begging for footnotes in the story of your life

@ambrose constantine

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lieu: logements, spring hill.

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Il lui avait semblé que la réunion avait duré bien trop longtemps et en même temps était passée en un éclair. Le premier instant, il s’installait dans l’une des chaises inconfortables, répondant à une demande de présence de la part du maximum des chirurgiens de l’étage; l’instant d’après, il se retrouvait à avoir rendez-vous avec Ambrose le soir même chez lui. Avouer que la situation lui avait quelque peu échapper et qu’il s’était un brin trop laissé aller n’était pas véritablement dans ses cordes, mais c’était pourtant le cas: fauter avec une personne, cela pouvait presque se justifier en une affinité inattendue qui s’était développée avec le temps - et toutes les explications qui pouvaient aller de paire avec et qui pourraient justifier la présence de Mavis dans ses bras bien trop souvent pour que cela puisse être considéré comme raisonnable, normale ou une simple erreur. En revanche, ne pas savoir résister à l’attention toute particulière que lui accordait Rose, et ne pas savoir faire autrement que d’y répondre par la positive… C’était là que les choses partaient hors des sentiers battus. A partir du moment où il irait au bout de son idée, il n’y avait plus de machine arrière possible - et surtout, plus aucune excuse ne pourrait être entendue. Il avait beau faire des discours idiots à Barnes quand elle se trouvait auprès de Dan, il allait se trouver à cours d’argument s’il profitait du peu de temps libre qu’il lui restait pour flirter ailleurs.

Ce fut malheureusement, heureusement - l’un l’autre ou les deux en même temps - avec une certaine excitation en lui qu’il quitta la salle de réunion pour se diriger directement vers le bloc opératoire; les échanges avaient duré plus longtemps que prévu, et s’il ne désirait pas prendre du retard sur son programme de l’après-midi et surtout de la soirée qui s’annonçait, il lui fallait enchainer les deux seules procédures qu’il avait de programmées. Tant pis pour le déjeuner, il se contenterait d’un café pendant qu’il rattrapait les derniers échanges entre les différentes personnes allant composer son équipe cette après-midi dans la salle de pause. Par réflexe, alors qu’il regardait les clichés radiographiques posés sur la table et qu’il buvait son café de façon accélérée - ce dernier était d’ailleurs presque en train de lui brûler le palais -, Ben s’était mis à taper du pied sur le sol comme s’il écoutait une musique entrainante. « Je savais pas qu’une réunion sur des statistiques pouvait te mettre d’aussi bonne humeur ? » Se mordant discrètement l’intérieur de la joue, Ruben haussa les épaules. « Faut croire que je suis content du programme de cet aprèm et que je me suis levé du bon pied. » Oh, si son collègue savait pour quelle partie de sa journée exactement il s’extasiait de la sorte, il ne serait pas venu étirer un petit sourire en secouant la tête après avoir décollé son regard de Hartfield.

Je suis chez Simon ce soir finalement, il m’a demandé de passer était là le message qu’il avait envoyé à Nina alors qu’il montait dans sa voiture et qu’il sortait du parking de l’hôpital. Etant donné que la jeune femme ne portait pas son ami dans son coeur, Ben était sur qu’elle n’irait pas vérifier ses dires - et puis, il connaissait Johnson depuis des années, il faisait partie intégrante du décor de sa vie, ce n’était pas tant étonnant que cela qu’il passe une soirée en sa compagnie. Et en réalité, il envoyait un message à sa fiancée plus par acquis de conscience que quoi que ce soit d’autre, car de mémoire elle terminait sa garde beaucoup plus tard qu’il n’avait prévu de le faire dans tous les cas lui, et ils n’étaient pas supposés se croiser avant les petites heures de la nuit. Mais au moins, s’il n’était pas rentré de suite, et qu’elle finissait par rejoindre leur apparemment plus tôt que prévu initialement, elle ne serait pas étonnée de ne pas le croiser chez eux - si elle arrivait encore à être étonnée que ça puisse être le cas, surtout. De cette partie là, Ben préféra ne pas y penser et la laisser de côté, alors qu’il filait à travers la circulation ralentie de fin de journée.

Ce ne fut qu’une fois arrivé devant l’adresse que Rose lui avait donné qu’il se rendit compte à qu’à partir de façon précipité de l’hôpital - pire qu’un adolescent -, il avait oublié de décommander ce qu’il avait véritablement de prévu initialement; rapidement, il passa un coup de téléphone à sa soeur, prétextant une urgence de dernière minute à l’hôpital - oui oui, tu sais, comme d’habitude - et lui promettant de se libérer le lendemain rien que pour elle. Lorsqu’il raccrocha, un long soupire échappa d’entre les lèvres de Ben. S’il existait bien une personne parmi toutes celles qu’il connaissait à qui il n’appréciait en rien mentir, c’était Ethel; il avait toujours été transparent avec elle, grandissant à ses côtés et apprenant avec le temps à même lui partager ses secrets. Il fallait croire que devenir un adulte non-sentimentalement responsable lui faisait revoir tous ses principes d’un coup. Secouant son visage, il sortit de la voiture et le message qu’il envoya cette fois-ci fut adressé à Ambrose lui-même, un simple je suis en bas. Le temps qu’il se rende jusque la porte, le brun devrait être prêt à l’accueillir à la porte, et ainsi ils pourraient passer inaperçus aux yeux du reste du monde; l’avantage d’avoir un peu d’entrainement dans le domaine, c’était que Ben pouvait anticiper certains moments qui pourraient s’avérer être gênants s’ils n’étaient pas bien maitrisés entre leurs mains. Ils avaient tous les deux des choses à protéger.

Faisant tourner ses clefs de voiture entre ses doigts, Ruben ne resta qu’un instant devant la porte avant que cette dernière ne se dérobe sous ses yeux pour laisser place au jeune homme qu’il venait rencontrer - comme il l’avait prévu, le timing était parfait. Il resta là, pendant de longues secondes sans faire le moindre geste et sans prononcer le moindre mot, à simplement plonger son regard dans celui de Rose. Tant de souvenirs pouvaient refaire surface en cet instant, autant de ceux qu'il avait mis de côté que ceux qu’il avait gardé précieusement, et Ben ne savait trop comment et quoi faire de tous ceux appartenant à ces deux catégories mélangées. Après avoir pincé les lèvres, finissant par rompre le silence, il murmura cependant ses mots car il ne savait pas qui d’autre pouvait se trouver sur place également en cet instant - et encore une fois, le but n’était pas de se faire repérer. « T’as encore l’occasion de me fermer la porte au nez, si tu veux. » Même s’il était intimement persuadé qu’Ambrose ne le ferait pas, il voulait qu’il sache avoir l’opportunité, la possibilité; ce n’était pas parce-qu’ils avaient flirté toute la matinée par messages et qu’ils avaient convenu de se voir ce soir qu’il devait en être ainsi. Et encore une fois, il était à dénoter un certain élan de protection de la part de Ben envers le jeune homme sous ses yeux.

Il s’était promis de ne pas être le premier à envoyer un message, mais il n’a pas tenu sa promesse. Il l’a fait, bien évidemment qu’il l’a fait. Il l’a fait et il s’est assuré d’être assez intéressant pour que Ruben lui réponde et non qu’il observe la notification pour mieux la supprimer ensuite de son écran d’accueil. Ce qu’il n’a pas fait. Ruben a répondu, encore et encore, jusqu’à ce qu’il soit convenu qu’il le rejoigne chez Norman. Ce soir, Ambrose l’a prévenu de son retour dans le loft familial, et ce dernier l’a aussi prévenu qu’il rentrerait tard mais qu’Ambrose pouvait évidemment faire comme chez lui. Et aussi simplement que cela, toutes les pièces du puzzle se sont alignées. Ruben se rapproche de la porte d’entrée et Ambrose en fait de même dans le sens inverse, ouvrant cette dernière sous le nez du chirurgien qu’il est encore étonné de retrouver sur le pas de sa porte, certain qu’il aurait eu le cran de lui mentir tout du long pour lui faire espérer sa présence mais, en réalité, se trouver auprès de sa fiancée. Il aurait pu le faire, mais il ne l’a pas fait.

Le benjamin remonte une main contre son avant bras, son pouce et son index s’alliant pour emprisonner un bout de peau qu’il malmène sous ses doigts pour avoir autre chose sur quoi se concentrer sur les yeux du chirurgien. Il a besoin de garder contact avec la réalité. « T’as encore l’occasion de me fermer la porte au nez, si tu veux. » De toutes les façons dont il a pensé l’accueillir, celle-ci n’en fait de toute évidence pas partie. Il ne lui a pas parlé toute la journée uniquement pour lui fermer la porte au nez le moment venu, lui qui a espéré que Ruben vienne justement à sa rencontre. Il s’était imaginé l’embrasser sur le perron avant même qu’ils pensent à discuter mais le geste ne lui semble désormais plus naturel, tant et si bien qu’il se contente d’ouvrir la porte un peu plus grand et de se décaler de son passage pour lui faire comprendre de rentrer. “Norman est pas là ce soir.” Ils n’ont pas besoin de se cacher d’aucune façon, voilà ce qu’il dit surtout. Il n’a pas à être illégal dans cet appartement. Son regard se pose sur la silhouette de l’australien, il malmène un instant la chair de sa joue, et il reprend. “Tu peux rester combien de temps ?” Pas toute la nuit, il en a déjà conscience, mais il veut savoir combien de temps ils ont devant eux, pour mieux se préparer à être à nouveau seul ensuite. “Tu es levé depuis quelle heure ? Tu es pâle.” Il l’est toujours. Il travaille trop et tout le monde le sait, Ben lui-même, mais cela n’a jamais été une raison pour calmer le rythme et encore moins arrêter de faire le travail qu’il aime tant.

Une nouvelle inspiration alors qu’il se dirige vers la cuisine, certain que Ruben ne refusera pas un café dont les grains proviennent directement de Dieu sait quel pays d’Amérique du Sud - Norman ne boit pas n’importe quoi. “Je peux t’embrasser, maintenant ?” Il lutte pour ne pas se pincer les lèvres mais n’y arrive qu’à moitié, son regard hésitant trouvant le profil de Ruben alors qu’il change subtilement sa question, ne pouvant pas tolérer qu’il refuse de l’embrasser à son tour pour la seconde fois déjà.

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Il aurait pu le faire languir toute la journée pour ne finalement ne pas se pointer à l’adresse donnée, lui sortir un bobard aussi gros que le monde ou même tout simplement lui expliquer qu’il choisissait de ne pas profiter de sa compagnie ce soir mais de celle qui était légitime dans cette situation. Il aurait pu agir de la sorte, éviter une nouvelle catastrophe sur la route de sa vie personnelle - et pourtant, Ruben se tenait face à Ambrose en cet instant presque comme si c'était là la chose logique à effectuer ce soir. Alors peut-être qu’il s’aperçut de la surprise dans l’éclat du regard de Rose, peut-être qu’il décida de ne pas s’y attarder trop longtemps non plus. En revanche, il s’appliqua à lui préciser qu’il pouvait toujours renoncer à ce qu’il entre dans cet appartement: son égo aurait mal, mais il ne pourrait lui en vouloir. A la façon dont Ambrose se décala cependant quelque peu, laissant désormais l’espace nécessaire pour que Ben puisse entrer et que la porte puisse être refermée à sa suite, il venait confirmer ce dont le chirurgien était déjà persuadé: il ne le mettrait pas à la porte; il ne l’avait jamais fait et ce n’était pas aujourd’hui qu’il décidait de commencer. Tant mieux - peut-être qu’un maigre sourire satisfait se glissa une seconde et une seule sur ses lèvres, alors qu’il passait le pas de la porte d’entrée.

« Norman est pas là ce soir. » L’un des questionnements qu’avait eu Ruben avait d’arriver ici trouvait donc réponse: ils étaient seuls, ils étaient surtout ancrés dans une tranquillité qui ne ferait de mal à personne. Et surtout leur entrevue qui n’avait pas lieu d’être en premier lieu resterait un secret. Il ne savait pas à quel point Ambrose faisait confiance à Norman, mais de son côté il ne se risquerait pas à se faire prendre la main dans le sac: hors de question d’être si stupide à la première entrevue sortant des sentiers battus entre eux alors qu’il pratiquait l’exercice depuis des mois et même presque une année entière avec Mavis et qu’ils ne s’étaient jamais fait prendre. « Tant mieux. » Qu’il souffla alors qu’il se tournait de nouveau vers Rose, ne sachant faire autrement que d’observer avec attention son visage pour retrouver toutes les petits choses qu’il avait vu changées sur ses traits. « Tu peux rester combien de temps ? » Même s’il n’appréciait que peu avoir à répondre à ce type de question, elle soulignait quelque-chose qui était important pour Ben: le jeune homme avait conscience que c’était là une parenthèse dans leur vie normale et qu’il y retournerait assez rapidement à la suite de leur rencontre. « Faut que je sois rentré en cours de nuit. » Pas qu’il se devait de rentrer avant que Nina ne soit de retour à l’appartement, mais surtout parce-que son excuse ne pourrait durer des heures et des heures; ses sorties avec Simon pouvaient durer un certain temps d’ordinaire, mais lorsqu’il se devait être au bloc opératoire le lendemain matin les deux amis savaient rester raisonnables - et surtout, Ruben rentrait toujours dormir chez lui dans ces cas là. « On a quelques heures, t’en fais pas. »

« Tu es levé depuis quelle heure ? Tu es pâle. » - « Je répondrai pas à cette question parce-que tu vas pas aimer la réponse. » Depuis trop d’heures d’affilé surement, surtout qu’il était allé plus tôt que d’ordinaire à l’hôpital aujourd’hui pour faire une séance d’entrainement au robot avec Heath - même s’il restait persuadé que des deux, ce n’était pas lui qui avait besoin d’apprendre à se servir de la machine mais ce n’était pas là l’interlocuteur nécessaire pour ce type de conversation.

Leurs pas les emmenaient il ne savait où, et en réalité il n’en avait que peu à faire: il se contentait d’observer les mouvements que le corps de Rose faisait lorsqu’il se déplaçait devant lui. Il semblait qu’ils arrivaientans la cuisine lorsque le jeune homme reprit la parole. « Je peux t’embrasser, maintenant ? » Le regard d’Ambrose avait, après quelques secondes et ce qui pouvait être identité comme une hésitation, retrouvé celui de Ben alors que ce dernier ne l’avait de son côté pas lâché un seul instant, ses iris clairs chargés désormais de ressentis qu’il avait laissé de côté pendant bien des années. « Non. » Oh, que le coeur de Rose allait faire une montagne russe à cette simple réponse; et il aurait été assez vilain pour ne pas rajouter la moindre explication à la suite, mais ce soir il s’était promis de ne pas être ce type là et de faire des efforts pour que leurs retrouvailles en intimité ne soient pas teintées d’un sentiment amer. Alors, il étira un brin ses lèvres en un rictus amusé. « Parce-que c’est moi qui vais t’embrasser. » La nuance n’était peut-être pas importante aux yeux du monde, mais elle l’était pour Ruben: lorsque c’était Ambrose qui initiait l’action, il n’était qu’une victime des envies du jeune homme - même si ce n’était pas le cas, c’était l’image générale de la situation. Si c’était lui qui l’embrassait, cela montrait qu’il prenait part à cette nouvelle relation entre eux et qu’il était au fait de ce vers quoi il avançait. Alors, soupirant un instant, il fit les quelques pas nécessaires pour annihiler la distance entre Rose et lui. Ses deux mains furent retirées de sa veste pour se poster de part et d’autre de son visage, alors que son sourire avait tout de même un voile légèrement attendri. Il aurait préféré que ce ne soit pas le cas, mais même pour lui il y avait un sentiment de satisfaction en avance à l’idée de ce qu’il s’apprêtait à arriver.

Alors, enfin après une longue poignée de secondes de suspense qui n’était pas nécessaire, Ben posa ses lèvres sur celles d’Ambrose comme s’il découvrait - redécouvrait en l’occurence - quelque chose de nouveau. Presque timidement sur les premières secondes, beaucoup moins sur celles d’après alors que sa langue cherchait celle du brun sans hésiter un seul instant supplémentaire sur savoir s’il était là dans son bon droit ou si agir de la sorte était bon pour quelconque partie de son karma. Tant que Ben réussirait à marcher en équilibre sur ce fil tendu en l’air, il continuerait de le faire - ajoutant des variantes de sa réalité en cours de route sans ressentir pour le moment la moindre culpabilité à cette idée.

Il ne sait pas d’où lui vient ce réflexe de demander combien de temps ils ont mais il ne sait faire autrement, auprès de Ruben surtout. Ambrose a grandi en ne sachant que trop bien que rien ni personne n’est éternel et que les relations humaines le sont bien moins encore. A défaut de savoir se protéger en nuançant ses sentiments, il tente au moins de le faire en se préparant à l’impact. Il y en a toujours un. Tôt ou tard. « Faut que je sois rentré en cours de nuit. » Ses molaires malmènent un côté de ses joues mais il hoche néanmoins la tête, heureux de la réponse. Cela leur donne plusieurs heures, et il sait qu’il n’aurait jamais pu aspirer à davantage. Plusieurs heures, c’est déjà bien. Il saura s’en contenter. « On a quelques heures, t’en fais pas. » Et il sourit. Faiblement, mais il sourit. Il aime l’idée que Ruben cherche à le rassurer, lui qui pourtant est toujours le premier à monter au créneau quand on lui montre la moindre touche d’attention pouvant laisser penser qu’on le prend pour un enfant ayant besoin d’une main pour être guidé. Avec lui, c’est différent, évidemment.

La question, il la lui pose dans la cuisine, la paume de sa main enfoncée dans le coin du meuble pour pouvoir se concentrer sur la douleur toute relative du geste plutôt que sur les possibles réactions de Ruben. Et lorsque ce dernier répond « Non. », Ambrose déglutit difficilement et enfonce un peu plus la chair de sa main contre le marbre, pour vraiment penser à autre chose plutôt qu’à sa deuxième tentative rencontrant un échec cuisant en trop peu de temps pour qu’il puisse arriver à l’accepter simplement. « Parce-que c’est moi qui vais t’embrasser. » Un brin dramatiquement sans doute, son regard retrouve celui du chirurgien et il sent son cœur s’apaiser à la seconde où il se rapproche assez de lui pour enfin l’embrasser. Les joues de Constantine se retrouve entouré de mains qu’il laisse gérer les inflexions de sa tête sans chercher à aller contre, un brin trop occupé à rattraper les années perdues en embrassant Ruben avec une passion non dissimulée. Il n’est plus un gamin, et il veut qu’il le sache. Il le regarde avec les mêmes yeux amoureux et attendris, mais il n’est plus un gamin. Ses mains trouvent leur premier contact contre son cou avant de le chercher près de ses hanches, rapprochant autant que possible le brun de lui, voulant à tout prix sentir sa présence autant que sa chaleur. Ce n’est qu’après plusieurs dizaines de secondes que l’engouement se ternit pour rejoindre un palier plus sensé et raisonnable, ce qui n’empêche pas moins Ambrose de prendre ses distances avec ses lèvres à contre-cœur. Désormais, son coude est posé près de l’épaule du brun et sa main joue avec ses mèches. “Tu sens l’hôpital.” Il avoue dans un rire ému. Sentir l’hôpital n’est en rien un compliment, mais cela ne l’a pas empêché un seul instant d’instaurer une proximité entre eux, et de ne pas chercher à la supprimer en cet instant non plus. “Pourquoi t’as pas voulu m’embrasser avant ?” Il lui fera son café bientôt, il le promet, mais avant ça il a trop de questions pour pouvoir se concentrer sur autre chose et, à vrai dire, la proximité entre son corps et celui de Ruben ne lui donne pas la moindre envie de s’en détacher. Ce soir, ils ont le temps, et Ambrose l’utilise à bon escient, retrouvant à nouveau ses lèvres dans un baiser bref mais toujours bienvenue, son pouce passant à sa suite contre les lèvres du brun sans que le geste puisse être expliqué. “Tu m’as manqué.” Cela ne sera pas comme avant, il le sait, on lui a répété. Mais il y croit quand même, en partie du moins.

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Ruben savait parfaitement et pertinemment d’avance que sa première réponse n’allait en rien être une satisfaction aux yeux d’Ambrose - et de toutes façons, elle n’était pas donnée pour servir cette finalité. Elle était là pour amorcer une suite qu’il savait d’avance bien plus satisfaisante, alors qu’il s’avançait pour prendre le visage du jeune homme entre ses mains et pour l’embrasser sans retenue aucune cette fois ci. Il n’était plus question d’avoir un verre de trop dans le nez lors d’un festival, il n’était plus question de se la jouer prude alors qu’ils étaient dans des locaux qui ne lui inspiraient que peu confiance. Ici, en cet instant, il n’avait pas besoin de regarder par dessus son épaule et pouvait se permettre de simplement profiter de retrouver la sensation des lèvres de Rose contre les siennes, de sa langue s’amusant avec la sienne, de ses mains s’apposant sur ses hanches afin de prolonger un instant supplémentaire leur contact. Oh, Ben n’avait pas l’intention de toutes façons de rompre contact, si cela pouvait inquiéter quelqu’un dans cette pièce. Il ne comptait pas pour le moment permettre à Ambrose de s’échapper d’entre son corps et le comptoir de la cuisine, parce-qu’il ne désirait pas le voir ailleurs.

« Tu sens l’hôpital. » Que Rose lui sortit après que leurs lèvres se soient séparées, que leurs regards n’aient cessé eux de se retenir, que ses mains à lui se soient mises à jouer avec les mèches de cheveux de Ben - quand de son côté, si une paume était toujours contre sa joue à doucement caresser l’épiderme du pouce, l’autre était désormais posée sur le marbre du comptoir. Doucement, finalement, il étira un sourire. « Et c’est pas un compliment, c’est ça ? » Ce n’était en rien étonnant, en réalité, étant donné qu’il passait la plupart de ses journées sur place et qu’il avait passé surtout l’après-midi au bloc opératoire. Alors oui, l’odeur de l’hôpital existait sur lui comme une seconde peau. « T’auras qu’à me la retirer plus tard, si tu veux. » L’odeur de l’hôpital sur sa peau - il n’essayait même plus d’être subtil sur les idées qui passaient par sa tête quand à la manière dont il envisageait une partie de la soirée.

« Pourquoi t’as pas voulu m’embrasser avant ? » Faisant rouler ses lèvres l’une sur l’autre, Ruben retint un soupire, sa seconde main se retirant du visage de Rose pour se poser de l’autre part de ses hanches contre le comptoir. Se devait-il vraiment de poser ce genre de questions, là où il connaissait qui plus était déjà la réponse ? « A quel moment, exactement ? A ton boulot l’autre jour ? » Comme si les rencontres et les râteaux s’étaient enchainés et succédés ces derniers temps entre eux - comme s’ils passaient leur temps à ce petit jeu du chat et de la souris, et ce depuis des années, là où leurs chemins s’étaient séparés pendant tout ce temps pour se croiser de nouveau uniquement quelques mois auparavant. « J’étais sérieux quand je t’ai dit que c’était pour pas que tu te retrouves dans une sale situation. » Oui, la pièce dans laquelle ils s’étaient retrouvés était fermée à clefs et il n’y avait pas de caméra. Oui, il aurait pu laisser la tentation prendre le dessus et ne pas se montrer raisonnable comme si c’était la première fois qu’il agissait de la sorte. Mais il campait sur ses positions sans rougir pour cette question là. « Je t’ai déjà brisé le coeur, si je peux éviter de briser ta carrière par derrière, ça me va. » En réalité, Ambrose était assez grand pour le faire déjà seul de son côté, concernant sa carrière. Ca ne retirait pas la moindre véracité des propos de Ben pour autant: il ne pouvait pas être responsable de tous les maux, il n’avait pas les épaules assez larges pour ça malgré tout et malgré ce qu’il pourrait prétendre à longueur de temps.

Les lèvres d’Ambrose retrouvèrent les siennes un instant, qui fut presque chaste en comparaison du premier mais sans être moins agréable pour autant. Et peut-être que Ruben ferma un instant ses paupières au contact du pouce du brun contre ses lippes, comme pour profiter pleinement de l’instant - c’était peut-être le seul de cette sorte qu’ils auraient entre eux, alors il comptait en extraire toute l’essence qu’il pourrait. « Tu m’as manqué. » Rouvrant les yeux, il les ancra un instant dans le regard d’Ambrose avant de venir glisser son visage dans le creux de son cou, inspirant son odeur et son parfum, rafraichissant sa mémoire en rien défaillante. « Ca m’embête de l’admettre, mais tu m’as manqué aussi. » Il aurait préféré que ce soit pas le cas, il aurait préféré ne pas être faible face à un sourire qu’il avait connu des années plus tôt et qui n’avait pas perdu de son charme avec le temps. Il déposa un baiser dans sa nuque avant de finalement s’écarter complètement de lui, quelques pas de côté, ses mains plongées dans les poches de son pantalon. « Tu m’as promis un café je crois. » Oh, il n’avait pas oublié; et surtout il adorait titiller les gens sur des points dont personne n’en avait rien à faire juste pour ajouter une couche à l’attente et à la tension qui pouvait déjà exister. Après tout, il lui avait dit: ils avaient du temps devant eux. « Et puis, c’est la première fois que tu me ramènes chez toi. Ici, je veux dire. J’ai jamais eu le droit d’accéder à l’appartement de Norman avant. J’ai hâte de voir tout ça. » Il tirait déjà un des tabouret du comptoir, comme s'il était chez lui et que tout lui était permis - parce-que c’était de cette façon là qu’il agissait en permanence, ne sachant se montrer à l’aise lorsque l’occasion se présentait.

Il profite de chaque seconde passée auprès de Ruben, plus que jamais conscient de l’importance de tels moments. « Et c’est pas un compliment, c’est ça ? » Sentir l’hôpital et le désinfectant par extension n’est effectivement pas un compliment, encore moins alors qu’Ambrose l’associe à des visites à son père, mais puisque c’est justement de lui dont il s’agit, il bénéficie d’un traitement de faveur bien particulier. Si c’est Ben qui sent l’hôpital, alors tout n’est pas si pire. « T’auras qu’à me la retirer plus tard, si tu veux. » Le sourire du plus jeune s’étire avec un amusement non feint. « Tu perds pas le nord. » Il connaît les sentiments qu’Ambrose nourrit à son égard et il anticipe sans mal la finalité que ce dernier envisage pour la soirée, le jeune Constantine ne niant pas un seul instant qu’il finira par bel et bien lui retirer ses vêtements tôt ou tard. Leur proximité est un premier indice à cela.

Néanmoins, Ambrose reste l’éternel même garçon têtu qui a du mal à faire face aux refus dans son existence, surtout lorsqu’ils sont de l’ordre affectif. Et il est aussi l’éternel même garçon qui n’a pas froid aux yeux, pas même de poser les questions qui lui importent. « A quel moment, exactement ? A ton boulot l’autre jour ? » Il a ressenti la distance imposée par Ruben lorsque sa main s’est retirée de son visage. Il a eu beau la lui poser contre sa hanche à la place, Ambrose n’est pas dupe et comprend sans mal que la situation l’agace et joue avec sa patience. « J’étais sérieux quand je t’ai dit que c’était pour pas que tu te retrouves dans une sale situation. Je t’ai déjà brisé le cœur, si je peux éviter de briser ta carrière par derrière, ça me va. » Ambrose l’observe sans ciller, déjà conscient de son argumentaire. Entre temps, rien n’a changé, et rien n’a surtout été ajouté. « Et moi je l’étais quand je t’ai dit que je suis un grand garçon et que je peux prendre mes décisions. » Quand il disait aussi et surtout que personne n’en saurait rien, parce que tel était bien le cas. Personne n’aurait jamais su: l’ego d’Ambrose n’avait pas à être égratigné par un tel refus catégorique de sa part. « Tu ne briseras pas ma carrière. » Ni avec un baiser volé, ni d’une quelconque autre façon. Cela n’arrivera pas, parce qu’Ambrose ne laisserait jamais une telle chose arriver, et ce peu importe l’identité de la personne face à lui.

Ses mots sont francs et abruptes mais ses réactions le sont tout autant, surtout lorsqu’il s’agit de répondre à son désir d’embrasser à nouveau le chirurgien et surtout de souligner qu’il lui a manqué. Ce n’est que le pure reflet de la réalité. Leurs regards se croisent un maigre instant avant que Ruben ne dépose son visage près de son cou et qu’Ambrose l’accueille en posant ses mains contre ses mèches. « Ca m’embête de l’admettre, mais tu m’as manqué aussi. » Il ponctue ses mots d’un baiser contre sa nuque et, en fermant les yeux un instant, Ambrose arrive à les imaginer à nouveau quelques années en arrière, quand tout allait encore parfaitement bien et qu’ils n’avaient pas à attendre le départ de Norman pour se retrouver. « Tu m’as promis un café je crois. » Le sourire du brun grandit avec amusement. « Tout ça c’était une tactique pour du café ? » Il demande avec amusement, au point où cela ne laisse pas le moindre doute quant au fait qu’il n’y a rien de sérieux dans ses mots. Il sait pourquoi Ruben est là, et le café représente bien le cadet de ses soucis, même si la confection d’une tasse pousse Ambrose à se détacher du meuble et à s’affairer à la tâche. « Brésil, Ethiopie, Vietnam ? » Il demande mine de rien, occupé à sortir une tasse du meuble, avant de replonger son regard dans celui de Ruben. « Ton café. » Les grains, pour être tout à fait exact. La collection de Norman peut lui profiter pour un soir, son oncle n’y verra sans doute pas d’inconvénients.

« Et puis, c’est la première fois que tu me ramènes chez toi. Ici, je veux dire. J’ai jamais eu le droit d’accéder à l’appartement de Norman avant. J’ai hâte de voir tout ça. » Il parle de visiter l’endroit mais tire une chaise pour s'asseoir, ce qui est bien une attitude à la Ruben, à bien y repenser. « Il est jamais vraiment ici, tu sais. Il travaille quasiment tout le temps à l’atelier, avec mon frère. » Frère, cousin, peu importe. Ruben connaît la rengaine maintenant, il n’a pas besoin de lui répéter le schéma familial. « Vous pourriez bien vous entendre. »” Il ajoute dans un sourire, bien qu’aucune rencontre avec Norman ne soit prévue, que ce soit dans un futur proche ou lointain. Ambrose revient près de Ruben pour déposer face à lui sa tasse de café sans s’en servir un en retour. Il anticipe déjà qu’il n’aura pas besoin de la moindre caféine pour rester éveillé, pas alors que la présence même du Hartfield chez lui est un véritable événement en soi. « Il osait pas trop s’absenter longtemps à l’époque, pour de longs voyages ou Dieu sait quoi, parce que… voilà. » Parce qu’Ambrose était mineur et pleinement sous la responsabilité de Norman, son tuteur légal, à l’époque. Voilà pourquoi. « Mais maintenant c’est différent, alors si l’appartement te plaît, tu pourras revenir. » Il pourra revenir et Ambrose pourra échapper à ses fiançailles le temps d’un soir, ce qui signifie qu’ils ont tous les deux quelque chose à y gagner, non ? L’appartement tient place de bonne excuse quand, en réalité, Ambrose se doute que Ruben n’en a pas grand chose à faire. « Je sais pas si tu te posais vraiment la question, mais j’ai pas dit à Norman que je te parlais à nouveau. Et oui, il sait qui tu es. » Parce que Rose a bien fini par lui expliquer pourquoi il était inconsolable à l’époque: évidemment que Norman l’a vu.

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« Tu perds pas le nord. » - « Jamais. »

Si Ambrose aurait pu éviter de poser à la suite des questions qui avaient un tantinet tendance à l’agacer, ça aurait été parfait - mais apparemment, il adorait ça, être une épine dans son pied. « Et moi je l’étais quand je t’ai dit que je suis un grand garçon et que je peux prendre mes décisions. » Leurs regards s’accrochaient sans qu’aucun des deux n’ait vocation à aller se perdre ailleurs, et bien sur que cela donnait une certaine électricité à l’air que Ruben appréciait malgré tout. Il était assez grand d’après ses dires pour encaisser n’importe quelle conséquence quand au comportement qu’il souhaitait endosser désormais. « Tu ne briseras pas ma carrière. » - « Très bien. » Ruben savait être prévoyant, il savait aussi être attentionné quand il en avait envie - mais il ne pouvait être responsable de tout, tout le temps, surtout quand il lui était explicitement dit qu’il n’avait pas à se faire de tels soucis. « Je vais te prendre au mot et décider de te croire. Que tu peux gérer. » Son visage s’était tant approché de celui de Rose que leurs nez se touchaient presque désormais. « Mais juste pour qu’on soit d’accord: si ça en vient à ça, je sauverais la mienne avant la tienne. » Parce-qu’il avait avancé l’argument de ne pas désirer être celui brisant les rêves qu’il portait depuis tant d’années; mais s’ils en arrivaient à un tel point, il ne fallait pas oublier qu’à côté, bien d’autres choses seraient en jeu pour Ruben et il sauverait toujours sa peau en premier. Si Ambrose était assez grand comme il le prétendait, il serait tout à fait apte à comprendre ce que lui disait le brun face à lui en cet instant. Je sauverai les apparences en premier, aussi. » Parce-qu’il n’avait pas que sa carrière en jeu, et que cette dernière dépendait aussi de bien d’autres facteurs aux yeux de Ben que simplement être habile de ses dix doigts.

Les explications de Ben furent de toutes façons coupées par un baiser de la part de Rose, par des paroles qui lui tirèrent un petit sourire presque amusé, par son idée à lui de réfugier son minois contre l’épiderme du jeune homme l’espace d’un instant. C’était facile, presque trop facile même, que de glisser de nouveau dans des habitudes et des petits jeux qu’ils avaient tous deux en guise de souvenirs. C’était surement même la partie dangereuse - il finit par se reculer, prétendant être toujours en attente d’une tasse de café dont il aurait largement pu se passer en réalité. « Tout ça c’était une tactique pour du café ? » - « Bien sur. » Il n’en était rien - et Ambrose le savait tout autant que lui. « Brésil, Ethiopie, Vietnam ? » Sa destination de lune de miel ? « Ton café. » Ruben dut retenir un petit sourire amusé. « Ethiopie, ça sera très bien. »

Et déjà, il tirait un tabouret pour s’installer derrière le comptoir de la cuisine comme s’il était chez lui et qu’il venait d’être invité à faire comme si c’était le cas; rien de tout ça n’avait été précisé, c’était juste sa façon naturelle et habituelle d’agir. « Il est jamais vraiment ici, tu sais. Il travaille quasiment tout le temps à l’atelier, avec mon frère. Vous pourriez bien vous entendre. » Il eut un petit rire. « Parce-qu’on est deux acharnés du travail, c’est ça ? » Pour sur que c’était ça, là où ils savaient pertinemment tous les deux qu’il risquait d’exister peu d’autres points communs entre Normal et lui, si ce n’était une affection pour le jeune homme qui se tenait dans la cuisine à ses côtés - et encore, cette dernière était différente pour bien des raisons qui n’avaient même pas besoin d’être listées. La tasse de café, autant que Rose, fut à ses côtés rapidement par la suite. « Merci. » Son regard ne s’attarda pas un seul instant sur le contenant. « Il osait pas trop s’absenter longtemps à l’époque, pour de longs voyages ou Dieu sait quoi, parce que… voilà. » Parce qu’il s’était avéré qu’Ambrose n’était encore qu’un enfant, à cette époque là, voilà pourquoi. « Mais maintenant c’est différent, alors si l’appartement te plaît, tu pourras revenir. » Plissant un brin les yeux, gardant son regard rivé dans celui du brun, il retint d’esquisser un petit sourire amusé. « Ce sera pas parce-que la décoration m’a plu, si je reviens ici. » Même si Norman semblait avoir des gouts impeccables en la matière, ce n’était pas les belles plantes du maitre de maison qui attirait son attention.

Et il l’aurait surement tiré sur le bord du tee-shirt de Rose pour l’attirer à lui et lui montrer de quoi il parlait, s’il n’avait pas repris trop rapidement la parole pour ajouter une précision qui ne rendit pas ravi Ben. « Je sais pas si tu te posais vraiment la question, mais j’ai pas dit à Norman que je te parlais à nouveau. Et oui, il sait qui tu es. » - « Ah. » Peut-être que ses épaules s’affaissèrent un peu, alors que sa main se glissa finalement pour de vrai vers la tasse de café. « C’est rarement pour discuter des bonnes choses qu’on apporte ces précisions là. » Et Ruben était assez perspicace pour comprendre à quoi Ambrose pouvait faire référence. « Si je veux pas collectionner les mauvaises entrevues avec père et fils, je ferais mieux de me tenir à l’écart de Norman aussi alors ? » Parce-que s’ils parlaient effectivement tous deux de la même période, il y avait fort à parier que Weatherton sénior ait davantage envie de lui refaire le portrait que de l’applaudir; après tout, il avait rendu misérable l’un de ses petits. « Je me posais pas la question jusque maintenant, pour le coup, mais je vais surveiller mes arrières maintenant que tu m’as dit ça. » Il porta la tasse à ses lèves, en détournant pour la première fois son regard de Rose. « Et éviter de laisser mes cheveux trainer sur l’oreiller, juste au cas où. » Il se devait de s’amuser un brin de la situation: ce n’était pas comme s’il en était à son coup d’essai, en réalité; mais c’était une précision qu’Ambrose n’avait pas besoin de savoir.

« Je vais te prendre au mot et décider de te croire. Que tu peux gérer. » Dans un mouvement digne d’une scène de film, Ruben approche un peu plus son visage du sien, laissant leurs nez se frôler. « Mais juste pour qu’on soit d’accord: si ça en vient à ça, je sauverais la mienne avant la tienne. » Et Ambrose sourit, parce qu’il ne pense pas un seul instant que ces mots deviendront une sorte de réalité. Il pense que jamais Ruben n’aurait à choisir entre sa peau et la sienne et qu’il se contente simplement de rouler des mécaniques et prouver qu’il gère toute la situation, comme il aime si bien le faire, et comme Ambrose le laisse faire à son tour en connaissance de cause. Si cela lui fait plaisir, il ne se mettra pas en travers. Je sauverai les apparences en premier, aussi. » Tout en profitant de leur proximité, il égare brièvement ses lèvres contre l’oreille du chirurgien. Son sourire s’entend dans le ton même de sa voix. « Et y’a du boulot. » Qu’il fasse ce qu’il veut de cette remarque, mais pour l’heure l’homme marié qu’il est est occupé à passer du bon temps avec un ex à lui sans que personne d’autre ne soit au courant. Alors oui, il y a du travail à faire pour sauver les apparences, quoiqu’il en dise. Le baiser que Rose initie n’en est qu’une preuve de plus et une façon pour lui de croire qu’il est celui qui gère la situation.

« Parce-qu’on est deux acharnés du travail, c’est ça ? »
« Exactement. »

Ambrose s’occupe de lui faire couler du café avec un ton bien différent, faisant la discussion en tentant de lui faire comprendre qu’il pourrait réellement s’entendre avec James et non le détester par principe après leur bagarre. Même s’il y a un peu de quoi. En réalité, une fois le café prêt, il ne tarde pas avant de le présenter à Ruben et déjà changer de sujet. L’invitation n’est pas unique et il a à cœur de revoir le chirurgien autant de fois que possible, cet appartement pouvant aisément accueillir leurs soirées sans que cela ne fasse tâche. Norman n’en saura rien. Ni lui, ni personne d’autre. « Ce sera pas parce-que la décoration m’a plu, si je reviens ici. » De ça, le brun se doutait déjà sans le moindre mal. « Tu sais tenir cinq minutes sans rappeler que t’es venu ici pour me sauter ? » Il le dit dans un sourire mais peut-être qu’il aimerait un peu plus que ce soit la réalité, non qu’il boude tout moment charnel en sa compagnie, mais il aime aussi l’idée que Ruben apprécie sa compagnie en plus du reste. Et pourtant, même s’il venait à lui dire le contraire, il ne renoncerait pas à passer du temps en sa compagnie.

Quand bien même il semble être le seul intéressé par le sujet, il précise à Ruben que son père adoptif sait qui il est, autant qu’il sait qu’il a repris contact avec. Tenir des secrets à Norman n’est pas dans ses habitudes, alors il le réduit autant que possible. « Si je veux pas collectionner les mauvaises entrevues avec père et fils, je ferais mieux de me tenir à l’écart de Norman aussi alors ? Je me posais pas la question jusque maintenant, pour le coup, mais je vais surveiller mes arrières maintenant que tu m’as dit ça. » A son tour, Ambrose prend place sur la table, laissant la chaise traîner sur le sol avant de s’y poser. Non, ce n’est pas ce qu’il voulait dire. « Non, je dis juste que si tu le croises, tu pourras pas te faire passer pour le facteur. C’est tout Ben. » Il ne compte pas le lui présenter officiellement et il ne compte même pas les faire se croiser volontairement. Tout ce qu’il cherche à faire, c’est l’informer de là où il met les pieds, mais absolument rien de plus. « Et éviter de laisser mes cheveux traîner sur l’oreiller, juste au cas où. » Le jeune Constantine esquisse un sourire à peine rassuré. Il est simplement heureux de pouvoir observer Ruben chez lui sans la moindre fioriture ; comme s’il y avait toujours eu sa place. « Mais j’espère que t’as quand même ta brosse à dent, quitte à ce que je la cache au dernier moment. » Son sourire reprend avec un peu plus d’assurance alors qu’il avance ses coudes sur la table et son visage près de celui du chirurgien. « Parce que vraiment, je risque pas d’embrasser quelqu’un qui sent le café à plein nez. » Il l’annonce avec tout le sérieux du monde ; et c’est avec le même sérieux qu’il initie un nouveau baiser avec Ruben, tentant de lui faire comprendre qu’il n’a pas davantage à coeur de lui faire la discussion, surtout si c’est pour risquer la crise diplomatique à l’évocation du prénom de Norman ou celui de James. « Je peux te faire visiter ma chambre. » Dans un murmure entendu, il prolonge leur baiser.

begging for footnotes in the story of your life

@ambrose constantine

(c) kiss-this/tumblr

lieu: logements, spring hill.

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Il jouait avec le feu, parce-que c’était là la chose qu’il savait peut-être le mieux faire ces derniers temps. Et face à Ambrose, il avouait silencieusement avoir moins de résistance. « Et y’a du boulot. » Pour sauver les apparences, il n’espérait pas véritablement; aux yeux du burn c’était forcément le cas, alors qu’il s’emparait de ses lèvres sans rien lui demander - aux yeux du reste du monde, c’était là toute une autre histoire et il y avait intérêt à ce que les apparences soient parfaites en surface.

« Exactement. » - « Ca doit vraiment être quelqu’un de bien alors. »

« Tu sais tenir cinq minutes sans rappeler que t’es venu ici pour me sauter ? » Faisant glisser sa tasse d’une main à l’autre, il laissa également un sourire glisser sur ses lèvres. « Je sais faire, oui. » Il haussa un sourcil. « Mais j’ai pas envie de le faire, c’est la nuance. » Bien sur qu’il appréciait la présence d’Ambrose à ses côtés pour bien plus que l’envie de l’avoir dans ses bras, dans ses draps aussi; ce n’était pas un point qu’il avait besoin de prouver, ni ce soir ni jamais: ils avaient leur passé commun pour prouver que c’était effectivement le cas. Ruben n’aurait jamais poussé à s’éloigner de Constantine la dernière fois si ce n’était pas pour les raisons qu’ils connaissaient parfaitement tous deux, parce-qu’il avait appris à l’apprécier bien plus que pour simplement la chaleur de sa peau contre la sienne. Cette vérité était toujours établie à ce jour, il n’avait simplement pas envie de la mettre en haut de la liste de ses priorités ce soir. « J’ai jamais eu l’intention de te cacher que j'avais envie de toi, donc je me priverai pas de te rappeler toutes les cinq minutes que j’ai envie de te sauter. » Et parce-qu’il n’y avait pas à faire plus de cérémonie, pas pour ce soir, il porta sa tasse à ses lèvres tout en haussant les épaules.

Si le locataire des lieux lui donnaient la permission de revenir autant qu’il le souhaitait ici, le propriétaire ne se verrait pas autant ravi de le savoir se pavanant dans le coin; peut-être que cela fit tirer une petite grimace à Ben, qui n’avait pas prévu d’être vu comme l’ennemi public numéro un quelque-part et pour quelconque raison. Certes, il avait brisé le coeur d’Ambrose fut une époque désormais presque lointaine, mais de là à avoir à éviter Norman ? « Non, je dis juste que si tu le croises, tu pourras pas te faire passer pour le facteur. C’est tout Ben. » Le facteur, quelle idée. « Il t’aurait pas cru de toutes façons. » Il n’avait pas la tête de l’emploi, pour sur que Norman aurait deviné qu’il n’était pas facteur même si Ambrose avait mis toutes ces convictions dans ce mensonge. « Mais j’espère que t’as quand même ta brosse à dent, quitte à ce que je la cache au dernier moment. » Ce fut d’entre les lèvres de Ben qu’un rire s’échappa. Oh, il avait une brosse à dents dans son sac: celle qu’il aurait du laisser chez Mavis avant qu’elle ne décide de finalement le mettre à la porte. « Parce que vraiment, je risque pas d’embrasser quelqu’un qui sent le café à plein nez. » - « Menteur. » Autant chez Rose que chez Ben, un sourire amusé avait déjà repris place, laissant l’idée de compliquer les choses avec Norman dans le paysage bien loin d’eux désormais. Le brun face lui donna d’ailleurs rapidement raison, alors qu’il capturait ses lèvres des siennes, sans que cela ne soit mal reçu par le concerné.

« Je peux te faire visiter ma chambre. » - « Débrouille toi pour me faire arriver jusque là-bas alors. » Parce-que de son côté, Ruben s’était déjà levé de sa chaise pour se poster devant Ambrose, attrapant le menton du jeune homme dans sa main afin de le relever dans sa direction; se penchant pour reprendre de plus belle à embrasser ses lèvres, son menton, la ligne de sa mâchoire. L’instant d’après, Ben passait sa jambe avec lenteur par dessus lui pour s’asseoir à califourchon sur ses cuisses, sa main contre son visage devenant une paire, glissant jusque dans les cheveux du brun, ne cessant de glisser ses lèvres contre toute surface de peau qui lui était disponible. Il avait attendu toutes ces années pour profiter à nouveau de sa proximité, il comptait en profiter du premier au dernier instant et ne comptait surtout pas le lâcher qu’importe la façon dont il devait s’y prendre pour réussir à que ce soit le cas. Il lui avait avoué: Rose lui avait manqué. Ce n’était pas pas parce-que de courir voir sa maitresse le soir après le boulot, ce n’était pas pareil que de rentrer chez lui auprès de sa future femme alors qu’elle dormait déjà à poings fermés. Ambrose avait un gout différent, un gout d’interdit et de délivrance à la fois. Il lui avait manqué, il le lui avait avoué, mais tout le reste il le garderait pour lui: il connaissait les dégâts qu’il pouvait faire chez lui, et ce n’était pas pour ça qu'il était là - mais ses doigts glissant de l’arrière de sa tête jusque ses épaules, glissant dans son dos par la suite dans un soupire, cela correspondait bien plus au programme initialement imaginé.