« Haaah.. Quoi, tu me prends pour une ado en rut ? Tu me fais chier, De Luca. » La réponse l’amuse et il ne peut pas dissimuler son sourire amusé, un sourcil levé tout en la fixant avec ce petit air provocateur dont il est le seul à avoir le secret. « Ou une femme de goût, » qu’il réplique avec le même ton mais son sourire se fait plus complice. Oui, il la charrie ou alors il flirte, surfant sur la vague du qui aime bien, châtie bien. Avec Zelda, ce jeu a toujours été simple. « Moi, être subtile ? Après plusieurs verres et une envie de m’envoyer en l’air ? Tu me connais très mal de ce côté-là. » Pris à son propre jeu, il encaisse la remarque sans perdre son sourire ... désormais, il est un peu perturbé par la remarque d’autant plus qu’elle se rapproche de lui et qu’elle vient lui souffler au creux de l’oreille d’autres paroles, qui éveillent une drôle de fantaisie. « Je sais que je suis le fantasme de pas mal de gens, mais désolée de te décevoir, si j’avais vraiment voulu te déshabiller, ton t-shirt serait déjà en lambeaux à tes pieds, et toi plaqué contre le mur. ». Il la toise plus qu’il ne la regarde. Elle déballe son show en se dirigeant vers le canapé et il se surprendrait presque à suivre les mouvements de ses hanches. Depuis quand trouve-t-il Zelda séduisante ? La réponse se trouve sur son annulaire dénudé de son alliance et les bouteilles qui trônent sur la table. L'appel du mal ... on soigne le mal par le mal, pas vrai ? Alors ils s’offrent même la folie d’autres verres.

« Ouaaais. On en reparle dans un mois ou deux, homme-italien-dans-la-force-de-l’âge-fraîchement-célibataire-après-mille-ans-de-mariage. » « Un mois ou deux ? C'est la période officielle ? » qu’il marmonne, amusé, avant de boire un nouveau verre. Le mal par le mal, je vous dis. Jouant avec son verre du bout des doigts, son regard est néanmoins attiré par ses jambes interminables qui se décroisent. Le regard retrouve alors lentement les lèvres de Zelda. « Sans rancune pour tout à l’heure, hein. J’espère que tu réussiras à passer outre ton rêve de me voir te déshabiller. » « La soirée est pas encore terminée ... je crois ... », dit-il dans un souffle tout en s’enfonçant davantage dans son canapé. Et la soirée continue ... jusqu’à ce qu’elle finisse par lancer avec cette assurance :« Bon. Tu vas me faire visiter le reste de ta garçonnière un jour, ou quoi ?? En plus, j’risque d’avoir besoin d’un matelas où dormir, l’alcool tabasse et la bouteille est même pas encore terminée. » La demande l’amuse et il la fixe, les lèvres pincées, les mains posées à plat sur ses genoux. Dans son esprit, de drôles pensées et d’idées qu’il ferait sans doute mieux d’oublier. « On y va ... tu vas encore une fois te foutre de ma gueule mais je suis prêt à encaisser », qu’il lance en se levant, en prenant appui sur ses genoux pour finalement lui faire face. Elle va se foutre de sa gueule et du fait qu’il ait laissé absolument tout entre les mains d’un architecte et d’une équipe qui se sont occupées de la décoration. Comme elle avait dit, les enfants allaient y mettre un peu de vie. Un signe de tête et il la dépasse pour finalement l’inviter à se perdre dans les couloirs de cette résidence bien trop grande ... ou pas assez grande pour un quarantenaire en crise. Il fait la description des pièces pour finalement venir caler son épaule dans l’embrasure de la porte de sa chambre et de tourner la tête vers Zelda. « Par contre, y’a pas de chambre d’amis ici ... et oublie l’idée que je te laisse mon lit et me cale sur ce canapé ... j’ai plus l’âge d’être galant ... », la voix grave teintée de l’accent italien a quelque chose d’amusant et pas du tout de romantique ou charmeur. Son regard se pose sur le profil de la brune. Il s’amuse.

« Ah, parce que t'as déjà été galant toi ? Première nouvelle. T'as quel âge pour me demander de pioncer sur la moquette moche de ton chez toi, en fait ? », elle est plantée devant lui, les bras croisés et il vient poser sa main sur son visage pour la pousser doucement en marmonnant quelques jurons en italien, pas bien méchants mais spontanés. Il fait un pas dans la chambre alors que l’expertise continue. Génial. « Putain, regarde-moi çaaa ! Tu dois avoir au moins cinquante coussins sur ton pieu. Je claaamse, qu'est-ce que c'est que ce bordel. », il lâche un éclat de rire, les bras croisés et hausse les épaules. Pas vraiment son choix final. Il avait toujours laissé Val s’occuper de tout. la preuve était cette maison sans vie. « T'as toujours peur de me sauter dessus si on dort dans le même lit alors qu'on peut faire une muraille de coussins avec tout ça ??? On séparera le lit en deux si tu veux. » « Je me demande lequel de ces oreillers va me servir d’arme de crime pour t’étouffer et arrêter de dire des conneries », dit-il en se redressant, faisant mine d’être vexé. La femme de ménage s’occupait de faire son lit – et il n’en avait pas honte – et elle devait passer plusieurs minutes à positionner les coussins. Sans doute le prenait-elle pour un fou, elle aussi. « J'suis désolée, je pensais pas foutre un pied dans ta chambre un jour, encore moins pour avoir un tel fou rire, mais... here we are, I guess. » « Tu sais que tu es en train de piétiner mon égo là … maintenant … » dit-il d’une voix rieuse, bien loin du compte. « Ma parole, pour t'envoyer en l'air, faut trois jours ouvrés le temps de poser tes p'tits chaussons, de retirer ton petit pyjama plan-plan, et de retirer tout tes coussins par ordre de taille et par couleur ? » Le regard d’Ugo suit celui de son amie, se pose sur le lit. « Je sais pas. Jamais testé. Tu veux vérifier ? », qu’il demande avec le plus grand sérieux, un sourcil levé et ayant fait un pas dans sa direction.

Pas de rire. Juste un sourire. Est-ce qu’il est en train de la prendre à son propre jeu ? Il plante son regard dans le sien, lève un sourcil, un sourire provocateur accroché à ses lèvres.

Ces abrutis se charrient, se châtient et jouent sur une corde sensible. Putain de corde sensible. Qui aime châtie bien, c'est ce qu'on dit ... à ce qu’il parait. Il n’en avait jamais fait la preuve avec Zelda, du moins pas jusqu’à s’imaginer se retrouver dans une position comme celle-ci. Mais, elle l’emmerde tellement qu’il est contraint de la pousser dans ses retranchements. Il est contraint d’agir comme ça pour au moins avoir un tantinet l’effet de surprise, pour essayer de participer à cet échange vertigineux. Putain ! Elle fait un pas vers lui et il ne peut pas réprimer son sourire quand elle vient planter son regard dans le sien. Une invitation à un jeu dangereux, évidemment qu’elle serait de la partie. « Peut-être », il ne cille pas. Il se contente de garder son regard planter dans le sien alors qu’elle pose son index sur son torse. Baston de regards à la Lascars. Il ne penche que légèrement la tête quand elle laisse son index glisser le long de son torse pour rejoindre son pantalon. S’il n’avait usé que des paroles, Zelda passait la vitesse supérieure. Quelle surprise, me direz-vous ! Ugo n’est, en effet, pas vraiment surpris de la voir réagir … il est juste surpris de l’effet qu’a sa réaction sur sa personne. Il mettra le tout sur le dos de l’alcool et le fait qu’il aime les belles choses, les jolies femmes et les esprits malins. « Et toi ? Que de la gueule, j’parie. Tss. » Une once de défi dans le regard. La balance entre la plaisanterie et le sérieux s’agite. D’un côté, il a envie de la bousculer, en riant pour lui dire de retourner à leur verre, à une clope … de l’autre, il a cette pulsion qui lui donne envie de lui sauter dessus. S’il avait été un personnage de cartoon, il y aurait deux Ugo. Un sur chaque épaule. Il serait l’idiot au milieu. Il n’a pas envie de lui donner raison. Il n’a pas envie d’arrêter ce jeu. Il n’a pas envie de passer à côté. Si elle avait mis fin à ce contact physique, elle était toujours face à lui, le toisant avec ce sourire ô combien provocateur aux lèvres. Le regard glisse sur ses lèvres, source de tant de moquerie et d’ironie. Un minuscule pas de plus vers elle. Une main s’approche de son cou sans pour autant que le bout de ses doigts ne se posent sur sa peau, l’autre main s’approchant dangereusement de sa hanche. « Ce serait con d’être face à cette possible expérience et de se limiter à de possibles hypothèses », lâche-t-il contre ses lèvres tout en éloignant ses mains. Un échange de regard. Évidemment que l’un ni l’autre ne veut concéder le moindre territoire. Ils sont deux élans en train de se battre pour nul ne sait. Avoir le dernier mot. Avoir raison. Allez savoir ! Une touche d’amusement se fait entendre dans la voix de l’italien. Ce n’est pas un numéro de charme, c’est l’alcool et leur sens de l’humour pitoyable qui parlent.

Elle l’agace autant qu’elle l’amuse.
Il n’a jamais eu l’audace d’imaginer qu’elle puisse lui parler de cette manière, qu’elle puisse le regarder de cette manière. Jamais eu l’audace de le penser, de l’imaginer. Jamais eu l’opportunité de le faire. Ils avaient été mariés et l’italien avait toujours vu le mariage comme une union … pour la vie. Traditionnelle au possible. Elle répond d’une voix calme et ce calme olympien ne rend la situation que plus intense. Ils sont au bord du précipice. Il le sait. Il le ressent. « Je pensais que t'étais un italien, un vrai de vrai. Mais faut croire que je t'impressionne. Je vais t'aider un peu. » Des paroles qui n’annoncent rien de bon. Il reconnaît à son petit air supérieur qu’elle va passer à la vitesse supérieure, juste pour rendre la situation encore plus opprimante. Ugo arque un sourcil et son regard ne peut que se détourner de ses orbes pour venir se poser sur la peau de Zelda qui se découvre et apparaît sous ses yeux. Le geste lent laisse suffisamment la place à l’imagination et il déglutit en se rendant compte que son imagination est déjà en train de l’imaginer dans d’autres positions. Amusé, il retrouve son regard en sentant son souffle se mêler au sien. « Tu sais que tu vas le regretter si tu loupes cette opportunité... » Le palpitant se met à battre un peu plus vite. N’allez pas croire au coup de foudre, c’est une réaction purement physique. Elle joue avec le feu. Elle jongle avec les émotions. Et, en bon joueur, il l’accompagne dans la danse. Il n’y en a pas un pour rattraper l’autre. Les mains du géant finissent par se poser sur la silhouette de la jeune femme, caressant le tissu de sa robe pour finalement sans la quitter du regard se frayer un chemin méticuleux sous ce fameux tissu. Les doigts effleurent la peau et son sourire s’intensifie quand il laisse ces dernières disparaitre pour connaître et découvrir la ligne de sa silhouette d’une toute autre manière. Regrettera-t-il de louper cette opportunité ? Nul ne le saura car finalement, il succombe. Comment faire autrement ? Le mâle blessé, cocufié pendant des mois, a besoin de se sentir vivant … et il a surtout besoin de caresser son égo. Le mâle blessé a besoin de s’amuser et Zelda a toujours été une partenaire de jeu exceptionnel, non ? Il lâche un juron en italien, preuve qu’il n’y a pas d’autre solution que de céder, avant de serrer sa poigne sur elle, l’attirant davantage vers lui et l’embrasser avec fougue. La fougue, c’est le signe qu’il lâche les rênes. Le baiser fougueux, c’est pour l’empêcher de lui souffler qu’elle a gagné, qu’il a cédé. Mais il n’est pas dupe, elle sait qu’elle vient de gagner. Elle l’a fait céder. Était-ce si compliqué ?