(dimension slasher)
@Lily Beauregard

Elle avait scellé l’idée qu’ils aillaient finalement au bal ensemble d’un baiser sur sa joue, avant de partir en laissant l’odeur de son parfum dans son sillage. Peut-être que cela avait tiré un petit sourire un peu idiot sur les lèvres d’Ezra, lorsqu’il l’avait observé s’éloigner - mais il n’y avait personne d’autre dans la salle de classe pour être témoin de tout ça. Mais il avait eu un sourire idiot, et sans que cela ne puisse être une surprise pour personne - il l’avait dit, ou avait tenté de le faire: ce n’était pas par manque d’envie qu’il n’avait pas demandé à la jeune femme de venir avec lui au bal, mais pour ne pas intervenir dans un quelque-chose qui concernait son meilleur ami.

Il n’empêchait que ce soir, c’était lui et lui seul qui attendait la brune devant l’entrée du gymnase. A s’y prendre à la dernière minute, Ezra s’était rendu compte qu’il n’avait aucun costume dans son placard, et que par conséquent il n’était pas du tout équipé pour aller à un bal. C’était sans compter sans ses grands-frères - qui en avaient, bien sur, profité pour se moquer gentiment de lui. Ca avait toujours été comme ça depuis qu’il était né: étant le dernier garçon de la famille, il était facile de se jouer de lui et de le faire tourner en bourrique. Heureusement, ils n’en avaient pas abusé pour cette occasion, ils auraient tout le loisir de le faire si leur petit frère revenait avec une trace ou deux de rouge à lèvres sur le visage en fin de soirée - Ezra avait levé les yeux au ciel à cette mention là, préférant faire comme s’il n’avait rien entendu. C’était son père, avant qu’il ne quitte la voiture, qui avait pensé à lui donner une fleur à offrir à Lily. Parce-que c’est ce que font les gentleman avait-il justifié - le gamin avait haussé les épaules mais l’avait remercié avant de faire le pied de grue devant l’entrée du gymnase.

Elle était arrivée finalement peu de temps après lui - et bien sur que c’était la plus belle fille de la promotion. Ezra ne sut, une fois de plus, retenir un petit sourire. Lorsqu’elle arriva à sa hauteur, il s’était penché pour déposer un léger baiser sur sa joue. « T’es super belle ce soir. » Un jour, il apprendrait à mieux parler ou au moins à le faire de façon moins maladroite, promis. Il tendit la rose en direction de la jeune femme. « Tiens, c’est pour toi. » Il ne préciserait en revanche pas que c’était son père qui y avait pensé - ça la faisait mal, ce genre de détail. Il était idiot, mais n’avait pas non plus envie qu’elle fasse demi-tour à peine à pied mis sur le lieu des festivités. Lui montrant son bras, il pointa du menton l’entrée du gymnase. « On y va ? » Il avait hâte maintenant de montrer à tout le monde que Lily avait dit oui à son invitation.

Sa robe a été choisie il y a des mois de ça et elle n’a évidemment pas attendue qu’Ezra l’invite au bal pour cela. Heureusement, d’ailleurs, parce qu’elle aurait cruellement manqué de temps si elle avait osé une telle aventure. Ce soir, au contraire, c’est plus sereine et apaisée que jamais qu’elle se rend à l’université pour retrouver celui qui devient son cavalier pour la soirée. « T’es super belle ce soir. » Elle le sait, mais l’entendre de la voix d’Ezra donne à ces mots une saveur toute particulière, si bien qu’elle souriait avant même qu’il dépose un baiser contre sa joue. Et elle sourit bien plus encore l’instant d’après.

« Tiens, c’est pour toi. » Avec une joie non dissimulée, elle accepte la rose tendue par son cavalier et l’accueille avec grand soin entre ses mains. “Merci, elle est magnifique.” C’est ce qu’elle a appris à dire et c’est ce qu’elle répète donc, embrassant à son tour la joue d’Ezra pour le remercier - et parce qu’elle en a envie et que l’excuse est toute trouvée. L’instant d’après, ils se rapprochent enfin du gymnase d’où la musique s’entend déjà, la fête ayant commencé il y a plusieurs minutes déjà. De leur côté, rien ne pressait pourtant. Elle a envie de passer la soirée avec Ezra bien plus que tout autre chose, même si l’idée de danser avec lui l’attire tout particulièrement aussi. “Je la pose là, je la reprendrai après.” Elle prévient ne pas abandonner sa fleur dans un coin de la pièce, elle souhaite simplement avoir les mains libres pour se faufiler sur la piste de danse auprès de son cavalier qu’elle n’a de cesse d’observer avec l’éternel même sourire aussi naïf qu’amoureux.

Derrière eux, la porte menant à l’extérieur se referme et Lily l’explique simplement par les courants d’air. Après tout, ils n’ont rien à craindre. “Tu sais danser le slow ?” Demande-t-elle soudainement alors que la musique change de genre sans prévenir et qu’elle s’en retrouve, il est vrai, quelque peu perturbée. Déjà, elle pose une main contre le dos de son cavalier. “Ils ont même éteint les lumières, c’est si romantique.” Lily commente tout, comme à son habitude, mais cette fois-ci elle pose surtout son visage près du torse du Beauregard.

Il remarqua le petit sourire qui étira les lèvres de la brune lorsqu’il lui dit qu’elle était très belle ce soir. Ses mots n’étaient pas forcément les mieux choisis, mais s’ils pouvaient procurer un sourire à Lily, alors ils étaient les bienvenus et bien sur qu’il était fier de lui. Deuxième idée de la soirée qui ne venait pas de lui-même mais qui semblait être plutôt adaptée aux circonstances alors il avait fini par se dire que cela ne pouvait pas en être une mauvaise: il tendit la rose qu’il avait amené avec lui à la jeune femme. Son sourire continua de s’agrandit quelque peu, et celui d’Ezra ne put s’empêcher de devenir un brin plus naïf. « Merci, elle est magnifique. » Il aurait pu ajouter qu’il ne l’avait pas choisi, mais une petite voix lui dit que ce n’était pas forcément une idée de génie de le préciser. Il préféra lui proposer d’entrer dans le gymnase, lui offrant son bras.

La musique était déjà lancée depuis quelques temps déjà, ils pouvaient l’entendre depuis l’extérieur du bâtiment. Une bonne partie des élèves attendus étaient sur place, dont une poignée dansait déjà sur la piste. « Je la pose là, je la reprendrai après. » Dirigeant son regard vers les gestes de la brune pour voir à quoi elle référait, il hocha son visage ensuite - il ne doutait pas un instant qu’elle repartirait effectivement avec. Et en réalité, il y avait fort à parier que si elle ne le faisait pas, il ne s’en apercevrait malheureusement pas.

Il ne s’apercevait de pas grand chose Ezra, de toutes manières et de façon générale; la porte qui avait claqué d’un coup ? Quelle porte ? « Tu sais danser le slow ? » - « Euh… » « Ils ont même éteint les lumières, c’est si romantique. » Mais déjà, elle posait sa main dans son dos et semblait plutôt dans l’optique d’effectivement danser un slow. Heureusement finalement que les lumières avaient été éteintes: il se pourrait bien que les joues d’Ezra aient pris une teinte légèrement rosée. Il n’était pas gêné de la proximité avec Lily, simplement contente de cette dernière tant il l’avait observé de loin depuis tout ce temps en s’empêchant de se rapprocher d’elle par rapport à Matthew. Ce fut la pensée de ce dernier qui lui donna un peu de courage, pour passer sa main le long de la taille de la brune et pour se retourner pour être face à elle. « Un slow, c’est là où je dois pas te marcher sur les pieds c’est ça ? » Et après, ils n’avaient qu'à se contenter d’aller d’un pied sur l’autre et le tour était joué normalement ? Il avait des chances de s’en sortir si c’était le cas; il n’était pas très doué mais savait improvisé le moment venu.

Autour d’eux, les gens commençaient à doucement s’agiter, mais Ezra n’en avait que faire alors qu’il pouvait plonger son regard dans celui de la brune. « On va sur la piste ? » Là où ils seraient plus à même de danser, tant l’endroit était dédié à cette activité.

Le slow débute et Lily se sent à sa place, tout près d’Ezra, pouvant le qualifier comme son cavalier pour la soirée. Les couples nouvellement formés profitent de la danse et de la musique calme, l’absence de lumière leur laissant l’opportunité de se rapprocher sans avoir honte de quoi que ce soit - ni récolter les commentaires des autres lycéens. « Un slow, c’est là où je dois pas te marcher sur les pieds c’est ça ? » Elle rigole doucement et relève son regard en sa direction, même si elle n’arrive pas à trouver ses yeux. “C’est à peu près la description, oui.” Et peu importe s’il lui marche sur les pieds, elle est bien trop heureuse de partager un tel instant avec lui pour penser à se plaindre de sa maladresse qu’elle trouve au contraire attendrissante. « On va sur la piste ? » Elle roule sa main autour de la sienne et se rapproche de la piste de danse, lui informant de la teneur de sa réponse sans pour autant parler.

Bien malgré elle, leur arrivée sur la piste de danse est associée à un cri terrible bien plus qu’à des mots doux partagés entre eux. Les sens de la brune se mettent tous en alerte et son regard cherche l’origine du bruit dans l’obscurité, sans évidemment y parvenir. “Qu’est-ce que c’est ? Tu crois que c’est un des garçons de l’équipe de football, encore ?” Le cri venait d’une femme, elle le sait bien, mais elle cherche à en rationaliser la source autant que l’origine et à lui trouver des explications. Il n’y a que les joueurs de l’équipe de football pour faire des blagues de la sorte. Les pas de danse sont relégués au second plan alors qu’ils restent statique au milieu de la foule. “Les portes sont fermées, les portes sont fermées !” La panique enveloppe peu à peu le coeur de Lily dont un des réflexes se résume à prendre la main d’Ezra dans la sienne. “Fuyez !” Elle reconnaît la voix d’un adulte et, sans même comprendre pourquoi l’ordre est donné, elle s’active pour trouver une autre sortie, la main d’Ezra toujours collée à la sienne.

La remarque d’Ezra lui arrache un petit rire qui, de son côté, étira davantage son sourire. Pas sur que Lily puisse voir sa réaction avec le peu de lumière qu’il pouvait y avoir désormais dans le gymnase, mais il y mettait tout son coeur. « C’est à peu près la description, oui. » Il n’y connaissait pas grand chose en danses et autres frivolités de ce genre, mais au moins il avait retenu déjà qu’il ne devait pas marcher sur les pieds de Lily - et n’était-ce pas un effort suffisant, après tout ? Ou au moins assez important pour être notifié ?

Ils traversèrent la foule, arrivèrent sur la piste de danse, et ce fut après un instant d’hésitation qu’il posa délicatement ses mains sur les hanches de Lily pour la faire danser justement. Mais ils n’eurent en rien le temps d’aller plus loin: ils étaient déjà interrompus par un cri retentissant à travers tout le gymnase, dont la provenance n’était pas facile à comprendre. « Qu’est-ce que c’est ? Tu crois que c’est un des garçons de l’équipe de football, encore ? » Fronçant les sourcils, il regarda par dessus Lily, par dessus la foule aux alentours pour savoir d’où effectivement le cri venait; mais hormis un début de mouvement de foule, il n’avait pas d’informations à transmettre. « Je pense pas, les gens ont l’air de commencer à paniquer. » Et cela était parfaitement entendable aux cris et aux interjections qui commençaient à se faire entendre de part et d’autres du gymnase. « Les portes sont fermées, les portes sont fermées ! » Ca, ce n’était pas normal - et si Lily n’avait pas glissé sa main dans la sienne à ce moment là, il aurait initié le mouvement. « Fuyez ! » Tenant la main de Lily, après un regard échangés, ils se mirent alors à fuir - ils ne savaient de quoi, ils ne savaient vers où mais les portes principales étaient fermées alors ils se devaient d’aller ailleurs.

« Viens. » Qu’il glissa à l’oreille de Lily alors qu’ils avaient déjà parcouru la longueur du gymnase. « La porte du bureau du coach est jamais fermée à clef. » Au moins, ils pourraient se glisser à l’intérieur et ressortir par celle qui donnait sur les vestiaires: il y aurait toujours moins de monde que par le couloir principal qui menait vers l’autre entrée du bâtiment. Une fois le dit-bureau atteint, Ezra referma la porte derrière eux, se tournant vers Lily. « T’as compris ce qui se passait toi ? Tout le monde s’est mis à courir d’un coup. On est d’accord qu’on a entendu quelqu’un dire que les portes étaient fermées hein ? Les portes qu’on a passé y’a pas dix minutes ? » Maintenant qu’il le soulignait, ces dernières avaient claqué à leur suite non ?

« Je pense pas, les gens ont l’air de commencer à paniquer. » Mais les gens paniquent toujours pour rien, pas vrai ? Ils ont peur de la pluie et du beau temps, ils crient au feu en voyant ce qu’ils pensent être de la fumée mais qui n’en est jamais. Pas vrai ? C’est ce qu’elle veut croire et ce qu’elle veut entendre, parce que cette réponse lui convient infiniment plus que la réalité des choses. Elle, elle ne veut pas l’entendre. Mais les cris se conjugent à un pluriel qu’elle n’arrive même plus à compter, et leurs pas s’affairent déjà pour trouver la sortie: ils doivent fuir. Vraiment. « Viens. La porte du bureau du coach est jamais fermée à clef. » Ses talons martèlent le pavé du gymnase alors qu’ils prennent la direction du bureau du coach, elle qui n’a pas envisagé un seul instant l’éventualité de le contredire.

Ezra referme la porte derrière eux et Lily a pour réflexe de s’appuyer dessus, au cas où quelqu’un tenterait de la forcer - et aurait un objet assez lourd pour faire céder la poignée, par exemple. « T’as compris ce qui se passait toi ? Tout le monde s’est mis à courir d’un coup. On est d’accord qu’on a entendu quelqu’un dire que les portes étaient fermées hein ? Les portes qu’on a passé y’a pas dix minutes ? » Elle se laisse retomber contre le bois, les mains tremblantes par l’adrénaline dont elle ne comprend toujours pas l’origine. “Je… J’ai entendu des filles dire qu’il y avait eu un mort et…” Elle renifle, ses yeux naturellement grands se retrouvant désormais exorbités alors qu’elle fixe un point invisible sur le sol. “Et elles ont dit le prénom de Matt, et, et… Si j’y avais été avec lui, au bal, ça serait jamais arrivé.” Ses prunelles grimpent pour se poser dans celles de son cavalier, à qui elle offre un spectacle pathétique. “Imagine si c’est vraiment Matt.” Ça ne peut pas être lui. Matt ne peut pas mourir. Pas comme ça. Ce genre de chose, ça n’arrive que dans les histoires que sa mère raconte pour qu’elle rentre avant minuit. Jamais dans la vraie vie.

L’agitation se faisait de plus en plus présente derrière la porte désormais fermée du bureau du coach, contre laquelle Lily s’était par réflexe appuyée. Les sourcils d’Ezra étaient froncés sur son visage alors qu’il ne comprenait pas ce qu’il se passait - mais apparemment, ce qu’il se passait à l’extérieur atteignait plus rapidement la brune que c’était le cas pour lui. Parce-qu’en l’espace d’un instant, elle se laissait glisser contre la porte comme si elle perdait tout contrôle sur la situation. « Je… J’ai entendu des filles dire qu’il y avait eu un mort et… » Et sans attendre, il écarquilla les yeux à cette annonce là. « Quoi ? » Il avait entendu un mort ? Comment était-ce possible ? Ils se trouvaient au lycée, ce n’était pas le genre de choses qu’ils étaient supposés entendre ni apprendre. Il passa les mains dans ses cheveux, gardant son regard sur le visage de la jeune femme. « Y’a eu un mort ? » Sa voix n’avait pas la même intensité désormais, et il n’était plus autant assuré qu’au moment où ils étaient arrivés dans le bureau.

« Et elles ont dit le prénom de Matt, et, et… Si j’y avais été avec lui, au bal, ça serait jamais arrivé. » Quoi ? Il perdait le moindre trait d’humour et de détente sur son visage. « Imagine si c’est vraiment Matt. » - « C’est pas possible… » Il avait presque murmuré ses mots, alors que la réalité semblait bien trop improbable, et surtout que le regard de Lily était ancré à son visage désormais - et c’était cette partie là qui était déstabilisante. Il ne l’avait jamais vu ainsi, alors qu’il passait du temps à l’observer d’ordinaire. Déglutissant avec peine, il secoua quelque peu son visage. « Ca peut pas être Matt. » Promis, il mettait toute la bonne volonté du monde pour qu’elle puisse le croire. Il ne savait rien de ce que se passait au delà de la porte derrière Lily, seuls les cris étaient perceptibles, mais il ne pouvait pas confirmer une telle chose: ce n’était pas possible. Cela n’arrivait que dans les mauvais films. « Les gens crient partout, t’as du entendre plusieurs choses à la fois. » Parce-qu’il ne pouvait pas y avoir de mort, et Matt ne pouvait pas être mort. Il s’accroupit devant elle, attrapant ses mains dans les siennes. « C’est Matt, il peut pas être mort. Y’a surement même pas de mort. Ils doivent… je sais pas, délirer, ils ont peut-être pris des champi ou j’en sais rien. » N’était-ce pas la mode de ces dernières années, de se défoncer en cachette la majorité encore loin pourtant ?

Elle n’est même pas tellement chamboulée par l’idée qu’il y ait eu un mort mais surtout par celle que le mort en question se prénomme Matt et qu’elle soit attachée à lui malgré tout. Elle ne voulait pas venir au bal avec lui mais cela n’enlève rien au reste, pas même à la peine qu’elle anticipe déjà en la personne d’Ezra et à tout ce meli-mélo impossible d’événements qui n’auraient jamais dû arriver et encore moins se suivre. Comment quelqu’un a-t-il pu tuer Matt ? Cela ne fait aucun sens, tout le monde l’apprécie. « C’est pas possible… » Cela n’aurait pas dû l’être, non, elle est bien d’accord avec lui sur ce point. Ils auraient dû pleinement profiter de la soirée et absolument rien d’autre.

« Ça peut pas être Matt. »
“Ez…”

C’est bel et bien lui, ils le savent déjà. Cela ne sert plus à rien de nier l’évidence, malheureusement. Cela ne ramènera jamais leur ami, bien qu’ils en aient envie. Les cris persistent derrière la porte, la brune en venant à se boucher momentanément les oreilles pour tenter de les oublier. Cela ne fonctionne évidemment pas et, au contraire, elle se rend surtout compte qu’ils sont de plus en plus nombreux et proches à chaque seconde écoulée, au point où d’autres élèves viennent toquer à leur porte alors qu’Ezra pleure encore la mort de son ami et tente de la rationaliser. Pourtant, l’instant présent est plus urgent et Lily sèche rapidement ses yeux sans pour autant pour nier avoir pleuré tant ils sont rouges. “On ouvre pas. S’il te plaît, n’ouvre pas.” Elle se moque des autres élèves. Matt est déjà mort et Ezra est avec elle ; les autres n’ont aucune importance. “On sait pas qui a tué Matt, on peut pas ouvrir. On sait pas si…” Ils ne savent pas si le tueur est un autre lycéen et, sans la moindre surprise, Lily ne veut pas prendre le risque de connaître la réponse trop tard. Tant pis pour la charité chrétienne.

« Ez… » Il secoua la tête de gauche à droite vivement: ce n’était pas possible. Ce n’était pas quelque-chose qui pouvait être envisagé, qui pouvait se réaliserait refusait de croire à de telles choses. Matt ne pouvait pas être mort, parce-qu’il n’était supposé y avoir le moindre mort déjà pour commencer lorsque du bal du lycée: c’était insensé. Les gens avaient peur dans le vent, faisaient paniquer les autres pour rien et à la fin, il serait évident que tout ceci n’était finalement qu’une très mauvaise blague. Le problème pour le moment, aussi et surtout, était que la réaction de Lily était on ne pouvait plus réelle et qu’elle brisait Ezra de l’intérieur. Il ne désirait pas la voir mal comme ça, alors qu’il était en plus impuissant face à sa détresse. Et hormis de mettre devant elle, poser ses mains sur ses genoux et garder son regard posé sur son visage pour lui montrer qu’il restait avec elle, il était quelque peu désemparé.

Beauregard ne releva son regard que lorsque des coups furent portés à la porte, et que cette dernière se mit à trembler sous la puissance de ce qui devait être du désespoir à entendre les bruits que certains faisaient. Pendant qu’il avait le regard ailleurs, Lily sécha ses larme et sembla avoir repris un semblant de force ou à défaut, un brin de contenance. « On ouvre pas. S’il te plaît, n’ouvre pas. » Ses azurs retrouvèrent celles de la brune. « Lily… » Ils ne pouvaient pas laisser d’autres élèves de l’autre côté de la porte s’ils étaient en danger, c’était insensé. « On sait pas qui a tué Matt, on peut pas ouvrir. On sait pas si… » Il pinça les lèvres; il n’avait pas envie, mais il devait se ranger à l’argument de la jeune femme pour le moment: ils ne connaissaient pas assez de détails pour appréhender correctement la situation sans se mettre davantage dans une impasse de leur côté. « D’accord, on leur ouvre pas, mais on peut pas rester là non plus. On va croupir comme des rats ici sinon. » La pièce avait deux portes, et l'une d’elle était prise d’assaut: ils se devaient de partir par la seconde. « Faut qu’on se casse d’ici. » Ils ne savaient pas ce qu’ils trouveraient par la suite, mais au moins ils auraient de quoi s’enfuir alors que s’ils restaient ici, ils étaient pris au piège. Alors, Ezra tendit une de ses mains en direction de Lily. « Faut qu’on parte, maintenant. » Il ne croyait toujours pas que Matt puisse avoir passé l'arme à gauche, mais une chose était sure: ce n’était pas le Destin qu’il désirait voir se réaliser pour eux.