Being twins means double the trouble, but also double the fun. And snacks. Definitely double the snacks... -- @Tessa Mulligan

Assis sur le canapé avec les pieds sur Hemingway qui se magasine des gratouilles en faisant office de repose-pieds, j’écoute la télévision d’une oreille distraite. En réalité, je repense aux derniers mois qui n’ont pas été de tout repos, à Byron qui a mis ma vie sens dessus dessous. Pendant quelques semaines, j’ai vraiment cru que ma relation avec Tessa ne serait plus jamais la même à cause de lui et je suis soulagé aujourd’hui de pouvoir passer de nouveau du temps de qualité avec ma sœur jumelle. Comme avant, bien que le lien de confiance de soit pas à 100 % rétabli. Dans un sens, je me dis que je serais mal placé de lui en vouloir d’avoir fait l’erreur de ne pas venir me parler de la double-vie de Byron quand elle a toujours été là pour moi et que je suis loin de prendre les meilleures décisions, surtout ces temps-ci. Même si ma petite voix me disait de prendre mes jambes à mon cou, je n’ai pu faire autrement que de laisser une deuxième chance à Byron parce que je l’aimais toujours, seulement pour comprendre un mois plus tard que je ne serai jamais capable de lui refaire confiance et que notre couple est voué à l’échec. Je suis donc officiellement célibataire depuis avril et même si cette histoire me serre encore le cœur, je me suis fait à l’idée que c’était pour le mieux. Je ne sais pas trop ce que l’avenir me réserve sur le plan amoureux, pas une autre déception j’espère, mais en attendant j’essaie de me concentrer sur mes études parce que je suis enfin sur la dernière ligne droite. C’est en septembre que j’obtiendrai mon diplôme et que je n’aurai enfin plus à conjuguer travail et études. J'ai vraiment hâte et je suis fier d’avoir réussi ce retour aux études parce que c’était loin d’être simple après toutes ces années.

Insatisfait que je ne bouge plus mon pied depuis quelques temps maintenant, Hemingway roule sur son dos pour me présenter son ventre en pleurant, me sortant ainsi de mes pensées. « Pardon pardon, je ne t’avais oublié. » dis-je en me penchant pour le flatter d’une main en riant. Quelques secondes plus tard, je tourne soudainement la tête vers ma sœur en lâchant un « Ah! », me rappelant du nom du sentier dont je lui parlais un peu plus tôt. « Je m’en souviens là! » Je me redresse et je sors mon téléphone de ma poche, seulement pour me rendre compte que ma batterie est à plat. « Ah merde, ma batterie est morte. Tu me passes le tien? Je vais te montrer. Tu vas voir, ça a l’air vraiment chouette. Je me dis qu’on pourrait aller s’y balader bientôt. » Petit regard vers Hemingway qui me fixe du coin de l’œil. « Avec la grosse patate bien sûr. » Je lui donne une gratouille sur la tête avant de saisir le téléphone que Tessa me tend en la remerciant. Je déverrouille l’écran avec son code (évidemment que je le connais comme elle connait le mien), mais avant même d’avoir le temps d’ouvrir une page internet, mon regard se pose sur des SMS qu’elle a échangés avec un certain Maël. Je ne suis pas du genre à lire les conversations des gens (pas comme passer devant chez mon ex par curiosité, ça c’est une autre histoire), ce n’est pas ma faute si c’est son application de messagerie qui s’est ouverte directement… « C’est qui Maël? » Au départ ma question est innocente, mais rapidement, j’aperçois plein de petits cœurs entre les différents messages qu’ils s’échangent. Petit sourire en coin, je lance un regard de biais à ma sœur en éloignant le téléphone au cas où elle voudrait me l’enlever. « Tessaaaaaaaaaaa? » Je lui rends finalement son téléphone, puis je pivote mon corps pour lui faire face, remontant une jambe sur le canapé tandis que j’appuie ma joue dans ma paume, le bras contre le dossier. « C’est qui, Maël? » que je demande en battant des cils. « Est-ce que tu vois quelqu’un? Et tu m’as rien dit? Je veux TOUT savoir. » À défaut d’avoir une vie amoureuse saine, laissez-moi vivre à travers celle de ma sœur merci.

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« Oui vas y prend-le. C’est une excellente idée. Ça fait longtemps qu’on n’a pas fait de rando tous les deux. » Entre le boulot et le travail depuis deux ans, je ne me souviens pas c’était quand la dernière fois que j’ai pris le temps de faire une randonnée. Après tout ce qu’il s’est passé ces derniers mois, je me dis que ça va me faire le plus grand bien de prendre un grand bol d’air frais. Mes poumons de fumeur ne seront probablement pas du même avis, mais peu importe, la condition cardiaque de Tessa devrait me permettre de suivre le rythme sans trop prendre de retard. « Je risque d’avoir du mal à marcher le lendemain, il ne faudra pas se moquer. J’ai pas fait grand-chose ces dernières années disons… » dis-je avant de me racler la gorge en prenant le téléphone de Tessa, bien loin de me douter de la découverte intéressante que j’allais faire. Ma sœur, fréquenter quelqu’un? Quelque part j’aurais aimé qu’elle m’en parle, mais en même temps, on a tous notre jardin secret, moi le premier. Je ne me suis pas vanté d’avoir donné une deuxième chance à Byron sur le coup, ni même d’avoir embrassé Andy le lendemain de Noël parce que j’avais besoin de réconfort. Il vaut mieux que personne ne le sache, je vois déjà tous les reproches qu’on risque de me faire en essayant de me rappeler à quel point il m’a fait souffert, comme si je ne m’en souvenais plus. En attendant, la vie amoureuse de Tessa semble bien plus excitante que la mienne présentement.  « Quoi ? » Je sais qu’elle a bien compris, raison pour laquelle je me contente de lui sourire sans dire un mot. Sans qu’elle ne dise rien de plus, je peux voir dans son regard ses pensées se bousculer, cherchant sans doute quoi me répondre.

« Oh c’est... c’est juste... un collègue de travail. » Les lèvres pincées, je hoche la tête.  Bien sûr. Si ça peut lui faire plaisir de penser que je la crois deux minutes… « Enfin non, un bénévole du refuge, mais tu n’as jamais dû le voir. » Le regard plongé dans le sien je passe une main dans mes bouclettes pour dégager mon front. « Je te donne une deuxième chance, allez. C’est un collègue ou un bénévole? Choisis bien. » La bouche entrouverte, j’ai du mal à cacher mon amusement alors que ma langue sort de ma bouche, appuyée contre le coin de mes lèvres. Elle voit quelqu’un je serais prêt à parier toutes mes économies là-dessus, il suffit qu’à voir le teint pourpre de ses joues et à l’entendre rire nerveusement pour le comprendre. « Quoi, non haha... Qu’est-ce qui te fait dire ça ?! » Je fronce les sourcils en lâchant un hmmmmmm, faisant mine de réfléchir. L’instant d’après, je pointe son visage d’un doigt en faisant un cercle. « Ça? » Ma sœur jumelle, je la connais par cœur. Ses mensonges flagrants, elle peut les garder pour quelqu’un d’autre. « C’est pas ce que tu crois. C’est juste une connaissance, on se parle de temps en temps. C’est tout. » Mais bien sûr bis. Je lève les yeux au ciel en riant. « Une connaissance à qui tu envoies plein de petits cœurs? Si c’était Lawrence, je ne me serais pas posé de questions, mais une connaissance? » Malgré tout ce que je dis, elle semble prête à nier l’intérêt qu’elle a pour ce Maël que je ne connais pas, prête à tout pour parler d’autre chose que ce sujet gênant pour elle, mais si amusant pour moi. « Donc ce sentier ?! Il est dans le coin ? » Je hoche la tête en haussant les sourcils. « Pourquoi? Tu veux y aller avec le beau Maël? » D’une main, je saisis le coussin derrière moi et je le lance doucement dans le visage de ma sœur. « T’as clairement pas vu ton visage rouge homard pour penser être crédible. Avec moi en plus! » Je pourrais faire semblant d’être vexé, mais non, ses réactions me font beaucoup trop rire. Au final, on se ressemble sur beaucoup de points elle et moi. « Oh allez s’il te plait, donne-moi quelque chose à me mettre sous la dent. Ma vie amoureuse est une catastrophe, laisse-moi au moins rêver à propos de la tienne. » dis-je en accompagnant mes paroles d’un petit coup de coude dans ses cotes. Tout ce que je veux, c’est son bonheur. Parce que malgré nos différends d’un peu plus tôt cette année, elle le mérite plus que quiconque.

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« Tu devrais arrêter de fumer... Si j’ai pu diminuer mes doses de caféine, tu devrais pouvoir ralentir ce truc qui te crame la santé ! C’est gentil de vouloir égaler les superbes perf’ de mon cœur en mousse... Mais je préférerai te garder le plus longtemps possible à mes côtés ! En plus j'ai lu une étude disant que ça favorisait l'alopécie et je tiens à tes boucles ! » Honteusement, je baisse les yeux. Je sais que la cigarette est mauvaise pour la santé comme n’importe qui, mais je ne me sens pas prêt d’arrêter quand je fume depuis que j’ai quatorze ou quinze ans. La cigarette me sert si souvent d’échappatoire lorsque je me retrouve dans une situation anxiogène, sans parler du côté addictif de la nicotine, je suis persuadé que je n’y arriverai pas alors je continue plutôt que de vivre un échec de plus dans ma vie. « Je sais que c’est mauvais, mais je ne sais pas… Je ne pense pas que je réussirais. » Surtout pas ces temps-ci alors que je vis beaucoup de gros changements de ma vie. Ma séparation avec Byron, mes retrouvailles avec Andy et ma graduation prochaine. J’ai hâte de terminer mes études pour enfin avoir plus de temps pour moi, moins de devoir aller porter des curriculum vitae et de passer des entrevus. Ça m’angoisse rien que d’y penser, j’ai envie de fumer. « Et je pense que mes bouclettes vont s’en sortir, on a de bons gênes. » ajouté-je avec un petit sourire en coin. Heureusement pour moi, j’arrive à changer la discussion de direction en faisant une découverte plus qu’intéressante sur le téléphone de ma sœur sans même le vouloir. Je veux en savoir plus, j’ai besoin d’en savoir plus. Les réactions de Tessa ne m’aident pas à me satisfaire de ses réponses évasives. « Oublie, c’est pas important de toute façon. » « Ça me semble important. » réponds-je du tac au tac. Les petits cœurs attirent mon attention, surtout. « Je ne lui envoie pas «plein» de petits cœurs... » Je dodeline la tête, les sourcils froncés. « Un peu quand même. » Les yeux rieurs, je mime un petit peu avec mes doigts. J’en ajoute une couche en lui lançant le coussin tout en décrivant son teint pourpre qui ne laisse aucun doute. « Achève-moi s’il te plait ! » Je ris. «  Pour me priver de ma télésérie préférée? Jamais de la vie. » Je pose le dessus de ma main contre mon front et je me laisse glisser sur le canapé comme si j’étais en train de fondre à la vue de Maël avant de reprendre place sur le canapé en riant.

« Bon ok... je rends les armes. » Yesssssssss. « Mais je t’ai pas menti... on sort pas ensemble lui et moi. Je le connais depuis quelques mois... Tu te rappelles, je t’avais dit que Zoya m’avait fait un profil sur un site de rencontres ? » Hm hm. Je hoche la tête, le menton appuyé dans mes paumes sans la quitter des yeux pour ne rien manquer au spectacle. « On a commencé à se parler et... il m’a proposé d’aller boire un café y a quelques mois de ça... et depuis on se parle et on se voit régulièrement... » L’esquisse d’un sourire apparait sur mes lèvres avant de grandir lentement jusqu’à ce qu’il prenne toute la place sur ma figure. « En tant qu’amis ! Il ne cherche pas à se mettre avec quelqu’un... et moi non plus. » Mais oui, c’est connu que les gens s’inscrivent sur Tinder pour se faire des amis… Je devrais peut-être essayer, mais j’ai trop peur de tomber sur des gens peu recommandables. Je ne crois pas en mon jugement… « Comme c’est dommage. » Je ne connais pas Maël, ni ce qu’il ressent pour ma sœur, mais je connais assez Tessa pour savoir qu’elle ressent de l’attirance pour lui. Si ce n’était pas le cas, elle ne serait pas aussi gênée de m’en parler. Son langage corporel ne ment pas. « On habite ensemble... » Sans la quitter du regard, je croise mes doigts et je pose mes mains sur mes cuisses. « Tu vois un mec rencontré sur Tinder depuis des mois sans jamais avoir prononcé son nom devant moi et tu essaies de me faire avaler qu’il n’y a rien de plus que de l’amitié alors que tu rougies comme si c’est la première fois qu’un gars te plait? » Je me mords la lèvre inférieure pour me retenir de rire. Je ne sais pas qui d’elle ou moi elle essaie de convaincre, mais je la trouve mignonne. « Ça fait longtemps que je ne t’ai pas vue comme ça… » Mon sourire est sincère, mon regard attendri. En vérité, j’ai presque la larme à l’œil tellement je suis content pour elle. Je ne sais pas si sa relation avec lui va déboucher sur plus qu’une amitié, mais ça me fait plaisir de croire qu’il s’agit d’une histoire naissante. « T’as une photo? » demandé-je en haussant les sourcils rapidement. Ma sœur a bon goût, il ne suffit que de penser aux fines herbes, alors je suis persuadé que Maël doit être charmant. « Il est gentil? C’est un mec bien? » Je serais incapable d’être violent, Lawrence est là pour ça, mais je veille au grain quand il s’agit de ma sœur.

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« Je me doute. Je veux juste pas te perdre ! » C’est sans doute naïf de ma part de penser que ça n’arrive qu’aux autres quand la maladie pourrait tout aussi bien me toucher considérant les années depuis lesquelles je fume. Pour l’instant, par contre, ce n’est pas moi qui suis malade, mais ma sœur jumelle. « Quoi, tu veux pas que mes poumons fassent compétition à ton cœur? » Ok, ce n’est sans doute pas drôle, mais je me sers de l’humour pour détendre l’atmosphère alors qu’on parle d’un sujet qui ne me rend pas forcément à l’aise. « J’essaierai peut-être d’arrêter un jour… mais je ne veux pas faire de promesse que je ne sais pas si je pourrai tenir. » finis-je par dire en souriant un peu mal à l’aise, persuadé que je n’ai pas ce qu’il faut pour réussir comme dans bien des domaines de ma vie où j’accumule les échecs. « J’espère bien, j’y tiens trop pour les voir disparaître ! » Je tente d’avoir l’air le plus sérieux du monde tandis que je grimace comme si j’avais fait quelque chose de mal. « Oh, je ne t’ai pas dit… j’ai rendez-vous demain chez le coiffeur, je me fais raser la tête… » Elle sait sans doute aussi bien que moi que je serais incapable de faire une telle chose, mais si mes cheveux repousseront. Bon sauf peut-être pour le défi tête rasée si jamais quelqu’un que je connais souffre d’un cancer, mais ce n’est pas le cas actuellement. Rapidement, un petit sourire réapparait au coin de mes lèvres. « Same. » Je lui souris en penchant vers elle ma tête pour chatouiller sa joue avec mes bouclettes.

« Question de point de vue. » répond Tessa et je ne vois aucun point de vue où sa vie sentimentale ne serait pas importante, surtout pas quand quelqu’un a clairement pointé le bout de son nez dans son cœur. « On a le même point de vue. » Je passe ma langue sur mes lèvres pour cacher mon amusement. J’aime me moquer d’elle gentiment et je sais qu’elle ferait exactement la même chose si les rôles étaient inversés, sans jamais dépasser la ligne à ne pas franchir, bien sûr. « HAHA, très drôle ! » - « Hmmmmmmm oui, très drôle. » Je lui donne un petit coup de coude, le regard pétillant. Ce qui m’amuse le plus, c’est surtout le fait que ma sœur se compromet elle-même, même quand je n’essaie pas de lui tirer les vers du nez. « Dommage oui... » Je ris. « Enfin non c’est pas ce que je voulais dire. On est tous les deux sur la même longueur d’onde. C’est bien comme ça. » Hm hm. Je l’observe attentivement en hochant lentement la tête, les sourcils froncés. « Vous vous intéressés tous les deux, donc. » J’écoute, elle a dit qu’ils étaient sur la même longueur d’onde et je sais de quel côté elle se situe… Elle ment mal, ma sœur, du moins à moi quand je peux presque savoir ce à quoi elle pense. « C’est sûr que dit comme ça... » - « Bah c’est ça. » Je la questionne sur le fameux gars pour savoir si je peux lui faire confiance, même si je sais d’avance que je risque d’avoir du mal à lui accorder après ce que j’ai vécu, craignant que ma sœur se fasse blesser à son tour. « C’est un mec bien oui rassure-toi et il est adorable, je pense que tu l’aimerai bien. Il donne des cours de français dans les cours de jour, tu sais pour les adultes... et il est traducteur aussi, il aimerait se mettre en indépendant, mais c’est un peu compliqué.  » Je hausse les sourcils, clairement impressionné. « D’accord, c’est un bon début. Fais-moi plaisir et dis-moi que son nom de famille n’est ni Oberkampf, ni Hall? » C’est seulement après avoir dit ça que mon regard se pose sur le téléphone de Tessa et que mon cœur fait un bon en comprenant de qui il s’agit. Les yeux exorbités, je fixe ma sœur qui ne me regarde pas avant de rebaisser les yeux vers le téléphone. Son Maël, nos routes se sont croisées il y a dix ans. Il y a même eu du flirt entre nous et même un baiser avant que je ne prétende aller aux toilettes simplement pour disparaître. « Mael a une fille, elle va bientôt avoir six ans. Tu verrais comment il parle d’elle... Je l’aime bien... mais je ne sais pas s’il ressent la même chose. Tu comprends il a sa fille, elle passe avant tout le reste... Et je comprends, à sa place je ferais la même chose. » Ma sœur parle, mais je n’entends rien, trop préoccupé à penser au moment où elle me le présentera, au moment où il va lui aussi se rappeler de moi. Une partie de moi a envie de dire la vérité à Tessa puisque je lui ai longtemps reproché de m’avoir caché la vérité sur Byron, mais j’ai peur que ce flirt sans importance gâche tout alors qu’elle ressent visiblement quelque chose pour lui. « Tu disais qu’il a une fille? » C’est sans doute le seul mot que j’ai compris dans ce qu’elle a dit, je dois faire avec ça pour qu’elle ne se rende compte de rien. « Ça te fait quoi, de… peut-être devenir belle-mère? » Une question pour détourner l’attention, en espérant que ça suffira.

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« Exactement ! On a dit un seul cas désespéré par famille et on a déjà largement dépassé ce cota entre Freddy qui agit comme un imbécile... et moi qui plombe l’ambiance avec ma santé en carton ! » Visiblement, Tessa a oublié toutes les conneries que j’ai pu faire dans ma vie parce que ce n’est certainement pas moi l’exemple à suivre des Mulligan. Je suis le dernier à terminer mes études et la seule fois où j’ai présenté quelqu’un à notre famille, ça s’est très mal terminé. Qui plus est, j’habite chez ma sœur à qui je ne paie qu’un minuscule loyer à l’âge de trente ans… « Tu peux m’ajouter dans l’équation je pense. Mon année sabbatique s’est transformée en décennie, j’ai accumulé les boulots merdiques pendant plus de dix ans et mes relations amoureuses ne durent même pas un an alors… » Sans parler de mes quelques démêlés avec la justice et le fait que j’ai été itinérant pendant quelques mois en 2021. Peut-être que mes ex sont à blâmer pour mes séparations, mais j’ai quand même été naïf de croire en eux les deux fois alors que j’aurais mieux fait de me méfier. À mes yeux, c’est bien la définition d’un cas désespéré. En plus, je ne suis même pas capable d’arrêter de fumer - ou même de juste songer à essayer d’arrêter – alors que je fume depuis que j’ai quatorze-ans. « Hey, je ne te mets pas la pression et je ne te demande pas de me promettre quoi que ce soit. » Les bras croisés contre mon torse, je hoche la tête en lui souriant doucement. « Je sais, t’inquiète… » C’est bien la dernière personne sur Terre de qui je ressens une pression quelconque sur mes épaules. Pour la taquiner, je fais semblant de vouloir me raser la tête, mais même ça, j’en serais incapable. « Touché en plein cœur ! Et moi qui pensait que tu ne voulais que mon bien. » - « Évidemment que je veux ton bien. C’est pour ça que je veux me raser la tête car je sais que sinon mon charme t’empêche de trouver ta perle rare. » dis-je en envoyant valser vers l’arrière mes bouclettes d’un coup de tête. Heureusement pour elle, mais surtout pour moi, je ne compte pas toucher à ma tête si ce n’est que pour entretenir mes boucles un peu. « Je préfère ça ! »

Finalement, peut-être que je n’aurai pas besoin de me raser la tête pour que le cœur de Tessa fonde pour un homme. Semble-t-il que depuis un moment déjà qu’elle discute avec quelqu’un sous mon nez sans que je ne m’en rende compte. « Quoi ?! Non j’ai jamais dit ça ! » L’air amusé, je hausse les sourcils en riant. « T’as dit que vous étiez sur la même longueur d’ondes, je te connais assez pour savoir comment tu te sens par rapport à ce Ma-ël. Toi et moi on est sur la même fréquence, t’as oublié? » Elle ne peut rien me cacher, ou presque. Après ce que j’ai vécu avec Andy et Byron, plus Freddy qui s’est ramassé avec une fille qu’il a abandonnée, j’espère sincèrement que tout se passera bien pour Tessa. Elle a déjà bien assez de la condition de son cœur à gérer, elle mérite tout sauf une déception amoureuse. J’ai envie de la voir heureuse, même si ça me fait un pincement au cœur de penser que je perdrai peut-être un peu ma place privilégiée auprès d’elle. « Wood. Rien à voir avec eux. » Rassuré, je hoche la tête comme pour lui donner mon approbation. « Ok, c’est bon alors. J’ai hâte de le rencontrer. » Parce que je suis convaincu qu’ils en arriveront là, j’ai un bon pressentiment.

Si Tessa et Maël forment un couple, ma sœur deviendra officiellement la belle-mère d’une gamine de six ans. Si je suis convaincu qu’elle sera merveilleuse dans son rôle, il reste que ça amènera son lot de responsabilités et ce n’est pas tout le monde qui serait prêt à se lancer dans cette aventure. La petite sera choyée et j’espère que ma jumelle se plaira dans cette position après ce qu’elle a vécu. « Alma oui. Je ne sais pas trop... Elle va peut-être me détester alors je ne devrais peut-être pas m’emballer... De toute façon, Maël ne préfère pas me la présenter et je ne compte pas lui demander. Il le fera s’il le souhaite. » Ma langue claque sur mon palais tandis que je lève les yeux au ciel. « Sérieusement? Tu sais bien que c’est impossible de te détester. » Sauf peut-être de la part de Byron, mais ça c’est juste parce qu’il n’a pas su mettre ses culottes pour me dire la vérité. « ça viendra, je suis sûr qu’il veut juste attendre de voir si ce sera sérieux entre vous avant de le faire. » dis-je en lui souriant, me voulant rassurant. « Comment tu le trouves ? » Sa question me prend par surprise comme en témoignent mes sourcils haussés et ma bouche entrouverte. « Hein? » Je baisse les yeux sur son téléphone, puis je me mets à rire nerveusement. « Ahhhhhh bah il est mignon. Tu as bon goût. » Les mêmes que moi, bordel que c’est malaisant. « Quand il sourit, il a une petite fossette juste au creux de sa joue... et quand il parle français... » Heureusement pour moi, elle semble trop concentrée à être gaga en parlant de Maël pour remarquer mon attitude un peu bizarre. « Je me sens si... stupide. Regarde-moi on dirait que j’ai quinze ans ! Je sais pas quoi faire Link, je ne sais même pas si je lui plais, ça se trouve il a déjà une copine et je m’emballe pour rien... Peut-être même qu’il est gay ! » Je ne peux m’empêcher de rire en la voyant ainsi, ça me fait vraiment plaisir après toutes ces années. « C’est bien la preuve qu’il te plait, non? Et puis tu es si drôle quand tu es comme ça! » Je lui donne un petit coup de coude taquin, les yeux pétillants. « Il a eu une fille avec une femme, non? » Bon ok, ça ne veut rien dire, il n’y a qu’à regarder Andy… « Si tu n’étais qu’une amie à ses yeux, pourquoi il ne voudrait pas te présenter sa fille? Il aurait peur de quoi? » Je me cale dans le canapé en passant un bras autour de ses épaules pour l’attirer vers moi pour l’étreindre. « Ça va bien aller. Il n’y a qu’une façon de savoir comment il se sent… » Je sais que ce n’est pas facile de faire un pas vers l’autre, de risquer de recevoir un refus, mais selon ce que ma sœur me dit, je suis confiant pour elle. « Imagine que c’est l’homme de ta vie? Ce ne serait pas beau ça? » Je le souhaite tellement, j’ai besoin qu’elle me fasse rêver.

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« On est une belle brochette ! Ca m’étonne que les parents nous tolèrent toujours ! » Peu importe les conneries que nous pouvons faire, nous serons toujours leurs enfants et malgré la frustration et la déception qu’ils peuvent ressentir par moment, ils seront toujours derrière nous. C’est ça l’amour inconditionnel d’un parent. Peut-être que nous ne suivons pas toujours le parcours qu’ils auraient aimé pour nous, mais considérant qu’aucun de nous trois n’a fini sa vie en prison, on peut dire qu’on s’en sort relativement bien. Nous avons chacun nos problèmes, chacun nos difficultés, mais nous continuons à avancer en surpassant les épreuves aussi difficiles soient-elles. « J’imagine que ça aide de ne plus nous endurer en permanence maintenant que nous n’habitons plus chez eux. » réponds-je en riant même si je suis convaincu qu’ils accepteraient de nous reprendre temporairement pour nous remettre sur pieds si besoin. « Mais moi je suis fière de toi tu sais, tu as réussi à rebondir et tu as repris tes études. Tu as juste mis plus de temps à trouver ta voie, mais sois fier de toi ! » Je lui souris sincèrement, fier de ce que j’ai accompli ces dernières années malgré ce qu’il s’est passé avec Byron. « Je le suis, je ne pensais jamais avoir le courage de retourner à l’école depuis le temps. » Dans un milieu si masculin en plus avec des étudiants beaucoup plus jeunes que moi pour la plupart. « Ce n’est peut-être pas un diplôme universitaire, mais ça me plait. » Impossible de ne pas me comparer, c’est comme une seconde nature pour moi. « Juste de retrouver du temps libre, ça va faire un bien de fou. » Parce que les deux dernières années à courir entre mon travail et l’école n’ont pas été de tout repos. C’est une année de changement, peut-être devrais-je en profiter pour changer de tête? Naaaaaaaah. « C’est bien évidemment pour cette seule raison que je suis célibataire. » - « Pour quelle autre? Tu es parfaite, ça ne peut être que ça. » Si Freddy est capable de faire des rencontres, j’ai espoir que ma sœur rencontre quelqu’un de bien sans trop de difficulté.

Finalement, c’est sans doute chose faite, ce qu’elle a bien essayé de garder pour elle, petite cachottière! « Comment je pourrais oublier ! » Visiblement, notre connexion a besoin d’être réajustée parce que je n’avais rien remarqué avant aujourd’hui. La voir aussi souriante en pensant à un mec m’attendrit. J’ai toujours adoré qu’elle me parle de ses histoires, je pourrais l’écouter pendant des heures, la tête appuyée dans une main. Je ne suis pas du genre commère pourtant, mais voilà, c’est comme si j’attendais le prochain épisode de ma série préférée. « Moi aussi, je suis certaine qu’il va te plaire et que vous allez bien vous entendre... » Je hoche la tête, confiant aussi. Tessa et moi nous entendons tellement bien, je vois difficilement comment l’homme qui partagera sa vie pourrait être différent au point où lui et moi ça ne fonctionnerait pas. À part Freddy, nous avons tendance à nous tenir avec les mêmes personnes, à partager les mêmes amis comme Erin, Adriel et Sixtine. Elle s’entendait bien avec Byron aussi avant de savoir qu’il n’était pas tout à fait honnête, mais bon ça c’est un peu plus compliqué. « Je ne suis pas inquiet. » dis-je en souriant à pleines dents.

« Mouais... je suis sûre que certaines personnes ne sont pas de ton avis. » Est-ce vraiment de la faute de Tessa si c’est la double vie de Byron qui a causé leur éloignement, puis le nôtre par conséquent? « Il l’a un peu cherché quand même… » Byron et moi avons été officiellement en couple pendant huit mois, sans parler les mois d’avant durant lesquels nous passions du temps ensemble. Des occasions pour me parler de son deuxième métier, il en a eues suffisamment. Tessa lui a même laissé l’opportunité de m’en parler en premier, mais il ne l’a pas fait, ayant le culot de venir au repas de Noël des Mulligan malgré tout. Sur ce coup-là, mon ex n’a pas été le pingouin qui glissait le plus loin, le pogo le plus dégelé de la boîte ou encore le crayon le plus aiguisé de la boîte, au choix. Ça m’a incroyablement blessé, mais j’essaie de regarder en avant pour ne pas rester coincé dans le passé comme je l’ai été pendant plus de dix ans après la trahison d’Andy. C’est parfois plus facile à dire qu’à faire, mais bon… Je ne m’attarde pas davantage sur le sujet Byron, préférant largement vivre la potentielle histoire d’amour à travers le regard de ma sœur. « Je sais bien oui, mais ça m’effraie un peu. » Je passe une main dans le haut de son dos pour le frictionner. « Je comprends et c’est normal tu sais? Mais il n’y a pas de raison pour qu’elle ne t’aime pas… La maman est comment? » C’était plutôt ça l’élément qui pourrait tout compliquer. « Ca fait si longtemps que j’ai pas ressenti ça Link. Je ne sais pas si je suis prête. » Je lâche un ahhhhhhhh en me dandinant sans pouvoir arrêter de sourire, excité pour elle. « Je suis si content pour toi! » Je passe mes bras autour de ses épaules pour la serrer fort dans mes bras. « Tu mérites tellement d’être heureuse et de rencontrer quelqu’un de bien. » Mais je peux comprendre sa peur, surtout alors qu’elle craint que ses sentiments pour lui ne soient pas réciproques. Faire part de ses sentiments à l’autre, c’est prendre le risque de se faire rejeter, mais aussi la chance que ce soit le début de quelque chose de beau. « J’en sais rien, tu as peut-être raison. » - « J’AI raison. » Je doute souvent de moi, mais là-dessus, je suis assez confiant. « Si on m’avait dit que je le trouverai via une appli... je me serai inscrite bien plus tôt... » Je ris, la tête appuyée contre la sienne, l’air rêveur. « C’est aussi une question de timing, peut-être que tu serais tombée sur un imbécile plus tôt. » - « Ne dit pas ça à Zoya, elle va déjà assez jubiler quand elle va savoir pour Maël, inutile de lui dire qu’elle avait raison ! » Le sourire aux lèvres, j’attrape son petit doigt avec le mien en signe de promesse. « Promis. Elle est gentille Zoya, mais je serai toujours derrière toi. » Je me permets de taquiner Tessa lorsque nous sommes ensemble, mais le but n’est pas de la rendre mal à l’aise non plus en impliquant les autres. « Tu devrais peut-être tenter, on sait jamais ! » Je hausse les sourcils d’un air surpris. « Moi, sur une application de rencontres? Je ne pense pas non… » C’est un plan pour que je fasse comme avec Dave et Byron la première fois en plantant mon prétendant, peut-être même avant de l’avoir rencontré en personne, je sais que j’ai le don de prendre la fuite quand le stress devient trop intense. « Je veux prendre mon temps, je n’ai pas envie d’être déçu une fois de plus… » lâché-je d’une voix un peu triste, espérant que l’adage jamais deux sans trois ne se réalisera pas me concernant. « C’est pas grave, je rêverai en te regardant avec le beau Maël, ça me suffit pour l’instant. » Je remue l’épaule sur laquelle nos têtes sont posées pour la taquiner un peu. Peut-être que Noël ne sera pas aussi déprimant cette année chez les Mulligan. Je l’espère pour elle, en tout cas.