Venus fly trap (Laurie)

Venus fly trap

Elle est en retard putain. Elle est en retard par rapport à moi, c’est fou ça. Je n’ai jamais été un grand ponctuel, il m’arrive souvent de partir à l’heure où j’avais rendez-vous, surtout en soirée. Mais là elle fait fort quand même. Être en retard par rapport à l’heure où on devait se retrouver bon…ce n’est même pas vraiment du retard. Mais là je suis arrivé avant elle, donc on ne parle pas de cinq minutes de retard mais de plus d’une demi-heure. Qu’est-ce qu’elle fout ? Ah c’est bien une amie de Sara ça, j’aurais dû me douter qu’elle aussi était fâchée avec la ponctualité. Je suis chez Starbucks comme on se l’était dit, j’ai payé une blinde pour un café allongé tout simple et encore le serveur a trouvé le moyen de se planter sur mon prénom. Il a mis un putain de z à mon prénom, un Z. Je suis scandalisé, ça commence mal tout ça. En plus je me suis fait chier dans le bus en trimbalant mon sac rempli de matos de dessin depuis le boulot alors que le bus était bondé. J’espère vraiment qu’elle est sympa et que je ne regretterai pas d’avoir accepté de lui filer des cours. En plus je suis crevé, j’ai passé une bonne partie de la nuit à bosser sur des commissions pas faciles du tout. J’ai dû tout recommencer plusieurs fois. Une première parce que j’étais pas content de moi. La deuxième parce que j’ai renversé mon pot d’eau sur ma toile et la troisième parce que finalement je trouvais que les couleurs étaient trop vives. Je suis aussi patient qu’un gamin qui doit faire ses devoirs et j’ai la flemme de donner des cours après ma journée de boulot mais bon, je me suis engagé alors je m’y tiens. Et puis on va pas se mentir, elle a une sacrée communauté, le genre où je cracherais pas sur un coup de pub. Mon service est un peu intéressé, c’est pour ça que je ne lui ai pas donné de prix pour les cours, je ne me serais pas gêné sinon, business is business.

J’ai presque fini mon café quand je la vois -enfin- débarquer. C’est pas trop tôt hein, elle est réglée sur quel fuseau horaire ? “Salut, Laurie ?” Je demande pour être sûr même si la ressemblance avec ses photos laisse peu de place au doute. “Cesar” Je prends mon gobelet pour lui montrer mon prénom écorché. “Enfin Cezar pour Starbucks. Je suis sûr qu’ils le font exprès.” J’ai peut-être pas l’air super poli d’avoir commandé avant qu’elle soit là mais j’allais pas rester comme une plante verte dans un coin avec mon matériel en attendant qu’elle arrive. “Déso j’ai commandé un petit truc en t’attendant.” Le seul truc qui me fait chier pour recommander autre chose c’est le prix. Je me fiche de boire encore un café, je suis dopé à la caféine en général donc une tasse de plus ou de moins ne me change rien. “On se reprend quelque chose et tu m’expliques un peu ce que t’aimerais que je t’apprenne ?”

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Tu es en retard, tu le sais, au moment où tu pousses la porte du Starbucks et que tu reconnais l'odeur familière du café, des muffins qui sortent du four, au moment où ton regard bleuté se pose sur ton barista préféré... Tu es déjà en retard, peut-être que Cesar est déjà parti et que tu vas devoir envoyer un message à Sara pour t'excuser également. Ce n'est pas comme si tu l'avais fait exprès, pas comme si tu jouais les divas. Du tout, tu es tout simplement demandée et même ta manager a dû te rapeler qu'ambassadrice ou non, les retards n'étaient pas vraiment tolérés. Tu as dû te retenir de rouler des yeux et lui assurer que oui, tu avais prévu de rattraper tout ceci très prochainement. Tu l'as fait avec un joli sourire sur le visage, avant de retourner à ton carnet de rendez-vous et ta prochaine cliente, déjà bien en place dans sa chaise. En tant que maquilleuse, tu es occupée jusqu'à Octobre prochain, tous les rendez-vous où ont été pris, la place dans la chaise désormais plus que prisée. Il n'y a pas que ça, tu veilles au grain sur ton compte Instagram pour toute opportunité de partenariat et de mannequinat pour faire tourner la petite machine qu'est devenue ta vie et ton image.
"Je suis là, je suis là...." Tu es là, face à Cesar et si tu essayes de voir la ressemblance avec Sara, tu n'essayes pas trop longtemps. Il a le droit à un sourire alors que tu te poses en face de lui, abandonnant ton sac plus que rempli sur le sol et ta veste en cuir sur le dossier de la chaise. "Moi d'après les baristas ici, je suis Laura, mais faut pas leur en vouloir, ils sont mal payés et ils font des shifts beaucoup trop longs, si tu laisses un pourboire, ils te laissent partir avec des trucs gratuits." Tu le connais bien ce Starbucks, il est proche de ton petit appartement et c'est pour ça que tu lui as donné rendez-vous ici. "Bouge pas." Un clin d'oeil et tu es en mouvement, guidée par tes plateformes, il n'y a qu'un client avant toi mais un simple regard échangé avec le barista et il sait ce que tu veux. Tu fais un signe vers Cesar pour indiquer qu'il reprendra la même chose et tu glisses un billet de vingt dollars directement dans les mains du barista qui s'active aussitôt. Oui que tu penses en revenant vers Cesar les bras chargés, tu passes beaucoup trop de temps ici. Plus que la caféine, tu aimes la marque, tout ce qu'elle représente et sans vanilla iced latte, tu ne pourrais pas finir tes journées, ça, tout le monde, de tes abonnés à ta mère le sait déjà.
"Tiens, pour me faire pardonner de mon retard." Ce n'est pas grand chose, mais on ne pourra pas te traiter d'ingrate, que tu penses alors que ta paille trouve tes lèvres. Tu prends une longue gorgée de ta boisson vanillée la seconde suivante. Voilà, ça va beaucoup mieux. "Ce que je cherche ? Pas grand chose, juste quelqu'un qui peut m'apprendre les bases pour dessiner, on m'a dit que ça ferait de moi une meilleure maquilleuse et j'étais curieuse." Tu avoues cela dans un haussement d'épaules. "Et puis... j'ai toujours considéré le maquillage comme une sorte de peinture, pas sur un canvas du coup, mais sur un matériel plus vivant, littéralement. Attends, jte montre ce que je sais faire." Qu'il ne se dise pas que tu es une novice complète, que tu penses en sortant ton téléphone portable de ta poche.

(#)Mar 5 Sep 2023 - 0:48

Venus fly trap

@Laurie Wright

"Je suis là, je suis là...." Et c’est pas trop tôt, j’ai cru qu’elle se pointerait jamais. Je suis sûr qu’elle a passé une heure dans la salle de bain avant de venir, en même temps j’aurais dû savoir à quoi m’attendre avec une pote de Sara. "Moi d'après les baristas ici, je suis Laura, mais faut pas leur en vouloir, ils sont mal payés et ils font des shifts beaucoup trop longs, si tu laisses un pourboire, ils te laissent partir avec des trucs gratuits." Super je dois passer pour le client chiant qui critique les employés maintenant. Je me sens un peu con. “Oui c’est sûr, enfin bref c’est pas grave.” J’ai pas envie de me lancer dans un débat sur les employés sous payés, les conditions de travail ou quoi, on est pas là pour ça. Je vois qu’elle se lève et avant que j’ai pu poser une question elle me dit. "Bouge pas." Je vois qu’elle commande quelque chose pour elle et j’ai l’impression qu’elle m’a recommandé un truc aussi. J’ai la confirmation quand elle revient avec deux boissons. Rien qu’à voir la couleur de son truc elle a dû prendre un mélange chelou, un truc à la citrouille fancy ou quelque chose dans le genre. Le genre de boissons qui m’écoeure, je préfère m’en tenir à un café corsé sans toutes ces conneries d'arômes en plus. "Tiens, pour me faire pardonner de mon retard." J’apprécie le geste, c’est cool de sa part et je dois avouer que j’ai bien besoin d’un second café, même si celui de chez Starbucks est vraiment pas fameux. Mieux vaut un café moyen que pas de caféine, c’est ce que je me dis souvent. “Merci, fallait pas.” Je lui fais un petit sourire faussement gêné, c’était quand même le minimum de sa part après autant de retard. Maintenant qu’on a de quoi boire j’ai hâte d’en savoir plus sur ce qu’elle attend de moi. J’ai rien d’un expert, d’un prof. J’ai pas fait de formation, d’école d’art au nom pompeux avec des fils à papa qui n’ont aucun talent. Je ne suis pas -encore- célèbre donc sur le papier je suis pas le prof idéal. "Ce que je cherche ? Pas grand chose, juste quelqu'un qui peut m'apprendre les bases pour dessiner, on m'a dit que ça ferait de moi une meilleure maquilleuse et j'étais curieuse." Je hoche la tête, dessiner et maquiller c’est quand même différent mais je vois où elle veut en venir. "Et puis... j'ai toujours considéré le maquillage comme une sorte de peinture, pas sur un canvas du coup, mais sur un matériel plus vivant, littéralement. Attends, jte montre ce que je sais faire." Oui elle a pas tort finalement, c’est ce que je me dis en regardant les photos qui défilent sur son écran. Enfin la première pensée qui me vient c’est “putain y a beaucoup de paillettes quand même”. Ca doit gratter ces machins là, j’ose même pas imaginer à quel point ça doit être chiant à faire partir. Et le temps qu’il doit falloir pour faire ces looks. Si Sara fait la même chose quand elle sort je comprends mieux qu’elle passe la soirée dans la salle de bain. J’ai beau être patient pour la peinture je sais pas comment elles font pour faire ça. “Je vois ce que tu veux dire oui. C’est chouette tout ça.” Très coloré et pailleté mais bon c’est plutôt harmonieux. Je prends quelques secondes pour réfléchir à comment organiser la suite. “Bon j’ai l'impression que t’as quand même des bases, le mieux c’est de tester quelque chose sur papier je pense.” J’attrape mon carnet et un crayon avant de lui demander. “C’est quoi le thème de ton prochain maquillage ? Y a un truc particulier à travailler ? Je sais pas moi, un truc avec des fleurs peut-être ?” Je fais un petite pause avant d’ajouter. “J’avoue, j’y connais rien en maquillage, c’est le truc de Sara ça, donc bon va falloir que tu m’expliques des fois.” Je sens qu’elle va me lâcher deux ou trois termes techniques et que ça va me perdre mais bon il va bien falloir passer par là.

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"Ouais... chouette." C'est comme cela que Cesar le résume et tu ne peux empêcher le sourire crispé qui passe sur ton visage et tu tires sur ta paille l'instant suivant, pour avoir un peu plus de caféine dans le système et pour ne pas le prendre personnellement. Peut-être que ce n'était pas une insulte aux yeux du brun, peut-être qu'il s'agit tout simplement d'un monde qu'il ne connait pas et tu n'as pas besoin de monter sur tes grands chevaux, pas vrai ? Tu te le répètes alors que tu conserves ton sourire sur ton visage, une partie de toi un peu peinée que tout cela soit balayé d'une simple phrase. Alors que les crayons de maquillage, les tubes de gloss et les fards à paupières... c'est toute ta vie, c'est comme cela que tu t'exprimes, comme cela que tu t'es toujours retrouvée, toujours. Mais Cesar ne sait pas et plutôt que de raconter toute l'histoire de ta vie, tu préfères répondre à ses dires.
"Okay, je n'ai jamais fait ça sur du papier, mais le mieux c'est que je me lance." N'est-ce pas ? Oui, c'est comme cela que tu fonctionnes, tu es capable de mettre les doutes et tout le reste au placard et de te lancer, peu importe le domaine, peu importe ce que l'on te demande de faire. Pour certains, ça veut dire que l'on peut t'approcher, que tu es sociable et que tu peux tout faire, quand en réalité, ça veut juste dire que tu es prête à tout pour avoir un peu d'attention et ne pas te retrouver toute seule. "Pas de soucis, t'es pas Sara, ne t'inquiète pas, j'avais compris." Là, tu lâches un vrai rire et tu vas garder les termes techniques pour toi, il a déjà un crayon à la main le Cesar, est-ce que tu devrais faire pareil ? Tu n'as que des palettes de maquillage dans ton propre sac alors ça ne risque pas d'arriver tout de de suite. "Je ne fonctionne pas comme ça, les gens me disent ce qu'ils veulent, ils me parlent des soirées qu'ils ont prévu, qui ils vont voir, leur tenue et je m'adapte en fonction en fait." Il n'y a pas qu'une seule technique, pas qu'une seule marche à suivre et pas qu'une seule façon de contenter les personnes qui viennent se poser dans ta chaise. Tu as des réservations jusqu'à novembre maintenant, il faut dire merci à Instagram mais pas que, tu es douée dans ton domaine et ça ne date pas d'hier. Tu sais te débrouiller avec un pinceau entre les mains et ça, personne ne peut te l'enlever.
"Ouais, il y a beaucoup d'improvisation dans ce que je fais, ouais." Tu ne peux que le résumer que comme cela et tu fouilles dans ton sac, sortant une ou deux palettes et ta trousse de pinceaux. "Le mieux serait que jte montre... tu pourrais être encore plus beau, tu sais ?" Le nouveau sourire qui se pointe sur ton visage est plus prononcé et encore plus immense que le précédent, c'est le moment de voir à quel point Cesar est sur le point de se fermer et de jouer les durs à cuire. Tu ne le sais pas encore, mais le maquillage, ce n'est pas réservé qu'à la gent féminine, surtout pas maintenant, surtout pas à l'ère de la libération et du numérique.

(#)Ven 15 Sep 2023 - 19:53

Venus fly trap

@Laurie Wright

"Ouais... chouette." Elle a pas l’air super contente de ma réaction mais bon j’ai été clair sur le fait que je n’y connais rien en maquillage et que j’y suis donc pas forcément très sensible. C’est peut-être extraordinaire ce qu’elle vient de me montrer, ou commun j’en sais trop rien. Même si son égo en a pris un coup c’est pas grave, je suis là pour lui apprendre des trucs, pas pour la flatter. Je commence à réfléchir à voix haute sur la manière dont il faudrait commencer le cours. "Okay, je n'ai jamais fait ça sur du papier, mais le mieux c'est que je me lance." Je hoche la tête, si elle n’essaie pas c’est sûr qu’on ira nulle part. “Il faut essayer oui, ça va aller t’en fais pas”. Même si ce n’est pas très bon c’est pas grave, elle est là pour apprendre et si on inversait la situation je serais extrêmement nul avec une palette de maquillage. La pauvre modèle se retrouverait maquillée comme un clown, ce serait ridicule. Mais bon chacun son truc, c’est typiquement le domaine de ma sœur ça. "Pas de soucis, t'es pas Sara, ne t'inquiète pas, j'avais compris." Si elle s’attendait à ce qu’on soit pareil avec Sara, alors elle doit déjà être déçue. Je dois me répéter vu qu’elle me répond ça avant de rire. “Ouais je me répète un peu.” J’ai un petit rire aussi et un crayon en main je suis prêt à ce qu’on poursuive. Je suis là pour lui faire un cours, j’ai pas forcément envie de passer ma journée ici, j’ai d’autres trucs à faire. "Je ne fonctionne pas comme ça, les gens me disent ce qu'ils veulent, ils me parlent des soirées qu'ils ont prévu, qui ils vont voir, leur tenue et je m'adapte en fonction en fait." Je l’écoute parler en hochant la tête, décidément je sens que ça va être compliqué cette séance de dessin. "Ouais, il y a beaucoup d'improvisation dans ce que je fais, ouais." C’est le mot ouais. “Je vois ça.” Et c’est sûrement une différence entre nous. J’improvise aussi, je sais être créatif et spontané, j’en serais pas là sinon. Mais quand je suis en cours avec Auden à la galerie ou que j’ai des commissions sur Patreon il faut que je respecte un certain cadre, des contraintes et c’est quelque chose qui me plait bien. "Le mieux serait que jte montre... tu pourrais être encore plus beau, tu sais ?" J’ai bien entendu là ? Ah non c’est mort de chez mort, je vais pas me trimballer avec du rouge à lèvres et comme un pot de peinture, c’est la honte quand même. Je dois faire une tête bizarre parce que je suis plutôt déstabilisé. Je suis venu jouer le prof d’arts plastiques, pas pour devenir une barbie ou une connerie du genre. “Sur moi ? Euh t’es sûre ?” Mais j’essaie de penser à l’argent que je pourrais me faire, aux retombées qu’elle pourrait m’apporter sur insta, ça vaut le coup. Je fais un rapide calcul coûts/bénéfices tout en jetant un regard discret au reste de la salle de chez Starbucks qui est plutôt déserte. “T’as des trucs pour enlever ça après ? Parce que je suis pas sûr que mon patron apprécierait que je me trimballe comme ça.” J’ai un petit rire gêné, je suis en train de mettre ma dignité au fond d’un trou, c’est pathétique. Je me mets une note mentale d’envoyer un message à Sara dès la fin de cette séance de torture pour lui dire de ne plus jamais parler de moi à ses potes.

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"Oui sur toi, pas sur moi." Tu réponds cela avec un sourire sur le visage parce que cela fait tout son sens sur toi. Et le but est qu'il comprenne un peu ta technique et ce que tu peux faire. Cela ne serait pas très impressionnant si le maquillage restait sur toi, non ? Et puis, tu es plutôt fière et contente de ton look d'aujourd'hui, tu n'as pas envie de ruiner tout ça, juste après quelques minutes de conversation avec le frère de Sara. Et même si pour le moment il est aussi sympa que sa sœur et il te laisse parler et parler... Tu peux dire beaucoup de choses et rien à la fois et ton sourire redouble d'intensité face à son petit rire gêné et sa question. Tu pourrais lui dire de se détendre un peu, on est en 2023, tout le monde s'en fout, et le maquillage ne possède pas vraiment de genre en réalité. Mais tu n'es pas là pour te lancer dans ce genre de petit discours, tu es juste là pour lui montrer ce que tu sais faire avec un pinceau entre les mains et espérer en apprendre plus. "Oh, j'ai tout un magasin dans mon sac."
Le sac qui est sur le sol qui arrive sur la table maintenant dans un bruit plus que dramatique et que tu trouves marrant. Tu l'ouvres déjà pour montrer ce que tu as et pour répondre à sa question. "Il y a des lingettes pour faire ça rapidement, mais si tu te soucies un minimum de ta peau, j'ai aussi ça, ça, ça..." Plus de produit, des bouteilles à moitié pleines, d'autres à moitié vide, de produits à la fois chers et pas du tout, ta petite collection privée, pour t'occuper de ta peau, parce qu'on ne peut pas faire ce métier et ne pas aimer ses pores, pas vrai ? "C'est parti du coup." Tu as entendu un oui, dans son sourire gêné, dans le fait qu'il ne t'a pas dit d'aller te faire foutre, qu'il ne t'a pas dit que c'était une mauvaise idée. Tu es déjà debout en réalité et tu fais tourner la chaise sur laquelle est assis Cesar avec l'aisance et la facilité de quelqu'un qui fait ça très souvent. Un sourire pour lui avant que tu ne commences à t'affairer autour de son visage. Une lingette justement que tu passes sur sa peau, puis un disque coton, pour avoir une base un peu plus propre. Tu t'empares de différents pinceaux ensuite, différentes fondations, crayons pour commencer ton travail.
"Tu peux bouger hein." Que tu lui dis histoire de le rassurer, parce que tu ne connais aucun client ou cliente qui est capable de rester en place pendant plus de cinq secondes. Les gens essayent, mais tu as trop l'habitude en fait pour y prêter attention. "On va commencer lentement ne t'inquiète pas et les photos ne finiront pas sur mon feed, il n'y aura pas de photos d'ailleurs." Tu le dis, pour le rassurer, pour ne pas briser son ego et pour ne pas pousser ses limites. Après tout, tu n'en sais rien, peut-être qu'il y a vraiment un souci et que tout ça, c'est bien loin de sa zone de confort."C'est le moment où les gens me parlent et me confient tous leurs secrets, donc Cesar... tu acceptes souvent les invitations des filles qui t'envoient des messages privés ?"

Spoiler:

(#)Mar 10 Oct 2023 - 23:15

"Oui sur toi, pas sur moi." Pourquoi j’ai dit oui sérieux ? Des fois je me dis que je dois être maso ? Si elle n’était pas un peu connu sur instagram je l’aurais sûrement envoyée chier depuis un moment. Je mets mon égo au placard en acceptant qu’elle me maquille et je ne sais pas combien de temps je vais tenir comme ça. A tout moment je sens que je risque de me lever, la planter là pour aller tout enlever aux toilettes avant de claquer la porte du café. "Oh, j'ai tout un magasin dans mon sac." Je sais pas si c’est rassurant comme réponse. Vu comme elle a l’air sûre d’elle je suis sûre qu’elle doit avoir tout un attirail de palettes, pinceaux, et trucs de filles en général. Elle ne m’a même pas encore touché que je regrette déjà. “Ok super.” Non c’est faux, y a rien de super dans ce cirque. "Il y a des lingettes pour faire ça rapidement, mais si tu te soucies un minimum de ta peau, j'ai aussi ça, ça, ça..." Elle me déballe tout son bordel et je suis déjà perdu. J’ai aucune envie de me faire tartiner de crèmes après qu’elle m’ait enlevé le maquillage. “Ah oui…quand même. Non mais ça sera pas nécessaire. On enlève tout et voilà ça suffira.” Et puis quoi encore ? Un masque avec des concombres sur les yeux ? Me faire les ongles ?

"C'est parti du coup." La sensation des pinceaux sur la peau est agréable, malgré tout je reste extrêmement mal à l’aise. Je jette des coups d’oeil de temps en temps pour voir si quelqu’un est en train de nous observer. J’ai honte de cette situation, j’ai pas envie de me retrouver avec un papillon sur la tronche, des paillettes ou un truc dans le genre. "Tu peux bouger hein." Pour m’enfuir peut-être ?. J’essaie de bouger un peu les épaules, histoire de détendre mes trapèzes plus que crispés. "On va commencer lentement ne t'inquiète pas et les photos ne finiront pas sur mon feed, il n'y aura pas de photos d'ailleurs." C’est quelque chose qui me rassure, je n’ai aucune envie d’être tagué sur une photo et que ma famille ou mes amis me voient comme ça. Je ne veux pas qu’ils s’imaginent des trucs en me voyant comme ça. “Merci.” Je suis loin d’être bavard, le malaise est grand et ça commence à la déranger. "C'est le moment où les gens me parlent et me confient tous leurs secrets, donc Cesar... tu acceptes souvent les invitations des filles qui t'envoient des messages privés ?" Je déteste discuter de ma vie privée, encore moins avec des inconnus. J‘ai particulièrement horreur des coiffeurs qui se sentent obligés de faire la discussion et de poser des questions indiscrètes, je préfère le silence aux discussions gênantes. “ça dépend.” Il y a quelques mois, quand j’enchainais les relations, j'acceptais toutes les invitations sans être trop regardant. Dès lors que la fille avait l’air d’être réelle et qu’elle me plaisait un minimum c’était suffisant pour moi. N’ayant aucune envie de parler de ma vie amoureuse et sexuelle avec Laurie, j'oriente la discussion ailleurs. “J’ai vu que t’étais amie avec Sara et t’avais l’air cool donc ça m’a donné envie d’accepter. Et Sara n’a pas arrêté de me dire que t’étais super cool, t’es son idole je crois.” Il y a une bonne stratégie pour éviter de parler de soi : poser des questions. Si j’arrive à la faire parler alors je pourrai peut-être éviter l’interrogatoire. “Tu la connais d’où Sara? Vous êtes à la fac ensemble ?” Je ne connais pas vraiment les copines de Sara. Enfin, je déteste les quelques unes que je connais. Souvent Sara choisit mal ses amies, elles ont une mauvaise influence sur elle et ça aboutit à des situations merdiques en soirée. Je me souviens encore de la fois où j’ai dû aller la chercher en boîte en pleine nuit parce que ses copines l’avaient laissée tomber.

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crédit/(raquelsgifs) ✰ w/ @Cesar Gutiérrez

"Hmm... ça dépend." Tu reprends les mots de Cesar avec un sourire sur le visage, bien consciente qu'il n'a pas envie que la conversation tourne autour de lui. Une chose que tu ne peux pas comprendre, quand on te donne la parole, quand on te laisse de la place, tu la prends, sans absolument aucune hésitation, sans jouer les filles modestes ou même un peu timides. Pourquoi ? Parce que cela pourrait être la dernière fois qu'on t'accorde de l'attention, la dernière fois qu'on jette ton regard sur toi tout simplement... Tu penses seulement en absolu, ça a toujours été le cas et tu supposes que faire des coups de crayons sur le visage de Cesar permet de te détendre. Et de lui montrer une partie de ton univers et de lui expliquer un minimum ce qui se passe dans ta tête quand tu as des crayons dans les mains. Tu aimes les couleurs vives, tu aimes rehausser les pommettes et dépeindre les gens tels que tu les vois dans ta tête. Cela rend les choses un peu plus faciles et tu sais que tu n'as pas besoin de faire plus d'effort après.
Il parle de Sara, sûrement parce que c'est plus simple, parce que vous ne vous connaissez pas et qu'il faut bien briser la glace d'une façon ou d'une autre. "Sara devrait rencontrer plus de gens je crois..." Sara te regarde avec des étoiles dans les yeux parfois et c'est autant quelque chose que tu adores que tu détestes. Parce qu'elle ne te voit pas vraiment, parce qu'elle s'imagine sûrement une Laurie un peu trop polie et un peu plus en contrôle que tu ne l'es en fait. Mais d'un autre côté, est-ce que tu as envie de briser l'illusion et être la personne égoïste et horrible que tu peux être face à sa sœur ? Non, elle mérite mieux, elle mérite tellement mieux que cela. "Je rigole, qu'à moitié, elle est sympa ta sœur, plus sympa qu'on pourrait le penser et elle est toujours prête à aider et à dire oui." Une bonne et une mauvaise qualité, tu pourrais l'emmener dans ta tornade et ton tourbillon de mauvaises décisions, tu ne l'as pas encore fait, peut-être consciente qu'avec votre différence d'âge, tu dois protéger Sara un peu. Et lui rappeler que les vrais monstres sont tapis un peu partout. Ou alors, tu en fais trop encore une fois et c'est le rôle de Cesar que tu es en train de décrire et non le tien...Peu importe, tu attrapes un autre crayon, en continuant de le maquiller, répondant aux questions de Cesar. Cela ne te dérange pas de parler, du tout même.
"J'ai la tête d'une fille qui va s'asseoir dans un amphi ? Nan, on s'est rencontrées en ligne, c'est une de mes abonnées si tu veux tout savoir." Sara ne lui a pas dit ? Cela t'étonne, elle a dû lui dire et il n'a pas dû écouter, ni plus, ni moins. "Mais de messages privés en messages privés, c'est devenu autre chose, si tu veux tout savoir." Cela et le fait qu'elle te repère dans les rues de Brisbane quelque peu de temps après ton arrivée ici, ça a définitivement aidé d'avoir un point d'ancrage ici, surtout après avoir fait de la merde avec Jo. Mais tu n'en parles pas, autant ne pas mentionner Jo, sinon Cesar risque de te voir avec beaucoup de regrets sur le visage, c'est certain. "Regarde par ici." Tu fais un signe pour le plafond histoire de placer le dernier trait d'eye-liner, une fois que c'est fait, un autre sourire satisfait apparait sur ton visage. "Et voilà ?" Pourquoi ça sonne comme une question, tu n'en sais rien, mais tu sors un miroir de ton sac, assez large pour qu'il puisse voir tout son visage (et oui, tu stockes toute ta vie dans ce sac) et s'admirer. "T'en penses quoi ?"

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