A sister is a dearest friend, a closest enemy

 @Megan Williams   

Un bras maigrelet s’échappe de sous une fine couverture. Le bras s’étend vers le sol. Les doigts s’agitent à la recherche du téléphone. Un peu plus à droite. Un peu plus à gauche. Bingo. Les doigts s’emparent du téléphone et le bras disparaît de nouveau sous la couverture sous laquelle semble se trouver un monstre. « Putain de bordel de merde ! » Le monstre est apparemment doué de la parole mais n’est pas très poli. La couverture se soulève pour finalement se retrouver au bout du lit. Oh ! Le monstre est un monstre à deux têtes : une blonde qui a les yeux exorbités et une rousse qui semble toujours en train de dormir. Le regard vitreux de la blonde est rivé sur l’écran de son téléphone et elle lit, relit ces messages à plusieurs reprises. Billie est morte. Sa mère est morte. Sa mère est même six pieds sous terre. Elle a la nausée et elle met sa main au feu que ce n’est pas la soirée de la veille qui en est la cause. « La garce », c’est ce qu’elle jure entre ses dents tout en ayant les yeux qui jettent des éclairs. La larve à ses côtés ne l’intéresse pas ou plus. Elle est remontée, la frêle demoiselle. D’un bond, Molly se lève du lit pour rassembler ses affaires et se diriger vers la salle de bain. Elle prendra une douche, utilisera la brosse à dents de l’hôte (elle ne le saura jamais, elle n’en saura jamais dégoûtée) et finira par essayer d’avoir une mine « potable » … ce qui revient à boire pas mal d’eau et ôter le maquillage qui lui donne à cette heure des allures de panda. Il ne faut pas abuser non plus.

Molly est en colère : tu parles d’une nouvelle. Elle est également déçue. Quoi de pire que de décevoir une tarée ? Elle est en colère de se retrouver une nouvelle fois la dernière au courant d’une information qui la concerne directement. Billie, c’est sa mère. Billie, c’est celle qu’elle idéalise … a idéalisé. Billie, c’est celle qui aurait pu être une autre vie. C’est l’ouverture vers tous les possibles. Elle en a rêvé de « la mère ». Même une mère pourrie serait toujours mieux que le néant ; elle en est convaincue. Si elle n’a pas eu la chance d’apprendre à la connaître, Megan lui a aussi volé le droit de lui dire au revoir … jamais elle ne connaîtra le parfum de ses cheveux. Jamais elle ne connaîtra le son de son rire. Jamais elle ne saura pourquoi Megan et pas elle. Jamais. Elle crèvera avec toutes ces questions … qui la rongent depuis qu’elle sait pour cette moitié. Elle est déçue car Molly est suffisamment conne pour idéaliser sa relation avec Megan. Des soeurs, ça se dispute mais ça finit toujours par se retrouver … notamment quand le bateau chavire. Elle a cru, comme une conne, que sa sœur la préviendrait de ce genre d’événement. Au lieu de cela, elle lui annonce la nouvelle comme si elle lui annonçait avoir chopé une gastro pour la Saint Valentin. Elle hésite entre faire exploser son poing dans le miroir qui lui fait face et lui renvoie à la gueule l’image de sa sœur … et chialer comme une môme sur le sol dégueulasse de cette salle de bain. A la place, elle se tapote les joues et s’allume une clope.

Quelques heures plus tard, c’est sur la sonnette du couple présidentiel (oui, elle aime faire dans le mélodramatique) qu’elle appuie tout en prenant une profonde inspiration. « Megan ! C’est moi ! Si tu ne veux pas que j’a-meute le quartier, tu ferais mieux d’ouvrir la porte … », elle ne hurle pas mais elle parle suffisamment fort pour qu’elle puisse l’entendre. De ce qu’elle a compris, Megan ne veut pas faire de vagues. Elle veut faire partie de la Haute alors avec un cas social que celui de Molly devant sa porte d’entrée, il est fort probable qu’elle ne veuille pas prendre de risque … c’est con mais l’idée provoque un sourire amusé sur les lèvres de la blonde. Un sourire qui cache en réalité ce nouveau néant — orpheline deux fois.

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Megan Williams & @Molly Biggs ☆ crédit/zvldagifs

La décision de ne pas prévenir Molly de la mort de ma mère - et sa génitrice - était peut-être égoïste, mais elle était aussi parfaitement réfléchie. Peut-être prise sous le coup de l’émotion, mais pas irrationnelle pour autant. Molly n’a que du mépris pour moi sans que je ne lui ai jamais rien fait. Lorsqu’elle est arrivée dans ma vie à la façon d’un chien errant, je ne lui ai pas fermé la porte au nez. Je l’ai accueillie, je lui ai mis un toit au-dessus de la tête puisque, soit-disant, elle n’avait personne d’autre et, pire, j’ai espéré. J’ai espéré que même si elle était particulière, elle puisse représenter cette famille que je n’ai jamais eue. Je me suis dit que nous avions perdu vingt-trois ans, qu’elle était particulière, que j’étais fermée, mais que nous pouvions peut-être devenir ça, l’une pour l’autre. Sauf que Molly n’en a jamais l’intention. J’ignore ce qui a poussé la jeune femme à venir frapper à ma porte, ce que je sais, c’est qu’elle n’a fait que nous utiliser, Damon et moi. Nous ne lui avons jamais demandé le moindre centime alors qu’elle logeait chez nous, était nourrie sans participer une seule seconde aux frais engendrés, volait dans mes placards - je l’ai découvert après au fil des découvertes de bijoux ou de vêtements manquants, le tout en passant le plus clair de son temps vautrée sur notre canapé sans la moindre intention visible de trouver un boulot, une façon de se rendre utile. Elle s’est droguée sous mon toit.

Pour toutes ces raisons et parce que Billie n’était pas sa mère mais la mienne, uniquement la mienne, je ne voulais pas d’elle à l’enterrement. Quatre jours après sa mort, ma mère était mise en terre avec pour seuls témoins, Damon et moi-même. Je n’ai prévenu Molly que par décence, pas par envie. Bien sûr, elle m’a copieusement insultée en retour et je n’ai pas pris la peine de répondre. Quand j’aurais réussi à gérer mes propres sentiments, je lui enverrai l’adresse de l’endroit où elle peut se recueillir si elle le souhaite. Mais l’enterrement m’appartenait à moi, seule personne à avoir jamais tenté de soutenir notre toxicomane de mère à ma façon. Je ne voulais pas y voir la gorgone qui me sert de sœur jumelle - biologiquement parlant, en tout cas.

« Megan ! C’est moi ! Si tu ne veux pas que j’a-meute le quartier, tu ferais mieux d’ouvrir la porte… » Molly frappe la porte comme une enragée et après ses messages, je ne me fais pas d’illusion sur la colère qui doit l’habiter. Mais les personnes désireuses de me refaire le portrait se sont succédées ces derniers mois, me poussant à devenir assez courageuse et fière - ou assez stupide - pour me diriger vers la porte et l’ouvrir. Derrière moi, Bowie aboie comme il le fait à chaque fois qu’on frappe à la porte. En revanche, en piètre chien de garde, il partira certainement se cacher dans mon dressing si l’échange devient violent. Mon seul espoir, c’est qu’elle ne le sait pas et que, peut-être la présence du staff lui fera assez peur pour se contenir. Il est mince, cependant. Toujours engourdie, paralysée, coincée dans un état étrange où j'ai l’impression de ne plus rien ressentir, je relève mes yeux dans les siens, avant de soupirer. « Qu’est ce que tu fais là Molly ? On a plus rien à se dire. » Depuis la drogue, nos maigres échanges qui n’ont jamais abouti à rien de plus que des chamailleries, et encore plus depuis que Billie est morte. Nous ne partageons plus rien d’autre qu’un génome. « T’es là pour l’héritage ? Parce que tout ce qu’elle a laissé ce sont des dettes, mais t’es la bienvenue si tu veux payer la moitié avec moi. » Se tailler sa part du gâteau, n’est-ce pas ce qu’elle veut ?

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 @Megan Williams   

La porte s’ouvre si vite qu’elle en est surprise, la Molly. Elle a même fait un demi-pas de recul sans pour autant baisser les yeux (faut pas déconner plus hein !). Quand elle s’est mise en chemin, elle s’est imaginée se lancer dans une troisième guerre mondiale et devoir sortir les plans diaboliquement diplomatiques pour la faire sortir de son trou mais la voilà face à elle après juste quelques coups de poing sur la porte. Est-ce que le décès de Billie a affaibli la blonde ? Molly ne possède pas assez d’empathie pour y penser ou même y réfléchir. La porte est ouverte : c’est la première étape. Première étape franchie mais Megan ne lui lance pas le tapis rouge. Elle essaie même d’afficher un air mauvais qui avec ses traits angéliques ne la rendent que plus candide et adorable ; du moins, dans l’esprit de Molly. « Qu’est-ce que tu fais là Molly ? On a plu rien à se dire. » L’autre blonde lève un sourcil. Elles n’ont plus rien à se dire ; elles ne se sont pas dit grand-chose depuis leurs retrouvailles. Elles ont passé le plus clair de leur temps à s’embrouiller comme si c’était ce que devaient faire des soeurs, se prendre la tête, se détester « T’es là pour l’héritage ? » Elle crache un soupir exaspéré tout en roulant des yeux de manière théâtrale, sans décroiser les bras. La question n’est pas idiote : est-ce qu’elle gagne quelque chose dans le fond en perdant une mère jusque là encore inconnue ? Un petit quelque chose ? Un bijou de famille ? Une petite liasse de billet ? Le reste de sa coke peut-être ? « Parce que tout ce qu’elle a laissé ce sont des dettes, mais t’es la bienvenue si tu veux payer la moitié avec moi. » OK, non, elle n’aura rien. Génial.

Dans son monde, c’est à elle d’être en colère. Molly a le monopole de la colère dans cette histoire. C’est comme ça qu’elle voit les choses : Megan a et vit une vie parfaite, n’en a rien à foutre de Billie mais souhaite néanmoins la garder pour elle toute seule. Elle se plaint de leur mère mais ne veut pas la partager à celle qui aurait aimé la connaître et qui par conséquent l’idéalise. Molly a été rejetée par sa mère à la naissance (son interprétation) et aujourd’hui, Megan faisait la même chose en la privant même d’un au revoir potentiel. « Ce que je viens foutre ici ? Tu me poses vraiment la question avec cette tête de sainte ni touche stupéfaite ? » Une drôle de grimace étire ses lèvres. « Tu pensais que j’allais réagir comment en lisant ton putain de message de merde ? Que j’allais t’envoyer un pouce en l’air en guise d’emoji et que tout serait réglé ? Que j’en aurais rien à foutre de l’annonce du décès de ma mère … » Plus elle parle et plus la colère gronde en elle. La colère monte doucement comme l’eau qui se met à bouillir. Le couvercle est toujours là, contenant la colère … jusqu’à ce que tout implose. Bientôt - soyons patients. « T’avais pas le droit de me voler ce moment ? T’en avais rien à foutre d’elle … t’as pas arrêté de t’en plaindre … » La relation est plus compliquée ; tout comme la sienne avec son paternel mais la colère l’aveugle. Les bras sont croisés, les mains sont posées sur les bras et les doigts s’enfoncent dans sa peau ; elle se contient et se retient de lui sauter à la gorge et de lui arracher la jugulaire avec les canines. Mais, elle gesticule bien trop. Son poids passe de son pied gauche à droit ; elle ne tient plus en place. Elle est conduite par ses sentiments … c’est son problème à Molly. Elle est un diamant brut. Ses émotions, elle ne cherche pas à les comprendre. Elle les laisse prendre les rênes et elle se laisse porter … quitte à se prendre une énième porte dans la gueule.

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Megan Williams & @Molly Biggs ☆ crédit/zvldagifs

« Ce que je viens foutre ici ? Tu me poses vraiment la question avec cette tête de sainte ni touche stupéfaite ? » A mon sens, je n’ai ni mon visage angélique des bons jours, ni l’air d’être autre chose qu’épuisée. Mes traits normalement délicats sont froissés et je me suis vidée de toutes les larmes de mon corps. Je suis à peu près certaine que, si j’osais croiser mon regard dans le miroir, je m’apercevrais que mes yeux sont rouges, presque injectés de sang. J’ouvre la bouche pour répondre, mais Bowie émet un aboiement – certes, tout sauf menaçant – avant de venir s’asseoir à mes pieds. Le chien n’a rien d’un agressif, il demande certainement plus des caresses ou de l’attention qu’il n’émet la moindre menace, mais Molly ne le sait pas et la présence du staff à mes côtés me rassure. Ma jumelle a l’air d’une bombe à retardement, et c’est peu dire. « J’tai pas vue depuis des mois, au point que je me demande parfois si t’étais pas en train de faire une overdose dans un coin, alors ouais, je te pose vraiment la question. » A partir du moment où j’ai trouvé de la drogue dans les affaires de la jeune femme, elle n’est devenue rien de plus qu’une toxicomane à mes yeux. Le sujet est délicat pour moi, j’y suis même allergique. Je n'ai pas de place dans mon cœur pour l’empathie ou la tolérance pour ceux qui succombent à ce genre de merde. Je l’inviterais bien à rentrer, si j’en avais la moindre envie.

« Tu pensais que j’allais réagir comment en lisant ton putain de message de merde ? Que j’allais t’envoyer un pouce en l’air en guise d’emoji et que tout serait réglé ? Que j’en aurais rien à foutre de l’annonce du décès de ma mère… » C’est pas ta mère. Ma mâchoire se contracte et si je n’ai plus la place pour de la tristesse supplémentaire, j’ai tout la place du monde pour la colère. J’en nourris déjà à l’égard d’un Damon qui n’était pas là lorsque les flics m’ont annoncé la nouvelle, qui était à l’autre bout du monde en "voyage d’affaire", je peux en nourrir pour cette sœur qui est une étrangère à mes yeux. « T’avais pas le droit de me voler ce moment ? T’en avais rien à foutre d’elle… t’as pas arrêté de t’en plaindre… » - « Mais qui t’es pour décider ce que j’avais le droit de faire ou pas ? » Est-ce qu’elle a pleuré elle, toutes ces fois où les services sociaux l’emmenaient ? Est-ce qu’elle a pleuré en épongeant du vomi et en se faisant réchauffer des plats surgelés à douze ans parce que personne dans la maison n’était capable d’être une adulte ? Est-ce qu’elle s’est cachée dans sa chambre à chaque fois que sa mère prenait une dose un peu trop forte et qu’elle divaguait, pas forcément violente mais terrifiante pour la gamine que j’étais ? Si je l’avais prévenue et conviée à l’enterrement, Molly aurait tout gâché parce que c’est ce que Molly fait, quelles que soient les circonstances. « T’étais personne pour elle. C’était moi sa fille t’entends ? Moi et personne d’autre. T’as pas le droit de débarquer comme une fleur à vingt-deux ans et de nous mettre sur un putain de pied d’égalité alors que tu sais rien de ce que c’était de grandir avec elle. » Les larmes me montent aux yeux, elles ont un goût désagréable dans ma gorge mais je serre les dents de toutes les forces pour les retenir parce que je n’ai pas envie de faire ce plaisir là à Molly. « Je te filerai l’emplacement de sa tombe, j’allais te le filer. Mais je crois pas une seule seconde que tu vas aller te recueillir dessus, tu penses qu’à ta gueule d’égoïste. » C’est peut-être faux et injuste, mais j’ai besoin de faire du mal à la hauteur de combien je me sens malheureuse, et Molly est la personne toute indiquée pour ça.

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 @Megan Williams   

Le regard de Molly ne s’attarde même pas sur le clébard au pied de l’autre. Elle est bien trop concentrée à laisser son regard balancer des éclairs dans tous les sens. « J’tai pas vue depuis des mois, au point que je me demande parfois si t’étais pas en train de faire une overdose dans un coin, alors ouais, je te pose vraiment la question. » Les yeux de la blonde deviennent de minuscules fentes desquelles s’échappent des éclairs. Molly, ultra-sensible, interprète cette remarque comme un reproche. Un putain de reproche. Un reproche injuste par ailleurs. Elle se demande ce qu’elle fait de sa vie mais elle l’a quand même viré de chez elle comme une moins que rien sans même penser au fait qu’elle dormirait dehors dans sa voiture pendant quelques jours avant de trouver un endroit où se poser. Elle n'en a juste rien à foutre de son existence. Les minuscules poings de la blonde se serrent. Incapable de répliquer néanmoins. Elle a les dents serrées.  « Mais qui t’es pour décider ce que j’avais le droit de faire ou pas ?  T’étais personne pour elle. C’était moi sa fille t’entends ? Moi et personne d’autre. T’as pas le droit de débarquer comme une fleur à vingt-deux ans et de nous mettre sur un putain de pied d’égalité alors que tu sais rien de ce que c’était de grandir avec elle. » Boum ! Elle vient de se prendre un coup dans l’estomac avec les paroles de l’autre. Elle n’était rien pour elle. Molly continue de la fixer mais quelque chose au fond d’elle se brise. Si on avait été dans un cartoon, son cœur aurait pris la forme d’un vase qu’on vient de balancer sur le sol pour le voir se disperser en plusieurs éclats. Megan lui crache sa rage, sa colère et ses propres problèmes en pleine tronche mais hélas, Molly n’a pas l’intelligence émotionnelle de les comprendre. Elle prend tout mot pour mot. Bien sûr qu’elle le sait ! Elle n’est rien. Elle n’est personne. Elle ne l’a jamais été. Elle n’est même pas un produit unique maintenant qu’elle a une jumelle.

Sa mère ne voulait pas d’elle. Sa mère avait préféré choisir Megan … qui n’avait de cesse que de répéter combien elle avait été une marâtre. Mais bordel !? Au moins, elle avait eu une mère … « Je te filerai l’emplacement de sa tombe, j’allais te le filer. Mais je crois pas une seule seconde que tu vas aller te recueillir dessus, tu penses qu’à ta gueule d’égoïste. » Un rire s’échappe des lèvres de la mauvaise jumelle. « Oh putain c’est moi que tu te traites d’égoiste … !», dit-elle d’une voix rieuse, en posant une main sur son ventre comme si elle était vraiment prise d’un grand fou rire … tu parles, elle a juste la nausée. « Est-ce que tu entends le ramassis de conneries qui sort d’ta bouche ? J’débarque pas comme une fleur, espèce de connasse … et j’ai encore moins envie de nous mettre sur un putain de plan d’égalité … il s’est passé quoi dans ta vie pour qu’tu sois aussi frustrée et aussi parano bordel ? J’ai pas envie d’être toi.   » Menteuse. « J’demandais qu’un truc bordel c’était de au moins être au courant de quand on allait mettre ma mère sous terre !  » Les poings se serrent. Les ongles s’enfoncent dans la peau au moins que ses joues prennent une teinte rosée. La voix s’emporte doucement. Les nerfs …

« C’est quand même pas beaucoup demander. BORDEL ! » Un soupir. « Tu fais vraiment chier … t’as toujours été comme ça et ce sont tes putains de traumatismes causées par ta- elle utilise même des guillemets avec ses doigts en insistant sur le ta tout en ayant une drôle de grimace au visage - mère qui te rendent aussi CONNE. »

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Megan Williams & @Molly Biggs ☆ crédit/zvldagifs

La détresse et lisible sur le visage de ma jumelle, mais sur le moment je m’en moque. C’est à cause de cette garce si notre relation est ce qu’elle est. C’est parce que Molly est Molly que nous en sommes là et, dans une toute autre situation, jamais je n’aurais songé à ne rien lui dire. Sauf que je ne voulais pas d’elle, à l’enterrement. Damon et moi étions seuls et c’est exactement ce que je voulais. Cette hypocrite aurait pleuré toutes les larmes de son corps, se serait donné en spectacle et pour quoi ? Pour une femme qu’elle n’a jamais réellement connue ? Pour une mère dont elle n’a pas connu les dérives ? De quel droit se serait-elle octroyé le droit de pleurer ? Billie était autant sa mère que son père est le mien, c’est à mes crochets qu’elle vivait, c’est moi qui ai souffert pendant des années en continuant malgré tout au fond de l’aimer, c’est moi qui méritais de la pleurer. C’est ma détresse et ma peine à moi qui méritaient d’être au centre de l’attention. Il était hors de question qu’elle se donne en spectacle comme une junkie pathétique. « Oh putain c’est moi que tu te traites d’égoïste… ! » Je garde le menton bien droit, clignant doucement des yeux pour chasser des larmes qui me restent de toute façon dans la gorge. Je savais qu’elle aurait ce genre de réaction, de toute façon. « Est-ce que tu entends le ramassis de conneries qui sort d’ta bouche ? J’débarque pas comme une fleur, espèce de connasse… Et j’ai encore moins envie de nous mettre sur un putain de plan d’égalité… Il s’est passé quoi dans ta vie pour qu’tu sois aussi frustrée et aussi parano bordel ? J’ai pas envie d’être toi. » - « Ouais c’est ça Molly. » Mon ton est mielleux, presque doux quand on sait toutes les deux que je ne le suis pas. Molly crève d’envie lorsqu’elle me regarde, sans savoir ce que c’était de grandir en étant moi.

« J’demandais qu’un truc bordel c’était de au moins être au courant de quand on allait mettre ma mère sous terre ! » - « T’es au courant maintenant. » Derrière mon calme apparent, je bouillonne. Derrière lui se cache surtout une froideur sans nom que j’essaye de construire lorsqu’il est question d’elle. Je me remets du décès de ma mère et elle est là, à me hurler dessus comme une poissonnière, et elle prétend ne pas être égoïste. « J’ai perdu ma mère Molly. C’est trop te demander que de pas me casser les couilles pendant la période de deuil ? » Je peux devenir aussi vulgaire qu’elle, si c’est ce qu’elle souhaite. Je me suis élevée et fait tout pour paraître plus distinguée que je ne le suis réellement, mais le naturel a tendance à revenir bien vite dans des situations comme celle-là. Ses poings se serrent : tout son corps exprime son désir de violence et je n’ai pas la présence d’esprit de reculer ou, en tout cas, je suis trop fière pour ne pas lui tenir tête. « C’est quand même pas beaucoup demander. BORDEL ! » Elle hurle et je voudrais qu’elle se taise. « Tu fais vraiment chier… T’as toujours été comme ça et ce sont tes putains de traumatismes causées par ta mère qui te rendent aussi CONNE. » - « Ta gueule Molly. Descend d’un ton, on est pas dans ton squat ou au marché. » Mais dans un immeuble de standing où Damon et moi méritons notre place. Où je compte bien la conserver :  je l’ai payée cher, ma place au sommet. « Je te voulais pas là-bas, t’es contente ? C’est ce que tu voulais entendre ? Je voulais pas te voir verser des putains de larmes de crocodiles sur la tombe de ma mère. Tu peux le faire maintenant, qu’est ce que ça change putain ? » Pourquoi est-ce qu’elle a besoin de faire une montage de tout, cette putain de folle ?

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 @Megan Williams   

« J’ai perdu ma mère Molly. C’est trop te demander que de pas me casser les couilles pendant la période de deuil ? » « Va te faire foutre », marmonne-t-elle entre ses dents si bien que le résultat ne doit pas vraiment être compréhensible. Molly est en deuil. Outrageusement. Théâtralement. Elle est en deuil d’une mère idéale, d'une idée de mère. Elle est en deuil d’un concept entier et non pas d’une personne. Elle est en deuil de toutes les mères qu’aurait pu être la sienne. Elle est en deuil de la mère qui vient vous embrasser pour vous dire bonne nuit, qui vous complimente sur votre coupe de cheveux, qui vous prête son rouge à lèvres, qui prépare un chocolat chaud quand vous êtes malade, qui vous gronde quand vous faites une connerie. Elle est en deuil de toutes ces mères qu’elle s’est imaginée pouvoir avoir … mais n’a jamais eu. La rage monte. La rage monte car elle se rend compte du vide qui ne sera jamais rempli.

« Ta gueule Molly. Descend d’un ton, on est pas dans ton squat ou au marché. » En guise de réponse, un majeur brandi sous son nez comme s’il n’était pas visible de là où elle se trouvait et elle ajoute à cela une mimique puérile de nez plissé et sourire forcé. Une gamine. « Je te voulais pas là-bas, t’es contente ? C’est ce que tu voulais entendre ? Je voulais pas te voir verser des putains de larmes de crocodiles sur la tombe de ma mère. Tu peux le faire maintenant, qu’est ce que ça change putain ? » Le cœur sanguin de la jumelle se brise. Il ne rate pas quelques battements ou bat un peu plus fort comme dans les scènes ô combien romantiques. Oh non, il se brise - littéralement. Et ça fait mal. Les mots de l’autre sœur la heurte en plein cœur. Elle ne voulait pas d’elle. Sa jumelle, sa sœur, elle ne voulait pas d’elle. Les mots ont l’effet immédiat. Le sol s’ouvre sous ses pieds et elle tombe. De haut. Du haut de son idéal, cette gemellité idéalisée et fantasmée, elle se casse la gueule et ne voit pas vraiment le fond de là où elle est. Apparemment, la chute va être longue, trop longue. Elle entrouve les lèvres pour sortir quelque chose mais aucun son ne s’échappe de ses lèvres … à la place, les sourcils se froncent et elle se surprend elle-même. Sa connasse de sœur lui a volé son sens de la répartie ? Les lèvres de Molly se pincent si fort qu’elles palissent légèrement. Le silence ne dure que trois secondes mais trois putains de secondes pour quelqu’un comme Molly, c’est toute une éternité.
« Ça change tout », finit-elle par lancer depuis sa chute vertigineuse. Il s’agit ici plus d’une pensée que d’autre chose. « T’es vraiment une putain de connasse, ajoute-t-elle en soupirant comme si elle était vraiment sous le cul devant autant d’égoisme – normalement, c’est son art l’égoisme ! - , j’y crois pas putain ! Tu voulais absolument le monopole de la tristesse … comme si c’est juste un putain d’artifice … ça comptait pour moi bordel ? J’aurais voulu être là » Avec toi. « Tu peux pas faire comme si j’existais pas. » Parce que j’existe, bordel ! « J’existe bordel ! Arrête de m’ignorer ! » et comme si la réaction de l’autre sœur n’était pas suffisamment honnête à ses yeux, elle la pousse. Oh n’allez pas vous imaginer qu’elle la pousse comme une professionnelle de wrestling, cela ressemble plus à une bousculade enfantine, de celle que des sœurs partagent quand elles vivent sous le même toit … pour ces deux-là, c’est simplement un second moyen de communication.

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Megan Williams & @Molly Biggs ☆ crédit/zvldagifs

« Va te faire foutre. » Molly crie, Molly brandit son majeur dans ma direction, Molly jure et rien de tout ça n’est surprenant. Molly, c’est comme une putain de crasse qui vous colle à la peau. Qui vous rappelle exactement d’où vous venez, et il est hors de question qu’on me le rappelle une fois de plus. Megan Monroe n’existe plus du tout. Et ce petit bout de femme mal élevé qui ne sait pas se contenir n’a plus rien à foutre dans la vie de Megan Williams. Pas alors qu’elle planque de la came dans mon putain de penthouse de bourge avec une vue sur toute la ville. Pas alors que ma première campagne photo a été un succès – si on ignore ce qu’il s’est passé derrière les portes closes – pas alors que je peux enfin appartenir à un monde auquel j’ai toujours rêvé d’appartenir. Pas alors que j’ai quelqu’un que je considère comme une famille, aussi compliquée ma relation avec mon mari soit-elle.

Mais surtout, pas alors qu’on enterrait ma mère. « Si c’est tout ce que t’as à dire… » Je l’ai déjà entendu et tu peux te casser. Je ne termine pas ma phrase puisque ma jumelle semble ne pas en avoir fini avec moi. J’ai mal à la tête d’avoir trop pleuré. J’ai mal au cœur d’avoir le sentiment d’avoir perdu ma mère et de porter le deuil de quelqu’un qui est finalement parti depuis des années. C’est le deuil de l’idée d’avoir un jour une mère que je fais, une vraie, une qui se serait reprise en main. Je ne l’espérais plus. Pas consciemment. Mais putain, qu’est ce que ça fait mal. « Ça change tout. » Bah faudra te faire une raison. J’ai trop mal au cœur pour moi pour ressentir de la peine à l’égard de ma toxicomane sœur. « T’es vraiment une putain de connasse. » Je suis une putain de connasse. « J’y crois pas putain ! Tu voulais absolument le monopole de la tristesse… Comme si c’est juste un putain d’artifice… Ça comptait pour moi bordel ? J’aurais voulu être là. » Si son putain de père crevait, je lui aurait laissé des l’espace pour faire son deuil. Je n’aurais pas voulu exister dans une situation à laquelle je n’appartenais pas. Pourquoi est-elle incapable de me rendre la courtoisie ? « Tu peux pas faire comme si j’existais pas. J’existe bordel ! Arrête de m’ignorer ! » Menaçante, la petite blonde me bouscule. Elle me pousse en arrière faiblement, mais moi je me sens agressée. Après le coup porté par l’ex de Shiloh que je défendais, après l’agression physique de Saül, je ne supporte plus le moindre accès de violence dans ma direction. « Me touche pas. » Ma gorge se noue, mes yeux me brulent. « T’avise pas de me toucher putain. » Mes deux précédents assaillants avaient l’avantage physique mais Molly prendra pour les autres si elle me frôle à nouveau. Je lui rendrai ses coups avec une rage destinée à elle, à Lawrence, à Saül, à Damon qui n’était pas là, à ma mère et à d’autres. « T’es clean Molly ? » Je la dévisage, les yeux brillants mais vides de larme. « Si t’es pas clean, t’existes pas. » C’est aussi simple que ça. J’ai été trop détruite par les choix d’autres, de plus faibles que moi. « Si t’es pas clean, je veux que tu partes. T’as rien à faire dans ma vie. »

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 @Megan Williams  

Les sourcils de la blonde se froncent quand elle voit la réaction de sa jumelle à cette minuscule bousculade. Un rien du tout. Elle n’a même pas utilisé de force, elle a juste voulu la réveiller … c’est l’excuse qu’elle aurait sorti si on lui avait demandé des comptes. Les yeux de Molly deviennent deux minuscules fentes desquelles elle balance des éclairs. Est-ce que sa sœur est une comédienne ?  « Me touche pas. » Molly tend le cou en arrière tout en la fixant avec un tantinet de dédain. Est-ce qu’elle est hystérique ou c’est quoi son problème, qu’elle se demande en la voyant réagir de la sorte. Normalement, on la bouscule en retour. Normalement, on s’énerve, on lui gueule dessus et on lui crache des insanités à la gueule. A ça, elle est habituée mais pas à ce comportement de … de quoi ? Peut-être un truc de bourge. « T’avise pas de me toucher putain. » « Sinon quoi ? Sans conclusion, et sans le physique de Rambo, ça manque un peu de profondeur et tu sonnes surtout comme une hystérique … » qu’elle lui dit en se moquant ouvertement d’elle, dodelinant de la tête comme une gamine … car c’est une gamine. Molly est une version anarchique de Moglie. Elle n’a pas été élevée par les loups, ni par les singes mais par un type qui lui a appris à fumer mais pas à rouler en vélo. Elle a été élevée par un type qui lui a fait comprendre que la vie, si c’est une boîte de chocolats … bah faut pas hésiter à aller piocher dans celles des autres si jamais il ne reste que les chocolats à la liqueur dans la tienne. Ouais, c’est la leçon de vie de papa Biggs. Est-ce qu’elle lui sert aujourd’hui ? Possible. Megan avait encore quelques chocolats blancs dans sa boîte … et la porte n’est pas encore fermée, si ?

« T’es clean Molly ? Si t’es pas clean, t’existes pas. Si t’es pas clean, je veux que tu partes. T’as rien à faire dans ma vie. » Pourquoi est-ce que tout tourne toujours autour de la drogue et de son état
de santé ? Est-ce qu’elle est clean ? Possible qu’il y ait un peu de reste de l’herbe fumée la veille … il y aurait sans aucun doute des traces dans son organisme aujourd’hui mais eh, c’est légal dans certains états US et dans quelques pays européens, alors elle se dit que c’est pas « si grave » que ça. « Pourquoi est-ce que tu m’parles comme si j’étais une
toxico qui me plante des aiguilles partagées avec mes potes de squat dans les veines ? Putain ! J’suis pas une toxico bordel ! Tu veux que je pisse dans un gobelet avant de pouvoir t’adresser la parole ? » Pas certaine qu’elle réussisse le test si jamais c’était voulu, par contre. « J’hallucine … », qu’elle ajoute en soupirant lourdement, bruyamment. « J’étais peut-être high quand j’ai cru que je pourrais avoir un semblant de famille … une famille un peu moins pourrie … » Oh elle sort le grand jeu. Spotlight sur sa tronche. Il ne manque plus que les violons en arrière-plan. « Mais non, bien sûr que non … va falloir te prendre un ticket, la file des connards qui pensent que je suis une moins que rien sans même me connaître est putain de longue » Elle ultra-dramatise. Encore et toujours.

« Si j’étais pas clean, j’aurais pas sonné … j’aurais pissé sur ton paillasson » Le pire dans tout ça ? Elle est sérieuse.

A sister is a dearest friend, a closest enemy
Megan Williams & @Molly Biggs ☆ crédit/zvldagifs

« Sinon quoi ? Sans conclusion, et sans le physique de Rambo, ça manque un peu de profondeur et tu sonnes surtout comme une hystérique… » - « Sinon je te montrerai où tu peux te mettre tes "petite princesse". » Je n’en ai pas toujours été une. J’ai grandi dans le vomi et dans la merde, je n’ai jamais été une enfant alors une princesse encore moins. Je lui montrerai ce que Jasper a tenté de m’apprendre quand on était deux gosses paumés en famille d’accueil, je lui montrerai même ce que j’ai appris en cours d’autodéfense avec Shiloh : tout plutôt que d’être encore une victime. Tout plutôt que de laisser une personne de plus me marcher sur les pieds et me malmener, me traiter comme un vulgaire sac de frappe. Peut-être que je me voile la face, mais ma jumelle n’a pas vraiment le physique de Rambo non plus et ne dit-on pas que consommer trop de merde émousse les réflexes ? « Pourquoi est-ce que tu m’parles comme si j’étais une toxico qui me plante des aiguilles partagées avec mes potes de squat dans les veines ? Putain ! J’suis pas une toxico bordel ! Tu veux que je pisse dans un gobelet avant de pouvoir t’adresser la parole ? J’hallucine… » - « T’es culottée de me traiter comme si j’étais la méchante dans cette putain d’histoire. » A-t-elle oublié tout ce qu’il s’est passé depuis un an pour ne se souvenir que du fait que je ne l’ai pas prévenue pour Billie ? A-t-elle oublié qu’elle a trainé ma mère à mes fêtes de fiançailles, me ridiculisant devant mon bourge de beau-père et tous ses associés ? « Je t’ai foutu un toit au-dessus de la tête. Et t’as ramené un pochon de coke chez moi pour me remercier. Te fais pas passer pour plus blanche que t’es.  » J’exagère peut-être son addiction, mais on ne pouvait pas attendre autre chose de moi : j’ai trop souffert à cause de ces prétendus paradis artificiels.

« J’étais peut-être high quand j’ai cru que je pourrais avoir un semblant de famille… Une famille un peu moins pourrie… » Je laisse échapper un rire mauvais, fatiguée qu’elle se donne en spectacle de la sorte. « T’as finalement appris un truc ou deux en bossant avec Maisie au cinéma. Quelle putain de comédienne. » On est pas une famille. On l’a jamais été, j’y ai cru aussi, avant de prendre peur parce que j’ai entrevu un peu de la réalité : si je laisse entrer Molly, elle pourrait me faire autant de mal que m’en a fait Billie. « Mais non, bien sûr que non… Va falloir te prendre un ticket, la file des connards qui pensent que je suis une moins que rien sans même me connaître est putain de longue » - « Va pleurer ma mère si ça te chante. Je suis fatiguée par tes conneries. » Je suis à ça de lui refermer la porte au nez. Sauf que je sais qu’elle hurlerait comme un cochon qu’on égorge et que je n'ai pas la force de gérer un scandale de voisinage. Damon moi faisons déjà tâche à cause de notre jeune âge, je n’ai pas envie que nous le fassions à cause des nuisibles qui viennent sonner à notre porte. Je n’ai pas non plus envie d’expliquer à toutes les Karen et Georges de ce putain d’immeuble pourquoi mon minois est froissé et mes yeux bouffis et rougis. « Si j’étais pas clean, j’aurais pas sonné… J’aurais pissé sur ton paillasson. » - « C’est classe ça. Très classe. » Je la toise de haut en bas, avec un regard condescendant. « Qu’est-ce que t’attends de moi Molly ? Je te présenterai pas d’excuse. » Qu’est-ce que tu attends donc pour te barrer et retourner dans le taudis d’où tu viens ?

A sister is a dearest friend, a closest enemy

 @Megan Williams  

« Sinon je te montrerai où tu peux te mettre tes "petite princesse". » Vous comme moi, on peut interpréter le sourire débile de Molly comme une certaine curiosité vis-à-vis de ce qu’elle prend pour une invitation. Molly a toujours tendance à se prendre pour celle qu’elle n’est pas. Elle s’imagine pouvoir gagner une quelconque rixe alors que ses bras maigrelets ont déjà dû mal à porter les sachets de course … et elle n’est pas du genre à pouvoir les remplir avec beaucoup d’achats ces sachets de course, c’est pour vous dire ! Elle est néanmoins curieuse de voir ce qu’elle a dans le bide, la Megan. Elle a beau jouer les filles modèles, les épouses blanches comme neige, Molly sait combien de crasse elle a sous le pied … et la merde sur la semelle, même si ça ne voit pas, ça finit toujours par se sentir … Elle a presque envie de sautiller comme une gamine à l’idée de voir sa sœur montrer qui elle est vraiment. Nature versus culture ; question hautement et inutilement philosophique. « Bouh », vient-elle siffler entre ses lèvres, agitant les mains devant elle comme … une gamine. Oui, Molly est une gamine. Le genre de pseudo adulte qui mériterait bien une paire de claques.

« T’es culottée de me traiter comme si j’étais la méchante dans cette putain d’histoire. » Les sourcils de blonde se lèvent outrageusement. L’incarnation du choc version cartoon. « Je t’ai foutu un toit au-dessus de la tête. Et t’as ramené un pochon de coke chez moi pour me remercier. Te fais pas passer pour plus blanche que t’es. » Elle penche la tête sur le côté à la mention du toit sur la tête ; ok, elle lui doit bien ça, c’est vrai. D’ailleurs, c’est la mine qu’elle affiche Molly. Elle acquiesce. Elle approuve silencieusement. Tout comme elle hésite mais finit par acquiescer le fait qu’elle ait éventuellement – tout est dans la nuance – merder avec l’invitation de la marâtre pour le jour le plus important de la vie de la fille prodige. «Tu parles du même pochon de coke que tu pleures avec la plus grande tristesse et émotion ? », qu’elle siffle entre ses dents en gardant les sourcils relevés, une main posée sur sa poitrine car ouais, elle est douée comme comédienne notre Molly. Je vous le dis, c’est un personnage de cartoon … celui qu’on aime détester, ou alors celui qu’on ne regarde pas plus de trois minutes car il nous saoule bien trop vite.

« Va pleurer ma « notre »– elle a ce besoin détestable de la corriger tout en sachant que ça agace son interlocutrice - mère si ça te chante. Je suis fatiguée par tes conneries. » « «Si j’étais pas clean, j’aurais pas sonné… J’aurais pissé sur ton paillasson. » - « C’est classe ça. Très classe. » Si Megan lui offre un regard condescendant, Molly est plutôt fière d’elle, l’abruti. Elle a même un sourire en coin. Fière de sa connerie, fière de cette nonchalance qui n’est en réalité que l’expression d’un putain de mal-être qui mériterait au moins trois vies de thérapie. « «C’est surtout honnête … et tu aimes tellement l’honnêteté » qu’elle ironise.


la toise de haut en bas, avec un regard condescendant. « Qu’est-ce que t’attends de moi Molly ? Je te présenterai pas d’excuse. » Sur ce coup, excellente question, Megan. Excellente question car Molly est venue sans le moindre plan ; logique. Elle n’attend rien. Elle veut juste être vue, entendue, reconnue … elle veut juste exister et c’est sa solution : faire chier le monde entier, c’est sa technique pour se sentir vivante. Mission réussie. Megan l’a vue. Megan en a marre. Megan veut se barrer et surtout l’effacer de sa vie mais dommage ! Molly, c’est la pire sorte des morpions. «Bah rien ! », qu’elle lâche finalement presque désabusée de devoir répondre ce genre de choses. « J’en sais rien … je suis venue … parce que … » Avec un peu de coke, elle aurait eu peut-être un peu plus de répondant ou elle se serait mieux menti à elle-même. Les sourcils se froncent car elle se sent s’embourber comme une idiote. Fais chier ! «Parce que tu fais chier … parce que tu n’as pas le droit de m’ignorer ! Merde ! » Soudain, elle a une moue boudeuse … nouveau. Mais surtout, on pourrait presque apercevoir combien elle est fragile cette Molly. Alors, il vaut mieux se ressaisir avant de montrer à l’autre sœur ses faiblesses, pas vrai ? «J’étais conne de venir ici en pensant pouvoir parler avec toi, entre adultes. J’étais conne de penser avoir le droit de venir dans ta haute tour d’ivoire … désolée d’avoir été aussi conne … » Oh le drame apparaît. Elle exagère : technique numéro cinq pour se sortir d’une situation pathétique. On soigne le mal par le mal.

«Tu sais quoi ? Oublie que je sois venue, oublie que j’ai pu penser ne serait-ce qu’une putain de milli seconde qu’on puisse au moins essayer de nouveau d’être « normales ». Oublie que j’ai pu avoir envie d’être là pour toi. » Merde ! Brèche visible. Aveu malgré elle que Megan n’était pas qu’une … sœur inconnue au bataillon. Elle était l’espoir de pouvoir avoir quelque chose, être quelqu’un aussi … Elle marque une pause, serre les dents si fort que ça lui fait mal et finit par souffler, mauvaise, en tournant les talons : «Va te faire foutre ! »

A SISTER IS A DEAREST FRIEND, A CLOSEST ENEMY
Megan Williams & @Molly Biggs ☆ crédit/zvldagifs

« Bouh. »
« T’es qu’une pauvre gamine. »

Pourtant nous avons exactement le même âge, elle et moi, à même pas une heure près, et c’est bien ça le problème dans toute cette histoire, c’est de se trouver face à une personne qui aurait dû être votre moitié, avec laquelle vous auriez dû être les deux faces d’une même pièce et d’avoir le sentiment de se retrouver face à une étrangère. Nos vies ont été bien différentes, nos choix également par conséquent et plus personne ne comprend l’autre. Peut-être qu’il est trop tard, peut-être est-elle simplement aussi tarée que l’était notre génitrice et que grandir ensemble n’aurait rien pu y changer. Quelle importance de le savoir au final ? « Tu parles du même pochon de coke que tu pleures avec la plus grande tristesse et émotion ? » Ma gorge enfle, ma colère aussi alors que je me sens à la fois insultée et meurtrie que cette conne de Molly ose parler de ma mère en ces termes. Elle n’a pas le moindre droit de le faire. C’était ma mère putain, comment peut-elle prétendre qu’elle voudrait que nous soyons tous une grande et belle famille et oser faire ça ? Elle n’a pas le moindre droit et cette fois c’est pour qui la repousse violemment, la faisant reculer de quelques pas sans me soucier de lui faire mal ou mal au cœur. « Vas-te faire foutre pauvre junkie. » Parce que tout se résume à ça, non ? Au fait que sa consommation de drogue la rendra à mes yeux à jamais indigne de toute confiance. Peut-être que ça aurait été sympa de connaître la vraie Molly, celle qu’elle serait sans tout ça .

« C’est surtout honnête… Et tu aimes tellement l’honnêteté. » Sa pique ne m’atteint pas. Elle ignore à quel point elle pourrait me toucher si je la savais fondée, si elle était capable d’amener avec elle une flopée d’arguments me rappelant que j’ai menti à Damon, que je mens à tout le monde concernant mon mariage et mon prétendu bonheur. Mais Molly ne sait rien de toute ça, alors tout ce qu’elle dit n’est que vide, elle mord et elle insulte en espérant blesser. Elle frappe au hasard.

« Bah rien ! » Alors casse-toi Molly. Ne viens pas tenter de détruire ma vie comme tu as détruit mes espoirs de construire quoi que ce soit quand je t’accordais encore un peu de ma confiance. « J’en sais rien… Je suis venue… parce que … » Molly s’effondre et dans d’autres circonstances, si nous avions eu un autre genre de relation, peut-être serais-je émotionnellement disponible pour le réaliser. Sauf que j’ai assez à gérer mes propres émotions, dans ce monde-ci. « Parce que tu fais chier … parce que tu n’as pas le droit de m’ignorer ! Merde ! » - « J’ai le droit de faire exactement ce que je veux. » Parce que je le lui ai déjà dit : on est pas une famille, elle et moi. J’ai cru que ça pourrait être le cas et je suis tombée de plusieurs étages en réalisant qu’elle avait bien plus de point commun avec Billie qu’avec moi. J’ai été la bonne poire lui proposant de l’héberger et de l’entretenir pendant qu’elle se camait sous mon toi. « J’étais conne de venir ici en pensant pouvoir parler avec toi, entre adultes. J’étais conne de penser avoir le droit de venir dans ta haute tour d’ivoire… Désolée d’avoir été aussi conne… » - « Ça prend pas. Arrête de pleurnicher, t’es ridicule. » Je me mords l’intérieur de la bouche pour renflouer le trop plein d’empathie que je ressens pour tous chiens errants dans son genre. Ce que je ressens envers ma jumelle est complexe, ambigu et bourré de paradoxe au fond, sauf que je ne m’autorise pas à ressentir mes sentiments dans leur entièreté. « Tu sais quoi ? Oublie que je sois venue, oublie que j’ai pu penser ne serait-ce qu’une putain de milli seconde qu’on puisse au moins essayer de nouveau d’être « normales ». Oublie que j’ai pu avoir envie d’être là pour toi. » - « T’es pas là pour moi Molly. » Je le crache sur un ton bourré de dédain. « Si t’étais là pour moi, tu m’aurais demandé au moins une fois comment je me sens. » Si elle était vraiment là parce qu’elle voulait être là pour moi, elle n’aurait pas commencé par me sauter à la gorge et c’est peut-être le plus blessant dans son attitude : si je n’étais pas sur la défensive, elle aurait pu me faire miroiter des conneries. « Va te faire foutre ! » - « Parfait ! » Elle tourne les talons et moi je claque la porte, avant de me laisser glisser battant et de prendre ma tête dans mes mains pour chasser la crise d’angoisse que je sens monter.

sujet terminé