La dernière fois qu’il avait vu sa mère, il l’avait trouvée fatiguée et cet air passablement triste qui ne quittait plus son visage le hantait. Maritza avait évidemment joué son rôle de mère à la perfection, lui assurant que tout allait bien et qu’il ne fallait pas qu’il s’inquiète. Il ne lui en voulait pas parce qu’il avait fait de même lorsqu’elle lui avait demandé des nouvelles de son travail. Il était simplement inquiet parce que ses tentatives de minimiser son état ne suffisaient plus à apaiser ses craintes comme lorsqu’il était enfant. Et après ça, il avait appris bien malgré lui le retour de son père dans la maison en tombant nez à nez avec son chien de garde - un élément qui allait, il en était convaincu, terminer d’anéantir sa mère. Alors il avait pris l’initiative d’aller la récupérer au travail ce jour-là, l’attendant devant l’Emerald Hotel avec un sourire radieux. Il était assis dans sa voiture, habillé d’un marcel blanc par-dessus lequel il avait revêtu un blazer bleu foncé sur un pantalon beige et l’effort sur sa tenue n’était cette fois-ci aucunement dû à sa simple coquetterie mais à une envie de lui faire plaisir avec le moindre détail. Il aimait pouvoir réussir à remettre un sourire sur le visage d’au moins un membre de sa famille, et il se fichait qu’il s’agisse de sa mère et que leur complicité puisse donner une nouvelle raison à ses frères et sœurs de lui en vouloir. Ils avaient de toute façon la plus grande des circonstances atténuantes et Diego ne leur en voudrait jamais de devoir faire passer leur colère par lui - pourvu qu’ils réussissent à remonter la pente.  « C’est parfait que tu aies pu sortir plus tôt, je suis content de te voir. » avait-il dit à peine sa mère était montée en voiture. Diego avait évité de lui préciser qu’il souhaitait passer du temps avec elle pour évoquer deux sujets épineux, il devait d’abord faire le trajet jusqu’à la maison et s’assurer qu’elle se détende.  « T’es sûre qu’il n’est pas là aujourd’hui ? » Sergio. Le médecin avait informé sa mère qu’il était au courant, ils se parlaient régulièrement et il n’avait pas pu lui cacher cela bien longtemps, pourtant, c’était le fond du problème qu’ils n’avaient pas encore évoqué et il comptait bien aborder le sujet aujourd’hui. Pour éviter les non-dits qui pourraient mener à des rancoeurs inutiles.

Il s’était garé devant la maison et avait ouvert la portière de Maritza, en exagérant le comportement jusqu’à exercer une légère révérence. Et il était là, cet éclat de rire qu’il avait souhaité entendre, et Diego se sentait coupable de lui cacher la vraie raison de sa venue. En rentrant dans la maison, un détail l’avait interpellé, probablement parce que l’un des sujets qu’il souhaitait évoquer était Tulum, son chien. La chienne de Sergio n’était pas là pour aboyer ou venir les accueillir. Alors que sa mère enlevait sa veste et remettait un peu d’ordre dans la maison, il s’était empressé de monter les escaliers pour aller s’assurer d’un détail qui rendrait toute tentative de relaxation pour sa mère impossible.  « Etna ? » avait-il appelé en commençannt son ascension jusqu’à l’étage, comme si l’animal allait répondre à Diego qu’elle aussi avait appris à ne pas apprécier, un comble. Sur le palier, il avait vu la porte entrouverte et s’était empressé d’y entrer persuadée d’y trouver la chienne. « Etna ? Etna ! T’es là ? Viens ici où mamà va te tu… Cesar ? » Il s’était stoppé net parce que la peur qui l’avait gagnée l’avait empêché de réaliser les chuchotements et autres ricanements provenant de la chambre de son frère. L’effroi qui s’était emparé de lui l’empêchait de bouger alors qu’il était clair que le seul comportement à adopter dans cette situation était de fuir. Diego avait regardé autour de lui et des habits recouvraient le sol, et ce n’était probablement pas dû au simple côté bordélique de son frère. La chambre avait les volets fermés et l’ambiance était tamisée ne lui permettant pas de réaliser réellement ce qui se tramait. « Qu’est-ce que… » avait-il chuchoté en posant le regard sur… une longue plume. Il n’avait pas eu le temps de s’interroger davantage parce que la bataille qui se jouait sous les draps s’était enfin arrêtée pour laisser le visage de Cesar apparaître et son teint halé avait laissé place à un rouge vif.  « Vous pouvez pas faire ça ailleurs ? » avait-il pesté avant que son frère ne puisse dire quoi que ce soit. « Joder vous êtes des animaux ? » Il était encore sous le toit de sa mère et avait tout le loisir de s’envoyer en l’air ailleurs qu’ici, pour éviter que ce ne soit elle qui les suprenne. Et justement, le pire était en train d’arriver. « Non maman reste là ! » Diego avait tenté de la stopper en l’entendant monter les escaliers et son cri avait eu pour effet de faire sursauter la jeune femme aux côtés de Cesar. Emery, évidemment, ces deux-là étaient bel et bien de nouveau ensemble et il se serait fait bien plus discret s'il avait réagi plus rapidement.

Beauty and the beast

@Diego Gutiérrez @Maritza Gutiérrez @Emery Dawson

Depuis quelques semaines les choses reviennent enfin à la normale et cela fait un bien fou. Je n’aurais jamais pensé que les tensions entre Em et moi soient résolues un jour, sûrement parce que je ne le mérite pas. Je sais que j’ai merdé, que je l’ai énormément blessée et que si tout est parti en vrille c’est ma faute. Elle était en colère, elle me l’a bien fait savoir et je commençais à me faire une raison. L’idée de ne jamais revoir Emery m’a torturé pendant longtemps, je ne compte plus les nuits blanches à me refaire le film de ces derniers mois. Aujourd’hui j’ai toujours du mal à réaliser qu’elle est de retour, qu’elle m’a pardonné et que l’on essaie de construire quelque chose. Quelque chose de plus sain, une relation où je ne suis pas le mec qu’elle planque dans son placard parce que l’officiel arrive plus tôt que prévu. Ce serait mentir que dire que je n’ai pas été un petit peu heureux de savoir qu’elle avait quitté son copain mais aujourd’hui je me sens surtout chanceux. Chanceux qu’elle m’ait pardonné, chanceux de savoir que maintenant elle est à mes côtés et d’avoir l’occasion de me rattraper. Chaque instant passé avec elle est précieux, chaque fois que je vois son sourire au réveil j’ai l’impression de revivre un peu plus et à chaque étreinte j’ai l’impression que les jours sombres que j’ai pu vivre sont derrière moi. Je remonte la pente, difficilement parfois mais j’ai décidé que j’y arriverais, et avec elle avec moi, je sais que j’ai un pilier sur lequel me reposer quand ça devient trop difficile. 

Depuis qu’elle a quitté monsieur parfait nous avons passé beaucoup de temps ensemble.  D’une part parce qu’on a plusieurs mois à rattraper mais surtout parce que ce connard a mal pris qu’elle le quitte. Je reste avec elle pour qu’il ne lui arrive rien et si cet enfoiré touche à un seul de ses cheveux je lui refais le portrait. J’ai promis de laisser la violence de côté mais on ne s’attaque pas aux gens que j’aime. D’habitude je dors chez elle mais cette après-midi Maman travaille tard, Ale est à l’école et Sergio n’est pas là non plus -quel plaisir-. La colocation avec lui est une épreuve du quotidien et j’ai du mal à m’y faire alors son absence est un vrai soulagement. C’est si rare que je sois seul à la maison que j’ai proposé à Em de passer. “On est tranquilles, ils rentreront pas avant un moment.” Assis sur mon lit, je la regarde avec un petit sourire complice avant de m’approcher de son oreille pour lui murmurer. “ça veut dire qu’on peut faire tout ce dont t’as envie.” Je m’éloigne de son cou pour la regarder intensément, la tension est palpable. Elle m’embrasse et dans ma tête c’est un nouveau feu d’artifice, façon 26 janvier qui a lieu. Elle me rend vraiment dingue.

***

“T’es sûre pour la plume ? C’est …original.” Je regarde l’objet vraiment dubitatif, il y a vraiment des personnes qui se chauffent avec ça ? “Ah non mais ça chatouille trop.” Je ris face aux caresses procurées par la plume qui ont plus pour effet de me faire rire aux éclats qu’autre chose. Une bataille de chatouilles débute sous la couette et à ce moment là je m’amuse beaucoup. Enfin jusqu’au moment où la porte de la chambre s’ouvre en trombe. « Cesar ? » Et merde. « Qu’est-ce que… » Je me retourne même si j’ai reconnu la voix -désagréable- de Diego. “Diego ???” Je n’ai même pas le temps de l’engueuler ou de lui crier de dégager qu’il est déjà en train de me faire la morale. « Vous pouvez pas faire ça ailleurs ? » Décidément Diego est le roi pour tout gâcher. On passait un super moment, je pensais qu’on serait seuls toute la soirée alors se faire déranger comme ça c’est extrêmement gênant. C’est d’autant plus gênant quand la personne dans notre lit est l’ex de la personne qui vous surprend. « Joder vous êtes des animaux ? » Là il est en train de me gonfler très sérieusement. On est dans MON lit, dans MA chambre alors que la maison est vide, il veut qu’on fasse ça où ? On était pas en train de faire ça sur le canapé quand même. “Mais putain Diego DEGAGE !” Il ne va quand même pas rester là à nous observer et à nous faire la morale alors qu’on est tous les deux sous la couette ? Il peut pas faire comme tout le monde ? Dire “oh désolé” et claquer la porte en étant rouge de honte ? J'attrape un oreille pour lui balancer dessus et le faire partir. « Non maman reste là ! » Comment ça Maman ? Oh merde merde merde. L'oreiller atterit aux pieds de ma mère. “No mames.*” Alors là je pense que je suis mort. Me faire griller par Diego c’est déjà gênant mais savoir que ma mère va me découvrir..comme ça c’est encore pire que gênant. Maman n’a jamais rien su de ma vie amoureuse, elle n’a jamais entendu parler d’Emery alors rencontrer ma copine comme ça c’est vraiment le pire scénario qu’on pouvait imaginer. Chaos dans 3, 2, 1...

traduction:

C’était terrible de voir les choses ainsi mais Diego était obligé de se concentrer sur le positif pour ne pas sombrer dans le chagrin et il devait le dire, sa complicité avec sa mère s’était vue décuplée depuis la tragédie. « Qu'est-ce que t'es beau... » lui avait-elle dit avec un regard fier, presque ému. Cela le faisait sourire en coin, parce que c’était l’effet recherché et parce qu’elle se comportait toujours comme s’il n’était qu’un enfant. Au final, ce comportement ne le dérangeait pas parce qu’il adorait être choyé. « Il n'est pas là. » Maritza avait confirmé que Sergio n’était pas présent alors ils s’étaient mis en route, le médecin cherchant tant bien que mal la façon idéale d’annoncer à sa mère qu’il était propriétaire d’un chien. Il espérait sincèrement que cette annonce ne vienne pas détériorer ce qu’il était en train de construire, et que cela ne lui permettrait pas de fuir la conversation principale : le retour du patriarche Gutiérrez sous le toit familial. Diego n’avait pas anticipé la raison qui ferait que la discussion serait reportée et ses yeux avaient bien du mal à supporter la vision. « Diego ??? » Il comprenait l’étonnement de Cesar, il ne vivait pas ici. « Mais putain Diego DEGAGE ! » Diego avait évité l’oreiller lancé par son frère avec dextérité malgré le malaise de la situation. Il aurait pu faire volte-face et partir en emmenant Maritza qui montait les escaliers avec lui mais quelque chose l’en empêchait, la gêne ou l’horreur, il ne savait pas dire. « No mames. » Les interjections de Cesar ne le faisait pas quitter le pas de la porte et c’était finalement Emery qui était apparue de sous la couette. « C’est ce qui se passe quand on entre sans toquer. » « Vous êtes au courant que le compte en banque de Sergio a permis d’installer des verrous sur les portes, non ? » avait-il rétorqué, bien plus à l’aise pour discuter avec Emery qu’avec son petit frère. Malheureusement, le moment déjà affreusement gênant n'allait pas tarder à l'être encore plus parce qu'il pouvait déjà entendre Maritza arriver. « Putain Diego tu pouvais pas être plus discret ??? » Il aurait pu, mais sa réaction disproportionnée allait de pair avec le désastre qui se tramait.  « Je suis désolé, j’ai été surpris… » Son mea culpa avait bien commencé mais il n’avait pas eu le temps de le finir. « Oh merde. » Il s’était tourné pour tenter de la retenir une dernière fois mais Maritza était elle aussi entrée en trombe dans la chambre, craignant déjà que Etna ait saccagé l’endroit. « Dios mío ! » Ce scénario-là aurait été préférable.  « LA PORTE ! » Emery avait probablement oublié la capacité des Gutiérrez à rendre une situation dramatique… encore plus dramatique. Fermer la porte, partir et faire comme de rien n'était pas une option. « Mais couvre-toi ! » avait crié Maritza et l’intonation de sa voix l’avait fait pouffer de rire. « La salle de bain est par ici. » Diego se tenait là, les bras sur les hanches, bien moins choqué par la nudité de ces deux-là, après tout, il avait déjà vus les deux dans leur plus simple appareil. « Vous vous êtes protégés ? » Cette fois, Diego s’était mis à rire bien plus franchement ce qui l’empêchait de tenter de stopper sa mère dans son élan. « Un préservatif ! Vous vous êtes servis d'un préservatif ?! » Son regard scrutait la pièce, Emery s’accrochait au drap comme à la dernière paire de bottes en soldes et Cesar s’était recroquevillé pour cacher son anatomie à sa mère. Le tableau était cahotique, et si une pointe de culpabilité était en train de le gagner, Diego ne pouvait pas se sentir plutôt satisfait d’avoir interrompu son frère dans ses retrouvailles avec Emery. « Cesar ! Dis quelque chose ! » « Mamà, la boîte est sur la table de nuit, tout va bien. » avait-il tenté pour apaiser sa mère et, en même temps, éviter à son frère de lui en vouloir à vie s’il n’améliorait pas la situation. En pointant du doigt la boîte, il avait très vite baissé l’index en constatant le gel intime qui trônait également à côté - Emery avait visiblement des remises intéressantes à sa boutique. Diego, réalisant qu’il faisait pire que mieux, avait attrapé Maritza par le bras pour l’éloigner de la scène, en profitant lui pour se tourner afin qu’Emery puisse sortir regagner la salle de bain ou prendre le temps de se rhabiller. Il s’était adossé à la chambre, certaines questions lui brûlant les lèvres. « Et vous êtes de nouveau ensemble alors ? » La question était importante mais cela ne rendait pas le moment plus opportun pour la poser pour autant.

En prenant le volant de sa voiture aujourd’hui, Diego espérait profiter de son jour de repos et tenter de redonner un peu de piment à la vie de sa mère. Il n’avait rien prévu de ce que la journée allait leur réserver et une chose était sûre, le visage de la jolie mexicaine avait retrouvé toutes ses couleurs, et si l’émotion qui animait ses traits n’était pas celle attendue, cela suffisait à lui faire oublier ses autres soucis. En quelques instants seulement, les Gutiérrez s’étaient retrouvés dans une réunion de famille express et les lèvres de Diego s’étaient étirées en un rictus moqueur. Il avait essayé d’empêcher l’arrivée de sa mère, même si cela serait difficile à faire entendre au jeune couple, mais maintenant qu’ils étaient devant le fait accompli, le médecin ne pouvait s’empêcher de rire. « LA PORTE ! » « Mais couvre-toi ! » “Mais vous SORTEZ” Sa nuque le faisait souffrir tant son visage passait d’un protagoniste à l’autre, écoutant leurs cris avec un sourcil arqué. On avait dû lui faire la réflexion quelques fois mais il en était maintenant convaincu, leur vie avait tout d’une télénovela. « Vous vous êtes protégés ? Un préservatif ! Vous vous êtes servis d'un préservatif ?! » Les bras croisés, il laissait les vociférations de Cesar et Emery lui passer au-dessus de sa chevelure incroyablement brillante pour laisser tout le loisir à sa mère de faire son travail de mère. Celui qu’elle aurait dû avoir si son fils avait eu environ cinq années de moins. “On a pas eu le temps!!” Il avait essayé de sauver son petit frère de la crise de nerfs que s’apprêtait à piquer Maritza et pourtant, par un savant mélange d’émotions, Cesar avait réussi à venir la faire exploser pour de bon et c’était de rire que Diego lui avait explosé. Il secouait la tête, adossé à l’encadrement de la porte, laissant son cadet gérer la situation avec bien peu d’habilité alors que sa petite-amie avait trouvé judicieux de lui voler la couette pour le laisser nu face à sa famille. C’était peut-être mieux, finalement, que ce soit lui qui soit laissé en pâture plutôt qu’elle parce que la mère des deux garçons allait se faire une idée bien peu glorieuse d’Emery qui avait connu une histoire d’amour avec deux de ses fils.

“Tu crois vraiment que c’est le moment pour parler de ça ?” Il avait haussé les épaules, rien ici ne saurait le choquer parce qu’il avait déjà vu le petit oiseau du grand Cesar mais également les courbes d’Emery et ce avant même que celui-ci ne lui ai adressé la parole. Au final, plus la scène avançait, plus Diego se demandait si ce n’était pas une légère pointe de jalousie qui brûlait au fond de lui qui le figeait sur place quand tout être normalement constitué aurait refermé la porte pour laisser les amants se rhabiller. “Vous pouvez pas juste sortir et me laisser cinq minutes ?” Diego avait haussé les épaules, son cadet l’ayant sorti de pensées qu’il se surprenait à avoir. “Parce que tu vois moi ça me gêne un peu de discuter en étant complètement à poil” La porte s’était refermée avant qu’il n’ait eu le temps de répondre. « Vous ne m'épargnerez donc jamais dans cette famille ! Comme si j'avais besoin d'assister à un tel spectacle. » Il s’était tourné vers sa mère en levant les mains devant son torse. « Hey j’ai jamais rien fait moi, et puis, j’ai essayé de t’arrêter … » Il essayait également d’arrêter son rire, mais c’était plus fort que lui et il continuait de pouffer devant l’air passablement révoltée de sa mère. « T'es donc là toi... » Diego avait passé une main sur le crâne du chien qu’il avait appris à apprécier, peut-être parce qu’avoir une réelle discussion avec son père au hasard d’une visite dans cette maison avait aidé. « Je suis vraiment navrée pour cette scène. Ça ne se reproduira pas. Je vais juste… » Emery était sortie, le rose aux joues, et Diego avait attrapé son regard et désigné discrètement son haut qu’elle avait remis à l’envers. C’était probablement le cadet de ses soucis, mais il tentait de se rattraper comme il le pouvait. Malheureusement, impossible pour elle de prendre la poudre d’escampette parce qu’Etna semblait décidée à ce que le spectacle continue encore un peu. « Oh mais non, ce n'est pas si grave... Ca arrive. » La réaction de sa mère l’avait étonné et il avait finalement décidé de descendre avant de l’entendre dire d’un ton faussement enjoué. « Allez venez tous, on va boire un café ou un thé pour se changer les idées. » Il continuait à rire, seul, sur le chemin de la cuisine. Là encore, il aurait pu tenter de disparaître dans une autre pièce mais il était venu pour passer du temps avec sa mère et il resterait donc pour la soutenir face à cette situation rocambolesque. Se servant son propre thé, il le sirotait doucement pour permettre à la tasse de cacher son visage pendant qu’il observait Maritza faire de rapides conclusions. « Mais... Vous n'étiez pas ensemble à une époque ? ». La tasse devant son visage n’y changeait rien, c’était bien lui qu’elle désignait. « … Si ? » avait-il répondu, son regard passant de celui de sa mère à celui d’Emery alors qu’il n’était pas sûr de la bonne réponse à cette question. « Tu le savais ? ». La question s’adressait à Cesar mais derrière sa mère, Diego acquiesçait doucement. « Je préfère te prévenir, Alejandro est trop jeune, il n'est même pas majeur. » La réponse de Diego était sortie comme un réflexe, entendre sa mère attaquer Emery était difficile à accepter. « Mamà, ça va. On est tous les trois clairs sur la situation, c’est pas ce que tu crois. » Pas de guerre autour d’une même fille pour Cesar et Diego qui avaient pris le temps d’en discuter. « Emery est une fille bien. » avait-il ajouté presque dans un murmure pour éviter de donner à Cesar d'autres raisons de le détester, cette phrase faisant plutôt office d’excuse auprès de cette ex petite-amie pour qui il avait gardé une certaine affection.

Il était en train de se dire qu’il viendrait encore plus souvent ici si prendre le risque de croiser Sergio signifiait aussi parfois être chanceux au point d’assister à ces moments inoubliables. C’était évident, c’était un souvenir familial qui perdurerait pendant des décénnies et Diego serait bien assez fourbe pour rappeler à Cesar ce moment glorieux de son histoire d’amour avec Emery dès qu’il en aurait l’occasion. Parce que malgré tout, il souhaitait voir leur histoire réussir, qu’Emery puisse enfin avoir à son bras l’homme qui la rendrait heureuse là où il avait échoué. Si tout cela était évident pour le petit trio, quand Maritza avait réalisé que la blonde qui se cachait sous la couette était l’ex de son fils aîné, quelques éclaricissements avaient été nécéssaires. « Je n'en doute pas une seule seconde. » Son sarcasme était palpable alors que Diego essayait de redorer le blason de sa partenaire de salsa, après tout, elle partagerait bientôt les repas de famille et il détesterait de voir sa mère porter un jugement sur elle. « On est au clair, Diego et Em c’est du passé donc y a vraiment aucun problème. » Leur mère serait sûrement ravie de voir que ces deux-là réussissaient à s’accorder sur un point aussi épineux, comme des adultes. « Si vous le dites. » Il pouvait voir dans les yeux de sa mère qu’elle n’était absolument pas convaincue par leurs réponses et il avait pincé les lèvres, parce que si les deux frères pouvaient être en conflit permanent, ils étaient au moins d’accord sur un sujet et c’était celui d’Emery. Diego avait apprécié chaque moment avec elle mais ce couple un peu bancal qu’ils avaient formé avait eu le mérite de lui faire réaliser plusieurs choses : il ne la rendrait jamais heureuse et il n’était pas sûr de pouvoir combler une femme, pour des raisons qu’il tairait aujourd’hui. Et à tout jamais. « Et si on pouvait tous essayer d’oublier ce qui vient de se passer et plus jamais en reparler ce serait pas mal. » Diego ne pouvait pas dissimuler son sourire moqueur, il s’était simplement contenté de ne pas dire tout haut ce qu’il pensait tout bas, à savoir qu’il n’oublierait jamais ce qu’il venait de se passer. « Ca risque d'être compliqué... Mais on va essayer. » Il se retenait cette fois d’exploser de rire pour de bon, spectateur de cette scène absurde qu’il avait lui-même déclenché. « C’est pas la meilleure manière de faire les présentations. » « En effet… mais disons que c'est original. » Peut-être que si Diego avait présenté Emery à sa mère à l’époque, plutôt que de se contenter de lui montrer des photos, les présentations n’auraient pas eu à être faites et que ce moment là aurait été un peu plus facile à gérer. « Je m’appelle Emery. Je sors avec Cesar. Et j’avais littéralement aucune idée qu’il était le frère de Diego quand je l’ai rencontré. Je suis pas… obsessive, avec vos enfants, ou quelque chose comme ça. » Il avait pouffé à sa dernière remarque, cacher ses lèvres dans son thé ne suffisant plus à lui éviter de ricaner. « En même temps... Mes fils sont beaux. Comment pourrait-on t'en vouloir ? » « Mamà, sérieux… » avait-il tenté parce qu’il souhaitait la stopper dans ses tentatives de rassurer Emery, elles étaient toutes vaines. « Et tu fais quoi dans la vie Emery ? Quel est ton domaine de prédilection ? » Emery n’avait aucune envie de croiser le regard de Diego et il pouvait imaginer à quel point le seul son de sa voix pouvait lui faire serrer les poings tant il l’avait énervée. Pourtant, un sourire en coin s’était dessiné sur les lèvres du mexicain alors qu’il profitait du regard de sa mère fixé sur Emery pour en faire de même. Et en un regard, il avait senti le malaise s’amplifier encore un peu plus et il avait tenté de désamorçer la bombe qui venait d’être lancée. « Bon ben je vais y aller moi. » avait-il annoncé en frappant dans ses mains si fort qu’Etna avait aboyé. « Tu as besoin que je te ramène Em’ ? » Il prenait la voiture pour rentrer chez lui alors il avait proposé naturellement, venant souligner combien tout allait pour le mieux dans ce trio à sa mère. Pourtant, il s’était corrigé, conscient que Cesar souhaitait peut-être s’échapper lui aussi. « Enfin, vous ramener ? » Et plutôt que de calmer la situation, il avait crée peut-être encore plus de gêne.