« Pardon, c’est pas drôle mais… un peu quand même » Les moqueries sous forme de petits rires se firent présentes chez Zoya, mais à ce moment là, alors qu’il voguaient et que leur radeau semblait enfin décidé à prendre la bonne direction, Damon ne s’offusqua peut-être plus autant qu’il l’avait fait à sa réponse précédente; parce-que la situation était en train de s’apaiser et qu’ils pouvaient profiter quelque peu du décor, de l’expérience et de l’apaisement que leur apportait le bruit de l’eau contre le bois.

« C’est stupide ! » Le jeune italien haussa les épaules légèrement: c’était stupide, effectivement peut-être un peu, mais c’était le moule qui avait été construit sur mesure pour lui - il n’avait donc connu que cette option là au début. « Quand tu connais pas d’autre choix, tu te poses pas de question en vrai. » Peut-être que s’il n’avait pas été un brin fatigué et affaibli suite à la construction chaotique du bateau, il ne se serait pas permis ce type de commentaire face à une inconnue; mais les circonstances faisaient qu’il filtrait peut-être un peu moins que prévu. « Et tu fais bien. Si ça ne te plait pas, faut pas se forcer. » - « Ouais. » Peu convaincu.

Il préféra changer de sujet et se montrer curieux sur son choix de carrière à elle. « C’est une passion depuis que je suis petite. Transmise par mon grand-père. J’ai toujours dit que j’en vivrais et c’est ce que j’ai fait. J’ai la chance d’avoir des parents qui m’ont toujours poussé, moi et mes frères, à suivre nos rêves » Oh, qu’il était envieux de ce type de situation; qu’il aurait aimé pouvoir dire également de son côté que ses parents s’étaient montrés autant encourageants et présents pour lui - il ne cochait pas vraiment ces cases là. « C’est chouette que t’aies pu suivre ton rêve. » Le jeune italien étira un petit sourire, en hochant quelque peu sa tête. « Et la mode, la photographie de mode je veux dire, c’est un choix qu’est venu après ? » Weatherton n’était pas un nom inconnu pour lui, il savait de quoi il en référait lorsqu’elle l’avait déjà mentionné plus tôt.

« C’est quoi ta voie à toi ? » - « La vraie ? » Il leva les yeux au ciel: il n’avait pas l’habitude de réellement répondre à cette question. « T'as deviné où je bossais là maintenant, je te mets au défi de trouver quelle est ma vraie voie. » Ils avaient tout le temps devant eux.

« Quand tu connais pas d’autre choix, tu te poses pas de question en vrai. » C’est triste. C’est tout ce que Zoya n’aurait pas supporté si tel avait été le cas dans sa vie. Grandir en ayant l’obligation de se fondre dans un moule prédéfini, avec une vie toute tracée, sans avoir la possibilité d’explorer d’autres horizons. Et pourtant, le monde a tellement à offrir, les choix nombreux quant à la vie que tout un chacun peut se permettre.  C’est ainsi que ses parents lui ont présenté le monde, c’est ainsi aussi qu’ils l’ont élevé elle et ses frères et elle ne les remerciera jamais assez de la chance qu’ils lui ont offerte en agissant comme ils l’ont fait – et le font encore « Ouais. » Le manque de conviction est criant, Zoya fronçant les sourcils alors que Damon confie toutefois ne pas vouloir prendre la relève de son père dans l’entreprise familiale. Un choix que la jeune femme encourage, même si elle sent qu’il est dubitatif à ce sujet.

« C’est chouette que t’aies pu suivre ton rêve. » Elle, oui son rêve elle a pu le suivre et même d’eux, au vu des opportunités que son métier lui offre en pouvant parcourir le monde à sa guise « Et la mode, la photographie de mode je veux dire, c’est un choix qu’est venu après ? » Zoya acquiesce doucement d’un signe de tête « Oui, c’est tout récent même. J’ai fait de la photographie de voyage et j’ai travaillé pendant longtemps sur des plateaux de tournage aussi » Mais sa vie a connu un tournant deux ans plus tôt « Je suis maman. D’une petite fille de deux ans et demie qui est venue un peu chambouler mes plans » qu’elle fait sourire aux lèvres, montrant que c’est une chose avec laquelle elle est désormais en paix « C’était pas mon choix premier la photo de mode. Mais c’est ce qui m’a permis de rebondir après une période de creux et je prends beaucoup de plaisir. C’est tout ce qui compte ». L’ennui, Zoya, elle ne se l’autorise pas et sait que lorsqu’elle en aura assez de l’univers de la mode, elle passera à autre chose – ses projets sont grands.

« La vraie ? » Elle interroge Damon pour savoir quelle est sa voie à lui, acquiesçant « T'as deviné où je bossais là maintenant, je te mets au défi de trouver quelle est ma vraie voie. » « Ok ! » qu’elle dit d’un air enjoué alors qu’elle abandonne ses coups de pagaie pour réfléchir. « Uhm… Je sais pas pourquoi je sens que tu as une âme d’artiste quelque part. Peut-être pas peintre ou quoi vu que tu n'es pas très doué avec tes mains… Je te vois bien poète… ou écrivain » Elle se prête au jeu, ses gestes accompagnant ses paroles « Ouh, je sais ! Tu vas écrire une autobiographie pour raconter ce qu’est ta vie dans ce monde de la jeunesse dorée ? ». Elle est sûrement à côté de la plaque mais elle y croit dur comme fer.

Il était indéniable que Damon préférait parler de la carrière de la brune plutôt que de la sienne, là où il n’était toujours pas satisfait de cette dernière tant qu’il porterait le poids que son paternel avait posé sur ses épaules pendant toutes ces années sur son dos. D’ici à quelques mois, quelques années, il pourrait parler fièrement de ses choix: c’était loin d’être le cas aujourd’hui. « Oui, c’est tout récent même. J’ai fait de la photographie de voyage et j’ai travaillé pendant longtemps sur des plateaux de tournage aussi » Il hocha quelque peu le visage. « T’as du beaucoup voir du pays avec une carrière comme ça. » Autant pour la photographie de voyage que pour les plateaux de tournage - il arrivait que ces derniers ne se tiennent pas forcément dans la ville où vous viviez.

« Je suis maman. D’une petite fille de deux ans et demie qui est venue un peu chambouler mes plans » Bien sur que le sourire qui étira les lèvres de Damon en cet instant était attendri. Il voulait bien croire qu’une telle arrivée pouvait chambouler un brin les plans de carrière, surtout quand ces derniers s’étendaient à l’international. « C’était pas mon choix premier la photo de mode. Mais c’est ce qui m’a permis de rebondir après une période de creux et je prends beaucoup de plaisir. C’est tout ce qui compte » - « Ca t’a permis d’avoir plus de temps pour ta petite, du coup, peut-être aussi ? » Il posait une question à laquelle il avait déjà surement la réponse - beaucoup de parents mettaient une partie ou la totalité de leur carrière entre parenthèses pour être présents auprès de leur progéniture. Il n’y avait que des personnes comme Saül qui ne prenait même pas le temps d’envisager l’idée.

« Ok ! » Elle se prêtait au jeu de deviner la carrière dans laquelle Damon souhaitait réellement évoluer, au profit de celle à laquelle il avait tourné le dos alors qu’elle lui était offerte sur un plateau d’argent - d’or, même, en l’occurence. « Uhm… Je sais pas pourquoi je sens que tu as une âme d’artiste quelque part. Peut-être pas peintre ou quoi vu que tu n'es pas très doué avec tes mains… Je te vois bien poète… ou écrivain » Il dut se mordre l’intérieur de la joue pour ne pas que son expression de surprise transparaisse sur ses traits du visage; comment faisait-elle pour être autant dans le juste avec ses supposition ? Il se savait être malheureusement un livre ouvert, mais il n’avait jamais imaginé que cela pouvait être autant le cas sur des sujets qu’il ne cherchait surement pas à exposer, surtout. « Ouh, je sais ! Tu vas écrire une autobiographie pour raconter ce qu’est ta vie dans ce monde de la jeunesse dorée ? » Là, il ne sut retenir un petit rire en revanche: elle ne pouvait pas être plus loin de la réalité. « Ca se vendrait pas, ce type de bouquin là. Personne veut savoir ce qui se passe derrière les portes closes d’un monde obscur, tu sais. » Peut-être ne savait-elle pas, mais pourtant c’était le cas.

Il fit rouler ses lèvres l’une sur l’autre, avant d’avoir un nouveau petit rire. « Je suis très mauvais de mes mains, mais en activité manuelles. » Son regard remonta dans celui de Zoya, alors qu’il plissa les paupières à cause du soleil. « Mais je peins, crois le ou non. » Il avait déjà exposé et son père, son véritable père, était l’une des références dans ce domaine en Australie - c’était là des informations qu’il garderait pour lui, en revanche. « C’est effectivement pas mon domaine de prédilection, par contre. Enfin, c’est pas dans celui là que j’ai décidé de tenter une carrière professionnelle. » Il haussa quelque peu les épaules. « J’aimerais être écrivain, oui. » Ce n’était pas une information qu’il donnait à n’importe qui car il était très timide à cette idée là; mais Zoya était une inconnue qu’il ne croiserait plus jamais de sa vie surement, alors ce n’était pas si grave.

« T’as du beaucoup voir du pays avec une carrière comme ça. » Cela va même au-delà «  J’ai pas mal parcouru le monde oui grâce à ça. La vie rêvée à pouvoir partir quand bon me chante, du jour au lendemain » Allier deux passions à la fois autant celle liée à la photographie que celle au voyage, elle qui s’est toujours promis de découvrir le monde entier et de remplir ainsi son passeport des tampons de tous les pays possibles.

Mais ses plans ont quelque peu été chamboulé avec l’arrivée de Chloe dans sa vie et c’est ainsi que Zoya révèle à Damon un autre pan de sa vie « Ca t’a permis d’avoir plus de temps pour ta petite, du coup, peut-être aussi ? » Le sourire de la jeune femme est différent parce qu’elle pense avec tendresse à sa fille, celle avec qui elle ne verrait plus sa vie sans « Oui. Mais je vais pas te mentir, cette adaptation a été compliquée pour moi, au début. J’ai eu du mal à trouver le juste équilibre »  et elle n’est pas certaine que ce soit le cas encore aujourd’hui, persuadée qu’il lui reste encore des progrès à faire car s’il y a bien un domaine dans lequel Zoya manque cruellement de confiance en elle, c’est celui qui attrait à son rôle de maman.

Zoya se prête au jeu alors que cette fois, elle doit deviner la voie que souhaiterait suivre Damon. Elle ne connait rien de lui et se base donc sur l’image qu’il lui renvoie. Elle a senti dès le premier instant qu’il appartenait à un monde qui n’était définitivement pas le sien. Peut-être aurait-t-elle le même flair quant à sa future vie professionnelle « Ca se vendrait pas, ce type de bouquin là. Personne veut savoir ce qui se passe derrière les portes closes d’un monde obscur, tu sais. » Il l’intrigue en usant de tels mots, Zoya arquant son sourcil, curieuse d’en savoir un peu plus sur ce monde qui est pourtant le sien mais qu’il qualifie avec sévérité « C’est si terrible que ça ton monde ? Je suis persuadée du contraire en tout cas, c’est le genre d’histoire immarcescible ça » .

« Je suis très mauvais de mes mains, mais en activité manuelles. » Il l’intrigue à nouveau, Zoya se demandant si elle a vu juste dans sa prédiction ou non « Mais je peins, crois le ou non. » « Sérieusement ? » Ca l’intéresse, elle qui peint aussi à ses heures perdues, une passion partagée avec sa mère qui est elle-même artiste peintre « Je serai curieuse de voir ça ». Et elle est sincère alors qu’elle s’est pivoté, ayant abandonné totalement sa pagaie qu’elle a posé sur ses jambes, désormais en tailleur pour écouter Damon « C’est effectivement pas mon domaine de prédilection, par contre. Enfin, c’est pas dans celui là que j’ai décidé de tenter une carrière professionnelle. (…) J’aimerais être écrivain, oui. » Elle a visé juste et elle s’agite quelque peu, levant sa pagaie en l’air – et manquant d’assommer au passage Damon avec « Oh pardon ! » qu’elle fait non sans rire légèrement, retrouvant son calme surtout que leur embarcation tangue un peu sous son agitation « Je le savais ! » Elle est fière d’elle à n’en pas douter. « Racontes ! Tu as déjà écrit des choses ? Tu devrais sérieusement garder de côté cette histoire d’autobiographie dont je t’ai parlé ! ». Un simple conseil, pas d’amis mais de connaissance dirons nous.

« J’ai pas mal parcouru le monde oui grâce à ça. La vie rêvée à pouvoir partir quand bon me chante, du jour au lendemain » - « Un bon compromis. »

Il pouvait clairement voir qu’une certaine tendresse se dessinait sur ses lèvres lorsqu’elle soutirait en cet instant, ses explications approchant du sujet de sa fille. « Oui. Mais je vais pas te mentir, cette adaptation a été compliquée pour moi, au début. J’ai eu du mal à trouver le juste équilibre » A cette déclaration là en revanche, ce fut à son tour d’esquisser un petit sourire; il n’était pas de bon conseil dans le domaine, ne pouvant comprendre ce que c’était de devenir parent et devoir du jour au lendemain ses responsabilités changer sans pouvoir faire de réel compromis. « Tu te poses des questions, c’est déjà ça. » Au moins, elle se questionnait sur l’idée de savoir si elle agissait comme il le fallait ou non - et c’était déjà mieux que certains parents que Damon pouvait connaitre.

Finalement, la conversation se tourna de nouveau vers le jeune italien mais vous un autre angle, un qu’il arrivait à peu près à exprimer en public - c’était déjà mieux que les questions sur son affiliation et celui qui endossait le rôle de paternel, de façon plus ou moins directe. Avec les questions qu’elle mettait là en avant, il arrivait à faire quelques pirouettes pour ne pas aborder les points délicats. « C’est si terrible que ça ton monde ? Je suis persuadée du contraire en tout cas, c’est le genre d’histoire immarcescible ça. » S’il avait pu, il aurait esquissé un nouveau petit sourire. « C’est l’avis de l’extérieur ça.» A défaut, il haussa un brin les épaules. « C’est comme tout: ça parait toujours mieux tant qu’on a pas mis un pied dedans. » Bien sur que son monde avait mille et un avantages et qu’il usait et parfois abusait de ces deniers; mais il y avait aussi plein de revers qui n’étaient pas tant enviable que cela.

« Sérieusement ? » - « Aussi étonnant que cela puisse l’être oui, sérieusement. » Presque: il était amusé. « Je serai curieuse de voir ça » Son attention était désormais entière et complète dans sa direction, Zoya ayant même cessé de pagayer pour le moment. « Curieuse ? Vraiment ? » D’ordinaire, que trop peu de gens étaient curieux à son égard et à l’égard de ce qu’il pouvait produire. C’était de plus en plus récurant ces derniers temps, et il n’était pas habitué à ce type d’attention - si bien qu’il ne savait que trop peu réagir correctement. « Oh pardon ! » Ca, c’était suite à l’agitation dont elle faisait preuve alors qu’elle était ravie d’avoir trouvé la voie professionnelle qu’il souhaitait suivre si facilement. Il ajoute un petit rire au sien - c’était plus agréable que le reste, à dire vrai, et il n’était pas du genre à s’énerver facilement de toutes façons. « Racontes ! Tu as déjà écrit des choses ? Tu devrais sérieusement garder de côté cette histoire d’autobiographie dont je t’ai parlé ! » - « J’ai encore rien écrit non. » Il mentait très mal, si bien qu’il dut détourner le regard et le usage pour qu’elle ne voit pas ses joues prenant une légèrement teinte rosée. « Et je pourrais peut-être adapter ton idée en fiction, et te créditer si ça fonctionne pas oui tiens. » Il taquinait, ajoutait de l’humour là où il était surtout que trop peu à l’aise, pour que ce soit plus simple et qu’il ne se perde pas en explications non-nécessaires comme il savait bien le faire d’ordinaire.

« Un bon compromis. » Ca l’était et même si aujourd’hui, ce compromis est moindre, Zoya reste épanouie par la vie qu’elle mène. Mais elle reconnait que ce chamboulement dans son quotidien, celui qui est arrivé par surprise deux ans plus tôt n’a pas été quelque chose avec lequel elle est parvenue tout de suite à jongler et à accepter, l'expliquant, sans toutefois entrer dans les détails, à Damon « Tu te poses des questions, c’est déjà ça. » C’est ce que ses proches n’ont eu de cesse de lui dire. Elle se gardera de lui raconter qu’elle a été la pire des mères que cette planète puisse compter quand elle a abandonné Chloe dans les bras de son père, sans un regard en arrière, bien qu’elle soit revenue peu de temps après pour se battre pour la récupérer. Elle n’en est pas fière et ce n’est définitivement pas un sujet sur lequel elle s'attardera davantage.

« C’est l’avis de l’extérieur ça.» Zoya imagine que ce monde n’est pas si terrible que ça, ce monde dans lequel Damon est nait et a grandi et sur lequel il porte un regard critique. Sûrement pas un de ceux dans lequel elle aurait elle-même aimé grandir mais elle n’y voit pas que des désavantages « C’est comme tout: ça parait toujours mieux tant qu’on a pas mis un pied dedans. » Il a sûrement raison qu’elle se dit tout en haussant les épaules « Vous avez droit à la mortaille vous aussi ? Parce que j’imagine que vous avez des serfs comme dans l’ancien temps ? Pas que je cautionne mais je suis curieuse ». Sûrement le soleil qui la fait divaguer de la sorte.

« Aussi étonnant que cela puisse l’être oui, sérieusement. » Zoya découvre qu’il peint, à sa plus grande surprise. Elle n’aurait pas parié beaucoup à ce sujet mais le fait qu’elle se découvre une passion commune avec Damon la rend curieuse « Curieuse ? Vraiment ? » « Je suis passionnée par l’art et je peins aussi. Ma mère est artiste peintre, elle a même sa propre galerie en ville ». Il n’est pas rare que Zoya passe son temps dans l’atelier de celle-ci quand elle se rend chez ses parents, s’adonnant à cette activité uniquement pour elle. « Je compte sur toi pour me montrer ça, un jour. On pourra échanger nos numéros ou nos réseaux » Preuve que finalement, elle commence à l’apprécier le gosse du riche pour envisager garder contact avec lui après leur péripétie. « J’ai encore rien écrit non. » Il détourne le regard, ce qui ne manque pas d’étonner un peu la photographe « Et je pourrais peut-être adapter ton idée en fiction, et te créditer si ça fonctionne pas oui tiens. » « Deal » qu’elle fait en tendant la main vers lui pour qu’il s’en saisisse pour sceller le pacte. « Enfin tu me crédites dans les deux cas et on fait 60/40 si ça marche » qu’elle fait en gardant sa main prisonnière, sourire amusé au bout des lèvres « Les 60 sont pour moi, naturellement ». Et comme il lui prétend n’avoir encore rien essayé, elle ajoute, lui rendant sa main « Tu as au moins des projets ou des idées pour tes futurs écrits ? » Elle se pivote pour reprendre sa pagaie et recommencer à avancer – parce qu’à cette allure, ils doivent être bon dernier.

« Vous avez droit à la mortaille vous aussi ? Parce que j’imagine que vous avez des serfs comme dans l’ancien temps ? Pas que je cautionne mais je suis curieuse » Bien sur que la remarque, couplée à la question de la jeune femme, lui fit étirer un petit sourire amusé - ce qui n’était pas quelque-chose d’initialement gagné, tant le sujet pouvait être sensible pour Damon. « Non, quand même pas. J’admets que y’a un égrégore au sein de ce monde là, ça va pas jusqu’à la mortelle et au serf. » Ou pas qu’il soit au courant, ou pas qu’il ait pu voir. Ce ne serait pas étonnant que certaines pratiques soient un brin étranges, même pour l’italien qui avait vécu toute sa vie à suivre sa mère au sein de cette société - son père trop absent pour s’occuper de lui de toutes façons.

« Je suis passionnée par l’art et je peins aussi. Ma mère est artiste peintre, elle a même sa propre galerie en ville » Prenant une petite moue autant impressionnée qu’étonnée, il hocha légèrement la tête. « C’est quoi, le nom de la galerie ? Peut-être que je connais déjà. » Il était davantage habitué à côtoyer celle d’Auden, mais ce n’était pour autant qu’il n’avait pas un oeil sur ce qui se passait dans le reste de la ville quand le temps lui permettait. « Je compte sur toi pour me montrer ça, un jour. On pourra échanger nos numéros ou nos réseaux » Peut-être de façon un peu forcée, il hocha une nouvelle fois la tête cette fois-ci. « On pourra oui. » Il ne savait encore si c’était une bonne idée que de le faire, alors il ne disait ni oui ni non trop rapidement, se laissant encore un temps de réflexion.

« Deal » Elle tendit la main vers lui, avec un petit sourire amusé il la secoua. « Enfin tu me crédites dans les deux cas et on fait 60/40 si ça marche. Les 60 sont pour moi, naturellement » Un rire franc franchit les lèvres de Damon. « T’es dure en affaires dis moi. » Avec un faux sérieux, il plissa les yeux. « 50-50 comme ça personne n’est déçu ? » Lui était très mauvais en affaires - surement une des bonnes raisons qui le poussaient aussi à prendre la porte à la fin de ses études.  « Tu as au moins des projets ou des idées pour tes futurs écrits ? » Elle finit par lâcher sa main, reprendre sa rame et se remettre en fonctionnement - il remit sa rame également à l’eau alors. « J’ai quelques trucs ouais. » Il savait que s’il ne voulait pas réveiller le lion en elle, il allait devoir donner un peu plus au change, sinon elle serait capable de le pousser par dessus bord parce-qu’il se montrait ennuyant. Ou en tous cas, c’était de cette sorte qu’il voyait les choses et il était presque sur de ne pas se tromper. « Ca tourne pas mal autour d’histoires d’amour manquées, et un peu déchirantes aussi. » Ce n’était pas là dessus qu’il planchait en ce moment, puisqu’il bossait pour et avec Wyatt, mais c’était ce qu’il couchait sur papier la plupart du temps en solo.

« Non, quand même pas. J’admets que y’a un égrégore au sein de ce monde là, ça va pas jusqu’à la mortelle et au serf. » Zoya adopte un air choqué par la confession, surtout par l’évocation de l’existence d’un égrégore « Ok, je dois admettre qu’il est… spécial ton monde. Il me faudrait beaucoup de vesper je pense pour pouvoir y survivre ». Finalement, elle est bien là où elle est.

« C’est quoi, le nom de la galerie ? Peut-être que je connais déjà. » Ils parlent d’art, une passion qu’ils partagent et qu’ils se découvrent par le biais de cette conversation sereine qu’ils échangent. Zoya lui donne le nom de la galerie de sa mère, lui précisant où celle-ci se trouve dans le cœur de la ville. « T’as l’habitude d’aller voir des expositions ? J’y expose parfois mais mes photos ». C’est ce qui lui a permis aussi de se faire connaitre ou remarquer par de grands noms et pour ça, elle peut s’estimer chanceuse. C’est son petit privilège à elle. En tout cas, le fait qu’ils aient tout ça en commun, Zoya propose à Damon d’échanger leurs réseaux pour garder le contact après leur aventure « On pourra oui. ». Elle ne remarque pas la réticence du jeune homme, souriant parce qu’il accepte.

« T’es dure en affaires dis moi. » Bien sur qu’elle l’est et elle veut toujours plus que tout le monde, surtout quand elle est à l’origine de l’idée. Son crédit vaut cher « 50-50 comme ça personne n’est déçu ? » Elle grimace à ça puis un sourire nait à nouveau sur ses lèvres « A condition qu’on arrive jusqu’au bout avec notre radeau, vivant… et qu’on ait bien utilisé cette voile » Celle qu’ils ont enlevé parce qu’elle leur faisait perdre plus de temps que gagner. Oui, les conditions sont nombreuses et sûrement est-ce pour avoir une chance de remporter son deal. En attendant qu’ils terminent la course – et que Damon publie réellement cette autobiographie romancée – elle lui demande s’il a des projets au moins dans cette voie dans laquelle il souhaite se lancer « J’ai quelques trucs ouais. » Tout en pagayant, Zoya tourne son regard sur Damon, celui-ci parlant sûrement pour elle pour lui demander de lui en dire plus puisque c’est ce qu’il finit par faire « Ca tourne pas mal autour d’histoires d’amour manquées, et un peu déchirantes aussi. » « Vraiment ? Tu vois, là, en revanche, je suis surprise. Tu es un peu fleur bleue alors ? » Non, elle ne se moque pas, promis « Tu devrais réellement te lancer, c’est le genre d’histoires qui plait. Et qui parle à tout le monde. On a tous connu des histoires d’amours du genre… » et elle soupire suite à ça, parce qu’elle-même est concernée. « J’imagine que c’est pas anodin… ça a été quoi ta plus grosse déception ». Peut-être va-t-il regretter de l’avoir lancé sur ce sujet.