Dumped by mum (Millie)

Frotte frotte frotte Cendrillon. Balaye la salle, nettoie les verres, souris aux clients sans montrer que tu réprimandes une furieuse envie de cracher dans leurs verres pour la plupart. J’avais le (faux et hypocrite) contact facile, je savais rester polie (et je ne les insultais que dans ma tête), et j’avais (pratiquement) l’air sincère quand je leur souriais pour les accueillir. On aurait pu croire que j’avais (à peu près) les qualités qu’il fallait pour exercer ce job. Je ne cassais pas de verres, je n’étais pas si mauvaise pour faire des cocktails et je prenais presque plaisir à manipuler les bouteilles derrière mon comptoir tant que personne ne venait m’adresser la parole (compliqué donc quand on était serveuse). Morale de l’histoire : je ne savais toujours pas ce que je foutais à travailler dans ce bar. Si ce n’était gagner de l’argent pour avoir un toit au-dessus de ma tête…plutôt utile finalement. Mais mes grands plans pour retrouver mon statut passé ne semblaient pas fonctionner ou prenaient beaucoup trop de temps à se concrétiser à mon goût. Alors à part ravaler ma fierté et mes insultes en tout genre, je n’avais guère d’options pour l’heure. Je lâchais donc un énième soupir de la journée en rangeant une bouteille, pour afficher un sourire de circonstance tout en pivotant sur moi-même pour faire face au nouveau client qui venait de s’installer au bar. « Bonjour qu’est-ce que…Millie ?? » J’étais toujours preneuse d’un bon retournement de situation pour venir mettre un peu de péripéties dans ma journée, mais je ne m’attendais clairement pas à me retrouver nez-à-nez avec ma cousine. Cela faisait quelques mois…(années ???) que je ne l’avais pas croisée, les liens familiaux s’étant ébréchés progressivement avec tout ce qui était arrivé de son côté…puis du mien. Etait-elle seulement au courant de tout ce qui s’était passé pour moi depuis l’année dernière et depuis le jour où ma mère avait décidé de réclamer ce qui lui revenait de droit en envoyant chier au passage son mari et sa fille ? Classe. « Tu savais que je bossais là ? » Je n’avais pas trouvé mieux que ça comme question. Je n’avais aucune idée des informations qu’elle possédait sur moi et je n’avais aucun mal à croire que sa cousine était le dernier de ses problèmes actuellement. « Comment tu vas ? » Sincère question pour une fois. Et pas simple formule de politesse pour faire avancer le temps et arriver à la conclusion de la conversation plus rapidement. J’avais suivi d’assez près ses propres aventures qui avaient permis à sa tragédie de bénéficier d’un chemin tout tracé vers le grand écran. La connaissant elle n’était certainement pas animée par une envie de tout mettre à feu et à sang comme je l’aurais moi-même été si ma tante s’était permis de faire le dixième de ce qu’elle lui avait fait subir, mais elle ne devait clairement pas être au mieux de sa forme. Et je ne pouvais pas faire grand-chose si ce n’était… « Tiens. Je pense que ça peut aider à aller mieux ? » Et à délier les langues. C’était le super pouvoir du cocktail bien corsé que je venais de préparer et de déposer devant elle. Une bonne dose d’alcool. Et une bonne dose de sucre pour dissimuler tout ça. « Je te souhaite la bienvenue dans mon nouveau repère. Bien moins reluisant que ceux dans lesquels t’avais l’habitude de me voir par le passé mais on fait avec ce qu’on a j’imagine. » J’avais tendu un bras en direction de la salle comme un agent immobiliser aurait fièrement (il s’agissait plutôt d’ironie dans mon cas) présenté un appartement à de nouveaux acheteurs. Non sans jeter au passage un coup d’œil à un ivrogne de première assis un peu plus loin qui menaçait de tomber de sa chaise à tout moment. Oh puis chacun sa merde. Il trouverait bien le moyen de se relever tout seul.

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Dernière édition par Cecilia Barker le Mar 29 Aoû 2023 - 22:39, édité 1 fois

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Se frottant les yeux du bout de son index et de son pouce, Millie soupira un long moment. Elle avait l’impression de ne pas avoir levé le regard de ce carnet depuis des heures tant elle était concentrée dessus - et en réalité, si elle jetait un oui là la pendule, elle s’apercevrait que c’était effectivement le cas. Les corrections, les annotations, et même les recherches à faire sur la moindre ligne et la moindre image qu’elle pouvait découvrir sur ces planches prenaient énormément de temps sans qu’elle n’ait pu anticiper un travail si conséquent; pourtant, elle avait promis qu’il lui serait possible d’abattre autant de poussière en une poignée de jours, alors elle allait devoir trouver le moyen de venir à bout de ces pages d’analyses. Pour le moment cependant, elle releva sa tête pour porter son regard plus loin dans sa chambre, s’étirant les bras en arrière pour détendre le haut de son dos et sa nuque. Elle se devait de se lever, de bouger un bout, de remettre sa circulation sanguine en fonctionnement - elle ne savait trop quoi, mais elle savait en tous cas qu’elle en avait assez de rester dans sa chambre depuis le début de la journée: elle se devait de prendre l’air. Un café lui ferait du bien, mais un café en dehors de l’appartement serait d’autant plus bienvenu pour voir autre chose que les quatre murs de sa chambre. Sautant dans le premier pantalon qu’elle trouva à portée de main, elle filait sur son vélo dans les rues de Brisbane une poignée de minutes plus tard.

Le Death Before Decaf était un endroit connu de bien du monde désormais, et il n’était pas rare que ce soit dans cet établissement que Millie décide de s’installer lorsqu’elle voulait profiter d’un café en dehors de tous ceux qu’elle buvait déjà au travail. L’ambiance était agréable, les personnes présentes sur place toujours de bonne humeur, sa cousine derrière… Wait - comment ça, sa cousine ? Elle secoua quelque peu la tête, persuadée d’avoir mal vu ce qu’elle pensait pourtant avoir sous les yeux comme vision. Ce n’était simplement pas possible. Faisant quelques pas en avant, retirant ses lunettes de soleil qu’elle passa sur le dessus de son crâne, ses sourcils se fronçaient quelque peu au fil des pas qu’elle effectuait. « Bonjour qu’est-ce que…Millie ?? » Cette dernière avait à peine atteint le bar pour se glisser derrière lorsque la blonde s’était tournée vers elle, la reconnaissant de suite. Millie ne se défit pas de l’étonnement qui prenait part des traits de son visage. « Salut CeCe. » De toutes les personnes qu’elle pensait pouvoir croiser aujourd’hui… elle ne s’était attendue à ne croiser personne, en réalité; mais elle n’aurait jamais parié sur sa cousine. Et surtout: elle ne l’aurait pas placé ni dans un endroit comme le DBD, et encore moins derrière le bar. « Tu savais que je bossais là ? » Secouant quelque peu la tête, Millie ne put s’empêcher d’étirer un fin sourire. « J’en avais aucune idée. Je savais même pas que tu bossais, pour commencer. » Ce n’était même pas un reproche: elle ne l’avait jamais imaginé mettant la main à la patte jusqu’à aujourd’hui, et encore elle se devait de cligner plusieurs fois des yeux pour comprendre qu’elle ne rêvait pas.

« Comment tu vas ? » Elle se retint de plisser le nez: comme d’habitude, elle aurait préféré éviter cette question. « Depuis le temps, tu veux dire ? » Parce-qu’elle savait que ce serait là une façon plutôt équitable de renvoyer la balle dans l’autre camp. Les deux jeunes femme n’avaient pas vu leurs chemins se croiser depuis ce qui semblait être une éternité à Millie - elle repérait même que CeCe avait pris quelques rides aux coins des yeux. « Je pense que tu connais la réponse à cette question en vrai. » Il ne s’était pas écoulé une seule année pendant laquelle elle avait pu répondre Je vais bien, merci à cette question en étant honnête - et il y avait de fortes chances pour que sa cousine le comprenne sans trop de difficultés. « Tiens. Je pense que ça peut aider à aller mieux ? » Avant même qu’elle n’ait eu le temps de dire quoi que ce soit, un cocktail se trouvait devant elle et un petit rire échappa à Millie. « J’étais venue prendre un café, mais ça doit réveiller aussi j’imagine. » Elle posa son téléphone face contre le bois du bar - elle ne pouvait réellement le ranger au cas où James l’appelle, car manquer un de ses appels reviendrait à voir la fin du monde arriver -, avant de croiser ses mains en les posant sur le bar face à elle. « Je te souhaite la bienvenue dans mon nouveau repère. Bien moins reluisant que ceux dans lesquels t’avais l’habitude de me voir par le passé mais on fait avec ce qu’on a j’imagine. » Plus par politesse et amusement, elle laissa son regard faire un arc de cercle autour d’elle, détaillant un instant le reste de l’établissement - même si elle en connaissait déjà les grandes lignes. « J’aurais jamais réussi à t’imaginer dans un endroit pareil. » Car effectivement, c’était moins reluisant que tout ce qu’elle avait fréquenté avant, CeCe. « Comment t’es arrivée ici ? » Millie plissa même un brin les sourcils. « Même: comment t’es arrivée à travailler ici ? » Oh, la réponse à cette question se devait forcément d’être intéressante, car elle ne voyait pas une seule raison pour laquelle Cecilia aurait eu besoin d’être celle servant des cocktails dans un bar: ça ne lui allait pas au teint, qui plus était - mais c’était le genre de commentaire que la jeune femme garderait pour elle car elle savait pertinemment qu’il ne sera pas si bien pris que ça.

« Salut CeCe. » J’étais partagée entre la surprise et une certaine méfiance mélangée à une pointe de honte qu’on se revoit dans de telles circonstances. Parce que d’une part cela faisait bien longtemps qu’on n’avait pas pris de nouvelles l’une de l’autre, et d’autre part parce que j’aurais préféré pouvoir renouer n’importe où ailleurs que dans le cadre de mon travail que je considérais comme miteux (salvateur, mais miteux). Et si toute cette situation était étrange, je ne pouvais pas nier qu’il y avait une part de moi qui était aussi contente de pouvoir la recroiser. De revoir quelqu’un de ma famille. Qui ne m’avait pas trahie et qui ne s’était pas comportée comme une abrutie finie. Enfin pas à ma connaissance ? « J’en avais aucune idée. Je savais même pas que tu bossais, pour commencer. » Un fin sourire vint étirer le coin de mes lèvres avant que je ne reprenne une expression faussement sérieuse : « Tu sais on m’a proposé des postes de directeur financier, de président et autres places au sein du conseil d’administration d’associations caritatives…mais bon je me suis dit que serveuse dans un café c’était bien plus challengeant. Et on sait à quel point j’aime relever un bon défi, n’est-ce pas ? » Il y avait une part de vérité là-dedans. En revanche si mon goût pour les défis avaient pu s’illustrer autrement qu’en étant contrainte d’accepter un job de merde, j’aurais préféré. J’affichais maintenant une moue exagérément boudeuse avant d’ajouter « Et pardon mais tu considères que faire la potiche aux différents événements du gotha de Brisbane ça n’est pas un travail à temps plein ? Quelle déception vraiment. » Parce que j’excellais autant que je détestais ce genre de mise en avant publique qui n’avait aucun but particulier si ce n’était un abondant étalage de richesses qui finirait irrémédiablement dans la presse à la vue de la classe moyenne qui n’avait résolument pas les moyens de se payer un dixième de tout ça. J’en étais la preuve vivante puisque j’avais à présent rejoint ce club très privé des gens dans la merde financièrement. Et professionnellement. Et dans la sphère privée aussi pendant qu’on y était finalement. « Depuis le temps, tu veux dire ? » Mon pincement de lèvres fut accompagné d’un hochement d’épaules. Fair enough. J’étais la plus âgée et j’aurais certainement du veiller un peu plus à entretenir nos relations familiales. Ca c’était la théorie. Dans les faits je préférais évidemment me dire qu’on était toutes les deux responsables dans l’histoire. J’étais déjà bien assez généreuse de bien vouloir reconnaître mes torts, mais il n’était pas question de ne pas les partager. Et elle avait raison, le small talk n’avait jamais été mon truc et je ne savais pas exactement pourquoi je lui avais demandé comment elle allait alors que je me doutais de la réponse. « J’étais venue prendre un café, mais ça doit réveiller aussi j’imagine. » Je l’observais garder son téléphone à proximité avant d’hocher une nouvelle fois les épaules, m’écartant un instant le temps de lui préparer une tasse de café que je vins déposer le plus naturellement du monde à côté de son cocktail. « Me regarde pas comme ça. J’ai vu plus bizarre comme mélanges depuis que je travaille ici, crois-moi. Ça se tente. » Et ce serait sûrement immonde, mais comme ça elle avait au moins le choix de se réveiller comme elle le souhaitait. « J’aurais jamais réussi à t’imaginer dans un endroit pareil. » « M’en parle pas. Personne, je crois. » Moi la première. Lily la deuxième. Je lui serai toujours infiniment reconnaissante de me laisser travailler ici alors que je risquais à tout instant de faire couler son affaire. Peut-être aimait-elle prendre des risques aussi finalement. « Comment t’es arrivée ici ? » Excellente question. Elle n’avait donc pas eu les dernières péripéties de la famille Barker. « Même: comment t’es arrivée à travailler ici ? » Je pris le temps d’afficher une grimace dramatique avant de lancer : « Long story short : un père incompétent aux commandes d’une entreprise florissante. Une mère qui a les dents qui rayent le parquet qui le fait tomber de son piédestal pour prendre sa place et décide au passage de l’évincer de sa vie lui et sa fille, les laissant tristement sans le sou et dans une merde noire au milieu du commun des mortels. Et puis une gérante de café avec qui je m’entends bien qui a eu…pitié de moi j’imagine. » Je pouvais développer l’histoire au besoin, mais celle-ci comporterait un peu plus d’insultes. « Loin de moi l’idée de venir re ravir la première place mais est-ce qu’on peut dire que j’arrive close second dans la catégorie histoires familiales merdiques ? » Et on gagnait quoi comme trophée ?

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(#)Mer 13 Sep 2023 - 22:54

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« Tu sais on m’a proposé des postes de directeur financier, de président et autres places au sein du conseil d’administration d’associations caritatives…mais bon je me suis dit que serveuse dans un café c’était bien plus challengeant. Et on sait à quel point j’aime relever un bon défi, n’est-ce pas ? » Bien sur que le sourire qu’étirait Millie en cet instant était amusé, aux paroles de sa cousine. Oh, elle ne doutait pas un seul instant qu’elle puisse être partante pour relever certains défis, mais comme elle lui avait dit l’instant d’avant, elle ne la voyait simplement pas travailler tout court - et c’était cette partie là qui était autant étonnante que détonnante. « De président d’association et t’as dit non, ah ouais ? » Elle se moquait gentiment bien sur. « Et pardon mais tu considères que faire la potiche aux différents événements du gotha de Brisbane ça n’est pas un travail à temps plein ? Quelle déception vraiment. » Son rire se fit plus franc et plus amusé bien sur, alors qu’elle secouait la tête quelque peu. « Ca demande autant d’énergie qu’un temps plein je suppose de supporter tout ça, je peux au moins t’accorder ça. »

La question suivant de CeCe fut celle qui, bien sur, autant dans ce type de discussion que dans leur situation était attendue - mais ce n’était pas celle qui plaisait à Millie. Elle ne supportait pas répondre à la question comment ça va puisque par défaut, ça n’allait jamais vraiment. Lorsqu’elle était posée par des inconnus, elle se contentait de répondre par la positive avec un petit sourire - mais lorsqu’il s’agissait de personnes qui faisaient partie de son cercle proche, c’était toujours plus délicat. Alors, plutôt que de répondre, elle renvoya la balle dans le camp de Cecilia - qui se contenta d’un haussement d’épaules de son côté. Elles savaient parfaitement toutes deux qu’elle tenait le coup, malgré les années écoulées, et que la question suffisait seule à servir de réponse. Ou plutôt: apparemment, c’était un cocktail qui pouvait faire officie de réponse - là où Millie était initialement venue pour juste un café. Sa cousine lui en glissa un sur le comptoir dans la foulée, ce à quoi elle haussa un sourcil - parce-qu’elle lui avait déjà servi le cocktail aussi. « Me regarde pas comme ça. J’ai vu plus bizarre comme mélanges depuis que je travaille ici, crois-moi. Ça se tente. » Les yeux de la brune naviguèrent du verre à la tasse, plissant un peu le bout du nez, ajoutant un petit rire à la situation. « Je vais me contenter de les boire l’un après l’autre je crois. Merci. »

« M’en parle pas. Personne, je crois. » Le décor détonnait autour d’elle - ou plutôt CeCe détonnait dans le décor, mais c’était moins flatteur dit comme ça. « Long story short : un père incompétent aux commandes d’une entreprise florissante. Une mère qui a les dents qui rayent le parquet qui le fait tomber de son piédestal pour prendre sa place et décide au passage de l’évincer de sa vie lui et sa fille, les laissant tristement sans le sou et dans une merde noire au milieu du commun des mortels. Et puis une gérante de café avec qui je m’entends bien qui a eu…pitié de moi j’imagine. » Bien sur que plus elle avançait dans son récit, plus sa cousine fronçait les sourcils - Millie n’avait pas eu vent de la moindre des choses de cette histoire. En même temps, il aurait fallu qu’elle soit en contact avec sa mère à elle pour que ce soit le cas, et ce n’était pas le cas alors. « Attends comment ça ta mère est partie ? » Parce-que c’était le sous-entendu de ses paroles. « Ca s’est passé quand ça ? » Parce-qu’elle n’ait pas eu vent de par sa mère, d’accord, mais Cecilia autant que son père n’auraient pas été mis à la porte s’ils avaient sonné à la porte du mère de Millie; ce n’était pas la même branche de la famille, mais ça restait de la famille quand même. « Loin de moi l’idée de venir re ravir la première place mais est-ce qu’on peut dire que j’arrive close second dans la catégorie histoires familiales merdiques ? » Millie pencha légèrement sa tête sur le côté, ses yeux soulignant à quel point CeCe savait piquer là où les autres n’avaient pourtant pas envie de la voir arriver. « Tu sais très bien que c’est pas un concours. » Les problèmes étaient certes apparemment une marque de fabrique dans leur famille, il n’y avait pas besoin de mettre qui que ce soit en premier sur le podium. « Pourquoi t’es pas venue nous en parler quand c’est arrivé ? » Elle fronça les sourcils. « Je sais que ça fait un bail, tout ça, mais t’aurais pu venir nous en parler CeCe, tu sais. »

(#)Ven 13 Oct 2023 - 17:12

« De président d’association et t’as dit non, ah ouais ? » La boutade était méritée et parfaitement bien placée, dur de lui en vouloir. « Je te jure. Tu sais bien que j’aime pas trop être sur le devant de la scène et que je préfère œuvrer dans les coulisses. » Le mensonge était si gros et si peu crédible qu’il était difficile de ne pas l’accompagner d’un sourire. Mieux valait en rire qu’en pleurer n’est-ce pas ? « Ca demande autant d’énergie qu’un temps plein je suppose de supporter tout ça, je peux au moins t’accorder ça. » Un long soupir et un franc hochement de tête étaient tout ce dont j’avais besoin pour valider ses propos. Et n’oublions pas de préciser que s’il fallait bel et bien supporter le même genre de lourdeurs dont personne ne veut, ce statut ne s’accompagnait en revanche pas d’un portefeuille bien rempli. Je gagnais tout juste de quoi payer mon loyer. Bon, le fait que je ne sache pas gérer mon argent jouait peut-être aussi, mais c’était un autre problème. Et si je vous mettais au défi de ne pas jeter votre argent par les fenêtres et dans des dépenses plus futiles les unes que les autres quand vous passiez de "héritière pleine au as" à "fauchée comme les blés" ? Vous ne vous en sortiriez certainement pas mieux que moi (bien qu’il était en tout cas difficile de faire pire).
« Je vais me contenter de les boire l’un après l’autre je crois. Merci. » « Sage décision j’imagine. » Quoique mélanger les deux aurait permis de rester à la fois réveillée pour affronter la journée, et l’alcool avait le mérité d’effacer un peu les abrutis auxquels elles risquaient d’être confrontées à un moment ou l’autre. « Attends comment ça ta mère est partie ? » Je hochais à nouveau la tête, surprise que l’histoire ne soit pas arrivée encore jusqu’à ses oreilles. « Je lui en veux pas. C’est elle qui faisait tout dans l’entreprise donc c’était qu’une question de temps avant qu’elle décide de foutre mon père dehors et reprendre ce qui lui revenait de droit. » J’aurais certainement fait pareil à vrai dire. Oh wait, il y avait quand même un sacré mensonge à rectifier dans cette phrase : « Enfin non oublie ça. Je lui en veux énormément parce que c’est être sacrément tordue que de faire retomber tout ça sur moi au passage et de décider que je suis un dommage collatéral qui mérite pas plus d’attention que ça. J’imagine qu’elle voulait plus rien avoir à faire avec mon père et sa vie passée ou une connerie dans le genre, donc ciao la fille chérie. » La mentalité de la famille Barker avait toujours été insaisissable mais ce qui était certain c’était que se serrer les coudes dans les moments difficiles ne faisait pas vraiment partie de nos priorités. Et j’en avais fait les frais. « Ca s’est passé quand ça ? » Je grimaçais, tentant l’espace de quelques secondes de savants calculs avant de finalement me contenter d’un vague « Plusieurs mois. Mais ça me parait déjà être une éternité vu le bordel qu’est devenu ma vie depuis. » Après si j’étais parfaitement honnête je devais reconnaitre que ma vie n’était certainement pas plus en bordel que celle de n’importe qui d’autre. Exercer un job ni passionnant ni épanouissant pour payer son loyer, c’était le quotidien de tout le monde. Je n’y étais juste pas habituée. Et je préfèrerais ne jamais avoir à l’être mais bon. « Tu sais très bien que c’est pas un concours. » Je grimaçais légèrement en guise de réponse. Oui bon ok. Mais qu’elle me laisse au moins avoir ma place sur le podium puisque cela semblait être la seule chose qui me restait. Est-ce que je pouvais avoir ma médaille ? L’argent, ça se revendait bien. « Je sais que ça fait un bail, tout ça, mais t’aurais pu venir nous en parler CeCe, tu sais. » Bonne question. Je baissais les yeux l’espace de quelques secondes en réfléchissant sérieusement aux raisons que j’avais trouvées pour ne pas l’avoir fait. J’aurais pu, comme à mon habitude, trouver une excuse faussement larmoyante que tout le monde aurait pris pour argent comptant sans poser davantage de questions. Mais bien que cela fasse un moment que nous nous soyons perdues de vue, Millie et moi avions passé suffisamment de temps ensemble pour qu’elle soit aujourd’hui en mesure de détecter le plus crédible de mes mensonges. Alors autant verser dans l’honnêteté pour changer. Je relevais mon regard vers elle, un sourire contrit sur les lèvres : « Une histoire d’égo j’imagine. C’est dur de se retrouver du jour au lendemain dans une situation où tu dois demander de l’aide quand t’as jamais eu à le faire par le passé. Et je suis bien évidemment beaucoup trop butée pour vouloir saisir une main tendue quand l’autre option qui s’offre à moi c’est de montrer que je peux m’en sortir toute seule comme une grande. » Plus ou moins bien. Pas sûr qu’occuper ce job là était la meilleure preuve que je m’en sortais parfaitement bien. « Et puis t’avais pas besoin d’un boulet dans ta vie qui, je l’espère, est un peu plus calme aujourd’hui ? » C’était ma façon maladroite et clairement pas subtile de lui demander ce qui se passait pour elle et où elle en était de son côté.

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(#)Sam 25 Nov 2023 - 3:56

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« Je te jure. Tu sais bien que j’aime pas trop être sur le devant de la scène et que je préfère œuvrer dans les coulisses. » - « J’ai aucun doute sur ça. » Bien sur qu’elles savaient toutes les deux que la vérité n’était pas celle ci, mais plaisanter un petit peu ne pouvait pas faire de mal en sachant que la situation ne devait pas être des plus simples pour que Cecilia se retrouve là où elle en était.

Ce fut d’ailleurs sur cette partie là que leur conversation se concentra par la suite, alors qu’elle lui apprenait que sa mère à elle, aussi, était partie. « Je lui en veux pas. C’est elle qui faisait tout dans l’entreprise donc c’était qu’une question de temps avant qu’elle décide de foutre mon père dehors et reprendre ce qui lui revenait de droit. » Vu sous cet angle, il était vrai que c’était un brin plus complexe de se dire qu’elle était en tort. Mais la réaction de sa cousine était quelque peu étrange, là où elle s’attendait à la voir bien plus vindicative que cela - et il suffit effectivement d’une poignée de secondes pour que sa réaction change du tout au tout et qu’un fin sourire amusé se glisse sur les lèvres de Millie. « Enfin non oublie ça. Je lui en veux énormément parce que c’est être sacrément tordue que de faire retomber tout ça sur moi au passage et de décider que je suis un dommage collatéral qui mérite pas plus d’attention que ça. J’imagine qu’elle voulait plus rien avoir à faire avec mon père et sa vie passée ou une connerie dans le genre, donc ciao la fille chérie. » - « Je trouvais ça bizarre que tu réagisses si bien. » Parce-que même Millie, qui savait être extrêmement conciliante et compréhensive, n’avait pas su ne pas en vouloir à sa propre mère d’avoir mis les voiles; et tout le monde était bien au courant que des deux, CeCe était celle qui avait un caractère bien plus trempé. « Tu sais, tu perds ton temps à tenter de lui trouver une excuse je pense. » Il y avait parfois des actions qui n’étaient pas si facilement explicables. Parfois des réactions qui semblaient tomber sous le sens mais seulement pour les protagoniste principaux - ceux autour n’avaient aucune idée de ce qu’il pouvait bien se passer réellement. « Elle s’est peut-être simplement dit que tu lui en voudrais d’agir comme ça et que c’était plus simple que tu lui en veuilles parce-qu’elle a pas été là pour toi plutôt que parce-qu’elle a fait du mal à ton père. » Elle plissa le bout de son nez, attrapa son café - pour le reposer et finalement prendre le cocktail que CeCe lui avait préparé en parallèle. Elle en but une gorgée.

« Plusieurs mois. Mais ça me parait déjà être une éternité vu le bordel qu’est devenu ma vie depuis. » Elle haussa un sourcil; plusieurs mois, c’était long en gardant cela pour elle. Pas qu’elle était obligée de rapporter quoi que ce soit à Millie, bien sur que non - cela devait faire plusieurs années qu’elles ne s’étaient pas parlées -, mais disons que s’il existait bien une personne qui aurait pu comprendre dans quelle situation elle se retrouvait, c’était elle. Leurs mères n’étaient pas soeurs pour rien et montraient bien que certains comportements se devaient d’être génétiques. « Une histoire d’égo j’imagine. C’est dur de se retrouver du jour au lendemain dans une situation où tu dois demander de l’aide quand t’as jamais eu à le faire par le passé. Et je suis bien évidemment beaucoup trop butée pour vouloir saisir une main tendue quand l’autre option qui s’offre à moi c’est de montrer que je peux m’en sortir toute seule comme une grande. » Millie fit une petite moue, penchant quelque peu sa tête sur le côté; elle entendait tout à fait les arguments de Cecilia, pour les avoir utilisés de son côté plus d’une fois malheureusement. Plus une question de fierté que d’égo de son côté, mais cela restait la même chose in fine alors qu’elle se retrouvait seule et sans appui pour rebondir correctement. « Sauf que t’as jamais eu à t’en sortir toute seule jusque maintenant. » Ce n’était pas un reproche, loin de là; il s’agissait d’une simple constatation d’un quelque-chose que même la blonde ne pourrait nier. « On aurait pu être un appui pour toi, papa et moi. » Parce-qu’il ne fallait pas qu’elle compte sur sa tante, puisque Millie elle-même n’avait pas de nouvelles de sa propre mère.

« Et puis t’avais pas besoin d’un boulet dans ta vie qui, je l’espère, est un peu plus calme aujourd’hui ? » Gardant un instant son regard dans celui de la jeune femme, elle finit par lever les yeux au ciel avec un petit rire. « Si seulement ma pauvre, si seulement. » Une fois de plus, face à CeCe qui connaissait la configuration familiale qui était celle de la brune, il n’était pas nécessaire de se cacher d’une quelconque façon; au moins, c’était là un avantage qu’elle ne pouvait pas se permettre avec tout le monde. « Franchement, ça aurait presque été facile de t’aider toi en comparaison de tout le reste à côté. » Elle leva sa main devant elle. « Sans offense, mais disons que je passe mes journées à m’occuper d’autres personnes et à faire en sorte que leur quotidien soit plus simple, alors ça aurait été presque facile pour moi. » Puis, baissant le regard, elle haussa quelque peu les épaules. « Au moins pour toi, j’aurais pu faire quelque-chose. Facilement, je veux dire. » Parce-qu’il y avait d’autres situations où il était bien plus compliqué de s’extirper sans y laisser des plumes. « Ils ont tourné un film, inspiré de la disparition de Reggie. » Autre avantage avec CeCe: pas besoin de mâcher ses mots. Les années s’étaient écoulées, mais certaines choses restaient facile à remettre en place entre certaines personnes. « Il est censé sortir en salle l’année prochaine et je suis incapable d’arrêter la machine pour que ça n’arrive pas. » Elle eut un faible rire, secouant quelque peu sa tête. « Donc dans pas longtemps, après être passé dans tous les journaux télévisés pendant des semaines, c’est sur grand écran que l’histoire des Butcher va être diffusée. » Millie remonta son regard dans celui de la blonde. « Au moins, si t’étais venue me demander de l’aide, j’aurais su quoi faire pour réussir à t’en donner à toi. »

(#)Mar 16 Jan 2024 - 23:29

« J’ai aucun doute sur ça. » Evidemment. Ca avait beau faire des années qu’on ne s’était pas croisées, elle me connaissait suffisamment pour savoir comment j’étais et se douter que je ne changerai plus. « Je trouvais ça bizarre que tu réagisses si bien. » Oui, tenter de garder la face ne me réussissait pas quand au fond de moi la seule envie que j’avais était d’aller sonner à la porte de ma mère pour lui faire un doigt d’honneur et repartir sans un mot. Un peu dramatique mais diablement efficace pour lui faire savoir ce que je pensais d’elle finalement. « Tu sais, tu perds ton temps à tenter de lui trouver une excuse je pense. » Je relevais la tête pour l’observer, plissant légèrement les yeux en écoutant son explication digne du meilleur des psy (qu’est-ce que j’en savais ? Je n’allais pas payer quelqu’un pour s’occuper de mes problèmes quand j’étais capable de mettre la terre à feu et à sang toute seule comme une grand pour les régler). J’affichais un léger sourire amusé en la voyant se diriger vers le cocktail que je lui avais servi. « La morale de l’histoire c’est que dans les deux cas j’ai le droit de lui en vouloir à mort ? » et de l’insulter ou de la décrédibiliser au passage si l’opportunité m’était donnée. Mais bon, j’imaginais sans peine que non ça n’était pas vraiment la morale à laquelle Millie pensait aboutir. Mais c’était celle que je choisissais de retenir. « De toutes façons c’est pas comme si elle avait essayé de me recontacter ou de me revoir pour mettre les choses au clair ou juste…vérifier que j’étais toujours en vie. » Peut-être que je faisais fausse route depuis toutes ces années mais j’avais toujours cru qu’il y avait un minimum syndical quand on était mère : et vérifier que son enfant était toujours vivant me semblait être un bon point de départ.
« Sauf que t’as jamais eu à t’en sortir toute seule jusque maintenant. » Je grimaçais bien malgré moi à cette vérité. Je détestais l’idée d’avoir été une assistée toute ma vie, aidée par l’argent de mes parents et leurs connaissances, mais je ne pouvais pas nier que je m’étais rarement débrouillée par moi-même. Et maintenant que c’était le cas…je ne pouvais pas non plus dire que c’était une franche réussite. « On aurait pu être un appui pour toi, papa et moi. » Je l’observais longuement, me laissant aller à rêver l’espace de quelques secondes à ce qu’aurait pu être ma vie si j’avais choisi d’agir de la sorte et de demander de l’aide. Je finis par secouer la tête de gauche à droite comme pour effacer cette utopie qui n’avait pas sa place dans ma réalité : « Ça aurait certainement été une sage idée…mais je suis bien trop bornée pour ça j’imagine. Tu trouves pas que mes décisions m’ont justement amenée à un présent idyllique ? » demandais-je tout en balayant de ma main la salle du dbd. Les sages décisions ne me ressemblaient de toutes façons pas. Surtout pas quand je pouvais au contraire agir de façon parfaitement irréfléchie pour m’assurer un job de merde, un appart à la hauteur dudit job et des amis qui n’en étaient pas vraiment puisque je passais mon temps à chercher de quelle manière les exploiter à mon avantage.
Mais -chose que j’avais peu l’habitude de dire- assez parlé de moi. Je me demandais sincèrement ce qui avait bien pu se passer dans la vie de Millie depuis tout ce temps. Et j’espérais surtout que le karma avait fini par enfin faire son boulot correctement -j’en doutais- pour faire en sorte qu’il lui arrive enfin des choses bien. « Franchement, ça aurait presque été facile de t’aider toi en comparaison de tout le reste à côté. » Je grimaçais une nouvelle fois. Ca partait très mal comme histoire. « Au moins pour toi, j’aurais pu faire quelque-chose. Facilement, je veux dire. » Je fronçais les sourcils : « Mais tu bosses ou tu vis avec Satan ou quoi ? » Je me demandais parfois si Satan était vraiment pire que moi mais je n’avais pas vraiment d’autre équivalent pour qualifier l’enfer qu’elle devait vivre s’il était plus compliqué que la perspective de pouvoir m’aider moi. « Ils ont tourné un film, inspiré de la disparition de Reggie. » Les doigts de ma main droite vinrent se serrer spontanément autour du verre qui s’y trouvait. C’était une blague ? « Il est censé sortir en salle l’année prochaine et je suis incapable d’arrêter la machine pour que ça n’arrive pas. » Ok. Pas une blague donc. Enfin si. Une grosse blague. La plus grosse blague que l’histoire ait jamais connue quand il ne faisait aucun doute que tous les principaux concernés n’avaient pas donné leur accord pour ça. « Donc dans pas longtemps, après être passé dans tous les journaux télévisés pendant des semaines, c’est sur grand écran que l’histoire des Butcher va être diffusée. » « Ils sont sérieux ? » En plus d’être vénaux et complètement égocentriques, manquant totalement d’empathie (oh wait…cette description me rappelait quelqu’un…). « Qu’est-ce qu’on peut faire pour les arrêter ? » Oui. J’utilisais très spontanément le "on" dans cette histoire parce qu’il était hors de question que je n’essaye justement pas de l’aider maintenant que j’avais eu vent de l’affaire. Et je me doutais qu’elle avait déjà du faire tout ce qui était en son pouvoir pour stopper le film, mais elle n’était peut-être pas prête à utiliser les mêmes moyens que moi. Qui avaient tendance à être plutôt douteux et borderline immoraux, mais qui avaient prouvé leur efficacité par le passé. « Qui est-ce qu’on doit aller frapper ? menacer ? C’est facile de faire ressortir le sombre passé des gens tu sais… » J’étais en tout cas bien placée pour le savoir de mon côté. « …et c’est encore plus facile de leur en inventer un. » Et si on ne pouvait pas stopper le film malgré ça, la technique aurait au moins le mérite de détourner l’attention ailleurs. Une valeur sûre.

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« La morale de l’histoire c’est que dans les deux cas j’ai le droit de lui en vouloir à mort ? » Bien sur qu’elle eut un fin sourire tout en levant les yeux au ciel. « Si ça peut t’aider, t’as le droit oui. » Même si ce n’était surement pas la solution la plus efficace, elle ne pouvait pas lui en vouloir puisque c’était en partie ce qu’elle ressentait aussi vis-à-vis de sa propre mère. Elle ne le formulait pas de cette façon, mais le résultat n’était pas loin. « De toutes façons c’est pas comme si elle avait essayé de me recontacter ou de me revoir pour mettre les choses au clair ou juste…vérifier que j’étais toujours en vie. » Elle tira une petite moue. « Je suis désolée CeCe. » Les deux cousines n’avaient beau ne pas avoir été proches ces dernières années, ce n’était pas pour autant qu’elle n’était pas authentiquement désolée pour elle. Personne ne méritait d’être ignoré par sa mère, et surtout pas dans de telles conditions. Millie aurait aimé pouvoir faire plus - faire quelque-chose tour court, en réalité - pour elle, si seulement elle était venue se confier à elle ou au père de la brune. « Ça aurait certainement été une sage idée…mais je suis bien trop bornée pour ça j’imagine. Tu trouves pas que mes décisions m’ont justement amenée à un présent idyllique ? » Elle plissa avec une touche d’amusement le bout de son nez. « Touché. »

Cela aurait toujours été plus simple à gérer que sa propre réalité qui tournait cauchemar au fur et mesure des mois qui s’écoulaient. « Mais tu bosses ou tu vis avec Satan ou quoi ? » - « Peut-être que j’aurais préféré. » Au moins elle aurait su à quoi s’attendre pour son avenir. Elle se permit tout de même de préciser un point important à ses yeux. « Mon boss est insupportable mais vraiment talentueux, mais c’est pas lui Satan, qu’on soit d’accord sur ce point. » Ce n’était pas la peine de faire siffler pour rien les oreilles de James alors qu’il ne l’avait pas mérité.

« Ils sont sérieux ? » Cecilia rebondit là sur la mention du véritable Satan dans l’histoire de Millie, de celui dont elle n’arrivait pas à se débarrasser malgré ses tentatives désespérées - et surtout en rien efficaces. Ce n’était pas faute d’avoir envie de voir cette pente arrêter d’être glissante, mais plutôt qu’elle n’avait pas la méthode miracle et efficace. « Qu’est-ce qu’on peut faire pour les arrêter ? » Tournant complètement son visage vers sa cousine, elle haussa quelque peu un sourcil. Ce n’était pas qu’elle n’appréciait pas l’effort, vraiment; mais elle n’en était pas à son premier rodéo et elle savait malheureusement d’avance comment les choses se termineraient. « Qui est-ce qu’on doit aller frapper ? menacer ? C’est facile de faire ressortir le sombre passé des gens tu sais… et c’est encore plus facile de leur en inventer un. » - « Tu dois m’avouer que je vais devoir te faire sortir de prison dans pas longtemps avec un discours comme ça ? » Elle préférait ajouter là une touche d’humour plutôt que de plonger tête baissée dans le sérieux de leur discussion. Millie se permit tout de même un petit soupire. « On peut pas faire grand chose malheureusement. J’ai essayé, mais apparemment j’ai pas mon avis à donner sur la situation. » Ce qui était un tantinet bien dommage alors qu’elle était l’une des personnes principalement impactée par tout ce remue-ménage en cours d’installation. « Les droits ont été achetés légalement, y’a aucun plainte qui pourrait faire changer quoi que ce soit. » Bien sur que sa mine moqueuse et rieuse avait perdu de sa superbe en cet instant. « Il faut croire que dix ans, c’est la date d’expiration d’un semblant sentiment de paix, écoute. » Pas qu’elle était véritablement résignée, mais elle n’avait aucun pouvoir sur la situation et avait bien compris que les choses resteraient comme cela. Le seul point positif dans tout cela, c’était qu’elle avait été mise au courant avant de découvrir les choses sur le tas, et pouvait psychologiquement se préparer à ce qui allait arriver trop rapidement à son gout.

« Si ça peut t’aider, t’as le droit oui. » Je n’avais pas attendu la validation de quiconque pour ça mais je hochais malgré tout bien volontiers la tête pour confirmer que rien ne m’aidait plus (ou plutôt : me faisait du bien) que de pester contre ma mère et de l’insulter à loisir quand je m’ennuyais (comprendre : souvent). « Je suis désolée CeCe. » Je balayais d’un revers de la main ses excuses qu’elle ne me devait clairement pas. Elle était mieux placée que quiconque pour savoir que je n’étais pas prête à accepter la pitié des autres pour ce qui m’était arrivé. Non. Je préférais qu’ils se révoltent, qu’ils se soulèvent avec moi et qu’on puisse tous ensemble mettre joyeusement les environs à feu et à sang. C’était bien plus proactif et productif comme option. Peut-être qu’en m’y prenant bien et en jouant sur la corde sensible et familiale de Millie, je parviendrais à la convaincre de réaliser ce plan à mes côtés. Il n’y avait pas de mal à se montrer ambitieuse après tout.
Rassurée quant au fait qu’elle ne bossait vraisemblablement pas pour Satan, mais quelque peu préoccupée par le fait que cette optique lui paraissait préférable à sa situation actuelle, je me penchais sur le comptoir, happée par son histoire mais inquiète de la conclusion qu’elle annonçait. J’adorais les ragots, les péripéties, les coups fourrés…mais je devais reconnaitre que le fait que Millie soit au milieu de tout ça me dérangeait quelque peu. Surprenant pour moi qui n’en avais en général vraiment rien à faire des autres et pour qui la plus grande préoccupation était bien évidemment ma propre personne. Mes sourcils se froncèrent et je me redressais brusquement en réalisant qu’elle n’était pas seulement au milieu de toutes ces histoires mais qu’elle en était aussi tout bonnement la victime. Il ne m’avait pas fallu plus de quelques secondes avant de faire valoir la seule chose que je connaissais en réponse à ce genre de situations : la vengeance. « Tu dois m’avouer que je vais devoir te faire sortir de prison dans pas longtemps avec un discours comme ça ? » Je grimaçais légèrement avant d’admettre : « Ecoute, pas pour l’instant, profites-en. Mais je reconnais que je me demande parfois si ça n’est pas une question de temps. » Je n’aurais au moins plus de loyer à payer à ce compte-là. Il fallait voir le positif. Et les autres détenus seraient sûrement du même acabit que les clients que je servais au DBD, j’étais déjà habituée. « On peut pas faire grand chose malheureusement. J’ai essayé, mais apparemment j’ai pas mon avis à donner sur la situation. » Je continuais de secouer ma tête de gauche à droite, l’air grave. Hors de question d’accepter ça sans rien faire. « Les droits ont été achetés légalement, y’a aucun plainte qui pourrait faire changer quoi que ce soit. » Ok. Bien. Les options s’amenuisaient vraiment très rapidement et je me doutais que Millie avait déjà du retourner la situation dans tous les sens pour déterminer comment contre-attaquer. Mais il y avait quelque chose qu’elle n’avait pas et que je pouvais lui fournir : un cerveau tordu et malhonnête. « C’est inadmissible, j’en reviens pas. » Est-ce que c’était acceptable de casser un verre juste pour laisser évacuer une partie de ma colère à défaut de pouvoir taper sur la gueule des responsables ? « Mais c’est pas parce qu’il y a pas de recours légal qu’on peut pas leur pourrir cette histoire Millie. On peut a minima tenter de se mettre la presse et le public dans la poche en révélant les coulisses de ce tournage foireux qui t’impactent et font de toi un dommage collatéral pour faire comprendre qui sont les vrais méchants de l’histoire. » Et après on irait leur taper sur la gueule juste pour se sentir mieux. « Il faut croire que dix ans, c’est la date d’expiration d’un semblant sentiment de paix, écoute. » Mon corps tout entier était crispé, mais mes muscles se détendirent quelque peu à ses mots. C’était à mon tour d’être désolée pour elle maintenant et je détestais ce sentiment d’impuissance permanent dans lequel j’avais déjà l’impression de baigner au quotidien mais qui était exacerbé à ce moment précis. « Je peux te proposer de passer derrière le bar pour te faire un câlin pour ce que ça vaut. Et tu sais à quel point je déteste les démonstrations d’affection donc j’espère que tu réalises l’ampleur de la proposition. » Je n’avais guère que l’humour pour tenter de lui changer les idées face à une situation aussi merdique. « Mais sérieusement…je suis prête à te suivre pour changer ça. Je suis même prête à prendre le lead et prendre les coups pour échafauder un plan et assumer les conséquences. La prison, tout ça, tu sais… » Une question de temps on disait.

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Dire qu’elle se serait attendue à ce que Cecilia ait une réaction de cette ampleur à ses côtés n’aurait été que la vérité; qu’elle le fasse suite à ce que Millie pouvait lui raconter aurait été mentir tant elle ne s’était pas attendue à la voir révoltée de la sorte pour une histoire qui ne la concernait pas. Ce n’était pas un reproche, loin de là - cependant elle connaissait assez sa cousine pour savoir comment les choses se déroulaient lors de circonstances spéciales. « Ecoute, pas pour l’instant, profites-en. Mais je reconnais que je me demande parfois si ça n’est pas une question de temps. » La brune était un fin sourire mais pas moins franc aux mots prononcés par CeCe. « Face à une telle franchise, je peux que te promettre de payer ta caution va. » C’était une touche de légèreté au milieu de cette conversation qui bien sur pesait sur les épaules de la jeune femme. Elle aurait préféré ne jamais avoir à en reparler mais elle n’avait pas tant le choix: bientôt, tout cela serait sur grand écran. « C’est inadmissible, j’en reviens pas. » - « J’ai eu du mal à y croire aussi quand je l’ai appris… » Parce-qu’elle ne s’était jamais dit que cet enfer pouvait encore avoir un cercle de plus après tout ce qu’elle avait pu traverser avec les années, tout ce que sa famille avait pu traverser de façon plus générale avec les années.

« Mais c’est pas parce qu’il y a pas de recours légal qu’on peut pas leur pourrir cette histoire Millie. On peut a minima tenter de se mettre la presse et le public dans la poche en révélant les coulisses de ce tournage foireux qui t’impactent et font de toi un dommage collatéral pour faire comprendre qui sont les vrais méchants de l’histoire. » Si elles n’étaient pas en train de discuter de l’un des sujets qui mettait le plus à mal la bonne humeur et le moral de Millie, cette dernière aurait surement eu un petit rire amusé quant à l’engouement apparu sans préavis de la part de Cecilia. Aujourd’hui, elle ne sut malheureusement se contenter que d’un léger haussement d’épaules. « Ils réussiront simplement à le tourner à leur avantage si je me place en victime. C’est pas la première fois que ça arrive tu sais, j’ai pris le pli à force. » Elle aurait aimé se battre à armes égales et pouvoir être apte à faire quelque-chose; mais elle en avait parlé avec l’acteur principal du film et même lui était pieds et poings liés concernant le tournage de ce dernier - quel pouvoir avait-elle véritablement de son côté ? La presse adorait les ragots lorsque cela concernait les personnes plus ou moins proches des faits diverses qui avaient alimenté les médias à une certaine période, et Millie tomberait parfaitement dans cette catégorie là si elle se plaçait en victime. Et ce qu’elle désirait le moins dans ce monde, c’était d’avoir une lumière mise sur elle là où elle n’avait pas envie d’être mise en avant une fois de plus devant le grand public.

Comme elle avança à Cecilia: il fallait simplement se dire que la date limite à laquelle sa tranquillité prenait fin venait d’être atteinte, et que les misères allaient reprendre de plus belle dans les mois à venir. « Je peux te proposer de passer derrière le bar pour te faire un câlin pour ce que ça vaut. Et tu sais à quel point je déteste les démonstrations d’affection donc j’espère que tu réalises l’ampleur de la proposition. » A ces mots là, elle réussit à avoir un petit sourire attendri. « Merci CeCe. Je te le demanderai pas parce-que je sais que t’aimes pas ça mais j’apprécie, merci. » C’était un soutien qu’elle n’avait que peu autour d’elle finalement, surtout parce-qu’elle ne supportait pas être regardée comme une victime et avec pitié dans le regard par des personnes dont elle n’était pas proche - alors elle gardait tout cette histoire pour elle la plupart du temps. « Mais sérieusement…je suis prête à te suivre pour changer ça. Je suis même prête à prendre le lead et prendre les coups pour échafauder un plan et assumer les conséquences. La prison, tout ça, tu sais… » Elle secoua quelque peu son visage de gauche à droite. « On va éviter la prison, t’en fais pas. » Elle laissa un long soupire s’échapper. « Je pense que pour le moment juste savoir que t’es prête à être là si besoin ça suffit. » A ces mots là, elle posa un regard attendri sur sa cousine. « Tout comme j’ai envie que tu comprennes que c’est le cas dans l’autre sens aussi: je suis là si t’as besoin. Qu’importe pour quoi c’est. » Cecilia avait sa fierté, mais ce n’était pas pour autant qu’elle était obligée de repousser les personnes qui lui voulaient du bien.

« Face à une telle franchise, je peux que te promettre de payer ta caution va. » « Je reconnais bien là la générosité de ma cousine, merci. » lançais-je en souriant, réalisant par la même occasion que Millie était une des rares privilégiées à avoir droit à de sincères sourires de ma part et non aux grimaces forcées que j’affichais la plupart du temps. Malheureusement pour nous, les sourires ne furent pas de mise bien longtemps au vu du virage qu’avait pris la conversation. On aurait pu croire que le vrai drame dans cette histoire c’était la situation dans laquelle on venait de se retrouver (comprendre : moi ayant rejoint les rangs du petit peuple pour les servir), mais Millie venait de mettre la barre très haut avec ses révélations. « Ils réussiront simplement à le tourner à leur avantage si je me place en victime. C’est pas la première fois que ça arrive tu sais, j’ai pris le pli à force. » Elle était si désabusée et semblait avoir baissé les bras là où j’avais soudainement envie d’aller arracher quelques têtes (à ne pas prendre littéralement bien évidemment….à moins que…) Le fait que je venais d’être mise au courant à l’instant alors que Millie détenait cette information depuis bien plus longtemps et avait probablement déjà fait tout ce qui était humainement possible de faire pour tenter de trouver un semblant de justice à cette situation jouait certainement dans nos réactions diamétralement opposée. « Y en a marre de cette situation, des privilèges… » l’hôpital qui se fout de la charité ça CeCe… « …et du karma qui fait pas son boulot. » Et pourquoi attendre qu’il le fasse finalement ? N’était-ce pas à mon tour maintenant de remuer ciel et terre et de secouer des recoins plus sombres dans lesquels Millie n’aurait pas encore mis les mains ? Ca n’était pas ma place et elle ne m’avait rien demandé. La connaissant, si je lui faisais part de cette volonté naissante de faire justice moi-même quoi que cela m’en coûte, j’étais même certaine qu’elle m’en aurait dissuadée. C’était d’ailleurs ce qu’elle venait de faire en réalité mais je préférais me satisfaire de mes certitudes et de mes soudaines envies de vengeance. « Merci CeCe. Je te le demanderai pas parce-que je sais que t’aimes pas ça mais j’apprécie, merci. » Je lui lançais un nouveau sourire, moins marqué que les précédents mais tout aussi sincère. Peu importe le temps qui nous séparait, elle me connaissait toujours aussi bien. Elle faisait partie de ce cercle de personnes à qui l’on pouvait ne pas parler pendant des mois, parfois des années, mais avec qui on pouvait relancer un débat du jour au lendemain comme si de rien était et comme si les jours ne s’étaient pas écoulés. Je n’avais pas l’impression que l’une de nous deux ressentait un quelconque sentiment de culpabilité de ne pas être restées plus proches. En revanche c’était probablement bien la honte qui était d’une certaine manière parvenue à nous tenir éloignées. « Je pense que pour le moment juste savoir que t’es prête à être là si besoin ça suffit. » « Et ça sera toujours le cas. » J’étais même prête à être là même sans besoin et sans demande particulière de sa part, mais je n’étais pas certaine que c’était le moment de revenir là-dessus si jamais il me prenait l’envie soudaine de mettre mes menaces de vengeance à exécution une fois un plan solidement échafaudé. « Tout comme j’ai envie que tu comprennes que c’est le cas dans l’autre sens aussi: je suis là si t’as besoin. Qu’importe pour quoi c’est. » Le fait qu’il y avait encore des personnes sur lesquelles je pouvais encore compter était effectivement difficile à accepter pour moi. Parce que ma situation et mon caractère me semblaient rendre cette situation totalement impossible. Mais sa franchise raisonnait si fort dans cette phase que je ne pouvais pas la remettre en cause. Aussi je me permis pour une fois de l’accueillir avec un « Merci Millie. » court et efficace mais raisonnant lui aussi suffisamment fort en moi pour que je ne m’avise plus d’oublier cette information. Il n’était plus question de laisser ma fierté me priver des rares personnes que je n’avais pas envie de manipuler, que j’avais au contraire envie d’aider au même titre qu’elles-mêmes souhaitaient aussi me tendre la main, et que finalement…j’aimais ? Ew de l’amour familial sincère et non opportuniste. Je n’étais vraiment plus habituée.

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« Je reconnais bien là la générosité de ma cousine, merci. » Pour compléter parfaitement le tableau qu’elles étaient en train de dessiner, Millie lui adressa un petit clin d’oeil. Ce n’était pas assez régulièrement qu’elles pouvaient se permettre d’échanger de façon aussi légère, peut-être même tout court en réalité, et ce n’était pas la suite de la conversation qui s’en venait vers elles qui pourrait permettre que ce soit le cas. Alors il était évident, presque nécessaire, d’appuyer un instant de plus sur cette partie là avant d’entrer dans un vif du sujet qui plaisait bien moins. Au moins pour faire perdurer un instant encore le sourire sincère que Cecilia portait sur ses lèvres - elle savait pertinemment que ce n’était pas quelque-chose qui se faisait voir avec aisance.

Elle ne pouvait en vouloir à sa cousine d’avoir un réaction quelque peu à vif; autant parce-que c’était ce type de comportement qui était surement attendu dans ce genre de situation que parce-que l’information était nouvelle pour elle. Millie jonglait avec cette dernière depuis des semaines déjà, elle savait dans quelle direction tout ça s’en allait: elle avait eu le temps de digérer autant que possible, d’intégrer les nouvelles composantes, de prendre en compte les paramètres. « Y en a marre de cette situation, des privilèges… » La brune pencha quelque peu son visage sur le côté, haussant un sourcil; ce n’était pas le moment de souligner que ce n’était pas là une façon de faire qui voyait le jour aujourd’hui, et qu’elle n’était pas des mieux placée pour en parler. Elle savait que cela partait d’un bon sentiment du côté de la blonde. « …et du karma qui fait pas son boulot. » Peut-être qu’au moins cette partie là tira un petit sourire en coin à la jeune femme: effectivement, le karma n’était pas vraiment de leur côté. Un fin soupire finit malgré tout par échapper à Millie. « Y’en a marre, oui, comme tu dis. » Mais cela faisait des années maintenant qu’elle avait compris qu’il y avait certaines choses contre lesquelles lutter n’était pas possible, et hormis prendre son mal en patience, il n’était pas possible de faire grand chose.

« Et ça sera toujours le cas. » Elles avaient beau ne plus avoir autant d’accroches que cela avait pu être le cas pendant des années, lorsqu’elles étaient plus jeunes et que les réunions de famille étaient un élément plus important de leur quotidien au sens large, Millie pouvait sentir sans difficulté que CeCe était on ne pouvait plus sincère face à elle; si elle avait besoin, elle saurait répondre présente. L’inverse était tout autant vrai, et il en fallait pas qu’elle en doute. Millie considérait qu’elle avait perdu trop de membres de sa famille - réellement ou façon de parler - pour des raisons toutes plus idiotes les unes que les autres, qu’il n’était pas question que leur relation à elles s’effritent pour d’autres idioties qui n’étaient même pas d’elles initialement. « Merci Millie. » Elle opina du chef avec un petit sourire attristé accroché aux lèvres: c’était normal, à ses yeux en tous cas. Elle espérait qu’elles n’aient pas besoin de ce type d’excuses pour se recroiser, mais si jamais c’était le cas, elle prenait l’occasion. Tournant la tête vers l’autre bout du bar, Millie finit par designer l’endroit d’un mouvement de tête. « Je te monopolise pas plus, t’es attendue je crois. » Elle restait là, terminant les douze verres - ou presque - qu’elle avait devant elle désormais, mais elle se devait de laisser sa cousine travailler.

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