when we bleed we bleed the same
Megan Williams & @Damon Williams ☆ crédit/gifsbyharley

Je suis secouée. Putain que je suis secouée. En quittant le casino dans lequel j’ai rencontré Ambrose Constantine, l’instigateur de l’article sur mon beau-père, j’ai envie de dégueuler mon repas de midi sur le bitume. Mais je suis une Williams. Et les Williams se tiennent droit et adressent de grands sourires en toute circonstances : Saül serait fier, ironiquement. Prétendre que les photos n’ont pas remué les traumatismes et sentiments négatifs qu’elles accompagnent serait mentir. Mais mon entrevue avec le jeune homme n’a fait que nourrir ma rancœur à l’égard de l’homme d’affaires, mon envie de voir sa tête tomber et son cul être délogé de son trône déjà renforcée par l’issue du procès qui a opposé Shiloh à son ex. Enragée que Lawrence ne s’en sorte avec rien de plus qu’une tape sur le poignet et que mon amie n’obtienne pas une vraie justice, je veux l’obtenir pour Damon et pour moi. Je me moque de Constantine. Il n’est qu’un moyen de plus d’y arriver, et il a le mérite d’avoir l’air sérieux à propos de son désir de vengeance. La justice n’a pas aidé Shiloh ou pas comme elle l’aurait mérité, alors je n’ai plus l’intention de me fier à elle : justice populaire aura le dernier mot. Et j’ai bien l’intention de participer à la destruction de mon beau-père dans l’opinion publique. Oh, il ne sera pas condamné. Mais il sera ruiné, anéanti par les médias, traîné dans la boue et cela me convient tout autant que si un tribunal le forçait à faire quelques heures de travaux forcés.

Cela me convient même plus.

Mais je ne suis pas seule dans cette histoire. Si je n’ai rien dit à Damon concernant ma rencontre avec la personne derrière le premier article sur son père, ce n’est pas parce que je voulais lui faire des cachoteries, mais parce que j’ai estimé qu’il était inutile de "remuer la merde" et de lui faire de la peine pour rien, si ce type s’était révélé ne pas avoir les épaules pour terminer ce qu’il a amorcé. Je n’ai eu à cœur que de préserver le jeune Italien, pas de lui mentir, pas de lui causer du tort et, alors que je rentre d’un pas rapide vers l’appartement, mes mains glissées dans les poches de mon jean et le visage baissé, l’angoisse monte progressivement. Et si Damon interprétait mes intentions d’une autre façon ? S’il était blessé ou s’il se sentait trahi par mon initiative ? Je suis droite dans mes bottes : les photos de mes hématomes, ceux laissés par les mains de Saül, elles m’appartiennent et je n’aurais pas de mal à soutenir ce fait devant mon époux. Mon corps, ma douleur, mon histoire. Mais malgré tout, je ne veux pas qu’il m’en veuille, je ne veux pas de reproches et s’il décidait de ne pas avancer avec moi – de garder pour lui ses souffrances et de me demander de ne pas ébruiter le détournement de fond de l’homme d’affaires – j’aurais mal au cœur. J’aurais mal d’avoir le sentiment qu’il choisira toujours son père et sa famille, quelle que soit l’horreur de leurs actions. J’aurais mal de comprendre qu’à ses yeux, mes souffrances ne font pas le poids face à tout ce qui est en jeu. Je comprendrais. Je pardonnerais. Mais j’aurais mal au cœur et, alors que nous avons passé ces derniers mois comme dans un doux rêve, je n’ai pas envie d’être confronté à des plus tristes constats et réalités qui n’ont rien à voir avec nous, notre relation et nos sentiments.

Le premier article est paru il y a une semaine et n’a fait aucune vague. Damon et moi n’en avons que peu parlé, moi par délicatesse et lui certainement par effroi. Sauf que maintenant que je sais que cet Ambrose Constantine peut-être la solution pour débarrasser nos vies de mon beau-père, je n’ai pas l’intention de continuer à faire l’autruche.

Mais malgré toute ma détermination, mon cœur bat bien trop vite lorsque je tourne la clé dans la porte de l’appartement et que je pousse la porte. C’est Bowie qui m’accueille le premier, et je gratifie le chien de caresses. « Tout doux mon gros. T’es un bon garçon. » Je dépose même un baiser sur la truffe du chien, baiser qui me vaut un coup de langue enthousiaste. Je ris, desserrant quelques secondes le nœud dans mon ventre, mais il se resserre dès que je croise le regard de Damon. « Hey. » Je lui adresse un sourire, avant de m’approcher de lui. « Je sais pas si je t’embrasse ou si tu préfères pas partager la bave de Bowie. » Je lui adresse un sourire et quel que soit son avis, je me glisse toutefois dans ses bras pour au moins lui dire bonsoir d’une étreinte. « Désolée, j’étais pas là quand t’es rentré. T’as fini tard ? » Ne travaillant pas de mon côté, il me trouve la plupart du temps à l’appartement quand il rentre. « J’avais un rendez-vous en fait… Avec le type qui a écrit l’article sur ton père… » Je recule de quelques centimètres pour pouvoir le regarder dans les yeux. « Je suis désolée de pas te l’avoir dit plus tôt. Je voulais voir à qui on avait à faire. » Et jusqu’où il était prêt à aller.

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@megan williams

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lieu: logements, spring hill.

***
Il avait regardé dans toutes les pièces de l’appartement, froncé plusieurs fois les sourcils; mais à la façon dont Bowie s’était jeté sur lui lorsqu’il était rentré après sa journée de travail, il n’y avait en réalité aucune autre alternative possible: Megan n’était pas là. Pas que cela était dérangeant, puisque ce n’était pas le cas, mais plutôt que Damon n’était pas habitué à ce que ce soit le cas. Ou alors, si elle s’éclipsait de l’appartement à l’heure à laquelle il était supposé revenir, elle le prévenait par un message ou un appel. Il avait beau regarder encore et encore son téléphone, aucun signe de sa part. Il était resté dans le salon une bonne dizaine de minutes, les mains posées sur ses hanches, à se demander s’il devait s’inquiéter ou si c’était là un façon tout à fait normale d’agir pour une jeune femme. Il n’y avait aucune raison qu’elle se soit éclipsée sans raison, alors il opta pour la normalité. Soupirant, râlant un peu contre lui-même de se trouver si dérangé par un détail de la sorte - comme s’il ne pouvait pas évoluer correctement dans sa soirée si elle n’était pas présente là où il s’attendait à la voir, à l’heure habituelle -, il avait fini par se glisser sous la douche et par sélectionner le restaurant dans lequel il avait prévu de commander ce soir le diner.

Lorsqu’il entendit la clef tourner dans la serrure, Damon écrasa sa cigarette - sa cinquième, cigarette - dans le cendrier sur la terrasse avant de rentrer en quatrième vitesse dans l’appartement, ses pas se dirigeant bien sur vers les bruits désormais audibles et produits par le chien content de savoir sa maitresse de nouveau à la maison. « Tout doux mon gros. T’es un bon garçon. » Une poignée de seconde plus tard, le regard de l’italien se posait sur Megan encore dans l’entrée de l’appartement, et il ne fallut qu’un instant de plus pour que la jeune femme en fasse de même avec lui. « Hey. » Déjà, un poids se levait des épaules de Damon; il ne s’était pas rendu compte qu’il s’inquiétait réellement et autant jusque maintenant. « Salut. » Lorsqu’elle arriva à sa hauteur, il ouvrit ses bras par réflexe pour la rapprocher et la serrer tout contre lui. « Je sais pas si je t’embrasse ou si tu préfères pas partager la bave de Bowie. » Il esquissa un petit sourire. « Je vais me passer de la bave de Bowie, si ça te dérange pas. J’étais en train de fumer une clope de toutes façons, je t’épargne ça aussi en même temps. » Il avait ralenti sur la cigarette, en grande partie parce-qu’il savait que c’était quelque-chose que Megan détestait, mais il n’était pas encore parfait sur la question.

Frottant quelque peu le dos de la jeune femme revanche avec l’une de ses mains. « Désolée, j’étais pas là quand t’es rentré. T’as fini tard ? » Il pencha légèrement sa tête sur le côté en fronçant un brin les sourcils; il ne voulait pas que le ton qu'il allait employer soit accusateur, mais il savait d’avance que ce serait peine perdue. Il fit du mieux qu’il put. « Je me suis inquiété de pas te voir… » Il plissa son nez. « Surtout que tu m’avais rien dit. » Il déposa, à défaut de l’embrasser sur les lèvres, un baiser sur le dessus du crâne. « Je suis rentré y’a peut-être une heure ou deux, je sais pas, j’ai pas regardé. » Il reporta son regard sur les traits de Megan. Parce-qu'il savait qu’à lui indiquer qu’il avait été inquiet, elle lui prouverait que cela n’avait pas été nécessaire - oh, peut-être que finalement ce n’était qu’un avant gout d’un tout autre chose qu’il n’aurait su voir venir.

« J’avais un rendez-vous en fait… Avec le type qui a écrit l’article sur ton père… » Aux mots qu’elle prononça, instinctivement, la main de Damon arrêta de frotter le dos de la blonde comme s'il avait reçu un électrochoc. Oh - tout, mais pas ça. « Je suis désolée de pas te l’avoir dit plus tôt. Je voulais voir à qui on avait à faire. » Avec une lenteur qu’il ne s’aperçut en rien, Damon ferma un instant les yeux. S’il y avait bien quelque-chose dont il se serait passé, c’était exactement ce qu’il s’apprêtait à se passer, pour mille et une raison. La principale était déjà qu’il n’appréciait jamais avoir à parler de son père, et que le moins son existence était rappelée, le mieux ils se portaient tous. D’autant plus parce-que là, cela n’avait pas été fait par Megan ou lui, mais par une troisième personne qu’il n’avait pas pensé ajouter à l’équation et à des explications pour le moment. « T'avais rendez-vous avec Ambrose ? » Il n’allait pas prétendre ne pas connaitre le prénom du type qui a écrit l’article sur ton père, alors qu’il connaissait bien plus que son prénom. Pour la seconde fois en une seule semaine, il le maudissait - alors que pourtant, comme il lui avait dit par messages quelques jours plus tôt, Rose était un garçon adorable - et difficile à détester. Serrant un instant les mâchoires, il rouvrit les yeux pour reposer son regard sur Megan, toujours contre lui. « Pourquoi faire ? » Sa voix ne comportait aucun reproche, simplement il n’arrivait pas à comprendre pourquoi elle voudrait le voir lui. « C’est par rapport à l’article, je suppose, mais pourquoi ? » L’avait-elle menacé de dire quelque-chose d’autre sur le père du blond ? Non, ce n’était pas Megan que de défendre Saül, ce n’était pas quelque-chose de cette trempe là; mais alors que l’information tentait de faire son bout de chemin dans son esprit, Damon avait du mal à tirer une seule carte qui semblait être celle à lire pour la suite de cette conversation.

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« Je vais me passer de la bave de Bowie, si ça te dérange pas. J’étais en train de fumer une clope de toutes façons, je t’épargne ça aussi en même temps. » J’esquisse un sourire, avant de hausser les épaules d’un air innocent. « Tu sais pas ce que tu rates, qu’est ce que tu veux que je te dise. » Le chien, aboyant pile au bon moment comme s’il souhaitait apporter une réponse, me fait sourire et hocher la tête, comme pour appuyer ses paroles. Bien sûr, il se s’agissait juste pas d’un molosse mal élevé à qui nous n’avons pas encore appris à ne pas aboyer à tort et à travers.

Pas de baiser donc, et plutôt que de prétendre être blessée et vexée – je ne le suis pas – je m’approche de lui pour l’enlacer, gardant mes lèvres et ma joue loin de sa peau tandis qu’il caresse doucement mon dos. Ce n’est pas acceptable malgré tout, de ne pas pouvoir l’embrasser, mettre mon nez dans sa nuque pour renifler son parfum et rattraper le temps perdu aujourd’hui. Alors, après qu’il ait déposé un baiser sur mon front, je fais le tour de l’ilot central de la cuisine pour ouvrir le robinet d’eau et entreprise de me rincer le visage des traces laissées par un chien un peu trop enthousiaste. « Je me suis inquiété de pas te voir… Surtout que tu m’avais rien dit. » Nous ne le faisions pas avant et, depuis que nous sommes réellement ensemble, je n’ai plus d’emploi et rien d’autre à faire que de jouer les femmes au foyer. Certainement n’est-il pas habitué et il n’y a pas de mal à ça. Surtout que, dans son ton, je perçois plus un mécontentement que de vraies reproches. « Je suis rentré y’a peut-être une heure ou deux, je sais pas, j’ai pas regardé. » - « Tu t’es fait du souci ou t’étais juste frustré de pas me voir ? » J’aborde toujours avec légèreté, plus heureuse de sa réaction que piquée ou vexée de ce qu’une femme indépendante percevrait peut-être comme une tentative de lui couper les ailes. J’aime que Damon ne réagisse pas positivement à une absence imprévue, aussi courte et naturelle soit-elle.  « Tu peux le dire si tu préfères quand je t’attends sagement ici à l’heure à laquelle tu rentres. » Et cette conclusion n’est ni ironique, ni passive agressive. Au contraire, mon sourire ne quitte pas mes lèvres.

L’ambiance change en revanche drastiquement dès que j’avoue – il n’a jamais été question de le lui cacher – à Damon où j’étais, avec qui j’étais. Son corps de raidit contre le mien, ses doigts arrêtent de glisser sur le tissu de mon t-shirt pour caresser ma peau, et il ferme même les yeux quelques secondes, comme pour se contenir. Je ne m’attendais pas à ce genre de réaction, loin de là. « T'avais rendez-vous avec Ambrose ? » Je fronce les sourcils en entendant Damon appeler Constantine, un inconnu pour nous, par son prénom. C’est à mon tour d’être sur la défensive à présent, principalement parce que je ne comprends pas et que cette fois j’ai réellement l’impression d’entendre des reproches dans sa voix. « Pourquoi faire ? » Pourquoi faire ? Pas pour échanger nos retours d’expériences sur ce que cela fait de se faire meurtrir par Saül, de toute évidence. « C’est par rapport à l’article, je suppose, mais pourquoi ? » J’ai l’impression d’avoir des comptes à lui rendre et cette fois ce n’est plus ni touchant ni adorable comme c’était le cas il y a quelques secondes encore. Je me sens fautive alors que je n’ai agi comme je l’ai fait que pour le protéger, qu’il n’a jamais été question de lui mentir ou de lui cacher la vérité, simplement de ne pas l’impliquer et lui faire du mal sans savoir à quel genre d’énergumène nous avions à faire, à qui la famille Williams avait à faire. « Je suis censée faire comme si c’était normal que tu l’appelles par son prénom ? » Avant toute chose, à moi de ramener la balle au centre, suspicieuse. Mon instinct me souffle que je ne vais pas aimer la réponse à cette question. « Bien sûr que c’était par rapport à l’article. Je voulais juger le personnage avant de savoir si on pouvait lui faire confiance ou pas. » Pas pour être notre allié, mais pour au moins aller jusqu’au bout de sa démarche. « Pourquoi j’ai l'impression que c’était un reproche ? » Je n’ai rien fait de mal, que je sache. « Je l’ai rencontré parce que Saül mérite d’être mise face au mal qu’il fait aux gens. »  Et que ce sentiment a été réveillé par l’issue plus qu’en demi-teinte du procès de Shiloh. « Et que je crois qu’on devrait être acteur là-dedans, nous aussi. Mais je ne lui ai rien promis. » Rien d’autre que le fait de pouvoir utiliser les photos de ma nuque, je n’ai rien dit concernant les violences dont a été victime mon mari. Je n’ai donné que ce qui m’appartenait entièrement.

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« Tu sais pas ce que tu rates, qu’est ce que tu veux que je te dise. » Il esquissa un petit sourire, mais le coeur n’y était pas véritablement. Ce n’était pas dans les habitude de Damon, de se comporter de la sorte, de réagir de cette manière; mais ce n’était pas dans les habitudes de Megan de s’absenter sans le prévenir et de ne pas être présente chez eux lorsqu’il rentrait du travail. Ce n’était pas un reproche qu’il portait à travers ses mots, simplement qu’il faisait partie de ses personnes contentée dans leurs habitudes, surtout lorsque ces dernières se trouvaient pouvoir être douces comme celles que sa femme et lui avaient pris avec le temps. « Tu t’es fait du souci ou t’étais juste frustré de pas me voir ? » Fronçant un brin les sourcils, analysant mentalement rapidement les possibilités qu’elle lui donnait pour s’exprimer, il se rendit compte que la réponse était plutôt simple en réalité. « Les deux, je crois ? » Il y avait une teinte d’incertitude dans ses mots, tout simplement parce-qu’il n’était pas entièrement sur de ce qu’il avançait; il savait seulement que ce n’était pas un sentiment agréable qu’il avait ressenti durant tout le temps où il s’était trouvé ici et où elle n’était pas là, au contraire. « Tu peux le dire si tu préfères quand je t’attends sagement ici à l’heure à laquelle tu rentres. » Doucement, alors qu’elle revenait contre lui, il secoua la tête pour d’abord illustrer ses pensées. « Non non, c’est pas ça. » Il appréciait que ce soit le cas, mais ce n’était pas sur cette partie là qu’il était dérangé: Megan était bien libre d’aller et venir comme elle le souhaitait, il n’avait pas son mot à dire sur cette partie là de l’équation. « J’ai juste l’habitude que tu sois là. Et pas savoir où t’étais… J’aime pas ça. » Parce-qu’il s’inquiétait, bien sur que c’était le cas. « J’en viens vite à imaginer qu’il a pu t’arriver un truc. » Et ce n’était pas une sensation qu’il appréciait, loin de là.

Maintenant qu’elle était passée se rincer les traces de bave du chien sur le visage, il déposa un baiser sur ses lèvres - un doux, un bref également. Parce-que rapidement, ce qu’elle avançait et lui expliquait commença à ne pas vraiment lui plaire. Ou plutôt, une fois de plus: il ne s’attendait pas à s’aventurer sur ce type de terrain là. Pas aujourd’hui, pas dans les jours à venir. C’était idiot de sa part de penser ainsi, puisque l’article, c’était Megan elle-même qui lui avait fourni le lien; il ne s’était pas imaginé qu’elle en vienne à convenir d’un rendez-vous avec Ambrose, et que lui accepte ce dernier en sachant pertinemment qui elle était. A l’expression qu’elle abordait sur son visage désormais, il savait cependant que de réagir instinctivement dans cette conversation n’était peut-être pas la plus intelligente des façons de faire. « Je suis censée faire comme si c’était normal que tu l’appelles par son prénom ? » Ah, oui. Ca. C’était encore pire que ce qu’il avait commencé à anticiper - il avait oublié cette partie là et les circonstances dans lesquelles ces souvenirs là pouvaient être replacés. « Bien sûr que c’était par rapport à l’article. Je voulais juger le personnage avant de savoir si on pouvait lui faire confiance ou pas. » Oh, ils pouvaient lui faire confiance. « Pourquoi j’ai l'impression que c’était un reproche ? » - « C’en est peut-être un, oui. » Il avait osé, du bout des lèvres, dire quelque-chose alors qu’il tentait encore de placer ses pensées dans le bon ordre. Et surtout: il n’aimait pas du tout la façon dont la discussion tournait: une fois de plus, ce n’était pas dans leurs habitudes, ou en tous cas pas depuis qu’ils étaient officiellement en couple.

« Je l’ai rencontré parce que Saül mérite d’être mise face au mal qu’il fait aux gens. » - « Surement, oui. » Pour sur même: mais l’enfant était toujours terrorisé à cette idée. « Et que je crois qu’on devrait être acteur là-dedans, nous aussi. Mais je ne lui ai rien promis. » Soupirant, il finit par s’éloigner de la jeune femme.

Quelques pas dans la cuisine, d’avant en arrière avant de venir passer ses deux mains dans ses cheveux et de laisser les dernières appuyées à l’arrière de son crâne. Ce n’était pas sur la partie concernant Saül qu’il se devait de répondre en premier lieu, il le savait; mais c’était peut-être malheureusement cette partie là qui était plus simple à maitriser, car celle que Megan avait pointé du doigt en premier était délicate. Et elle allait rapidement s’en apercevoir - parce-que Damon avait beau retourner les éléments dans tous les sens dans son esprit, il n’y avait pas de meilleur moyen que de parler de cette partie là d’une année désormais écoulée. « Je l’appelle par son prénom parce-que je le connais déjà. » Il pinça les lèvres, soupira. « Et j’étais déjà plus ou moins au courant du contenu de l’article. Pas que ça allait sortir sous forme d’article, mais j’étais au courant des arrangements - » Il mima des guillemets autour de ce dernier mot. « - entre Saül et lui, en tous cas pour certains points. » Ce n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd que son père s’était allègrement servi du brun pour son propre plaisir personnel. C’était de ça qu’était partie l’idée aux deux jeunes hommes de se rapprocher de leur côté. Il soupira, se forçant pour garder son regard ancré sur le visage de Megan. Il n’avait pas envie de mettre en avant une partie de la vie de sa femme qu’il savait douloureuse pour elle, mais si elle voulait une vraie réponse à sa question, il n’avait pas le choix. « Tu te rappelles quand je suis parti au Canada, l’année dernière ? » Il n’avait pas caché qu’il n’était pas parti seul, et il n’avait pas caché non plus qu’il était rentré de manière précipité pour elle surtout. Il étira une petite moue. « C’est avec lui que j’y suis allé. » Et peut-être voudrait-elle d’abord rebondir sur toute cette partie là des réponses qu'il avait apporté plutôt que de l’entendre enchainer sur d’autres points des, même s’ils n’y paraissaient pas, nombreux sujets mis en avant.

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« Non non, c’est pas ça. » D’instinct, je me demande si Damon surréagit. « J’ai juste l’habitude que tu sois là. Et pas savoir où t’étais… J’aime pas ça. J’en viens vite à imaginer qu’il a pu t’arriver un truc. » Je repasse dans ma tête toute la dernière année et je réalise que si j’ai eu peur après l’agression de Saül suivie de près par celle de l’ex de Shiloh, je ne suis peut-être pas la seule à m’être inquiétée à ce point. Bien sûr, j’ai accepté depuis longtemps l’idée que, même si je ne l’ai pas forcément perçu comme ça à l’époque, Damon était déjà attaché à moi et a été ébranlé par le geste de son père et la suite de mes mésaventures. J’ai mis longtemps à l’accepter parce que je ne parvenais pas à voir au-delà de son détachement de façade et le fait qu’il me repousse. Ce que je n’avais pas envisagé par contre, ce que je n’avais pas forcément compris avant aujourd’hui, c’est à quel point lui aussi avait eu peur, lui aussi avait nourri des angoisses pendant cette période, à quel point Bowie n’avait peut-être pas été adopté pour ne rassurer que moi. « Je plaisante, t’en fais pas. » Je caresse sa joue pour qu’il comprenne que je ne suis absolument pas en train de lui reprocher quoi que ce soit. Quand bien même il n’y aurait pas eu la moindre plaisanterie : j’aime un peu trop pour ma propre intégrité qu’un homme s’estime légitime pour prendre une décision à ma place. « Il va plus rien m’arriver. » Et les chances réduiront encore si Saül est empêché de nuire. Mais chaque chose en son temps. « Je t’enverrai un message la prochaine fois, j’ai oublié. » Pas vraiment, mais il comprendra bien rapidement pourquoi je ne voulais pas lui dire où j’étais et ce que j’avais l’intention de faire avant de l’avoir en face de moi.

Pourtant, dès que je passe à table, rien ne se passe comme je l’avais anticipé. Il me semble se braquer et c’est rare, chez Damon. J’ai presque l’impression qu’il m’en veut alors qu’il est l’homme le moins contrôlant du monde et je peine à comprendre pourquoi. Pour cause, je ne lui ai pas menti. Je ne lui ai pas caché quoi que ce soit comme à la genèse de notre histoire. J’ai tâté le terrain avant de le faire monter à bord et en ayant toujours eu l’intention d’être honnête envers lui, cela n’a rien à voir avec les épreuves que nous avons traversées l’an dernier. « C’en est peut-être un, oui. » Lorsque ses mots quittent la barrière de ses lèvres, je fronce les sourcils. Je recule d’un pas, rompant le contact physique entre nous sans pour autant m’enfuir, et je croise mes bras sous ma poitrine. « J’ai rien fait de mal. Et je l’ai fait en ayant l’intention de tout te raconter dès que je rentrerai. » Et je l’ai fait. « Me fais pas me sentir comme si j’étais censée te demander la permission. » Ce n’est pas le genre de Damon, mais tout me surprend dans son attitude et je suis désarçonnée.

« Je l’appelle par son prénom parce-que je le connais déjà. » Plutôt que de s’éclaircir, la situation devient encore un peu plus trouble et mes sourcils se froncent un peu plus encore. Je ne comprends rien à ce qu’il est en train de se passer, mais la part la plus intuitive de ma personnalité s’inquiète déjà. Sans comprendre réellement pourquoi, j’ai un nœud au creux du ventre. « Et j’étais déjà plus ou moins au courant du contenu de l’article. Pas que ça allait sortir sous forme d’article, mais j’étais au courant des arrangements entre Saül et lui, en tous cas pour certains points. » Je ne réfléchis pas tout de suite à ce que ça implique. Je ne me dis pas non plus qu’il y a certaines choses que Damon ne partage pas encore avec moi. Je me contente de l’observer reculer, une angoisse grandissante à présent, et tourner autour du pot. Je crois qu’à chaque fois qu’il ouvre la bouche, j’arrête de respirer, de crainte de ce qu’il peut avoir à m’apprendre. « Tu te rappelles quand je suis parti au Canada, l’année dernière ? » Je comprends une seconde avant qu’il se confie. Les pièces du puzzle s’assemblent et je me suis terriblement idiote d’avoir contacté cet individu, de m’être assise en face de lui et de lui avoir partagé des événements traumatisants de ma vie privée, des choses intimes, sans avoir la moindre idée de l’identité de l’homme que j’avais face à moi. Ce type s’est bien foutu de ma gueule. La honte que je ressens est cuisante, assez pour que mes joues rougissent et pas pour des raisons agréables, comme le font souvent celles de Damon parce qu’il est gêné. Je ne suis pas gênée : je suis mortifiée. « C’est avec lui que j’y suis allé. » S’il restait une vague trace du sourire qui étirait mes lèvres quand je suis rentrée dans la pièce, il s’est entièrement évanoui à présent. Je pose une main sur mon front, pour prendre une grande inspiration, sans cesser de le dévisager. « T’es en train de me dire que t’as couché avec un type qui couchait avec ton père ? » En plus de me sentir humiliée, je suis dégoutée. Pas par Damon, mais par toute cette situation, par le fait que ça ait pu lui paraître sain et normal. Je ne juge pas : qui suis-je pour juger après tout ce qu’il a accepté sans ciller me concernant ? Je suis affligée par ce que j’apprends, je me dis que tout cet univers est encore plus pourri que tout ce que je pouvais en penser. « T’as conscience d’à quel point c’est tordu comme situation ? » Ma main posée sur mon front glisse dans mes cheveux, s’accroche à une poignée de cheveux à laquelle je m’accroche comme une bouée. « Dis-moi que j’ai mal compris. » Oh je n’ai guère d’espoir, c’est là le geste d’une désespérée. « Dis-moi que ce type m’a pas serré la main, s’est pas assis avec moi et n’a pas regardé les photos des marques que m’a faites Saül alors qu’il voyait très bien que j’avais pas la moindre idée de qui il était. » De qui il avait été pour l’homme avec lequel je partage ma vie. De l’homme que j’aime. Est-il totalement dénué de toute décence ?

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« Je plaisante, t’en fais pas. » Il n’aurait même pas pensé un seul instant que les remarques de la jeune femme puissent être de véritables reproches; ils n’avaient jamais défini de règles, de comportement à adopter ou non l’un envers l’autre, mais il savait qu'en cet instant lui s’inquiétant de savoir comment elle se portait ne faisait pas partie d’une certaine liste rouge ou autre de ce type là. « Il va plus rien m’arriver. » Il échappa un soupire: c’était tout ce qu’il souhaitait en réalité, car toute la partie où il lui était justement arrivé des choses n’avait rien d’une partie de plaisir. « Je t’enverrai un message la prochaine fois, j’ai oublié. » Damon hocha quelque peu son visage, frottant avec douceur le bras de la jeune femme. « Merci. » Du bout des lèvres; son but n’était pas de faire partie de ces personnes exigeant de savoir où se trouvait leur partenaire en tous temps, mais leur historique faisait que certaines choses pouvaient arriver et ce n’était pas ce qu’il souhaitait traverser de nouveau. Il préférait se rassurer en étant apte à savoir où elle se trouvait, pour potentiellement pouvoir lui donner un coup de main si ce dernier devenait nécessaire. C’était peut-être idiot, mais c’était là presque d’une logique implacable: son père n’avait jamais su être présent pour sa femme, il avait vu les dégâts que cela pouvait faire sur une relation de couple et il ne désirait pour aucune excuse également que les choses tournent de cette manière entre Megan et lui. Alors, forcément, il allait adopter le comportement parfaitement opposé naturellement.

Puis, la discussion changea du tout au tout; car si Megan n’était pas présente lorsqu'il était rentré et qu’il s’était inquiété, c’était là une première chose - mais maintenant elle lui expliquait la raison qui justifiait son absence et il n’appréciait pas du tout cette dernière. Elle faisait ce qu’elle voulait, la jeune femme, et côtoyait qui elle souhaitait côtoyer. Mais approcher Ambrose et se mêler des affaires qu’il mettait en avant dans l’article qu’il avait fait publier, c’était mettre le nez dans d’autres affaires qu’il n’était pas particulièrement à l’aise de mettre en avant et c’était tout cette partie là qu’il appréhendait. Aussi: cela remettait en avant les agissements de Saül et le moins il en parlait, le mieux il s’en sortait et le plus agréable devenait son quotidien. « J’ai rien fait de mal. Et je l’ai fait en ayant l’intention de tout te raconter dès que je rentrerai. Me fais pas me sentir comme si j’étais censée te demander la permission. » Il soupira un brin trop longuement. « C’est pas ça. » Il détourna un instant son regard, secouant quelque peu la tête. « J’aurais préféré que tu m’en parles avant, c’est tout. » Pas pour lui donner la permission de le faire, mais pour tout ce qui s’en suivait désormais: ils auraient pu avoir cette discussion là avant qu’elle n’aille à la rencontre d’Ambrose et il y avait fort à parier qu’elle n’y serait pas allée, par conséquent.

Il n’y avait qu’à voir le regard qu’elle lui lançait désormais, ce que ce dernier pouvait laisser transparaître après qu’il ait avancé la raison qui faisait qu’il connaissait déjà Ambrose avant qu’elle ne le rencontre et qu’elle ne lui parle de lui: elle aurait préféré avoir cette discussion avant, et même ça aurait été bien mieux s’ils n’avaient pas eu à l’avoir, à aucun moment. C’était pour cette raison là que Damon en voulait à Constantine, et qu’il aurait aimé être au courant un peu avant que l’article ne soit disponible au grand public du contenu de ce dernier: il aurait voulu préparer Megan à ce qu’elle allait y trouver et tout ce qui en découlait. Que Saül finisse par trouver les enfers, ce n’était pas bien grave, c’était même une des choses qui était surement attendu par bien des personnes. Mais il ne voulait pas que cela soit fait de cette façon et que surtout ils puissent tous deux se retrouver en difficulté, l’un l’autre et les deux ensemble. Le début de la réaction de Megan ne lui disait rien qui allait pour la suite de cette conversation et peut-être que désormais, un noeud d’angoisse différent était niché dans l’estomac de l’italien. « T’es en train de me dire que t’as couché avec un type qui couchait avec ton père ? » A ces mots là, Damon pinça ses lèvres et soupira de nouveau longuement. Il aurait voulu nier en bloc les dires de la jeune femme, mais il n’y avait rien à nier: tout était vrai. Et peut-être que son absence de réponse, et le silence pesant de cette dernière répondit pour lui plus rapidement qu’il ne l’aurait voulu. Bien sur que c’était vrai: c’était même là la raison initiale du pourquoi il l’avait fait. Cela n’avait en rien eu les effets escomptés, mais l’idée de base était tout de même toujours là.

« T’as conscience d’à quel point c’est tordu comme situation ? » Et il voyait bien la détresse de Megan. « Dis-moi que j’ai mal compris. Dis-moi que ce type m’a pas serré la main, s’est pas assis avec moi et n’a pas regardé les photos des marques que m’a faites Saül alors qu’il voyait très bien que j’avais pas la moindre idée de qui il était. » - « Je vais pas commencer à te mentir aujourd’hui Megan, je te dirai pas que t’as mal compris. » Ses mots étaient presque murmurés. Il désirait qu’elle les entende, mais effectivement la situation était tortue et s’il était au courant depuis bien longtemps que c’était le cas, entendre quelqu’un d’autre le dire et surtout Megan donnait une perspective totalement différente à toute la scène. Descendant ses mains de son crâne à ses hanches, il garda son regard appuyé sur elle encore un nouvel instant avant de prendre la parole. « J’ai couché avec un type qui couchait avec mon père, oui. » Même si la partie qu’il avait le plus de mal à prononcer dans tout ça était celle où il nommait Saül son père car ce n’était plus là une façon qu’il utilisait pour le désigner depuis ce qui lui semblait une éternité désormais. « Et c’est exactement parce-que je voulais pas que tu tombes nez-à-nez avec Ambrose sans savoir qui il était que j’aurais préféré que tu me préviennes avant d’aller le voir. » Finalement, il sortit de sa stupeur et fit quelque pas pour se rapprocher de nouveau de la jeune femme attrapant une de ses mains. Ses joues à lui s’empourpraient de plus en plus au fil des secondes qui s’écoulaient, au fil des mots qui étaient ajoutés à cette discussion. « Y’a pas besoin de se méfier d’Ambrose, d’accord ? C’est un bon gars, pour de vrai. » Même si la bonté de Rose était désormais le cadet de ses soucis, alors qu’il voyait bien que le regard de Megan avait pris une teinte différente depuis le début de la conversation: c’était exactement ce qu’il ne désirait pas. « Qu’on ait couché ensemble lui et moi, c’était pas supposé interférer avec quoi que ce soit. C’est arrivé, et c’est tout. Surtout que depuis que je suis revenu du Canada, j’ai pas recroisé sa route, il voulait plus rien avoir à faire avec moi, je pensais pas qu’il reviendrait dans le paysage de si tôt. » Et peut-être avait-il été un brin naïf - mais ce ne serait pas véritablement une surprise, Damon avait tendance à faire confiance aux personnes et aux situations trop facilement. Et c’était surement parce-qu’il se rendait compte que c’était peut-être le cas qu’il se confondait en  explications et en excuses sous-jacentes sans en avoir encore donné le nom.

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Megan Williams & @Damon Williams ☆ crédit/gifsbyharley

« C’est pas ça. J’aurais préféré que tu m’en parles avant, c’est tout. » Cela ressemble tout de même à une façon de demandé la permission, présenté comme ça, ou de lui devoir des comptes à minima. Ce n’est pas ce à quoi il m’a habituée et, certes, le sujet est délicat et nous concerne tous les deux, certainement même lui plus que moi puisqu’il porte le nom de Williams depuis la naissance, mais je suis tout de même déroutée par sa réaction. Pas une seule seconde je n’ai pensé à mal. Pas un seul instant j’ai songé qu’il pourrait me reprocher de prendre les devants et pour cause : je n’ai rien confié à Ambrose Constantine qui ne me regarde pas moi exclusivement. Je ne lui ai rien promis non plus. J’ai fait exactement ce que j’affirme à Damon : j’ai pris la température, j’ai jugé l’homme que j’avais en face de moi, sachant pertinemment que mon époux est quant à lui un très mauvais juge de l’être humain. Optimiste, il voit toujours ce qu’il veut voir – le bon – en tout un chacun. Il vendrait notre appartement si un escroc venait frapper à notre porte en lui demandant un million de dollar pour sauver sa mère d’une maladie rare et mortelle. Damon est trop bon pour ce monde, mais pas moi. Et j’ai fait ma mission de le protéger.

Mais la raison derrière sa réaction est vite dévoilée et elle est vieille comme le monde. Ambrose est l’un de ces anciens amants, et ce qu’il me révèle va bien au-delà de ça, provoque chez moi un air de dégoût que je ne cherche même pas à réprimer. J’attends qu’il me dise qu’il ne savait pas pour Saül, lorsqu’il a fréquenté ce type, j’attends quelque chose qui m’aide à relativiser et à atténuer ma réaction épidermique mais, de toute évidence, cela ne vient pas. « Je vais pas commencer à te mentir aujourd’hui Megan, je te dirai pas que t’as mal compris. » Bien sûr que je n’ai pas mal compris, mais je crois que j’aurais préféré. Cette famille est encore plus dysfonctionnelle que ce que je pensais. « J’ai couché avec un type qui couchait avec mon père, oui. » - « Et dire que je pensais que j’avais des daddy issues. » Peut-être est-ce cruel. Peut-être est-ce trop dur, mais je suis blessée et, lorsque c’est le cas, je ne m’effondre pas en larmes : je réagis par l’attaque. Damon en avait relativement été épargné depuis plusieurs mois, mais il n'ignore rien de cette facette de moi. C’est ma façon la plus viscérale d’exprimer mes émotions.

« Et c’est exactement parce-que je voulais pas que tu tombes nez-à-nez avec Ambrose sans savoir qui il était que j’aurais préféré que tu me préviennes avant d’aller le voir. » Alors que juste là, je faisais les cent pas pour éviter son regard, je le pose finalement à présent sur lui. « Et quoi, faut que je te consulte avant chaque nouvelle rencontre pour savoir si c’est quelqu’un avec qui t’as déjà couché ? » Nous n’avons jamais réellement eu de discussions concernant les ex. Peut-être aurions nu dû, pour nous éviter de ce genre désagrément. Mais n’ayant jamais moi-même été en couple, je ne possède pas le mode d’emploi. « Parce que c’est la seule façon que je vois d’éviter ça. C’est pas comme si je me doutais en allant rencontrer l’amant de ton père que ça allait aussi être le tiens. » Dans un monde sain, Ambrose aurait été la dernière personne dont j’aurais dû me méfier. Sentant que mes émotions sont sur le point de déborder, je ferme les yeux, prends mon visage entre mes mains et tente de faire le tri entre ce qui est rationnel et ce qu’il ne l’est pas. Y a-t-il une part de jalousie dans ma réaction ? Certainement un peu. Savoir que Damon a connu son lot d’aventure quand nous n’étions pas vraiment ensemble est une chose, rencontrer quelqu’un qu’il a touché, embrassé et auquel il a fait l’amour avant moi me rend malade. Savoir que j’ai serré la main à ce type et que je lui ai fait assez confiance pour lui montrer tout un pan de mon histoire que peu avant lui ont vu me révulse. J’ai mal au cœur autant que je suis blessée dans mon égo.

« Y’a pas besoin de se méfier d’Ambrose, d’accord ? C’est un bon gars, pour de vrai. » Je pousse un soupir avant de laisser retomber mes bras le long de mon corps et de le regarder avec tristesse. « Y’a pas besoin de se méfier d’Ambrose ? Tu parles d’un aspirant politicien qui veut écrire un article qui détruira son opposant. » Ce n’est pas parce que ça nous arrange que l’opposant en question soit également quelqu’un qu’il nous plairait de détruire que c’est un chic type. « Au pire, c’est un manipulateur. Au mieux, un arriviste, tu vaux bien mieux que ça et il faut que tu arrêtes de donner ta confiance comme ça. » A des gens qui ne la méritent pas. Ce type a couché avec l’homme d’affaires parce qu’il pensait pouvoir en tirer quelque chose sur le plan politique, parce qu’il pensait pouvoir utiliser ses relations. Cela n’efface rien à l’horreur de la façon dont Saül l’a traité, mais cela ne fait pas de lui un saint non plus. « Qu’on ait couché ensemble lui et moi, c’était pas supposé interférer avec quoi que ce soit. C’est arrivé, et c’est tout. Surtout que depuis que je suis revenu du Canada, j’ai pas recroisé sa route, il voulait plus rien avoir à faire avec moi, je pensais pas qu’il reviendrait dans le paysage de sitôt. » N’est-ce pas la preuve de ce que j’avance ? Même sans grief personnel – et nouveau – envers le jeune homme, je n’aurais jamais jugé après notre rencontre qu’il s’agit du genre d’homme qu’il faut suivre et croire les yeux fermés. Jamais. Blessée, je ne sais même pas quoi répondre. J’ai envie de pleurer mais je ne veux pas m’effondrer devant lui. Alors, je me mords l’intérieur de la joue pour me canaliser. « J’aime pas ça. » Qu’il soit de retour.

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L’expression de dégout qui recouvrait désormais les traits du visage de Megan ne pouvait être ignorée, tant elle prenait de la place et s’imposait face à n’importe quelle autre expression. Et ce serait mentir de dire qu’en cet instant, Damon ne ressentait pas un pincement au coeur conséquent. Ce n’était pas de cette façon là que les choses auraient du se passer, ce n’était pas de cette façon là qu’ils auraient du avoir cette conversation - il ne pensait même pas qu’ils finiraient par l’avoir un jour tant toute cette période et l’épisode auquel ils faisaient référence en cet instant paraissait loin dans le temps. Ce n’était pas tant que Damon souhaitant absolument cacher des choses à Megan, bien au contraire ce n’était pas là son intention première; il savait simplement que la situation n’était pas de celle qui était plaisante à expliquer, qui plus était alors qu’elle faisait référence à des périodes de temps qui avaient déjà connu leur propre lot d’émotions au moment où elles s’étaient déroulées. C’était là la raison principale du pourquoi il ne lui en avait pas parlé au moment où les faits s’étaient déroulés: lorsqu’il était revenu du Canada, il l’avait parce-que sa femme venait de perdre sa mère, et c’était sur cette partie là de l’histoire qu’il s’était concentré, sur les émotions qu’il avait ressenti à ce moment là qu’il avait décidé de se pencher. « Et dire que je pensais que j’avais des daddy issues. » Maintenant qu’ils abordaient le sujet et qu’ils le faisaient de façon frontale, sans détour et sans cacher les détails qui pourraient gêner, les réactions fusaient au sein de l’apparement; et ça aurait été mentir une fois de plus de dire que Damon était surpris de voir la jeune femme contre-attaquer en guise de moyen de lui répondre - c’était là son mécanisme de défense, il l’avait vu en action plus d’une fois. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas été témoin de ce dernier pourtant, et une nouvelle fois son coeur se serra dans sa poitrine de comprendre que c’était à son encontre que cette technique était de nouveau sortie du placard - ça ne lui plaisait pas, bien sur. « Tu savais très bien que c’était mon cas aussi, depuis le début. On en serait pas là aujourd’hui si ce n’était pas le cas. » Il prononçait ses mots du bout des lèvres, avec un calme qui semblait de plus en plus s’absenter chez Megan. Il comprenait, qu’elle laisse parler ses émotions plutôt que de les contenir: il faisait pareil. Ils ne ressentaient simplement pas le même éventail d’émotions dans la même situation.

« Et quoi, faut que je te consulte avant chaque nouvelle rencontre pour savoir si c’est quelqu’un avec qui t’as déjà couché ? » - « C’est pas ce que je dis. » Elle tordait les propos qu’il prononçait pour les arranger à son image de la situation, à son avis et à son positionnement. Elle se défendait, elle sortait les griffes - il n’y avait aucune partie de tout ça où il pouvait lui en vouloir. Simplement, cela n’aidait personne à se montrer mesuré et raisonnable dans cette situation; Damon peinait à exprimer son point de vue parce-que ce n’était pas de ceux qu’il s’était attendu à devoir expliciter, qu’il peinait à trouver les mots qui lui semblaient justes, qu’il se retrouvait face à un caractère bien plus important que le sien et dans ce type de situation, il avait plutôt tendance à s’effacer qu’à sortir les crocs à son tour. Et encore: il s’agissait de Megan, les choses étaient moins pires lorsque c’était elle parce-qu’il avait appris à se montrer un peu plus fort à ses côtés. « Parce que c’est la seule façon que je vois d’éviter ça. C’est pas comme si je me doutais en allant rencontrer l’amant de ton père que ça allait aussi être le tiens. » Il pinça les lèvres un instant, sentant son coeur cogner contre sa poitrine à l’intérieur: personne n’avait encore défini à haute voix Ambrose   comme son amant et pourtant, cela était d’une évidence même que c’était le cas. Surtout aux yeux de Megan. Et effectivement, personne ne s’y serait attendu en réalité - c’était un quelque-chose sur lequel il pouvait pas argumenter - que ce soit le cas. Il soupira lentement. « Si tu veux que je te fasse une liste des personnes avec qui j’ai couché ici, je te la ferai j’ai rien à cacher. » Même si ce serait complètement capillotracté d’agir de la sorte alors que ce qu’il avait pu vivre avant que leur couple se forme de façon officielle n’avait aucune incidence sur ce dernier, justement; mais si c’était quelque-chose qu’elle souhaitait, il pouvait lui tirer une liste bien sur. « Mais c’est sur la partie où si ça concerne Saül, mieux vaut que tu m’en parles avant. Je… Même moi y’a des secrets dont on m’a pas parlé. » On parlait là d’une vie passée à mentir et à se fabriquer une façade de circonstances: bien sur que des secrets, ce serait l’héritage de Saül à l’égard d’un rejeton qui n’était même pas le sien. « Mais il existe surement plein de situations où si on en parle ensemble avant, on pourrait éviter tout ça. » Ce manque de communication, ce quiproquo - si cela pouvait être nommé comme tel, même s’il se doutait que ce n’était pas de cette sorte que Megan voyait les choses. Ils pourraient surtout éviter de se retrouver l’un contre l’autre dans une discussion que Saül avait déclenché sans même savoir qu’il était concerné.

En cet instant en tous cas, il n’y avait absolument rien qui pouvait plaire à Damon: il voyait les émotions dans les yeux et dans les gestes de Megan prendre le dessus, alors qu’il en était de même de son côté mais les choses ne se présentaient pas de la même façon. Elle laissait la colère prendre le dessus lorsqu’elle se retrouvait face à une vague d’émotions imprévue; lui se mettait à pleurer pour évacuer d’une autre façon. Presque, la question qui se posait désormais était de savoir lequel des deux allait utiliser son mécanisme de défense en premier. Retirant les mains de son visage, ce fut à ce moment là que Damon tenta d’en attraper une afin de rétablir un contact avec sa femme - il n’aimait pas la distance qu’elle avait pris en cours de discussion, il n’aimait pas la façon dont il s’état senti obligé de faire un instant les cent pas, il n’aimait pas de ne pas être celui lui apportant un réconfort quelconque et bien au contraire: être celui au coeur du dérangement ressenti. Il n’avait pas été modulé pour entrer dans ce moule là, mais plutôt pour être celui se pliant pour entrer dans l’image qu’on attendait de lui. Et en cet instant, il allait tout à l’encontre de tout ça et bien sur que cela ne le faisait pas se sentir bien. « Y’a pas besoin de se méfier d’Ambrose ? Tu parles d’un aspirant politicien qui veut écrire un article qui détruira son opposant. » Certes, dit de cette façon. « Au pire, c’est un manipulateur. Au mieux, un arriviste, tu vaux bien mieux que ça et il faut que tu arrêtes de donner ta confiance comme ça. » Aux derniers mots de la jeune femme, Damon pinça ses lèvres en une moue vexée - il était parfaitement au fait qu’il agissait effectivement de cette sorte, mais ce n’était pas pour autant qu’elle était obligée de le souligner de cette façon là. « Tu sais très bien que je le fais pas exprès. » Il avait toujours eu un coeur trop grand, prêt à accueillir trop de monde d’un coup. Et même s’il apprenait à s’endurcir avec le temps et surtout au contact de Megan, tout n’était pas parfait il le savait. « Et c’est pas parce-qu’il est comme ça pour sa vie professionnelle qu'il est comme ça à côté aussi. » Il avait vu dans le regard d’Ambrose, le jour où ils étaient rentrés du Canada, que ce n’était pas simplement pour avoir Damon dans sa poche et pour arriver à certaines fin que les larmes étaient montées: il avait un coeur surement proche de la taille de celui de l’italien en dessous de la carapace qu’il se construisait justement. Ou alors, peut-être que oui il était bon acteur - il ne souhaitait pas croire en cette théorie un seul instant. Il soupira. « Il irait pas balancer des informations qui nous concerne, c’est surtout ça que je veux dire. Il aurait déjà eu l’occasion de le faire sinon, et il l’a pas fait. » Parce-que Constantine était tout à fait au fait du mariage de Damon lorsqu’ils s’étaient rencontrés; c’était une information qu’il gardait de côté alors qu’il aurait pu la diffuser pour gagner de l’importance dans n’importe quel domaine face à eux.

« J’aime pas ça. » Lentement, après un soupire, les deux mains de Damon vinrent se poser sur les bras de Megan et il commença à frotter délicatement ces derniers - comme si cela allait la débarrasser des émotions qui la traversaient en cet instant, celles qu’il pouvait deviner dans ce regard qu’elle ne daignait lui accorder. « Quelle partie, exactement ? » Il posait la question du bout des lèvres, avec toute la douceur dont il était capable. Dans cette situation, plusieurs réponses étaient valables et envisageables, alors il préférait qu’elle mette des mots exactes sur ce qui la dérangeait plutôt qu’il tente de le deviner - ce n’était jamais quelque-chose qui permettait de réussir à se comprendre au mieux. Il espérait surtout que ce n’était pas uniquement par rapport à la partie où Ambrose et lui avaient partagé des moments d’intimité, car pour tout ce pan là de l’histoire, il s’était déjà excusé et continuerait de le faire même si ce n’était pas nécessaire: ils ne formaient pas le couple qu’ils étaient devenus désormais à cette époque là. Certes, ils étaient déjà mariés mais ce n’était qu’une signature sur un papier et en rien une relation émotionnellement engagée comme cela l’était désormais.

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« Tu savais très bien que c’était mon cas aussi, depuis le début. On en serait pas là aujourd’hui si ce n’était pas le cas. » Il y a une différence entre la façon dont la plupart des gens "traitent" ce genre de problème, ou en tout cas "agissent" de façon bien moins malsaine à cause de problème dans la représentation du père. Moi, je suis consciente que j’ai un rapport aux hommes compliqué, que je cherche bien trop leur validation au détriment parfois de ma fierté, de mes besoins et de mes propres opinions. Mais Damon, il a franchit une ligne bien plus importante, le genre de ligne qu’il ne faut à mon sens pas franchir pour tomber dans le franchement glauque et le pire dans tout ça, c’est qu’il n’a pas l’air conscient d’à quel point tout ça est tordu. « T’as même pas l’air de regretter. » Et je ne sais pas si c’est pas ça, le pire. Oh il n’est pas question de regretter le fait d’avoir eu une liaison, ça n’en était pas réellement une puisque lui et moi n’étions qu’une mascarade à l’époque, chacun libre de faire ce qu’il veut sans blesser l’autre. Ça, c’était la théorie, puisque de mon côté, c’est bien parce que j’ai découvert que cela me blessait de plus en plus que je lui ai explosé au visage à la mort de ma mère. C’est parce que nous attentions plus l’un comme l’autre que les choses ont changé.

« C’est pas ce que je dis. » C’est pourtant la seule chose qui serait susceptible de nous éviter ce genre de cas de figure, non, puisque même l’entourage de son père n’est pas exempt de révéler ce genre de cas de figure. « Si tu veux que je te fasse une liste des personnes avec qui j’ai couché ici, je te la ferai j’ai rien à cacher. » Je secoue la tête. « Arrête. » Je n’aime pas l’image qu’il me renvoie de moi : je suis excessive lorsque nous abordons ce genre de thématique, je le sais, mais je ne suis pas une folle furieuse qui lui saute à la gorge lorsqu’il est question de son passé. « C’est pas ce que je suis en train de dire. » Je me fiche bien de ceux qu’il a fréquenté avant, je veux simplement ne pas avoir à me poser de questions lorsqu’il passe du temps avec une connaissance du passé ou même lorsqu’il sort avec ses collègues. Je ne veux pas avoir à me demander qui dans son entourage fait partie de son tableau de chasse – et qui en fait également partie dans l’entourage de son père, visiblement. « J’en sais rien. Peut-être qu’il faudrait qu’on en parle. C’est pas supposé être tabou. » Et en raison de nos débuts compliqués, nous avons rendu le sujet tabou, je le réalise. Dès que j’ai réalisé que je m’attachais à lui, j’ai mal réagi toute allusion à sa vie amoureuse passée. Et quant à moi… Et bien il ne sait pas grand-chose non plus de ce que j’ai vécu avant lui. « C’est pas normal que ça le soit. C’est pas normal que je découvre ce genre de truc de cette façon. » Même si tout dans la situation est exceptionnelle.

« Mais c’est sur la partie où si ça concerne Saül, mieux vaut que tu m’en parles avant. Je… Même moi y’a des secrets dont on m’a pas parlé. Mais il existe surement plein de situations où si on en parle ensemble avant, on pourrait éviter tout ça. » - « L’article est sorti y’a une semaine Dam… T’as eu l’occasion de m’en parler. » Certes, je ne l’avais pas mis au courant de mes intentions concernant le jeune politicien aux dents qui rayent le parquet. Mais pour autant, est-ce idiot de penser qu’il s’agissait d’une information que je méritais de connaître dès la sortie de l’article ? Était-ce compliqué de me dire "au fait Megan, le type qui se tapait mon père pour obtenir des contacts dans le milieu et qui a écrit un article pour l’enterrer, je me le tapais aussi" ? « Tu sais très bien que je le fais pas exprès. Et c’est pas parce-qu’il est comme ça pour sa vie professionnelle qu'il est comme ça à côté aussi. » J’écarquille les yeux en le dévisageant, avant de secouer la tête. « Tu le defends. » Comment peut-il me dire qu’il ne le fais pas exprès, si même dans ce genre de cas de figure, lorsque les preuves sont mises sous ses yeux, il continue à défendre ceux qui se servent de lui. « Il irait pas balancer des informations qui nous concerne, c’est surtout ça que je veux dire. Il aurait déjà eu l’occasion de le faire sinon, et il l’a pas fait. » Ce nous c’est lui et Constantine ? C’est douloureux à entendre, si douloureux que je retire ma main de la sienne. « Si c’est un type bien, je suppose qu’il t’avait prévenu avant de sortir son article ? » Saül a beau mériter tout ce qui pourrait lui arriver à cause de ses actes, de sa tyrannie et de sa violence, le fait que Damon n’ait pas été prévenu en dit long sur la prétendue bonté du lanceur d’alerte. Je n’ai pas besoin qu’il réponde à cette question : sa surprise lorsqu’il a lu les quelques lignes de l’article pour la première fois était authentique, et sa réaction aujourd’hui, alors qu’il sait que j’ai raison, en dit-elle aussi long. « T’as rien besoin de dire. Je connais déjà la réponse. » Je secoue la tête avant de relever mes yeux dans les billes bleues de Damon. « Ce que Saül a fait, ce qu’il fait à tout le monde, c’est impardonnable et personne mérite ça. Mais ton Ambrose, s’il couche par ambition professionnelle avec un père et un fils indifféremment, c’est loin d’être un saint. » Et c’est loin d’être le type bien que Damon décrit.

La tristesse dans ma gorge enfle alors que tente une nouvelle approche en posant les mains sur mes bras qu’il caresse et frotte doucement. Moi, je dévie mon regard parce que je n’ai pas envie de fondre en larme et que je sens que je ne suis pas loin de craquer. « Quelle partie, exactement ? » J’avale difficilement ma salive. Ma voix, loin d’être assurée, tremble lorsque je réponds. « Qu’il soit de retour dans le paysage. » Dans notre paysage, dans celui de Damon, c’est évident. « Que tu parles de toi et lui en disant nous. » Je frotte mes yeux pour m’empêcher de faiblir, mais clairement en proie aux émotions. « Que tu le défendes contre vents et marées et que ce soit moi qui ai le droit aux reproches. » Alors qu’ils savaient tous les deux et que personne n’a jugé utile de me prévenir.

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« T’as même pas l’air de regretter. » Il n’avait pas l’air de regretter parce-que malheureusement, c’était effectivement le cas: il ne regrettait pas. Certes, ce n’était pas là une idée de génie qu’ils avaient eu, mais ce n’était pas non plus comme si cela avait signé la fin du monde lorsque les deux jeunes hommes avaient décidé de passer du temps ensemble également; les raisons n’étaient surement pas les bonnes, mais le résultat n’était pas à plaindre. Que cela devienne littéralement une affaire publique n’avait jamais d’ailleurs également été prévu au programme, et c’était surement cette partie là qui avait facilité les choses. Devait-il confirmer désormais à haute voix à sa propre femme qu’effectivement, il ne regrettait pas les faits qui lui étaient narrés qu’aujourd’hui - ou le silence qu’il persistait à maintenant sans même s’en rendre véritablement compte suffisait-il pour répondre à la question ? Il pinça les lèvres encore une fois. « J’en suis pas fier. » C’était toujours un meilleur début de réponse que n’importe quoi d’autre; mais s’il y avait bien quelque-chose qu'il s’était promis envers la jeune femme, c’était de ne pas lui mentir alors il continua sur la seconde partie de sa réponse. « Mais je regrette pas non. » De toutes façons, elle le regardait déjà avec tout le dégout du monde dans le regard, alors ça ne pouvait pas vraiment être pire. Il se passerait de raconter que ce n’était pas la première fois que cette situation là arrivait, sinon il était persuadé qu’elle allait faire une syncope et qu’il ne saurait la récupérer indemne cette fois.

« Arrête. » Il leva les mains devant lui pour indiquer qu’il arrêtait, mais il était pourtant sincère dans sa proposition: s’il n’y avait que ça, il lui ferait une liste des personnes avec qui il s’était amusé jusqu’à temps de ne consacrer son temps qu’à elle. « C’est pas ce que je suis en train de dire. » Ce n’était pas ce qu’elle était en train de dire, mais c’était une partie de ce que ses paroles impliquaient malgré elle; si à ses yeux, elle se devait de lui demander à chaque fois qu’elle croisait la route de quelqu’un si Damon avait couché avec cette personne, il perdrait moins de temps à lui faire une liste au préalable. « J’en sais rien. Peut-être qu’il faudrait qu’on en parle. C’est pas supposé être tabou. » Soupirant légèrement, il tira une petite moue presque désolée. « C’est pas normal que ça le soit. C’est pas normal que je découvre ce genre de truc de cette façon. » - « C’est pas tabou Meg, tu sais très bien que tu peux m’en parler. » Peut-être que ça l’était, peut-être que c’était la partie optimiste du jeune italien qui préférait se dire que cela ne l’était pas. Mais les circonstances de leur rencontre et celles qui avaient entouré la suite de leur histoire étaient tellement particulières qu’il était compliqué d’avance de savoir comment agir, savoir que dire. Dans d’autres relations, les choses auraient été bien plus simples - mais ce n’était pas de cette trempe là qu’ils étaient, eux: ils n’appartenaient pas à la simplicité. Un instant, Damon baissa la tête par la suite en revanche, alors qu’il savait qu’il abordait un sujet - ou au moins une période de temps rattachée à ce dernier - un brin plus délicat. « Et j’en ai pas parlé jusque maintenant parce-que… c’est rattaché au moment où t’as perdu ta mère et j’ai pas envie de remuer le couteau dans la plaie. » Les deux n’avaient pas de rapport l’un avec l’autre, mais ils étaient concernés par le même moment et Damon avait fait en sorte à partir du moment où il avait pu voir la peine dans lex yeux de Megan de faire en sorte de ne pas lui rappeler ce moment là. La relation qu’elle avait entretenue avec sa mère était particulièrement délicate, et le départ de cette dernière n’avait rien arrangé; il ne voulait pas être celui rajoutant une couche à cette peine, alors il préférait ne rien dire du tout. Elle n’était pas supposée être au courant de toute cette partie là, parce-que cette partie là n’avait pas besoin d’être mise en avant.

Enfin, c’était ce qu’il pensait jusque maintenant. « L’article est sorti y’a une semaine Dam… T’as eu l’occasion de m’en parler. » Et de nouveau, parce-que c’était la réaction la plus facile à avoir dans toute cette situation: il se pinça les lèvres en se maudissant d’avance de la réponse qu’il allait formuler. « J’ai essayé d’en parler avec Ambrose avant, pour essayer de comprendre, et… » Et il lui avait plus ou moins rétorqué que ce n’était pas véritablement ses oignons, et qu’il agirait quoi qu’il advienne, dans les grandes lignes.  Il aurait pu effectivement prendre le temps de lui en parler, mais il voulait d’abord comprendre quelles étaient les conséquences qu’une telle action de la part de Constantine allaient être. La discussion qu’ils avaient eu par messages interposés n’avait pas été très productive, si ce n’était que Damon avait courbé l’échine comme il savait parfaitement bien le faire en décidant de placer sa confiance, effectivement facilement, en Ambrose; parce-que pour lui, avec tous les éléments qu’il avait en sa possession, c’était la chose logique à faire face à cette situation. Mais à voir Megan écarquiller les yeux de la sorte, apparemment il était le seul à penser que la logique des choses était cette dernière. « Tu le défends. » Il ouvrit la bouche - pour finalement la refermer dans la foulée. Oui, bien sur qu’il le défendait; même Damon lui-même n’était pas étonné que ce soit le cas, il n’aurait su agir autrement. « Si c’est un type bien, je suppose qu’il t’avait prévenu avant de sortir son article ? » Et il aurait pu rester bouche-bée une seconde fois s’il ne s’était pas retenu en cet instant. Effectivement, elle appuyait sur un point juste: Ambrose ne l’avait pas prévenu qu’il comptait écrire cet article, encore moins le publier, et l’italien s’était retrouvé devant le fait accompli. Même: c’était Megan qui l’avait prévenu de la parution de l’article. « T’as rien besoin de dire. Je connais déjà la réponse. » - « Meg… » - « Ce que Saül a fait, ce qu’il fait à tout le monde, c’est impardonnable et personne mérite ça. Mais ton Ambrose, s’il couche par ambition professionnelle avec un père et un fils indifféremment, c’est loin d’être un saint. » Alors, peut-être que pendant un instant, il abaissa le regard et la tête. Parce-qu’il n’avait pas vu les choses de ce point de vue là, à aucun moment, Damon; bien sur qu’il n’avait vu que le bon, ce qui était subi et les conséquences de tout ça. A aucun moment il n’avait pu penser qu’Ambrose se jouait de lui et du monde autour de lui parce-que ce n’était pas ce qu’il avait perçu dans son comportement lorsqu’ils étaient tous les deux. « Pour moi c’est pas possible. » C’était pas possible qu’il soit celui que Megan décrivait. « Je l’ai vu dans ses yeux qu’il est pas comme ça. » Et ça lui faisait mal au coeur que d’imaginer, rien que d’imaginer que cela pouvait être le cas.

Ce qui lui brisait d’autant plus le coeur en cet instant, c’était surtout la charge d’émotions que portaient autant la voix que les mots de sa femme; ce n’était pas souvent qu’il avait l’occasion de la voir de la sorte et cela n’avait jamais été pour de bonnes choses. Alors, même si ses émotions à lui se voyaient être chamboulées, bien sur qu’il tenta en parallèle de se montrer présent pour Megan. Elle s’extirperait de son contact si cela ne lui plaisait pas, elle l’enverrait paitre si cela lui faisait du bien, mais il ne saurait pas faire autrement que de se montrer présent pour elle. Lorsque c’était pour ceux qui comptaient, et encore plus pour ceux qu’il aimait, il se devait d’être à leurs côtés. « Qu’il soit de retour dans le paysage. Que tu parles de toi et lui en disant nous. » Elle se mit à frotter ses yeux et Damon plissa ses sourcils par la même occasion. « Que tu le défendes contre vents et marées et que ce soit moi qui ai le droit aux reproches. » - « Hey, hey. » L’une de ses mains se dégagea du bras de la jeune femme pour que son index puisse délicatement se glisser sous son menton; ça ne lui importait pas qu’elle ait les larmes aux yeux, c’était son cas depuis déjà plusieurs minutes de son côté dans même qu’il ne s’en soit aperçu ou qu’il en ait quelque-chose à faire. En revanche, il était important pour lui qu’elle puisse voir que ses paroles venaient de la part honnête de sa personne - qu’il ne répliquait pas de la sorte simplement pour lui faire plaisir et la rassurer. « Quand je dis nous, c’est toi et moi Meg. » Il laissa son regard insister un instant. « Il pourrait dire des choses sur toi et moi, parce-qu’il savait que j’étais marié. Et pourtant, il l’a pas fait. » Il soupira quelque peu. « Je le défends parce-que je m’en veux de ce que Saül lui a fait. Je sais que je suis pas responsable, mais je m’en veux quand même. Et que c’est vraiment pas un mauvais gars… » Il ferait mieux de mettre ses émotions de côté parfois lorsqu’il tentait d’expliquer son point de vue, mais il ne savait pas faire. « Et le seul reproche que je pourrais te faire, c’est de pas m’avoir prévenu avant que t’allais le voir parce-que… » Il inspira longuement. « Parce-que j’aurais pu t’expliquer la situation et éviter de te faire du mal. Encore. Parce-que j’en ai marre de te faire du mal à cause de comportements que j’ai adopté pour m’adapter à Saül. » Ce n’était peut-être à que des excuses, mais c’était tout de même ce qu’il avait fait pendant des années: tenté de palier au comportement de celui qui avait été nommé papa par ses soins pendant des années auprès de ceux qui pouvaient être atteint par ce dernier par ricochets à travers lui.

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Megan Williams & @Damon Williams ☆ crédit/gifsbyharley

« J’en suis pas fier. Mais je regrette pas non. » Je le regarde, effarée qu’il ne le soit pas un peu plus non plus à l’idée d’avoir fait ce qu’il a fait. Je hoche la tête lentement, accusant le coup puisque, de toute façon, j’ai le sentiment que tout est dit à ce sujet-là. Qu’ajouter après ce genre de déclaration ? Lui dire que j’aurais préféré qu’il me mente, pas sur l’identité de l’homme que j’ai rencontré en cette fin de journée et sur leur passif, mais sur ce qu’il ressent à propos de tout ça ? Il ne comprendrait pas Damon. Je n’aime pas les secrets, mais je considère malgré tout – lorsque cela m’arrange – que toute vérité n’est pas forcément bonne à entendre. Comment lui expliquer que, ma vie sentimentale ayant toujours été terriblement compliquée jusqu’à il y a peu, je les regrette tous, Aiden, Scott, et tous les autres hommes de passage que j’ai fréquentés, et que j’aurais préféré que ce soit son cas aussi ? Que je me serais sentie plus exceptionnelle et spéciale à ses yeux si ça avait été le cas ? Que j’aurais voulu ne pas avoir le sentiment qu’il est tombé amoureux de moi comme il l’a fait de nombreuses fois dans sa vie et que, par conséquent, je n’arrive pas à me débarrasser de la crainte qu’il le fasse à nouveau de quelqu’un d’autre ?

« C’est pas tabou Meg, tu sais très bien que tu peux m’en parler. » C’est tabou d’une certaine façon si, pour savoir ce qu’il y a à savoir, il faut que je lui tire les vers du nez ou en tout cas, que j’ai le sentiment de le faire. Il sait très bien que je ne suis pas réellement rodée à ce genre d’exercice et que ce n’est pas facile pour moi, d’avoir l’impression de demander des comptes. Nous sommes ensemble, nous sommes mariés, mais je ne suis pas toujours certaine d’avoir la légitimité pour faire ce genre de chose. « Et toi, ça ne t’intéresse pas ? Tu t’es jamais posé la moindre question ? » Il connaît l’existence de Scott, mais il y a beaucoup de choses qu’il ignore encore à son sujet, tout comme il ne sait rien au sujet de mes autres relations passagères au mieux, éphémères la plupart du temps. Est-ce parce qu’il n’est pas curieux de celle que j’ai été sur ce plan là avant de le rencontrer et avant d’en tomber amoureuse ? Suis-je anormale d’être parfois dévorée par ces questions que je n’ose pas poser ? « Et j’en ai pas parlé jusque maintenant parce-que… c’est rattaché au moment où t’as perdu ta mère et j’ai pas envie de remuer le couteau dans la plaie. » Je secoue la tête, désolée qu’il utilise ce genre d’argument, me rendant presque coupable d’une certaine façon d’être dans l’ignorance, qu’il n’ait rien dit avant aujourd’hui. « Il est loin d’être le seul dont on n’a jamais parlé. » Nous n’avons jamais eu ce genre de discussion, c’est tout. Il a répondu à mes questions en haut du volcan, à Bali, au terme d’une randonnée magnifique, mais s’est contenté de ça. Du reste, j’ai parfois du mal à comprendre jusqu’à quel point les règles des couples qui se sont formés normalement s’appliquant à nous, et dans quelle mesure nous devrions-nous aussi avoir ces relations qui font de deux amants un couple sain et sans secret. Je n’en veux pas de mon côté : je sais qu’ils finissent toujours par pourrir. « J’ai essayé d’en parler avec Ambrose avant, pour essayer de comprendre, et… » - « T’en as parlé avec lui. » Pendant que moi, je réfléchissais de mon côté sans me douter de l’étendue de ce que j’ignorais. « C’est avec moi que tu aurais dû en parler. C’est avec moi que tu devrais faire équipe, pas avec lui. » Et c’est avec moi qu’il devrait être transparente, surtout qu’une semaine, c’est long. Une semaine, cela laisse le temps de s’envoyer des dizaines de messages et je suis malade à l’idée de les imaginer discuter à bâtons rompues pendant que, comme une idiote, j’ignorais ce qu’il se passait sous mon nez. Pourquoi ne le comprend-t-il pas ? Pourquoi n’est-il pas capable d’envoyer foutre ceux qui, de toute évidence, se sont servi de lui ? Damon est toujours tombé amoureux comme on claque de doigts, est-ce si aberrant que ça à ma place d’avoir mal à l’idée qu’il garde une place dans son cœur à tous ceux qui m’ont précédée ? Est-ce stupide d’imaginer que cela le retient d’être entièrement à moi puisqu’une part de lui pensera toujours à eux avec tendresse et leur appartiendra toujours un peu ? « Pour moi c’est pas possible. Je l’ai vu dans ses yeux qu’il est pas comme ça. » - « Les faits sont là. Il fout littéralement le feu à ton univers et il a pas la correction de te prévenir avant pour que tu t’y prépares. » Je n’appelle pas ça avoir de l’affection pour lui. « Il mérite pas que tu le défendes comme ça. » Pas face à moi.

« Hey, hey. » Damon s’approche doucement de moi et prend mon menton entre ses doigts pour me forcer à le regarder dans les yeux. Je ne lutte pas contre lui, mais mon corps reste entièrement tendu. « Quand je dis nous, c’est toi et moi Meg. Il pourrait dire des choses sur toi et moi, parce-qu’il savait que j’étais marié. Et pourtant, il l’a pas fait. » - « Pas encore. Tu sais ce qu’il a répondu quand je lui ai demandé jusqu’où il serait prêt à aller pour servir son objectif ? » Celui de pourrir la vie de Saül. « A tout. Il a dit à tout. Et tu sais ce qu’il a sous-entendu aussi ? » Je n’invente rien. Je crois que, contrairement à Damon, j’ai jugé avec bien plus d’objectivité l’homme que j’avais en face de moi. J’ignorais qui il était il y a quelques heures à peine, Damon ne peut donc pas m’accusée d’être biaisée. Peut-il en dire autant ? « Qu’il se moquait des victimes collatérales. » Et maintenant que je sais qu’il a eu une liaison avec mon mari en connaissant parfaitement son statut marital, je repense à tout ça avec bien plus d’horreur que lorsque je pensais que nous serions épargnés par tout ça grâce à notre discrétion. Quelle idiote.

« Je le défends parce-que je m’en veux de ce que Saül lui a fait. Je sais que je suis pas responsable, mais je m’en veux quand même. Et que c’est vraiment pas un mauvais gars… » Nous allons avoir un problème, si Damon est prêt à défendre toutes les personnes que son père a blessées. Je suis sûre qu’elles ne se comptent pas sur les doigts d’une main et, dans les moments difficile, nous ne devrions penser qu’à nous, resserrer notre cercle pour le rendre impénétrable et pour qu’il ne puisse pas nous faire de mal. « Et le seul reproche que je pourrais te faire, c’est de pas m’avoir prévenu avant que t’allais le voir parce-que… Parce-que j’aurais pu t’expliquer la situation et éviter de te faire du mal. Encore. Parce-que j’en ai marre de te faire du mal à cause de comportements que j’ai adopté pour m’adapter à Saül. » - « Tu peux pas disperser ton énergie auprès de tout ceux qu’il a blessés. Parce que moi j’ai besoin de toi bien plus que les autres. » Et bien plus qu’Ambrose Constantine. Je devrais être sa priorité, est-ce que cela fait pour autant de moi quelqu’un d’égoïste ? Ainsi soit-il dans ce cas. Il est la mienne et si je n’ai rien dit, c’est pour le protéger d’un potentiel arnaqueur qui n’en aurait voulu qu’à son argent. « Tu sais pourquoi je t’ai rien dit ? Parce que je voulais pas te faire traverser tout ça si jamais c’était qu’un type qui cherchait à remuer la merde pour soutirer de l’argent à ta famille. » de l’argent, ou du pouvoir. En politique et affaires, lorsqu’un homme chute, d’autres prennent sa place. « Fais-moi tous les reproches que tu veux. Visiblement, tout ceux qui te mentent ou te cachent des trucs sont pas logés à la même enseigne. » Moi, il n’a plus voulu me regarder droit dans les yeux pendant des mois.

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(c) keetika

lieu: logements, spring hill.

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« Et toi, ça ne t’intéresse pas ? Tu t’es jamais posé la moindre question ? » Un instant, il ferma les yeux; juste un instant, le temps de reprendre son souffle, d’inspirer longuement et de remettre de l’ordre dans cette conversation. C’était exactement pour tout ce qui était en train de se passer là qu’il aurait préféré qu’ils puissent en discuter en amont, plutôt que de prendre les choses par dessus la pile et explorer au fur et à mesure des choses qui les rebutaient quelque peu. Ou au moins, qui le rebutait lui - car ce n’était aucunement de cette façon là qu’il aurait voulu qu’ils discutent de tout ça. « Ca m’intéresse. Bien sur que ça m’intéresse. » Ses yeux se rouvrirent, se posèrent sur le visage de Megan. Sa voix restait calme et posée, ce qui était plutôt étonnant à la vue de toutes les émotions qui circulaient à l’intérieur de lui en cet instant; à croire surtout que plus le temps avançait, plus il se sentait à l’aise face à elle malgré tout et malgré les conversations qu’ils pouvaient avoir - assez en tous cas pour ne pas laisser la panique l’envahir à chaque fois, dès la première occasion. « Je veux pas qu’on ait cette discussion là maintenant par contre parce-que c’est pas le coeur du problème. Bien sur que ça m’intéresse de savoir ceux qui sont venus avant moi. Ca me plait pas, mais ça fait partie de toutes ces choses dont je te parlais au festival que j’ai envie de connaître. » Il ne voulait simplement pas que des sujets où les discussions se faisaient à coeurs ouverts soient forcées par des circonstances qui n’avaient rien à voir. Et parce-qu’il savait très bien que cela lui donnait l’impression de botter en touche, il rajouta: « Mais j’ai pas envie qu’on le fasse là maintenant, qu’on en parle parce-que le sujet est venu sur la table au milieu d’une autre discussion. Pas aujourd’hui alors que c’est pas le coeur du problème. » Ce dernier pour aujourd’hui s’appelait Ambrose, et concernant un autre temps pour Damon. Il faisait partie d’un décor qui remontait à plusieurs mois, qu’il n’avait jamais mis en avant car son but n’était pas de venir rappeler une période qui n’avait en rien était facile et joyeuse pour Megan. Peut-être était-ce maigre à ses yeux, peut-être qu’elle ne comprendrait pas les raisons qui l’avaient poussé à prendre ces décisions là sur le moment… mais elle n’avait pas vu la tristesse qui avait empli son regard trop longtemps à partir du moment où il était revenu du Canada - il avait préféré mettre cette partie là de côté pour se concentrer sur l’instant présent et être aux côtés de celle pour qui il commençait déjà à éprouver des sentiments à ce moment là. « Il est loin d’être le seul dont on n’a jamais parlé. » Il soupira. « C’est vrai. » Et après un pincement de lèvres prolongé, il secoua quelque peu la tête. « Je me suis jamais dit que t’aurais envie d’en parler comme on peut parler du dernier restaurant qu’on a testé. » Il n’aurait jamais pensé que c’était le genre de sujets qu’elle aurait aimé aborder plus régulièrement, peut-être avec plus de détails aussi.

« T’en as parlé avec lui. » - « J’ai essayé d’en parler avec lui. » Parce-qu’ils avaient simplement échangé quelques messages et ne s’étaient jamais rencontrés pour avoir une véritable discussion. « C’est avec moi que tu aurais dû en parler. C’est avec moi que tu devrais faire équipe, pas avec lui. » Il fronça les sourcils, ne cachant pas sa surprise quand au choix de mots que la jeune femme venait de faire. Oh, ce n’était en rien quelque-chose de plaisant à ses oreilles, loin de là. « Y’a pas de concours de faire équipe ou j’en sais rien, t’en es consciente j’espère. » Et ce n’était pas pour avancer les mauvais arguments qu’il approchait le sujet, loin de là une fois de plus. « Je fais pas équipe avec lui. J’ai voulu discuter avec lui parce-que je voulais savoir à quel point il pouvait avoir été idiot d’avoir agi comme ça, sans prévenir, en mentionnant un nom qui pouvait nous faire du mal à nous, Megan. Nous - » Son doigt montra tour à tour la blonde et lui-même. « - sommes une équipe, toi et moi. » Et à ses yeux, c’était quelque-chose qui ne pouvait pas être remise en question, à aucun moment. Il pouvait comprendre qu’elle ait une vision biaisée de la situation, vraiment il comprenait quelque-part à l’intérieur de lui; mais il n’était pas question qu’elle remette en question des choses qui, pour Damon, étaient évidentes. Le but dans cette affaire était qu’eux deux soient protégés, et c’était pour cette raison qu’il voulait renouer le contact avec Ambrose. « Il est hors de question que quelqu’un de l’extérieur puisse nous mettre en danger, et même s’il a l’impression que c’est pas le cas de pointer du doigt mon père, c’est nous mettre nous deux en danger. » Il avait accéléré le débit de ses paroles, et maintenant il se rendait compte qu'il avait lâché du lest en disant mon père là où il avait en horreur l’idée de mentionner Saül de cette façon depuis longtemps désormais.

« Les faits sont là. Il fout littéralement le feu à ton univers et il a pas la correction de te prévenir avant pour que tu t’y prépares. Il mérite pas que tu le défendes comme ça. » - « Il mérite que quelqu’un soit de son côté et fasse face à Saül. » Parce-que pour Damon, c’était aussi ça dans cette histoire: il défendait Ambrose parce-qu’il ne remettait pas un seul instant en cause les mots qu’il pouvait avoir, les histoires qu’il pouvait raconter. Il croyait tout, sans une once d’hésitation, il croyait même à la bonté de son coeur. Peut-être que cela faisait de lui un idiot, mais il préférait toujours se fourvoyer en ayant cru à la bonne volonté d’une personne plutôt qu’en lui jetant le mauvais sort trop rapidement. Constantine avait de quoi les ruiner, il ne l’avait pas fait: le but était que cela reste dans cette lancée. Pour cette raison et pour ce qu’il avait aperçu un jour dans son regard, il décidait de croire qu’il ne ferait rien pouvant leur nuire à eux et eux seuls directement. « Pas encore. Tu sais ce qu’il a répondu quand je lui ai demandé jusqu’où il serait prêt à aller pour servir son objectif ? » Les dents de Damon jouait avec l’intérieur de sa joue alors qu’il secouait doucement la tête pour répondre à Megan en montrant que non, il ne savait pas. « A tout. Il a dit à tout. Et tu sais ce qu’il a sous-entendu aussi ? Qu’il se moquait des victimes collatérales. » Damon avait du mal à croire à l’image qu’était en train de lui dépeindre Megan - pour autant, il ne remettait pas un seul instant ses paroles en doute. Il savait qu’elle disait la vérité, et il savait qu’elle parlait avec son coeur. Il avait simplement bien de la peine à se dire que l’homme qu’elle décrivait était le même qu’il avait pu brièvement fréquenter. « J’ai envie de croire qu’il ira pas jusque là. » Jusqu’à faire d’eux des victimes collatérales. « Mais si c’est le cas… Mierda, j’aime pas penser comme ça. » Il secoua la tête, retira son regard de celui de Megan parce-que ce qu’il s’apprêtait à dire, c’était une habitude qu'il avait copié sur Saül avec les années. « On pourra le détruire plus facilement que tout ce qu’il pourra essayer de faire. J’ai pas envie de faire ça, mais je t’ai dit: c’est toi mon équipe. Point. » Et l’italien avait l’intention de défendre son mariage, cela avait toujours été son intention tout du long. Lui qui n’avait jamais supporté l’idée d’abuser d’un pouvoir qui lui revenait d’un nom qu’il ne pouvait plus voir en peinture, se rendait compte ce soir qu’il serait tout à fait apte à en abuser si c’était pour les sauver eux d’un gouffre dont ils ne méritaient pas de connaitre le fond. Alors, tant que cela serait possible, il se positionnerait de façon à ce qu’il puisse défendre Ambrose, parce-qu’il s’en voulait des affreuses choses que son paternel avait pu à un moment lui faire subir. Il le ferait tant qu’il pouvait rester dans la zone de sécurité et que cette histoire ne lui apportait rien de mauvais - à partir du moment où les choses ne tournaient pas en sa faveur par contre, il prendrait les décisions qui seraient nécessaires pour que Megan et lui puissent ne pas subir les retombées. Qu’importait la nature de ces dernières.

« Tu peux pas disperser ton énergie auprès de tout ceux qu’il a blessés. Parce que moi j’ai besoin de toi bien plus que les autres. » Et parce-que malheureusement, il aurait aimé que ce ne soit pas le cas mais la réalité était toute autre: elle avait été blessée par Saül elle aussi. A ces mots là, à l’entendre dire de telles choses et à la façon dont es dernières percutèrent son coeur de plein fouet, bien sur qu’il échappa un long soupire et que cela fut la dernière barrière pour retenir les quelques larmes que contenaient ses yeux depuis le début de la conversation. Il ne pleurait pas, simplement c’était sa façon à lui d’évacuer ses émotions et de permettre qu’un trop plein ne se fasse pas ressentir. « Tu sais pourquoi je t’ai rien dit ? Parce que je voulais pas te faire traverser tout ça si jamais c’était qu’un type qui cherchait à remuer la merde pour soutirer de l’argent à ta famille. » Et lorsqu’il ferma un instant les yeux, bien sur que ses paupières chassèrent de nouvelles gouttes salées sur ses joues. Il n’était pas de ceux qui pouvaient penser à ce genre d’aspect, Damon, parce-qu’il avait toujours été l’enfant protégé de ce type de retombées; alors, pour lui, elles n’étaient que des mirages auxquels il n’assisterait jamais. Maintenant qu’il menait sa vie sans être dans les pattes de ses parents, effectivement là était un élément à prendre en compte peut-être. Megan avait même surement raison - simplement, il aurait préféré qu’elle n’ait pas besoin que ce soit le cas. « Fais-moi tous les reproches que tu veux. Visiblement, tout ceux qui te mentent ou te cachent des trucs sont pas logés à la même enseigne. » - « Et tu sais très bien que je passerai le reste de ma vie à m’excuser pour ça s’il le faut. » Mais parce-que la trahison de Megan avait dès le début un gout bien différent des autres qu’il avait pu subi. Pour Saül, ce n’était qu’une question de temps avant qu’il ne se serve une fois de plus et une dernière fois surtout de lui; en l’occurence Ambrose palliait avec les éléments qu’il pouvait trouver sur son chemin. Megan, quand à elle, avait choisi dès le début de lui planter un couteau dans le dos - et il avait mis longtemps avant de s’apercevoir qu’il était là depuis même avant leur première rencontre. Il avait reconnu cependant qu’il ne lui portait plus aucun grief sur cette partie là et qu’il s’excusait de sa réaction. « Ca aurait été face à n’importe qui, j’aurais eu de la peine pour Ambrose. Mais que ce soit face à Saül… Je peux pas m’empêcher de lui en vouloir, de m’en vouloir, parce-qu’on porte le même nom de famille. » Et qu’il avait été celui qui avait façonné malheureusement une grande partie de son monde actuel à travers les années. « C’est pas forcément ce dont j’ai envie, mais je sais pas m’en défaire. J’essaie. C’est pas facile. » Il s’en sortait déjà bien mieux que tout ce qu’il avait pu faire et entreprendre pendant les années qui avaient précédé cet instant.

« Par contre, c’est toi ma priorité. » Et peut-être que le problème n’avait pas été abordé dans le bon sens, qu’importe le parti en l’occurrence. Ils avaient tous les deux, à leur façon, voulu protéger l’autre mais finissaient malheureusement par se mettre des bâtons dans les roues alors que ces derniers n’étaient en rien nécessaires. Il pinça ses lèvres, laissa un maigre soupire autant que larme se manifester en cet instant avant de reprendre la parole. « J’ai pas pensé que tu voulais me protéger en allant le voir. Parce-que j’ai trop pensé au fait que tu pouvais te retrouver blessée toi dans les tirs croisés. » Et comme il l’avait déjà dit et comme il pourrait le redire s’il le fallait: ce n’était pas le résultat escompté. « J’ai l’impression qu’on a tous les deux voulu protéger l’autre et qu’on a pas pris les bonnes méthodes pour le faire. » Ces mots là étaient prononcés du bout des lèvres, alors qu’il y avait énormément de regrets dans sa voix. Oh, il défendrait Ambrose, il avait déjà avancé les raisons qui le poussaient à agir de la sorte; mais il ne désirait pas volontairement faire du mal à Megan ou qu’elle ait l'impression que de tous, ce n’était pas elle qui était la plus importante dans cette histoire.

when we bleed we bleed the same
Megan Williams & @Damon Williams ☆ crédit/gifsbyharley

« Ça m’intéresse. Bien sûr que ça m’intéresse. » J’ai l’impression que nous sommes rendus au début de notre semblant de relation, à l’époque où j’avais la sensation que les questions allaient toujours dans un seul sens, de moi vers lui, et que lui se moquait bien d’en savoir plus sur moi puisqu’il ne comptait tisser aucune relation. Sauf que la relation est là désormais, et que tous les non-dits qui persistent et planent entre nous ne sont pas normal après huit mois à vivre une vraie histoire. Moi, j’ai toujours su qu’elle me blesserait, cette discussion, et c’est pour ça que je l’ai reportée. Mais lui, comment pourrais-je y voire autre chose qu’un manque d’intérêt ? « Je veux pas qu’on ait cette discussion-là maintenant par contre parce-que c’est pas le cœur du problème. Bien sûr que ça m’intéresse de savoir ceux qui sont venus avant moi. Ça me plait pas, mais ça fait partie de toutes ces choses dont je te parlais au festival que j’ai envie de connaître. Mais j’ai pas envie qu’on le fasse là maintenant, qu’on en parle parce-que le sujet est venu sur la table au milieu d’une autre discussion. Pas aujourd’hui alors que c’est pas le cœur du problème. » - « Alors on en parlera quand tu l’auras décidé. » Lorsqu’on ne me donne pas ce que je veux, je renvoie la balle dans le camp adverse, c’est aussi simple que ça. Si je me battais à nouveau pour que l’abcès soit crevé et que j’avais le droit à un autre plus tard, je me sentirais plus mal encore qu’aujourd’hui. Dans ces conditions, peut-on me reprocher de m’effacer pour laisser à Damon le choix d’aborder les choses quand et comme il le désire ? Ma seule peur, c’est qu’il s’estime tiré d’affaire et qu’il ça n’arrive plus jamais ou, en tout cas, pas sans qu’il n’y ai besoin pour ça de ce genre de scène. « C’est vrai. Je me suis jamais dit que t’aurais envie d’en parler comme on peut parler du dernier restaurant qu’on a testé. » - « Je comprends pas. » Je ne comprends pas comment il peut affirmer que de son côté ça l’intéresse en imaginant pas que moi aussi, j’en ai besoin de cette conversation. Je n’ai pas collectionné les histoires avant lui tandis que j’ai l’impression que c’est son cas, et j’ai mal au cœur de faire ne serait-ce que le penser.

« Y’a pas de concours de faire équipe ou j’en sais rien, t’en es consciente j’espère. »
« Et toi tu peux pas faire plaisir à tout le monde, t’as un choix à faire, t’en es conscient j’espère. »

Parce que maintenant que je connais toute la vérité, il est hors de question qu’Ambrose Constantine reste dans le paysage, certainement pas celui de Damon. Comment le vivrait-il, l’Italien, si j’échangeais en secret des messages avec mes ex-compagnon ? Ne serait-il pas blessé, ne se sentirait-il pas humilié de me voir prendre le parti de l’un d’eux ? Prendre la parole pour l’un deux et le défendre publiquement ? Il est hors de question que cela arrive les concernant tous les deux. Je l’ai dit : Damon doit faire un choix. « Je fais pas équipe avec lui. J’ai voulu discuter avec lui parce-que je voulais savoir à quel point il pouvait avoir été idiot d’avoir agi comme ça, sans prévenir, en mentionnant un nom qui pouvait nous faire du mal à nous, Megan. Nous sommes une équipe, toi et moi. » - « Réponds juste à une question Dam : Si j’étais pas allée le rencontrer, t’aurais fini par me dire la vérité oui ou non ? » Ou bien se serait-il affiché aux côtés de Constantine pour le soutenir publiquement, me faisant passer pour la pire des idiotes sans que je ne sois jamais au courant ? J’ai la sensation qu’il ne l’a fait ce soir que parce qu’il était au pied du mur à cause de mon geste. Je suis bien contente de l’avoir fait, si c’était la seule solution pour que je connaisse la vérité. « Il est hors de question que quelqu’un de l’extérieur puisse nous mettre en danger, et même s’il a l’impression que c’est pas le cas de pointer du doigt mon père, c’est nous mettre nous deux en danger. » Il le sai très bien, si on me demande mon avis. Il choisit de n'en avoir rien à foutre. Je suis blessée de constater que, quoi que je dise, je ne pourrais jamais faire changer Damon d’avis au sujet du brun quand il n’a fallu que d’une supposition de sa mère pour qu’il remette en question tout ce que je suis. « Il mérite que quelqu’un soit de son côté et fasse face à Saül. » - « Et moi je mérite que cette personne, ce soit pas toi. On fait comment du coup ? Qui aura ce qu’il mérite, lui ou moi ? » Je mérite que mon mari et l’homme qui dit m’aimer ne court pas à la rescousse de son ex pour le conforter, c’est aussi simple que ça. « Je mérite que l’homme que j’aime arrive à résister à cette foutue envie de courir secourir son ancien amant pour le consoler et le prendre dans ses bras, tu crois pas ? » S’il répond non, je serai profondément blessée et nous, nous aurons un problème. Et puis merde, Ambrose Constantine n’est pas un enfant : il savait très bien dans quel genre d’engrenage il foutait les pieds lorsqu’il a commencé à se prostituer pour Saül. Son ex n’est qu’une pute, c’est aussi simple que ça. « Je supporterais pas que tu le fasses. Et je dis pas ça comme des paroles en l’air. » C’est assez clair pour que même-lui ne puisse dire qu’il pensait que je changerai d’avis, non ?

« J’ai envie de croire qu’il ira pas jusque-là. Mais si c’est le cas… Mierda, j’aime pas penser comme ça. » Alors il est naïf. La politique n’est pas un univers pour les enfants de chœur. « On pourra le détruire plus facilement que tout ce qu’il pourra essayer de faire. J’ai pas envie de faire ça, mais je t’ai dit: c’est toi mon équipe. Point. » Ses paroles me rassurent, un peu. Pas assez pour que je sois prête à accepter de supporter une situation qui, sur le très court terme comme sur le long, me blessera. « Je ne veux pas que tu passes du temps avec lui. Point. Je ne veux pas qu’il revienne dans le paysage. » Cet homme a été prêt à entretenir une liaison avec un homme qu’il savait marié : ai-je besoin de plus de raison que ça pour me méfier de lui, pour ne pas vouloir de lui autour de mon mariage et autour de Damon ? « Il savait que t’étais marié, tu l’as dit toi-même. Et toi et moi on sait qu’à l’époque on était libres de faire ce qu’on voulait, mais lui en savait rien. Alors t’avise pas de me regarder dans les yeux et de maintenir que c’est un homme bon. » Si je n’arrive pas à lui ouvrir les yeux à ce sujet, je voudrais au moins qu’il prétende que c’est le cas plutôt que de continuer à m’insulter en faisant comme si son ex était la huitième merveille du monde quand j’ai eu le droit au traitement réservés aux arrivistes. C’est peut-être ça au fond : la différence de traitement entre lui et moi alors que moi au moins, je n’ai pas tenté de prétendre que j’étais folle amoureuse de lui pour me servir de son nom.
 
« Et tu sais très bien que je passerai le reste de ma vie à m’excuser pour ça s’il le faut. » Les larmes glissent sur mes joues sans que je ne parvienne plus à les arrêter, à présent. Pourquoi est-il si naïf et prompt à pardonner et à trouver des excuses avec tout le reste du monde quand il ne l’a pas été avec moi ? Il a beau s’excuser, j’ai mal au cœur, et une soirée et des mots ne suffiront pas à l’apaiser. « Ça aurait été face à n’importe qui, j’aurais eu de la peine pour Ambrose. Mais que ce soit face à Saül… Je peux pas m’empêcher de lui en vouloir, de m’en vouloir, parce-qu’on porte le même nom de famille. C’est pas forcément ce dont j’ai envie, mais je sais pas m’en défaire. J’essaie. C’est pas facile. » - « Tu peux en vouloir à Saül. Tu peux vouloir l’enterrer. Mais t’es pas obligé pour ça de le soutenir lui. » Il peut parler de sa propre expérience, il peut parler de ce que son père m’a fait subir et des véritables crimes – le détournement de fond en est un, et un bien plus pris au sérieux que les violences au sein du foyer malheureusement, sans pour autant faire front uni avec cet homme. « Par contre, c’est toi ma priorité. » Je me retourne un instant. Je frotte mes yeux pour effacer mes larmes, avant de me retourner pour faire face à Damon. « Alors prouve-le. » Parce que dans le cas présent, ça ne suffit pas de le dire. « Soutiens-moi moi. Choisis-moi. Pas lui. Coupe les ponts avec lui. Me force à pas à vivre ça. » A vivre l’intrusion de ce type qui ne mérite pas son empathie et sa générosité dans notre vie de couple. Pendant des années je me suis effacée au profit des besoins et envies d’hommes que je fréquentais parce que j’estimais que c’était ça, être une amante parfaite. Que mes besoins comptaient peu en comparaison des leurs. Je n’ai pas envie de le faire dans cette situation. « J’ai pas pensé que tu voulais me protéger en allant le voir. Parce-que j’ai trop pensé au fait que tu pouvais te retrouver blessée toi dans les tirs croisés. » Moi, j’ai tout avoué le soir même. Je n’ai jamais eu l’intention de lui dissimuler quoi que ce soit. « J’ai l’impression qu’on a tous les deux voulu protéger l’autre et qu’on a pas pris les bonnes méthodes pour le faire. » De chaudes larmes coulent sur mes joues. « Je te la donne maintenant la méthode. » De le rayer lui de sa vie ou, en tout cas, de le laisser faire face seul à ce qu’il a déclenché seul comme un grand. « Il a déclenché ça tout seul, il peut affronter ça tout seul. » Avec un soupçon de rage, j’essuie à nouveau le dessous de mes yeux. « Le choisis pas lui au détriment de moi. » Et encore moins si c’est juste parce que l’ennemi est Saül, et qu’il m’a fait au moins autant de mal à moi.

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@megan williams

(c) keetika

lieu: logements, spring hill.

***
« Alors on en parlera quand tu l’auras décidé. » - « Quand le moment sera plus juste. » Peut-être était-ce Damon qui mettait les freins, mais c’était surtout parce-que les circonstances ne lui plaisaient pas pour ce type de discussion. Il savait à quel point parler de tout c’était bien, mais le faire dans de bonnes conditions c’était là quelque-chose d’indispensable - sinon, certaines informations pouvaient être mal interprétées si elles n’avaient pas l’attention qu’elles méritaient. « Je comprends pas. » Et ce n’était pas ce soir, une fois de plus, qu’il chercherait à expliciter quoi que ce soit à travers une discussion qui n’avait rien à voir - ou à défaut de démarrer avec les mêmes sujets, qui ne déviait pas vers la même finalité.

« Et toi tu peux pas faire plaisir à tout le monde, t’as un choix à faire, t’en es conscient j’espère. » - « Je peux toujours tenter de trouver un juste milieu. » De toutes façons, il ne savait faire autrement que d’essayer de contenter tout le monde: c’était là la manière d’agir qui lui avait été inculqué, qui avait surtout été forcée dans ses habitudes dès le plus jeune âge. Alors, même à l’âge adulte et alors qu’il était tout à fait libre de ses faits, gestes et décisions, il ne savait faire autrement que de tenter de contenter tout le monde. Ou d’essayer aussi fort qu’il le pouvait, au moins. « Réponds juste à une question Dam : Si j’étais pas allée le rencontrer, t’aurais fini par me dire la vérité oui ou non ? » - « Oui. » A ses yeux, le temps de réflexion n’existait pas car il n’étiat pas nécessaire: il n’avait jamais eu prétention de lui cacher quoi que ce soit. Simplement, lorsqu’il était rentré du Canada et qu’elle venait d’apprendre qu’elle s’apprêtait à enterrer sa mère, il s’était dit que ce n’était pas le meilleur moment. Ensuite, les choses s’étaient améliorées entre eux, il n’avait pas eu envie de gâcher tout ça - et le temps avait passé, les opportunités manquées d’en discuter s’étaient enchainées, et ils arrivaient facilement à aujourd’hui et à leur conversation qui lui brisait le coeur de l’intérieur car elle n’avait jamais eu pour vocation à se passer de la sorte. « Quand je sais pas, si tu veux ma réponse entière et honnête, mais je t’aurais dit la vérité. J’avais pas vocation à te la cacher. » Il soupira légèrement. « C’est d’ailleurs pour ça que j’aurais voulu t’en parler avant que tu ailles le voir, que tu aies l’histoire d’abord de moi avant de l’avoir de lui. » Parce-que la première version d’une histoire entendue était souvent celle retenue; et clairement, ce n’était pas son point de vue qu’elle arrivait à imaginer être le bon. « Et moi je mérite que cette personne, ce soit pas toi. On fait comment du coup ? Qui aura ce qu’il mérite, lui ou moi ? » - « Mais c’est pas un concours Meg. » Elle n’arrivait pas, à travers ce voile de jalousie qu’il était aisé de deviner, à voir qu’aucun concours entre Ambrose et elle avait été mis en place si ce n’était celui qu’elle s’évertuait à mettre en place dans ses paroles. « Je mérite que l’homme que j’aime arrive à résister à cette foutue envie de courir secourir son ancien amant pour le consoler et le prendre dans ses bras, tu crois pas ? » Soupirant longuement, il se frottait désormais les yeux d’une de ses mains, retenant mill et une paroles qui lui venaient à l’esprit mais qui ne seraient en aucun cas adaptées pour le moment. Et de sa part, c’était compliqué d’agir ainsi, parce-qu’il allait à l’encontre de sa nature première qui était de réagir principalement par l’affect. « Je supporterais pas que tu le fasses. Et je dis pas ça comme des paroles en l’air. » - « J’ai jamais remis en question tes paroles, au cas où tu l’aurais pas remarqué. » Il s’en mordait l’intérieur des joues presque à sang. « Je te souligne juste que tu vois trop les choses en noir et blanc pour comprendre que c’est pas comme ça que j’envisage la situation de mon coté. » Il savait d’avance que ce n'était pas la réponse qu’elle attendait, et qu’à formuler les choses ainsi elle l’apprécierait surement encore moins - la réponse. « Tu mérites que je te soutienne, tu mérites que je sois là à tes côtés, et tu mérites que je te donne l’amour que j’éprouve pour toi. » Cette partie là était indéniable, qu’importe qui des deux pourrait dire quoi que ce soit. Mais… « Mais c’est pas parce-que je souhaite lui donner un coup de main que je renie ça. C’est cette partie là que t’arrives pas à voir. » D’autres personnes auraient la voix dure en cet instant, à aborder de tels sujets de conversation; Damon, lui, avait la voix chargée d’émotions et bien sur qu’il n’était pas du tout heureux que leur soirée tourne de la sorte.

La suite des choses, malheureusement, il était bien conscient qu’elle pouvait ne pas prendre la forme qu’ils souhaiteraient. Ou tout du moins: il acceptait que le point de vue de Megan puisse malheureusement se voir être réalisé, même s’il restait persuadé qu’Ambrose n’irait pas jusqu’à leur nuire volontairement à eux. Damon savait aussi qu’ils auraient une puissance de frappe quo pourrait faire mal - et c’était justement ce qu’il ne voulait pas voir arriver. « Je ne veux pas que tu passes du temps avec lui. Point. Je ne veux pas qu’il revienne dans le paysage. » A ces mots là en revanche, il ne put s’empêcher de secouer quelque peu la tête en guise de désapprobation. Avant même qu’il ne s’aperçoive de ses gestes, il avait même déjà reculé d’un pas ou deux. « Non non. » Il y avait des limites qu’il avait déjà eu du mal à ériger, il se devait de les faire respecter désormais - même si cela rapportait du grain à moudre dans une discussion qui n’en avait initialement pas besoin. « T’as pas le droit de m’obliger à faire des choses ou non. » Le passé indiquait pour lui que ce n’était pas quelque-chose de sain à laisser se mettre en place. « On m’a imposé toute ma vie ce que je pouvais et devais faire, ou au contraire ce que j’avais même pas le droit d’envisager, il est pas question que tu t’y mettes aussi. » Elle pouvait exprimer son avis et son ressenti autant qu’elle le désirait sans aucun soucis; elle ne pouvait pas lui imposer sa façon d’imaginer la suite des choses. « Il savait que t’étais marié, tu l’as dit toi-même. Et toi et moi on sait qu’à l’époque on était libres de faire ce qu’on voulait, mais lui en savait rien. Alors t’avise pas de me regarder dans les yeux et de maintenir que c’est un homme bon. » - « Il est peut-être pas aussi bon que je l’imagine, mais il a bon coeur j’en suis sur. » Même s'il avait tendance à s’attendrir de beaucoup de personnes, il savait néanmoins reconnaitre celles qui avaient bon coeur et celles pour qui ce dernier était pourri jusqu’au dernier vaisseau. Ses émotions gâchaient souvent le reste, mais il avait tout de même une façon de réussir à déterminer si c’était une totale erreur ou non - il y croyait dur comme fer en tous cas.

Voir les larmes couler sur les joues de Megan n’avait jamais été au programme et déchirait le coeur de Damon, qui restait debout à quelques mètres d’elle, impuissant. Il aurait voulu s’approcher pour les sécher lui-même, mais il savait d’avance que sa proximité risquait de ne pas être la bienvenue. Il aurait voulu avoir la solution aux maux qui lui faisaient porter tant d’émotions, mais il en était surement en trop grande partie la source pour faire partie de cette dite-solution. Il n’avait pas de véritable porte de sortie, et cela ne lui plaisait pas. « Tu peux en vouloir à Saül. Tu peux vouloir l’enterrer. Mais t’es pas obligé pour ça de le soutenir lui. » - « Mais qu’est-ce qu’on en a à faire que ce soit Ambrose ou n’importe qui. » Ses paroles étaient presque soufflées dans une complainte. Megan faisait une fixation sur Constantine; alors certes, il était la source de leurs problèmes présentement, mais n’importe qui d’autre aurait pu se trouver à sa place, dans ces circonstances. Pourquoi prenait-elle une liberté particulière de ne pas lâcher en cours de route l’idée que c’était lui, et personne d’autre. Surtout que Damon lui disait sans détour: il avait beau vouloir soutenir Rose, elle resterait toujours sa priorité. « Alors prouve-le. Soutiens-moi moi. Choisis-moi. Pas lui. Coupe les ponts avec lui. Me force à pas à vivre ça. »

« Je te la donne maintenant la méthode. Il a déclenché ça tout seul, il peut affronter ça tout seul. Le choisis pas lui au détriment de moi. » - « Alors pourquoi t’es allée le voir, hein ? Si tu veux pas qu’il reste dans les parages, s’il doit affronter ça tout seul ? » Peut-être que l’une des sous-pape de sécurité venait de rendre l’âme chez Damon en cet instant, alors qu’il ne savait retenir ses larmes non plus de son côté - mais rien de nouveau sous le soleil pour Williams junior que de se mettre à pleurer lorsque son lot d’émotions devenait trop lourd à porter. « D’accord, tu voulais t’assurer que c’était pas une enflure qui voulait courir après notre nom, notre argent, peu importe. » Les premières raisons étaient louables, il l’avait déjà admis. « Mais t’y es allée avec une idée en tête de base qui semble être balayée maintenant que tu sais qui il est, et surtout qui il est par rapport à moi. » Et il n’aurait jamais assez de toupet pour dire qu’elle laissait ses émotions la guider dans cette situation parce-qu’il ne savait en aucun cas agir mieux de son côté. « Je retourne pas dans ses bras, Megan, c’est ça que tu comprends pas. J’ai besoin de voir Ambrose parce-qu’il veut exposer des secrets qui me concernent moi aussi, qui te concernent toi aussi. Je veux pas le retrouver, je veux pas de lui parce-qu’il a été mon amant mais parce-qu’il s’engage dans une voie qui peut nous mettre en danger. » Ambrose resterait un très gentil garçon à ses yeux, et bien sur qu’il chérissait le temps qu’ils avaient passé ensemble; mais la question n’était même pas cette dernière en cet instant, et elle ne le serait aucunement durant des temps prochains. Les prochaines paroles, Damon savait qu’elles allaient être un peu dures à prononcer mais il se devait de le faire pour que les choses puissent être claires. « Si j’avais voulu d’Ambrose, je serai pas revenu vers toi, pour toi, ce jour là. » Il gardait son regard en direction du visage de Megan, même si c’était là un exercice compliqué pour lui. « Si je l’ai abandonné à l’aéroport ce jour là pour te retrouver toi, c'est parce-que ça fait déjà longtemps que je t’ai choisi toi. » Il déglutit, chassant quelques larmes d’un revers de la main. « Est-ce que t’arrives à le voir ça, que c’est pas aujourd’hui que j’ai un choix à faire parce-que je l’ai déjà fait depuis longtemps ? Que mon coeur l’a déjà fait depuis longtemps ? »

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Megan Williams & @Damon Williams ☆ crédit/gifsbyharley

« Je peux toujours tenter de trouver un juste milieu. » - « Y’a pas de juste milieu quand il s’agit de blesser les gens ou non Damon. Tu peux pas tout le temps vouloir contenter tout le monde et faire des compromis. J’ai pas envie de te partager avec tout le monde. » A mon sens à moi, à vouloir partager son cœur en mille morceaux, il finira forcément par oublier qu’il est censé le donner en entier à une seule personne, et pas à tous les chiens errants qui semblent avoir besoin de lui ou qui tentent d’abuser de son énorme cœur. Il n’y a pas de juste milieu possible dans cette configuration : soit il prend une décision qui me blesse, soit il ne le fait pas. Les choses sont à mes yeux aussi simples que ça. « Oui. Quand je sais pas, si tu veux ma réponse entière et honnête, mais je t’aurais dit la vérité. J’avais pas vocation à te la cacher. » L’aurais-je appris une fois la tempête passée, après avoir serré la main de l’autre, l’avoir soutenu publiquement pour une plus grande humiliation encore ? M’aurait-il tout dit à la fin pour que je me retrouve au pied du mur et pour lui avoir tout le loisir de soutenir son ancien amant ? A avoir été habituée au pire en termes de relation "amoureuses", c’est toujours ce à quoi je m’attends. « C’est d’ailleurs pour ça que j’aurais voulu t’en parler avant que tu ailles le voir, que tu aies l’histoire d’abord de moi avant de l’avoir de lui. » - « Je l’ai pas eue de lui l’histoire. Il s’est contenté de m’écouter raconter ce que ton père m’a fait en me prenant pour une conne, ta sainte nitouche. » Inutile de préciser que je ne crois pas plus à l’innocence et la bonté de Constantine que je ne crois à celle de Saül Williams. Si l’homme d’affaires est une ordure et si je condamne fermement ses actes, je ne vois l’auteur de l’article la dénonçant que comme un arriviste aux dents-longues.

« Mais c’est pas un concours Meg. » - « C’est pas une question de concours. C’est une question de priorité et de montrer clairement où elles sont. » Parce qu’il a dit que j’étais la sienne, mais que j’ai eu le droit à trop de paroles en l’air dans ma courte vie pour me fier seulement à ces derniers. Je suis une femme de preuves et d’actes. Je crois que c’est ça au fond dont j’ai besoin. Une grande et épique preuve d’amour, comme dans les livres d’aventure et de chevalerie. « J’ai jamais remis en question tes paroles, au cas où tu l’aurais pas remarqué. Je te souligne juste que tu vois trop les choses en noir et blanc pour comprendre que c’est pas comme ça que j’envisage la situation de mon côté. » Il ne remet pas en parole, mais il ne comprend pas vraiment non plus, si ? Il continue qu’il est possible de concilier des choses qui ne sont pas conciliables en s’attendant à ce que je ne bronche pas qu’il vole au secours de Constantine, et c’est tout bonnement impossible. « Tu mérites que je te soutienne, tu mérites que je sois là à tes côtés, et tu mérites que je te donne l’amour que j’éprouve pour toi. » A vouloir donner à part égales à tout le monde, Damon pèche lorsqu’il s’agit de mettre une personne et une seule sur un piédestal pour lui conférer le sentiment qu’elle est unique. Et c’est certainement ça le problème, c’est que moi j’en ai besoin, de ce foutu piédestal, de cette foutue singularité, de ce sentiment que je suis l’élue ou ce genre de connerie. « Mais c’est pas parce-que je souhaite lui donner un coup de main que je renie ça. C’est cette partie-là que t’arrives pas à voir. » - « C’est pas ça que je dis Damon. » Ce que je déplore, c’est que faire pour le mieux dans le meilleur des monde semble passer avant mes ressentis et la détresse que j’exprime. « Laisse tomber. » Je secoue la tête avant de baisser les menton, tentant de ravaler des larmes qui menacent de tomber.

Je n’y parviens qu’un instant et, si Damon n’a pas le droit à un torrent de larmes – celui là viendra à l’abri des regards – quelques gouttes de sel roulent sur mes joues et j’enrage de ne pas avoir su les contenir. « Non non. T’as pas le droit de m’obliger à faire des choses ou non. » Je reçois la fermeté de Damon comme un uppercut dans l’estomac. Les lèvres entrouvertes, je reste muette devant ce que je reçois de la plus brusque des façons. « On m’a imposé toute ma vie ce que je pouvais et devais faire, ou au contraire ce que j’avais même pas le droit d’envisager, il est pas question que tu t’y mettes aussi. » - « Je… Ok. » Blessée, je me referme comme une huitre. Comment pourrais-je ajouter la moindre chose après ça ? « Fais ce que tu veux. » Puisque ce que moi je peux ressentir face à ses choix n’a pas lieu d’être, de toute évidence. A s’insurger de ce qui était plus un appel à l’aide qu’une véritable mise au pied du mur, il passe à côté de l’essentiel : j’ai mal au cœur et cela ne s’en ira pas de sitôt. Dans d’autres circonstances, j’aurais présenté des excuses ; je n’ai jamais eu à cœur de lui évoquer Saül d’une quelconque façon. Sauf que je suis trop braquée pour envisager de le faire là, maintenant, et le sujet bien trop sensible. « Il est peut-être pas aussi bon que je l’imagine, mais il a bon cœur j’en suis sûr. » Si tu le dis. Je secoue la tête sans rien ajouter de plus. Je n'ai plus voix au chapitre de toute évidence, et à quoi bon lui redire qu’il est bien trop naïf ? A quoi bon m’égosiller si, même lorsque je lui rapporter les mots de Constantine au sujet des dommages collatéraux, il n’entend pas ou refuse d’entendre ? J’accepte d’être la méchante de son histoire, et l’autre un Saint qui n’a fait que composer avec Saül quand nous avons tous les deux le même tort : celui d’avoir cru que nous pouvions être plus fort que l’Italien. Moi au moins, je ne me suis jamais retrouvée avec tout son attirail dans la bouche.

« Mais qu’est-ce qu’on en a à faire que ce soit Ambrose ou n’importe qui. » - « Joue pas à l’idiot. » J’ai expliqué en long en large et en travers ce qui me blesse dans cette situation, et il sait très bien quelle est la différence entre n’importe qui et quelqu’un dont il a partagé l’intimité. « Alors pourquoi t’es allée le voir, hein ? Si tu veux pas qu’il reste dans les parages, s’il doit affronter ça tout seul ? » - « Pourquoi je suis allée le voir ? » Il se moque de moi ? Il sait très bien pourquoi j’ai d’abord envisagé de tendre une main à ce type : parce que je n’avais pas la moindre idée de qui il était. « D’accord, tu voulais t’assurer que c’était pas une enflure qui voulait courir après notre nom, notre argent, peu importe. Mais t’y es allée avec une idée en tête de base qui semble être balayée maintenant que tu sais qui il est, et surtout qui il est par rapport à moi. » - « Et c’est anormal ? » Voudrait-il venir en aide et s’afficher pour quelqu’un qui a compté pour moi ? Serait-il heureux si les rôles étaient inversés ? « Je suis pas allée le voir parce que j’en ai quoi que ce soit à foutre de ce qui lui est arrivé. » Au-delà de ce que Damon m’a appris ce soir, c’est la plus stricte des vérités. L’empathie ne m’a jamais animée. Le besoin d’aider mon prochain non plus. « Je suis allée le voir parce que j’en ai marre que des hommes comme l’ex de Shiloh ou comme Saül nous blesse et s’en sortent au mieux avec une tape sur les doigts. » Je l’ai fait parce que l’issue du procès de l’ex de ma meilleure amie m’a secouée et m’a procuré un insupportable sentiment d’injustice. Ambrose Constantine est alors apparu comme un moyen d’arriver à mes fins et de faire payer l’homme d’affaires, pas comme une victime à soutenir et à consoler. « Je l’ai pas fait parce que je voulais le soutenir ou être à ses côtés. C’est ça la différence entre toi et moi, c’est ça que je supporte pas. » C’est le fait qu’il semble si prompt à vouloir voler au secours de quelqu’un qui ne le mérite pas le moins du monde en méprisant ce que cela peut me faire ressentir. Pas qu’il dénonce son père lui aussi, pas qu’il appuie les propos de son ex.

« Je retourne pas dans ses bras, Megan, c’est ça que tu comprends pas. J’ai besoin de voir Ambrose parce-qu’il veut exposer des secrets qui me concernent moi aussi, qui te concernent toi aussi. Je veux pas le retrouver, je veux pas de lui parce-qu’il a été mon amant mais parce-qu’il s’engage dans une voie qui peut nous mettre en danger. » - « Et c’est tout ? T’as pas l’intention d’aller le consoler, d’aller le prendre dans tes bras, d’aller lui frotter le dos pour lui remonter le moral et lui offrir ton soutien inconditionnel ? » Je n’y crois pas une seule seconde. J’aimerais que Damon réponde par l’affirmative et qu’il n’hésite pas. Qu’il me dise qu’il n’a que notre protection en tête et uniquement ça. Mais je sais que ce n’est pas le cas. « Si j’avais voulu d’Ambrose, je serai pas revenu vers toi, pour toi, ce jour-là. » Il est revenu parce que ma mère est morte et si à l’époque il m’a affirmé qu’il n’y avait pas la moindre contrainte ou la moindre pitié dans son attitude et ses décisions, qu’il m’arrive de me questionner à nouveau à ce sujet nous pendait au visage. Les choses auraient été plus simples s’il s’était rendu compte qu’il me voulait moi et personne d’autre dans d’autres circonstances, sans qu’aucun drame n’ait été d’actualité à l’époque. « Si je l’ai abandonné à l’aéroport ce jour-là pour te retrouver toi, c'est parce-que ça fait déjà longtemps que je t’ai choisi toi. Est-ce que t’arrives à le voir ça, que c’est pas aujourd’hui que j’ai un choix à faire parce-que je l’ai déjà fait depuis longtemps ? Que mon cœur l’a déjà fait depuis longtemps ? » Damon pleure, je pleure, et c’est un regrettable gâchis. Ce soir, je m’endormirai avec une énorme boule dans le ventre et en mouillant mes draps de larmes et pour quoi ? A choisir, j’aurais préféré que cet article ne sorte jamais, tant pis pour la vengeance, tant pis pour ce que mérite Saül. « C’est difficile Damon de se sentir spéciale, d’avoir le sentiment que j’ai une place particulière quand ce que tu es - » Doux, naïf, attentionné, sensible et aimant. « tu l’es avec tout le monde. » Ca l’est d’autant plus lorsqu’on a besoin d’être portée aux nues et d’avoir l’impression que l’on est le centre du monde de l’autre. « Je me sens pas spéciale à tes yeux quand tu fais ça. » Je me sens juste comme l’une des heureuses bénéficiaires de son incroyable générosité et de son gros cœur. J’ai l’impression que je suis là parce que j’ai provoqué les choses et volé une place qui ne m’appartient pas.