| True colors are beautiful, like a rainbow - Kai&Jor |
| | (#)Jeu 20 Juil - 18:56 | |
| Suite de ce sujet commun
« Non, non. Je suis touchée que tu m'aies dit tout ça. Merci. » Tu apprécies que l’échange soit apprécié des deux côtés. Tu le sentais déjà mais qu’elle le confirme à voix haute te fait du bien. Tu as beaucoup parlé et ce n’est pas de ton habitude, sauf quand il s’agit de sujet qui te passionne, qui te sont chers. Tu penses surtout à tes proches au milieu de tes mots alors qu’en réalité tu parles beaucoup de toi là Jordan. C’est pas souvent que tu fais ça, mais quelque chose te pousse à te confier un peu plus sur ton parcours à Bea. « Est-ce que les personnes dont tu es plus proche sont toutes queers ? » Tu réfléchis un bref instant. « Ca fait longtemps que tu as ces étiquettes ? » Et y’a une nouvelle question qui arrive déjà. Tu captes bien que l’histoire des étiquettes est un point qui la fait beaucoup cogiter. « Est-ce que ça t'a fait t'éloigner de gens qui avaient peut-être pas les mêmes étiquettes que toi pour te rapprocher de ceux qui te comprenaient mieux à ce niveau-là ? » Les questions continuent et tu as besoin d’un moment de réflexion pour bien y répondre. « Désolée, je pose beaucoup de questions. Tu n'es pas obligé.e de répondre ! » Tu fais non de la tête avec un sourire sur ton visage. Tu vas lui répondre. Tu sens sincèrement que Bea a besoin du témoignage du vécu de certain pour continuer dans sa propre réflexion. « Avec ta copine, en fait, you belong to each other, » Ton sourire se fait plus large alors que ton cerveau connecte aussitôt sa radio intégré à la chanson de Mariah Carey : We belong together. « We belong together… » Que tu dis en chantonnant sur la mélodie de la chanson. Ton visage est si illuminé. Tu aimes tellement cette chanson et tu l’avais toujours associé à Rosa et toi avant ce moment précis. Car Mariah c’est votre queen à tous les deux. Vous étiez fans ensemble.
« Ca te va si je le mets mon Instagram ? Un chouette souvenir à ne pas oublier. » « Oh ouais pas de problème, il faut, c’est beaucoup trop beau. » Tu dis alors que tu regardes la mural en rassemblant tes pensées pour entamer les réponses à ses questions. « Je dirai que 90% de mes amis et potes sont queer ouais. On est partout. » Ca te fait sourire un peu plus largement de dire cette boutade, mais c’est vrai. « Mon entourage a pas changé depuis que je porte ces étiquettes nan. Car elles sont juste… Une indication mais pas primordial. Ils m’aiment comme je suis avec ou sans label je suis la même personne. » Tu cherches quel était la troisième question et elle te revient. « Ca fait pas très longtemps que j’utilise ces étiquettes. Deux ans par là je crois ? Peut être un peu moins. Je sais plus exactement. » Tu reposes le pinceau que tu as à la main depuis tout à l’heure alors que tu as fini de peindre. « J’ai toujours été seul. Je parle niveau famille. Je pense que ça y joue pour ne pas penser aux labels. J’ai jamais eu à faire de coming out. Personne n’avait d’attente envers moi. » Tu en as parlé avec ton psy par le passé.
@Kai Luz
|
| | | | (#)Lun 14 Aoû - 22:20 | |
| Après m'être excusée auprès de Jordan de l'avoir mitraillé.e de questions, je me surprends à étudier méticuleusement son portrait. Mes pupilles surplombés de cils exubérants se plaisent à contempler ses traits, épris de cette fascination pour l'unicité de chaque humain. Mes yeux glissent le long de son nez droit, encerclent ses lèvres rosées, se logent dans le creux de son menton ; mes souvenirs redessinnent Ashley par la même occasion. Puis, lorsque Jordan reprend la parole en chantonnant du Mariah Carey, mon attention se rive spontanément de nouveau sur le ciel de ses iris. « We belong together… » Un sourire en coin étire la commissure de mes lippes. « Tu rayonnes quand tu parles de ta moitié. C'est beau, » je fais, touchée.
Il y a néanmoins mon coeur qui se serre sous tous les artifices qui recouvrent ses expressions. Je saisis mon téléphone, sélectionne le cliché de l'œuvre collaborative que je me réjouis d'avoir créé avec Jordan, dont je considère la rencontre telle une réelle chance. Un beau coup du sort, un cadeau du destin. Je ris, sincèrement heureuse, lorsqu'iel accepte que je publie cette photographie en complimentant notre ouvrage. « Oh ouais pas de problème, il faut, c’est beaucoup trop beau. » « J'adore trop, » j'avoue et ni une ni deux, je démarre le post, mes longs faux ongles ne me gênant absolument pas dans cet exercice. « Je dirai que 90% de mes amis et potes sont queer ouais. On est partout. » Je me stoppe dans mon commentaire pour m'accrocher aux paroles de Jordan. Iel rit mais mon palpitant tonitrue d'optimisme, mais surtout d'espoir désormais. « Mon entourage a pas changé depuis que je porte ces étiquettes nan. Car elles sont juste… Une indication mais pas primordial. Ils m’aiment comme je suis avec ou sans label je suis la même personne. » J'acquiesce, compréhensive. « Ca fait pas très longtemps que j’utilise ces étiquettes. Deux ans par là je crois ? Peut être un peu moins. Je sais plus exactement. J’ai toujours été seul. Je parle niveau famille. Je pense que ça y joue pour ne pas penser aux labels. J’ai jamais eu à faire de coming out. Personne n’avait d’attente envers moi. » Je grimace, compatissante, et je verrouille mon smartphone pour me concentrer entièrement sur Jordan. Iel ne me paraît pas profondément affecté.e par cette situation alors je n'ose pas formuler une sympathie sur ce point. Plutôt, j'ose : « Est-ce que tes étiquettes sont finalement plus pour toi et ton bien-être que pour les autres ? » Savoir s'identifier, savoir qui on est. Car finalement, comme le dit si bien Jordan, les étiquettes ne changent pas qui nous sommes, elles ne font que mettre des mots sur des volets qui nous constituent. Derechef, je repense à mon réflexe premier d'assurer à mes meilleurs amis que j'étais toujours moi lorsqu'ils avaient découvert que je faisais du drag, comme si je redoutais qu'ils ne me reconnaissent plus par ce secret que je portais et surtout, qu'ils me rejettent. Finalement, aucun d'eux ne l'ont fait et le seul qui refuse Bea est Kai. « T'as toujours su qui t'étais, en termes de genre ? Tu l'as toujours senti, au fond de toi ? Ou c'est venu en vieillissant ? » Je demande, inquiet, songeant à cette conviction que j'ai toujours eu depuis que j'ai une conscience que je ne suis pas un homme. J'inspire profondément, confessant : « J’ai toujours mené deux vies parce qu'être qui je suis serait inconcevable d'où je viens. » Je mordille ma lèvre doucement. « J’ai toujours espéré qu'un matin je me réveille et les torts sur moi soient réparés. C'était ce que je priais à chaque fois que je me couchais quand j'étais petite. Qu'au matin, je me réveillerais dans un autre corps. Dans celui qui m'appartenait. » Un rictus immensément triste habite ma bouche, je plonge mon regard dans celui de Jordan. « Mais ça ne se passe pas comme ça, bien sûr. Ca fait seulement de belles fictions. » En addition d'avoir piétiné ma foi en Dieu malgré l'éducation religieuse que j'avais reçue. Je marque une pause, décrivant d'un geste de la main ma silhouette. « Ca c'est moi. C'est vraiment moi. Un peu en apnée, mais c'est moi. » Je présente en riant légèrement. En apnée car les parts du garçon sont simplement cachés, ces tumeurs masculines que j'abhorre. « Maintenant, mon rêve c'est que ce soit la Pride tous les jours de l'année et que je puisse toujours être comme ça, tu vois ? Que je puisse chaque jour être moi, enfin. » J'offre un sourire désolé à Jordan, à qui je partage peut-être beaucoup trop et que je pourrais mettre à l'aise avec ces confidences. « Sauf que toute mon histoire officielle s'écrit au masculin et je suis trop habituée au mensonge, maintenant. » Comment pouvais-je annoncer à tous ceux qui m'entourent et me fréquentent que je leur mens depuis des années ? « T'as beaucoup de courage d'oser être qui tu es, » je conclus, admirative, ne m'autorisant qu'à uniquement concevoir abstraitement le bien que cela pouvait faire de simplement être soi. |
| | | | (#)Sam 2 Sep - 20:20 | |
| « Tu rayonnes quand tu parles de ta moitié. C'est beau, » Tu as tellement d’amour pour Birdie que ça ne t’étonne pas totalement que ça se voit à ce point là. Tu ne cherches pas à brider quoi que ce soit quand tu parles d’elle, tu n’y arriverais pas même si tu essayais. Ce qui est différent de l’ordinaire là c’est le commentaire de Bea. Ce sont des mots qu’elle n’était pas obligé de prononcer mais elle l’a fait car c’est positif. Ou du moins c’est ce que tu t’imagines car c’est ce que tu aurais fait toi. Tu n’hésites jamais trop non plus quand tu as un sincère compliment qui te traverse l’esprit. Ses mots ne font qu’accentuer ton sourire qui était déjà bien large.
« J'adore trop, » Qu’elle ajoute après avoir pris en photo votre oeuvre commune. Tu prends également une photo à la suite, mais tu ne la posteras pas. « Tu peux me tag sur la publication ? Mon username c’est jordanashfisher tout attaché. » Tu sais déjà que si elle te tag, tu vas la suivre quand tu ouvriras l’application et verra la notification un peu plus tard. Bea t’intrigues autant que tu as l’air de l’intriguer en retour. Le fait qu’elle soit drag te fascine pas mal. Surtout parce que tu as eu le loisir de vivre l’expérience il y a peu et tu as absolument adoré.
Tu vois la grimace sur le visage de Bea à la fin de ton récit. Ca ne te fait plus grand chose de ton côté mais tu comprends cette réaction. « Est-ce que tes étiquettes sont finalement plus pour toi et ton bien-être que pour les autres ? » Tu apprécies qu’elle ne fasse pas de commentaire sur ce point. Tu fais oui de la tête. « Ouais… C’est plutôt ça. » « T'as toujours su qui t'étais, en termes de genre ? Tu l'as toujours senti, au fond de toi ? Ou c'est venu en vieillissant ? » C’est marrant parce que plus elle te questionne plus tu es en train de réaliser des choses aussi de ton côté. Tu sais pas trop mais ça cogite dans ta tête. « Je sais pas trop… J’ai pas l’impression d’avoir changé en fait. » Tu es en pleine réflexion car ses mots te font réfléchir sur des points que tu n’avais pas vraiment pensé. Tu sais au présent comment tu te sens mais le passé ? Tu réponds en mentionnant tes incertitudes et Bea raconte un peu plus de son bout de chemin. « J’ai toujours mené deux vies parce qu'être qui je suis serait inconcevable d'où je viens. » Ton tour de faire une petite mine désolé. Tu comprends bien le ressenti en tout cas. Dans une autre mesure mais y’a des sentiments qui se rejoignent aisément. « J’ai toujours espéré qu'un matin je me réveille et les torts sur moi soient réparés. C'était ce que je priais à chaque fois que je me couchais quand j'étais petite. Qu'au matin, je me réveillerais dans un autre corps. Dans celui qui m'appartenait. » Tu trouves ça si triste… Tu faisais une autre sorte de souhait de ton côté, mais tu comprends bien cette détresse dans une autre mesure. « Mais ça ne se passe pas comme ça, bien sûr. Ca fait seulement de belles fictions. » Tu hoches la tête, lentement et tu te permets de commenter là, rapidement, sans la couper réellement. « Et des belles chansons. » Car toi c’est la musique et les mots que tu as écrit pour aller avec qui t’ont aidé.
« Ca c'est moi. C'est vraiment moi. Un peu en apnée, mais c'est moi. » Tu ressens beaucoup d’empathie pour Bea qui va bien loin dans ses mots pour te parler d’elle et son corps. Tu la trouves très courageuse. Elle sourit et tu en fais de même pour l’encourager à continuer. Tu sens qu’elle n’a pas encore terminé. « Maintenant, mon rêve c'est que ce soit la Pride tous les jours de l'année et que je puisse toujours être comme ça, tu vois ? Que je puisse chaque jour être moi, enfin. » Tu hoches la tête car tu comprends bien ça aussi. C’est important d’être entouré des personnes avec qui on peut être totalement nous même tout le temps. « Sauf que toute mon histoire officielle s'écrit au masculin et je suis trop habituée au mensonge, maintenant. » Tu trouves ça terrible, ça te brise le coeur de l’entendre dire ça. « T'as beaucoup de courage d'oser être qui tu es, » « T’as beaucoup de courage de m’avoir dit tout ça. » Tu as un triste sourire sur le visage. « Ca me brise le coeur que tu ne puisses pas être qui tu veux à part pour la Pride. » Tu te mords la lèvre. « J’ai une amie en pleine transition. mtf. Elle s’appelle Tee. Elle a enfin sauté le pas y’a un an de ça et… » Tu te coupes. « C’est sûrement pas ma place de te raconter son histoire mais si tu veux, la prochaine fois qu’on sort, tu peux te joindre à nous. Enfin… C’est peut être maladroit comme proposition mais tu pourras être toi même avec nous. » Tu te mords la lèvre. « Je cache pas qu’elle est dans une période dépressive assez longue et son apparence est pas encore comme elle voudrait et elle ne sort presque plus depuis des mois… Rencontrer des nouvelles personnes lui ferait du bien. Un peu… Un truc qui va dans les deux sens. » Puis tu mets tes mains devant toi. « Mais j’ai conscience que je mets mon nez peut être au milieu de truc qui me regarde pas et je ne le prendrais pas du tout mal si tu n’as pas envie de te joindre à nous le temps d’une soirée. » Tu ajoutes sincèrement, y’a même ta main sur ta poitrine sans que tu ne t’en sois rendu compte. « Et les chances que ça se termine en une soirée chez quelqu’un plutôt que dehors sont très grandes. Elle refuse toujours de sortir. » Tu ajoutes te disant que peut être en huit clos, Bea pourra venir plus facilement.
|
| | | | (#)Dim 8 Oct - 11:42 | |
| Auprès de Jordan, le monde environnant devient abstrait. Alors que d'ordinaire, celui-ci me terrifie, m'oppresse, me persécute par le rapport épineux que j'entretiens avec lui, au sein de cet échange avec Jordan, je me sens salutairement libérée. Je parle enfin sans filtre, je me mouve avec allégresse, les questions qui alourdissent mon coeur et tiraillent mon esprit se faufilent entre mes lèvres pour être non seulement écoutées mais reçues et répondues avec une attention inestimable. La reconnaissance que je nourris à l'égard de Jordan est exponentielle et intérieurement, je me demande s'iel réalisera à quel point iel me fait du bien en agissant de la sorte avec moi, en ayant été sur mon chemin.
J'acquiesce, songeuse, lorsque Jordan m'avoue qu'iel ignore depuis quand exactement iel sait s'identifier en termes de genre, qu'iel n'a surtout pas l'impression d'avoir changé au fil des ans. Je comprends et hoche la tête à l'affirmative. Je m'associe également à ce constat : il a toujours été clair pour moi de quel genre j'étais, même si je n'osais guère le déclarer à voix haute. Pourtant, aujourd'hui, je révèle ce volet de mon histoire à cet.te inconnu.e qui me fait face et autant je suis terrifiée des conséquences de mes aveux, autant je m'en sens plus légère et surtout, je suis fière et heureuse d'avoir osé exposer cette part si secrète et reniée de ma personne. Puis, Jordan me semble honnête, touché.e et comprendre mon positionnement. En addition, j'estime qu'iel possède énormément de courage, ce que je ne me prive pas de lui déclarer.
« T’as beaucoup de courage de m’avoir dit tout ça. » Un rire nerveux file entre mes lippes pailletées. « Ca me fait drôle. J'en ai jamais dit autant d'un bloc. J'en ai jamais dit autant à quelqu'un. » Et j'ai jeté tout mon dévolu sur Jordan. Etait-ce une question de vibe ? Etait-ce parce que j'étais enfin prête à le faire ? Etait-ce parce qu'il fallait enfin que ça sorte, après avoir essuyé toutes les mésaventures des derniers mois relatives à mon identité ? « Ca me brise le coeur que tu ne puisses pas être qui tu veux à part pour la Pride. » Je baisse les yeux, timorée. « J’ai une amie en pleine transition. mtf. Elle s’appelle Tee. Elle a enfin sauté le pas y’a un an de ça et… » Jordan marque une pause mais mon regard se darde de nouveau sur sa silhouette. « C’est sûrement pas ma place de te raconter son histoire mais si tu veux, la prochaine fois qu’on sort, tu peux te joindre à nous. Enfin… C’est peut être maladroit comme proposition mais tu pourras être toi même avec nous. » Mes sourcils se haussent, gages de ma surprise. Je suis sidérée que Jordan m'invite ainsi dans son cercle mais également euphorique. Ressent-iel aussi cette connexion particulière qui m'a incitée à l'aborder, à confesser des bribes de qui j'étais ? Sent-iel simplement, comme moi, que nous sommes de bonnes personnes, mais qu'on est pas spécialement nés avec les meilleurs cartes du destin en main ? « Je cache pas qu’elle est dans une période dépressive assez longue et son apparence est pas encore comme elle voudrait et elle ne sort presque plus depuis des mois… Rencontrer des nouvelles personnes lui ferait du bien. Un peu… Un truc qui va dans les deux sens. » Et je suis déjà tellement impatiente de rencontrer cette Tee. Je me sens comme si Jordan m'avait indiqué avoir trouvé un membre de ma véritable famille et qu'iel pourrait organiser une réunion. « Mais j’ai conscience que je mets mon nez peut être au milieu de truc qui me regarde pas et je ne le prendrais pas du tout mal si tu n’as pas envie de te joindre à nous le temps d’une soirée. Et les chances que ça se termine en une soirée chez quelqu’un plutôt que dehors sont très grandes. Elle refuse toujours de sortir. » Mon coeur bat la chamade. C'est prodigieusement effarant de donner une suite à cette rencontre avec Jordan qui pourrait être qu'une parenthèse inavouée, un secret que j'enfermerais à triple tour dans mon placard déjà si garni. Accepter son invitation, ancrer notre discussion pour le futur, c'est aussi continuer d'oser être qui je suis, malgré ces interdits imprégnés dans mon éducation et dans mes réflexes qui m'empoisonnent. Accepter son invitation, en quelque sorte, c'est m'assumer et m'autoriser. Je porte nerveusement un faux ongle à ma bouche, tiraillée par le dilemme. Mais vraiment, la journée ne m'avait-elle pas appris à quel point c'était payant de suivre son coeur ? Ou alors, j'avais juste été diablement chanceuse avec Jordan. Etait-ce pousser ma chance d'accepter de les revoir ? Pouvais-je lui faire confiance ? Encore une fois, Jordan avait l'air si sincère et bien intentionné. Ne me cherchais-je pas des excuses pour rester dans cette zone de confort qui était en réalité une zone toxique ? « J'adorerais ça, » je m'entends enfin articuler tandis que mon coeur produit des saltos dans ma cage thoracique. « J'adorerais me joindre à vous. » Tu pourras être toi-même avec nous, Jordan t'avait promis et cette phrase se répète en toi, m'émouvant. Gagner au loto ne m'aurait pas causé tant de félicité. « Et rencontrer Tee. » Il y a tant de choses que je rêve déjà de lui dire, sans la connaître ; éléments que j'adapterais selon comment elle se sent et comment le courant passe entre nous, bien entendu. Je publie la photo de la murale collaboratif, le compte que m'a désigné Jordan plus tôt tagué, sur Instagram, de manière à consolider notre communication future. « C'est vraiment super généreux de ta part de m'inviter comme ça dans votre groupe. Merci. » Et les mots paraissaient si faibles comparés à l'effet que cela me faisait. |
| | | | (#)Lun 6 Nov - 21:58 | |
|
« Ca me fait drôle. J'en ai jamais dit autant d'un bloc. J'en ai jamais dit autant à quelqu'un. » Vous avez partagé l’un l’autre, c’est un beau moment qui s’est passé entre vous. Elle peut avoir confiance en toi même si tu viens de raconter un peu beaucoup de chose à propos de ton amie, c’est pour son bien à elle, à Tee. Tu veux qu’elle sorte de cette phase dépressive alors qu’elle est en train de vivre enfin la transition dont elle rêve depuis toujours.
« J'adorerais ça, » La réponse que tu espérais entendre de la part de Bea. Un large sourire se forme sur ton visage. « J'adorerais me joindre à vous. » Et elle le confirme une deuxième fois. « Et rencontrer Tee. » Tu es très hâte de présenter Bea à Tee. Une nouvelle personne qu’elle ne connait pas de sa vie d’avant avec qui elle aura moins d’appréhension pour bien des choses. Elles se comprendront à certains niveau et ce sera tout nouveau tout neuf pour toutes les deux. Tu as le sentiment que ce sera une rencontre qui va leur faire du bien. Ca ne sera pas que pour Tee, tu as cette vibe incroyable avec Bea et tu sais déjà qu’elle se fondra dans le moule de votre petite groupe. C’est sûr.
« C'est vraiment super généreux de ta part de m'inviter comme ça dans votre groupe. Merci. » C’est comme si elle avait lu dans tes pensées. « C’est moi qui devrait te remercier. Je sais pas y’a… » Tu cherches tes mots. « … y’a un truc chez toi qui me plait beaucoup. Sûrement parce qu’on se comprend et parce que je sais que tu vas bien t’entendre avec Tee. Sans vouloir faire dans les clichés, je le sens déjà que tu vas te fondre dans notre groupe comme si tu avais toujours été là. » Et quand tu as dit ces mots à voix haute, tu te dis qu’il doit y avoir une histoire de vie antérieur qui s’ajoute à tout ça. Pour que la vibe soit si bonne si rapidement. Y’a pas avec beaucoup de monde que tu te sens bien aussi vite. « Mais j’ai l’impression de me répéter. » Ca c’est parce que tu dis ce que tu as pensé juste avant. Et parce que tu es très enthousiaste aussi. C’est comme ça quand tu te sens bien avec quelqu’un. « Du coup, t’as mon Instagram et j’ai le tiens. Je squatte plus trop les réseaux mais je t’enverrai mon numéro de téléphone. » Tu veux pouvoir la joindre et être joint en voyant les messages et pas les laisser dormir dans une boîte de message où tu vas jamais mettre les pieds.
|
| | | | (#)Dim 26 Nov - 18:54 | |
| Je n'explique pas toutes les confidences que j'ai soumises à Jordan, que je ne connais véritablement que depuis quelques heures. A ses côtés, tous mes interdits se sont effacés et j'ai parlé plus librement que je ne l'ai jamais fait. Peut-être est-ce parce que justement, il est une personne à l'écoute et qui m'est encore étrangère ? Peut-être est-ce parce que j'en avais cruellement besoin, maintenant que je perds peu à peu le lien avec mes meilleurs amis et que je suis en conflit avec Noor ? Peut-être est-ce parce que depuis plusieurs jours, je ne sors qu'en Bea et enfin, je respire sous ses traits, sous cette identité, sous mon identité.
Son amie Tee vit le rêve à mes yeux. Elle a franchit des étapes auxquels je ne sais me résoudre, quand bien même j'en rêve. Les historiques de mes navigateurs web en témoignent depuis des décennies maintenant et pourtant, il n'y a que le maquillage pour m'abstreindre un peu de cette apnée masculine. La dépression de la transgenre me fait peur, bien que je pense pouvoir l'imaginer et qu'elle soit totalement justifiable. J'espère de tout coeur qu'elle saura s'épanouir dans sa peau, son authentique peau, même si elle a dû être dévoilée et façonnée par des bistouris invasifs. Même si je n'oserais pas réellement questionner Tee, je l'admire d'avance et je me sens rattachée à elle. Comme si elle faisait partie de ma famille, d'un groupe que j'ignore encore. Tout comme Jordan qui m'apporte ce que mes amis ne m'ont jamais apporté en moins d'une heure de conversation. Jamais je n'en voudrais à ma bande, à ces sœurs et frères de coeur, mais Dieu que cela fait du bien de ne plus se sentir isolée, alien.
« C’est moi qui devrait te remercier. Je sais pas y’a… y’a un truc chez toi qui me plait beaucoup. Sûrement parce qu’on se comprend et parce que je sais que tu vas bien t’entendre avec Tee. Sans vouloir faire dans les clichés, je le sens déjà que tu vas te fondre dans notre groupe comme si tu avais toujours été là. » Je porte une main à mon coeur, à la fois profondément touchée et hautement reconnaissante. C'est un peu comme un rêve fou qui se réalise et j'en ai les larmes aux yeux. Tout le poids sur mes épaules se dégage, ça me procure une délivrance que je n'avais jamais même osé envisager, même si ce n'est que temporaire et ma méfiance me happera très promptement. « Mais j’ai l’impression de me répéter. » « Et je vais me répéter en te remerciant encore. » Je soupire, ris nerveusement. « J'ai enfin l'impression de respirer. » Le poids des secrets, le poids des maux, le poids des hontes, le poids des contraintes ; ils s'amoindrissent tous sous les paroles de Jordan, cet ange tombé du Ciel, ma plus belle rencontre de cette Pride. Jordan me promet de m'envoyer son numéro de téléphone portable et j'acquiesce vigoureusement. Je sais que devoir le quitter va me déchirer, comme une gosse qu'on arracherait à ses parents, mais c'est nécessaire. Je me rattache déjà à tout le bien que je ressens maintenant et qui est, je l'espère de tout coeur, à venir. « Je te tag sur la photo et je te donnerais mes astuces drag si tu veux, aussi. » Si mes lèvres demeurent scellées de beaucoup d'émotions, mes yeux ne sont qu'un océan de gratitude et d'espoir. |
| | | | (#)Mar 28 Nov - 8:29 | |
| Bea est touchée par les mots que tu dis. Son langage corporel dévoile toutes ses émotions et ça te touche en retour, comme si ça faisait ricochet. Ce moment est véritablement beau et en plus de Tee, tu te dis que tu vas en apprendre plus sur la drag avec Bea. Elle a l’air de connaître son dossier. Tu as déjà connu des personnes qui en font mais ce ne sont pas des proches. Juste des connaissances ici et là mais encore une fois, y’a une connexion invisible avec Bea qui fait que c’est elle que tu rencontres au bon moment. Au jour d’aujourd’hui tu as passé une soirée dans la peau d’une femme, ton alter ego Ashley que tu sens en toi depuis si longtemps. Ca a débloqué quelque chose en ton intérieur et tu veux pas retourner enterrer cette partie là de toi. Tu veux découvrir un peu plus et ressentir de nouveau ces sensations qui t’ont fait un bien fou durant le soir du Queen’s Ball. Tu étais si belle. Tu n’étais pas toi. Tu étais elle. « Et je vais me répéter en te remerciant encore. » Vous êtes des disques rayés tous les deux, c’est amusant, adorable. « J'ai enfin l'impression de respirer. » Ca c’est un sacré constat. C’est puissant. Tu as les sourcils qui s’haussent plutôt haut. Tu avais compris que ça lui avait fait du bien, mais à ce point là, tu n’avais pas réalisé. Ton tour de poser une main sur ton coeur. « Je suis content que tu puisses enfin respirer. » Grâce à toi. Quand tu es utile c’est clairement un sentiment de bien être énorme. Toi qui a été laissé de côté toute ta vie. Toi qui a été élevé en te mettant en tête que tu n’aurais jamais du vivre. Que tu ne sers à rien. La preuve par A + B est là. Tu sers à quelque chose. Tu le sais déjà depuis le temps, mais à chaque fois ça te touche au plus profond. Tu es utile. Tout n’était que des mensonges pour te parasiter l’esprit. Heureusement que tu es resté en vie assez longtemps pour le réaliser encore et encore.
« Je te tag sur la photo et je te donnerais mes astuces drag si tu veux, aussi. » Ton sourire se fait encore plus large à ses mots et tu hoches vivement la tête. « Oui oui oui je veux. » Tu t’emballes, l’envie est palpable. « Enfin, je voudrais bien oui. Merci. » Tu te reprends en essayant de te faire moins imposant, même si c’est elle qui a proposé. Tu as toujours peur d’embêter les gens, d’être un fardeau. C’est ça qui est ancré en toi malgré toutes ces années de thérapie. « Je suis trop content qu’on se soit croisé ici aujourd’hui. » Tu lui dis sincèrement. Tu l’avais aperçu à la Pride quand elle a repris le titre d’ambassadrice après toi, mais ta soirée a été mouvementé et tu n’avais pas eu le temps de discuter avec elle, ou la revoir au détour d’un buffet par exemple. Aujourd’hui le destin vous a remis sur le chemin l’un de l’autre et a rattrapé tout ce qu’il y avait à rattraper. Elle respire enfin, et tu vas pouvoir puiser un peu plus du côté des drags. Une nouvelle porte s’ouvre, une qui te permet de mieux respirer aussi.
|
| | | | | | | | True colors are beautiful, like a rainbow - Kai&Jor |
|
| |