Son certificat d'aventurier, à ce stade, Carl ne compte plus beaucoup dessus. On le dira abonné à son pessimisme quand, pourtant, il voulait encore croire il n'y a pas si longtemps que cette aventure entreprise avec ses colocataires parviendrait à l'endurcir comme à le familiariser avec la nature de ce pays. Mais à présent qu'il se retrouve sans Adèle ni Chelsea pour le prochain atelier, Carl questionne sérieusement ses chances d'aller au bout de ce stage de survie. « Zoya, tu seras avec Carl aujourd’hui. » Et voilà qu'il se retrouve associé à une parfaite inconnue, d'ores et déjà persuadé qu'il ne sera pas un cadeau fait à celle-ci. Cette Zoya, il ne la connait pas encore que déjà, il serait tenté de la plaindre par principe. « Salut, moi c’est Zoya » - « Et moi Carl, salut oui. » Les présentations sont sommaires et les regards échangés furtifs, l'un et l'autre ne donnant pas vraiment l'impression de s'atteler à cet atelier par plaisir. Les premiers secours n'inspirent pas grand-chose au garçon, pourtant habitué aux plaies en tous genres que son beau-père pouvait lui causer mais que personne ne lui a jamais appris à soigner. « Tu as une préférence… » Il s'apprête à dire que non, tout ceci lui importe bien peu en vérité mais l'instructeur ne semble pas disposé à les laisser choisir le rôle qu'ils tiendront pour commencer. « Carl tu fais la victime, Zoya tu dois le sauver » Pour le coup, jouer les victimes devrait être dans ses cordes en tant que Calimero de son état mais Zoya n'a pas l'air franchement ravie de cette répartition. « Bon, vas-y mets ton pied dans le trou » Un trou que Carl vient analyser à vue d'œil, se demandant déjà comment son pied pourra y rentrer sans être tordu dans tous les sens et venant aussitôt s'en inquiéter. « D'accord mais euh.. ça va pas faire mal, au moins ? » Ce n'est pas le but de l'exercice et Carl l'a en principe bien compris, alors sans doute ferait-il bien d'entreprendre ce qu'on attend de lui avant d'épuiser la faible patience de son binôme. Son regard remonte vers Zoya, à qui il vient souffler « Pardon, pardon. » pour enfin s'exécuter.

Son pied est désormais pris au piège et Carl, soi-disant blessé. « Et même si c’est pour de faux, on n’hésite pas à en faire des tonnes, les victimes » Là encore, le garçon n'aura pas beaucoup à forcer le trait compte tenu de ses capacités à tout exagérer mais Zoya n'a pas l'air vraiment pour, de son côté. « N’en fais pas des tonnes quand même » Se faire remarquer n'est pour l'heure pas tellement une option s'il ne veut pas s'attirer les foudres de son binôme et à vrai dire, cette activité inspire surtout à Carl un élan de curiosité. « Il a pas l'air très commode l'instructeur, tu le connais ? » chuchote-t-il pour que ce dernier n'intercepte pas ses paroles. Il sent un petit quelque chose d'électrique dans l'air, comme si Zoya était momentanément son bouc émissaire mais avec tout ça, il ne faudrait pas non plus perdre l'exercice de vue. « Tu vois quelque chose qui pourrait m’aider à te sortir de là ? » Creuser pour libérer son pied, oui, mais avec quoi ? Immobilisé comme il l'est, Carl ne peut ratisser qu'un minuscule périmètre autour de lui avant de faire remarquer à Zoya, sans conviction aucune : « Huuum.. peut-être cette branche, juste là ? » Celle que le garçon désigne d'un doigt tout aussi incertain et dont il parvient à s'emparer en se penchant, remettant cette dernière à Zoya en espérant ne pas passer pour un trop gros boulet. « Mais tu fais doucement, hein ? J’ai pas trop envie de rentrer chez moi avec un pied vraiment cassé. » Ce qui est bien avec Carl, c’est qu’il n’en fait jamais trop.


WIN – La branche s'avère idéale pour creuser mais également pour faire levier, libèrant ainsi la pied du garçon sans même aggraver sa (fausse) blessure et ce, sous le regard plutôt satisfait de l'instructeur. « Bien. Et maintenant on inverse les rôles. Zoya, j'ai le regret de t'annoncer que ta blessure à toi est plus sérieuse. » Sérieuse à quel point, l'instructeur ne le précise pas mais Carl ressent déjà une sacrée pression sur lui. Au moins, l'exercice était jusqu'ici une réussite.

SO CLOSE – La branche s'avère idéale pour creuser mais le pied de Carl semble un peu trop enfoncé, obligeant Zoya à prendre le relai à l'aide de ses mains et cela, sans vraiment l'enchanter. « Allez vous deux, tous les autres ont déjà terminé. » Et sans surprise, Carl endosse déjà la responsabilité de ce retard en promettant à Zoya qu'il ne voulait pas lui rendre la tâche trop difficile. Son pied finit par être libéré mais l'instructeur les a maintenant tous les deux à l'œil, bien joué.

FAIL – La branche se casse avant même de leur permettre de creuser et Zoya n'a pas d'autre choix que d'utiliser ses mains, sous les yeux d'un Carl désirant se faire tout petit. « Carl, tu pourrais quand même aider ton binôme. » Et c'est immédiatement ce qu'il fait en creusant lui aussi, attaquant la terre à l'aise de ses doigts mais rien n'y fait : son pied ne consent pas à bouger et le trou le retient encore et toujours prisonnier. Il s'annonce pour le moins compliqué, cet atelier.

En à peine quelques secondes Carl peut déjà parier que sa coéquipière l’aura dans son collimateur car la moindre de ses paroles semble l'irriter, comme lorsqu'il s'inquiète du côté douloureux de l'exercice. « Si c’est moi qui te mets le pied dedans de force, peut-être ? » Il déglutit péniblement, n'osant plus croiser le regard de Zoya dont les mots ne le rassurent pas grandement. S'il pouvait retrouver ses colocataires et tout particulièrement Adèle il ne s'en plaindrait pas mais dans l'immédiat, Carl n'a pas d'autre choix que de se plier à cette épreuve où même le moniteur semble à bout de nerfs. « Disons que j’ai déjà assisté à son stage y’a deux jours et qu’il m’a obligé à revenir. » – « T'as laissé quelqu'un mourir pour qu'il te lâche pas comme ça ? » Sa question est sérieuse et la réponse qu'il espère obtenir bien évidemment négative car dans le cas inverse, Carl prendrait sans doute ses jambes à son cou. « Je suis pas la seule dans ce cas. Il a sûrement dû voir du potentiel en moi et cherche à me pousser hors de mes retranchements. » Son regard sonde sa coéquipière à qui il sourit faiblement, pas disposé à la contredire même si rien dans l’attitude de l’instructeur n’indique qu’elle dit vrai. « Euh.. ça doit être ça, ouais. » Et lui est le meilleur aventurier que l'on puisse trouver par ici, tant qu'on y est.

« Uhm, ça devrait faire l’affaire. » Ce n'est pas comme s'il disposait d'autre chose pour aider Zoya à creuser autour de son pied alors oui, il semblerait que cette branche soit forcée de convenir. Quant à la douceur dont son binôme pourrait faire preuve et sur laquelle Carl ose compter, peut-être prend-il un peu trop ses rêves pour la réalité. « Ça, c’est pas garanti. » En d'autres termes ce n'est pas dit qu'il en ressortira indemne, et il se pourrait aussi que Carl n'ait pas bien mesuré à quel point son pied pouvait être enfoncé. Résultat : l'extirper de là est un véritable casse-tête et les efforts de Zoya ne semblent pas vraiment payer. « Non mais… comment tu t’es débrouillé pour enfoncer autant ton pied dans ce trou ?! » C'est la question que Carl vient à se poser lui-même, ne comprenant pas à quel moment il a pu trop en faire. « Je sais pas, je te jure ! On m'a dit de mettre mon pied dedans alors je l'ai fait, c'est tout. » Pas de quoi calmer l'impatience de Zoya pour sûr, d'autant plus lorsque l'instructeur les avertit que les autres participants sont déjà venus à bout de l'exercice. Les deux seuls bras cassés en difficulté, voilà ce qu'ils sont ici. « Comment ça ils ont déjà tous terminé ? » Oh, sans doute n'ont-ils pas un coéquipier aussi bon à rien que lui pour commencer car sans grande surprise, Carl assume le fait que la faute lui revient peu importe où son erreur a pu être. « Je suis désolé, j'ai pas bien tenu mon rôle et du coup on est à la traine. » Il soupire, parvenant enfin à dégager son pied sous une ultime impulsion de Zoya mais il n'y a pas de quoi être fiers de figurer bons derniers, il le sait. « Au moins maintenant, je crois que l'instructeur n'aime aucun de nous. » Et comme ça, Carl se dit qu'il n'y aura pas de jaloux.

Un instructeur qui n'en a cependant pas terminé avec eux, bien décidé à focaliser toute son attention sur leur binôme puisque les autres ont le mérite de s'en sortir, contrairement à eux. « Vous deux ? Vous allez venir ici pour une petite démonstration. Zoya, tu joueras la victime cette fois. » Même si Carl prétendait un peu plus tôt n'avoir aucune préférence quant à son rôle, être celui à qui l'on demande d'agir le fait baliser comme il le ferait face à une victime mal en point dans la vraie vie. « Zoya fait un malaise. On ignore si c’est quelque chose qu’elle a ingéré, une insolation ou une morsure. Carl, qu’est-ce que tu fais ? » Et déjà Zoya se laisse tomber au sol, incarnant au mieux son rôle tandis que le garçon étudie de son côté les trois options s'offrant à lui. « Euh.. peut-être que le soleil lui a tapé un peu trop fort sur la tête ? Non, pardon, je dis sûrement une bêtise. » Ce doit être le climat de ce pays qui lui inspire cette réponse et pourtant, Carl se demande si une indigestion ne serait pas plus probable encore. Que peut-il bien en savoir, après tout ? « Avant de répondre au hasard, tu dois te renseigner sur ses symptômes. Vérifier notamment si elle a de la fièvre, si la peau de son visage est rouge et chaude et si elle a des nausées, par exemple. » Il prend des notes ou du moins, tente d'en retenir un maximum tout en gardant un œil attentif sur Zoya, toujours faussement évanouie. « Si Zoya est confuse et déshydratée, que son cœur bat trop vite ou qu'elle vomit, alors ça peut être grave. » Grave comme... possiblement mortel ? Son regard s'affole face à cette idée tandis que l'instructeur reprend la parole, presque insistant. « Bon tu l'as eu, c'est une insolation. Mais comment tu réagis du coup, Carl ? » Ça, c'est une excellente question. En admettant que Zoya ait réellement besoin de lui, que pourrait-il bien faire pour lui venir en aide ?


WIN – Carl comprend qu'après un tel coup de chaud, Zoya a besoin de frais. Il se saisit alors d'un linge sur lequel il verse un peu d'eau froide et tamponne le visage de sa coéquipière avec l'intention première de faire baisser sa fièvre. Le geste est maladroit mais il s'apparente contre toute attente à un bon réflexe, à tel point que l'instructeur s'en montre satisfait.

SO CLOSE – Il hésite, analyse d'abord tout ce qui l'entoure et choisit finalement de ventiler comme il le peut Zoya à l'aide de ses mains. Ce ne sera pas suffisant pour la rafraichir et Carl le comprend au regard de l'instructeur forcé d'intervenir une fois de plus, mais il n'est au moins pas resté sans réagir.

FAIL – Carl panique face à cette responsabilité reposant sur lui. Il doit donner une réponse mais ne parvient tout simplement plus à réfléchir, les insolations n'étant pas très fréquentes en Irlande contrairement à ici. Le garçon reste alors statique, incapable d'agir et cela sous les yeux d'un instructeur perdant sérieusement patience. Quel sombre empoté, doit-il penser.

« Mon frère » Cette fois, c'est tout juste si Carl ne manque pas de s'étrangler avec sa salive tant cette réponse lui cloue le bec. Son frère, mort par sa faute lors du précédent exercice ? « Je plaisante, détends-toi ! » C'est évidemment très drôle, oui, et c'est bien sûr un hasard si le garçon n'esquisse pas le moindre sourire ici. Les blagues du genre sont de toute évidence à éviter avec lui, son premier degré le rendant un peu trop disposé à y croire sur le moment. « Pfou, j'ai vraiment cru que mon cœur allait s'arrêter. » remarque-t-il en se tenant justement la poitrine, au cas où Zoya n'aurait pas senti la frayeur que ses mots ont pu lui faire. Pas de mort à déplorer donc, mais en revanche un sacré empoté en la personne de Carl qui ne cesse bien malgré lui de se faire remarquer. Ils prennent du retard et l'instructeur le leur fait bien savoir, irritant un peu plus sa coéquipière au passage alors que ses prochaines excuses semblent la laisser de marbre. « Ouais tu peux l’être ! » Désolé, Carl l'est sans l'ombre d'un doute car ce n'est pas faute d'y mettre de la bonne volonté, il le jure. Cet atelier ne fait simplement pas ressortir le meilleur en lui et il regrette de faillir à son rôle si vite, quand bien même Zoya ne paraît pas tellement plus briller aux yeux de l'instructeur et ce point commun entre eux, le garçon ne crachera pas dessus. « Ouais. Je me sens moins seule mais je pense qu’il va nous le faire payer. » Et comment ? Oh, l'un et l'autre ne tardent pas à le savoir car le prochain exercice n'est pas un cadeau à leur faire, bien au contraire.

Les voilà à présent au cœur de l'action, tout pour rappeler à Carl qu'il déteste par-dessus tout se trouver au centre de l'attention. Il suppose que le malaise de Zoya peut être dû à une insolation mais son manque d'assurance se devine, l'occasion d'assimiler tous ces symptômes qu'il n'aurait pas forcément pensé à vérifier tandis que de son côté, Zoya n'incarne pas son rôle à moitié. Et que faire alors, une fois son hésitation passée ? Le garçon ne trouve rien de mieux que d'utiliser ses mains, espérant ainsi refroidir sa coéquipière et cela, pour mieux récolter une remarque supplémentaire de l'instructeur. « Les gestes adoptés par Carl vous montre tout ce qu’il ne faut pas faire. Il faut faire boire la victime et lui appliquer un linge mouillé sur le front. (...) Si elle a envie de régurgiter, premier réflexe, Carl, on la met sur le côté ! Aller vous deux, hors de ma vue. » Tête baissée et yeux rivés vers ses pieds, Carl voudrait à cet instant se rendre aussi minuscule qu'une fourmi car n'est-ce pas terriblement humiliant d'être présenté comme l'exemple à ne pas suivre ? Ce n’est même pas qu’une seule voix qui s’élève pour le laisser entendre, non, puisque Zoya semble elle aussi se ranger à cet avis. « T’es le pire binôme qu’il soit ma parole ! Comment tu penses me sauver en me faisant de l’air avec tes mains, sérieux ?? » Il n'en sait rien en vérité, tel a simplement été son premier réflexe mais visiblement, Carl a encore trouvé le moyen de tout entreprendre de travers. Pointé du doigt pour tout et n'importe quoi une fois de plus, le garçon sent les larmes lui monter aux yeux tout en se disant qu'au moins, il ne manquera pas de choses à raconter à sa psy la prochaine fois qu'il la verra. Que dire, si ce n'est qu'il a été un aventurier minable et que son binôme ne l'a pas supporté à la seconde même où elle l'a aperçu ? « Je suis.. » désolé, bien sûr, car le voilà en plus terriblement prévisible. « Tu peux toujours demander à changer de binôme, je t'en voudrai pas du tout. » finit-il par souffler, son regard désormais incapable de soutenir celui de Zoya alors qu'il tente comme il peut de ravaler la peine que tout ceci lui inspire. À cet instant, c'est un florilège d'insultes envers lui-même qui lui traverse l'esprit.

Carl n'a plus qu'à croiser les doigts pour que le prochain exercice soit davantage à sa portée, et sa chance réside peut-être bien dans le fait que Zoya doive le transporter plutôt que l'inverse – car avec ses jambes en coton, un énième désastre se serait annoncé. « Ce rôle te va comme un gant je trouve. » Il sourit faiblement face à ces mots, pas vraiment certain de savoir comment les prendre mais bien trop pressé par le temps pour réellement se le demander. « Amenez votre binôme jusqu’à l’abri là-bas et administrez lui les soins pour stopper le saignement. » Il est donc censé s'être blessé avec une machette, le genre d'exploit dont Carl pourrait tout à fait se rendre capable, Zoya n'avait pas tort. Le moment est donc venu de se laisser porter, et plutôt deux fois qu'une ici. « Aller, appuie toi sur moi ! » – « Tu me fais pas tomber, hein ? » Ce n'est pas qu'il ne lui fait pas confiance mais... si elle le pouvait, sa coéquipière n'hésiterait sans doute pas à se débarrasser de lui. Il grimpe alors sur le dos de celle-ci sans le moindre problème du fait de son poids plume, et Zoya atteint l'abri avec tout autant d'aisance elle aussi. Une mission enfin réussie pour leur binôme… tout du moins jusqu'ici. « Bien Zoya, tu vois quand tu veux. Allez, Carl saigne abondamment alors il ne faut pas perdre de temps. » Brusquement, les sourcils du garçon se froncent en se demandant jusqu'où l'instructeur a été pour rendre l'exercice encore plus réaliste. Car cette trainée rougeâtre sur son bras ne semble pas tellement factice, quand il se met à l’observer. « Euh.. je crois que je saigne pour de vrai par contre. » Il aimerait à coup sûr se tromper mais doit bien vite se rendre à l'évidence : son bras présente bel et bien des signes de saignement, et la confirmation lui est donnée l'instant d'après. « Je commence à avoir un peu mal en plus. » grimace-t-il. Tout porte à croire que Carl s'est écorché quelque part pendant que Zoya le transportait et ce, sans même l'avoir remarqué. Mais alors, que signifie exactement cette blessure ?


WIN – Ce n'est rien de bien méchant, la plaie est pour le moins superficielle. Il s'agit donc de la nettoyer avec un spray antiseptique avant de la protéger avec un pansement, suffisant dans un tel cas de figure. Ainsi, Zoya ne prend pas vraiment de risque.

SO CLOSE – La plaie n'est pas bien sérieuse, mais elle saigne tout de même un peu. Il va falloir désinfecter sans tarder, si toutefois Carl arrête un peu de bouger. Le sang l'a après tout toujours incommodé et se savoir entre les mains de Zoya le rassure encore moins, il faut le comprendre.

FAIL – La plaie n'est pas très belle à voir et la coupure plus profonde qu'il ne l'aurait cru, Carl ne s'est de toute évidence pas loupé et stopper le saignement s'avère tout d’abord nécessaire. Il n'a alors plus qu'à prier pour que Zoya manifeste de bons réflexes mais la douleur commençant à s'intensifier, Carl ne peut s'empêcher de bouger comme de gémir.

« Ca changerait pas grand-chose. » Ces mots tendraient presque à rassurer le garçon et pour cause, à travers ceux-ci Carl a envie de croire qu'il n'est peut-être pas l'élément problématique qu'il se figure et que peu importe son coéquipier, Zoya ne s'en serait pas nécessairement mieux sortie. Il se rend pourtant à l'évidence ensuite en se révélant être un parfait boulet sur le dos de sa partenaire, craignant qu'à tout moment celle-ci puisse le laisser tomber car c'est après tout l'envie qui doit vivement la traverser, s'il en croit son peu de patience avec lui jusqu'à présent. Il commence à s'y faire Carl, au fait que sa coéquipière ne le tolère pas tout comme les mots de celle-ci viennent d'ailleurs le confirmer bien vite « Ca, ça dépendra de toi. Si tu m’énerves trop, c’est pas garantie. » Ne serait-ce donc pas le moment parfait pour se taire, et éviter d'agacer davantage celle semblant s'irriter à la moindre de ses paroles ? Se faire minuscule pour tenter de se rendre à peu près supportable, voilà ce que Carl a désormais en tête mais c'était sans compter les arbres de cette forêt, également contre lui aujourd'hui.

Le sang sur son bras pourrait faire partie de l'exercice si une douleur n'accompagnait pas ce dernier, laissant penser que cette blessure est sans doute plus réelle qu'ils ne l'espèrent alors même que Zoya ne veut pas encore l'admettre. « Euh… ouais j’ai aussi cette impression ? » C'est plus qu'une impression à vrai dire, mais Carl donnerait à cet instant vraiment tout pour se tromper. Et s'il n'avait pas vraiment mal, et ne faisait que réagir par automatisme à une plaie semblant un peu trop vraie ? C'est peut-être bien psychologique ou du moins, ce ne serait qu'à moitié surprenant venant de lui. « C’est hyper réaliste, fais voir. » Il grimace fortement face aux manipulations de Zoya sur son bras, sensible au moindre geste entrepris tant ce dernier peut être endolori. « Comment ils ont fait ça ? Puis à quel moment, tu n’avais pas ça tout à l’heure. » – « Non euh, je crois que.. » Il croit bien que Zoya n'est pas prête à entendre la suite, surtout, car ne risque-t-elle pas d'entrer dans une colère noire en réalisant qu'il est parvenu à se blesser pour de vrai ? Carl tremble à cette simple idée, craignant de récolter ses foudres mais aussi de voir sa plaie s'infecter s'ils ne réagissent pas assez vite. « Putain, comment tu t’es fait ça ? » Et finalement Zoya se résout à l'admettre comme lui, sans pour autant le gratifier de tous les noms d'oiseau auxquels Carl aurait pu s'attendre. Il s'autorise donc à respirer, sans pour autant retrouver une sérénité l'ayant depuis longtemps abandonné. « Je l'ai pas senti sur le moment mais je.. j'ai dû m'érafler sur une branche ? Oh non je vais attraper tout plein de maladies c'est sûr. » Car s'il a bien une peur en particulier c'est assurément celle-ci, ne sachant pas ce que ces arbres peuvent renfermer et osant aussi difficilement croire que Zoya entreprendra tout pour lui éviter un sort tragique. Elle se montre pourtant réactive, sous les yeux d'un Carl s'empêchant tant bien que mal de céder à la panique. « Ok, attends je vais appliquer cette compresse sur ton bras. Désolé d’avance. » – « Aoutch ! » sursaute-t-il à la première pression effectuée sur sa blessure, avec le peu de délicatesse dont Zoya semble capable avec lui. « Appuie fortement dessus. Va falloir désinfecter, je vais chercher ça. Désolé mais tu vas avoir mal. » Et ça ne manque pas en effet, dès le tout premier contact de la compresse imbibée de désinfectant sur sa plaie. Il sait que la manœuvre est nécessaire mais son côté douillet n'apprécie vraiment pas cette dernière, l'amenant à gesticuler comme à se rendre bruyant bien malgré lui. « Aïe aïe.. AÏE ! Ça fait vraiment mal ! » Zoya l'avait prévenu et semble d'ailleurs quelque peu dépassée par les évènements, une bonne chose que les plaintes du garçon aient attiré l'attention de l'instructeur – ou pas.

Un frisson le parcourt en comprenant qu'ils vont encore en prendre pour leur grade et cette fois, Carl est bien forcé de reconnaître que l'intégralité des torts lui reviennent. « Qu'est-ce que vous fabriquez encore ? Quand je disais d'en faire des tonnes, c'était pas non plus au point qu'on vous entende à l'autre bout de la forêt. » Ce n'est pas lui qui souffre et cela se voit, voilà ce qu'il lui répondrait s'il avait un minimum de courage car à la place, Carl ne trouve rien de mieux à faire que de baisser la tête. « Je vois d'ici que c'est une vraie blessure Carl, on ne peut donc pas vous laisser sans surveillance plus de deux minutes ? » Il faut croire que non et que ce stage n'est définitivement pas fait pour lui, si sa poisse continue le poursuivre jusqu'ici. Pas une once de répit pour Carl depuis son arrivée et ce dans le moindre atelier auquel il a pu s'essayer, si quelqu'un doutait encore de son incapacité à briller en tant qu'aventurier. « Je suis désolé, je comprends vraiment pas comment c'est arrivé. » souffle-t-il, sans parvenir à restituer le moment précis où son bras a bien pu s'écorcher quelque part. Son regard s'oriente vers sa coéquipière, à laquelle Carl se risque à adresser un très léger sourire. « Et Zoya n'y est pour rien, je le jure. Elle essayait justement de me soigner. » Ses réflexes ont simplement montré leurs limites et c'est le signe que l'instructeur allait bien finir par intervenir, pour la énième fois aujourd'hui. « Bon. Je crois qu'on va s'arrêter là pour vous deux, sinon cette histoire va se finir à l'hôpital je le sens. » Et personne n'y tient certainement, Carl le premier même s’il ne dirait pas non au fait de laisser très rapidement ce stage derrière lui. « C'est peut-être mieux comme ça, t'es libre au moins maintenant. » glisse-t-il à l'attention de Zoya, conscient d'avoir été le pire coéquipier que l'on puisse imaginer car à ce propos, les mots de la brune n'étaient sans doute pas exagérés. C'est presque un cadeau que l'instructeur lui fait à ce stade, celui d'emporter loin d'elle l'énorme boulet qu'il a pu être. « Et bon courage pour le certificat, moi j'abandonne je crois. » Oh, comme si quelqu'un s'était réellement attendu à ce qu'il se batte pour un bout de papier. Carl n'a jamais cru en ses chances d'aller au bout de l’expérience mais Zoya en sera sûrement capable elle, pendant qu’il retrouvera ses colocataires et tout particulièrement celle venant déjà à lui manquer. Il n'aura aucun certificat à montrer à son frère mais il repartira au moins avec sa petite blessure de guerre, presque aussi impressionnante quand il y pense.