But hold me fast, hold me fast 'Cause I'm a hopeless wanderer And hold me fast, hold me fast 'Cause I'm a hopeless wanderer (Mumford & Sons)
Début juin 2023 Edison est sur-excité. La dernière fois qu’il a été comme ça, ses pupilles étaient dilatées et ressemblaient à des vinyles. Aujourd’hui, aucune substance illicite ne le mettait dans cet état … juste le fait qu’il ait une surprise pour Cameron qui passait par une nouvelle étape essentielle de sa vie … Mais, Edison n’en était pas encore au courant. L’abruti ! « Fais moi confiance bordel ! Je ne t’emmène ni dans un bordel illégal ni dans un endroit bizarre ; promis ! », qu’il lance en jetant un coup d’œil vers son co-pilote qui ne semble pas vraiment rassuré. Les idées de merde, elles viennent souvent – ou toujours – de la part d’Edison et ce depuis leur plus jeune âge. On ne compte plus les fois où Edison a parlé de « meilleure soirée de tous les temps » et qu’ils ont dû finir par prendre leurs jambes à leur cou car les hôtes avaient tout simplement mal calculé le retour de vacances des véritables propriétaires. Oui, Edison avait souvent – toujours – de mauvaises idées et des plans pourris. Mais cette fois, quelque chose est différent. Il est enthousiaste. Il est excité. Il est … heureux. Pfiou ! Que c’est bizarre de le voir comme ça alors qu’il n’est même pas encore midi. La voiture du musicien finit par se garer et il lui désigne d’un signe de tête un bâtiment aux apparences en ruine … avec un énorme sourire fier.
L’endroit ne paie pas de mine. Un local apparemment en ruine. Une minuscule porte. Une devanture sur laquelle on ne peut même plus lire le nom. On peut apercevoir qu’il y a, à l’arrière une terrasse et ce qui ressemble de près ou de loin à quelques tables et bancs en bois. L’endroit ne donne pas vraiment envie d’y entrer mais Edison semble décidé à y mettre les pieds. Dos à la batisse, il ouvre les bras en croix tout en accompagnant son geste : « TADA ! » A la tête de Cameron, il comprend qu’il lui doit quelques explications. Les bras retombent et il sort les clefs de sa poche de jean sans perdre son petit sourire idiot. « Ouais bon je t’avoue que pour l’instant, ça a plutôt une sale gueule mais ça, c’était parce que ça a pas encore eu la touche Spanky, ça va venir. » Il agite les clefs. « Viens ! Je te montre ! » Un signe de tête et le voilà qui se dirige vers la porte pour l’ouvrir tout en appuyant un peu avec son pied sur celle-ci, un sourire gêné en direction de Cameron.
Et les voilà dans un minuscule local qui ne paie pas de mine. On ouvre la porte. Un petit couloir. Des toilettes ou du moins, c’est ce qu’on peut voir quand on y penche la tête : il n’y a plus de porte. Et enfin le clou du spectacle. Une salle ouverte. Un comptoir de bar en ruine et plusieurs colonnes qui donne une drôle d’ambiance mais Edison, lui, il semble avoir une vision. « Imagine … » Il avance vers l’endroit où il prévoit la scène. « Ici, une petite estrade en bois … un groupe … » Il se place là où il imagine le groupe et mime de jouer la batterie. « Là-bas un petit coin pour vendre des boissons et au fond le merch’ … partout, des gens biens … » Les bras s’agitent dans tous les sens au fur et à mesure qu’il explique sa vision. A vrai dire, il ne se rend même pas compte qu’il n’a pas laissé le temps à son ami de lui dire la moindre chose. Alors le bras tendu, il se tait et le fixe … attendant la sentence. @Cameron Lewis
D’ordinaire, l’enthousiasme d’Edison était contagieux, mais il n’y avait pas l’ombre d’un sourire sur les lèvres de Cameron qui prenait place sur le siège passager à côté de lui. Depuis sa sortie de cure de désintoxication deux mois et demi plus tôt, il avait l’impression que la vie le testait pour voir s’il allait être assez fort pour résister à la tentation ou s’il allait se planter tête première. Après son ex qui refusait de lui laisser Hannah lorsqu’il était seul, voilà maintenant que 16 000 kilomètres le séparaient de la femme qu’il aimait. Il avait essayé de retenir Freya à l’aéroport en l’embrassant pour lui faire part de ses sentiments, mais ça n’avait pas suffi et il vivait difficilement le rejet catégorique que son départ signifiait. Le cœur lourd, il avait passé les deux derniers jours enfermé dans sa chambre à écouter de la musique sans pouvoir penser à autre chose qu’à la suédoise. Aussi bref leur baiser fut-il, il pouvait encore presque goûter son lip gloss et sentir son parfum, mais bientôt, ses sens l’oublieraient. Il savait que le temps finirait par faire son œuvre, que Freya ne serait plus qu’un lointain souvenir éventuellement, mais pour l’instant, il était confus et il ne savait pas quoi penser. Tout s’était passé tellement vite, mais il n’était pas prêt à dire que la brune l’avait repoussé, bien qu’elle n’ait pas exactement répondu à son baiser non plus… Était-ce fou de sa part d’avoir envie de tout lâcher pour aller la rejoindre aux États-Unis? Certainement et il tournait le couteau un peu plus dans sa plaie chaque fois qu’il y pensait en se rappelant que si elle était partie, c’était parce qu’elle ne voulait pas de lui.
« Fais moi confiance bordel ! Je ne t’emmène ni dans un bordel illégal ni dans un endroit bizarre ; promis ! » « Ok. » se contenta-t-il de lui répondre en lui lançant un regard de biais. Cameron n’avait pas spécialement envie d’être là présentement, il n’avait pas le cœur à grand-chose, mais il n’avait pas eu la force de dire non à son ami en voyant à quel point il était excité de l’amener il ne savait pas trop où. Il se laissa donc conduire sans s’objecter, sortant la tête de la fenêtre de la bagnole de son pote les sourcils froncés lorsqu’ils arrivèrent à destination. « TADA ! » Le guitariste ouvrit la portière et rejoignit son ami devant la bâtisse qu’il semblait si fier de lui montrer. « Il me semblait que tu ne m’amenais pas dans un endroit bizarre? » Cam se sentait mal de ne pas se montrer autant enthousiasme que Dorn, mais il ne comprenait pas exactement ce qu’ils faisaient là, ce que cet endroit signifiait. « Ouais bon je t’avoue que pour l’instant, ça a plutôt une sale gueule mais ça, c’était parce que ça a pas encore eu la touche Spanky, ça va venir. » « Ok? Je ne suis pas sûr de comprendre… » Il se gratta la tête. « Viens ! Je te montre ! » Il hocha la tête et attendit patiemment que son ami ouvre la porte. Il le suivit pendant la visite, jetant des regards de gauche à droite sans prononcer le moindre mot, les mains dans les poches. « Imagine … » Oh ça oui, il fallait beaucoup d’imagination. « Ici, une petite estrade en bois … un groupe … Là-bas un petit coin pour vendre des boissons et au fond le merch’ … partout, des gens biens … » Le Lewis demeura silencieux pendant une longue minute, regardant autour de lui pour une énième fois. Lentement, la vision de Dorn prenait vie dans sa tête. L’endroit avait du potentiel. « Si on oublie le concept aire ouverte des toilettes, ça peut être sympa. » se prononça-t-il finalement en pivotant son corps vers son ami. « T’es en train de me dire que… c’est à toi? » demanda-t-il en désignant la place en faisant un rond en l’air avec son index. Le concept dont lui parlait le chanteur le ramenait à leur début. Nostalgie quand tu nous tiens. L’esquisse d’un sourire apparut finalement au coin des lèvres de Cameron pour la première fois depuis qu’ils étaient ensemble. Et si c’était de ça dont il avait besoin pour se changer les idées? C’était le projet de son ami, certes, mais peut-être qu’il pourrait y mettre du temps pour l’aider, pour le remercier d’avoir été là pour lui. Au final, tous les deux seraient gagnants. « Ça fait longtemps que tu travailles là-dessus sans en parler à personne? » Petit cachotier.
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Début juin 2023 Le projet d’Edison est une folie. Un rêve de gamin. Une prise de risques. Même s’il essaie de présenter ce projet comme un investissement, un moyen d’avoir une entrée d’argent régulière … pour le second projet, le bébé … on se rend bien compte que ce projet est bancal. Le projet est bancal car il n’y a pas grand-chose de prévu, de préparé. Il faut pas mal d’imagination pour voir à quoi cet endroit pourrait ressembler ; Edison a l’imagination. Cameron ? Il le fixe tout en continuant à fournir ses explications … il plisse même doucement les yeux pour essayer de voir la petite lueur au fond de ses prunelles. Présenter son projet à son ami d’enfance représente beaucoup pour lui. Avoir sa validation, son approbation, ça serait comme une révélation pour lui. Un plaisir. « Si on oublie le concept aire ouverte des toilettes, ça peut être sympa. » La tête d’Edison se tourne vers les toilettes. Son sourire s’évanouit et il hausse les épaules. Sur ce coup-là, il marque un point mais c’est en travaux. Comme un adolescent pris la main dans le sac, il s’apprête à trouver une excuse débile pour expliquer qu’il n’ait pas encore réparé ce petit détail. « T’es en train de me dire que … c’est à toi ? » Edison repose son attention sur Cameron et acquiesce d’un signe de tête à plusieurs reprises. « Bingo ! », réplique-t-il en claquant des doigts et en faisant un petit pas de danse ridicule pour accompagner son bingo. C’est à lui. Dingue de se dire qu’il en est arrivé là, qu’il est parvenu à faire quelque chose de ses dix doigts … quelque chose de matériel, de tangible, un vrai truc ! ouais enfin ne nous emballons pas, le local ressemble plutôt à un squat … on est encore loin de l’objet final.
Mais, le sourire d’Edison s’étire davantage quand il voit apparaître une lueur dans le regard de son ami et quand surtout, il voit ses lèvres prendre la direction d’un sourire. « Ça fait longtemps que tu tu travailles là-dessus sans en parler à personne ? »
« Longtemps ?! Non ! Disons que ça m’est tombé dessus comme une vraie chance … j’ai tout de suite vu le truc », et il mime le truc en agitant les mains, comme s’il s’agissait de quelque chose de massif. « Franchement, c’est une aubaine, non ? J’vais avoir besoin d’une entrée d’argent régulière avec Jenna et le bébé … pas envie d’être un boulet … » Il hausse les épaules. « Et tu te souviens ? Quand on s’disait que quand on aura les moyens, on était tellement arrogants qu’on disait quand et pas si, mais donc on disait quand on aura les moyens, on rendra la pareille et on fera en sorte d’aider les groupes locaux … TADA ! » Il tape dans ses mains.
« Tu en dis quoi alors ? Ca te branche ? On s’fait ça à deux ? » qu’il lui demande en lui donnant un petit coup dans les côtes. « OK … j’ai aussi besoin d’un petit coup de main pour les travaux … » Sourire angélique comme point final ... ou de suspension.
« Bingo ! » Cameron arqua les sourcils, surprise de l’initiative d’Edison. Pas qu’il ne le croyait pas capable de réaliser un tel projet, mais il ne s’attendait pas du tout à ça avec le bébé en route et tout le temps qu’ils passaient à travailler sur leur prochain album maintenant que le guitariste était sorti de cure de désintoxication. « Longtemps ?! Non ! Disons que ça m’est tombé dessus comme une vraie chance … j’ai tout de suite vu le truc » Il espérait que ce n’était pas trop beau pour être vrai, il avait envie d’y croire comme son ami y croyait. « Franchement, c’est une aubaine, non ? J’vais avoir besoin d’une entrée d’argent régulière avec Jenna et le bébé … pas envie d’être un boulet … » Cameron n’avait pas envie de briser ses illusions, mais il trouvait que ce n’était pas le moment le plus adéquat pour se lancer dans une telle aventure. « À toi de me le dire, j’ai aucune idée de combien t’as payé. » Il espérait pour son ami qu’il s’agissait effectivement d’une aubaine et non pas d’une autre plan foireux comme tous ceux de son frère Ezekiel. Edison allait être papa, ce n’était pas le temps de gaspiller son argent dans un projet qui ne verrait jamais le jour. « C’est quoi ton plan pour l’ouverture? Parce que le bébé va pas mal monopoliser ton temps tu sais? » dit-il avec un petit sourire en coin. Il en savait quelque chose avec Hannah, tout comme il savait aussi que gérer sa propre entreprise prenait énormément de temps, il suffisait de regarder son père avec son restaurant pour en avoir la preuve. Maintenant, Harrison n’avait plus besoin de passer autant de temps là-bas, mais Cameron se rappelait des nombreuses soirées et fins de semaine sans son père alors qu’il était gamin.
« Et tu te souviens ? Quand on s’disait que quand on aura les moyens, on était tellement arrogants qu’on disait quand et pas si, mais donc on disait quand on aura les moyens, on rendra la pareille et on fera en sorte d’aider les groupes locaux … TADA ! » Les yeux pétillants, il hocha la tête en souriant. Il se souvenait sans difficulté de l’époque où les deux adolescents étaient certains de leur succès futur, peu importe les bâtons qu’on tentait de leur mettre dans les roues. Et ils avaient eu raison au final et c’était tant mieux car Cameron jamais vraiment eu de plan B. Vivre de sa musique était son rêve depuis que son grand-père aujourd’hui décédé lui avait offert sa première guitare lorsqu’il était haut comme trois pommes. Le seul autre projet qu’il gardait dans un coin de sa tête était d’ouvrir un café ludique où les gens pourraient essayer plein de jeux de société en mangeant et buvant. Est-ce que ce projet verrait le jour éventuellement? Il n’en savait rien, mais il n’aurait probablement jamais été en mesure de le mettre en place sans l’argent qu’il possédait aujourd’hui à cause de son succès. « Comment que je m’en souviens. On était tellement prétentieux. » Il rit, nostalgique, même s’il n’était pas toujours fier de la personne qu’il était à l’époque. Il avait causé beaucoup de tort aux autres élèves en se moquant d’eux. « Tu en dis quoi alors ? Ça te branche ? On s’fait ça à deux ? » Cam prit son temps pour répondre, non pas parce qu’il hésitait, mais parce qu’il était sincèrement touché de l’offre d’Edi. Leur relation n’avait pas toujours été évidente, mais ils se connaissaient depuis longtemps et il restait son partenaire d’affaire. Pourquoi changer une formule gagnante? « Count me in. » s’exclama-t-il tout sourire en levant une main en l’air pour lui faire un high five qui se termina en solide poignée de main. « OK … j’ai aussi besoin d’un petit coup de main pour les travaux … » « No shit. » Il jeta un coup d’œil vers la pièce de résistance : la fameuse salle de bain. « Je me débrouille pas trop mal avec un marteau et un sac à clous. » La plomberie, c’était autre chose. « Mais avant de commencer… à moins que tu pensais appeler ça The Spanky club on appelle ça comment? » Ce projet allait leur faire du bien autant à l’un qu’à l’autre. C’était peut-être de ça dont il avait besoin pour penser à autre chose qu’à Freya.
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Début juin 2023 «À toi de me le dire, j’ai aucune idée de combien t’as payé. » Les épaules du musicien s’affaissent, les bras exagérément ballants le long de son corps, la tête penchée sur le côté et il laisse échapper un long soupir comme si son ami d’enfance était devenu un parent et lui redevenait un gamin – ou l’était encore ? «On ne parle pas financement ni finance, juste du lieu ! » Et pour lui, avec cette réponse, il est parvenu à mettre fin à cette conversation. On ne parlera pas de l’hypothèque sur son seul bien : son appartement. On ne parlera pas du prêt qu’il a fait à la banque ni comme les différents rendez-vous en cours pour obtenir un peu d’aide auprès d’associations et maisons de disque. Non, on ne parlera pas de tout ça. Edison veut surtout montrer le lieu. Il veut rêver. Avec lui. «C’est quoi ton plan pour l’ouverture? Parce que le bébé va pas mal monopoliser ton temps tu sais ? » «CAM ! », lance-t-il avec une fausse moue agacée alors que ses lèvres forment un sourire. Cameron, la voix de la Raison, depuis toujours. «Putain, t’as pas changé, hein ! Toujours cette voix de la Raison … tu peux pas profiter deux minutes du lieu avant de me la jouer rabat-joie ? », ajoute-t-il sur un ton faussement agacé pour finalement ajouter, «C’est justement pour le bébé que je fais ça, va m’falloir une rentrée d’argent plus régulière … et je compte sur mes incroyables potes et connaissances pour m’aider à lancer le business … » Il affiche un large sourire qu’il désigne de ces deux pouces : «y’a pas de monde qui me doit des services et on ne peut pas dire non à cette gueule d’ange ! » C’est ce qu’il espère … mais soyons honnêtes, Edison ne savait même pas comment allait se dérouler l’organisation pour le bébé. Il ne vivait pas avec Jenna … comment allait-il avoir une place dans la vie du nouveau-né. Cameron, sans le vouloir, sans le savoir, mettait en lumière des questions qu’Edison – l’abruti – ne s’était même pas encore posé.
«Comment que je m’en souviens. On était tellement prétentieux. » Le rire d’Edison vient se joindre à celui de son ami pour finalement le bousculer doucement en disant, son index levé comme s’il devenait lui-même pour quelques minutes la voix de la raison ou le vieux barbu de « il était une fois la vie » : «Nan ! Pas prétentieux, visionnaires ! »
Le temps est en suspens. Accroché aux lèvres de Cameron, Edison attend une réponse. La réponse. Est-ce qu’il veut être de la partie ? Comme quand ils avaient été mômes ? Faire ça avec lui ? «Count me in. » Il frappe dans ses mains tout en faisant un petit tour sur lui-même pour finalement venir terminer ce high-five. Cette poignée de main est beaucoup plus qu’une simple poignée de main. Les lèvres d’Edison s’étirent tellement qu’il en a mal aux joues. Il a le regard pétillant. Il est fier. Voilà bien longtemps que cela ne lui est pas arrivé : il est fier ! «Je me débrouille pas trop mal avec un marteau et un sac à clous. Mais avant de commencer… à moins que tu pensais appeler ça The Spanky club on appelle ça comment? » Comme un enfant, il sautille sur place avant de s’arrêter soudainement quand il est question du nom. Ce qui le frappe, c’est le « on ». Putain qu’il est heureux ! «Ça pourrait nous amener une clientèle intéressante mais ça serait moyen, je pense … » qu’il réplique avec un sourire abruti aux lèvres. Spanky, pas franchement le surnom qui le présentait sous son meilleur profil… quoique. «Y’a encore rien de décidé … j’avais pensé au Loophole ou the unnameable ones au début … t’en penses quoi ? » Une main vient se poser sur l’épaule de Cam. «Putain … je suis vraiment content qu’on fasse ça ensemble … », et Cam le connait suffisamment pour savoir que cela signifiait : je t’aime espèce d’abruti, content que tu sois sorti et que tu sois là.
« On ne parle pas financement ni finance, juste du lieu ! » Cameron dodelina de la tête en jetant un regard en direction de la porte d’entrée de l’immeuble. Il y avait du potentiel, il n’allait pas le nier, et il était persuadé qu’ils réussiraient à en faire quelque chose de sympathique qui répondrait à la vision d’Edison. Ils étaient partenaires d’affaire depuis si longtemps et leur premier bébé avait été une immense réussite alors pourquoi serait-ce différent avec ce nouveau projet? Si en plus ils se servaient de leur visibilité pour attirer les gens ici, ça ne pouvait que fonctionner. « T’as raison, c’est une belle aubaine. C’est bien situé, avec un peu d’amour tu vas pouvoir en faire un beau bijou. » ajouta-t-il avant d’embrasser le bout de ses doigts pour dire excellent en fixant son ami avec un regard espiègle. « CAM ! » Il grimaça avant de presser doucement ses lèvres ensemble tout en faisant un mouvement de main comme s’il refermait une fermeture éclair. « Putain, t’as pas changé, hein ! Toujours cette voix de la Raison … tu peux pas profiter deux minutes du lieu avant de me la jouer rabat-joie ? » Il dodelina la tête, pas totalement d’accord sur le fait qu’il était toujours la voix de la raison, on ne pouvait pas dire que sa prise de décision était optimale depuis un moment. « Je sais surtout ce que c’est que d’avoir un bébé. Les nuits entrecoupées, les pleurs… Faut pas hésiter à m’appeler si vous avez besoin d’une pause hein, je sais que c’est difficile parfois de demander de l’aide. Puis tu connais ma mère, elle va débarquer chez vous avec des petits plats pour une semaine et ça va lui faire plaisir de prendre le bébé pendant que vous prenez une bonne douche chaude. » Ana Maria, toujours présente pour aider ceux qu’elle appréciait. « C’est justement pour le bébé que je fais ça, va m’falloir une rentrée d’argent plus régulière … et je compte sur mes incroyables potes et connaissances pour m’aider à lancer le business … » Cam fit mine d’être surpris en posant son index sur son torse. Moi? « Tu pourrais parler à mon père. » Il avait lancé sa propre chaine de restaurants après tout. « Y’a pas mal de monde qui me doit des services et on ne peut pas dire non à cette gueule d’ange ! » « Cette gueule d’enfoiré tu veux dire. » dit-il en claquant sa paume contre la joue d’Edison en riant.
Il y croyait au projet de son ami, il savait juste que ça allait demander énormément de travail. D’abord pour mettre l’endroit en ordre, ensuite pour faire la publicité et trouver des employés, puis pour faire rouler la place une fois que ce serait ouvert. « Nan ! Pas prétentieux, visionnaires ! » Il leva les mains de part et d’autre de son visage. Okay, il voulait bien lui laisser le dernier mot. « C’est quoi ton plan pour quand on partira en tournée? » Parce qu’il essayait d’être optimiste pour l’avenir, Cameron, il était confiant que la thérapie qu’il suivait depuis sa sortie de cure allait le rendre assez fort pour reprendre sa vie d’avant, du moins en partie. « T’as quelqu’un en tête pour gérer la place pendant notre absence? » Cameron voulait bien l’aider, mais il allait être parti lui aussi alors ce ne serait pas possible. « Et ne me dis pas Zoya s’il te plait, sinon c’est en ruine que ce sera à ton retour. » Il ne pouvait s’empêcher de se moquer de sa sœur, même quand elle n’était pas là pour se défendre. Avant de penser à la soirée d’ouverture, encore fallait-il trouver un nom d’entreprise. « Ça pourrait nous amener une clientèle intéressante mais ça serait moyen, je pense … » Des gens qui risquaient d’être surpris en découvrant que ce n’était pas le genre d’endroit qu’ils pensaient. « Tu vois, première bonne décision d’entrepreneur. Mauvais nom refusé. Laisse-moi réfléchir… hmmmmmm. Rising Note Lounge? Nah, je ne sais pas… » Le nom était si important, c’était la première chose que les clients voyaient et il fallait donc choisir judicieusement. «Y’a encore rien de décidé … j’avais pensé au Loophole ou the unnameable ones au début … t’en penses quoi ? » Il hocha la tête avec un petit sourire en coin. « J’aime ça. Les deux, vraiment. Ça a du punch ». Il se caressa le menton du bout des doigts. « Il va falloir penser logo aussi. Je ferai quelques recherches. Mon père a peut-être quelques contacts aussi pour des fournisseurs tout ça. Tu pensais servir de la bouffe aussi? Ou juste des arachides? » Salées, bien sûr, pour donner soif aux gens pour qu’ils aient envie de consommer davantage. « Putain … je suis vraiment content qu’on fasse ça ensemble … » Il posa une main sur celle d’Edison et la serra en lui souriant fièrement. « Moi aussi, mate, je pense que c’est en plein ce dont j’avais besoin. Merci, t’as pas idée à quel point ça me fait plaisir. » Les temps avaient été durs, mais il avait l’impression de voir la lumière au bout du tunnel avec ce projet motivant.
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Début juin 2023 « Je sais surtout ce que c’est que d’avoir un bébé. Les nuits entrecoupées, les pleurs … faut pas hésiter à m’appeler si vous avez besoin d’une pause hein, je sais que c’est difficile parfois de demander de l’aide. Puis, tu connais ma mère, elle va débarquer chez vous avec des petits plats pour une semaine et ça va lui faire plaisir de prendre le bébé pendant que vous prenez une bonne douche chaude. » Edison écoute avec grande attention les paroles de son ami d’enfance. Il a raison. Il est déjà passé par là. Il peut lui donner quelques conseils et pas mal de coup de main. « C’est noté mais c’était déjà noté, en réalité. Ton numéro est au top de la liste des numéros d’urgence, peu importe l’urgence. » C’est bien la vérité. Peu importe ce qui lui arriverait, s’il avait besoin d’un coup de main, c’est Cameron qu’il appellerait. C’est Cameron qui devra venir lui sauver la vie. « C’est justement pour le bébé que je fais ça, va m’falloir une rentrée d’argent plus régulière … et je compte sur mes incroyables potes et connaissances pour m’aider à lancer le business … » « Tu pourrais parler à mon père. » Edison fait semblant d’avoir un frisson et secoue la tête de droite à gauche. « Jamais de la vie – il m’impressionne un peu trop ton paternel. Et y’a pas mal de monde qui me doit des services et on ne peut pas dire non à cette gueule d’ange !», dit-il d’une voix rieuse. « Cette gueule d’enfoiré tu veux dire. » Le rire d’Edison se mêle au sien et il le bouscule légèrement pour y mettre un terme.
« C’est quoi ton plan pour quand on partira en tournée ? T’as quelqu’un en tête pour gérer la place pendant notre absence ? Et ne me dis pas Zoya s’il te plaît, sinon c’est en ruine que ce sera à ton retour. » « Zoya ?! Tu m’prends vraiment pour un cinglé ! Jamais de la vie ! Non mais ça va se trouver. Je me fais pas de souci là-dessus et le concept, c’est pas d’avoir nos culs ici tous les jours … c’est d’être dans les coulisses, et de juste offrir la tribune … Mais quand tu dis tournée, tu penses qu’on va bientôt s’y remettre ? », qu’il demande finalement en levant un sourcil, intrigué et intéressé. C’est plutôt un bon signe de l’entendre parler de tournée … du futur.
« Tu vois, première bonne décision d’entrepreneur. Mauvais nom refusé. Laisse-moi réfléchir… hmmmmmm. Rising Note Lounge? Nah, je ne sais pas… » Et, Edison lui confie les noms qui lui étaient passés par la tête. « J’aime ça. Les deux, vraiment. Ça a du punch. Il va falloir penser logo aussi. Je ferai quelques recherches. Mon père a peut-être quelques contacts aussi pour des fournisseurs tout ça. Tu pensais servir de la bouffe aussi ? Ou juste des arachides ? » « Oh ça serait pas mal de pouvoir piocher dans ses contacts … mais ouais, au début, je pense qu’on va se limiter à du basique avec le focus sur la musique. » Comme au début. Comme quand ils étaient gamins. « Moi aussi, mate, je pense que c’est en plein ce dont j’avais besoin. Merci, t’as pas idée à quel point ça me fait plaisir. » Le géant affiche un large sourire pour finalement venir poser une main sur l’épaule de Cam et l’attirer vers lui pour le prendre dans ses bras et l’étreindre. Il avait eu peur. Peur de le perdre. Peur de ne plus jamais le voir. Peur que tout soit terminé. Il tapote doucement dans son dos avant de le libérer, sans perdre son sourire. « C’est ce dont on avait besoin tout les deux … besoin de grandir un peu … », dit-il dans un éclat de rire.
« C’est noté mais c’était déjà noté, en réalité. Ton numéro est au top de la liste des numéros d’urgence, peu importe l’urgence. » - « Manquer de sous-vêtements propres, c’est pas une urgence. » Il lui donna un coup de coude en souriant, se faisant un malin plaisir à le taquiner alors que, même pour ça, il serait prêt à se déplacer pour l’aider dans son rôle de nouveau père. Edison et Jenna ne manqueraient pas d’aide, ça c’était certain, Cameron ne se gênerait pas de débarquer pour leur permettre de se reposer ou même de socialiser s’ils en ressentaient le besoin. « Jamais de la vie – il m’impressionne un peu trop ton paternel. Et y’a pas mal de monde qui me doit des services et on ne peut pas dire non à cette gueule d’ange !» Il rit, l’air surpris. « Mon père? Mais comment ça il t’impressionne? » D’accord, il pouvait être plus autoritaire que sa mère, il le fallait pour gérer son entreprise après tout, mais Harrison se ferait un plaisir d’aider l’ami de son fils dans le lancement de son entreprise. « Avec tout ce que j’ai fait dans son resto quand j’y travaillais… Et je suis toujours en vie, t’as rien à craindre. » Combien de fois avait-il attendu que le restaurant soit fermé et que son père soit parti pour piger dans les réserves d’alcool de la place? Pour y inviter ses amis et manger sur le bras de son père sans que ce dernier ne le sache? Il avait fini par le savoir, bien entendu, et le fils Lewis s’était pris un sacré sermon qui ne l’avait pas empêché de recommencer pour autant.
« Zoya ?! Tu m’prends vraiment pour un cinglé ! Jamais de la vie ! Non mais ça va se trouver. Je me fais pas de souci là-dessus et le concept, c’est pas d’avoir nos culs ici tous les jours … c’est d’être dans les coulisses, et de juste offrir la tribune … Mais quand tu dis tournée, tu penses qu’on va bientôt s’y remettre ? » Le guitariste voulait croire à leur retour imminent sur scène, comme il voulait croire au nouveau projet de son ami. Il avait besoin de s’accrocher à quelque chose, d’enfin aller de l’avant avec sa vie qui stagnait depuis son accident d’il y a deux ans. « J’espère, vraiment. » dit-il d’une voix moins forte en baissant les yeux, culpabilisant de tirer son groupe vers l’arrière depuis si longtemps. « Il est temps je pense, je m’arrange pour que ce soit possible. J’en ai envie. » Il ne voulait pas crier victoire trop vite, mais il était suivi en thérapie individuelle depuis sa sortie de cure de désintoxication en plus du groupe de parole auquel il participait une fois par semaine pour ses problèmes de consommation. Dire qu’il ne ressentait jamais l’envie de consommer serait mentir, mais pour l’instant, il avait réussi à ne pas succomber à la tentation malgré le départ de Freya qu’il avait vécu difficilement.
« Oh ça serait pas mal de pouvoir piocher dans ses contacts … mais ouais, au début, je pense qu’on va se limiter à du basique avec le focus sur la musique. » Cameron hocha la tête sans pouvoir réprimer son petit sourire en coin. « Ah, il ne t’impressionne plus là? Ou c’est parce que c’est moi qui vais lui demander et pas toi que ça passe? » Il rit, le cœur bien plus léger que ces derniers jours. « C’est ce dont on avait besoin tout les deux … besoin de grandir un peu … » Il haussa les sourcils en levant un index. « Si tu trouves comment, laisse-moi savoir s’il te plait, je ne dirais pas non à gagner quelques centimètres en plus. » Les Lewis n’étaient pas très grands, Cameron étant le plus petit des quatre. À côté de son ami Angus, il avait l’air d’un nain et il se faisait si souvent taquiner à ce sujet. Maintenant, ça ne le dérangeait plus tellement, mais il avait longtemps été complexé par sa taille. « On va avoir besoin de meubles, je présume. » L’air de nouveau sérieux, il se passa une main dans les cheveux en soupirant, caressant ensuite sa nuque. « Je pourrais piler sur mon égo et aller voir Luke pour ça. » Ce qu’il ne ferait pas pour son boy Edison quand Cam n’avait pas reparlé à son ex depuis presque cinq ans lorsqu’ils s’étaient déchirés. « C’est le meilleur pour notre projet, il va pouvoir nous faire exactement ce qu’on a besoin. Enfin, ça c’est s’il veut. » Peut-être que le fait de travailler en collaboration avec son ex suffirait à le faire refuser ce projet même s’il était intéressant pour son entreprise.
But hold me fast, hold me fast 'Cause I'm a hopeless wanderer And hold me fast, hold me fast 'Cause I'm a hopeless wanderer (Mumford & Sons)
Début juin 2023 « Mon père? Mais comment ça il t’impressionne? » Edison se contente d’acquiescer d’un signe de tête. Sans doute c’est la figure paternelle qui impressionne ou le fait que ce dernier le connaisse depuis toujours et qu’il ait été témoin de pas mal de conneries de la part de l’adolescent qui n’avait aucune limite, aucune barrière et aucune autorité parentale à la maison. « Avec tout ce que j’ai fait dans son resto quand j’y travaillais… Et je suis toujours en vie, t’as rien à craindre. » Edison lâche un rire. « Sur que ça me rassure ce genre de remarque, il pourrait se servir de ces histoires pour nourrir et assouvir sa vengeance. » Il n’en pense pas un mot surtout en connaissant le père Lewis mais l’idée est quelque peu amusante.
«J’espère, vraiment. Il est temps je pense, je m’arrange pour que ce soit possible. J’en ai envie. » Le sourire du géant s’étire. Il en avait envie et c’était l’étape la plus importante, qu’il retrouve l’envie puis le goût aux tournées, à la musique et à tout ce qui va avec. Pas forcément facile. Edison et le reste du groupe avaient la patience. Ils allaient être patients. Tomber. Se relever. Et être, en prime, plus fort et plus uni ensemble. « C’est le principal. Que t’en ais envie … si t’en avais, y’a pas de raison que ça se passe mal. » La manière dont il prononce cette phrase relève de la certitude. Un fait scientifiquement prouvé.
«Ah, il ne t’impressionne plus là? Ou c’est parce que c’est moi qui vais lui demander et pas toi que ça passe? » « Tu comprends vite. » « Si tu trouves comment, laisse-moi savoir s’il te plait, je ne dirais pas non à gagner quelques centimètres en plus. » La main du tatoué se pose sur l’épaule de son ami pour le bousculer doucement. « On va avoir besoin de meubles, je présume. » Un oui de la tête qu’il accompagne en ouvrant les mains pour bien montrer le vide qui les entoure. « Je pourrais piler sur mon égo et aller voir Luke pour ça. » Edison se fige, tourne la tête vers lui en arquant un sourcil. Luke, il se souvient de ce type qu’il ne portait pas vraiment dans son cœur d’ailleurs. « C’est le meilleur pour notre projet, il va pouvoir nous faire exactement ce qu’on a besoin. Enfin, ça c’est s’il veut. » « Putain, ça tombe bien comme timing, non ? » Il laisse échapper un éclat de rire. « Je suppose que tu vas être prêt à être des plus convaincants pour obtenir son aide … avec ta gueule d’ange, on ne peut rien te refuser, pas vrai ? » Un sourire amusé et taquin avait pris place sur ses lèvres.
« Sur que ça me rassure ce genre de remarque, il pourrait se servir de ces histoires pour nourrir et assouvir sa vengeance. » Cameron s’esclaffa en imaginant son père se venger pour toutes les conneries qu’il avait faites dans son restaurant alors qu’il était adolescent. Pourquoi maintenant? Ça ne faisait aucun sens même si la vengeance est un plat qui se mange froid, ça ressemblait davantage à quelque chose que Zoya et lui se feraient l’un à l’autre. « Il a sûrement d’autres chats à fouetter depuis le temps si tu veux mon avis. » Un sourire au coin des lèvres, il donna une tape sur l’épaule d’Edison. « De toute façon, il ne se vengerait jamais en faisant quelque chose qui pourrait te nuire, tu n’as rien demandé toi. » Et puis sa mère ne laisserait jamais son mari faire même si ce dernier voulait (ce qui n’était pas le cas). Heureusement pour eux, leur fils n’était plus le petit con qu’il était à l’époque, ou en tout cas il était moins pire que déjà même s’il ne prenait pas toujours de bonnes décisions ces temps-ci.
Sa santé allait enfin mieux, il restait à relancer la machine au niveau de sa vie professionnelle. Il avait confiance que cette fois-ci était la bonne et il était reconnaissant que Dorn soit toujours là à ses côtés, prêt à le suivre dans ce nouveau chapitre des Sand Witches. « C’est le principal. Que t’en aies envie … si t’en as envie, y’a pas de raison que ça se passe mal. » Confiant, il hocha la tête sans pouvoir réprimer un énorme sourire. « Je pense aussi. Ça me manque un peu quand même… le stage, m’éclater les tympans, les hôtels luxueux, la bonne compagnie… » Ouais bon un peu moins ce dernier élément, surtout quand cette « bonne compagnie » lui en voulait et déménageait à Brisbane des années plus tard. « Tu te rappelles l’américaine qui nous a suivis en tournée il y a quelques années? » Pour ne pas dire celle avec qui il avait trompé Luke devant le monde entier. « Elle est déménagée à fucking Brisbane. Elle travaille au Death Before Decaf, c’est quoi le hasard? » S’il ne riait pas lorsqu’il était tombé sur Meryl quelques jours plus tôt, surtout lorsqu’elle lui avait balancé son thé glacé, il ne pouvait s’empêcher de rire à l’instant tandis qu’il passait une main dans son visage d’un air découragé. Fuck my life.
Ce nouveau projet avait tout pour réussir, notamment deux belles gueules qui avaient connu un succès dans le passé ensemble. Mais avant d’ouvrir l’endroit au public, il fallait encore le meubler et c’est donc tout naturellement que Cameron pensa à son ex qui était menuisier de profession. « Putain, ça tombe bien comme timing, non ? » Ne comprenant pas là où Edison voulait en venir, Cam fronça les sourcils. « Comme timing? Je ne sais pas? C’est un peu moi qui vais forcer le truc en allant le voir… » Et ça l’angoissait rien que d’y penser, mais c’était pour la bonne cause. « Je suppose que tu vas être prêt à être des plus convaincants pour obtenir son aide … avec ta gueule d’ange, on ne peut rien te refuser, pas vrai ? » Les yeux écarquillés, le brun ricana bruyamment. « Je lui ai appris que je choisissais le band en le trompant à l’autre bout du monde, je ne suis pas sûr que ça soit si simple, que ma gueule d’ange suffise… » Luke n’était pas blanc comme neige dans cette histoire, mais Cameron savait qu’on pouvait lui reprocher beaucoup de choses. « Mais je vais tout mon possible, promis… sinon on trouvera quelqu’un d’autre. » L’air rêveur, il jeta un énième coup d’œil à l’endroit. Ils allaient en faire quelque chose de bien.
But hold me fast, hold me fast 'Cause I'm a hopeless wanderer And hold me fast, hold me fast 'Cause I'm a hopeless wanderer (Mumford & Sons)
Début juin 2023
« Il a sûrement d’autres chats à fouetter depuis le temps si tu veux mon avis. » « J’prends pas de risque. », réplique-t-il aussitôt. « De toute façon, il ne se vengerait jamais en faisant quelque chose qui pourrait te nuire, tu n’as rien demandé toi. » et Edison fait mine d’arranger son auréole invisible au-dessus de sa tête.
« Je pense aussi. Ça me manque un peu quand même … le stage, m’éclater les tympans, les hôtels luxueux, la bonne compagnie…. » Edison laisse échapper un éclat de rire amusé. La bonne compagnie, c’est surtout quelque chose qui correspondait à Edison. Il était celui qui passait ses tournées en bonne compagnie, peut-être par peur de solitude. « Tu te rappelles de l’américaine qui nous a suivis en tournée il y a quelques années ? » Il fronce les sourcils pour activer sa mémoire et essayer de se souvenir de qui il s’agit exactement. S’en souvient-il exactement ? Il y a toujours eu pas mal de gens dans les alentours et il n’a jamais porté attention aux noms de celles qui ne passent pas sous ses draps. Non. Il y a des limites : mieux vaut se souvenir de ce qui est important. « Possible ... », marmonne-t-il en se disant que ça doit être sans doute une demoiselle qui avait un rapport avec Cams. « Elle est déménagée à fucking Brisbane. Elle travaille au Death Before Decaf, c’est quoi le hasard? » Bingo ! Avec sa réaction, il parvient à remettre les événements dans l’ordre. « Putain, m’semblerait que la vie a décidé de se foutre de ta gueule ... », dit-il dans un rire moqueur, « avoue que tout le monde, toi y compris, aurait pensé que ce genre de trucs m’arrivent vu ma tendance à profiter des tournées ... » Evidemment. Lui, le bourreau des cœurs. On avait souvent moqué la manière dont il parvenait à passer chaque date avec une demoiselle différente. On lui avait donné pas mal de surnoms, qu’il ne prenait jamais mal d’ailleurs. Mais apparemment personne ne débarquait de retour dans sa vie. hallelujah !
« Comme timing ? Je ne sais pas. C’est un peu moi qui vais forcer le truc en allant le voir … je lui ai appris que je choisissais le band en le trompant à l’autre bout du monde, je ne suis pas sûr que ça soit si simple, que ma gueule d’ange suffise … mais je vais tout mon possible, promis … sinon on trouvera quelqu’un d’autre. » « C’est du passé. Il a dû passer à autre chose ... et au pire, on trouvera quelqu’un d’autre. C’est sûr. »
Deux ans que le groupe était sur pause par sa faute, que Cameron leur donnait de faux espoirs quant à un retour sur scène possible qui au final s’avérait être un échec. Cette fois-ci, cependant, il était persuadé que ça allait bien se passer, que le groupe allait pouvoir reprendre du service de façon officielle. Contrairement aux autres fois, le guitariste en avait réellement envie, la scène et l’amour du public lui manquaient sincèrement. Les groupies avec qui il avait eu des aventures ne lui manquaient pas, cependant. Jamais il n’aurait cru croiser Meryl à Brisbane alors qu’il l’avait rencontré aux États-Unis, mais le karma lui faisait beaucoup de doigts d’honneur ces dernières années, il commençait à avoir hâte que le vent change de direction. « Possible ... » Cameron fronça les sourcils, presque insulté que Dorn ne soit pas capable de se souvenir d’elle comme s’il s’était tapé une personne différente à chaque concert. Fut un temps où il enchainait les groupies, mais c’était avant d’être en couple de Meryl n’était pas n’importe laquelle, c’était celle avec qui il avait trompé Luke et son infidélité s’était retrouvé sur les tabloïds. « Putain, m’semblerait que la vie a décidé de se foutre de ta gueule ... » Il rit légèrement en passant ses deux mains dans ses cheveux. « Je sais, sérieux, j’en ai ras-le-bol. » Il enchainait les mauvaises nouvelles depuis son accident, il commençait à avoir hâte d’avoir un peu de douceur dans sa vie compliquée. « Avoue que tout le monde, toi y compris, aurait pensé que ce genre de trucs m’arrivent vu ma tendance à profiter des tournées ... » Les lèvres pincées, il poussa un hmmmmmmm hésitant avant d’hocher la tête avec conviction. « Un peu quand même, je l’avoue. Il faut croire que tes conquêtes gardent un meilleur souvenir. » Et il ne parlait pas ici de prouesses, mais bien de leur attitude. Meryl n’avait pas été très enchanté de le revoir et il anticipait que ce serait la même chose avec Luke considérant le ton de leur dernière conversation. « C’est du passé. Il a dû passer à autre chose ... et au pire, on trouvera quelqu’un d’autre. C’est sûr. » Cameron hocha la tête en soupirant, espérant sincèrement que ça se passerait bien même si Luke n’était pas leur seule option. « Je suis sûr qu’il y a pléthore de menuisiers en ville, je ne suis pas inquiet. » Un sourire aux lèvres, il donna une tape sur l’épaule de son ami. « Je te donne des news de ma discussion avec lui et on part de là? Merci de me laisser participer à ton projet en tout cas, ça me touche… » Il avait presque une petite larme.
Spoiler:
Tu me diras si tu veux qu’on clôture celui-ci comme ça ou si tu veux poster derrière.