it must have been her fault his heart gave out
@Nicholas Hurley ☆ crédit/ssoveia

Une tasse de thé fumante à la main, un vase débordant de fleurs fraîches dans l’autre, Josephine traversa la rue pour se retrouver de l’autre côté avec une nonchalance étudiée pour taper sur les nerfs de ses voisins dont la tranquillité avait été dérangée à cause d’elle au cours des dernières semaines. Elle aurait peut-être dû la jouer profil bas du coup, mais elle était absente la moitié du temps, c’était déjà bien assez à son avis. Vraiment, quel genre de femme elle était devenue, à se trimballer dans sa longue robe à fleurs smokée à la poitrine avec sa tasse de thé au bout des doigts, si personne ne savait qu’elle était du genre à ne pas porter de culotte, sans doute qu’elle aurait eu l’air innocente. C’était les déjà deux semaines passées à Adelaide Hills qui la faisait se prendre pour la bourgeoise du coin, très cottagecore, très prête à épouser le duc d’elle ne savait quel patelin pourri pour accéder à la succession d’un royaume isolé où elle n’aurait que ses beaux yeux pour pleurer quand elle s’apercevrait que c’était pour son utérus qu’on la convoitait ; elle avait eu le temps de lire ces derniers temps, et pas de la grande littérature si vous voyez ce que je veux dire, ceci expliquait cela. Elle était de retour pour deux jours à Brisbane, pas un de plus, attendue au Jazz Club de la ville pour un show-case auquel elle avait exigé de participer pour son plaisir, n’en déplaise à son équipe qui lui avait dit que ça lui faisait perdre du temps sur ses délais d’écriture. Elle avait encore le droit de prendre cinq minutes pour souffler, voilà ce qu’elle avait répondu en se tirant pour l’aéroport sans demander son reste, aussi peu intéressée par son bilan carbone à la fin de l’année que par l’éventualité qu’ils avaient peut-être raison.

Ils avançaient bien, elle ne se faisait pas de souci pour ça. Elle ne se faisait pas souvent de souci à dire vrai, c’était un peu nouveau pour elle de ressentir de l’inquiétude en dehors du périmètre qu’elle réservait à sa grand-mère, mais son stress était bel et bien là, alimenté par la proximité de ses parents, de son père en particulier, mais pas seulement, et la liste des raisons étaient trop longues pour qu’elle se sente chaude à l’idée de les énumérer, alors elle la bouclait, ça valait mieux. Elle avait prit l’habitude de l’amenuiser avec des tranquilisants, son stress, sauf qu’elle n’en prenait plus du tout depuis son escapade avec Charlie, de fait elle en ressentait les effets si fort qu’elle savait qu’à un moment donné, quelque chose finirait par clocher et lui faire admettre que c’était trop d’un coup, tout ça — plutôt crever que de remettre en cause un rêve auquel elle avait enfin accédé, pas de la façon la plus honnête qui soit certes, sauf que ça elle tachait de l’oublier.

Il y en avait un autre qui semblait empreint au stress "C’est moi." qu’elle annonça en passant par la porte arrière de la maison des Hurley, atterrissant dans la cuisine vide où elle pensait trouver Esmée comme à son habitude. Mais la maison paraissait on ne peut plus inhabitée, si ce n’était le fond de musique qu’elle entendait s’échapper d’une pièce fermée. Elle posa son vase à destination de sa voisine au centre de la table de la cuisine, garda sa tasse de thé avec elle, et arqua un sourcil en déambulant comme chez elle dans le couloir menant jusqu’à la chambre de Nicholas à laquelle elle ne frappa pas — parce que le principe d’intimité pour Jo, c’était comme tout un tas d’autres choses chez elle : à revoir —, et se contenta de pousser la porte par la poignée, de la laisser ouverte pour, une fois la lumière libérée, poser une main sur ses yeux en disant à celui qui devait sûrement être là "T’es pas tout nu au moins ?" Elle vérifia entre ses doigts, ressentant la même sensation que devant un film d’horreur ; horrifiée à cette idée, elle n’en était pas moins curieuse pour finir un peu dégoutée, mais pas assez pour tourner les talons. Avec un sourire goguenard, elle cessa sa comédie pour, sa hanche se posant contre le cadre de la porte avant le reste de son corps, sa tasse de thé portée à ses lèvres, demander au propriétaire des lieux "Je te dérange ?" Rien à foutre en vrai. Mais tout de même, elle savait être polie de temps en temps.

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crédit/(ssoveia) ✰ w/@Jo Carter

"Tu es certain que tu ne veux pas venir avec nous ?" Esmée, et même Olive, t'a posé la question avant de partir de la demeure et dans les deux cas, la réponse a été négative. Et, comme Esmée l'a souligné en enfilant ses chaussures, c'est sûrement la première fois depuis longtemps que tu refuses, consciemment du moins, de te rendre à la brocante avec elle. C'est votre truc d'arpenter les allées des brocantes, d'imaginer des histoires en voyant les différents articles que certains ont sortis de leur grenier ou même de leurs placards, pour faire de la place et aussi pour se remplir les poches. Un passe-temps qui explique probablement l'état de votre demeure et même de vos chambres respectives, mais pas aujourd'hui.
La soirée a été particulièrement longue, un autre concert au Fortitude Music Hall, le manager vous a appelé à la dernière minute suite à un désistement et toi et Vance vous avez sauté sur l'occasion. Tu as fini par te poser dans ton lit aux alentours de trois heures du matin et juste parce que Vance est incapable de dire non à un verre offert, fort heureusement, tu as un peu plus de jugeote que lui. Tu as besoin de récupérer, dans tous les sens du terme, autant sur le plan physique que le reste. L'introverti que tu es ne passe plus autant de temps que cela dans sa chambre et ça commence à te manquer. Et puis, comme tu l'as dit à Jordan, tu prévois de poster le premier ... album? EP? peu importe, de nicky & thesaints sur Spotify très bientôt.
Alors c'est une bonne occasion pour réécouter les dernières versions finies des chansons, et te prendre la tête comme tu sais si bien le faire. Mais l'écoute se passe sans encombre, tu as un sourire sur le visage, ta robe de chambre en lin bleu marine est plus que confortable et te protège du reste du monde, tu en es certain, si si. Même le perfectionniste que tu es ne retrouves absolument rien à redire après une écoute plus qu'attentive et là aussi, il s'agit d'une première fois, il faut dire que tu as réussi à parfaitement retranscrire ce que tu avais en tête, avec les idées de Vance, ainsi que les suggestions et l'expertise de Jordan. Une petite victoire en soi, tu n'as pas à t'inquiéter donc, juste à publier tout ça quand tu seras prêt et envoyer le lien à ce label qui t'a déjà contacté. Ce label à l'autre bout de la planète... C'est comme tu le sens, je peux me faire un nid n'importe où, ça a été la réponse honnête de Vance, avant qu'il ne te demande si tu allais finir tes frites. Il s'en est emparé avant ta réponse mais comment lui dire non quand il est aussi conciliant, c'est toi la seule personne qui met un frein à tout ça.
Le soupir que tu pousses est long et tu décides de ne pas gaspiller ton repos avec des choses hypothétiques, oui, tu es le roi pour angoisser, ce sera pour plus tard cependant. Voilà ce que tu décides, sur tes deux pieds, avant de t'emparer d'une de tes guitares électriques. Tu places également un transmetteur dans la prise jack de cette dernière, pour que le son sorte directement de l'ampli qui est déjà branché et tu commences à gratter les cordes, sans aucun but particulier. Sauf que tu es toi, et que la mélodie finit bien par se former, alors qu'un sourire se forme sur ton visage. Et parce que tu es certain que personne ne viendra te déranger et que tu le fais souvent, tu te sers de ton matelas comme une scène d'infortune, debout sur ton lit qui a été fait il y a quelques minutes plus tôt. Parce que pourquoi pas ? Et il s'agit de ton jour de repos.
Tu n'es donc absolument pas prêt à ce que la porte de ta chambre s'ouvre, pour révéler une de tes voisines, qui rentre dans la pièce comme si cette dernière lui appartenait, une main lui couvrant à peine le visage. Tu n'as pas le temps de dire quoi que ce soit, juste le temps de te sentir rougir, avant de croiser le regard de Jo. Et de réaliser que tu es debout sur ton lit, ta guitare contre toi, ta robe de chambre entrouverte et révélant ton absence évidente de t-shirt ou de pull. Non, que tu penses, définitivement pas tout nu. Une seconde passe et c'est celle de trop, tu descends du lit, reposant la guitare et tu fermes ta robe à la hâte.  "Je... Tu n'as rien vu, okay ?" Tu demandes l'impossible tu le sais, tu t'éclaircis la gorge du mieux que tu peux, une main posée sur ton bureau, contre lequel tu t'appuies comme si de rien était. "Et on sait tous les deux que ce n'était pas une vraie question." Si elle te dérange ou pas, c'est Jo, tu aurais pu avoir de la compagnie qu'elle jugerait sa présence à elle hautement plus importante. "Je pensais que tu ne serais pas de retour sur Brisbane avant un petit moment, j'ai loupé un truc ?" Cela ne t'étonnerait même pas.

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@Nicholas Hurley ☆ crédit/ssoveia

"Stresse pas, j’en ai vu des plus grosses." De guitares, à quoi vous pensez "T’es pas censé avoir quarante ans dans les prochains mois ?" Forcément qu’elle avait roulé des yeux en se rendant compte de ce qu’il faisait derrière la porte de sa chambre. On avait pas idée d’être un boulet pareil, mais hey, chacun sa définition de l’amusement tout compte fait "Pourquoi tu te comportes toujours comme une pucelle qui a des rêves de grandeur ? Dis-moi pas que tu fais la même chose sous la douche, Nicholas." Tout ça n’était que rhétorique, et pas seulement parce qu’elle prétendait tout savoir mieux que tout le monde. Jo savait bien pourquoi il se comportait comme ça, et ce n’était pas sûr que ça plaise au principal concerné. Comme quoi, se saper comme une paysanne ne lui enlevait en rien son mordant pour l’heure, le prouva la manière dont elle entra dans la chambre de son voisin qu’elle venait d’interrompre dans son fantasme de scène.

En plus d’être à l’orée de ses quarante ans, il n’avait pas en plus de ça l’opportunité de se produire de plus en plus sur scène ? Pourquoi il perdait son temps à faire des représentations devant ses poupées sur son temps-libre ? C’était le genre de trucs qui ne faisaient pas de sens pour Jo, même s’il fallait qu’elle soit honnête puisque ses moments de fantasmes du genre, elle les cultivait avant de s’endormir pour sa part. Mais de là se comporter comme une gamine qui reproduit les gestes de ses idoles ? Elle avait passé l’âge : c’était elle l’idole maintenant, du moins elle était en passe de le devenir à grand renfort d’une stratégie marketing bien huilée et d’un petit coup de pouce de ceux qui étaient passés par là avant elle.

Roulant ses lèvres l’une sur l’autre pour étaler davantage le sucre de son thé dont elle venait de prendre une gorgée, elle s’installa sur le bord du lit de Nicholas en lui disant, sa tête se levant en le toisant sans plus d’insistance que ça, pas tellement impressionnée par sa robe de chambre de grand-père qui rendait encore son petit cinéma plus ridicule dans le fond  ; quand est-ce qu’il allait se comportait comme un adulte exactement ? "J’ai un truc en ville ce soir, j’ai eu une permission pour pouvoir y participer." Elle exagérait, elle n’était pas en prison. Le camp d’écriture, ce n’était pas si mal de son point de vue. Elle se retrouvait avec ses pensées et son objectif premier, qui était d’écrire, aussi bien ses textes que ses partitions, avec l’aide de ceux qu’on lui avait mis dans les pattes pour mieux le faire. Le contexte de la ferme perdue dans les collines, c’était un plus qui donnait un peu de romanesque à la situation, qui lui donnait l’occasion de se comporter un peu autrement aussi, encore que rien n’était moins sûr tant c’était ancré en elle qu’elle était une fille faite pour évoluer sous les projecteurs. Néanmoins, ça nourrissait un peu l’idée que c’était possible finalement, d’être un peu tranquille quand tout se mettait à bouger trop vite autour de vous.

Revenir à Brisbane pour des prérogatives liés à la musique, ça lui permettait de voir sa grand-mère, de constater que ses parents ne mentaient pas  lorsqu’ils disaient vouloir s’occuper un peu d’elle, et garder un oeil sur son père qui n’était pas invité au camp d’écriture, et c’était un soulagement. Mais la vérité, c’était qu’au fond, elle avait un peu hâte de retourner à Adelaide Hills pour se remettre à travailler. Se penchant sur la table de chevet de Nicholas pour y déposer sa tasse bien entamée, elle haussa les sourcils en s’inclinant en arrière, ses deux paumes appuyées sur le matelas, et se rassit dans le bon sens en croisant les jambes sous sa longue robe avec la petite dose de provoc qui faisait sa réputation "Je suis venue apporter des fleurs à Esmée." Pas à lui. Son cadeau, c’était sa présence. Passant le bout de sa langue sur sa rangée de dents du haut, elle ajouta  dans la foulée "Alors, tu t’es décidé pour l’Angleterre ?"

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crédit/(ssoveia) ✰ w/@Jo Carter

Jo te fait remarquer l'approche fatidique de la quarantaine, sa façon à elle de te dire que tu as passé l'âge de ce genre de petit écart, et la seule réponse que tu peux lui offrir c'est un sourire. Face à toutes ses remarques, parce que tu n'avais pas entendu son avis, de vive-voix du moins, depuis un petit bout de temps et que c'est bien le signe qu'elle est là et que tu n'imagines pas tout ça. "Parce que c'est le moment où je te dis ce que je fais sous la douche, bien entendu." Que tu marmonnes sur un ton plus bas que ton timbre habituel, parce que ce n'est pas une remarque qui mérite d'être entendue, et que la blague va s'arrêter là. Tu en es certain, ce n'est pas juste pour ça que Jo est là et tu la regardes s'installer au bord du lit avec une aisance qui lui est complètement propre. Alors que tu croises les bras sur ta poitrine, toujours debout, ton regard posé sur ta voisine de longue date. Qui a un truc en ville ce soir, d'où sa présence à Brisbane et son petit crochet jusqu'à ta demeure, enfin ta chambre, un léger détail que tu ranges dans un coin de ta tête pour le moment.
"Oh okay, une bonne nouvelle, je suppose ?" C'est elle la star débordée et occupée, tu es certain que sa participation sera notée et appréciée. Tu n'en doutes pas une seule seconde et ton sourire refait son apparition alors que la brune te fait remarquer que les fleurs ne sont pas pour toi. Cela ne t'avait même pas traversé l'esprit, pas une seule seconde et à la question de Jo, là juste là, ton sourire disparait complètement, tu le sais."J'oubliais que tu ne tournais jamais autour du pot." Tu soupires, avant de toi aussi, t'asseoir au bord de ton lit. Hors de question d'avoir cette conversation debout, tes genoux ne te le pardonneraient pas d'un et tu n'es pas si courageux que cela. Tu ne l'es même pas du tout quand tu y penses bien et c'est quelque chose qui te caractérisera toujours. Assez pour douter face à une telle opportunité, ce n'est pas juste sortir de ta zone de confort qui te bloque, c'est la distance, c'est laisser Esmée ici, et ce même si elle est bien entourée.
"Non, pas encore, mais j'en ai parlé à Vance et il n'a pas d'avis à offrir à part qu'il peut jouer de la batterie n'importe où...." Ce qui ne t'aide en rien, si le batteur s'était montré insistant ou qu'il voulait sauter sur l'occasion pour réaliser ses propres rêves, la culpabilité aurait été assez grande pour te motiver, mais même pas. Les rêves de Vance se limitent à voir le jour suivant, avancer, jouer si possible et tout recommencer le lendemain. Cela en dit long sur la vie qu'il a pu mener avant de te rencontrer, tu le sais mieux que personne. "Il a juste insisté sur le fait qu'il était flexible... Tu fais ce que tu veux de cette information-là." La plaisanterie, un peu loupée pour le coup, n'arrive même pas à te faire sourire, et tu continues sur ta lancée. Et ce, même si Jo ne te l'a pas demandé. Tu ne saurais pas expliquer pourquoi ou comment, mais c'est plus facile de parler et de mettre les choses à plat quand la brune est dans les parages. Peut-être parce qu'elle ne prend pas de pincettes avec toi ? Non, c'est plus le fait qu'elle soit toujours honnête qui aide, ça et pas autre chose.
"C'est quand même loin, et je sais, Esmée n'a pas besoin de moi, je suis un égoïste fini qui devrait prendre son envol, mais..." Mais, ce n'est même pas la perspective d'échouer qui te bloque en fait, c'est le contraire même. Si tout se passe bien, trop bien et que tu n'as aucune raison de revenir à Brisbane et que tout te monte à la tête, et si tu en oubliais Esmée ? La personne qui t'a aidée, la première personne à te tendre à la main et à te prouver que tout n'est pas si noir que cela ? Tu finis par hausser les épaules, le regard perdu dans le vide. "S'il se passe le moindre truc quand je ne suis pas là, je ne me le pardonnerais pas."

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@Nicholas Hurley ☆ crédit/ssoveia

"C’est pour ça que tu m’aimes autant." Evidemment que, paumes posées contre le matelas, buste dégagé et jambes croisées, Jo laissa échapper le genre de clin d’oeil qui voulait tout et rien dire à la fois, trop aimantée par la provocation pour tenter de bien se tenir. C’était une vérité universelle, non ? A part ceux qui lui reprochaient d’être difficile à aimer, son entourage trouvait ça plutôt cool qu’elle ne soit justement pas du genre à tourner autour du pot. C’était son super-pouvoir, ou son pouvoir de vilaine, qui savait vraiment quel genre de rôle elle serait capable d’endosser dans ce genre d’histoire. Toujours est-il que Nicholas était numéro un sur la liste de ceux qui trouvaient ça avantageux qu’elle ne tourne pas sept fois sa langue dans sa bouche, et Jo avait sa théorie à ce propos, une qu’elle avait partagé à de maintes fois avec lui, l’accusant sans délai d’être rien d’autre qu’un gros maso. Si c’était son truc, qui était-elle pour juger après tout.

Arquant un sourcil en restant installée comme elle l’était, tournant juste sa tête vers Nicholas quand il s’installa à ses côtés, elle laissa un gros soupir lui échapper quand il commença à lui parler "Il est pas d’une grande aide ton pote là. Vous êtes pas censés être un groupe ?" Elle dirait bien ce qu’elle voudrait dire à ce sujet, mais Jo savait ce que ça faisait d’évoluer dans un groupe. Certes, c’était son père qui prenait toutes les décisions à l’époque, restait que quand il y avait des avis à donner, il faisait passer le tout pour une démocratie en récoltant les suffrages de tout le monde ; pour finalement faire le contraire de ce qui avait été décidé, mais là n’était pas le sujet. Ce qu’elle voulait dire, c’était que si son acolyte ne faisait pas un effort pour y mettre un peu du sien et l’aider à y voir clair, Nicholas devrait définitivement devenir un grand garçon et arrêter de chouiner.

Roulant des yeux, puis grimaçant en ne voulant pas s’imaginer quel genre de flexibilité l’autre demeurée à la mèche peroxydée avait, elle laissa sa tête rouler sur sa propre épaule pour adresser à Nicholas un regard par-dessous la rangée épaisse de ses extensions de cils. Elle ne dit trop rien sur l’instant, mais ça ne tarderait pas "On a pas la même définition d’égoïste. Par contre, c’est vrai que t’es un putain de pleurnichard." Ça, c’était gratuit, pas besoin de lui dire merci. Dans la foulée, elle s’agita pour se laisser tomber légèrement en arrière, s’affalant un tout petit peu plus dans la position qu’elle avait adoptée, ses coudes remplaçant ses paumes sur le matelas de Nicholas qu’elle continuait de regarder "Y a de ça quoi, un an ? Tu disais que tu voulais vivre de ta musique dans l’ombre, être reconnu pour tes textes sans nécessairement attirer les projecteurs. Je suppose que ce qui t’arrive, c’est pas un miracle non plus. T’as compris que ce serait pas si horrible de sortir de ta chambre, alors arrête de réagir comme si c’était une corvée pour toi d’être sur le devant de la scène." Il avait choisi de faire ça, il devait arrêter de faire comme si ce n’était pas le cas "T’es comme nous, Nicholas." Inutile de préciser qui elle incluait exactement dans son nous "T’aimes ça. Mais t’aimes aussi beaucoup trop passer pour un mec bien, alors tu préfères dire le contraire quand en vrai, tu bandes rien qu’en pensant à ce que tu procures à ceux qui viennent te voir jouer." De toute évidence, la campagne ne la rendait pas plus classe.

Laissant un léger rien lui échapper, Jo n’avait pas terminé de décortiquer ses états d’âme "Il se passera rien pour Esmée. C’était ce qui me faisait le plus peur avec nana et finalement, à part regretter de l’avoir laissée trop longtemps derrière moi, elle s’en est sortie en étant bien entourée." Maisie et Llewyn lui avaient fait du bien, Richard ne l’avait pas lâché d’une semelle et Olive avait été de bonne compagnie. Ses parents, elle ne préférait pas les inclure "Ça me fait mal de l’avouer, mais elle s’est à peine rendu compte de ce qui se passait." C’était différent pour Esmée, elle était lucide et en pleine santé. Se mettant à agiter doucement les jambes sous sa robe, elle ajouta "Tu fais peser trop de choses sur ses épaules en te cachant derrière la possibilité qui lui arrive du mal, tu le sais ?" Était-il prêt à faire culpabiliser sa grand-mère quand elle comprendrait qu’il faisait d’elle la seule raison qui l’empêchait de s’en aller ?

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crédit/(ssoveia) ✰ w/@Jo Carter

Jo est catégorique, c'est la seule façon que tu as de le décrire. Dans sa façon de se tenir, sa façon d'agir et même sa façon de penser. Tu ne lui as jamais demandé d'où elle tenait tout ceci et qui le lui avait appris, et croiser très brièvement son père et côtoyer Ava ne t'a pas permis non plus de te faire une vraie opinion sur le sujet. Quelqu'un de plus doué que toi serait capable de lire entre les lignes, pour l'heure, tu hausses les épaules alors que Vance revient dans la conversation et elle te corrige sur ton ressenti. Encore une fois, catégorique, voilà ce que tu te dis alors que vos regards se croisent de nouveau et qu'elle te qualifie de pleurnichard. Est-ce qu'elle a déjà utilisé ce terme ? Sans doute, tu le ranges dans un coin de ta tête, pour plus tard et elle reprend tes propres mots. Jo a raison en fait, tu es un hypocrite fini et en avoir la confirmation ne te rassure pas, tu te mords la lèvre inférieure, fixant l'espace entre tes deux pieds la seconde suivante, mortifié de réaliser que tu es tout ce que tu détestes.
Tu n'avais pas besoin d'un réveil aussi brutal... ou alors si... peu importe, tu hausses encore une fois les épaules, par réflexe, par habitude, n'ayant pas de défense à offrir. "Je n'irais pas jusque-là mais... tu n'as pas tout à fait tort." Tu aimes en effet cela, monter sur scène, créer de la musique et tout ce qui touche cet univers, de près comme de loin, si ce n'était pas le cas, tu n'aurais pas emprunté une route aussi directe. Tu n'aurais jamais rappelé Jordan, il n'y aurait pas d'album sur le point d'être fini et tu n'en serais pas là. L'admettre ne va pas faire de toi une mauvaise personne, pas vrai ? Tu soupires et toi aussi, tu finis par te laisser retomber sur ton lit, pour fixer le plafond. Il ne se passera rien que Jo t'assure, c'est dans ta tête, ce n'est pas la première fois que c'est juste dans ta tête.
"Je suis certain que c'est faux, mais qu'est-ce que j'en sais, pas vrai ?" Tu murmures rapidement cela alors qu'elle te dit qu'Ava ne s'est pas rendue compte de l'absence de sa petite-fille. Les afflictions d'Ava ne sont pas celles d'Esmée, cela, tu l'as toujours su et faire un amalgame des deux est autant insultant pour Ava que pour Jo, mais Jo voit où tu veux en venir, tu ne cherches pas du tout à être insultant ou insensible.
"Je sais." Tu articules les deux mots en fixant toujours le plafond et la source de lumière qui s'y trouve, alors que tu réponds à Jo et sa rhétorique imparable. "Je sais que ce n'est pas juste." Si tu en parlais à Esmée, elle serait la première à te dire de faire ta valise et de ne pas laisser filer une telle opportunité. Si tu lui disais pourquoi tu hésites, tu aurais le droit à une leçon de morale et peut-être même qu'elle te demanderait de te baisser, pour être à sa hauteur, histoire de te tirer les oreilles. Parce que tu es stupide, parce que c'est définitivement dans ta tête que les possibilités et l'inquiétude règnent et pas ailleurs. "Je n'ai jamais quitté le pays." Tu fais la confession à voix haute, tu te surprends toi-même, quand tu es venu rendre visite à Jo à Sydney, c'était la première fois que tu prenais l'avion et maintenant tu envisages un voyage plus long. Pour ta musique. C'est à se demander si tu n'es pas devenu une autre personne entre temps. "Je ne dis pas que c'est une excuse de plus, c'est juste un fait." L'inspiration que tu prends ensuite est profonde et tu continues sur ta lancée. "Olive est là et Esmée n'est techniquement pas toute seule et je pourrais toujours demander à d'autres gens de passer à l'occasion." Tu penses aussitôt à Mavis, passer prendre le thé et laisser Esmée lui remplir l'estomac ne serait pas la pire chose du monde. Et tu pourras toujours appeler tous les jours. Le label a proposé une visite de deux semaines pour commencer, pour visiter les locaux, rencontrer d'autres artistes, et surtout, voir un peu de Londres et toute la musique qui est faite dans la capitale.
Ce n'est que quinze jours et si tu prends une décision plus tard, tu pourras toujours dire qu'être basé en Australie est important pour toi. Un autre soupir, pourquoi est-ce que c'est si facile de penser à tout ça quand Jo est là ? La question te hante alors que te redresses, sur tes coudes l'instant suivant. "T'as arrêté de t'inquiéter ?" C'est plus fort que toi, tu demandes, avant de réaliser que c'est sans doute déplacé, et que cela ne te regarde pas vraiment. "Quand tu étais loin je veux dire, occupée en répétition ou même sur scène ? Ou avec... bref." Non, les états-d'âmes de Jo ne te regardent pas du tout. "Tu n'es pas obligée de répondre à cette question-là, je suis trop curieux pour mon propre bien." Uniquement quand il s'agit d'elle, mais ce n'est qu'un détail. "Comment se passe le camp d'écriture... déjà en train d'écrire l'album de l'année ?"

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@Nicholas Hurley ☆ crédit/ssoveia

L’expression sur le visage de Jo était teinté du évidemment que j’ai raison qu’elle ne prononça pas pour autant, restant dans la position qu’elle s’était choisie pour continuer d’écouter son voisin se lamenter l’air de rien sur ce qui lui pendait au nez. Les paradoxes de Nicholas étaient épuisants et Jo n’avait jamais été patiente, seulement elle essayait de comprendre pourquoi ça semblait tant l’inquiéter de percer quand il en avait clairement envie au fond de lui, prétendant devant le reste du monde que non pour quoi, se donner le beau rôle et paraître moins vaniteux que ceux qui avaient leur nom écrit en lettres de lumière ? Tout le monde s’en cognait de la vanité des artistes tant qu’ils créaient des chef-d’oeuvres.

Elle ne trouverait probablement jamais de vraie réponse à l’énigme Hurley parce qu’elle ne tenait pas à le questionner de trop, gardant toujours une limite en place malgré son culot patenté et sa manie de vouloir fourrer son nez là où il n’avait rien à y faire. Ça la déstabilisait sans doute un peu de côtoyer quelqu’un comme lui, mais elle ne l’admettrait jamais. D’habitude, elle s’entourait d’hommes qui avaient beau être gentils, ils se mettaient toutefois au même niveau que leurs ambitions dévorantes, ne la minimisant pas pour sauver les apparences, en se laissant à peine le choix d’échouer pour faire honneur à cette lumière qui brillait en eux. Ça devait être un pré-requis pour espérer évoluer dans son cercle d’ailleurs, sûrement parce qu’elle avait l’impression d’être comprise quand elle parlait avec eux de devenir quelqu’un, de faire quelque chose de sa musique, de marquer les esprits et de laisser sa marque. Midas, Micah, ils étaient les exemples parfaits de son inclinaison pour les hommes biens, mais assez arrogants pour ne pas plier face au poids du succès, et elle apprenait d’eux sans même regretter de coller au cliché de la toute jeune femme qui a besoin qu’on l’aiguille et qui se prémunit des épreuves en se cachant derrière l’apprentissage d’un monde qui lui faisait terriblement envie, mais dont elle ne connaissait que les codes selon le prisme du fantasme dans lequel elle l’avait vécu toute sa vie, s’abreuvant pour se faire des conseils d’hommes plus vieux qu’elle. Nicholas était différent d’eux, mais pas tout à fait, comme elle le lui dit en pointant du doigt ce qu’il pensait cacher habilement.

Elle n’avait pas envie de parler de la maladie d’Ava alors elle passa sur le doute qu’il émit à propos de l’état dans lequel elle avait vécu l’absence de Jo pour mieux lui accorder un regard fixe. Il savait ce qu’il faisait peser sur les épaules de sa grand-mère, ça ne l’empêchait pas de le faire tout de même "Non, c’est pas une excuse. Je vais pas te répéter ce que je t’ai déjà dit et redit : il est temps de prendre ton envol, t’approches quand même dangereusement de la moitié de ta vie." Joyeux comme façon d’exposer les choses "Je vais enregistrer à Brisbane. Si ça te rassure qu’elle reste dans le sillage de gens qu’elle connait déjà, je pourrais toujours passer régulièrement pour lui apporter des fleurs et parler un peu. Elle m’adore." Tout le monde m’adore, voilà ce qui brillait dans ses yeux quand elle ajouta en continuant de le regarder "Encore plus depuis l’anniversaire qu’on lui a organisé à Sydney. J’ai encore l’image d’elle en train de se trémousser sur la piste comme si elle avait fait toute les soirées du Studio 54, je suis persuadée qu’elle dira pas non si je lui propose des virées pour sortir de son quotidien. Peut-être qu’elle va se trouver un chéri comme nana, elle va vite t’oublier." Non, elle ne l’oublierait pas. Jo l’espérait d’ailleurs, sachant que trop bien ce que ça faisait de vivre avec cette menace-là au-dessus de la tête. C’était une façon de parler ; une façon surtout de lui faire réaliser qu’on finissait tous par s’adapter, et que la vie étant pleine de surprises, rebondir était nécessaire pour avancer. Esmée était une grande fille, elle saurait vivre sans avoir son petit-fils sur le dos pour lui rappeler de prendre ses cachets.

"Avec Midas ?" Ça la faisait franchement ricaner dans le fond, cette manière insultante que Nicholas avait de ne jamais prononcer le nom de Midas comme s’il allait débarquer avec ses grands yeux bleus et son sourire de tombeur pour sauver le reste de la journée. Elle ne lui rappela pas qu’il n’était pas un démon et qu’il pouvait se permettre de dire son nom, mais elle rebondit sur ça précisément pour répondre à sa question, sa tête s’inclinant juste un peu pour faire le point dans sa propre tête avant de se remettre à parler "En fait, il m’a beaucoup aidé à ne pas m’inquiéter. Il a été de bons conseils avant que je prenne ma décision, c’est en partie grâce à lui que j’ai arrêté de croire que ce serait la fin du monde si je pensais un peu à moi le temps de quelques mois." Et elle l’avait écouté parce que c’était lui bien sûr, mais aussi parce que par la suite, elle avait réalisé qu’il en connaissait un rayon sur l’idée de prioriser telle ou telle chose, lui ne faillant pas devant la tache de passer du temps avec sa fille alors qu’il avait des prérogatives professionnelles à côté. Elle s’était adapté en fonction de ce qu’elle le voyait faire pour cumuler les casquettes sans donner la sensation que c’était difficile. Elle n’avait pas toujours été présente pour Ava, mais elle l’avait été assez pour, si ce n’était ne pas s’inquiéter, au moins moins culpabiliser de vouloir penser à elle. Elle haussa les épaules "C’est pas possible de ne pas s’inquiéter, mais c’est possible de passer au-dessus et de ne pas se torturer l’esprit. On a sacrifié plein de choses pour nos grands-mères, et je sais qu’Esmée au moins s’en rend compte. La moindre des choses, c’est de lui retirer l’impression qu’elle a été un frein pour toi en étant un peu égoïste." Elle eut un sourire, sa tête se redressant en même temps qu’elle ajoutait "Le monde s’écroulera pas, Nicholas. Je te promets." Bon, elle croyait à ce qu’elle disait, mais elle espérait quand même qu’il ne la tiendrait pas responsable de l’encourager autant s’il se passait quelque chose pendant son absence.

Remontant ses coudes sur le matelas, elle vint froisser le tissu de sa robe avec ses doigts quand il mentionna le camp d’écriture "Ouais, je suis devenue sage au contact des vaches, qui l’eut cru." C’était pour ça sans doute qu’elle se trimballait avec un look de trayeuse : elle vivait l’expérience à fond "Mon équipe est cool, j’aime bien apprendre à les connaître dans un cadre moins strict qu’un studio d’enregistrement. Eux, ils apprennent à me supporter, il fallait au moins plusieurs hectares pour qu’ils puissent s’enfuir quand je deviens chiante." Ce qui arrivait plus souvent que nécessaire, inutile de le préciser.

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crédit/(ssoveia) ✰ w/@Jo Carter

Jo a beau t’assurer qu’elle ne va pas se répéter, mais elle le fait quand même. Et ton regard bleuté est rivé sur le visage de la jeune femme alors qu’elle te dit ce que tu as déjà entendu, ce qui te fait un peu peur dans le fond et ce qui t’a poussé à ne pas donner de réponse immédiate à l’invitation qu’on t’a donné. Un autre musicien se serait jeté sur cette opportunité sans aucune hésitation, cependant, tu ne serais pas toi s’il n’y avait pas eu un minimum d’hésitation. Tu ne serais pas toi si la panique n’était pas là et quelque chose te dit que les textes et le son qui semblent plaire serait tout simplement différent. Cela fait partie intégrante de toi malheureusement, tu es le premier à en pâtir, ta voisine le sait sûrement. Et ce n'est pas comme si c'était quelque chose que tu appréciais chez toi. Du tout en fait, il y a beaucoup de choses qui te sont passées sous le nez pendant toutes ces années, et tu es certain que tu seras plein de regrets quand tu auras atteint l’âge d’Esmée, tu ne seras pas aussi souriant ou vivant qu’elle c’est certain. Cependant, ce sera de ta faute, alors peut-être que pour une fois, pour cette fois, tu peux lâcher du lest et penser à toi dans des termes qui ne sont pas péjoratifs.
Qu’est-ce que tu as à perdre de toute façon ? Jo te dit que son enregistrement se passera à Brisbane, elle lâche beaucoup de bribes d’informations aujourd’hui et tu te considères chanceux, il n’y a pas d’autres mots pour le décrire, vraiment, et tu hoches la tête la seconde suivante. “Tu passerais la voir ? Ce serait rassurant en effet, plus que rassurant même. Et oui, elle t’adore. Comme tout le monde.” La dernière remarque est ajoutée avec un sourire sur le visage et parce que tu es certain que si on lui demandait, Esmée dirait qu’elle considère Jo comme une autre de personne de sa famille et que voir la brune est toujours une bonne chose. Comment il pourrait en être autrement ? Tu soupires alors que Jo te rappelle le dernier anniversaire d’Esmée à Sydney, tout ça organisé grâce à Jo et Midas, c’était un bon moment, tu as encore beaucoup de photos de cette soirée sur son téléphone. Beaucoup d’Esmée, certaines de Jo... “Et remplacer l’amour de sa vie ? Bon courage, je serais très curieux de voir cela en réalité.” D’après Esmée, personne n’arrive à la cheville de ton grand-père, elle a déjà eu le grand amour de sa vie, avec un grand A, et elle n’est pas prête à se relancer dans tout ça. Tu la comprends autant que tu l’envies, sachant que cela ne risque pas de t’arriver de sitôt.
Est-ce cela qui se passe entre Midas et Jo ? Tu n’en sais rien, tu supposes que oui, tu ne demandes pas par pudeur et gêne, parce qu’on doit souvent poser la question à Jo, que les rumeurs courent facilement et parce que ça ne te regarde pas au final. Du tout, que tu conclus alors que Jo te parle de l’autre star, son expression un peu plus détendue alors qu’elle parle de Midas. Jo partage son ressenti avec toi et ses propres expériences et tu l’écoutes, tu l’écoutes comme si on allait te tester plus tard et te demander de répéter les mots de la brune et parce qu’elle est probablement la seule personne dans tout Brisbane qui peut comprendre tes appréhensions. "Le monde s’écroulera pas, Nicholas. Je te promets." Et Jo ne sait même pas à quel point tu as envie de la croire quand elle dit cela, envie de croire qu’elle a toujours raison et que tout se passera bien. Tu hoches la tête, un soupir au bord des lèvres et tu te laisses de nouveau retomber sur ton lit, ton regard de nouveau sur le plafond. Le cœur un peu plus léger et un peu moins serré qu’il y a quelques secondes, comme ça, juste à cause des mots de Jo. Pourquoi ? Tu n’en sais rien, tu ne l’expliques pas du tout.
“Cela a l’air si simple quand tu le dis... si simple.” Et cela peut être aussi simple, c’est ce qu’elle essaye de te faire comprendre et tu restes silencieux l’instant suivant, alors que dans ta tête tu prends ta décision. Ce n’est que deux semaines pour commencer, et tu pourras faire comprendre qu’être établi à Brisbane est important pour toi et que tu ne veux pas quitter la ville trop longtemps. Ce qui n’est pas la pire condition du monde, on ne pourra pas t’accuser de jouer les divas, pas vrai ? Tu reviens au moment présent grâce à la voix de Jo et un rire fini par t’échapper. “Je suis désolé de rire mais tu décris vraiment le quotidien d’une princesse Disney, à quand le contrat et le film, tu as déjà la voix qu’il faut en plus.” Ce serait parfait et tu es même étonné que personne n’ait déjà eu cette idée par le passé, vraiment, les gens sont idiots. “Une bonne chose, je suppose ? Que tu apprécies ton équipe... pas le reste, c’est toujours mieux pour aider au processus créatif.” Tu peux dire que Jordan a été d’une aide précieuse pour ton propre processus créatif et sortir de ta propre tête, essentiel même. “J’en reviens toujours pas en fait. Que toi tu sois de nouveau au-devant la scène, ça, ça ne m’étonne pas du tout. Je savais que ce n’était qu’une question de temps avant que ce petit coin de Brisbane ne soit pas suffisant pour toi... Mais le reste, moi...” Tu soupires, elle a raison, tu es vraiment à la moitié de ta vie si tu te mets à débiter ce genre de discours plein de nostalgie.
“Tout ce que j’essaye de dire, c’est que je me fais vieux.” Un autre rire t’échappe. “Et toi aussi... okay, juste un peu, assez pour m'écouter me répéter et me pousser à me bouger.” Tu cesses de fixer le plafond au profit de Jo, hochant de nouveau la tête. “Merci.”

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@Nicholas Hurley ☆ crédit/ssoveia

"Pourquoi t’as l’air toujours surpris quand je suis gentille ?" Il n’était pas le seul en l’occurence. Ça lui reprochait à tout va d’être une garce, mais ça faisait des yeux ronds quand elle se montrait un tantinet bienveillante. Si ce n’était pas de l’hypocrisie, elle ne s’appelait pas Josephine Ophelia Carter. Cela dit, Si elle en avait eu quelque chose à foutre, ça l’aurait vexé, sauf qu’elle passa vite à autre chose, confirmant en hochant la tête dans la foulée "J’ai franchement pas loin à aller pour passer une tête et vérifier si tout va bien. Je peux même l’emmener en studio si ça lui dit, elle verra que les musiciens sont pas tous des débiles comme Vance." Ou comme toi, mais ça elle ne l’ajouta pas, ne tenant pas à annuler son acte de gentillesse au profit de son langage de poissonnière.

Encore que, là encore, elle s’en moquait un peu dans le fond. Elle ne fanfaronna pas plus que ça en l’entendant confirmer ce qu’elle savait déjà à propos de l’affection qu’Esmée lui réservait et haussa les sourcils dans une courte réflexion au sujet de ce qu’il ajouta quand elle avait proposé de lui faire rencontrer des prétendants "Nana était raide dingue de mon grand-père. Il est mort depuis une quinzaine d’années, elle s’est jamais vraiment lamentée et après, elle a rencontré Richard." La maladie ne devait pas bien l’aider à mettre de l’ordre dans ses sentiments, mais chaque fois qu’elle était lucide, Jo voyait qu’elle l’aimait, si ce n’était autant que son défunt mari, assez pour finir ses vieux jours avec lui sans se poser trop de questions quant à l’assentiment d’un homme qui bouffait les pissenlits par la racine aujourd’hui. Jo n’aimait pas son grand-père autant qu’elle aimait sa grand-mère, une question de ressemblance avec son père qui l’avait toujours un peu dérangée. Elle tourna légèrement le visage vers Nicholas, ses yeux le toisant brièvement dans la manoeuvre "Ça te tombe sur le coin de la figure ce genre de trucs. C’est pas comme si tu pouvais le contrôler, ça se saurait." Alors Esmée n’était pas à l’abri, c’était ce qu’elle voulait dire sans le faire, tapotant ses doigts sur la cavité de son abdomen où se trouvait son nombril en finissant par détourner le regard pour succinctement parler de Midas et rassurer un peu plus son voisin sur l’idée que le monde n’avait pas besoin de lui pour tourner dans le bon sens.

"Ça l’est. Tu décides juste que c’est compliqué parce que ça te donne une raison de camper sur tes angoisses. On dirait que c’est devenu trop confortable, je pense que c’est le signal que t’attendais pour enfin te bouger." Elle dit ça en haussant les épaules, passant sa langue sur ses lèvres pour continuer ensuite, la tête basculant doucement en arrière pour fixer le plafond en plissant les paupières "C’est pas difficile de rester dans sa zone de confort. Par contre, faut être courageux pour réussir à en sortir et OK, t’es pas le couteau le plus affuté du tiroir, mais t’es pas un lâche." Tu vas y arriver, voilà ce qu’elle aurait pu ajouter si elle ne trouvait pas qu’elle se transformait en héroïne romanesque, celle qui balance des doctrines et des conseils en sirotant de la camomille dans sa milkmaid dress en pensant que sa vie recluse à la campagne lui octroyait le droit de parler comme une putain de philosophe — ou de princesse, chose que Nicholas releva en riant d’elle "Ça ferait mauvais genre si Blanche-Neige proposait une partouse aux Sept Nains, tu vois ? Je suis pas sûre que Disney assumerait ma tendance à faire de tout un double-sens." Mais c’était drôle. Du moins ça la faisait rire elle, c’était encore tout ce qui comptait.

Elle n’était pas certaine de comprendre exactement où Nicholas voulait en venir lorsqu’il lui parlait de son retour sur le devant de la scène tout en se mentionnant juste après. Ça la fit froncer les sourcils et le nez en même temps "Tu veux dire que pour toi, c’est assez ce petit coin de Brisbane ?" Se redressant en grimaçant, elle poursuivit "Personne t’empêche d’y rester, mais faut contrebalancer. Je veux dire, t’as le droit d’aimer aller où tu veux, et t’as le droit d’aimer faire ce que tu veux, personne te le reprochera si ce n’est toi quand tu seras vraiment vieux et que tu me verras Midas et moi continuer à défoncer les Charts alors que toi tu seras affalé devant ta télé à dire à Tosser j’aurais pu le faire moi aussi." Elle prit une voix de vieillard vachement bien imitée au demeurant, sa main qu’elle porta devant elle en faisant mine de tenir une canne se mettant à trembler pour de faux avant qu’elle n’éclate de rire en se préparant à se lever du lit "J’ai encore de la marge avant de te rattraper et d’ici là, tu seras peut-être même mort." Ambiance, mais c’était pour contrer les remerciements du jeune homme dont elle tapota la houppette une nanoseconde quand elle fût enfin debout en lui disant sur le ton bourru qui était le sien quand elle ne savait pas trop quoi répondre "Ouais, j’ai pas guéri le cancer non plus, détends-toi."

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crédit/(ssoveia) ✰ w/@Jo Carter

"Ce n'est pas de la surprise Josephine, je suis juste reconnaissant, tu pourrais littéralement faire ce que tu veux de ton temps libre, savoir que tu te soucies autant d'Esmée c'est..." Tu ne sais pas pourquoi tu es aussi honnête avec Jo, elle pourrait avoir le droit à un silence radio. Aucune justification, vous ne vous devez rien après tout et elle sera la première à te dire de te détendre, parce que tu n'es pas si intéressant que cela (merci bien), et tu ne la reprendrais pas. Cependant, non, tu n'es pas surpris, oui, les murs que Jo érigent devant elle sont hauts et épais, tu ne peux pas vraiment la blâmer quand vous avez les mêmes techniques. La tienne est de te morfondre dans ton silence, c'est assez pour que beaucoup de gens laisse tomber et passe à autre chose ; elle, elle taille en pièces, casse, avec des vérités que beaucoup taisent et elle regarde les gens s'éloigner avec un sourire aux lèvres. "Rassurant." Que tu conclus simplement dans un hochement de tête. Tu ne vas pas t'étendre plus, tu pourrais la complimenter, Jo le mérite amplement d'après toi, pas besoin d'en faire trop cependant ou de te faire rougir. Elle le fait très bien la brune, en t'encourageant et tu te demandes pendant quelques secondes ce qu'elle voit quand elle te fixe.
Ouais, elle te le dit que tes pulls sont moches, que tu devrais faire un effort et sortir de ta coquille, cependant, ce n'est pas à cela que tu fais référence et tu gardes tout ça pour toi encore une fois, fermant les yeux la seconde suivante. "Je ne suis pas un lâche, hmm ?" Une première, il faudrait que tu le notes, tu décides de ne pas le faire et de rester allongé là, avec les yeux fermés, pour le drame et parce que ce n'est pas si désagréable que ça d'écouter Jo parler et tenter de se rassurer à sa manière. Tu as même un rire au bord des lèvres qui continue à sa réplique, parce que tu lui as tendu une énorme perche et que Jo est Jo. Tu ouvres les paupières, ton sourire toujours bien en place et tu lui poses des questions essentielles. "Ça dépend, dans ton scénario, qui tient la caméra du coup ? Et le Prince Charmant arrive pour se joindre à tout ce petit monde, ouais je l'ai dit, j'ai fait exprès et je l'ai dit. Donc, il regarde en étant charmant avec une main dans le pantalon ou pas ?" Dans tous les cas, que tu n'ajoutes pas, tu auras un public alors... Alors Jo a sa blague, parce qu'elle est facile alors que toi tu considères les choses telles qu'elles étaient avant et qu'elles changent à une vitesse colossale. Enfin pour toi, c'est sûrement trop lent pour elle. Tu la suis du regard quand elle se redresse, toujours en l'écoutant et tu as envie de rire tellement fort aux mots de la brune, mais tu ne le fais pas.
Le sourire est là cependant et les regrets que Jo semblent décrire sont eux totalement et complètement absent. "Je n'avais rien prévu, et encore moins d'être là ou même de me rapprocher du cap de la quarantaine. Je suis le premier étonné face à tout ce que je fais." Tu devrais sans doute arrêter de vivre comme s'il allait t'arriver quelque chose d'horrible du jour au lendemain ou à la seconde où tu respires trop fort. À près de 39 ans, ce n'est pas une habitude que tu es prêt à abandonner, pas quand elle a été gravée dans ta chair de manière si forte et beaucoup trop tôt. Donc oui, tu ne t'attendais à rien, il n'y a pas de grands plans, tu ne penses pas qu'on te doit quoi que ce soit, tu pourrais être en colère, vouloir récupérer toutes les années qu'une personne trop cruelle et débile dans le fond a ruiné pour toi, mais même pas. Être ici est déjà assez, avoir une conversation avec elle aujourd'hui ? Ce n'est que du bonus. Jo qui se moque de toi ? Encore plus une surprise qu'une habitude. La main de Jo est proche une seconde et la suivante, elle ne l'est plus et son ton change un peu. Autant ne pas insister. "Mais je vois ce que tu veux dire, même si je ne suis pas encore prêt à conquérir le monde." Et tu ne le seras jamais, ça conclut ce débat-là et tu finis par te lever toi aussi. Simplement pour ouvrir la porte de ta chambre et tu en sors, te dirigeant automatiquement vers la cuisine.
"Bref, tu as dit que tu avais un truc de prévu ce soir... vous cherchez un musicien de plus ?"

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@Nicholas Hurley ☆ crédit/ssoveia

"Ne me Josephine pas." C’était réservé à Ava, et exclusivement à Ava. Pour qui il se prenait, papy Calimero "Non, je crois pas que tu sois lâche, et ça non plus, c’est pas si surprenant que ça." Elle lui trouvait des défauts à la pelle, mais Jo avait tout de même fréquenté Nicholas un bon nombre d’années. Si elle devait faire le parallèle avec ses frères, elle dirait que sur l’échelle de la lâcheté, il ne leur arrivait même pas à la cheville. Eux, ils avaient tourné le dos à leurs responsabilités concernant sa grand-mère sans même hésiter. Même Leroy qui était son frère préféré, il avait lâché l’affaire sans même essayer. Nicholas, il vivait avec la sienne sans plus d’hésitation que ça, et ça constituait un réconfort à ses yeux ; une facilité aussi sûrement, mais elle, elle vivait avec sa grand-mère contrairement à ses enflures de frangins, alors elle savait ce que c’était de vivre avec une personne âgée. Elle prétendait le contraire pour l’encourager un peu, éternel ado attardé qui avait besoin qu’on lui prenne la main pour le guider, pas foutu de pisser droit sans qu’on lui dise comment faire, mais elle n’était pas sans savoir que ce n’était pas de tout repos, et pourtant il s’obstinait. C’était une preuve de quelque chose qui faisait de lui un bonhomme courageux, quoi qu’elle en dirait pour ne pas lui donner l’impression qu’elle l’estimait de trop non plus, et puis quoi encore.

"Le chasseur, qui d’autre ?" Jo attrapait toutes les perches, c’était bien connu. Pourtant, elle prit une petite expression d’outrage quand Nicholas attrapa la sienne et qu’il se lança dans une chimère grivoise que les dirigeants de la maison aux oreilles de souris n’apprécieraient sûrement pas. Une paume se posa sur la partie découverte de sa poitrine, sa bouche s’entrouvrit à l’image de la vierge effarouchée qu’elle n’était plus depuis ses 14 ans, et poussa un léger geignement de sacrilège en lui disant, le toisant comme si elle le voyait pour la première fois, et faisant même la grimace juste après, histoire de parfaire le tableau de la donzelle choquée par ce qu’elle entendait "Qu’est-ce que t’es vulgaire, Nicholas." À d’autres, Carter.

"Parfois quand je t’écoute, j’ai presque envie de me tirer une balle." C’était faux — encore que, ça se jouait entre ça et foncer dans un arbre au volant d’une voiture, dangereux si on considérait qu’elle n’avait même pas le permis de conduire. Elle ne savait pas quoi répondre à dire vrai à ce moment-là, un peu gênée de rentrer dans les secrets de son voisin qu’elle ne voulait pas connaître. Elle n’était pas du genre à s’abreuver du malheur des autres, elle ne savait pas comment réagir face à ça. Pas parce qu’elle n’était pas humaine, mais parce qu’elle était construite de ginguois, et que ses mécanismes de défense l’empêchaient de creuser dans le dur de la vie des autres. Certaines fois, ça la ramenait à ses propres secrets, à ses propres difficultés, à ses propres traumatismes aussi… autant dire que c’était une zone dans laquelle elle ne préférait même pas foutre un petit orteil, Jo.

Elle resta silencieuse le temps de décider de se lever, et finit par dire au jeune homme "Je suppose que c’est à ce moment-là que je te sors une connerie du genre tu devrais en profiter pour faire de chaque instant de ta vie un moment important, mais j’ai pas fini le lycée et j’ai skipé les cours de philo trop souvent pour dire ce genre de merde." S’étant levée, sa main ayant flattée les cheveux aplatis sur le devant de la tête de Nicholas, elle haussa les épaules ensuite — bon garçon "Fais-toi confiance. Si ça se trouve dans six mois, tu voudras le conquérir, et t’y arriveras même peut-être." Le monde changeait vite, il était le mieux placé pour le savoir puisqu’en l’espace de quelques mois à peine, il était passé du cassos à sa mamie qui joue de la guitare dans sa piaule, à un aspirant signataire d'un contrat pour un label établi à l’étranger. Harponnant sa tasse de thé refroidi, Jo retira une mèche de cheveux collée à son gloss, et le suivit pour sortir de sa chambre pendant qu’il la questionnait sur un bon plan à glaner "Tu perds pas le nord, toi." Elle avait une gueule d’agence pour l’emploi ? Elle secoua la tête, tira la langue après avoir bu une gorgée trop amère de son thé froid "Nan, on a déjà tout ce qu’il faut. Par contre, si t’as rien de mieux à faire de ta soirée, tu peux toujours venir faire un tour. T’es pas obligé d'accepter, mais au moins tu pourras pas dire que je t’ai pas proposé." Décidément, trop généreuse, Jo.

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crédit/(ssoveia) ✰ w/@Jo Carter

C'est ton prénom, voilà ce que tu as pensé au moment où elle t'a repris, mais tu supposes que tu peux la comprendre, il y a une différence entre les Nicholas et les Nicky dont on t'accable, même elle, parfois, et tous ont une place à un moment bien précis et important. Jo le sait, Esmée et toute autre personne de ton entourage le sait aussi, tout comme tu sais que son prénom complet, c'est pour Ava et uniquement pour Ava. Il ne faudrait pas que tu oublies ou même que tu oublies ta place de simple voisin et de chauffeur de temps en temps. Quoique, la dernière option n'est plus vraie, plus maintenant que Jo est aussi bien entourée, et quand tu te lèves, avec le sourire sur le visage, c'est seulement pour hausser les épaules. Tu ne perds pas ton sourire, bien conscient de radoter et d'être... tout le temps morose. Est-ce que Jo ne s'en rend compte que maintenant ? C'est ça ton quotidien, qu'elle ne s'y trompe pas, cela ne te plait pas particulièrement, mais malheureusement, c'est ainsi que ton cerveau fonctionne. On s'y fait vite, que tu as envie de lui dire, et qu'elle ne se tire pas de balle, justement, ce serait une trop grosse perte et tellement du gâchis.
"Tu devrais le mettre sur un t-shirt." La connerie que Jo vient de sortir, une belle bêtise, et tu n'y as jamais cru, et même Jo, qui semble réussir à te faire changer d'avis d'un simple claquement de doigt, ne pourra te convaincre du contraire. Il y a des journées qui sont mauvaises, qui ne font pas de sens, qu'on ne peut pas rattraper, et ce, malgré les meilleurs efforts et ça, personne ne peut rien y changer. Et même pas tout l'optimisme et toute la bienveillance du monde. "Ou donner des cours, ou juste être coach de vie... ou pas, je ne sais pas, on ne s'en sortirait pas si on était tous aussi confiants que toi, il faut bien quelques peureux comme moi, sinon ça serait trop tout le temps." Il faut bien un équilibre, pas vrai ? C'est ce qu'Esmée te dit souvent, le secret d'un plat bien réussi et même d'un bon mariage d'après ta grand-mère. Qui es-tu pour remettre son expertise en question ? Personne vraiment, et tu jettes un regard à Jo par-dessus ton épaule alors qu'elle te suit, toujours avec un sourire. "Pas quand il s'agit de musique..." Elle devrait bien le savoir maintenant et tu n'as jamais vu cela comme une chose négative. Tu enclenches la bouilloire alors qu'elle te répond et tu n'es pas surpris, bien sûr que Jo a tout ce qu'il faut, bien sûr qu'elle n'a pas besoin de toi. Elle n'est pas juste ta voisine, il ne faudrait pas que tu l'oublies juste parce qu'elle est dans ta cuisine, avec ses piques et sa tasse de thé.
C'est une star, tout le monde veut en voir plus d'elle et en savoir plus d'elle, il ne faudrait pas que tu l'oublies après tout. Jo te propose de venir faire un tour et c'est assez pour que ton sourire gagne en intensité alors que tu cherches déjà ta propre tasse et du thé pour toi et pour continuer cette conversation et ta journée."Je passerai, je ramènerai le vice-président de ton fan club, à savoir Vance, aussi." Et ils pourront faire ce truc où ils s'envoient des piques et prétendent se détester, et tu joueras les arbitres, en hochant la tête et une bière à la main. Ce qui oui, par bien des aspects, constitue une bonne soirée à tes yeux. "Tu n'as pas posé la question, mais c'est moi le président." Et elle n'aura jamais besoin de poser la question, voilà ce que tu te dis alors que ton eau chaude est prête et que tu te prépares une boisson chaude toi aussi, ton regard passant de Jo à ta tasse puis enfin Jo.

(rp terminé)