@Raelyn Blackwell

tw : euh si vous avez l'habitude des vidéos de true crime c'est ok (meurtres et autres réjouissances)

(dimension fantôme) Tapi dans l’obscurité de la nuit, allumé par la seule lumière de la lune ronde, Ambrose observe la scène avec circonspection depuis de longues minutes déjà. La terre présente un trou béant dans leur jardin. Un plant se trouvait là, des tomates depuis longtemps séchées par le soleil de plomb. Il avait commencé à s’attaquer aux feuilles. Saleté de soleil. “Rachel ? On a de la visite de prévue ?” Sa voix n’est qu’un murmure alors qu’il se retourne vers sa sœur, dont les pas ont été entendus à la seconde même où elle s’est levée de son lit pour les aligner sur le parquet grinçant du premier étage. Elle dormait depuis longtemps, et une part de lui n’a même pas envie de savoir comment elle a pu être réveillée, elle aussi. Il se plonge dans son déni tant qu’il le peut encore, n’ayant aucune envie de faire face au monde réel et encore moins aux conséquences de ses actes.

Il avait tourné la tête pour l’observer quelques secondes et le voilà qui la bifurque déjà à nouveau en direction de la fenêtre et de l’éternel même jardin aux allures cabossées. La terre y est souvent retournée, mais ils savent ce dont il en retourne. Généralement. Ambrose cherche à savoir si elle a préparé le trou pour un nouveau convive dont il aurait pu oublier la visite, mais une part de lui est persuadée que le convive en question n’existe pas. Il se souvient de ce genre de choses. Il en a même hâte, généralement. Dans les jours à venir, il est persuadé qu’ils n’ont rien de prévu. Rien qui nécessite déjà un trou. “Il se passe quelque chose.” Sous son bras, il serre un peu plus son fusil de chasse, dont il a vérifié qu’il soit chargé. Il se passe quelque chose, et il n’aime vraiment pas ça.

rather be the hunter than the prey
Raelyn Blackwell & @Ambrose Constantine - Dimension fantôme, 1872

« Rachel ? On a de la visite de prévue ? » Réveillée par l’impression que quelque chose cloche, j’ai été décontenancée de réaliser qu’une lumière était allumée à l’étage. Je suis sortie à pas de loup sur un parquet grinçant, trouvant mon petit frère posté devant la fenêtre donnait sur le jardin dont l’éventail d’utilisation est bien plus important que celui d’un simple potager. « Ne soit pas idiot Ambrose. » J’étais déjà couchée et Ma n’a pas préparé de repas gargantueste voué à endormir la méfiance d’invités, ce soir. « Une semaine qu’aucun voyageur ne passe en ville. Je commence même à croire que ça se sait et qu’ils font un détour pour éviter de passer par chez nous. » Le chemin par les montagnes est plus long, mais les disparitions suspectes dans le comté de Labette sont peut-être devenues plus qu’une rumeur un peu folle, à présent.

Je m’approche de lui, pour poser mon regard sur le jardin à mon tour. « Il se passe quelque chose. » Je suis son regard pour remarque qu’au fond du jardin, là où nous n’avons pas creusé depuis plusieurs semaines, un trou frais est laissé en évidence. « Nous n’avons pas retourné la terre ici depuis des mois, j’en suis sûre. » De la famille, je suis celle qui possède la mémoire la plus impressionnante. Je n’oublie jamais un visage, et je n’oublie jamais une motte de terre qui recouvre un corps non plus. « Et Pa et Ma n’auraient pas été négligents au point de laisser ça comme ça, à la vue de tous. » Un trou de la taille d’un corps dans notre jardin aurait attiré une attention indésirable sur nous. Mes sourcils se froncent. L’impression désagréable que quelque chose d’horrible va se produite s’intensifie. Mon frère, pas l’esprit le plus vif mais un fin tireur, ressert sa prise sur son fusil de chasse. « Pa a laissé son révolver en bas ? » Moi aussi, je serai plus rassurée si j’étais armée.

« Ne soit pas idiot Ambrose. » Et c’est justement parce qu’il n’est pas idiot qu’il observe avec souci le manège à l’extérieur de leur demeure. Il connaissait la réponse à sa question, et il ne l’aime définitivement pas. « Une semaine qu’aucun voyageur ne passe en ville. Je commence même à croire que ça se sait et qu’ils font un détour pour éviter de passer par chez nous. » - “Ne sois pas idiote, Rachel.” Personne ne peut savoir ce qu’il se trame dans leur famille. Si tel était le cas, ils seraient derrière les barreaux depuis longtemps ; dans l’éventualité où ils échapperaient à une exécution en place publique.

Mais Rachel n’est pas aussi idiote qu’il veut parfois le lui faire croire, et elle comprend rapidement à son tour que les récents trous dans le jardin sont un mauvais présage. « Nous n’avons pas retourné la terre ici depuis des mois, j’en suis sûre. Et Pa et Ma n’auraient pas été négligents au point de laisser ça comme ça, à la vue de tous. » Autant de faits qui étaient malheureusement déjà portés à la connaissance d’Ambrose. “Je vais aller voir.” Cela ne sert à rien de discuter pendant une éternité. Ils doivent en avoir le coeur net. “Un animal a peut-être retourné la terre.” Car attiré par l’odeur des corps. L’idée se tient, mais il doute qu’un quelconque animal aurait pu être capable de creuser un trou aussi profond et immense ; un seul trou. Il aurait retourné tout le jardin enfumé de l’odeur de corps en décomposition.

« Pa a laissé son révolver en bas ? » Silencieux, il hoche la tête. Il sait très bien où leur père range son revolver et il n’hésite pas à s’en servir, comme en cet instant. En grognant, il se relève du bord de la fenêtre pour se diriger vers la porte d’entrée, ses doigts enroulés autour de l’arme. Il n’est pas un homme craintif, mais tous ses sens lui disent que rien de bon ne s’apprête à arriver en cet instant. Et lorsqu’il ouvre la porte pour trouver la silhouette de Monsieur Simpson juste derrière celle-ci, la moitié du crâne coupée et l’intérieur de son cerveau apparent, il se maudit d’avoir eu raison. Par réflexe, il referme la porte en bois et ajoute les loquets pour la fermer du mieux qu’il peut, son corps appuyé contre cette dernière pour s’assurer que l’homme n’entrera pas dans la demeure. “On a un vrai problème.” Ses yeux exorbités l’annoncent à Rachel. “Tu as laissé de l’opium dans la maison ? Dis moi que c’est une hallucination, bon sang.”

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Raelyn Blackwell & @Ambrose Constantine - Univers alternatif, 1872

« Ne sois pas idiote, Rachel. » Il n’y a rien d’idiot à envisager tous les scénarios possibles, surtout lorsque les chiffres sont là : les aventuriers à la recherche du gain – on dit que l’ouest du pays en referme des tonnes et des tonnes – semblent préférer emprunter des routes plus longues plutôt que de traverser la région. Alors s’il est vrai que personne ne doit avoir de certitude – nous aurions tous la corde au cou si c’était le cas – des rumeurs doivent courir à propos des disparition inexpliquées de ces dernières années.

« Je vais aller voir. Un animal a peut-être retourné la terre. » Un animal qui se serait acharné exactement là où nous avons enterré un corps il y a moins d’un mois ? Etrangement, j’ai du mal à y croire et je puise dans le regard de mon frère la certitude que c’est également son cas. Il est dubitatif, tout autant que je le suis, sinon il ne s’accrocherait pas au révolver de notre père comme si sa vie en dépendait. En regagnant le rez-de-chaussée, je joue les oiseaux de malheur et tente déjà d’envisager des scénarios horrifiques. « Tu penses que quelqu’un du village aurait pu le déterrer ? » La pire hypothèse, nous le savons tous les deux, étant le celle qui dit que ce serait sur ordre du shérif. Peut-être avons-nous manqué de discrétion lorsque nous avons invité le dernier voyageur solitaire à se joindre à nous pour un repas et une nuit dans notre gite ?

Ambrose ouvre la porte et la referme immédiatement. Son corps dissimule pour moi ce qui se trouve derrière la planche en bois, mais c’est de la terreur que je lis dans les yeux du bruns, et c’est confirmé par la vitesse à laquelle il tente de cadenasser la porte. « On a un vrai problème. Tu as laissé de l’opium dans la maison ? Dis-moi que c’est une hallucination, bon sang. » - « Qu’est-ce que tu as vu ? Dis-moi sacrebleu ! » Déjà, je me précipite vers la salle à manger et soulève le drap derrière lequel nous cachons les divers outils qui nous servent à empêcher nos "clients" de quitter la maison autrement que les jambes devant. J’attrape un gros couteau de boucher : c’est la première chose qui me tombe sous la main.

Le cœur d’Ambrose bat la chamade et la raison à cela se tient loin de celle d’un coup de foudre. Au contraire. Il est transi de peur, incapable d’accepter la vision qui a été la sienne pendant quelques maigres secondes à peine. Déjà, il est bien plus occupé à fermer la porte à double et triple tours plutôt qu’à expliquer à sa sœur ce qu’il a vu: cela ne changerait rien à la situation dans l’immédiat. « Qu’est-ce que tu as vu ? Dis-moi sacrebleu ! » Pas d’opium laissé dans la maison à ce qu’il en conclut, donc. Malheureusement. Il aurait aimé que ce soit l’explication ; et il aurait aimé en consommer tout court en cet instant. Malgré son silence, Rachel a tout de même pour réflexe d’attraper un couteau de boucher et, à bien y réfléchir, c’est une excellente initiative. Face à un tel monstre, il ne sait pas si les balles seront d’une quelconque utilité. « Monsieur Harrison… » Dépouillé le mois dernier en bonne et due forme. Une affaire rapidement réglée et très rentable à en juger par les liasses qu’il cachait dans ses chaussettes puantes.

« C’était lui derrière cette diable de porte. » Et c’était lui aussi dans la tombe retournée du jardin, Ambrose en est désormais certain. Ils ne tiennent pas de plan de quels corps sont enterrés où, mais sa mémoire s’est réactivée en même temps que le traumatisme est arrivé. De la paume de la main, Ambrose se frappe à deux reprises contre le haut du crâne, incapable de croire lui-même à ce qu’il dit. « Merde Rachel, je te jure que je l’ai vu. Il avait encore le crâne fracassé en deux. » Puisque c’est de cette manière qu’ils l’ont tué. Il connaît la plaie, et il sait qu’elle n’a pas été reproduite par un quelconque maquillage de pacotille. Il jurerait avoir senti le sang. « Le sol est maudit. On a maudit cette maison. On doit s’en aller. »

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Raelyn Blackwell & @Ambrose Constantine - Univers alternatif, 1872

« Monsieur Harrison… » - « Monsieur Harrison ? » Je fronce les sourcils, aggravant encore un peu le pli, marque du temps peu clément avec les femmes – qui commence déjà à se former entre mes deux yeux. Pour l’instant, je garde assez de charme pour attirer dans l’auberge les clients les plus fortunés, mais d’ici quelques années ? Lorsque ma beauté se sera flétrie ? « Tu as enfoncé une machette dans son crâne, à monsieur Harrison. » Par conséquent mon esprit cartésien n’arrive pas à assimiler comment diable est-il possible que l’homme se trouve derrière notre porte. Le sort du malheureux ne laissait aucun doute : il ne fait pas partie de ceux où l’on peut supposer qu’ils ont été enterrés vivants : nous nous en assurons à chaque fois, mon frère et moi. « Et Pa lui a tiré deux balles dans le torse pour être sûr qu’il ne se relèverait pas. »

« C’était lui derrière cette diable de porte. » Ambrose a l’air d’un fou, et je le regarde avec sévérité, non sans me jeter sur une arme ou quelque chose qui puisse faire office de. « Dis-moi la vérité Ambrose. Tu as encore forcé sur l’eau de vie ? » C’est bien là la seule explication. « Merde Rachel, je te jure que je l’ai vu. Il avait encore le crâne fracassé en deux. » Son visage livide me fait le prendre au sérieux. Je n’arrive pas encore à croire à son histoire bonne à dormir debout, mais je crains de plus en plus que ce ne soit pas juste le résultat d’un excès d’alcool. Mon frère n’est pas fou, jamais avant aujourd’hui il ne m’a donné de raison de le penser. « Le sol est maudit. On a maudit cette maison. On doit s’en aller. » - « Foutaises. C’est chez nous ici. » J’agrippe ma main sur mon couteau, avant d’ajouter. « On va réveiller Pa et si jamais ce rustre d’Harrison s’est relevé, et bien on le renverra d’où il vient. » Nous l’avons supprimé une première fois, qu’est-ce qui nous empêche de le faire à nouveau ?

« Tu as enfoncé une machette dans son crâne, à monsieur Harrison. » Il n’ira pas jusqu’à dire qu’il sait comment il était mort, parce qu’il en avait oublié la manière pour être tout à fait honnête, mais il sait au moins qu’il est mort, justement. Et ce qu’il sait, aussi, c’est que les morts ne bougent pas, qu’ils ne parlent pas, qu’ils ne témoignent pas contre eux et surtout, surtout, qu’ils ne sont pas sur le perron de leur porte. « Et Pa lui a tiré deux balles dans le torse pour être sûr qu’il ne se relèverait pas. » - « Ca a ‘pparemment pas suffi. » Il l’a vu de ses propres yeux et il jure ne pas déjà être en âge d’être fou comme les hommes du village.

« Foutaises. C’est chez nous ici. »
« On se trouvera un autre chez nous. »

Morts, ils ne pourront plus prétendre à quoi que ce soit. « On va réveiller Pa et si jamais ce rustre d’Harrison s’est relevé, et bien on le renverra d’où il vient. » Difficile de penser à un plan dans un tel contexte, et pourtant celui de sa soeur est aussi terrible qu’il est logique. Ils doivent le renvoyer d’où il vient, oui, mais comment s’assurer qu’un mort trouve la mort une seconde fois et surtout qu’il reste bel et bien dans cet état après y avoir déjà rechapé une première fois ? « Reste pas seule en bas. » Il annonce, montant deux à deux les marches jusqu’à l’étage où dort leur père de son éternel sommeil particulièrement lourd.

Ambrose n’est pas un homme habitué à montrer ses émotions, mais peut-on réellement parler d’émotion lorsque surgit de sa gorge un cri terrifié à la vue de son père à l’abdomen ouvert et aux côtes apparentes ? Monsieur Harrison ne semble pas être le seul à avoir trouvé le moyen d’échapper à la mort, à en juger par la présence d’une autre de ses victimes à côté du corps sans vie de leur père. « Monstre. » Il annonce dans un grognement étouffé avant de lever son fusil et de coller deux balles dans la tête d’une de ses anciennes victimes dont il ne se souvient pas même le nom. Un étage plus bas, la porte cède sous les coups de Monsieur Harrison.

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Raelyn Blackwell & @Ambrose Constantine - Univers alternatif, 1872

« Ça a ‘pparemment pas suffi. » J’ignore si Ambrose a été bercé trop près du mur par nos parents ou s’ils lui ont lu trop d’histoire fantasques en tout genre quand il était petit garçon, mais dans mon monde a moi les morts ne se relève pas. Brutalement cartésienne – brutale tout court, mais ce n’est pas le sujet – j’ai besoin d’un peu plus de temps que mon frère avant d’accepter ce qu’il est en train de se passer sous nos yeux et dans notre foyer de toujours. Nous n’avons jamais quitté cette ferme, Ambroise et moi. Nous y sommes nés, nous y avons été élevés et nous avons mis sur pied une effroyable combine pour nous enrichir et améliorer notre niveau de vie qui était loin de nous convenir. Nous sommes ici chez nous, d’où ma réticence à tout laisser derrière nous pour une bizarrement, aussi effrayante soit-elle. « On se trouvera un autre chez nous. » - « Il doit y avoir une explication. Assurons nous de pas prendre de décision radicale sous le coup de… » De quoi ? D’une illusion d’optique ? D’une apparition inexpliquée ? De la vision d’un type qui aurait forcé sur l’alcool ? Ambrose ne boit que rarement, et il ne sent pas l’alcool, cette nuit.

« Reste pas seule en bas. » Mon couteau dans la main, j’acquiesce et le suit le plus silencieusement possible alors qu’il monte les vieilles marches en bois qui grincent à chaque pas. Je peste à chaque fois que le bois proteste sous notre poids et, arrivée à l’étage quelques secondes après mon frère, je laisse échapper un hurlement strident en voyant le ventre de mon père ouvert en deux, une autre de nos victimes supposément morte elle aussi penchée sur lui. L’homme a l’air décomposé, sa tête semble tenir sur son corps grâce à un fil, mais il bouge, il tient un couteau et je n’en crois pas mes yeux. « Monstre. » Ambrose lui tire deux balles dans la poitrine en même temps que le fracas du bois venant du rez-de-chaussée nous informe que Harrison a pénétré dans la maison. Moi j’attrape mon petit frère par la manche de sa chemise de nuit. « On va sauter par la fenêtre. » La chambre de notre père n’est qu’au premier étage, avec un peu de chance, nous nous en sortirons sans aucune égratinure. « Ensuite, on va jusqu’à la grange de ‘Pa - » Je me répugne à parler de lui alors qu’il est là, éventré sous nos yeux. « - on prend de l’essence, et on brûle cet endroit. » Pour nous assurer que ces créatures, quelles qu’elles soient, ne puissent nous suivre.

RP terminé