Lucy était assise sur un tabouret, accoudée au bar d’un club de striptease de la ville. Sirotant son scotch, elle ne faisait pas réellement attention aux danseuses qui se trémoussaient sur la scène. Son regard était fixé sur un homme d’une quarantaine d’années, Tom Reed, qui était en lice pour reprendre la tête d’une entreprise agroalimentaire qui brassait des millions. Des membres du conseil d’administration avaient cependant engagé Lucy pour s’assurer de la moralité de cet homme. Cela faisait quelques semaines que la détective enquêtait. Elle avait épluché ses comptes bancaires, l’avait suivi lors de plusieurs déplacements, et avait même fouillé sa maison. Et, comme trois fois par semaine, elle l’observait dans ce club, le voyait profiter des danses puis s’éclipser dans une arrière salle dans laquelle elle n’avait jamais réussi à pénétrer. Elle devait savoir ce qui se passait dans les coulisses de ce strip club. Avait-il simplement droit à une danse privée ? A un show intégral ? Ou bien y rencontrait-il le propriétaire pour un tout autre business ? Un instant, son regard bleuté fut interpellé par l’arrivée d’un homme : un habitué, vu qu’il était chaleureusement salué par les vigiles et le barman. Lucy le reconnut immédiatement : Mitchell Strange. La brunette avait déjà vu sa photo, Gaby lui ayant montré à quoi ressemblait son frère, en lui expliquant ses activités illégales et sa déception à l’égard de sa famille. Serait-ce lui, sa carte joker pour pouvoir accéder à l’arrière salle du club ? Lucy avait eu beau déjà travailler en infiltration dans des clubs de striptease, ici, elle ne semblait connaître personne. Elle n’avait ainsi pu faire jouer son réseau ou réanimer une de ses anciennes identités pour pouvoir fouiller discrètement l’établissement. Peut-être que Mitchell pourrait l’aider à accomplir la mission pour laquelle on l’avait engagé.
C’est ainsi que, le lendemain soir, elle pénétra dans le bar qui appartenait à l’aîné de la famille Strange. Elle n’y allait pas de gaité de cœur, et avait tourné et retourné dans sa tête toute la journée le problème. Si Gabrielle, sa meilleure amie, apprenait qu’elle avait contacté son frère, elle le prendrait forcément mal. L’avocate semblait nourrir encore pas mal de rancœur à l’égard de sa famille et des secrets qui les avaient séparés pendant longtemps. Elle ne tolèrerait sans doute pas un rapprochement entre Mitchell et Lucy, quand bien même ce rapprochement serait strictement professionnel. La détective était réellement coincée, le dos au mur, au fond d’une impasse. Elle avait besoin de l’argent que pourrait lui rapporter cette mission, et si l’avance était déjà conséquente, elle ne toucherait le solde que si elle avait été capable de tout vérifier. Mitchell semblait être un moyen pour la brunette de fouiller le club de striptease afin d’y découvrir les activités auxquelles s’adonnaient ce Tom Reed. Lucy entra dans l’établissement et laissa son regard découvrir les lieux. Immédiatement, ses yeux bleus se fixèrent sur Mitchell, derrière le bar, en train de servir un client. Un autre barman était derrière le comptoir, en train d’essuyer des verres. Plusieurs clients étaient installés à des tables et discutaient vivement. Lorsque l’homme servit par le Strange rejoignit sa table avec sa commande, Lucy vint s’installer à la place qu’il venait de quitter, se hissant sur un haut tabouret.
« Bonsoir. Un scotch, s’il-vous-plait, sans glaçon. »
Toujours sans glace, pour ne pas risquer d’altérer les arômes de cette boisson dont la jeune femme, aux origines écossaises, raffolait. Un sourire avenant orna son visage alors qu’elle attendait sa commande, observant les gestes précis de Mitchell. Lorsque le verre fut posé devant elle, elle en but une gorgée, dégustant la boisson pour en apprécier toutes ses saveurs. La jeune femme fit ensuite doucement tournoyer le liquide ambré dans son verre avant de le reposer. Légèrement nerveuse, ses doigts jouaient distraitement avec le verre alors que son regard bleuté vint se plonger dans celui du Strange.
« Je suis Lucy Cavanagh, la meilleure amie de Gaby. »
Elle parlait à voix basse, afin que l’autre serveur ou les clients installés au bar ne puissent pas l’entendre. Sortant son téléphone, elle pianota rapidement sur son écran pour lui faire défiler plusieurs photos de Gabrielle et d’elle, afin de prouver leur amitié. Elle ne savait pas si l’avocate avait parlé d’elle à Mitchell, et préférait éviter de perdre du temps dans des justifications inutiles. Car si l’aîné des Strange était tel qu’elle l’imaginait, il devait être encore plus méfiant qu’elle, et ne se laisserait pas compter des salades.
« J’ai besoin d’aide, Mitchell. Est-ce qu’il y a un endroit où on pourrait parler ? »
Un lieu loin des oreilles indiscrètes, dans lequel elle pourrait tout lui expliquer, son job, sa mission, et l’impasse dans laquelle elle se trouvait. La jeune femme avait volontairement employé le prénom de son interlocuteur : oui, elle savait comment il s’appelait, et elle savait tout simplement qui il était. Il ne pouvait que concéder que si elle était la meilleure amie de Gaby, cette dernière devait s’être confiée à plusieurs reprises sur leurs relations et les activités illégales de l’aîné de la fratrie. Lucy espérait donc qu’il accepterait de poursuivre la conversation à l’égard, et qu’il accèderait à sa demande.
Pour le plaisir des yeux. Depuis son retour d’Europe, l’Américain avait multiplié les visites dans les clubs et principalement un club de Striptease. Il avait mis une croix sur Sofia qui retrouvait la mémoire et souhaitait donner une seconde chance à son mariage et reprenait petit à petit ses vieilles habitudes. Ce club, il le fréquentait depuis son ouverture, Carl Fletcher le propriétaire participait aux soirées du Club et se trouvait toujours autour des tables de poker lors de soirée organisée par Mitchell. Carl était d’ailleurs l’une des rares personnes qui n’avait pas tourné le dos au brun après son éviction. Il fallait avouer que le propriétaire du club de striptease devait beaucoup à l’Américain et il n’était pas du genre à être déloyal et avait soutenu l'aîné des Strange malgré tout. Il nageait comme un poisson dans l’eau et s’était empressé de saluer toute l’équipe amicalement avant de prendre place sur l’un des fauteuils prêt à passer une agréable soirée. Ce genre de soirée se passait toujours de la même façon. Il buvait quelques verres le regard planté sur les courbes de jeunes femmes se déhanchant sur la scène, étant la plupart du temps rejoint par Carl en personne avant de rejoindre l’arrière boutique pour poursuivre la soirée.
Le lendemain, il se retrouvait au sein du Moonshiner pour une soirée de travail. Après une journée à émergé de l’alcool qu’il avait bu la veille, le retour à la réalité s’imposait à lui et c’est derrière le bar qu’il s’était retrouvé, son élément, une bonne partie de la soirée jusqu’à poser son regard sur une brune venu s’installer au comptoir juste face à lui. “Bonsoir …” Il n’eut le temps de lui demander ce qu’elle voulait boire, qu’elle passa commande sans attendre, déclenchant ainsi un sourire chez l’Américain. « Très bon choix ! » qu’il dit avant de la servir. Il avait procédé comme avec n’importe quel client pour lui servir son verre, s’apprêtait à prendre congé lorsqu’elle se présenta. Il leva les yeux vers elle sans un mot, fonçant légèrement les sourcils. Il n’avait jamais entendu parler d’elle, Gabrielle n’était pas du genre à détailler à son frère chacune de ses relations tout comme lui évitait d’en faire autant. Puis la première question qui lui venait à l’esprit était pourquoi la meilleure amie de sa petite sœur venait se présenter à lui. Il baissait son regard vers le téléphone, apercevant les photos des deux jeunes femmes. Une preuve certes, mais pas suffisante pour qu’il l’a croit sur parole, la méfiance étant de mise comme toujours.
Elle enchaînait assez rapidement, venant directement au vif du sujet. Elle avait besoin de son aide. Une requête qui ne manquait pas de l’intriguer. Pourquoi avoir besoin de l’aide du frère de sa meilleure amie. « J’ai pas besoin de me présenter à mon tour à ce que je vois » qu’il murmurait presque en déposant la bouteille qu’il avait dans les mains. « Viens avec moi » qu’il disait assez froidement avant de faire le tour du bar pour ouvrir la marche jusqu’à son bureau qui se trouvait dans l’arrière boutique.
Il prit place sans attendre à son bureau, lui faisant signe de s’installer sans attendre face à lui. « Que puis-je faire pour toi … Lucy ? » qu’il demandait en la regardant dans les yeux, visage fermé. Sourire ne faisait pas partie de ses plans pour le moment. « C’est Gabrielle qui t'envoie ? » Qu’il demandait assez surpris. Il doutait fort que sa sœur aurait envoyé sa meilleure amie le voir en connaissant son passé et ce même si sa requête touchait à l’illégal, Gabrielle n’aurait jamais tendue une perche à son frère pour remettre les pieds dedans et encore moins après leur dîner qui avait tourné au vinaigre, mais la question devait tout de même être posée. Il sortait une bouteille de scotch de son bureau et s’empressa de se servir un verre pour accompagner la conversation qui débutait. Il n’aimait pas être pris par surprise et même s’il avait accepté de la recevoir, il gardait cette méfiance à son égard bien éveillé en lui. Elle pouvait être qui elle voulait, il n’allait pas baisser la garde facilement.
Dès que Lucy fut installée au comptoir et que les oreilles indiscrètes ne semblèrent plus à portée, elle entra dans le vif du sujet et se présenta à Mitchell. Il l’avait alors observé avec méfiance, les sourcils froncés, mais n’avait pas hésité à l’inviter dans son bureau.
« Je n’ai pas besoin de me présenter à mon tour à ce que je vois. Viens avec moi. »
Lucy était loin de prendre cette invitation pour une victoire : elle savait qu’il souhaitait simplement qu’ils ne soient pas entendus, peu importe la requête qu’elle lui soumettrait. Après des années à évoluer dans le monde de l’illégalité, on savait forcément faire preuve de discrétion. Ainsi, quand elle se fut installée sur un siège en face de son bureau, suite à son invitation, elle était particulièrement mal à l’aise. Elle avait l’impression que la réponse de Mitchell dépendrait de son comportement et de sa manière d’exposer les choses. Et Gaby ne lui en avait pas révélé assez sur son frère pour que Lucy sache comment l’appâter.
« Que puis-je faire pour toi … Lucy ? »
Elle avait préparé tout un speech dans sa tête, savait parfaitement ce qu’elle voulait lui dire, mais les mots semblaient désormais insuffisants pour pouvoir convaincre le Strange. Un instant, elle se sentit ridicule et faillit faire demi-tour, mais elle se rappela finalement l’impasse dans laquelle elle se trouvait et la mission qu’elle devait accomplir.
« C’est Gabrielle qui t’envoie ? »
A ces mots, Lucy éclata d’un rire sans joie, un rire spontané qui lui échappa sans même qu’elle ne puisse le retenir. Toussotant, elle se reprit.
« Désolée … non ! Et j’apprécierais qu’elle ne sache pas que je sois venue, je pense qu’elle le prendrait assez mal … »
Elle avait l’impression d’abuser : elle demandait à Mitchell de ne rien révéler de sa présence ici, et s’apprêtait à lui demander un service. Elle semblait à sa merci, et avait la désagréable impression de donner beaucoup trop de cartes au Strange sur elle-même. Encore quelques mots de la part de la brunette, et il en saurait suffisamment sur elle pour prendre l’avantage et la faire chanter, au besoin. Mal à l’aise, Lucy remua sur sa chaise. Puis, observant Mitchell se servir un verre de scotch sans lui en proposer un, elle ouvrit légèrement la bouche, offusquée : quelle impolitesse ! Elle avait pourtant besoin d’un verre. Son regard bleuté passait de la bouteille au mafieux avant qu’elle ne parvienne à se concentrer à revenir sur les raisons de sa venue ici.
« Je suis détective privée. »
Elle se pencha pour attraper son portefeuille dans son sac et posa une de ses cartes de visite sur le bureau de Mitchell.
« J’ai été engagée pour obtenir des informations sur un homme d’affaires qui se rend trois fois par semaine dans le club de strip-tease de Fletcher, celui-là même dans lequel tu étais hier soir. Mes clients veulent que je trouve des infos compromettantes sur lui, et le simple fait de profiter d’une danse n’est pas suffisant. »
Elle se cala dans le fond du siège, croisant les bras sur sa poitrine, son regard bleuté plongé dans celui de Mitchell.
« J’ai besoin de savoir ce qu’il se passe dans l’arrière-boutique. Et j’ai besoin que tu m’aides à y entrer. »
Son ton était ferme, sans appel, presque comme si elle ne quémandait pas un service, mais imposait sa volonté.
« Je me fiche qu’il puisse s’y passer des choses illégales, je me fiche de ce club et je me fiche de Fletcher. Tout ce qui m’intéresse, c’est cet homme d’affaires. »
Elle espérait quelque peu le rassurer en lui affirmant ne pas chercher à faire tomber quiconque, à part sa cible. Le reste lui importait peu, et elle fermerait les yeux sur tout ce qu’elle pourrait voir.
« Fais moi engager comme danseuse, et je m’occupe du reste. Je veux juste un piston pour être embauchée. C’est tout. »
Elle ne demandait pas la lune, si ?
« Ho, et un verre de cette bouteille de scotch. »
Elle avait laissé le sien sur le comptoir, et avait terriblement besoin d’un peu plus d’alcool dans le sang pour poursuivre cette conversation. Elle se doutait que, si Mitchell accédait à sa demande, il ne le ferait pas gratuitement. Elle s’attendait donc à une dure négociation. Et toute négociation commençait par tenter d’en imposer, par montrer son caractère et sa détermination, ce qu’elle faisait en ce moment-même. Elle ne ferait pas marche arrière, et elle n’était pas n’importe qui.
Est-ce que Gabrielle avait tout raconté à son amie pour que celle-ci pense que Mitchell lui serait d’une grande aide ? Comment pouvait-elle penser qu’il était la personne qu’il lui faut. Il était perplexe et la carte de détective privée le faisait davantage grimacer. «Qu’avez vous fait pour ne plus travailler dans la police ? » qu’il demandait avec beaucoup de naturel tout en regardant la carte qu’elle avait glissée sous ses yeux. Il devinait assez facilement qu’elle en avait fait partie, la plupart des détectives étaient d'anciens flics d’ailleurs. L’américain n’était pas spécialement à l’aise avec l’idée d’aider une ancienne flic, détective privé, meilleure amie de sa sœur, il y avait beaucoup trop d’éléments pouvant le plonger à nouveau dans les problèmes, mais comme souvent sa curiosité prenait le dessus et c’est avec calme qu’il l’a laissait terminer sa requête.
Posant son verre assez bruyamment, il posa les coudes sur son bureau, plongeant sans attendre son regard dans le sien. « Il y a beaucoup de choses qui me dérangent dans cette histoire … » qu’il disait froidement. « Je ne sais pas ce qui se passe dans ta tête pour vouloir rencontrer un ex criminel potentiellement dangereux, je pense que tu sais déjà qui je suis et ce que j’ai fait non ? Tout en lui faisant savoir que tu l’as surveillé ? Suivi ? Corrigez moi si je me trompe. Était-ce peut-être le hasard ? » il s’adossait à nouveau sur sa chaise. « et pourquoi je t’aiderais en premier lieu ? Pourquoi je prendrai le risque de faire entrer une flic dans un lieu que j’aime beaucoup fréquenter … » elle avait quand même un sacré culot de débarquer de la sorte pour une telle demande, bien que L’américain appréciait ceux qui n’avaient pas froid aux yeux. « Puis je pense pas que Gabrielle apprécierait tout ça si elle venait à apprendre que je t’ai aidé …je ne lui dirai rien sur ta venue ici, mais si Gabrielle ne peux pas te faire confiance pourquoi moi je devrai ? » Elle ne comptait rien dire sur sa venue ici à sa meilleure amie, un fait qui arrangeait en réalité grandement le Strange qui avait déjà du mal à remonter la pente avec sa petite soeur, mais ça l’interpellait quand même sur le fait qu’elle faisait ça derrière son dos, un point qui pouvait jouer en sa défaveur.
Elle voulait entrer en tant que danseuse, des paroles qui éveillent sa curiosité. « Danseuse ? J’espère que tu es très bonne danseuse, car je ne conseillerai pas n’importe qui à Fletcher» pour lui avoir déjà apporter quelques filles il était et avait toujours été exigeant à ce niveau-là et en plus de la beauté, le talent devait être de mise. Il servait le verre de scotch avant de se lever pour faire le tour du bureau. « Tu es plutôt bien foutu, mais ça ne fait pas tout. » qu’il ajoutait sans aucune gêne, faisant quelques pas dans son bureau. « je n’ai pas confiance en toi, mais si j’accepte il va falloir que tu me prouves que tu pourras passer inaperçu parmi les danseuses fort talentueuses. » Sa décision n’était pas prise, mais sa réputation, ou du moins ce qu’il en restait, comptait beaucoup et il devait s’assurer qu’elle avait ce qu’il faut et surtout qu’il pouvait lui faire un minimum confiance, ce qui était loin d’être gagné. Il reprenait le chemin de son bureau juste pour remplir à nouveau son verre, curieux de savoir comment cette conversation allait se terminer.
Installée dans le bureau de Mitchell, Lucy s’apprêtait à lui expliquer les raisons de sa venue. Elle commença par se présenter, et sortit sa carte pour attester de sa qualité de détective privée, une parmi tant d’autres qui encombraient son portefeuille.
« Qu’avez-vous fait pour ne plus travailler dans la police ? »
Une lueur de surprise passa sur le visage de la brunette : elle n’aimait pas cela. Elle n’aimait pas qu’il semble avoir percé à jour si rapidement son passé, comme s’il semblait capable de lire en elle. Elle doutait réellement que Gabrielle ait parlé d’elle à son frère, et que ce soit ainsi qu’il ait obtenu cette information. Il la déduisait donc, de son comportement, de sa manière de se tenir, et cela hérissait tous les poils du corps de la jeune femme : elle n’était pas flic, et elle ne le serait jamais plus. Elle n’avait plus rien en commun avec eux, et avait peut-être, même pendant sa carrière, eu plus d’atomes crochus avec le monde des gens comme Mitchell. Alors, se forçant à desserrer les dents, elle répondit d’un ton glacial :
« Ca, ça me regarde. »
Tentant de ne pas se laisser déstabilisée, Lucy poursuivit, expliquant à l’ancien mafieux sa requête. Tout ce qu’elle voulait, c’était un piston pour devenir danseuse dans ce club. Tout ce qu’elle demandait, c’était la possibilité d’avoir un entretien. Elle s’occuperait du reste. Elle ne voulait pas que Mitchell, qui avait pourtant eu accès à l’arrière du club, lui raconte ce qui s’y passe. Elle ne voulait pas qu’il la fasse entrer discrètement. Elle n’avait qu’une requête, finalement pas si compliquée, rien qui risquait de le mettre dans l’embarras en tout cas.
« Il y a beaucoup de choses qui me dérangent dans cette histoire … »
Lucy le fusilla du regard mais ne broncha pas, attendant les explications qui ne tarderaient pas à venir, elle en était convaincue.
« Je ne sais pas ce qui se passe dans ta tête pour vouloir rencontrer un ex criminel potentiellement dangereux, je pense que tu sais déjà qui je suis et ce que j’ai fait non ? Tout en lui faisant savoir que tu l’as surveillé ? Suivi ? Corrige moi si je me trompe. Etait-ce peut-être le hasard ? »
La brunette pencha la tête sur le côté et fit la moue.
« En réalité, oui. »
Elle ne put s’empêcher d’esquisser un petit sourire gêné, trahissant ainsi son malaise. Elle savait que ce n’était peut-être pas ce que Mitchell voulait entendre, mais c’était la vérité. Elle poursuivit.
« Techniquement, je ne t’ai en effet jamais suivi. C’est ma cible que je suis, depuis assez longtemps pour savoir qu’il se rend dans ce club trois fois par semaine. Et il se trouve que, oui, par le plus grand des hasards, tu étais là aussi hier soir, et vu l’accueil qu’on t’a réservé, tu es connu comme le loup blanc. Un petit souci de libido ? »
Elle ne put retenir cette dernière remarque, elle qui ne pouvait s’empêcher de taquiner, de titiller. Lucy était une jeune femme pleine de caractère, sans filtre, sans aucun tact, qui laissait trop souvent ses paroles franchir ses lèvres sans même essayer de les retenir. Pourtant, pour tenter de ne pas froisser davantage Mitchell, elle leva les mains en signe d’apaisement. Et quand elle reprit la parole, on entendit tout son désespoir dans le ton de sa voix.
« J’ai tout essayé. J’ai essayé de me faufiler. J’ai essayé d’acheter une danse. J’ai essayé d’obtenir un entretien … rien. Je suis coincée. Et j’ai juste besoin que tu m’aides à obtenir une entrevue pour un job, rien que ça ! Je me charge du reste. Tu n’as pas à me faire rentrer à l’arrière, tu n’as pas à enregistrer pour moi ce qui s’y passe … Tout ce que je veux, c’est une chance de décrocher un job de danseuse. »
Ses yeux étaient devenus suppliants et ne lâchaient plus ceux de Mitchell. Mais le Strange ne semblait toujours pas convaincu.
« Puis je pense pas que Gabrielle apprécierait tout ça si elle venait à apprendre que je t’ai aidé … je ne lui dirai rien sur ta venue ici, mais si Gabrielle ne peut pas te faire confiance, pourquoi moi je devrais ? »
Lucy eut l’impression de se prendre un coup de poing dans le ventre à ces mots.
« Gaby me fait confiance ! », siffla-t-elle entre ses dents.
Son amitié avec Gabrielle remontait à leurs années de fac à Los Angeles. Elles étaient rapidement devenues meilleures amies, et avaient vécu en colocation. Elles avaient tout partagé, savaient tout l’une de l’autre. Et si l’avocate verrait sans doute d’un mauvais œil l’entrevue entre Mitchell et Lucy, c’était pour leur propre protection. Elle craindrait sans doute que Mitchell mette Lucy en danger et ne l’attire vers l’illégal. Elle redouterait sans doute également que la détective ne se serve de son frère et ne le fasse retomber vers le crime. Ce n’était cependant pas ce qu’elle souhaitait. La brunette reprit, froidement.
« Je serais prête à prendre une balle pour Gaby, et contrairement à toi, je lui ai fais suffisamment confiance pour tout lui raconter et, grâce à elle, j’ai réussi à éviter la prison, moi ! »
Elle le cherchait, sans aucun doute, mais il l’avait fait sortir de ses gonds. L’avocate avait été d’un grand secours lorsque Lucy avait été limogée de la police et c’est notamment grâce à son intervention que la brunette avait évité la détention. Elle tenta de se radoucir pour poursuivre son plaidoyer.
« Je ne serais pas venue vers toi si je n’avais pas été coincée … Je n’ai vraiment pas envie que Gaby me fasse la gueule … On pourra peut-être lui en parler après, si tu veux. Ce sera comme tu préfères … »
Elle se plierait à ses exigences. Et en parlant d’exigences, il s’interrogeait sur ce qu’il aurait à y gagner, en l’aidant à intégrer le club. Dans un soupire, la brunette répondit.
« Dis moi ce que tu veux, et je te le donnerai. Une partie de mes honoraires pour cette mission, des infos sur quelqu’un … ce que tu veux. Ton prix sera le mien. »
Peut-être pas sans négocier tout de même, parce que Lucy n’était pas du genre à se faire arnaquer.
« Danseuse ? J’espère que tu es une très bonne danseuse, car je ne conseillerai pas n’importe qui à Fletcher. Tu es plutôt bien foutue, mais ça ne fait pas tout. »
Estomaquée, la brunette ouvrit la bouche sous le coup de la surprise : Mitchell n’avait ni ses yeux, ni sa langue dans sa poche. L’insulte brûlait la langue de la brunette, qui dut se mordre la lèvre inférieure pour se retenir de la prononcer.
« Je n’ai pas confiance en toi, mais si j’accepte il va falloir que tu me prouves que tu pourras passer inaperçu parmi les danseuses fort talentueuses. »
A ces mots, Lucy éclata de rire.
« Non ! »
Le mot sortit instantanément, un refus catégorique.
« Je ne vais pas te faire un show privé pour satisfaire tes envies, juste parce que la danseuse d’hier n’a pas réussi à apaiser tes pulsions … »
Elle vida d’un trait le verre de scotch que Mitchell lui avait servi, laissant échapper un petit soupire appréciateur : il était connaisseur.
« Si Fletcher te laisse rester pendant l’entretien, tu pourras te rincer l’œil à ce moment-là. Disons que c’est un bonus supplémentaire à ce que je t’offre. »
Elle se recula dans le fond du fauteuil, un air déterminé sur le visage, les bras croisés sur sa poitrine.
Il avait tapé dans le mille et il en était ravi. Il avait observé les traits de son visage et devinait assez facilement qu’il s’agissait d’un sujet sensible, il en prenait note dans un coin de sa tête alors qu’elle lui faisait savoir que ça ne le regardait pas. ça pourrait bien lui servir plus tard, qu’il se disait, alors qu’il n'insistera pas plus sur le sujet.
La requête du détective présumé n’avait pas tardé à tomber, tout comme les explications qui l'avaient mené à lui pour une telle demande. Elle ne l’avait donc pas suivi, mais était tombée sur lui par hasard dans le club. Il avait presque envie de rire en entendant cela, le hasard n’existait pas selon lui, mais il n’allait pas chipoter là-dessus. “Admettons …” Qu’il disait simplement en levant les yeux au ciel. La suite ne lui avait cependant pas vraiment plu et c’est en grinçant des dents qu’il plongea son regard dans le sien. « Oh ne t’en fais pas pour ma libido, le plaisir des yeux ne se compare pas à ce qu’il peut se passer dans un lit ... ou même ailleurs» Qu’il disait en baissant le regard vers la chaise où elle était assise avec un sourire en coin. “Puis si j’étais toi je ne me permettrai pas de porter un jugement sur quelqu’un qui pourrait t’apporter son aide, pour faire quoi déjà ? Devenir danseuse ?” Il ne put s'empêcher de rire lorsqu’elle énuméra chacun de ses essais pour rejoindre l’arrière salle, là où le business avait lieu, là où les meilleures danseuses se produisaient, là où l’illégal prenait son sens. Sourire en coin, il prenait la parole. « Parce que tu penses que le fait d’être danseuse t’en donnera le droit ? » c’était beaucoup plus compliqué que ça en réalité. " Je ne pense pas que tu saches réellement dans quoi tu te lance, mais admettons t’es engagé, comment vas-tu gagner la confiance de Fletcher pour qu’il t'ouvre les portes du paradis ? " il marquait une petite pause. « Car oui, toutes n’ont pas ce privilège » l’accès était restreint pour les clients, mais également pour les employées et les seules conditions pour y accéder étaient la confiance, le talent ou être spécialement demandée par un client qui a le privilège d’y accéder.
Il attrapait son téléphone tout en poursuivant. « Je la mettrait en veilleuse si j'étais toi, je te rappel que c’est toi qui a besoin de moi et non l’inverse ! » Alors qu’elle venait de lui lancer un pic concernant la prison. Elle était donc au courant de beaucoup de choses, bien trop à son goût. Il tapotait sur son téléphone sans vraiment lever les yeux vers elle lorsqu’il parlait. - j’ai une fille pour toi, tu devrais apprécier. qu'il avait envoyé avant de regarder Lucy dans les yeux. "Dommage pour le show privé, mais si jamais tu changes d’avis tu sais ou me trouver” Il fixait à nouveau son téléphone un petit instant avant de pousser un long soupir. "j’ai besoin de rien, j’vois pas pourquoi j’accepterai de t’aider.” Qu’il ajoutait en haussant les épaules. L’Américain n’avait pas vraiment de raison d’accepter, mais il fallait avouer qu’il s’ennuyait énormément depuis son retour d’Europe. “Tu me seras redevable et avant de prendre cela à la légère, sache que je prends ça très au sérieux. Rendre un service c’est assez facile, mais quand on a besoin d’un service c’est souvent compliqué, donc j’espère que le jour où je sonnerai à ta porte tu seras ravie de m’aider.” Il avait un grand sourire qui pouvait presque faire peur. Mitchell avait toujours fonctionné comme ça, un service pour un service et dans le passé les personnes qui n’avaient pas honoré leur parole avaient passé un sale quart d’heure. “Bien sûr, je ne peux pas encore te dire de quoi il s’agira, mais ça sera équitable au service que je te rends “ Il lui réservait son verre avant de lever son propre verre vers elle. “Ah et concernant Gaby, moins elle en sait, mieux ce sera” Il préférait ne pas imaginer la réaction de sa petite sœur suite à tout ça et la laisser dans l’ignorance était sûrement la meilleure des solutions. “Deal ?”
Elle le cherchait, et elle le savait. Lucy n’avait jamais eu sa langue dans sa poche, et elle avait beau attendre quelque chose de Mitchell, elle avait du mal à se tenir. Elle savait cependant qu’elle devait se taire et ne pas pousser le bouchon trop loin. Elle ne connaissait pas le Strange, ne savait pas où se situaient ses limites et, du récit que Gaby lui en avait fait, il n’avait rien d’un enfant de cœur.
« Oh ne t’en fais pas pour ma libido, le plaisir des yeux ne se compare pas à ce qu’il peut se passer dans un lit … ou même ailleurs. »
Lucy observa le regard de Mitchell passer sur la chaise qu’elle occupe et s’arrêter sur elle, avec un petit sourire. Celui de la détective, lui, avait disparu, et la voilà qui déglutissait difficilement alors que son regard bleuté soutenait celui du Strange. Putain ! Elle était soudain mal à l’aise. Est-ce qu’il draguait la meilleure amie de sa sœur, ou est-ce qu’il jouait simplement avec elle pour s’amuser ? Lucy se tortilla sur sa chaise mais ne répondit rien.
« Puis si j’étais toi je ne me permettrai pas de porter un jugement sur quelqu’un qui pourrait t’apporter son aide, pour faire quoi déjà ? Devenir danseuse ? »
Le regard de Lucy se durcit alors qu’elle foudroyait de ses yeux bleus le Strange.
« La différence entre toi et moi, c’est que moi je le fais pour le boulot, pas pour le plaisir. »
Elle n’allait pas dans ces clubs pour se rincer l’œil, et elle ne dansait pas non plus pour le plaisir. Elle avait appris à le faire pour des missions d’infiltration, lorsqu’elle était encore dans la police, et n’avait pas hésité à suivre les formations. Elle était totalement à l’aise avec son corps, et avait un bon déhanché. Un atout pour son équipe à l’époque, sans aucun doute. Elle poursuivit ensuite en expliquant à Mitchell ses vaines tentatives pour rejoindre l’arrière du Club, désireuse de lui faire comprendre qu’il était son dernier espoir. En faisant ainsi, elle lui donnait un pouvoir certain sur elle, mais elle pouvait aussi se justifier : elle n’avait pas fait appel à lui à la légère, mais était réellement au pied du mur. La réplique de Mitchell la laissa cependant un instant sans voix.
« Parce que tu penses que le fait d’être danseuse t’en donnera le droit ? Je ne pense pas que tu saches réellement dans quoi tu te lance, mais admettons t’es engagé, comment vas-tu gagner la confiance de Fletcher pour qu’il t’ouvre les portes du paradis ? Car oui, toutes n’ont pas ce privilège. »
Lucy dévisagea Mitchell, bouche bée. Elle avait naïvement pensé qu’une fois qu’elle serait danseuse, elle pourrait circuler à son aise dans le Club. Elle pensait que, en faisant partie du personnel, elle pourrait accéder à tous les recoins. Elle grimaça, avant de laisser échapper un soupire.
« Si je n’arrive pas à le convaincre de me laisser aller à l’arrière du Club … tu m’engagerais pour une danse à l’abri des regards ? »
C’était presque un service supplémentaire qu’elle lui demandait, et elle espérait réellement qu’il ne le compterait pas comme deux services. Pourtant, elle devait se rendre à l’évidence : elle avait besoin de lui, et elle ne reculerait pas si près du but. Elle ne se contenterait de danser sur la scène pour un maigre salaire, en étant coincée devant les portes qu’elle rêvait de franchir. Enfin, et contre toute attente, Mitchell sembla accepter de l’aider. Il pianota quelques instants sur son téléphone avant de la fixer à nouveau du regard.
« Tu me seras redevable et avant de prendre cela à la légère, sache que je prends ça très au sérieux. Rendre service c’est assez facile, mais quand on a besoin d’un service c’est souvent compliqué, donc j’espère que le jour où je sonnerai à ta porte tu seras ravie de m’aider. »
Une nouvelle fois, Lucy déglutit difficilement : elle n’allait certainement pas prendre cela à la légère. Elle avait bossé suffisamment longtemps dans la police, côtoyé suffisamment longtemps le monde du crime pour savoir qu’avoir une dette n’était pas anodin. Elle aurait clairement préféré que Mitchell fixe déjà le prix qu’il attendait, et qu’elle en soit débarrassée. Elle ne voulait pas qu’il vienne l’importuner à n’importe quel moment, pour un service dont elle ne savait rien à l’heure actuelle. Pourtant, elle n’avait pas le choix, alors elle se contenta de hocher la tête pour signifier son acceptation.
« Bien sûr, je ne peux pas encore te dire de quoi il s’agira, mais ça sera équitable au service que je te rends. »
Lucy desserra suffisamment les dents pour répondre.
« C’est d’accord. Mais rien d’illégal. »
Elle n’avait plus envie de frôler la prison, jamais. Et si Gabrielle finissait un jour par apprendre que son frère et sa meilleure amie s’étaient mutuellement tirés vers le bas, elle ne le leur pardonnerait sans doute jamais.
« Ah et concernant Gaby, moins elle en sait, mieux ce sera. Deal ? »
La brunette hocha la tête, vida son verre de scotch d’un trait et laissa son numéro à Mitchell pour qu’il la recontacte quand il aurait des nouvelles de Fletcher.
Le rendez-vous pour l’entretien fut fixé au lendemain soir. Installée dans la voiture du Strange, Lucy baissa le pare-soleil pour vérifier son maquillage. Elle avait enfilé un jean slim noir, portait un top rouge moulant qui laissait entrevoir son nombril et avait aux pieds des talons vertigineux. Elle secoua ses cheveux qu’elle avait bouclés avant de se tourner vers Mitchell. Elle tentait de parler d’une voix ferme et posée, mais on pouvait entendre son stress dans les quelques chevrotements.
« Mon nom de scène, c’est Alaska. Ne m’appelle pas Lucy. Tu me connais parce que tu m’as vu danser ailleurs, au Pussy Cats ou au Black Tie, il y a quelques années. Je suis de passage en ville et j’ai juste besoin d’extras : à la fin de la semaine, je quitte Brisbane. C’est compris ? »
C’est tout ce qu’il avait besoin de savoir de sa couverture, mais c’était l’essentiel. Elle ne voulait pas le surcharger d’informations inutiles. Elle espérait simplement que Fletcher n’interrogerait pas trop Mitchell, et qu’il s’adresserait à elle directement. Alors que l’aîné des Strange se gara sur le parking du Club, Lucy sentit la peur monter d’un cran. Elle irait mieux dans quelques secondes, quand elle serait devenue Alaska, mais pour l’instant, elle était stressée. Elle posa sa main sur celle de l’ex criminel, encore posée sur le levier de vitesse.
« Mitchell ? J’ai une arme dans mon sac, au cas où. Mais si ça chauffe, tu dégages. C’est clair ? C’est ma mission, ma merde, et je n’ai pas envie que Gaby me tue … »
Et elle le ferait sans aucun doute si Lucy avait mis son frère en danger. C’était son idée, son plan, c’était à elle d’en assumer toutes les conséquences, aussi désastreuses pouvaient-elles être.
Il avait longuement Lucy avant d'émettre une réponse au fait que lui le faisait pour le plaisir et elle pour le boulot. Il y avait du vrai, mais pas que et ça l'obligeait à froncer les sourcils. «Et il n’y a aucun mal à prendre du plaisir.» Il marquait une petite pause. « Une part de toi doit apprécier jouer les danseuses, car tu pourrais faire n’importe quoi d’autres, serveuse ? Barmaid ? Tu ne t’en rends juste pas compte, mais ça doit sûrement contribuer à ta confiance en toi ?» Il haussait les épaules avant de poursuivre la conversation jusqu’à trouver un accord. « T’engager pour une danse ? Avec plaisir ! » qu'il avait conclu en riant.
Le lendemain, ils étaient tous les deux à bord du Range Rover de l’Américain en direction du Club. Alors qu’il s’apprêtait à couper le moteur et à l’inviter à descendre du véhicule, elle saisit soudainement sa main pour lui faire part d’une chose qu’il n’apprécia pas entendre. « est-ce que tu es folle ? » qu’il lui demandait sans retenue. « Tu vas laisser ton arme gentillement ici et ce n’est pas une requête. Ton plan ne fonctionnera pas si tu es armée, ils vont fouiller ton sac à l’entrée ! » les armes étaient bannies de ce lieu, lui-même laissait la sienne dans la boîte à gant. « c’est vraiment sexy de t’imaginer avec une arme, vraiment, mais je n’irai pas plus loin avec cette arme dans ton sac. » il soufflait. « Le but c’est de te faire engager non ? Pas de te lancer dans un règlement de compte … » il l’observait sans lâcher sa main. « Tu te fais engager, je t’engage pour une danse et tu obtiens les infos dont tu as besoin pour ton client, aussi simple que ça, alors respire un grand coup. » Mitchell savait plus ou moins ce qui se tramait à l’arrière de Club, mais il n’était pas du genre à jouer les balances. « Maintenant on y va !» Qu’il ajoutait avant de la regarder quitter la voiture, poussant un long soupir. « Dans quoi je me suis encore embarqué « qu’il se disait à lui-même avant de rejoindre Lucy.
Ils étaient arrivé dans le club assez rapidement, l’Americain saluant le vigile au passage d’un serrage de main ferme, il laissait passer la jeune femme devant lui. Une fois à l’intérieur, l’hôtesse qui accueillait les clients pour les mener à leur table ne manqua pas de saluer Mitchell avec nonchalance, faisant un simple sourire à son accompagnatrice.
Fletcher arriva rapidement derrière, serrant la main du supposé ex criminel avec enthousiasme. « je savais que tu étais pas rouillé et que tu avais toujours le flaire pour trouver de belle créature ! » qu’il plaisantait en lui tapotant l’épaule avant de saluer la principale intéressée, la regardant de haut en bas avec le sourire. « [color=#993300Physiquement tu es parfaite, maintenant on va voir ce que ça donne sur le terrain. [/color]» il lui faisait signe de rejoindre l’une des loges. « Prépare toi, j’arrive tout de suite » il se tournait vers Mitchell. « Tu viens avec nous ? « qu’il demandait à l’américain en lui montrant la porte de la loge. Une proposition qu’il ne put refuser. Ils se retrouvaient tous les deux installés dans la petite pièce équipée d’un canapé et d’un podium muni d’une barre. Le Brun s’était installé à son aise et espérait que là détective gère pour pouvoir réussir la mission qu’elle s’était vue confier et ce tout en passant inaperçu. « Tu me la sort d’où celle-là ? » Mitchell qui regardait droit devant lui avec un sourire. « je l’ai connu au pussy cat » Comme à son habitude Mitchell n’allait pas donner de détails à Fletcher qui n’allait pas en demander d’avantage. C’était ainsi que ça fonctionnait entre eux, peu de questions, juste de la loyauté. « Alaska … quand tu te sens prête, tu peux commencer » L’américain s’adossait à son aise et plongea contre toute attente son regard sur son téléphone, relevant les yeux quelques fois pour ce faire tout de même une idée du talent ou non de Lucy. « Parfait, merci beaucoup ! Si tu veux bien, on va prendre cinq minutes pour discuter. » Fletcher était emballé et ça se voyait. « Dommage que ce soit que pour quelques jours, mais je refuse rien à Mitchell, t’as besoin d’argent, c’est compréhensible, tu commences demain » A la fin de l’entretien, Mitchell qui buvait son verre au bar ne tarda pas à rejoindre Lucy avec un sourire. « bien joué ! ! » qu’il disait. « J’espère que tu vas me réserver ta meilleure danse !» qu’il ajoutait afin de la taquiner un peu. « Je pense que ma mission est terminée pour ce soir, tu peux prendre un taxi ou je peux te raccompagner un peu plus tard, Alaska » sourire en coin il s’éloignait pour rejoindre le bar pour retrouver son verre.
« Une part de toi doit apprécier jouer les danseuses, car tu pourrais faire n’importe quoi d’autres, serveuse ? Barmaid ? Tu ne te rends juste pas compte, mais ça doit sûrement contribuer à ta confiance en toi ? »
Elle secoua la tête, mais prit un moment pour réfléchir. Elle aurait pu se faire engager comme serveuse, c’est vrai, mais elle avait choisi de se tourner vers le métier de danseuse, parce qu’elle l’avait déjà exercé à plusieurs reprises dans le cadre de son boulot. Elle était peut-être un peu rouillée, mais elle était plutôt douée, et elle le savait. A l’époque, elle avait été formée à cela, avait pris des cours de pole dance, avait appris à bouger, à se déshabiller, à faire monter doucement le plaisir. Parce que les danseuses avaient des avantages par rapport aux serveuses. Les danseuses pouvaient s’attarder à une table, pour écouter une conversation, ou pour glisser quelques mots à quelqu’un, discrètement. Elle se souvenait avoir ainsi transmis des informations capitales à Anwar, alors qu’il était en infiltration depuis quelques jours. Une serveuse, elle, posait les consommations et s’en allait. Finalement, Lucy reprit enfin la parole et déclara, froidement.
« C’est ce que je sais faire, c’est tout. »
Elle n’entrerait pas dans les détails avec Mitchell, ne lui faisait pas plus confiance qu’il ne le faisait, lui.
Le lendemain, dans la voiture de l’ancien criminel, garée devant le club de strip tease, Lucy sentait le stress et l’adrénaline l’envahir petit à petit. Elle prévint Mitchell qu’elle avait une arme dans son sac, mais qu’elle préfèrerait qu’il s’en aille si tout devait tourner au vinaigre. Elle ne l’aimait pas particulièrement, ne lui devait rien de plus qu’un service en retour, mais n’aurait jamais mis le frère de Gabrielle délibérément en danger. La réaction du Strange la prit cependant par surprise.
« Est-ce que tu es folle ? »
Elle le dévisagea, un instant interdite, alors qu’elle clignait des yeux, perdue.
« Tu vas laisser ton arme gentiment ici et ce n’est pas une requête. Ton plan ne fonctionnera pas si tu es armée, ils vont fouiller ton sac à l’entrée ! »
Lucy serrait les dents. Elle aimait avoir un pistolet avec elle, pour assurer sa sécurité. Depuis qu’elle n’était plus dans la police, elle travaillait seule la plupart du temps, et n’avait donc aucun coéquipier pour veiller sur elle. Avoir un flingue la rassurait, et le laisser ici la stressait.
« C’est vraiment sexy de t’imaginer avec une arme, vraiment, mais je n’irai pas plus loin avec cette arme dans ton sac. »
Elle pesta, mais il acheva de la convaincre en lui expliquant que tout irait bien : elle se faisait engager, il lui faisait accéder à l’arrière du club, elle prenait les informations dont elle avait besoin, et ça s’arrêtait là. Sur le papier, il avait raison. Elle craignait pourtant ce qui pourrait arriver si elle était prise à fouiner à l’arrière, ou à prendre des photographies pour avoir des preuves. Elle se résigna cependant et, laissant échapper un soupire, elle rangea son arme dans la boîte à gants de Mitchell.
« Si on est blessé, tu seras le seul que je blâmerai, c’est clair ?! »
Lucy et sa mauvaise foi légendaire n’allaient clairement pas laisser passer ça sans râler. Dès que la brunette sortit de la voiture, elle entra dans le personnage d’Alaska, l’identité que la police lui avait créée des années auparavant. Elle adapta sa démarche pour quelque chose de plus félin et de plus sexy, roulant des hanches alors qu’elle suivait Mitchell à l’intérieur du club. Son regard, quant à lui, s’était durci, et quand Fletcher, le propriétaire du club, la regarda de haut en bas, elle ne se gêna pas pour le détailler également, sans aucune retenue.
« Physiquement tu es parfaite, maintenant on va voir ce que ça donne sur le terrain. Prépare toi, j’arrive tout de suite. »
Avant de rejoindre la loge qu’il lui avait désignée, Lucy esquissa un sourire.
« A vos ordres, patron. »
Elle n’était pas encore engagée, loin de là, mais les hommes comme Fletcher aimaient en général dominer et sentir qu’ils avaient le pouvoir. Et elle, elle voulait se le mettre dans la poche. Dans la loge, Lucy se déshabilla afin de révéler un ensemble rouge en dentelle, puis réenfila ses talons. Elle tourna doucement autour de la barre en attendant Fletcher, désireuse de se remettre dans le bain, et espérant ne pas être trop rouillée. Quelques minutes plus tard, le propriétaire et Mitchell firent leur entrée dans la loge. Lucy se retint de fusiller du regard le Strange, se contentant d’être Alaska, la strip teaseuse qui n’en avait rien à faire de sa présence et qu’il avait déjà vu danser à plusieurs reprises.
« Alaska … quand tu te sens prête, tu peux commencer. »
La brunette hocha la tête et démarra sa prestation. Elle écouta la musique diffusée de l’autre côté de la porte, dans la salle principale du club, et cala son rythme sur les accords des basses. Elle se déhancha de manière sexy, constatant avec soulagement qu’elle maniait toujours aussi bien la barre de pole dance. Fletcher ne la lâchait pas du regard, mais Mitchell, lui, semblait absorbé par son téléphone. Lucy ne savait s’il lui faisait une fleur en ne détaillant pas son corps, ou si sa danse l’ennuyait à mourir. Quoiqu’il en soit, son égo fut blessé, et elle dut déployer tous les efforts du monde pour ne pas pincer les lèvres et froncer les sourcils. Après quelques minutes, le verdict de Fletcher tomba.
« Dommage que ce soit que pour quelques jours, mais je refuse rien à Mitchell, t’as besoin d’argent, c’est compréhensible, tu commences demain. »
Lucy sourit et laissa échapper sa joie comme elle pensait qu’une strip-teaseuse devrait le faire, en poussant un petit cri et en sautant sur place.
« Merci patron ! »
Elle ajouta d’un ton suave, en se mordillant la lèvre inférieure.
« A votre service. »
Après un clin d’œil, elle attendit que les deux hommes quittent la loge pour se rhabiller. Après quelques minutes, elle sortit de la petite pièce, cherchant Mitchell du regard. Ce dernier la rejoignit rapidement.
« Bien joué ! »
La brunette lui adressa un sourire sincère, simplement contente, à ce moment-là, d’avoir réussi la première étape de sa mission.
« Merci pour ton aide. »
Sans piston, elle n’aurait jamais eu cet entretien, elle le savait, et elle savait également être reconnaissante.
« J’espère que tu vas me réserver ta meilleure danse ! »
Toujours piquée dans son égo par le désintérêt antérieur de Mitchell, qui avait passé la majeure partie de son show à pianoter sur son smartphone, Lucy réagit au quart de tour.
« Ha oui ? Pour que tu préfères jouer sur ton téléphone plutôt que de regarder ? »
Elle secoua la tête, visiblement vexée.
« Contente toi de m’engager, on laisse tomber la danse, et je te rembourserai le prix du show privé. Ce sera largement suffisant. »
Un sourire sans joie s’afficha sur le visage de la brunette, qui dissimulait difficilement sa colère.
« Je pense que ma mission est terminée pour ce soir, tu peux prendre un taxi ou je peux te raccompagner un peu plus tard, Alaska. »
Elle le regarda rejoindre le bar et pesta. En quelques pas, elle se retrouva à côté de lui. Elle s’empara du verre de Mitchell, le vida d’un trait avant de le reposer sur le comptoir. Son regard bleuté se plongea ensuite dans celui de l’ex-criminel, à qui elle servit un sourire suffisant.
« Je préfère rentrer seule, merci. »
Et, se penchant à l’oreille du brun, elle murmura.
« N’oublie pas que tu as quelque chose qui m’appartient dans ta voiture. J’entends bien le récupérer demain. »
Et, poussant sans doute le bouchon un peu trop loin, elle tapota la joue de Mitchell, des petites claques qu’elle aurait aimées lui asséner plus fort. Tournant les talons, Lucy quitta le club. Le lendemain, la jeune femme se rendit seule au club de strip tease, à l’heure indiquée par Fletcher. Elle n’avait signé aucun contrat, mais cela ne l’étonnait pas : son intervention devait être temporaire, et ce genre de club n’était de toute façon pas réputé pour être à cheval sur le droit du travail. Depuis les vestiaires, Lucy observait les autres filles se déhancher sur scène. Elle s’était présentée à toutes et le courant était plutôt bien passé, étant donné qu’elle ne volerait le job de personne : elle ne resterait que quelques jours. Enfin, son regard fut attiré par l’arrivée de sa cible, qui s’installa à sa table habituelle : pile à l’heure pour le tour de Lucy, qui fut invitée à monter sur scène avec deux autres danseuses. Elle était plus à l’arrière, ce qui était normal, puisqu’elle venait d’arriver et n’avait pas encore fait ses preuves. Elle laissa donc les autres filles briller sur le podium. Elle, elle se concentrerait sur ce qui allait suivre dans moins de cinq minutes. A la fin de la chanson, les filles quitteraient la scène pour aller se trémousser devant les clients au rythme d’une nouvelle musique et recueillir des billets dans leurs sous-vêtements. C’était la partie que Lucy détestait le plus : sentir les mains de tous ces inconnus la frôler, en profiter parfois un peu trop, mais elle avait toujours serré les dents. Aujourd’hui ne ferait pas exception. La musique se poursuivait et, malgré ses tentatives pour repérer Mitchell, la brunette ne l’avait encore vu nulle part dans la salle. Le temps passait, et le rythme cardiaque de Lucy s’accéléra. Elle se dirigea vers la table de sa cible, bien décidée à se faire engager pour une danse privée. Elle s’appliqua, déploya tout ses charmes, usa de sa sensualité, en vain, apparemment. Heureusement, Mitchell semblait être arrivé entre temps et, bientôt, la brunette était entre ses jambes, debout devant lui, et le frôlait dangereusement. Il avait adopté la position classique de tant d’hommes, le manspreading, les genoux écartés, permettant à Lucy de se déhancher de manière lancinante à quelques centimètres de lui. Se penchant finalement vers lui murmurer quelques mots à l’oreille, elle lui mit sa poitrine sous le nez.
« T’étais où, putain ?! »
Sa voix était glaciale, mais elle ne se dépâtissait pas de son sourire. Elle savait qu’à tout moment, on pouvait les observer. Dans sa vision périphérique, elle vit sa cible se lever et suivre une fille dans un endroit du club qui était encore inaccessible à Lucy. Le regard de la brune, qui lançait des éclairs quelques instants auparavant, se fit plus doux, alors que ses yeux bleus se plongèrent dans ceux du Strange.
« Ah parce que ça te dérange ?” Qu’il s’exclamait discrètement pour ne pas attirer l’attention. Il avait envie de rire, car visiblement elle était vexée et le faisait comprendre d’une certaine façon. Sourire en coin, il avait roulé des yeux avant de lui annoncer qu’il en avait fini pour ce soir. S’installant au bar, il fut rejoint par la brune assez rapidement et c’est avec beaucoup de surprise qu’il l’observa boire son verre d’une traite, sans pour autant perdre le sourire.”Je t’aurai payé un verre …” Qu’il murmurait avant de l’entendre dire qu’elle préférait rentrer seule. Il haussa les épaules tout en faisant signe à la serveuse de lui servir un nouveau verre. “C’est toi qui vois et t’en fais pas, je préfère les plus gros calibre.” Qu’il ajoutait avant qu’elle s’autorise une certaine liberté à lui tapoter les joues. Un geste qui aurait pu la condamner en une seule seconde et pourtant il l’avait observé quitter les lieux amusé. “Sacré numéro …” Qu’il s’était dit à lui-même avant de poursuivre sa soirée au bar.
Le lendemain. Après un réveil plutôt difficile, seul une fois encore, des cadavres de bouteilles au bord du lit et une odeur de tabac froid, l’aîné des Strange s’était lancé dans une journée plutôt banale avec l’impatience d’être au soir. Le monde de la nuit avait toujours été son élément, un monde où il s’était toujours senti comme un poisson dans l’eau, là où son addiction pour l’alcool passait inaperçue. Il avait mangé au comptoir du bar du Moonshiner, gardant un œil sur les salariés présents ce soir-là avant de finalement s’enfermer dans son bureau pour une bonne partie du début de soirée conscient qu’il devait rejoindre la meilleure amie de sa sœur pour lui rendre service suite à sa demande.
Il s’était fait désirer l’américain. Il avait passé plus de temps que prévu au Moonshiner avant de finalement se rendre au club de striptease pour honorer son marché et terminer la soirée. Lucy n’avait pas tardé à s’approcher de lui lorsqu’il prit place sur l’une des banquettes après avoir salué quelques personnes. Son regard se perdit très rapidement sur les hanches de la jeune femme, sentant son corps proche du sien il ne pouvait nier que c’était plaisant à voir et qu’elle savait y faire. Le ton glacial qu’elle utilisait pour lui faire comprendre qu’elle l’avait attendu ne manquait pas de faire sourire Mitchell. « Du calme, si je t’ai manqué tu peux le dire » qu’il rétorqua à voix basse sourire en coin pour la taquiner, ne manquant aucune miette du spectacle qu’elle lui offrait.
Il avait sorti quelques billets de sa poche, sa main trouvant facilement le chemin de son décolleté pour y déposer quelques billets. Le but étant de faire illusion , la sommes posée à travers ses sous vêtements était plutôt généreuse. «Je ne suis pas un homme facile, mais si c’est demandé si gentillement, je vais faire une exception. » qu’il chuchotait à son oreille avant de plonger son regard à son tour dans le sien. « Allons-y » qu’il ajoutait avant de se lever tout en faisant signe à l’une des hôtesse pour qu’elle prenne note qu’il allait se rendre dans l’une des room privé, une habitude qui n’allait choquer personne, car oui, Mitchell Strange faisait parti de ceux qui s'octroient le plaisir d’une danse privé à l’abri des regards. Si autrefois il mélangeait plaisir et business en ces lieux, actuellement seul le plaisir comptait, un moyen de combler sa solitude grandissante.
A l’arrière, l’ambiance était tout autre, les lumières se faisaient beaucoup plus discrète que la pièce principale et les vigiles y étaient moins présents. Fletcher avait beaucoup misé sur cet espace pour qu’il soit le plus intimiste possible. Il attrapa Lucy par la taille assez fermement pour la guider directement vers l’espace qui lui était dédié sous les yeux du vigile qui veillait au bon déroulement de la circulation en ces lieux. Si l'américain avait connaissance de ce qui se tramait par ici, c’était tout l’inverse de Lucy et pour le bon déroulement de sa mission il valait mieux jouer le jeu comme la plupart des clients demandant un show privé auprès d’une stripteaseuse.
Une fois seul il s’éloignait pour s'installer confortablement sur le canapé présent dans la pièce lançant un regard approbateur à Lucy. « très beau déhanché ! » Qu’il disait en s’adossant confortablement. « Je sais que tu es vexé parce que je n’ai pas bavé devant ton joli petit cul et ta prestation face à Fletcher, mais ce n’est pas trop tard pour changer d’avis et me montrer ce dont tu es vraiment capable » sourire en coin il attrapait la bouteille de whisky mise à sa disposition pour se servir un verre. « je ne fais pas parti de ceux qui profitent à plusieurs » il buvait une gorgée. « Un petit verre ? » qu’il lui proposait sans la lâcher du regard. Ce qu’elle était venue chercher se trouvait dans la pièce à côté, mais il n’y avait pas le feu au lac. "Ou tu veux te lancer directement dans la gueule du loup ?"
Mitchell avait pris tout son temps avant de se présenter au club de striptease. Lucy avait attendu et observé la salle principale depuis les coulisses. Son regard bleuté passait des danseuses qui faisaient le show à l’entrée, espérant repérer le Strange. Finalement, ça avait été son tour de monter sur scène, et son cœur battait la chamade. Elle avait beau s’être mis dans la peau d’Alaska, elle ne pouvait totalement faire taire la Lucy en elle. Et, à ce moment précis, la Lucy craignait de tomber de ces talons vertigineux, d’oublier la chorégraphie apprise à la hâte, ou de ne réussir à convaincre personne de l’embaucher pour une danse à l’arrière, car Mitchell était toujours aux abonnés absents. Peut-être qu’il avait changé d’avis. Peut-être qu’il ne viendrait pas. Elle avait pourtant déjà quitté la scène et dansé devant plusieurs hommes et, si elle avait réuni de gros pourboires, personne n’avait sollicité ses talents pour une danse privée. Lucy commençait à désespérer quand elle remarqua Mitchell et s’approcha immédiatement de lui, lui reprochant son retard.
« Du calme, si je t’ai manqué tu peux le dire. »
Ses yeux bleutés lancèrent des éclairs, alors qu’elle conservait son sourire de façade et continuait de se déhancher devant le brun.
« Dans tes rêves, Strange ! »
Lucy ne put s’empêcher de frissonner quand il la frôla de ses doigts en glissant des billets dans son soutien-gorge. Elle rosit doucement, sa gêne accentuée par les paroles de Mitchell, à qui elle venait de demander qu’il l’emmène à l’arrière, alors que sa cible venait de quitter la salle principale avec une autre danseuse.
« Je ne suis pas un homme facile, mais si c’est demandé si gentiment, je vais faire une exception. Allons-y. »
Elle l’observa faire signe à une hôtesse, maîtrisant parfaitement les démarches à faire pour pouvoir s’offrir une danse privée. Elle pencha un instant la tête pour le dévisager, se demandant combien de fois il avait ainsi recouru aux services d’une danseuse, dans l’intimité d’un petit salon, à l’arrière du club. Elle vit également les vigiles la regarder, sans doute pour vérifier qu’elle était d’accord et que la danse serait bien réglée. Lucy hocha la tête en direction d’un des gros bras de Fletcher et suivit Mitchell qui l’entraîna par une petite porte, dans des couloirs moins éclairés et plus déserts. Là, il posa sa main sur la taille de la brunette, l’attirant contre lui et la guidant jusqu’à la salle qui leur était réservée. Lucy frémit à ce contact : elle avait l’impression que sa peau la brûlait à l’endroit où la paume de Mitchell était posée. Elle détestait réagir ainsi à la proximité du Strange, se sentait vulnérable, et s’interrogea vaguement sur ce que pouvaient ressentir les danseuses quand on les touchait. Pourtant, elle ne dit rien, se laissa faire, et profita d’être ainsi dirigée pour laisser son regard curieux scruter les environs. Enfin, ils arrivèrent dans une petite salle meublée d’un canapé, d’un lit, d’un mini bar et d’une barre de pole dance. Lucy leva les yeux au ciel : inutile de se demander ce qui pouvait bien se passer ici, à l’arrière du club. La plupart des danseuses ne devaient pas se limiter à effectuer une danse privée …
« Très beau déhanché ! Je sais que tu es vexée parce que je n’ai pas bavé devant ton joli petit cul et ta prestation face à Fletcher, mais ce n’est pas trop tard pour changer d’avis et me montrer ce dont tu es vraiment capable. »
Lucy haussa les sourcils, surprise. Il l’agaçait, réellement. Il soufflait le chaud et le froid, semblait lui faire du charme, puis feignait l’indifférence. La brunette ne savait pas sur quel pied danser, mais elle savait qu’elle devrait éviter davantage de proximité avec Mitchell. Elle avait déjà dépassé les bornes en contactant le frère de sa meilleure amie dans son dos, pour l’entrainer dans une mission. S’ils devenaient intimes, Gaby ne le lui pardonnerait sans doute pas.
« Je ne fais pas parti de ceux qui profitent à plusieurs. »
La brunette secoua la tête, avant d’accepter le verre qu’il lui proposait. Elle était toujours en sous-vêtements face à Mitchell, mais avait l’impression d’être nue quand il la déshabillait du regard et ne la lâchait pas des yeux. Elle rougit légèrement, vidant son verre d’un trait pour se donner un peu de contenance.
« Ou tu veux te lancer directement dans la gueule du loup ? »
C’était ce qu’elle voulait : faire son job, et regagner les coulisses du club, comme si de rien n’était. Mais elle leva les yeux pour scruter la salle dans sa totalité, et ne put manquer les caméras installées dans les coins. D’une démarche féline, elle se plaça entre les jambes de Mitchell, posa ses mains sur les épaules du Strange et se pencha pour lui murmurer à l’oreille.
« Des caméras … Mais pas de micro, si ? »
Elle s’installa à califourchon sur ses genoux, sentant son rythme cardiaque s’accélérer, et sa respiration, avoir des ratés. Pourquoi diable trouvait-elle cette situation si érotique ? Etait-ce leur proximité, sa tenue affriolante, ou le danger de la mission qui l’excitaient ainsi ?
« He bien ? Tu sembles un habitué des lieux … Il s’y passe quoi, en principe ? »
Ses mains glissèrent le long des épaules de Mitchell et remontèrent pour venir se poser sur sa nuque, et elle plongea son regard bleuté dans celui du Strange, toujours grandement troublée. Sans même s’en rendre compte, elle se mordilla la lèvre inférieure, puis secoua légèrement la tête, comme pour se reconcentrer sur leur objectif.
« Tu vas me guider, me dire quoi faire. Puis tu m’expliqueras le chemin pour rejoindre ma cible. On ira dans quelques minutes. »
Elle devait rester professionnelle, devait garder son but en tête.
« Et là-bas, soit tu prendras des photos de ce type, soit tu me prêteras ton téléphone pour le faire : j’ai besoin de preuves. C’est compris ? »
Elle avait besoin d’avoir l’impression que c’était encore elle qui tenait les rênes, alors qu’elle perdait visiblement pieds.
Les caméras étaient là uniquement par sécurité. Dans ce monde, certains hommes pouvaient devenir violents et s’en prendre aux jeunes femmes. Mitchell n’y prêtait plus attention depuis qu’il savait qu’un son était enregistré et que les images étaient consultées qu’en cas de problème. « Pas de micro en effet. qu'il confirmait alors qu’elle s’installait à califourchon sur ses genoux. Un acte qui ne le laissait pas indifférent et qui eut le don d'accélérer les battements de son cœur en une fraction de seconde. Il avait plongé son regard dans le sien un petit instant avant d’attraper son verre, tentant de garder son calme tout en buvant une gorgée. “J’ai toujours été plutôt bon client ici, mais pas pour les raisons qui pourraient le laisser croire.” Il n’allait pas entrer dans les détails, son passé de criminel ne la regardait pas vraiment et même si elle était au courant de pas mal de choses il n’allait pas se lancer dans un moment de confession. « Et ne compte pas sur moi pour te dire ce qui s’y passe exactement. » qu’il disait en la regardant dans les yeux. Il avait quelques principes qu’il ne souhaitait pas enfreindre et jouer la balance en faisant partie. “La seule chose qu’il faut que tu saches c’est que c’est l’argent qui domine les lieux et que le striptease n’est qu’une illusion pour cacher un plus gros business.” Elle continuait de jouer le jeu, elle laissait ses mains se balader sur ses épaules jusqu’à se poser sur sa nuque ne manquant pas de le faire frissonner. Son regard bleuté l’avait comme hypnotisé et pourtant il se devait de garder pied et ne pas s’y perdre. Il terminait son verre. “à quelques pas d’ici se trouve une grande salle, comme celle qui se trouve à l’avant, un bar, des canapés, des podium, aucune caméra.” Qu’il commençait à expliquer. “la seule différence c’est que l’accès y est très limité, donc je vais être obligé de t’accompagner. ” Qu’il disait en se rendant compte qu’il prenait des risques inutiles. « les hommes présents sont souvent accompagnés de femmes, une façon d’adoucir l’atmosphère si tu vois ce que je veux dire, donc ta présence ne choquera personne.» qu'il proposait avant de se perdre une nouvelle fois dans ses yeux. “Allons-y avant que je change d’avis. Il tapotait légèrement son derrière l’incitant à se lever rapidement. Reprenant ses esprits, il servait deux verres avant d’en boire un rapidement, le deuxième étant pour la brune.
Dans le couloir démuni de toute présence l’américain entraînait là détective jusqu’aux abords de l’entrée où tout se passait réellement. Il serrait la main de l’unique vigile qui était présent et entrait sans attendre une seconde de plus. Il prenait place en sa compagnie, lui faisant signe de s'asseoir sur ses genoux pour avoir plus de proximité et pouvoir communiquer. “Bienvenue dans l’arène” Qu’il chuchotait avec un sourire en coin. Des armes étaient présentées comme des trophées au centre de la pièce, des liasses de billets circulaient et ceux qui étaient intéressés se retrouvaient à manipuler les armes comme s’ils faisaient le choix de fruits et légumes dans un marché. « Approche » qu’il lui chuchotait, l’invitant clairement à se coller à lui pour faire illusion si quelqu’un devait approcher. « Mon téléphone est dans ma poche, prend le et prend les photos sans reculer » il laissait ses bras et ses mains se loger sur son corps pour qu’il reste une petite fenêtre suffisante pour prendre des photos. “Surtout fais vite, si quelqu’un te voit s’en est finit pour toi et sûrement même pour moi.” Il ne fallait pas jouer avec le feu trop longtemps, il avait une réputation à garder et paraître pour un traître n’était pas la meilleure chose qui pouvait lui arriver, surtout qu’il songeait à replonger dans ce monde et que jusque-là il avait juste rendu service à Fletcher en étant présent lors de quelques transactions. “En tout cas tu sens très bon” Qu’il disait pour détendre la situation faisant mine de passer du bon temps aux yeux de ceux qui auraient la curiosité de regarder en sa direction.
Tout se déroulait comme sur des roulettes, elle avait vu ce qu’il fallait, avait ses photos, il était temps de partir. « Mitchell ! Quelle surprise ! » Le Brun soufflait légèrement sans quitter l’emprise qu’il avait sur la brune. « Carlos ! Toujours là à ce que je vois ! » qu’il s’exclamait. « Tu reviens dans le Game Strange ? » l’américain se devait de jouer le jeu, autrement comment pouvait-il expliquer sa présence. « Je tâte le terrain » qu’il répondait assez froidement, lui faisant assez facilement comprendre qu’il était occupé. Une fois l’homme éloigné et son téléphone remis à sa place, il sortait quelques billets destinés à sa danseuse d’un soir. “Retourne travailler, je t’attendrai à la sortie.” Qu’il disait la remerciant d’un baiser sur la joue. Il rejoignait Fletcher qu’il avait vu entrer, discutant quelques instants.
La fermeture du Club de stripsease était arrivée et comme convenu l’Américain avait attendu dans sa voiture la sortie de Lucy qui se devait de finir la soirée pour ne pas attirer de doutes. Il l’observait entrer dans la voiture avec un sourire. « j’espère que tu as tout ce qui te faut. » Il attrapait l’arme de la jeune femme qu’il avait laissé dans la boite à gant en prenant le soin d’utiliser sa manche pour la lui tendre. « Je te laisse récupérer ce qui t’appartient. » avant de lâcher l'arme, il plongea son regard dans le sien. « Je compte sur toi pour ne pas faire de bruit avec cette affaire. » qu’il tenait à lui rappeler, en espérant qu’elle était bien consciente du risque encouru. «Ta cible est une petite tête dans tout ça.» Il lâchait l’arme. “En tout cas tu ne fais pas les choses à moitié, c’est impressionnant !”
Dans une petite pièce à l’arrière de la salle principale, Lucy joue le jeu, pour les caméras, rien que pour les caméras – c’est en tout cas ce qu’elle se répète. Elle aimerait en terminer au plus vite, retourner bosser, finir son service et rentrer se doucher.
« Pas de micro en effet. »
Il confirme ce qu’elle pensait, et elle laisse échapper l’air qui était contenu dans ses poumons : elle ne s’était pas rendue compte qu’elle était en apnée, suspendue aux lèvres de Mitchell. S’il avait indiqué la présence de micros, ils auraient dû être particulièrement vigilants. Là, ils pouvaient au moins discuter sans risquer d’être entendus, et préparer la suite du plan.
« J’ai toujours été plutôt bon client ici, mais pas pour les raisons qui pourraient le laisser croire. »
Lucy le dévisage, haussant un sourcil interrogatif.
« Pas pour les femmes et leurs courbes délicieuses ? »
Michell précise.
« Et ne compte pas sur moi pour te dire ce qui s’y passe exactement. »
La brunette a du mal à réprimer un sourire victorieux : alors il se passe bien quelque chose. Elle s’en doutait, mais savoir que la confirmation se trouvait à quelques pas de leur petite chambre la ravie au plus haut point. En outre, elle savoure les mots de Mitchell, qui est persuadé de ne pas être une balance … Techniquement, c’est le cas. Il n’a rien dit à la police, et elle-même ne fera aucun cadeau à ses anciens collègues. Pourtant, s’il refuse de lui dire ce qui se passe ici, il va le lui montrer dans quelques minutes.
« La seule chose qu’il faut que tu saches c’est que c’est l’argent qui domine les lieux et que le striptease n’est qu’une illusion pour cacher un plus gros business. »
Elle l’écoute attentivement, pendant que ses mains continuent leur course : des épaules de Mitchell, elles remontent à sa nuque, avant que sa main droite ne vienne doucement caresser la joue du Strange. Elle pense aux caméras, évidemment, mais a du mal quand tout son esprit est en ébullition à cause de la mission. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas ressenti une telle adrénaline.
« C’est habituel de ce genre de clubs, on avait fait de nombreuses descentes dans des endroits similaires quand j’étais aux stups. »
Elle grimace légèrement, comme si se remémorer son passé dans la police était douloureux. Pourtant, il est omniprésent. C’est pour la police qu’elle a appris le pole dance. C’est lors de missions d’infiltrations qu’elle a déjà été Alaska. Et c’est lors de telles infiltrations qu’elle a ressenti le danger et l’excitation à l’extrême, comme maintenant. Mitchell lui explique la suite du plan : une grande salle à accès restreint, dans laquelle il sera obligé de venir. Elle secoue légèrement la tête.
« Je préfèrerais y aller seule … »
Elle n’insiste pas, cependant, sait qu’il lui sera d’une grande aide. Mais même si elle ne l’apprécie pas spécialement, elle rechigne à le mettre en danger. S’il devait lui arriver quelque chose par sa faute, Gaby ne le lui pardonnerait jamais.
« Allons-y avant que je change d’avis. »
Alors que la brune hoche la tête, elle sent les mains de Mitchell tapoter ses fesses pour l’inviter à se relever. Elle les saisit rapidement, lui lançant un regard noir.
« Ma tolérance a des limites, Strange, et souviens-toi que si j’ai un flingue, c’est que je sais m’en servir. »
Elle le lâche finalement, l’observe leur servir deux verres et imite le grand brun en vidant le sien d’une traite, laissant le courage liquide lui brûler la gorge. Puis Mitchell l’entraine dans un couloir qui mène à une salle dans laquelle sont disposés plusieurs fauteuils et canapés avec, au centre, une table sur laquelle sont posées de nombreuses armes. Lucy pâlit immédiatement : elle déteste voir des flingues quand ils ne sont pas en sa possession. Elle les a toujours trouvées trop dangereuses et, les hommes qui les manient, trop instables, fiers d’un petit pouvoir qu’ils pourraient avoir sur les autres. Elle pensait qu’à l’arrière du Club se déroulait un trafic de stupéfiants, et elle aurait préféré.
« Bienvenue dans l’arène. »
Mitchell s’installe dans un canapé et, pour répondre à son invitation, elle se place à nouveau sur ses genoux. Elle n’est pas rassurée, n’a soudain plus envie d’être ici et de jouer.
« Approche. »
Elle joue le jeu, pour son salut. Elle se colle à lui, ses mains posées sur ses biceps, son regard bleuté tentant de chercher du réconfort dans celui du Strange.
« Mon téléphone est dans ma poche, prend le et prend les photos sans reculer. »
Elle esquisse un petit sourire qui ne gagne pas ses yeux alors qu’elle se penche à l’oreille de Mitchell pour lui murmurer quelques mots.
« Alors c’est mon tour de pouvoir te toucher. »
Elle laisse ses mains descendre jusqu’aux poches de pantalon du Strange, repérant celle contenant le portable. Lui aussi en profitait, alors que ses mains caressaient doucement la brune, qui frissonna une nouvelle fois à ce contact.
« Surtout fais vite, si quelqu’un te voit s’en est fini pour toi et sûrement même pour moi. »
Elle murmure son accord et s’empresse de photographier sa cible alors qu’il a des armes et de l’argent en mains. Quelques images suffiront : elle se fiche des autres personnes présentes ici ou du business qui s’y déroule : ce n’est plus son problème depuis que la police l’a mise à la porte. Elle se concentre pour prendre rapidement les photos sans se faire repérer puis remet tout aussi discrètement le téléphone dans la poche du brun. Elle se retient pour ne pas arrêter les doigts de Mitchell qui poursuivent leurs douces caresses mais ne peut réprimer un soupire de plaisir quand il touche un point sensible.
« Mitchell … »
Son ton est suppliant, entre « Michell stop » et « Mitchell encore ». En réalité, tout doit s’arrêter maintenant, avant qu’elle ne perde réellement la tête. C’est heureusement le moment que choisi une connaissance du Strange pour adresser la parole à ce dernier. Lucy, elle, tente de ne pas se faire remarquer par ce nouvel arrivant. Elle plonge son nez dans le cou de Mitchell, utilisant ses cheveux pour dissimuler son minois jusqu’à ce que l’homme s’éloigne. Puis Mitchell lui glisse quelques billets pour payer sa prestation et l’invite à s’en aller, déposant un baiser sur sa joue et la faisant légèrement rougir.
« Retourne travailler, je t’attendrai à la sortie. »
Elle hoche la tête et s’éloigne pour regagner la salle principale et terminer son service. A la fermeture du club, elle rejoint Mitchell dans sa voiture.
« J’espère que tu as tout ce qu’il te faut. »
Elle est plus à l’aise, à l’extérieur du club, et toute habillée. Elle adresse un sourire franc à l’américain.
« Merci pour ton aide. »
Elle sait qu’elle lui doit beaucoup, et redoute le service qu’il lui demandera en échange.
« Envoie-moi les photos sur mon portable. »
Il lui tend ensuite l’arme en utilisant sa manche pour ne pas laisser d’empreintes, alors que la brunette ne peut s’empêcher de sourire.
« Je te laisse récupérer ce qui t’appartient. Je compte sur toi pour ne pas faire de bruit avec cette affaire. »
Elle attrape le flingue qu’elle fourre au fond de son sac et plonge ses yeux bleutés dans ceux du Strange, soudain bien sérieuse.
« Je te le promets. Je déteste la police, Mitchell, je ne leur dois absolument rien, et je ne vais sans doute pas les aider. »
Elle est sincère : aucune information sur ce qu’elle a vu ou entendu ne sera divulguée. Elle donnera les photos de sa cible à son client, floutera les autres personnes présentes ou recadrera les images, pour qu’il soit le seul à apparaître avec des armes et des liasses de billets.
« Ta cible est une petite tête dans tout ça. »
Elle hoche la tête.
« Peu importe. Ca suffira à ce qu’il ne soit pas nommé PDG d’une grosse boîte, et c’est tout ce qui importe pour mon client. »
Le reste n’importait à personne.
« En tout cas tu ne fais pas les choses à moitié, c’est impressionnant ! »
Elle lui sourit, joueuse.
« Et il n’y a pas qu’en ça que je suis impressionnante. »
Elle rit à sa propre remarque et pose la main sur la poignée de la portière mais se ravise avant de sortir.
« Mitchell ? Fais-moi plaisir s’il-te-plaît : ne tarde pas trop à venir réclamer ton paiement, je n’aime pas être redevable. Et ne viens pas au club les prochains jours, je préfèrerais terminer mon contrat sans avoir à danser devant toi. »
Parce que ça la mettait mal à l’aise. Parce qu’il la mettait mal à l’aise. Sur ces mots, elle lui sourit puis quitte le véhicule du Strange pour rejoindre le sien.
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