Sidney l'a contacté pour solliciter un rendez-vous. Après avoir chargé Aliyah d'étudier le dossier, Jackson a accepté de libérer du temps afin de rencontrer cette Lily Keegan. Directrice du siège de l'association Beauregard à Brisbane, elle semble avoir été missionnée par la maison mère dans le but d'établir un partenariat au sujet duquel le président de RUN FOR JUDY reste sur la réserve. Mills attend de savoir de quoi il retourne, protecteur et suspicieux, comme c'est souvent le cas depuis son accident. Cela ne l'empêchera pas de se montrer courtois. Lorsqu'il est question de représenter son association, l'agent s'efforce d'adopter un comportement plus civilisé que celui pour lequel le paie grassement le gouvernement lors de ses interventions. Difficile de se l'imaginer en tenue d'infiltration, armé jusqu'aux dents et prêt à en découdre quand on le voit ainsi vêtu d'un costard cravate qui, bien que parfaitement ajusté à sa carrure imposante, lui donne l'impression de ne pas être libre de ses mouvements. Un côté pile, un côté face. Judy se fout de sa gueule mais n'est pas si loin de la vérité lorsqu'elle l'appelle " Batman ".
Seul dans son bureau, Jackson sirote un café du fond de son siège tout en répondant au dernier texto de Louisa. L'échographie de découverte du sexe du bébé est prévue pour samedi matin. L'après-midi, il sera dans l'avion en direction du Botswana. Entre temps, il doit encore finaliser les papiers pour l'achat de la maison, vérifier que le bail de location de son ancien appartement a bien été transmis au notaire et que tous ses dossiers ont été redispatchés à ses collègues du PSI qui se chargeront de veiller au grain durant son absence. Jackson Mills est un homme occupé. Il court du matin au soir, jongle avec de nombreuses responsabilités, mais tâche de se rendre le plus disponible possible pour RFJ. C'est en personne qu'il a souhaité rencontrer la représentante de Beauregard. Teams empêche la lecture du langage non verbal. Jax préfère donner à son intuition l'occasion de flairer son interlocutrice autrement que par écrans interposés.
Deux petits coups à la porte précèdent l'apparition d'une tête dans l'entrebâillement. Mills redresse la sienne. La bénévole en charge de l'accueil l'informe de la présence de Keegan. Il remercie et invite à laisser entrer la visiteuse. S'il ne reconnait pas de suite la silhouette, il se rappelle toutefois parfaitement du visage. « Super Nurse ! » Lâche-t-il spontanément, fidèle à l'homme expressif que Lily a rencontré sur la plage deux ans plus tôt. Jackson se lève, contourne le bureau puis s'avance. Short et tongs ont laissé place à un pantalon de costume et des chaussures cirés. Il lui tend la main, à la fois intrigué et surpris. « Bienvenue au siège social de RUN FOR JUDY. »
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Dernière édition par Jackson Mills le Mar 8 Aoû 2023 - 2:47, édité 2 fois
(run for judy) David Beauregard a exigé d’elle qu’elle entame des discussions avec une autre association de la ville et, en tant que son employée comme en tant que sa belle-fille, elle n’avait aucunement la latitude nécessaire pour refuser, quoiqu’elle en pense personnellement. Elle estime s’en sortir bien assez avec la branche de Brisbane pour ne pas avoir à s’associer avec d’autres associations, mais David en pense autrement et elle n’a pas le pouvoir nécessaire pour outrepasser les décisions du patriarche et créateur de l’empire. Elle a répondu poliment à son coup de téléphone, ses dents s’étant pourtant enfoncées dans sa lèvre coloriée de rouge. Mais elle a accepté, et les différents échanges de mail se sont chargés de lui donner rendez-vous dans les locaux de l’association Run For Judy, où elle se rend avec son quatrième mois de grossesse récemment entamé.
Habillée pour l’occasion, comme toujours, c’est avec une politesse habituelle qu’elle toque à la porte, prête à entamer une discussion qui n’a pas vocation à être longue, ni même difficile. David sait ce qu’il fait, elle n’en doute pas, et elle doute encore moins de la capacité des deux associations à s’entendre le temps d’une collaboration. Elles ont toutes deux vocation à aider le plus grand nombre. Malgré tous ses efforts, la surprise se lit à la seconde où elle se fraie un chemin à travers la pièce et, surtout, au moment où elle pose son regard sur l’inconnu face à elle. Lui qui, finalement, n’est pas un inconnu. « Super Nurse ! » Son attitude dénote avec son costard, le genre de vêtements qu’elle n’aurait jamais pu imaginer sur lui, pas alors qu’il était plus proche d’être totalement nu plutôt qu’habillé pour un événement dans ses souvenirs. Jackson est bien plus vif qu’elle, levé et avancé jusqu’à Lily. « Bienvenue au siège social de RUN FOR JUDY. » Jamais elle n’aurait pu l’imaginer prononcer de tels mots sans que ce ne soit une blague. Toujours étonnée de la suite d’événements, elle prend néanmoins le temps de lui tendre sa main en guise de salutations, devant déglutir rapidement pour se souvenir qu’elle a le don de parole, elle aussi. “Jax.” Le prénom qu’elle lui avait donné à l’époque, le prénom qu’elle n’a pas cherché à connaître dans son entièreté tant leur rencontre n’était pas vouée à se conjuguer au pluriel. “Plus de barbecues sur la plage, alors ?” Elle demande dans un sourire, se souvenant qu’à l’époque elle lui avait parlé de Matt. Un Matt qui n’est plus dans sa vie, maintenant. Qui n’est plus tout court. “Je n’avais pas associé le surnom à celui de Jackson Mills.” Lily tient à ce qu’il sache qu’elle ne s’attendait pas à le revoir. Cela ne change rien, sans doute, mais elle veut qu’il s’en rende compte et qu’il ne pense pas un seul instant qu’elle aurait pu chercher à le retrouver pour une raison ou pour une autre. Il n’en est rien, tout est arrivé grâce à David. “Mais j’imagine ne pas être la seule.” Elle remonte ses grands yeux bleus sur son profil, dans l’attente de sa réponse.
“ Plus de barbecues sur la plage, alors ? ” « Il fait un peu frais pour ça en ce moment. » Dit celui qui, un an et demi plus tôt, cuisait steaks de cerf et pavés de saumon au beau milieu des étendues de neige norvégiennes. Dans le monde de Jackson Mills, il n'y a ni heure ni saison pour faire un barbecue, mais la réplique se veut bon enfant et cherche avant tout à détendre l'atmosphère car la surprise qui se lit sur le visage de Lily semble teintée d'une gêne que son “ Je n’avais pas associé le surnom à celui de Jackson Mills ” vient confirmer.
“ Mais j’imagine ne pas être la seule.” Le président refuse de la savoir mal à l'aise, c'est pourquoi il se décale d'un pas et l'invite à prendre place dans le siège invité, un sourire aimable accroché aux lèvres : « Non, en effet. J'aurais trouvé ça louche si ça avait été le cas. » Jax est peut-être le seul à la deviner derrière le choix de ses mots, mais cette auto-dérision est la preuve des progrès qu'il a fait dans la gestion de sa paranoïa. Six ou sept mois plus tôt, l'agent se serait probablement montré beaucoup moins serein de recroiser quelqu'un " par hasard " . Brody et Lynch l'ont vacciné des rencontres fortuites ou des retrouvailles inopinées ...
« Café ? » Propose-t-il en contournant le bureau. Puis son regard tombe sur le ventre très légèrement arrondi de la brune qu'il n'aurait pas remarqué si Louisa n'avait pas eu exactement le même. « Ah (clic) » Mills change son fusil d'épaule au seul souvenir des noms d'oiseaux dont le traite Fleming lorsqu'il a le malheur de laisser traîner sous ses narines de femme enceinte les effluves de café qu'elle ne sait plus sentir sans être prise de nausées. « Félicitations ! J'en déduis que Matt est en pleine forme. » Une déduction parfaitement foireuse dont Jax n'a pas conscience quand il ajoute : « Un jus de fruit peut-être ? » Une chance, le club de course en est rempli. C'est qu'il faut les hydrater ces coureurs avides de sucre et de kilomètres à avaler.
« Non, en effet. J'aurais trouvé ça louche si ça avait été le cas. » Elle s’avance dans la pièce sans plus de cérémonie, ne cherchant pas à ajouter davantage de politesse par-dessus sa proposition. Au moins, la brune est rassurée de savoir qu’il n’avait pas une longueur d’avance sur lui, ce qui aurait suffi pour la déstabiliser, quand bien même il n’y a rien de particulièrement important dans cette situation. Elle ne se fait pas de souci quant au fait qu’il sera sûrement d’accord pour une collaboration entre leurs deux associations. « Café ? » Poliment, et sans s’en offusquer, elle marque la négation de ses mouvements de tête. “De l’eau ira très bien.” Peut-être qu’une part d’elle est heureuse et soulagée de savoir que son ventre n’est pas assez rond pour être reconnaissable, des espoirs qui volent en éclat lorsque l’homme face à elle se rend compte de sa condition et rétro-pédale. Pire encore, il s’appuie sur les maigres connaissances que sont les siennes au sujet de la directrice, ce dont elle ne peut pas lui tenir rigueur, mais qui ne la blesse pas moins pour autant. Il ne sait pas ce qu’il dit, il ne sait pas non plus à quel point il remue le couteau dans une plaie terriblement douloureuse.
« Félicitations ! J'en déduis que Matt est en pleine forme. » Elle sourit aussi brièvement que faussement, incapable de faire des efforts dès lors qu’il s’agit du souvenir de son ex-mari. Mari qui n’aurait jamais été ex, si la vie ne lui avait pas été retirée. « Un jus de fruit peut-être ? » D’un geste poli de la main, elle refuse la proposition. “Matt nous a quittés.” Lily annonce d’une voix blanche, encore touchée par la nouvelle malgré les deux années écoulées. Rien ne l’avait préparé à une telle chose. Tous ses efforts reposent en un sourire incroyablement mince, couronnant une pâleur plus accentuée qu’à son habitude. “Mais je vous remercie. Le bébé se porte bien.” Elle annonce en enroulant sa main contre son ventre, sans préciser la paternité de l’enfant qu’elle porte. Cela ne regarde personne d’autre qu’elle, et surtout pas un homme qu’elle n’a finalement rencontré qu’une seule fois au cours de son existence.
Alors, Lily soupire brièvement et commence peu à peu à entrer dans le vif du sujet, tant parce que cela représente la raison même de sa visite que parce qu’elle n’a pas à coeur de tergiverser au sujet de l’enfant qu’elle porte. “Vous êtes à la tête de l’association depuis peu, j’imagine ?” Qu’il réponde par la positive serait sûrement un soulagement pour elle, parce qu’elle n’aurait pas l’impression d’avoir à faire à un vieux briscard bien installé et confortable dans ses habitudes. S’il est arrivé il y a peu de temps, cela voudrait dire qu’ils sont plus ou moins sur un pied d’égalité, bien que de son côté l’ombre et les ordres de James Beauregard planent au-dessus de sa tête. “On vous a informé de la raison de ma visite ?” Il n’y a pas de secret à en faire, elle souhaite simplement éviter de répéter les informations si elles ont déjà été transmises.
Jax tique sur le sourire crispé de la brune. Derrière l'air sympathique du président d'association, l'agent flaire un point sensible que les propos de Lily viennent confirmer. Mills pâlit. Pas que la mort d'un homme l'affecte outre mesure - des hommes il en vu mourir plusieurs et même tué quelques uns - mais faire face à une veuve enceinte, c'est une autre histoire. “ Mais je vous remercie. Le bébé se porte bien.” Il pose une fesse sur le coin de son bureau, désolé de constater qu'il a mis les pieds dans le plat et cela se voit aux sourcils qu'il hausse tout en se mordant la lèvre inférieure. Jax secoue la tête en se traitant silencieusement de con. « Sincères condoléances. » Il n'aura même pas eu l'occasion de mettre un visage sur le prénom de son rival au titre de meilleur grilleur de steak du pays. Son regard se pose sur la tendresse avec laquelle la future mère caresse son nombril. La ressemblance avec les attitudes de Lou est notable. Mills repense à toutes ces fois où la pilote est venue le serrer dans ses bras avant qu'il ne parte en mission, le menaçant de frapper son cercueil s'il commettait l'affront de revenir les pieds devant. Les enjeux ne sont plus les mêmes désormais. Bientôt, un bébé espérera de lui qu'il reste en vie et le fait de savoir Beauregard présente ce jour dans le but de parler de l'association lui rappelle à quel point l'incident de l'hôpital est venu le prendre aux tripes tandis qu'il parcourait les couloirs en compagnie de Sofia. Il avait la peur au ventre, aussi bien pour les Judy que pour l'avenir de la petite graine planté dans le jardin de sa meilleure amie. Avant, Jax n'avait pas peur de mourir. Maintenant, il craint de manquer à ceux qui viendraient fleurir sa tombe ...
“ Vous êtes à la tête de l’association depuis peu, j’imagine ?” La question de Lily les sort de cette spirale de pensées négatives. Mills lui accorde un regard reconnaissant avant d'entreprendre de lui servir à boire. Tout en se tournant vers la fontaine installée dans le coin derrière son bureau, il répond d'un ton plus léger, résolument destiné à changer d'atmosphère après sa gaffe : « Depuis sa création, en réalité. » Ce qui n'est pas le cas de Lily. Jackson a lu les notes d'Aliyah. Assez pour se faire une idée et accepter le rendez-vous, mais pas au point de creuser plus loin et de chercher une photo sur le net, par exemple. C'est en mai 2021 qu'apparaît le nom de la brune dans les registres de l'association. Son passage au rang de directrice, quant à lui, ne date que d'un semestre. Mills devine la raison de cette question le concernant et fait preuve d'une délicatesse qu'on ne lui connait que trop peu en choisissant de ne pas retourner la question. Renvoyer Lily à son statut de veuve suffit amplement en termes de malaise. Jackson n'est pas là pour mettre ses interlocuteurs dans l'inconfort lorsqu'il porte sa cravate de directeur. Il laisse cette facette de sa personnalité à son badge et ses séances d'interrogatoire musclés en compagnie des suspects, dans l'angle mort des caméras ... “ On vous a informé de la raison de ma visite ? ” « Il serait question d'un partenariat ponctuel et de possibilité d'action concertée à l'automne. » Résume-t-il tout en déposant face à elle le verre d'eau tempérée. « Ce qui me fait dire que le tutoiement serait plus approprié. » Jax lui décoche un copié / collé du clin d'œil dont il l'avait gratifiée sur la plage. Son rôle est officiel et pompeux sur le papier, mais Mills est un président cool dont le travail consiste à fréquenter des gamins à longueur d'année. Il ne vouvoie aucun de ses collaborateurs, connait le prénom de tout le monde et mélange sa sueur à celle des coureurs du club de course auquel il donne quelques entraînements lorsque son planning le lui permet. RFJ est une grande famille. Qui veut s'allier à la bande est invité à en adopter les us et coutumes. « J't'écoute, dis-moi tout. » Assis sur son fauteuil, Jackson joint les mains face à lui.
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Dernière édition par Jackson Mills le Sam 23 Sep 2023 - 5:41, édité 2 fois
La sollicitude de Mills est évidente et touchante: Lily ne lui en veut pas outre mesure. Il avait des informations à son sujet et il s’est contenté de les ajouter les unes aux autres pour former un tableau faisant parfaitement sens. Sans doute aurait-elle misé davantage sur la retenue de la gente féminine de son côté, mais elle aurait pu à son tour se retrouver empêtrée dans ce filet. « Sincères condoléances. » D’un large hochement de tête, elle le remercie et les accepte sans chercher à continuer sur ce même sujet. Il est désolé, elle l’est tout autant, mais pour eux autres la vie continue.
« Depuis sa création, en réalité. » C’est au tour de Lily d’accuser une surprise sincère qu’elle ne prend même pas la peine de feindre ou de cacher. Elle partait du principe inverse et n’a même pas pris la peine de vérifier ses idées, tant et si bien que les mots de Jackson ont tout pour l’étonner. « J’aurais dû me renseigner un peu mieux, je suis désolée. » qu’elle article donc rapidement pour ne pas perdre de sa crédibilité. Elle sait accepter ses erreurs lorsqu’elle juge qu’il s’agit de moments le méritant. Surtout, elle n’a aucune envie que son manque de professionnalisme en vienne à remonter jusqu’aux oreilles de James Beauregard. « Il serait question d'un partenariat ponctuel et de possibilité d'action concertée à l'automne. » Il est factuel, ce qui est une qualité qu’elle estime à sa juste valeur. Aucun d’eux n’a de temps à perdre en des mots inutiles. « Ce qui me fait dire que le tutoiement serait plus approprié. J't'écoute, dis-moi tout. » La conclusion qu’il tire de la situation surprend quelque peu Lily mais elle n’a aucun mal à l’idée de tutoyer un futur collaborateur, surtout alors qu’ils se sont déjà rencontrés dans un contexte bien moins pompeux.
Cette partie-là de la discussion, elle la connaît bien mieux. Elle sait ce que James attend d’elle, tout comme elle sait ce que les deux associations auront à faire pour que cette idée de partenariat soit viable et, surtout, un franc succès. « J’ai été mandatée pour venir te parler d’un partenariat entre nos deux associations. Ou tout du moins, d’une journée main dans la main. » Elle précise que l’idée n’est pas d’elle, non parce qu’elle ne croit pas en cette dernière mais bien parce qu’elle n’a pas à cœur de s’attribuer des lauriers n’ayant pas été taillés pour sa tête. « Je pense que les deux associations auraient à y gagner à faire des actions conjointes pour le 4 février. » La journée mondiale contre le cancer. Elle ne le précise pas ; ils savent tous deux à quels termes associer cette journée. « L’association Beauregard voudrait se concentrer sur les enfants, et j’imagine que Run for Judy le ferait avec les adultes. Mais on peut imaginer des activités pour souligner l’entraide intergénérationnelle. » Ils pourront aussi organiser une course pour les enfants, bien que les distances autant que la difficulté seront à revoir infiniment à la baisse, non seulement parce qu’il s’agit d’enfants mais aussi et surtout parce qu’ils sont malades et nécessitent une grande attention de la part de l’équipe médicale. « Je peux te laisser le temps de la réflexion si tu en as besoin. » Ils n’ont pas besoin de ressortir de ce bureau avec un plan d’action défini pour le jour en question. Si Lily vient lui en parler plusieurs mois en avance, c’est justement pour qu’ils aient le temps de préparer cette journée comme ils l’entendent et, surtout, sans rien gâcher.
Une journée main dans la main le 4 février. Jackson acquiesce en silence. Il partage la croyance de Lily et le lui fait savoir sans toutefois l'interrompre, attendant qu'elle développe sa vision et les propositions qu'on l'envoie soumettre. « L’association Beauregard voudrait se concentrer sur les enfants, et j’imagine que Run for Judy le ferait avec les adultes. Mais on peut imaginer des activités pour souligner l’entraide intergénérationnelle. »« Hm. » Ponctue-t-il, une moue réflexive sur le visage, tandis que des dizaines de possibilités fleurissent dans son esprit. Jax visualise des ateliers collaboratifs, des stands d'information et de soutien, un mur des champions ou bien encore une course en fauteuils au sein même des couloirs de l'hôpital, afin d'être la plus inclusive possible. Il imagine Sofia trépigner d'excitation et Yasmine rouler des yeux face à la puérilité d'une idée aussi brillante que complexe à mettre en place puis revient dans l'instant présent lorsque Lily ajoute : « Je peux te laisser le temps de la réflexion si tu en as besoin. »
Impulsif, Mills n'a pas besoin d'y réfléchir à deux fois lorsque son intuition lui dit que l'idée est bonne. Il s'interdit cependant de sceller un accord de ce genre sans consulter préalablement Isaac, son partenaire. Aussi bien par respect que par souci d'exactitude. Jensen est en charge de la gestion du pôle hospitalier, c'est lui qui pourra définir avec justesse ce qui est faisable ou non d'un point de vue ressources, qu'elles soient humaines ou financières. Jax, lui, est la force de frappe du binôme, c'est pourquoi il aborde le sujet sans détours : « Ça me semble être une idée prometteuse. » Commence-t-il afin de conforter son interlocutrice et lui signifier qu'ils partagent une même vision. « Avez-vous des sponsors ? » Sous-entendu : du budget. Parce que le fric est le nerf de la guerre et que RFJ a basiquement été créé pour en récolter en compensation des kilomètres parcourus.
Jax est un homme d'action. Au début, quand aucun adjoint au maire, aucune célébrité et aucun journaliste n'était là pour soutenir son projet, l'agent n'hésitait pas à monnayer sa sueur dans le but d'apporter un peu de soutien aux gamins du St Vincent. Aujourd'hui, le président est à la tête d'une association ayant le vent en poupe, capable de soulever des sommes importantes, d'employer des intervenants et de faire parler d'elle à l'échelle nationale. La proposition de Lily est une invitation autant qu'un challenge à ses yeux. Deux conseils d'administration, deux forces de sensibilisation, deux trésoreries. Ensemble, on va plus loin, l'agent le sait très bien. Il l'expérimente tous les jours dans sa vie professionnelle.
L’idée n’est pas la sienne mais elle lui tient à cœur, à commencer parce que l’association en elle-même lui tient à cœur. Le poste est une source de fierté pour elle, évidemment, mais il l’est plus encore alors qu’il s’agit de venir en aide à ceux qui en ont le plus besoin et qui sont soudainement démunis face à la maladie. La vocation de Lily a toujours été de venir en aide à autrui, née à une époque de sa vie durant laquelle elle peinait déjà à s’occuper de sa propre personne, et elle garde le menton relevé et le regard affirmé maintenant qu’il s’agit de parler collaboration avec d’autres professionnels du milieu. Run for Judy a moins d’importance dans l’Australie en vue globale, mais l’association est plus influente que Beauregard à Brisbane, alors la discussion est particulièrement importante et l’avis de Mills sur le sujet tout autant. Après tout, la décision finale lui reviendra. « Ça me semble être une idée prometteuse. » Elle hoche la tête, n’ayant pas besoin d’une réponse plus précise pour le moment. Elle en aura besoin rapidement, c’est bien vrai, mais pour aujourd’hui elle peut se contenter de ce qualificatif d’idée prometteuse. « Avez-vous des sponsors ? » - « Assez pour que ce ne soit pas un problème. » Elle répond rapidement, sans ciller ni avoir à réfléchir au sujet. L’association ne manque pas de sponsors à Sydney, et ces derniers n’auront pas de mal à donner un peu de leurs fonds pour Brisbane, la ville étant sensiblement aussi attractive.
Tout en sentant bien que le plus important a été dit, et surtout que l’idée principale a été soumise à examen, Lily comprend que leur discussion touche à sa fin. Jackson pourra faire de plus amples recherches sur Beauregard s’il veut obtenir des informations par lui-même, et de son côté elle se chargera de transmettre à James Beauregard que le mot a été transmis autant que le plan est en bonne voie pour être réalisé. Elle ne lui promettra rien, évidemment, mais elle a toutes les raisons de se montrer optimiste. De sa poche, elle sort donc le petit carton comprenant son nom - changé récemment à Beauregard -, sa fonction, son mail et surtout son numéro de téléphone. « Ma carte. Pour les questions, et pour le reste. » Il n’aura qu’à choisir un biais ou un autre pour la tenir au courant lorsque l’idée aura été officiellement acceptée, ce qui arrivera rapidement, elle n’en doute pas. « Je ne te retiens pas davantage. » Il vaut mieux qu’il puisse réfléchir seul et en paix à la suite des événements.