueule ?! Ouvrant la porte avec fracas, je me retrouve nez à nez avec ma cousine qui hurle encore dans le couloir ameutant la moitié des voisins. « C’est quoi ce bordel Parker ! » Forcément, il fallait qu’elle réveille le connard au bout du couloir. « Je m’en occupe, désolé. » Sans sommation, j’attrape Leo par le col de son haut et l’attire dans l’appartement. « A quoi tu joues putain ?! » Elle manque de s’étaler sur le sol et il me faudra une seconde pour réaliser que si elle braille toujours comme une délurée, c’est parce qu’elle est en train de s’embrouiller avec le voisin qui n’est même plus dans son champ de vision. Sous mes yeux, Leo n'est plus qu’un zombie remplie d’alcool qui agit comme le pire des ivrognes. Dans le couloir, je peux entendre les pleurs de mon fils qui appelle sa mère et s’en est trop. « Viens là. » Loin de vouloir faire dans la tendresse, je traîne ma cousine jusqu’à la salle de bain tandis qu’elle continue à parler si fort qu’elle m’en vrille les tympans et joue avec mes nerfs. J’ai tout fait pour elle, sans la moindre exception, j’étais prêt à me prendre sa colère face à l’annonce que l’on a reçue, prêt à tout plaquer pour lui venir en aide et c’est comme cela que je la retrouve ? En pleine nuit, ivre morte, incapable de tenir sur ses pieds et en braillant comme une putain sur le trottoir. S’en est trop. Ma patience a atteint ses limites et je sens une vague de violence monter en moi. Faisant claquer la porte de la salle de bain dans mon dos, j’empoigne à nouveau Leo pour la jeter dans la cabine de douche et ouvrir le jet d’eau froide à pleine puissance. « Maintenant, tu fermes ta grande gueule ! » Je hurle à mon tour, à m’en déchirer la voix.
Sans doute surprise par l’eau glaciale, Leo a au moins l’intelligence de ne pas l’ouvrir à nouveau. Quelques secondes s’écoulent sans qu’elle ne bronche, commençant à trembloter sous le jet froid, son maquillage laissant des traces noires sur ses joues. « Tu me fais pitié Leo. » Il n’est plus question d’avoir de la compassion, de lui trouver des excuses. « Il serait temps que tu grandisses ! » Qu’elle arrête de se soûler à l’excès dès la moindre contrariété, qu’elle cesse son petit jeu d’auto-destruction quand des mains se tendent dans sa direction. Blessé de la retrouver ainsi, fatigué de me battre contre chaque membre de ma famille, j’ai soudainement envie de baisser les bras, lui dire de partir pour ne jamais revenir. Les mots dansent sur le bout de mes lèvres sans jamais en franchir le seuil. |
| | | | (#)Jeu 24 Aoû 2023 - 9:43 | |
| Tu n’accordes pas beaucoup d’attention au voisin qui s’énerve de ta petite scène. Tu ne fais que rire un peu plus fort, pas du tout dérangée par le fait que tu es clairement en train de l’emmerder, et potentiellement en train de réveiller la majorité des occupants de l’étage. La seule chose que tu réalises pleinement, c’est que Wyatt ouvre enfin la porte. C’est à peine si tu entends l’échange entre Wyatt et son voisin, ton attention complètement ailleurs et c’est seulement lorsque tu sens les doigts de ton cousin qui t’agrippe par le col de ton chandail et te force à l’intérieur de l’appartement. « À quoi tu joues putain? » « TU PENSES QU’IL PEUT ENCORE M’ENTENDRE? WOOHOO! » Tu gueules. Tu ne sais même plus ce que tu dis, ni même ce que tu essayes de dire. Tu n’as rien à dire. Tu fais une scène seulement parce que tu peux le faire. C’est complètement vide, dans ta tête, dans ton corps, dans ton cœur. Le vide est la seule chose qui t’engouffre jour après jour, et la seule chose que tu sais faire, c’est le remplir d’alcool et de drogues, to hell with the consequences. Tu n’enregistres pas les pleurs de bébé qui se font entendre plus loin dans le corridor, c’est seulement quand tu aperçois vaguement la silhouette de Rosie que tu te souviens qu’il n’est pas tout seul. Que ce n’est pas seulement lui et ses voisins que tu déranges au beau milieu de la nuit, mais sa famille aussi. Celle dans laquelle tu t’entêtes à prétendre que tu n’as plus de place, et celle pour qui il t’oubliera inévitablement quand Sara ne sera plus là pour jouer l’entremetteur. « Viens là. » Tu n’as pas le temps de te perdre dans ta spirale, la poigne de ton cousin toujours aussi brusque alors qu’il te traîne jusqu’à la salle de bain et tu ne fais que rire et crier un peu plus. Jusqu’à ce que le jet d’eau glacial te tombe dessus, t’arrachant un lourd grognement et des bras qui tentent de se débattre inutilement contre le jet. « Maintenant, tu fermes ta grande gueule! » Le mélange de l’eau glaciale et de la voix sévère de Wyatt t’interrompt dans ta connerie, et soudainement il ne reste plus que le bruit du jet qui coule prenant toute la place entre vous.
Ça fait des semaines que tu ne lui donnes pas de nouvelles. Que tu lui offres seulement des appels manqués pour le rassurer que oui, tu respires encore parce que tu es une cousine de merde, mais tu n’as pas l’intention de lui faire le même coup que sa sœur. Tu ne sais pas ce que tu fais là. Tu ne sais pas ce que tu espérais. Tu n’étais pas en état quand tu as pris la décision, et tu n’es pas plus en état maintenant, malgré l’eau froide qui t’oblige à dégriser ne serait-ce qu’un peu. La tension est palpable dans la salle de bain qui est bien trop petite pour abriter vos deux personnalités explosives. « Tu me fais pitié Leo. » « Prends un numéro. » que tu craches avec autant de dédain que le ton que t’offre Wyatt parce que tu n’es pas la première personne à te prendre en pitié dernièrement et honnêtement, ça te fait chier. Tu en as fais des conneries dans ta vie, mais jamais il ne t’a regardé comme ça, ton cousin. Jamais avec une telle froideur rivalisant l’eau qui inonde présentement ton top et ton jeans. « Il serait temps que tu grandisses! » « À quoi bon? » que tu lui demandes, en ricanant. La moquerie ne dure pas longtemps toutefois avant que ton visage ne se défasse sous la lourdeur et la puissance des émotions qui t’envahissent soudainement, celles que tu caches derrière du vide en amont pour te convaincre que rien ne te fait jamais rien, que tu resteras éternellement cette fille qui se fiche de tout alors qu’au fond, c’est tellement loin d’être le cas. « Ça sert à quoi de faire les choses comme il faut quand ça fini toujours de la même façon? » Avec les gens que tu aimes qui partent. Qui meurent. À quoi bon grandir et vivre selon les normes quand l’autodestruction est tout ce que tu connais, la seule chose à laquelle tu sois réellement compétente? « C’est toi qui m’envoies des messages larmoyants depuis des semaines pour me voir et maintenant que j’suis là, t’es pas content. » Tu dévies la conversation, bien trop effrayée par ce qui pourrait en sortir si tu devais vraiment dire tout ce que tu penses en ce moment sans filtre. La douleur est encore trop crue, trop grande pour que tu n’oses vouloir la nommer, l’expliquer. Alors tu ricanes, parce que impossible que tu lui fasses l’honneur de te mettre à genoux devant lui et de te mettre à pleurer toutes les larmes de ton corps. « Laisse-moi sortir. » que tu protestes finalement, bien qu’il te bloque la sortie. Tu n'as rien à faire ici. Tu n’aurais jamais dû venir. |
| | | | (#)Dim 27 Aoû 2023 - 21:42 | |
| « TU PENSES QU’IL PEUT ENCORE M’ENTENDRE? WOOHOO! » Elle joue avec mon self-contrôle à hurler comme une détraquée dans tout l’appartement. Je ne sais pas ce qui me retient de lui en coller une pour qu’elle se taise. Je n’ai jamais levé sur un membre de ma famille et je n’ai pas réellement l’intention de commencer aujourd’hui, qu’importe à quel point Leo est en train de jouer avec mes nerfs. Une douche froide devrait au moins faire l’affaire. Ce n’est pas comme si je lui laissais le choix tandis qu’elle se débat avant de se trouver collé sous le jet d’eau glacial. Je veux qu’elle se taise, de suite, avant qu’un geste regrettable n’intervienne.
Si elle a pour habitude de jouer la carte de la provocation, Leo n’a pour autant jamais eu à se trouver face à quelqu’un qui a fini par perdre patience. J’ai toujours tout fait pour l’entendre, pour lui trouver des excuses, mais cette fois elle à dépasser une limite que je n’avais même pas envisagé fixer un jour. Elle pouvait jouer la carte de la déception ou du sarcasme, cela ne prendrait plus. « Ça sert à quoi de faire les choses comme il faut quand ça finit toujours de la même façon ? » Un soupir m’échappe face à la remarque de Leo. Elle a, au moins, eu l’intelligence de laisser son arrogance de côté. « T’as peur ? Guess what… Je suis putain de terrifier moi aussi. » Est-ce qu’il faut jouer à armes égales pour qu’elle puisse enfin admettre qu’elle n’a jamais été seule dans le processus. « C’est toi qui m’envoies des messages larmoyants depuis des semaines pour me voir et maintenant que j’suis là, t’es pas content. » Si je pensais, enfin, pouvoir avoir une conversation censée avec ma cousine, l’espoir est retombé aussi rapidement qu’un vieux soufflé. Excéder, incapable de retenir quelque, ce soit, je laisse ma rage explosée. « Putain, mais c’est quand que tu vas prendre du plomb dans la tête et comprendre que parfois TA famille a besoin de toi ?! » Je hausse le ton, incapable de me contenir plus, elle voulait me faire sortir de mes gonds, elle a gagné. Dans le couloir, je peux entendre la petite voix de Gabriel qui ne cesse de m’appeler tout en sanglotant. Mon pire cauchemar semble prendre forme sous mes yeux lorsqu’il apparaît dans mon champ de vision. J’ai juste le temps d’attraper le regard de Rosalie au bout du couloir que déjà, elle l’attrape au vol au même moment où je pousse la porte du bout du pied pour la faire claquer derrière moi. Je m’excuserai après, plus tard, quand Leo aura compris ce que je cherche à lui dire depuis des semaines. Une chose à la fois.
« Laisse-moi sortir. » Mon corps tout entier fait volte-face pour me retrouver nez à nez avec une Leo qui semble prête à vouloir se débattre alors que le jet d’eau vient encore s’échouer contre son corps. Sans mesurer ma force, je plaque une main sur son plexus et l’envoi à reculons dans la cabine de douche. « Tu restes là Eleonora, et maintenant, tu vas m’écouter, parce que je t’assure que je me répéterais pas. » Je n’ai jamais été aussi dur et intransigeant avec elle. Elle me trouvait chiant, elle ne connaît encore rien de ce dont je peux être capable quand on me pousse à bout. D’un geste de la main, je viens couper le jet d’eau sans jamais lui laisser l’espace de pouvoir s’échapper. « J’en ai plein le cul de ton comportement de gamine ! » Je l’ai toujours protégé, je suis le premier à continuer à l’appeler kiddo, mais il serait temps qu’elle prenne un peu du grade la gamine. C’est fini l’époque où je pouvais tout lui pardonner et passer derrière elle pour faire un peu de damage control. « T’as perdu ta mère et j’en suis désolé Leo, tu sais même pas à quel point. » que je souffle en relevant les yeux vers elle. « Ta mère était ma personne préférée, je t’assure que si je pouvais faire n’importe quoi pour te la ramener, je le ferais. » Sans aucune hésitation, sans même prendre le temps de respirer. Je dirais oui, pour que ma cousine ait encore du temps avec sa mère, pour que ma famille soit à nouveau un tant soit peu équilibré et retrouve sa personne la plus censée. En disant tout cela, je veux surtout que Leo arrête de croire que le monde entier est contre elle, j’aimerais qu’elle se mette dans la tête tout ce que je serais capable de faire pour essayer de la rendre heureuse. « Toi comme moi, on sait à quel point tout peut vriller en peu de temps, on l’a assez appris avec ta mère, Nico, et même Ariane. » Cela fait bien longtemps que je n’avais pas mentionné le prénom de mon plus vieil ami, mais ma cousine sera capable de faire le rapprochement. Tout du moins, j’ose l’espérer, parce que ma patience est arrivée à sa fin. « Si tu veux te péter le nez avec de la coke, j’en ai plus rien à faire. » Ce n’est pas comme si j’avais encore le pouvoir sur ce genre de décision de toute façon. « Par contre, c’est de MA mère qu’on parle actuellement. Tu sais, celle qui te considère comme sa fille et qui s’angoisse tous les jours à se demander si tu vas bien vouloir lui reparler avant qu’il soit trop tard. » Je me suis juré de ne pas envisager le pire, mais j’ai bien l’intention de jouer mes cartes de la manière la plus franche qui soit. Imprime-toi ça dans un coin du crâne Leo, il serait grand temps ! « Tu traites ta française comme tu veux Nora, mais tu manques pas de respect à la femme qui a tout fait pour tenter de t’offrir une belle vie. » Je l’attrape par la mâchoire, la forçant à me regarder droit dans les yeux. « Donc tu vas commencer par arrêter de hurler chez moi, tu vas aller dormir sur le canapé et demain, on ira voir Sara. Si tu t’échappes Leo, c’est terminer, y’aura pas de chances supplémentaires. T’as bien compris ?! » Je ne voulais pas en arriver, je ne voulais pas la provoquer, parce que je la connais par cœur, parce que je sais que c’est ce qui la poussera à fuir. Elle va vouloir me prouver que j’ai tort, qu’elle est capable de faire sans moi. Je le sais, mais je n’en peux plus de tout lui concéder. « Je t’aime comme ma petite sœur Leo. » Il y a jamais eu de différence. « Mais si tu me dis pas tout ce qui trotte là-dedans. » Je viens appuyer mon doigt sur son front avec bien plus de douceur qu’auparavant. « Je pourrais jamais t’aider. » Une fois encore, juste une dernière, je lui tends la main. |
| | | | (#)Mer 13 Sep 2023 - 2:35 | |
| L’ambiance n’a jamais été aussi lourde entre Wyatt et toi. Il n’y a aucune quantité d’alcool ou de drogues qui pourrait te faire oublier le regard qu’il te lance, cette déception cruelle et clair comme l’eau qui danse dans ses yeux alors que tu dois te rendre à l’évidence. Tu as merdé à un tel point que tu n’es pas certaine que tu puisses dire ou faire quoique ce soit pour amoindrir le coup. Le jet glacé de la douche est le réveil brutal auquel tu ne voulais pas faire face depuis des semaines et les mots de Wyatt te forcent à mettre les pieds dans une réalité que tu ne peux pas nier plus longtemps. « T’as peur? Guess what… Je suis putain de terrifier moi aussi. » Tu n’éprouves aucun réconfort à savoir qu’il est aussi effrayé que toi par la réalité qui s’annonce à vous, mais plutôt une bonne dose de culpabilité qui te rappelle combien tu peux être égoïste quand tu t’y mets. À rejeter tout le monde et t’enfermer dans une spirale d’autodestruction, tu as complètement oublié que tu n’étais pas la seule à qui tu faisais mal au passage et le rappel te déchire en deux, quand bien même tu es encore de lui laisser savoir, l’alcool et la drogue dans ton système agissant comme des barrières dont tu ne saurais pas complètement te dissocier. « Putain, mais c’est quand que tu vas prendre du plomb dans la tête et comprendre que parfois TA famille a besoin de toi?! » « Quand est-ce que tu vas comprendre que j’peux pas?! » que tu rouspètes avec autant de véhémence. Tu n’es pas capable d’être là pour qui que ce soit quand tu arrives à peine à te tenir la tête en dehors de l’eau. Tu ne sais pas comment être quelqu’un sur qui l’on peut dépendre, tu n’as jamais eu à l’être et ça te rattrape de la pire des façons qui soit. Tu veux sortir. Tu veux qu’il arrête de parler. Qu’il arrête de t’imposer une réalité à laquelle tu n’es pas capable de faire face. Tu veux revenir en arrière, quand tu ne savais rien de tout ça, quand tu n’avais pas à gérer avec le fait que bientôt, trop bientôt, ta tante ne serait plus là. Tu maudis les substances dans ton sang de ne pas faire leur boulot correctement, de ne pas avoir anesthésié la douleur qui persiste dans ton être.
Mais Wyatt n’a pas l’intention de te laisser filer si facilement et c’est de ta faute vraiment. Tu as pris la decision impulsive de te rendre ici en pleine nuit, maintenant tu n’as d’autre choix que de gérer avec les conséquences de tes conneries. « Tu restes là Eleonora, et maintenant tu vas m’écouter, parce que je t’assure que je me répéterais pas. » Ton prénom entier est utilisé pour te rappeler le sérieux de ce qui se passe présentement, que tu n’auras pas une autre chance de t’en sauver plus tard. « J’en ai plein le cul de ton comportement de gamine! » Tu te mords les lèvres avec force, continuant à le défier du regard sans pour autant être en mesure de rouspéter. « T’as perdu ta mere et j’en suis désolé Leo, tu sais même pas si à quel point. Ta mère était ma personne préférée, je t’assure que si je pouvais faire n’importe quoi pour te la ramener, je le ferais. » « Arrête. T’as pas le droit de parler d’elle. » Tu ne veux pas entendre parler de ta mère. Tu ne veux pas le rappel de toutes ses années que tu n’as pas pu partager avec elle. Ni même de celles qui ont précédé, où elle était trop faible pour pouvoir s’occuper de toi. Tu passes ton temps à essayer d’oublier, mais tout te ramène toujours à elle. « Toi comme moi, on sait à quel point tout peut vriller en peu de temps, on l’a assez appris avec ta mère, Nico, et même Ariane. » « Ariane est partie de son plein gré. Elle mérite pas que tu la mettes dans la même catégorie que ma mère ou Nico. » Évidemment que tu avais su, quand l’un des plus proches amis de Wyatt était décédé d’un cancer bien trop jeune, laissant derrière une femme et une famille qui devront eux aussi apprendre à gérer avec une absence bien trop grande et bien trop cruelle. Mais tu ne peux pas te concentrer sur la douleur des autres quand la tienne prend toute la place. Peut-être que ça fait de toi une putain d’égoïste comme il essaye de te le faire entendre, mais tu essayes simplement de te protéger comme tu le peux. « Si tu veux te peter le nez avec de la coke, j’en ai plus rien à faire. Par contre, c’est de MA mère qu’on parle actuellementt. Tu sais, celle qui te considère comme sa fille et qui s’angoisse tous les jours à se demander si tu vas bien vouloir lui reparle avec qu’il soit trop tard. » Tu voudrais pouvoir te boucher les oreilles, comme une vraie gamine qui refuse d’entendre ce qui est pourtant inévitable. Tu n’as pas le temps de bouger toutefois que les doigts de ton cousin viennent serrer ta mâchoire, t’arrachant un gémissement de douleur. « Tu traites ta française comme tu veux Nora, mais tu manques pas de respect à la femme qui a tout fait pour tenter de t’offrir une belle vie. Donc tu vas commencer par arrêter de hurler chez moi, tu vas aller dormir sur le canapé et demain, on ira voir Sara. Si tu t’échappes Leo, c’est terminer, y’aura pas de chances supplémentaires. T’as bien compris ?! » « Tu m’fais mal. » que tu craches comme seule réponse alors que tu as l’impression que ses doigts serrent plus forts contre ta mâchoire, d’une manière qui se veut de te rappeler que rien de ce qui est dit ici cette nuit ne doit être pris à la légère. Il te lâche aussi vite qu’il t’a agrippé, et il est dur de dire ce que tu détestes le plus : la colère qu’il vient de déverser sur ta tête, ou l’espoir qui existe encore dans le fond de son regard que tu ne vas pas le décevoir comme tous les autres. « Je t’aime comme ma petite sœur Leo. Mais si tu me dis pas tout ce qui te trotte là-dedans. Je pourrais jamais t’aider. »
Le silence s’étire et Wyatt finit par fermer le robinet de la douche et te laisser seule dans la salle de bain à contempler tout ce qui vient d’être dit. Tu ne sais pas combien de temps tu restes là, à tenter d’assimiler tout ce qui vient de se passer, comme une bonne dose de réalité que tu n’es pas certaine de pouvoir digérer. Tu es tentée de prendre tes jambes à ton cou et ignorer les menaces de Wyatt, mais quelque chose t’en empêche. Tu ne peux pas fermer la porte sur les seules personnes qui te restent, tout comme tu sais que tu ne peux pas éternellement refuser de faire face à Sara. Tu ne te sens pas prête à le faire tout de suite, tu crains que les choses ne dérapent encore plus si Wyatt t’y force, mais quel choix as-tu réellement? Tu attrapes une serviette dans la salle de bain pour te sécher autant que possible de la douche froide imposée, te défait de ton jean quand tu réalises que c’est une bataille perdue d’avance et c’est avec beaucoup de réticence que tu t’installes sur le canapé pour quelques maigres heures de sommeil. Sommeil rapidement interrompu par la routine de ton filleul qui en a rien à foutre de ta gueule de bois, et de sa mère qui évite de croiser ton regard alors qu’elle lui prépare un petit déjeuner. C’est seulement lorsque Rosalie et Gabriel ont quitté l’appartement que tu décides d’agir comme autre chose qu’une momie prisonnière du canapé, hésitante lorsqu’il s’agit d’approcher ton cousin. Au moins, tu es encore là. C’est déjà plus que ce que tu pensais pouvoir faire il y a quelques heures à peine. « J’aurais pas dû débarquer comme ça. » Ce ne sont pas des excuses, mais presque. Tu espères que Wyatt sait toujours lire entre les lignes. « Me force pas à aller voir Sara. Pas tout de suite. » Pas quand tu es dans cet état, complètement délabrée de tes excès de la veille. « S’il te plait. » C’est une supplication. La preuve que tu es prête à faire un compromis. Que tu es là et que tu veux mieux faire, mais que tu as besoin de temps.
Mais combien de temps vous reste-t-il vraiment? |
| | | | (#)Mer 8 Nov 2023 - 13:40 | |
| « Quand est-ce que tu vas comprendre que j’peux pas?! » - « Tu peux pas ou tu veux pas ?! » Est-ce qu’elle faisait seulement la différence entre les deux. Leo était connu pour ne penser qu’à elle, ce n’est pas réellement une nouveauté dans la famille, l’égoïsme coule dans nos veines, que ce soit par protection ou par pur désir de ne pas trop se mêler aux autres. Mais depuis quelque temps, c’est comme si Leo n’avait tout simplement plus envie de se mêler, faisant passer ses problèmes pour quelque chose que l’on ne serait pas en capacité de comprendre. Tout cela a don d’envenimer la conversation à un point que l’on n’avait pas atteint depuis bien longtemps. C’est comme s’il fallait enfin crever l’abcès qui a laissé vomir tout ce que l’on a jamais été capable de se dire. « Arrête. T’as pas le droit de parler d’elle. » Et c’est la goutte de trop à mes yeux. « Pourquoi ? Parce que j’ai pas souffert comme toi ? » Est-ce que Leo en était rendu là ? À établir une échelle de la souffrance. Je n’ai pas le droit de parler de sa mère, parce que justement, c’était SA mère et que ma tante ? Je pourrais lui en coller une pour son arrogance, mais ce serait lui offrir le droit de s’en aller, sans qu’elle n’écoute jamais ce que j’ai à lui dire. Les conneries ont assez duré, je ne lui laisserais plus rien couler.
Ce qui n’était qu’une discussion se transforme en un véritable règlement de compte qui me demande d’user de toute ma patience et de mon calme. « Ariane est partie de son plein gré. Elle ne mérite pas que tu la mettes dans la même catégorie que ma mère ou Nico. » Non, c’est vrai, elle ne mérite plus rien de votre part Ariane, mais ce n’est pas une conversation à avoir maintenant. C’est trop tard pour ça. Je préfère lui rappeler tout ce qui reste encore autour d’elle, tout ce que ma mère a fait pour elle. Tout ce qui compte réellement et qu’elle doit cesser de prendre pour acquis. Pour la toute première fois, je lui laisse un ultimatum. Elle a épuisé toutes ses chances la gamine. Et c’est ce qui finit par sortir, sa dernière chance avant qu’elle ne se retrouve véritablement seule avec personne auprès de qui chouiner. « Tu m’fais mal. » - « J’espère bien ! » Est-ce qu’elle allait mieux entendre comme ça ? Je serre un peu plus fort, juste pour être sûr, juste une seconde, pour lui cracher le reste avant de la relâcher.
L’altercation m’a épuisé, au point de plus savoir quoi faire. La laisser dans la salle de bain, me glisser dans la chambre de mon fils pour l’embrasser alors qu’il s’est déjà rendormi et retrouver Rosalie qui m’interroge du regard sans me presser. « T’as des vêtements à lui prêter ? » On trouve un pantalon de jogging et un tee-shirt que Rosalie dépose sur le canapé avec un oreiller. Il faudrait dormir, mais j’en suis incapable. Je me glisse sur le balcon, avec mon paquet de cigarettes, que je vais finir de poncer. Je reste là, à fixer le vide, me demandant ce qui avait bien pu vriller dans l’univers pour nous en vouloir ainsi. Tout passe en revue, j’espère que Leo sera resté, mais je n’ose pas aller vérifier. Alors je reste là, sur ma chaise en plastique, à refaire le monde en grillant une cigarette de plus. À me demander si mes menaces auront suffi pour la faire rester, pour la faire réfléchir aussi.
Au petit matin, la routine reprend le dessus, Leo est affalé dans le canapé et c’est déjà une mini victoire. Je suis en train de lui préparer un café lorsqu’elle arrive avec son air gêné. « J’aurais pas dû débarquer comme ça. » Un soupir et je lui glissai la tasse sous le nez. « Non, tu n’aurais pas dû. » Pas en pleine nuit, pas dans cet état. « Recommence plus jamais ça. » Parce que ma patience a des limites et je pense qu’elle l’a très bien compris désormais. « Me force pas à aller voir Sara. Pas tout de suite. » Alors c’est comme si je n’avais rien dit ? « S’il te plaît. » Elle ne supplie jamais Leo. Elle n’a jamais eu l’air aussi mal en point aussi. « Pas aujourd’hui. » Mais demain. Le sous-entendu se voulait clair. « Tu peux dormir dans le bureau, je t’ouvrirai le lit. » Elle peut rester. Je n’ai pas demandé à Rosalie, mais elle peut rester. J’en ai décidé ainsi. Une dernière fois. Encore. « Demain, on passe la journée en famille. » Pas de négociation possible.
Demain sera un autre jour. |
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