Rentrer chez lui les mains vide n'est bien sûr pas une option, et il compte sur sa meilleure amie pour le comprendre à défaut de pouvoir grandement y croire dans l'immédiat. Leur abri est après tout très loin de tenir debout et Eddie rechigne déjà à la laisser endosser la majorité du boulot, quand bien même Charlie démontre avec cette machette une dextérité que le danseur ne manque pas de lui envier. « Je suis pas en sucre, ni une ménagère du siècle dernier. On répartir le travail, là, t’en fais pas. » Qu'on lui dise alors ce qu'il est censé faire, histoire que sa contribution soit au moins un peu saluée à l'arrivée. Eddie n'a jamais su rester à ne rien faire et ce n'est sûrement pas aujourd'hui qu'il va apprendre à se tourner les pouces. L'occasion de rappeler à sa meilleure amie qu'une écharde se trouve toujours logée dans sa main, au cas où ce détail ne justifierait pas à lui seul que cette machette lui revienne pour au moins quelques minutes. « Oh oui, je suis au moins en train de faire une hémorragie là. » Il n'empêche qu'ils n'ont encore rien désinfecté et qu'une complication quelle qu'elle soit n'est pas franchement souhaitable, si on demande son avis à Eddie. Néanmoins il demeure réaliste quant aux infimes chances qu'une telle chose arrive, préférant à son tour s'amuser de l'état de son binôme, très loin d'être à l'agonie. « Il te reste à peu près deux heures à vivre je pense, une dernière volonté peut-être ? » Qu'ils parviennent à bout de leur abri par exemple, histoire qu'elle puisse au moins partir l'esprit tranquille.

Plus facile à dire qu'à faire toutefois, Eddie s'en rend bien compte alors que leur unique machette paraît tout de suite beaucoup moins redoutable dès qu'elle se trouve entre ses mains. Absolument pas vexant, non bien sûr. « On va faire un truc. Je fais les encoches et toi tu t’occupes de les assembler, ok ? » Il approuve d'un simple hochement de tête et ne risque pas d'insister à nouveau pour récupérer ladite machette, bien trop conscient que Charlie s'en sort mieux que lui et qu'ils ne peuvent pas se permettre de perdre plus de temps ici. « Et on fera un lancer de hachettes dans une salle en ville. Ça doit bien exister à Brisbane, ça, non ? » Cette fois, c'est un rire que les paroles de sa meilleure amie lui inspirent car pour peu, elle l'imaginerait presque à deux doigts de maudire le monde entier pour un abri peinant à être construit. C'est incroyablement frustrant oui, surtout lorsqu'il s'avère être le maillon faible de l'équipe mais Eddie est encore trop fier pour l'admettre, comme pour faire une croix sur leur précieux certificat. « C'est bon Charlie, je suis pas aussi nerveux que t'as l'air de le dire. » Ses gestes sont pourtant fébriles au moment d'assembler les fameuses planches entre elles, pour un résultat plutôt satisfaisant en raison des encoches brillamment réalisées par Charlie. « Juste, si notre deuxième tentative pour trouver des feuilles ne donne rien, je vais peut-être légèrement perdre mon calme tu vois. » Parce que cette histoire de toit et de sol commence à s'éterniser et qu'avec la structure de leur tipi enfin érigée, ils n'ont pas d'autre choix que d'en revenir à leur quête initiale. « On y va ? » lance-t-il alors une fois la dernière planche posée et leur tipi fièrement debout, presque impatient de découvrir si cette forêt consentira cette fois à se montrer de leur côté.


WIN – Le binôme s'engage dans une zone pas encore explorée et enfin, cette nouvelle tentative se révèle être la bonne. Des feuilles de toutes formes et épaisseurs à foison tout autour d'eux, voilà de quoi combler leurs espérances mais aussi (et surtout) de quoi offrir à leur abri le nécessaire pour se revêtir.

SO CLOSE – Il va falloir faire un choix entre le toit et le sol censé les isoler de toute humidité, c'est le constat qu'ils sont forcés de dresser en réalisant la quantité limitée de feuilles pouvant convenir. Eddie se demande alors si un toit ne serait pas un peu plus urgent, mais sans conviction aucune.

FAIL – Rien, toujours rien. Cette forêt s'avère de plus en plus décevante et Eddie perd quant à lui sérieusement patience. Abandonner n'est pas envisageable mais à ce stade, il doit tout de même avouer que la tentation est grande d'envoyer proprement valser cette épreuve. Il n’en a pas le droit, et il le sait.