wrong turn
Cassie Edwards & @Midas Sterling

Depuis que tu bosses pour Midas, ça n’a jamais été comme ça. Ta place, tu te l’es faite, t’as gagné son respect et celui de tes pairs et t’as su te rendre indispensable depuis tout ce temps. Et là, juste comme ça, juste parce que monsieur a décidé de vendre sa victoire pour une paire de beaux yeux, parce qu’il n’a même pas eu la décence de porter ses couilles jusqu’au bout et d’en parler avec la concernée, il a décidé qu’il faisait la gueule. C’est grotesque, putain. Inimaginable d’en arriver là après tout ce que t’as fait pour lui depuis que t’es à ses côtés. Le matin quand t’arrives pour commencer ta journée, t’as carrément l’impression d’avoir changé de job, d’être plus bonne qu’à faire des photocopies et des envois de mails pour prévenir les équipes des changements de planning, d’être de retour pendant ces stages interminables de la période de fac et de rien gagner de plus qu’un salaire. Midas t’en veut, à tort ou à raison, mais une chose est sûre ; tu referais la même chose si la situation se représentait. S’il tient tant que ça à plaire à la chanteuse, il a mille façons de s’y prendre et clairement, acheter sa victoire auprès des producteurs, c’est admettre qu’elle n’est pas capable de l’obtenir à la loyale et donc, d’être légitime. Vengeance mesquine ou pas de la part du chanteur, il a balancé une exclu lors du dernier festival où il se produisait, tout ça sans que tu n’aies été au courant. Bien joué de sa part, sans doute. T’as quand même été suffisamment sympa pour le féliciter et le complimenter sur la chanson, juste de quoi flatter son égo sans pour autant demander pardon. Ca viendra en temps voulu, quand vous aurez eu l’occasion d’en discuter au calme et que tu sauras mettre ta fierté de côté.
Certes, de ton côté, tu aurais aussi pu être un peu plus délicate, ne pas directement vendre la peau de l’ours auprès de la concernée, t’aurais sûrement dû mieux gérer ta frustration en apprenant le deal de Midas avec la production, mais t’as pas su. Il ne se rend pas compte, Sterling, de tout ce qui est en jeu ici et de tout ce qui pourrait mal tourner si ça venait à s’ébruiter. Pour lui, il ne se passerait pas grand chose, pas dans l’immédiat en tout cas, mais ça ne fait aucun doute que pour Jo, ça serait une autre paire de manches. Mais ça bien sûr, il n’en a pas conscience, et il a préféré te blâmer toi, plutôt que d’avoir à affronter la vérité en face et remettre ses propres actes en question. Et puis c’est pas mieux de l’autre côté, puisque Jo a décidé d’en vouloir à tout le monde, toi y compris. C’est facile de lancer la pierre au messager, tiens. Mais soit, tant pis, tu t’en remettras.
Pour Midas par contre, t’as quand même tenté de faire le premier pas, de prendre la température histoire de jauger si la situation est finalement si irréversible que ça ou non. Si c’est plus aussi froid qu’il y a quelques semaines, ça reste assez bizarre, comme échange. Mais au moins là, en allant le voir chez lui pour autre chose que du boulot, y a moyen d’essayer d’arranger les choses. Et puis, y'a des trucs à dire, genre des fiançailles à évoquer, des projets futurs qui demanderont certainement que tu quittes ton poste, tout ça. Trois fois rien, vraiment. A peine arrivée chez lui, tu ne peux pourtant pas t’en empêcher, c’est plus fort que toi. « T’as eu le temps de regarder ce que je t’ai envoyé pour les demandes d’interviews ? » Est-ce qu’il a seulement plongé une tête dans ses mails, depuis la dernière fois que t’en as parlé ? « Pas pour te presser, mais va falloir que je leur donne des réponses. » S’il veut commencer la promo de son prochain album que t’as toujours pas eu l’occasion d’entendre, il va falloir commencer à s’y mettre, à faire du teasing ici et là. « Ou alors on peut juste boire un café et parler de ça une autre fois. » Y a d’autres sujets que t’aimerai bien régler une bonne fois pour toutes, les journalistes peuvent encore attendre un peu. « Ca va ? » Depuis le temps, depuis votre dernière vraie conversation, tout ça.

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Midas Sterling & @Cassie Edwards ☆ crédit/harleystuff

Cassandra et moi ressemblons à deux enfants se faisant la gueule, décidé à continuer à tirer une tête de six pieds de long sans plus réellement avoir envie de se faire la guerre, mais poussés chacun par notre fierté – ou la honte, me concernant – à ne pas faire le premier pas. J’ai honte de ne pas avoir été à la hauteur des attentes de la petite blonde, honte d’avoir trahi Jo, honte à l’idée qu’elle puisse ne serait-ce qu’apprendre que ce genre d’événement a eu un précédent, et qu’il me concernait bien plus directement encore. J’ai honte de ne pas m’élever à la hauteur des attentes, de façon générale. Et pour cette raison – et parce que j’étais en colère - je n’ai pas mis fin à l’ère glacière entre mon assistante et moi. Je n'ai pas fait le premier pas, et elle n’a pas eu la primeur de mon nouveau single. Mais je n’ai pas eu la moindre envie de l’envoyer sur les roses lorsqu’elle a pris son courage à deux mains pour le faire elle-même.

Elle fait partie de la famille, Cassie. A partir de là, c’était sincère, de lui proposer de passer quand elle voulait. Malgré tout ce que je ressens, je n’ai à aucun moment envisagé de la rayer de mon existence :ce ne sont pas les choses qui se font, en famille. On se tient les coudes, on se dispute, mais on se réconcilie de bon cœur : autant de valeurs que m’ont transmis mes parents et que je m’efforce de mettre en œuvre tous les jours pour tout le monde à l’exception de mon frère, de celui qui partage réellement mon sang.

Cassie est comme chez elle chez moi, rien d’étonnant à ce qu’elle passe la sécurité sans que l’on ne m’appelle, rien de surprenant à ce qu’elle entre dans la maison sans le regard curieux de ceux qui pénètrent dans ce qui ressemble plus à un domaine qu’à une villa pour la première fois. « T’as eu le temps de regarder ce que je t’ai envoyé pour les demandes d’interviews ? » - « Pas vraiment. » Et ce n’est pas parce que je ne prends rien au sérieux, Cassandra le sait, c’est simplement parce que ce genre de considération ne m’a jamais passionné. La seule chose qui m’intéresse, c’est la musique, et je n’en ai jamais fait un secret. « Pas pour te presser, mais va falloir que je leur donne des réponses. Ou alors on peut juste boire un café et parler de ça une autre fois. » - « Je te fais confiance pour choisir le plus avantageux, vraiment Cass. » De toute façon, c’est toujours la même rengaine, et quel magazine est en vue et lequel ne l’est pas, cela n’a rien d’un secret. Il s’agit d’un art auquel a petite blonde est rompue. « Fais-moi une liste des interviews qu’il faut que j’accepte, et je te dirais quand est-ce que tu peux les caser. » J’ai déjà en tête de repartir, depuis le message que Jo m’a envoyé me demandant de la rejoindre à l’autre bout du pays. « Je te fais confiance, vraiment. » Pour ça, elle n’a jamais perdu la foi que je place en elle.

« Ça va ? » Je pousse un soupir, avant de me gratter l’arrière de la nuque. « Ouais je suppose. Je suis content que le single marche, et le duo avance, finalement. » Jo a accepté. Certainement étais-je le seul à douter qu’elle le fasse. Mal à l’aise, je croise mes bras contre mon torse et m’adosse à l’ilot central de l’immense cuisine ouverte sur le salon. « Et toi ? »

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Cassie Edwards & @Midas Sterling

Franchement, aucune idée d’à quoi t’attendre. T’es pas certaine d’être accueillie à bras ouverts quand bien même Midas a dit que tu pouvais passer quand tu voulais. Ca te fait chier, toute cette situation, bien plus que ce que tu peux laisser paraître en tout cas. Pour le reste, t’es égale à toi-même, tu ne dévoiles pas tes émotions, tu gardes tout à l’intérieur et c’est tellement maîtrisé à la perfection que t’as finis par presque y croire. Seulement voilà, c’est pas tellement possible de continuer à faire l’autruche indéfiniment, ni pour toi ni pour lui, et y a bien un moment où il va falloir l’avoir, cette fameuse discussion. Est-ce qu’il en aura quelque chose à faire, de tes explications ou de tes excuses ? Pire même, est-ce que ça ne va pas le vexer quand tu vas lui dire que, de plus en plus, t’envisages de partir faire ton nid ailleurs, de finalement embrasser ta carrière rêvée et de pouvoir explorer ton plein potentiel ? Ou alors quand tu vas lui annoncer de but en blanc que t’as réussi à te fiancer pendant le laps de temps où vous ne communiquiez plus que pour le boulot ? L’entame est bancale, classique ; est-ce qu’il a jeté un oeil à tes propositions, « pas vraiment. » Sans aucune surprise, la réponse l’est tout autant. Allez, tu te rassures comme tu peux en te disant que c’est le temps de vous remettre en route et qu’une fois le malaise passé et surmonté, ça ira mieux et vous pourrez de nouveau parler comme des adultes. « Je te fais confiance pour choisir le plus avantageux, vraiment Cass. » « Ouais, ok. » Déjà avant, c’était comme ça, alors c’est pas après la guerre froide que c’était destiné à changer. « Fais-moi une liste des interviews qu’il faut que j’accepte, et je te dirais quand est-ce que tu peux les caser. Je te fais confiance, vraiment. » « J’t’enverrai tout ça tout à l’heure, juste, oublie pas de regarder hein. » Tu le taquines brièvement en sous-entendant qu’il ne consulte jamais ses mails à moins d’y être poussé par toi, juste pour le plaisir de pouvoir le refaire et avant de pouvoir enfin entrer dans le vif du sujet. Pour une fois, t’essaies de t’y prendre en douceur, tu prends ton temps et tu ne lui rentre pas dedans comme t’as l’habitude de le faire ; le moment est mal choisi et t’as encore trop l’impression de devoir marcher sur des oeufs. « Ouais je suppose. Je suis content que le single marche, et le duo avance, finalement » « C’est mérité, il est incroyable. » Et c’est même pas pour dire de faire de la lèche ou quoi, tu le penses vraiment et il sait très bien que si un des morceaux qu’il propose n’est pas suffisamment convaincant à ton goût, tu te fais pas prier pour le lui signaler. « Et toi ? » « Oh tu sais, le boulot, » que tu réponds l’air de dire “ça va, rien de neuf” alors que dans les faits, si, quand même un peu. Mais allez, t’as pour ligne directrice de jamais battre en retraite face à un combat à mener de front et c’est pas aujourd’hui que ça va commencer, alors voilà, il est temps d’adresser l’éléphant dans la pièce. « J’suis désolée, tu sais. » D’avoir aussi mal géré les choses vis à vis de Jo, d’avoir agit sans essayer de savoir pourquoi il a passé ce foutu deal avec la prod et surtout de pas avoir su anticiper toutes les conséquences. « J’avais pas vraiment prévu que les choses tourneraient comme ça et c’était stupide de ma part de faire ça. » Voilà, au moins ça c’est dit. « Même si j’comprends toujours pas pourquoi toi t’as fait ça, t’avais sûrement tes raisons et… J’sais pas, j’aurai bien aimé que tu m’en parles quoi. » T’aurais sans doute pas été d’accord avec l’initiative et t’aurais probablement pas réussi à l’en dissuader, mais t’es sûre que ça se serait passé autrement.

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Midas Sterling & @Cassie Edwards ☆ crédit/harleystuff

« Ouais, ok. J’t’enverrai tout ça tout à l’heure, juste, oublie pas de regarder hein. » Je hoche la tête, docile face au professionnalisme de la petite blonde. En ce qui concerne ma carrière et surtout la façon dont la gérer, je n’ai jamais perdu confiance en Cassandra : c’est pour tout ce qui a trait aux choses bien plus personnelles que je ne sais plus à quoi me fier. Je n’ai toujours pas compris son geste, je ne sais pas si je dois l’interpréter comme une décision prise de rage de ne pas pouvoir influencer la mienne, une sorte de vengeance ou une tentative de chambouler les choses, mais je n’arrive à y voir aucune logique. Les dés étaient jetés, l’accord passé entre la chaîne et moi et, elle, tout ce qu’elle pouvait faire, c’était foutre en l’air mon couple et elle l’a fait. Jo a gagné, cela n’a rien changé au résultat et, quand bien même, ma carrière n’avait pas besoin d’une nouvelle victoire à X-Factor. « Je regarde ça ce soir et je te fais un retour dans la foulée. Les plus grosses opportunités… » Les demandes d’interview avec les plus gros journaux ou les plus grosses chaînes. « … Tu veux qu’on les programme au plus proche de la sortie de l’album, je suppose ? » Je ne suis pas aussi doué que Cassie avec ce qui a trait à la stratégie de communication – cela m’ennuie même profondément – mais j’évolue dans le milieu depuis assez longtemps pour en connaître deux trois ficelles.

« C’est mérité, il est incroyable. »
« Merci Cass. »

Je sais qu’elle est sincère. Je sais qu’elle n’a jamais cessé de croire en moi. Elle ne sera pas à mes côtés indéfiniment, sa carrière prime sur le reste et je ne suis pas idiot : elle voit bien plus loin. Cependant, je sais qu’elle ne gère pas les choses pour moi comme elle le fait uniquement par professionnalisme, mais bel et bien parce qu’elle croit en moi, mes titres et mon talent. La jeune femme ne perdrait pas son temps avec quelqu’un qu’elle considère comme un incapable. « J’espère que le reste de l’album recevra le même genre d’accueil. » Et pour la première fois depuis longtemps, je suis même fébrile quant au succès de mon travail.

« Oh tu sais, le boulot… » La blonde est gênée et c’est compréhensible : nous n’avons jamais crevé l’abcès, elle et moi. Je recommence à peine à accepter de lui adresser la parole pour autre chose que pour lui adresser des directives concernant le boulot, et nous n’avons plus reparlé comme deux amis depuis que j’ai appris que c’était elle qui avait tout balancé à Jo. « J’suis désolée, tu sais. » Je pousse un long soupir, et passe une main sur mon visage. Finalement, je hoche la tête en guise de réponse à sa déclaration. Pardonner et avancer est une chose, et j’en suis presque là, mais comprendre en est une autre. Et tant que je ne comprendrai pas, son geste me fera toujours aussi mal au cœur. « J’avais pas vraiment prévu que les choses tourneraient comme ça et c’était stupide de ma part de faire ça. » - « Ouais, ça on peut dire que ça l’était. » Et c’était outrepasser ses droits aussi, oublier que, de nous deux, je suis cela qui reste au gouvernail du navire. Il s’agit de ma carrière, c’est à moi de prendre les décisions, qu’elle soit en accord ou pas avec. « Même si j’comprends toujours pas pourquoi toi t’as fait ça, t’avais sûrement tes raisons et… J’sais pas, j’aurai bien aimé que tu m’en parles quoi. » - « Est-ce que ça aurait changé quelque chose si je l’avais fait ? » Etait-ce une forme de vengeance, dans ce cas ? La mesquinerie d’une jeune femme peu habituée à ce qu’on ne lui dise pas tout, et qui veut faire aussi mal qu’elle a eu mal de son côté ? Je peine à croire ce tableau d’elle que ce genre d’attitude brosserait. Cela ne lui ressemble pas. « Moi non plus je comprends pas, et c’est ça le problème. » Je pousse un nouveau soupir avant de joindre mes mains. « T’avais rien à gagner à tout balancer à Jo. Elle a jamais eu le pouvoir de renégocier les termes avec la production. » Et quand bien même, Cassandra n’avait rien à gagner. « C’était pas un coup de tête. J’ai pris ma décision après avoir réfléchi aux conséquences et, pour être honnête, je savais qu’elles seraient mineures voire inexistantes pour ma carrière. Et je suis certain que tu le savais aussi. » Mes fans se moquent bien de X-Facteur. « C’était de la vengeance ? De la jalousie ? Ta façon de tout vouloir contrôler ? »

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Cassie Edwards & @Midas Sterling

« Je regarde ça ce soir et je te fais un retour dans la foulée. Les plus grosses opportunités… Tu veux qu’on les programme au plus proche de la sortie de l’album, je suppose ? » Bien sûr que tu acquiesces, il sait comment ça fonctionne depuis le temps. « Parfait. » C’est tout ce qu’il te fallait sur ce point là. « J’espère que le reste de l’album recevra le même genre d’accueil. » « Franchement ? Je me fais aucun soucis là-dessus. » Faut aussi qu’il se prépare à ce que les critiques soient intransigeantes, mais ça il s’en doute sûrement. Quand bien même, t’as suffisamment confiance en ses capacités de parolier et d’interprète pour ne pas t’inquiéter à leur sujet. Ils aimeront l’album et sa vibe, même si ça diffère de ce qu’il a eu l’habitude de proposer jusque là. Un artiste qui se renouvelle est un artiste qui perdure, le tout c’est de le faire intelligemment.
Maintenant que les banalités sont échangées, il est temps de mettre les deux pieds dans le plat et de crever l’abcès une bonne fois pour toute. Des excuses pour commencer, c’est la moindre des choses. Pour le reste, ça se démêlera à mesure de la conversation. « Ouais, ça on peut dire que ça l’était. » Ca l’était de le faire de cette façon, surtout. Par contre tu restes intimement persuadée que ton erreur à toi reste moins grave et répréhensible que ce que lui a fait, mais passons. « Est-ce que ça aurait changé quelque chose si je l’avais fait ? » « Tu sais bien que oui. » D’une, t’aurais pu tenter de le dissuader de faire une boulette pareille, lui exposer toutes les raisons pour lesquelles c’était une extrêmement mauvaise idée ou au moins t’aurais pu lui conseiller une approche différente de la chose. Il ne t’aurais pas écouté, bien sûr, mais au moins il aurait été prévenu. « Moi non plus je comprends pas, et c’est ça le problème. » Tu lâches un léger soupir, agacée par la situation, néanmoins, tu le laisses continuer sans l’interrompre. « T’avais rien à gagner à tout balancer à Jo. Elle a jamais eu le pouvoir de renégocier les termes avec la production. » Pas sûre que Jo ait apprécié l’idée d’avoir gagné de cette façon, mais soit. « C’était pas un coup de tête. J’ai pris ma décision après avoir réfléchi aux conséquences et, pour être honnête, je savais qu’elles seraient mineures voire inexistantes pour ma carrière. Et je suis certain que tu le savais aussi. » Est-il sûr de lui sur ce point-là ? « C’était de la vengeance ? De la jalousie ? Ta façon de tout vouloir contrôler ? » Doucement, tu secoues la tête. « Tu crois vraiment que j’ai fait ça parce que je voulais me venger ou que j’avais quelque chose à y gagner ? » Ca vient de qui, ça ? De Jo elle-même ou alors c’est l’opinion qu’il a véritablement de toi ? Pas que ce soit tout à fait faux. « J’veux dire, je sais que tout le monde pense que je ferai tout pour ma carrière, mais quand même. » Toi aussi tu as des limites, malgré tes grands airs et ce que tu peux en dire. Si d’apparence tu peux avoir l’air d’être le genre de personne prête à jeter ses opposants sous les roues du carrosse, dans les faits c’est autre chose. « Je vais pas te mentir, j’ai un peu agit sur le moment parce que j’étais en colère après toi. Franchement, tu te rends pas compte du genre d’impact qu’une décision comme ça peut avoir. » Contrairement à ce qu’il en dit en tout cas. Rapidement, tu lèves la main pour signifier que tu n’as pas terminé et que tu as encore plein de choses à dire, comme d’habitude. « Et avant que tu me redises que j’en fais trop et que tout le monde se fiche que tu gagnes ou pas cette émission, je sais. Le truc c’est que le gros du problème est pas là. » Nouveau soupir, il n’a pesé qu’un seul côté de la balance et il est là, le souci. « Si jamais ça se sait, les conséquences seront pas pour toi. Okay tu feras la une des tabloïds pendant un moment, certains fans se diront déçus mais ils oublieront. Ta carrière à toi elle est lancée et en toute franchise, elle risque rien. » Est-ce qu’il comprend seulement que lui est à l’abri de toute conséquence sur le long terme mais que ce n’est pas forcément le cas pour celle qu’il a tant voulu mettre en avant ? « Je vais pas non plus faire semblant que je l’ai fait pour Jo vu qu’elle me déteste, mais elle avait le droit de savoir et d’être préparée, au cas où. » Et bon, en toute franchise, tu ne portes pas la chanteuse dans ton coeur non plus, mais tu la respectes suffisamment pour ne pas la laisser dans le flou. Le truc ici, c’est que tu t’y es mal pris et que les formes étaient mauvaises. « J’espère que t’as vraiment bien assuré tes arrières parce que sinon, tu peux être sûr que ça ne restera pas un secret éternellement. » Les gens parlent facilement, il suffit d’une bonne motivation et les langues ont tendance à se délier.

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Midas Sterling & @Cassie Edwards ☆ crédit/harleystuff

« Franchement ? Je me fais aucun soucis là-dessus. » J’ai beau savoir que tous les voyants sont au vert, je suis presque aussi nerveux que lors de la sortie de mon premier album. Cela là n’a pas la même saveur mais, après tant d’années à ne plus prendre de réel risque - performer mes chansons connues et déjà adorées par le public n’en est pas un - il y a de quoi me donner le sentiment que j’ai à nouveau mes preuves à faire, malgré toute l’assurance que je renvoie à mon entourage.

« Tu sais bien que oui. » - « Je sais pas Cass’. Tu aurais tenté de me faire changer d’avis, ça je le sais, t’aurais pas réussi ton coup parce que je l’aurais pas fait et puis quoi ? T’aurais respecté ma décision ? » La seule différence c’est que cela lui aurait permis de tout faire pour tenter de me convaincre que je faisais une connerie, mais je n’aurais pas pu l’être, cette fois. Et j’ai l’intime conviction qu’elle n’aurait pas supporté le fait de ne pas avoir le dernier moi de la sorte, ma jeune assistante, et que l’issue de tout ce bordel aurait été la même. Elle aurait tout gâché en le disant à Jo, et l'aurait même fait plus tôt, la privant de cette victoire à laquelle elle avait droit. «  Tu crois vraiment que j’ai fait ça parce que je voulais me venger ou que j’avais quelque chose à y gagner ? » Je n’en sais rien, c’est bien ça le problème. Alors dans ces  conditions, les hypothèses les plus simples semblent toujours être les plus convaincantes. « J’veux dire, je sais que tout le monde pense que je ferai tout pour ma carrière, mais quand même. » Je l’observe sans broncher, persuadé que, oui, elle ferait tout sa carrière, et qu’en temps normal, ce n’est pas un tort. Mais cette fois, c’est de la mienne qu’il était question.

« Je vais pas te mentir, j’ai un peu agit sur le moment parce que j’étais en colère après toi. Franchement, tu te rends pas compte du genre d’impact qu’une décision comme ça peut avoir. » Des impacts sur moi. Des impacts que j’étais prêt à accepter. « Et avant que tu me redises que j’en fais trop et que tout le monde se fiche que tu gagnes ou pas cette émission, je sais. Le truc c’est que le gros du problème est pas là. » Je fronce les sourcils, mais je ne trouble pas son discours : je lui ai demandé des explications, maintenant qu’elle semble décidée à me les donner, j’entends bien la laisser aller jusqu’au bout de sa réflexion, espérant au fond comprendre pourquoi. « Si jamais ça se sait, les conséquences seront pas pour toi. Okay tu feras la une des tabloïds pendant un moment, certains fans se diront déçus mais ils oublieront. Ta carrière à toi elle est lancée et en toute franchise, elle risque rien. » Si ma carrière est à l’abri, la sienne l’est tout autant. Et elle ne me fera pas avaler qu’elle en a quelque chose à faire de celle de Jo, elle semble d’ailleurs en avoir conscience puisqu’elle anticipe ma remarque. « Je vais pas non plus faire semblant que je l’ai fait pour Jo vu qu’elle me déteste, mais elle avait le droit de savoir et d’être préparée, au cas où. » - « C’était pas à toi de le lui dire. » J’aurais fini par le faire, j’aime le croire en tout cas alors que, dans les faits, les chances pour que je me voile la face sont énormes. Mon secret m’aurait dévoré et, ne supportant pas le poids du mensonge, j’aurais certainement encore une fois tout gâché avec Jo, comme je l’ai fait il y a sept ans après ma victoire, encore une fois à cause d’un foutu secret et de toute la culpabilité qu’il faisait naître chez moi. Peut-être qu’au bout du compte, elle a sauvé mon couple mais puisqu’elle est mon employée et je l’espère mon amie, je ne peux pas voir la chose autrement que comme un coup de couteau dans le dos. C’était une trahison, à mes yeux. « Ma décision Cassie. Et avec toute l’affection que j’ai pour toi, malgré tout le respect que j’ai pour tes opinions, j’attends de toi que tu respectes toutes celles que je prendrai à l’avenir. » Sinon, je déteste l’envisager, mais la porte lui est grande ouverte. Je détesterais la perdre, mais moins que l’idée d’être manipulé par une personne de plus dans mon entourage. « J’ai déjà le label pour tenter de me faire rentrer dans un moule et m’imposer leurs décisions. Toi, t’es là pour supporter et faire respecter les miennes. » J’ai conscience de la valeur de la jeune femme, mais j’ai aussi conscience qu’elle fait partie de ces jeunes fougueux et sans limite qui ont besoin qu’on leur en pose. « Tu crois que t’es capable de ça ? »

« J’espère que t’as vraiment bien assuré tes arrières parce que sinon, tu peux être sûr que ça ne restera pas un secret éternellement. » Je pousse un soupir, je me gratte l’arrière de la nuque et reste pensif quelques secondes, le regard perdu dans le vague. « La chaîne a aucun intérêt à ce que ça se sache. Ils risquent des procès et des lourdes peines et amendes. » Parce que ce qu’ils font, c’est du vol pur et simple. Laisser tous les téléspectateurs voter et dépenser leur argent en pensant qu’ils ont une quelconque influence sur le résultat, c’est illégal, j’en suis certain sans pour autant avoir jamais mis le nez dans les textes de loi. « Y’a rien qui peut m'incriminer moi. »

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Cassie Edwards & @Midas Sterling

«  Je sais pas Cass’. Tu aurais tenté de me faire changer d’avis, ça je le sais, t’aurais pas réussi ton coup parce que je l’aurais pas fait et puis quoi ? T’aurais respecté ma décision ? » Évidemment qu’il a raison. Si d’aventure il était venu te trouver en fanfaronnant un “hey Cass, j’ai une idée de génie pour le Revival ! J’vais acheter la prod pour que Jo gagne, pas mal hein ?” ou qu’importe la façon dont il aurait tenu à présenter son plan foireux, il est plus qu’évident que tu aurais tenté de lui faire changer d’avis, de le raisonner et t’aurais rien lâché jusqu’à ce qu’il cède. Chose qui ne serait probablement pas arrivée selon ses dires, mais il te connaît suffisamment pour savoir que t’aurais tout de même trouvé un moyen de faire pencher la balance. Que ça soit avec l’appui de Jo ou celui de sa soeur, ou qu’importe la méthode employée. Et puis qui sait, elle aurait eu toutes ses chances de pouvoir gagner à la loyale, Jo, même si d’après les sondages que tu as pu voir, Midas restait largement en tête dans le classement. Pas étonnant, la notoriété compte pour beaucoup et le personnage qu’il incarne est bien plus attrayant que celui de la diva qui distribue des baffes à tour de bras. Le fils chéri de l’Australie, ou qu’importe les innombrables surnoms que t’as pu voir défiler depuis le début de sa carrière, aurait remporté le Revival, ça ne fait aucun doute. « On aurait pu au moins en discuter. » Les avis restés les mêmes, mais au moins, tu aurais sûrement mieux encaissé le coup et t’aurais pu ne pas réagir de façon aussi extrême en entendant ses motivations. « Ou peut-être que j’aurai pu te convaincre qu’elle était capable de gagner à la loyale. » Ou peut-être pas. Mais t’es douée pour manipuler l’image, il aurait suffit de choisir les bonnes chansons, les bons outfit, peut-être un peu de coaching pour radoucir l’image de la chanteuse et la rendre plus sympathique aux yeux du public, c’est facile, tu sais faire, et surtout tu sais à quel point ça peut jouer lors d’une émission comme ça. Au moins t’aurais pu essayer, quoi. Et dans le pire des cas, il y a suffisamment de producteurs avides de nouveauté pour flairer la bonne affaire avec la Carter, forcément elle aurait commencé plus petit, mais c’était mieux que rien.
Enfin tout ça, ça ne reste que des hypothèses.
Alors tu t’expliques, tu justifies ton geste comme si tu avais trahis ta propre nation face aux envahisseurs, que tu avais divulgué des secrets d’état ou tu ne sais quoi. Et aux yeux de Midas, t’es à peu près certaine que c’est pas loin d’être le cas. « C’était pas à toi de le lui dire. » Non, bien sûr, et chacun à leur manière, ils lui ont fait comprendre qu’ils étaient mécontents de ce choix, bien plus que ce que ça dénonçait à la base. Un soupir t’échappe alors que tu croises les bras sur ta poitrine, prête à te défendre face aux accusations. « Parce que tu lui en aurais parlé un jour ? » Il aura beau prétendre le contraire, t’es à peu près sûre que non, jamais il ne serait passé à table tout ça pour éviter de froisser la demoiselle. Encore une fois, pas une reproche, une vraie question plus rhétorique qu’autre chose. Quand, Midas ? Quand ? Dans un an ? Deux ? A l’aube de leur mariage ou alors après dix années passées ensemble à faire la une de tous les médias ? C’est sûr qu’elle aurait été ravie d’apprendre que toute leur relation a été construite sur un mensonge à plusieurs millions de dollars. Au moins là, l’abcès est crevé avant qu’il n’ait le temps de grossir, et si tu regrettes toujours les méthodes et les retombées qu’elles ont eues, tu restes persuadée que tu as fait le bon choix. Autant pour lui que pour son couple, ou futur couple, tant est si bien que ça devienne quelque chose d’officiel. « Ma décision Cassie. Et avec toute l’affection que j’ai pour toi, malgré tout le respect que j’ai pour tes opinions, j’attends de toi que tu respectes toutes celles que je prendrai à l’avenir. » Ton regard, tu le gardes rivé sur Midas, tu acquiesces doucement, retenant un énième soupir. « J’ai déjà le label pour tenter de me faire rentrer dans un moule et m’imposer leurs décisions. Toi, t’es là pour supporter et faire respecter les miennes. » Parfois tu oublies à quel point ils lui mettent une pression monstre pour tout et n’importe quoi. D’ordinaire, tu fais de ton mieux pour alléger son esprit au maximum, tu remplis ton rôle à la perfection en ne pensant pas toujours à ce que lui peut vouloir. « Tu crois que t’es capable de ça ? » « Je peux le faire si de ton côté tu promets de venir me voir quand t’as des décisions comme ça à prendre. » Quoi qu’il en dise, tu restes persuadée qu’il a agi sur un coup de tête, ou en tout cas qu’il n’a pas suffisamment pensé aux conséquences et aux éventuelles retombées. « Si y a des sujets sur lesquels on arrivera sans doute pas à se mettre d’accord, on est quand même suffisamment adultes pour en discuter et essayer d’arriver à un compromis. » A moins qu’il ne reste à jamais persuadé que t’es prête à tout pour arriver à tes fins et qu’il ne te fasse plus confiance.
Finalement, la tension redescend d’un cran et tout ce qu’il aura fallu, c’est une discussion en face à face. T’es contente d’avoir fait le premier pas et t’es consciente que toute cette histoire n’est pas terminée, que ça ressortira un jour ou l’autre. Une chose est sûre, d’ici là, t’auras pris ton envol et tu seras passée à autre chose, ta carrière aura pris un tournant différent et tu ne seras plus là pour lui lâcher un “je te l’avais dit”. « La chaîne a aucun intérêt à ce que ça se sache. Ils risquent des procès et des lourdes peines et amendes. » La chaîne peut-être, mais des types prêts à vendre l’histoire pour se faire un paquet d’argent, il y en aura, c’est une certitude. « Y’a rien qui peut m'incriminer moi. » « Plus qu’à prier pour que t’aies raison. » Et t’espères vraiment vraiment qu’il sait ce qu’il fait. « Les choses se sont arrangées avec Jo ou… » Ou t’as niqué un truc en dévoilant le petit secret de Midas ? Ca te regarde pas, c’est leur histoire et la chanteuse détesterait savoir que tu t’en mêles, mais c’est plus fort que toi, t’as besoin de savoir.

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Midas Sterling & @Cassie Edwards ☆ crédit/harleystuff

« On aurait pu au moins en discuter. Ou peut-être que j’aurai pu te convaincre qu’elle était capable de gagner à la loyale. » - « Je suis convaincu qu’elle aurait été capable de gagner à la loyale. » Je suis presque indigné qu’elle laisse sous-entendre le contraire. Pour m’en convaincre, il aurait fallu que je ne suis pas déjà persuadé que si le talent avait eu la moindre chose à voir dans tout ça, elle l’aurait emporté haut la main. Sauf que pour que Cassie comprenne, il aurait fallu qu’elle ait toutes les cartes en mains et ça, je ne peux pas me le permettre. La blonde est bien trop imprévisible, et j’ai signé un putain de contrat de confidentialité. Le rompre pour récupérer Jo est une chose, mais le faire à tour de bras, cela n’arrivera jamais. « S’il avait été question de talent uniquement. Et on sait toi comme moi que le combat a jamais été loyal. » Elle ignore certainement à quel point. Cependant, elle sait à présent de quoi est capable la production, ne se doute-t-elle pas que tout le monde est pourri dans ce foutu milieu ? « J’ai pas douté une seule seconde d’elle. » De tous les autres, de ce fichu système, mais pas d’elle, jamais d’elle. J’ai convaincu le public grâce à un mélange de talent, de charme, de sympathie. Jo elle est un fichu concentré de talent, un diamant brut qui n’a besoin de rien d’autre pour briller, si on me pose la question.

« Parce que tu lui en aurais parlé un jour ? » - « Là, on sort du domaine pro Cass’. » Et si peu de sujets sont tabous entre la jeune assistante et moi, ma vie privée est et restera privée. Mon cœur, mes intentions, mes désirs pour le futur, tout ça ne regarde que Jo et moi. De la même façon que je ne laisse personne de mes équipes me donner des conseils quand à la façon de gérer les choses avec ma fille – ceux qui m’entourent pratiquement au quotidien connaissent fatalement son existence – je ne veux pas que vie sentimentale puisse devenir un sujet de conversation public, comme si elle ne m’appartenait plus tout à fait.

« Je peux le faire si de ton côté tu promets de venir me voir quand t’as des décisions comme ça à prendre. » Je prends ma tête entre mes mains, avant de pousser un soupir et de la secouer doucement, comme dépassé par la tournure que prend la conversation. « Si y a des sujets sur lesquels on arrivera sans doute pas à se mettre d’accord, on est quand même suffisamment adultes pour en discuter et essayer d’arriver à un compromis » - « Cassie… » Ma tête dans mes mains, je cherche comment formuler ce que j’ai sur le cœur sans froisser la demoiselle. Finalement, je me redresse pour la regarder dans les yeux. « Je te respecte, vraiment. » Et je respecte son opinion professionnelle et ses compétences. Elle est efficace, Cassandra. « Je peux te promettre d’essayer d’être plus transparent avec toi sur mes motivations, sur mes décisions. » De toute façon, avant ça et outre concernant ma propre victoire, je n’ai jamais menti à la jeune femme. Je n’ai jamais eu la moindre raison de le faire. « Mais c’est ma putain de vie et de carrière. Je te jure que c’est pas facile d’avoir l’impression que je dois trouver des compromis dès que j’ai envie de faire quelque chose. » Avec le label, j’ai l’impression de ne faire que ça, tout le temps. « C’est déjà bien assez de devoir le faire avec le label en permanence. Ton boulot à toi, c’est de trouver une façon de faire arriver ce que moi je veux. » De tout mettre en œuvre pour que ma vision de mon art prenne vie. « Je respecte tes opinions mais, à la fin de la journée, ce sont les miennes qui comptent, tu comprends ? » Et si pas, je respecterai qu’elle souhaite donner un nouveau tournant à sa carrière. Peut-être est-elle devenue trop ambitieuse, trop qualifiée pour un job d’assistante et de conseillère en image. Je la laisserais partir sans amertume, bien que convaincu que je ne trouverais jamais mieux.

« Plus qu’à prier pour que t’aies raison. » Aies confiance, Cassie. Je sais que c’est compliqué, qu’elle n’a pas tous les éléments à sa disposition pour comprendre, et je n’ai pas envie non plus de l’alourdie de mes vilains secrets. C’est un secret que je lui rends que de la tenir éloignée de tout ça, j’en suis convaincue. « Les choses se sont arrangées avec Jo ou… » Je pousse un soupir, avant de hausser les épaules. « Elle a accepté de bosser sur le duo qu’on s’était promis de faire. C’est déjà mieux que rien. » Notre relation est… Compliqué, je ne suis pas certain d’être capable de mettre un autre mot dessus, pas sûr de savoir ce que Jo veut réellement non plus. Elle ne m’a pas totalement effacé de sa vie, et je m’accroche à ça. « Je sais que ça va faire un tabac. Les gens attendent ça depuis des années. » Et moi aussi, pour être tout à fait honnête.

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Cassie Edwards & @Midas Sterling

« Je suis convaincu qu’elle aurait été capable de gagner à la loyale. » C’est pas tellement l’impression que ça donne, mais soit. Admettons. « S’il avait été question de talent uniquement. Et on sait toi comme moi que le combat a jamais été loyal. » A ça, t’as forcément envie de répondre et alors ? Ce n’est ni son problème ni le tien. Mais vu que t’es à peu près sûre qu’il risque de mal le prendre ou de comprendre de travers, tu t’abstiens. « J’ai pas douté une seule seconde d’elle. » Y a quand même des techniques de drague plus simples que d’acheter une victoire, genre il a pensé à lui offrir une fleur ou à l’inviter au resto ? C’est tout aussi parlant et ça a vachement moins de conséquences sur le long terme. Reste plus qu’à croiser les doigts pour qu’elle le sache, la chanteuse, parce que là c’est pas gagné.
« Là, on sort du domaine pro Cass’. » Sa façon d’éluder la question est la seule réponse qu’il te faut. Il ne l’aurait probablement pas fait, pas avant d’y être contraint et forcé en tout cas. Effectivement, ça sort peut-être du cadre professionnel, mais t’es quand même pas assez bête pour croire qu’une relation basée sur un mensonge aussi gros puisse avoir la moindre chance. Dans le meilleur scénario, ils se mettent ensemble, ça dure peut-être quelques années pendant lesquelles tout se passe le mieu du monde, jusqu’au jour où l’horrible vérité leur revient en pleine face et où la belle se sent trahie. Une histoire presque digne d’une tragédie Shakespearienne mais qui ne finira qu’en couverture d’un tabloid miteux et bas de gamme. La carrière de Jo n’en sera peut-être pas si entachée que ça après tout ce temps, mais ce qu’ils auront construit d’ici là, tu peux en mettre ta main à couper. Plutôt que de remettre de l’huile sur le feu et d’exprimer tout haut ce qu’il sait probablement déjà, tu lèves les mains l’air de signifier que t’insistes pas mais que t’en penses pas moins.
Après tout ça, t’es bien obligée de poser ta question purement rhétorique. « Cassie… Je te respecte, vraiment. » Forcément, tu attends le mais qui ne tarde pas à venir. « Je peux te promettre d’essayer d’être plus transparent avec toi sur mes motivations, sur mes décisions. Mais c’est ma putain de vie et de carrière. Je te jure que c’est pas facile d’avoir l’impression que je dois trouver des compromis dès que j’ai envie de faire quelque chose. » Le problème, c’est qu’avec la vie qu’il mène, il y est plus ou moins obligé. Que ça soit pour Jo ou même pour Posy. Il pense très certainement avoir les épaules pour gérer les retombées d’une décision de ce genre, mais t’es pas sûre de ça. « C’est déjà bien assez de devoir le faire avec le label en permanence. Ton boulot à toi, c’est de trouver une façon de faire arriver ce que moi je veux. » Ouais enfin c’est plus facile à dire qu’à faire, surtout à partir du moment où tu n’as pas toutes les cartes en main. « Je respecte tes opinions mais, à la fin de la journée, ce sont les miennes qui comptent, tu comprends ? » Léger soupir. « J’entends, Midas. Vraiment. » Tu marques une petite pause, le temps de passer d’un pied à l’autre. « Le problème c’est que je peux pas faire plaider ta cause auprès de qui que ce soit s’il me manque la moitié des informations, tu vois ce que je veux dire ? » Et encore la moitié, t’es gentille là. « T’imagines même pas comme j’étais à deux doigts de lancer toute la procédure pour faire vérifier les votes et la légitimité des résultats. » Y avait rien qui allait entre les sondages préparatifs et les résultats finaux, t'as cru à une sacrée mauvaise blague. On en est pas si loin, finalement. Autant dire que ça aurait été particulièrement contre-productif, au final. Bon pour le coup, t’es pas sûre que les huissiers mis en cause dans cette fraude de télécrochet, la prod ayant accepté tout ça ou qui que ce soit d’autre auraient laissé faire sans broncher, mais t’en aurais pas démordu pour autant. Parce que toi aussi quand tu veux quelque chose, tu te bats jusqu’au bout pour avoir gain de cause ; t’es similaire à un molosse qui ne lâche pas son bout de steak. Tout le monde aurait eu l’air bien malin une fois la supercherie dévoilée. A coup sûr, l'affaire aurait été étouffée avant de pouvoir faire trop de vagues, mais tout le monde sait que plus il y a de personnes au courant, plus c’est compliqué de garder le secret. « Et je questionne pas tes motivations, tu sais. » Pas vraiment en tout cas, parce que t’as bien compris d’où ça venait. « Plus la façon de faire, quoi. » Dans le fond, c’est surtout le manque de contrôle sur la situation qui te déplaît. « J’admets que j’en fait peut-être un peu trop et que je dramatise beaucoup la situation, mais ça aussi, c’est mon job. » Prévoir encore et toujours, tout et à tous les niveaux, préparer le terrain et tout le reste. Tu détestes être prise au dépourvue comme ça, surtout pour un truc aussi gros.
« Elle a accepté de bosser sur le duo qu’on s’était promis de faire. C’est déjà mieux que rien. » « Ouais… » que tu souffles en acquiesçant. Si ça lui tient tant à coeur, tu ne peux qu’espérer que ça fonctionne pour lui. « Je sais que ça va faire un tabac. Les gens attendent ça depuis des années. » D’un air convaincu, t’acquiesces. « J’peux teaser le truc ou tu préfères assurer le coup avant ? » Ou alors est-ce qu’il veut lâcher la bombe au dernier moment et éviter de faire grimper la tension ?  « Ça valait la peine de prendre un tel risque, d’après toi ? » La réponse, tu la connais déjà. Ça ne prendra pas longtemps pour lui de balayer tes inquiétudes d’un revers de manche sans se préoccuper de tout le reste. « Si tu m’affirmes que oui, je reviendrai plus sur le sujet. » Parole de scout ou qu’importe ce qui le rassure, au final. Et par pitié, plus jamais un coup comme ça.

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Midas Sterling & @Cassie Edwards ☆ crédit/harleystuff

« J’entends, Midas. Vraiment. » Mais le problème de Cassandra, c’est qu’elle a beau entendre, il est difficile de lui faire changer d’avis lorsqu’elle s’en est déjà fait un sur une situation. Et je ne la pointe pas du doigt pour ça, j’admire les femmes qui, comme elle, son pleines de déterminations et de certitude – ce serait hypocrite de prétendre l’inverse puisqu’il semblerait que ce soit exactement sous le charme de ce genre de femme que je tombe la plupart du temps.« Le problème c’est que je peux pas faire plaider ta cause auprès de qui que ce soit s’il me manque la moitié des informations, tu vois ce que je veux dire ? » - « Quand je voudrais que tu plaides ma cause, t’auras toutes les infos Cassie. » D’ici là, j’espère vraiment qu’elle aura malgré sa fierté tiré une leçon de tout ce qu’il s’est passé et que je n’aurais pas à nouveau à lui faire des remontrances : je déteste ça. « T’imagines même pas comme j’étais à deux doigts de lancer toute la procédure pour faire vérifier les votes et la légitimité des résultats. » - « T’aurais plus de boulot à l’heure qu’il est, si t’avais fait ça. » J’adore la jeune femme et Dieu sait que son implication et sa présence à mes côtés me manqueraient, mais je n’aurais pas plu laisser passer ça, je ne l’aurais pas pardonné non plus. « Que ce soit clair. » Mais comme je n’ai pas envie qu’elle considère que ce sont des menaces – c’en est moins qu’une mise au clair – j’esquisse finalement un sourire timide et triste, avant de hausser les épaules et de secouer la tête, me débarrassant du sujet aussi vite qu’il est arrivé, je n’ai pas envie de m’y appesantir.

« Et je questionne pas tes motivations, tu sais. Plus la façon de faire, quoi. » Et ce n’est pas son rôle, mais je l’ai assez répété et j’ose penser qu’elle l’a entendu. Peut-être décidera-t-elle que ça n’a pas d’importance à ses yeux mais j’espère de tout cœur qu’elle acceptera – à défaut de comprendre – ma façon de fonctionner. Le choix que j’ai fait ne regarde personne d’autre que Jo et moi. « J’admets que j’en fait peut-être un peu trop et que je dramatise beaucoup la situation, mais ça aussi, c’est mon job. » - « Vraiment ? » Je pousse un soupir et je secoue la tête. Non, ce n’est pas ça son job. Mais j’ai assez rappelé que je suis la célébrité et elle l’assistante pour toute une vie : ce genre de mise au clair n’est pas mon genre, et je sais aussi ce que je dois à la blonde, je n’ai pas envie d’envenimer à nouveau la situation. Alors, je préfère évoquer le futur, j’aimerais que nous nous concentrions dessus en oubliant ce qu’il s’est passé, mais en en tirant malgré tout les leçons qui s’impose, surtout la concernant.

« Ouais… » Elle n’a pas l’air convaincue mais sur ce point-là, je n’ai pas besoin de l’approbation de qui que ce soit. Ce duo arrivera, même si je dois faire des compromis sur tout le reste de l’album pour que ce soit le cas. « J’peux teaser le truc ou tu préfères assurer le coup avant ? » - « Tu peux teaser. Une photo de nous deux au studio, ou quelque chose comme ça, c’est toi qui gères à ce niveau-là. » Elle s’y connait bien mieux que moi sur ce qui peut raviver la ferveur de mes fans. « Ce que ça veut dire aussi, c’est que tu vas devoir faire la paix avec elle. » Je me moque de savoir qui a commencé à envoyer des piques à qui. Avec la révélation qu’elle lui a faite, Cassandra est celle qui a le plus de choses à se reprocher, tant pis si l’intention était la bonne – ce dont je doute encore. « Là-dessus j’ai rien à te dire et encore moins à d’ordonner. » Parce que ce que je m’apprête à lui demander ne relève pas du professionnel, et qu’elle serait en droit de refuser. « Mais je pense que si tu lui présentais des excuses, ça aiderait. » Connaissant la fierté des deux femmes, les conserver toutes les deux dans mon sillage risque d’être un combat de tous les jours, mais je n’envisage pas les choses autrement. Jo représente tellement de choses pour moi qu’il m’est impossible d’en la liste, mais je tiens à Cassandra également et n’ai pas envie de tirer un trait sur l’une pour faire plaisir à l’autre. « Ça valait la peine de prendre un tel risque, d’après toi ? Si tu m’affirmes que oui, je reviendrai plus sur le sujet. » Les deux mains nouées, je l’observe un instant avant de hocher la tête. « Oui. » Avec elle, je peux être honnête. Je regrette la façon dont les choses se sont déroulées, mais je ne regrette pas ma dévotion envers Jo, ni que le vent semble enfin tourner pour elle. « Oui, ça valait la peine. »

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Cassie Edwards & @Midas Sterling

« Quand je voudrais que tu plaides ma cause, t’auras toutes les infos Cassie. » Un léger soupire s’échappe alors que tu acquiesces, te contentant pour une fois d’écouter et d’enregistrer ce qu’on te dit. « T’aurais plus de boulot à l’heure qu’il est, si t’avais fait ça. Que ce soit clair. » Là-dessus, t’as aucun mal à le croire. Tu sais aussi qu’il aura un mal de chien à trouver une remplaçante au moins aussi compétente tandis que toi, tu n’auras aucune difficulté à trouver un autre job. Certes, il n’y aura plus la proximité avec celui que tu as appris à considérer comme un ami avant tout, mais c’est le genre de prix que t’es prête à payer malgré tout. Pour le coup, t’es surtout curieuse de savoir l’excuse qu’il aurait sortie pour justifier ton renvoi, tiens. « Bon courage pour retrouver quelqu’un d’aussi investie dans son job, » t’ajoutes pour la pointe d’humour, l’air de dire que tu comprends et que d’un côté, t’as conscience que tu l’es peut-être parfois trop, investie. Un demi-sourire se dessine alors que tu hausses les épaules.
« Vraiment ? » « Vraiment. » Que ça lui plaise ou non, c’est comme ça. S’il veut une assistante qui se contente de lui apporter des cafés et qui vient lui lire son emploi du temps de la journée le matin avant de se contenter de le suivre comme un chiot perdu, il est tombé sur la mauvaise personne et il le sait, c’est sans doute la raison pour laquelle t’es restée à ses côtés aussi longtemps.
« Tu peux teaser. Une photo de nous deux au studio, ou quelque chose comme ça, c’est toi qui gères à ce niveau-là. » « D'accord. » Tu verras le moment venu, quand t’auras pris cinq minutes pour y réfléchir et pour prévoir comme il faut. « J’m’en occupe dans la semaine. » Ca ira vite à mettre en place et ça concrétisera sûrement les choses pour lui. « Ce que ça veut dire aussi, c’est que tu vas devoir faire la paix avec elle. » Grimace. « Là-dessus j’ai rien à te dire et encore moins à d’ordonner. » Alors là. Tu ne peux pas t’empêcher de lâcher un ricanement sonore qui insinue fortement qu’il rêve tout debout. Le pire dans tout ça, c’est qu’il doit s’en doute parce qu’il vous connaît suffisamment pour savoir que ça n’arrivera probablement jamais. « Tu sais que même si je le voulais vraiment, ça n’arrivera sans doute pas, hein ? » Parce que la bonne volonté devra être des deux côtés et c’est très très loin d’être gagné. « Je veux bien faire des efforts et être la plus pro possible avec elle, mais c’est probablement tout ce qu’il y aura. » Parce que du haut de ta vingtaine à peine dépassée, t’es adulte et que tu sais mettre de côté les querelles d’adolescentes quand c’est nécessaire, mais t’es pas sûre que ça soit pareil de l’autre côté. « Ou pas avant longtemps en tout cas. » Probablement que ça se compte en années et qui sait ce qui peut encore arriver d’ici là. Il y aura peut-être d’autres confrontations ou alors des révélations qui remettront les compteurs à zéro. « Mais je pense que si tu lui présentais des excuses, ça aiderait. » Le problème c’est que tu l’es pas, désolée. Aux dernières nouvelles t’as rien fait de mal ou de répréhensible, c’est pas toi qui a comploté derrière le dos de la chanteuse pour lui offrir une victoire sans aucune saveur sur un plateau d’argent. Vraiment c’est le monde à l’envers cette histoire. « T’as conscience qu’elle va me dire d’aller crever la bouche ouverte si j’ai le malheur de lui adresser la parole ? » Et encore ça, c’est dans le meilleur des cas, à tous les coups elle va te balancer un truc à la figure puis se débarrasser de ton corps dans la rivière avant de faire comme si de rien n’était. « Le mieux que je puisse faire, là, c’est de garder mes distances et te promettre que j’irai pas la faire chier. » Bref, tu seras la meuf pro que tu sais être, t’éviteras les confrontations avec la chanteuse et tu feras de ton mieux pour ne pas remettre de l’huile sur le feu. Reste à voir combien de temps tu pourras tenir ton engagement vu que t’es certaine que de son côté, elle ne fera aucun effort te concernant.
Avec tout ça, tu veux tout de même t’assurer d’une chose. D’avance, tu sais qu’il n’y aura aucune surprise à la question mais tu la poses tout de même. « Oui. Oui, ça valait la peine. » Bien évidemment, tu t’attendais à cette réponse, mais tu voulais tout de même l’entendre de vive-voix ; il sait que tu sais, il a entendu que t’étais prête à faire des efforts et à ne plus te mêler autant de ce qui ne te regarde pas et peut-être que c’est tout ce dont vous aviez besoin pour pouvoir avancer. « Ok alors. » Chose promie, chose due. Tu ne reviendras plus sur le sujet et si d’aventure ses actes venaient à être dévoilés d’une manière ou d’une autre, tu retiendras même ton “je te l’avais dit” qui sera pourtant de circonstances. Pour l’heure, le sujet est clos et c’est clairement un soulagement pour tous les deux. « J’suis à peu près sûre que ça s’arrangera avec elle, tu sais ? » Même si elle a l’air au moins aussi chiante que toi, tu doutes que qui que ce soit reste indéfiniment en froid avec quelqu’un comme Midas. « Pour toi, j’veux dire. Pour elle et moi j’me fais pas trop d’illusions. » C’est même carrément mort, t’en es persuadée, mais c’est pas grave.