everything you lose is a step you take

@ambrose constantine

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lieu: oates park, logan city.

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Des semaines - des mois même, que Damon n’avait pas croisé le chemin d’Ambrose et pour cause: leurs quotidiens n’avaient plus vocation à se croiser. Constantine évoluait dans un contexte de politique de requin, où faire sa place était indispensable et présenter le mieux possible devant autrui était devenu monnaie courant avec le temps. L’italien lui cherchait à s’éloigner le plus possible de toute responsabilité que son père, son nom et sa place dans l’entreprise qu’il s’apprêtait à quitter avaient pu lui faire tomber un jour dessus. Cette situation dans laquelle il avait été mis par défaut à sa naissance n’avait fait que lui apporter des ennuis, et il ne désirait plus palier contre eux au quotidien - alors, il faisait en sorte de s’éloigner autant que possible de tout ça. Le monde de Rose et celui de Damon n’étaient pas sur papier compatibles, et si un temps avait été partagé et grandement apprécié entre eux, il n’avait jamais été fait pour durer. Ils étaient donc restés loin l’un de l’autre pendant des semaines, des mois même. Et cela aurait duré encore longtemps - si seulement Ambrose n’avait pas décidé de pointer du doigt de façon un peu trop insistante les méfaits d’un homme qui n’était même plus dans le paysage désormais.

C’était à propos de ce sujet là qu'il avait donné rendez-vous à Ambrose aujourd’hui; ils avaient des choses à discuter, et surtout ce dernier lui devait quelques explications. Même s’il penserait surement que ce n’était pas le cas, le blond ne comptait pas lâcher - car il avait besoin de savoir jusque où il comptait emmener cette histoire pour savoir à quel point Megan et lui pouvaient être menacés à côté. Car Damon l’avait dit à la jeune femme, et c’était là des paroles qu’il ne retirait en aucun cas: elle était sa priorité, ils étaient sa priorité, et son but était qu’ils ne se retrouvent pas avec davantage d’embuches dans leur chemin. Ils avaient déjà eu à beaucoup traverser pour arriver là où ils en étaient aujourd’hui, ce n’était pas nécessaire d’en rajouter une couche supplémentaire alors qu’ils s’en passeraient très bien. Saül leur avait assez pourri l’existence lorsqu’il était à leurs côtés, maintenant qu’il se tenait loin de tout et de tout le monde - surement même du pays, mais ce n’était plus un soucis nécessaire à imposer à ses pensées.

Il avait choisi le parc pour leur rencontre du jour pour deux raisons: la première était qu’il représentait un lieu neutre, où ils n’avaient pas d’histoire en commun et où l’ombre de l’autre Williams ne planerait pas au dessus d’eux; de ce qu’il savait, Ambrose n’avait pas eu de rencontre secrète avec son paternel dans le coin et n’aurait donc pas de mauvais souvenirs en mémoire en venant rencontrer Damon ici. La seconde raison, et c’était surtout celle qui primait sur la première pour le jeune italien: il n’y aurait pas d’oreilles indiscrètes autour d’eux. Les gens allaient et venaient, amenaient leurs enfants pour les faire dépenser l’énergie en trop plein de la journée et rentraient chez eux pour passer une soirée en toute tranquillité. Ils n’en avaient que peu à faire d’une discussion un brin trop sérieuse entre deux jeunes hommes partageant un paquet de cigarettes sur un banc éloigné des enfants - les parents mêmes souligneraient l’effort de la nouvelle génération de ne pas mêler la fumée de cigarette aux poumons de leurs bambins. Alors, le parc semblait être une bonne alternative. Damon avait activé sa localisation pour qu’Ambrose puisse le retrouver plus facilement, sachant le temps de ce dernier éternellement compté. Il avait choisi un banc couvert par les arbres, à l’écart de bien des personnes, et ne faisant pas partie du circuits préférés du troisième âge pendant leur marche nordique de la semaine. Il avait déjà tiré une cigarette de son propre paquet, allumant cette dernière, tirant de trop sur le tube blanc si bien que même l’habitué qu’il était eu des fourmillements dans les doigts de cette bouffée de nicotine inspirée.

Les yeux bleus comme la Méditerranée ne se recouvrent que lorsque des bruits de pas se firent entendre à ses côtés, et pas un instant avant; il avait besoin de ces quelques minutes de silence, de calme et de réflexion avant d’entrer dans une conversation qu’il ne supportait que trop peu d’avance. Il n’aimait pas les conflits - et ce n’était pas quelque-chose de compliqué à deviner. Mais ici, c’était des explications qu’ils s’apprêtaient à avoir et ce n’était pas quelque-chose pour laquelle il était plus à l’aise, laissant trop souvent ses émotions interférer là où elles n’étaient pas nécessairement invitées. Mais tout comme Megan voulait s’assurer de qui était Ambrose en allant le rencontrer, Damon voulait lui faire comprendre qu’à se l’être joué individuel et égoïste, il trainait dans la boue bien plus que sa propre histoire. « J’ai pris ta marque préférée pour une fois. » Et en guise d’introduction, l’italien secoua le paquet de cigarettes tout juste entamé sous les yeux de l’australien qui se trouvait désormais face à lui. Et en cet instant, malgré tout, la seule chose qui traversa l’esprit de Damon et qu’il se permit de formuler à haute voix fut: « Si je te prends dans mes bras un instant parce-que je suis quand même content de te voir, tu me repousseras ou c’est permis ? » Malgré tout.

Ambrose aborde cette rencontre avec bien plus de souci que jamais, surtout depuis qu’il a appris que Damon avait subi des sévices de la part de son propre père. Ce fait ne le choque finalement même pas, mais il s’en retrouve tout de même profondément troublé et outré. Au fond, il est surtout incapable de comprendre comment un homme peut agir de cette manière avec son propre fils, là où il n’a pas de mal à accepter l’idée qu’il ait pu le faire avec un garçon tel que lui qu’il considérait comme un simple jouet. Pour Damon, tout aurait dû être différent et il est sincèrement désolé que cela n’ait apparemment pas été le cas - sa parole fait foi, il ne cherche pas un seul instant à s’assurer que les faits se sont déroulés tels que décrits. Si Damon le dit, alors c’est que c’est la vérité. Son cœur est encore noué lorsqu’il retrouve Damon au lieu désigné sur son téléphone, mais il n’en dégage pas moins un sourire, tout de même heureux de le revoir après tout ce temps. Il aurait aimé que le contexte soit différent, voilà tout. « J’ai pris ta marque préférée pour une fois. » Le paquet de cigarettes devient un véritable drapeau blanc mais Ambrose est sans doute soulagé de savoir qu’il aura quelque chose pour occuper ses doigts et ses pensées, ou au moins un minimum. “J’espère que tu as du feu.” Mais à en juger par la cigarette qu’il fume déjà, la réponse est très certainement positive. Le doute d’Ambrose n’en était pas vraiment un, de toute façon, et simplement une façon détournée de le saluer, ou Dieu sait quoi.

« Si je te prends dans mes bras un instant parce-que je suis quand même content de te voir, tu me repousseras ou c’est permis ? » Constantine se pince les lèvres un seul instant avant de réduire la distance entre eux et de le prendre lentement dans ses bras, répondant ainsi de lui-même à la question. Lui, il n’a aucune raison d’en vouloir à Damon. Plus aujourd’hui, du moins. L’enlacer lui fait du bien. Le geste lui donne l’impression que tout va bien et qu’ils ne sont que deux amis se retrouvant un après-midi au parc pour discuter et passer le temps au soleil, alors qu’il n’en est rien. Mais il aime l’illusion et il aime l’entretenir, une main posée dans le dos du blond et une autre contre sa nuque. “Pourquoi est-ce que tu penses que je t’aurais repoussé ?” Leurs quelques messages échangés n’ont pas été des plus doux mais il n’y a rien dans ce qu’ils se sont dits qui aurait pu pousser Ambrose à se montrer vindicatif à son égard et sans doute se retrouve-t-il quelque peu blessé que Damon puisse le penser. “Je suis content de te voir aussi.” Il souffle finalement, avant de reprendre une position normale.

Peu importe ce qu’il se passe autour d’eux, cela n’entache pas l’affecte qu’il porte au blond et une amitié qu’il aurait aimé construire d’une façon bien plus saine et naturelle. Aujourd’hui, cependant, il ne sait faire autrement que détailler les traits de son visage et se demander quels endroits ont un jour pu se colorer de bleu ou de violet, selon les coups portés par son paternel et la force de ces derniers. Il se demande s’il est allé jusqu’à lui briser un os, ou Dieu sait quoi encore. Pour se forcer à détourner le regard, il pioche une cigarette dans le paquet et la tend à Damon pour qu’il la lui allume. Ils auront le temps d’en fumer d’autres au cours de leur discussion, à n’en pas douter. “Pourquoi tu m’as rien dit au sujet de ton père ?” Ambrose lui pose la question sans animosité mais avec une tristesse non feinte. Il se demande surtout pourquoi Damon n’a pas profité de l’occasion de savoir que c’était arrivé à Rose pour parler de sa propre histoire à son tour, parce qu’il anticipe déjà que peu de gens sont au courant de ce qu’il se passait une fois la porte de leur maison fermée.

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« J’espère que tu as du feu. » Avec un vague sourire amusé étiré sur ses lèvres, Damon plongea sa main non-occupée par sa propre cigarette dans sa poche pour sortir son briquet, le secouant un instant sous le regard d’Ambrose avant de le poser sur le paquet. « Je fais pas semblant d’être équipé. » Il avait les cigarettes, mais il avait de quoi les allumer également. Ce n’était cependant pas sur cette partie là qu’il décida de se concentrer bien longtemps, pas alors qu’Ambrose était finalement devant lui. Plus tard peut-être, il se rendrait compte à quel point Megan pouvait avoir raison sur un point ou deux - pour le moment il préférait laisser cette réalité de côté pour demander au brun s’il pouvait au moins le prendre dans ses bras un instant. Damon faisait partie de ces gens qui avaient besoin d’être rassuré, et qui appréciait particulièrement le contact physique. Lorsque Rose ne répondit pas les premières secondes, le coeur de l’italien se serra - et fut soulagé instantanément quand, au lieu de lui formuler une réponse à haute voix, il le prit dans ses bras. L’étreinte faisait du bien, était presque libératrice; bien des choses pouvaient arriver durant cette conversation, mais au moins ce moment, cet instant là, faisait du bien. Damon resserra un peu plus son étreinte autour du corps d’Ambrose, une fois l’instant de surprise passé. « Pourquoi est-ce que tu penses que je t’aurais repoussé ? » Le blond eut presque un petit rire: il avait déjà oublié les raisons qui l’avaient conduit à penser ça. « La vie est tellement étrange, parfois, tu sais. » Parce-que si Damon n’avait pas été Damon, les choses auraient pris une allure toute différente, surtout. « Je suis content de te voir aussi. » Peut-être qu’il resserra encore une fois son étreinte une dernière fois avant que Constantine ne s’éloigne et qu’ils reprennent tous les yeux une position un peu plus attendue pour ce type d’entrevue.

Un silence passa, laissa la place à un autre, avant que finalement Ambrose ne brise la glace. Damon s’était contenté de son côté de terminer sa cigarette et d’en commencer une nouvelle. Il était celui qui avait initié la rencontre, mais ce n’était pas pour autant qu’il était celui sachant guider cette dernière. La seule chose qu’il avait fait d’autre, c’était d’allumer la cigarette d’Ambrose contre la sienne lorsqu’il lui en avait tendu une. « Pourquoi tu m’as rien dit au sujet de ton père ? » Inspirant longuement sur le tube blanc, il recracha la fumée avant d’hausser mollement les épaules. « Qu’est-ce que ça aurait changé ? » Il ne sut tourner son regard qu’un instant vers le jeune homme - l’intensité avec laquelle il le détaillait lui donner presque froid dans le dos. « Déjà, je veux pas que les gens me regardent comme t’es en train de le faire là. » Il n’aimait pas se faire remarquer de façon générale, mais si c’était pour une chose négative, c’était encore pire. « Et puis vraiment, ça aurait rien changé. Pour toi, le mal était déjà fait en plus. » S’il avait connu Ambrose plus tôt, s’il avait su en avance les plans qu’il avait derrière la tête, il aurait pu le prévenir que ce n’était pas une bonne idée et que l’arroseur finirait arrosé. Lorsque leurs chemins s’étaient croisés, les méfaits étaient déjà en place et parler de ses propres traumatisme n’aurait rien arrangé. « Et puis ça t’aurait appris quoi, que c’est un connard fini ? Y’a pas besoin que je parle pour que ça se sache ça. » Alors peut-être qu’il laissa échapper un soupire à la fin de sa phrase en prime. Saül gâchait des existences, c’était là un fait connu et reconnu de tous. Sur bien des niveaux, dans bien des domaines, chacun ayant le droit au sien. Damon était le seul à pouvoir - devoir - endosser l’idée d’être la plus grosse déception de la vie de l’homme d’affaires, et personne ne pouvait ni comprendre ni réellement l’aider. Alors, il n’y avait pas véritablement d’intérêt à entrainer d’autres personnes dans sa longue et lente chute, initiée il y avait des années de cela.

« La vie est tellement étrange, parfois, tu sais. » Et lui, il parle parfois comme un personnage de série à qui on aurait voulu donner un air mystérieux sans se rappeler pourquoi. Mais puisqu’il ne semble plus savoir pourquoi ils étaient supposés s’en vouloir, cela arrange plutôt bien les affaires d’Ambrose qui, loin d’oublier l’humiliation de leur fin de voyage, n’a pas à cœur de détester l’italien par simple principe. Mais puisqu’ils sont de nouveau face à l’un l’autre, il y a un sujet qu’Ambrose souhaite aborder et au sujet duquel il est parfaitement incapable de faire semblant et mimer l’indifférence: ils doivent parler de son père. Plus précisément, ils doivent parler de ce que lui a fait subir ce dernier sans que jamais Damon ne juge utile ou nécessaire de lui en parler - et il pense déjà qu’il a tenu ce secret face au reste du monde aussi. « Qu’est-ce que ça aurait changé ? » - « C’est pas la question à se poser. » Peu importe ce que cela aurait changé ou non, cela ne fait aucune sorte de différence: ce sont des faits qui doivent être portés à la lumière du jour, ni plus ni moins, et surtout sans cérémonie.

« Déjà, je veux pas que les gens me regardent comme t’es en train de le faire là. » Ambrose serre la mâchoire, bel et bien coupable. Il ne veut que le bien du jeune homme face à lui, c’est évident, mais il faut bien avouer que pour ce cas bien précis, il manque cruellement de délicatesse alors que cela représente pourtant le langage de l’italien. « Et puis vraiment, ça aurait rien changé. Pour toi, le mal était déjà fait en plus. » - « Il l’a pas fait qu’une seule fois, pas vrai ? » S’il est un homme capable de molester son propre fils, Ambrose doute qu’il s’arrête à une seule et unique fois et s’en veuille pour le restant de ses jours. Il a été violent envers lui, envers Damon, envers Megan et envers Dieu sait qui encore. « Parce que si t’avais parlé, peut-être qu’il aurait pas touché à Megan. C’est ça que ça change. » Il est plus dur que jamais et il le sait lui-même, mais Damon doit l’entendre: il en va de son devoir que de dénoncer les agissements de son père, purement et simplement. Il ne peut pas le laisser continuer à se pavaner dans le quartier des affaires de la ville en tant que roi régnant sur son domaine. Il ne mérite plus la couronne depuis longtemps. « Il peut recommencer avec n’importe qui. » Et peut-être même qu’un jour il oubliera de s’arrêter à un moment donné dans sa violence, ce qui fera peser sur le coeur de Damon le poids d’une culpabilité dont il ne pourra jamais se relever.

Damon soupire de nouveau et Ambrose se pince maintenant les lèvres, incapable de trouver comment lui parler pour qu’il accepte de livrer son témoignage. « Et puis ça t’aurait appris quoi, que c’est un connard fini ? Y’a pas besoin que je parle pour que ça se sache ça. » A son tour, Constantine soupire. « On va plus loin que ça, maintenant, et tu le sais. » Ils ont dépassé le stade des mésententes familiales depuis longtemps, et même le travail n’est plus impliqué. Il est allé au delà de tout ça, il a dépassé toutes les limites possibles et inimaginables. « C’est vraiment le regard des autres ton seul problème ? » Parce que si Damon s’arrête à ça, peut-être qu’Ambrose s’est trompé sur sa personne, et il en serait le premier sincèrement désolé.

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« C’est pas la question à se poser. » - « Bien sur que si c’est une question à se poser. » Ce n’était peut-être pas l’unique pour la situation, effectivement, mais c’en était tout de même une: si Damon avait parlé plus tôt, ça n’aurait pas changé les agissements de Saül et ça n’aurait surtout pas changé sa réalité à lui. C’était là où il voulait en venir, c’était le point qu’il cherchait à expliquer à travers ses mots; même si les autres autour avaient été au courant, pour lui dans l’intimité de sa famille cela n’aurait rien changé. Le mal était fait depuis bien trop d’années, autant que de temps qu’il avait pu passer sur cette terre; cela faisait partie de son quotidien et son histoire. « Il l’a pas fait qu’une seule fois, pas vrai ? » Il souffla un rire étouffé par le nez, levant les yeux au ciel. « C’est si évident que cela ? » Il préférait donner un certain sarcasme à ses paroles, un sarcasme qui ne lui allait pas au teint qui plus était, plutôt que de regarder la réalité dans les yeux - cette dernière étant l’attitude qu’avait Ambrose face à lui. Il préférait pour ce sujet là et ce sujet là exclusivement se détacher et prendre de la distance sur ses émotions, parce-qu’il savait sinon qu’à trop y plonger il finirait par se noyer. « Ca change rien depuis quand il le fait. Parce-que c’est les années, pas les fois qui comptent. » Parce-que Rose ne comprenait pas l’importance et la présence de la violence de ce soi-disant paternel dans la vie du jeune italien. Damon avait grandi avec la violence de celui qui était supposé prendre soin de lui.

« Parce que si t’avais parlé, peut-être qu’il aurait pas touché à Megan. C’est ça que ça change. » Il releva un regard dur, un regard noir, un regard qui ne lui ressemblait pas, en direction du brun. Il avait les lèvres pincées, la gorge qui brulait l’envie de lui hurler dessus; un instant primaire qu’il ne saurait expliquer - mais qui se basait surtout sur le fait qu’il se sentait déjà tout seul responsable de cet épisode là, il n’était pas nécessaire d’en rajouter une couche. « Tu connais pas l’histoire, Ambrose, tire pas de conclusions trop hâtives avec les informations que tu connais. » C’était bien plus compliqué que cela: même s’il avait parlé, Saül se serait tout de même permis le comportement qu’il avait eu avec Megan. En revanche, s’il avait parlé encore plus tôt, la jeune femme n’aurait pas été dans le tableau - et ce n’était pas quelque-chose que le Damon d’aujourd’hui était prêt à imaginer. « Il peut recommencer avec n’importe qui. » - « Il recommence déjà, t’en es la preuve. » Presque: il avait espéré en silence être la seule victime des agissements de cet homme. Ce n’était pas dans le même domaine que ce que Ambrose avait du supporter - heureusement -, mais cela restait des violences intolérables pour toute personne normalement constituée. La chose qui filait la frousse à Damon, au temps présent, c’était de ne pas pouvoir s’assurer que Saül n’adoptait pas ce comportement avec les frère et soeurs du blond - parce-que personne d’autre ne médirait de grandir comme il l’avait fait. Il savait que les conditions étaient différentes, mais il y pensait souvent.

De toutes façons, l’image de Saül auprès du reste du monde n’était plus à faire ni à refaire: si certain admirait son travail - il était vrai qu’il avait du travailler dur à un moment donné pour en arriver là où il était aujourd’hui -, beaucoup d’autres prenaient en compte son caractère intraitable et comme le disait si bien Damon, qu’il était de façon bien plus générale un connard fini. La façon d’avancer cette vérité tira un soupire à Ambrose. « On va plus loin que ça, maintenant, et tu le sais. » - « Ca change pas ce qu’il est. » Et dire que pendant longtemps, il l’avait admiré; aujourd’hui, cela lui donnait envie de vomir. « C’est vraiment le regard des autres ton seul problème ? » Si garder son regard en direction de Rose n’avait pas été un problème jusque maintenant, après quelques secondes suivant sa question il ne sut faire autrement que de détourner ce dernier. Ses doigts attrapèrent une nouvelle cigarette pour la glisser entre ses lèvres, la pierre du briquet craquetant dans l’air. Effectivement, le regard que lui jetait Ambrose similaire à celui que lui jèteraient bien d’autres personnes si elles apprenaient la vérité le dérangeait, mais si ce n’était que cela il saurait s’en relever. « Il te manque trop d’élément pour que tu puisses comprendre, Ambrose. Le regard des autres c’est un problème, mais c’est pas le problème. » Pinçant les lèvres, il soupira. Parce-que exposer Saül pour un côté de ses agissements, c’était mettre en lumière d’autres parties et ni Damon, ni Megan par extension, ne pouvait se permettre ce type de liberté. « C’est pas la seule chose entre Saül et moi que j’ai pas envie de révéler au monde entier. » Parce-que si les choses étaient faites de façon maladroites, c’était ce qui finirait par arriver.

« Et j’ai vraiment envie que du meilleur pour toi, tu sais. » Ce fut après une hésitation qu’il remonta son regard vers le brun, les yeux emplis d’émotions parce-qu’il n’avait jamais su faire autrement, de toutes façons. « Mais tu peux pas t’aventurer sur un terrain miner quand t’as pas toutes les cartes en mains. Tu risques de faire exploser ses trucs qui sont plus grands que toi. » Et qui risquaient de créer des dégâts dont certains ne se relèveraient pas, peut-être Damon y comprit. Et c’était toute cette partie là de l’affaire qu’il cherchait à garder sous contrôle, alors qu’il ne comprenait même pas encore tous les tenants et aboutissants et potentiellement le bien que pouvaient avoir les actions de Constantine.

Pour dire vrai, il ne s’est pas vraiment imaginé revoir Damon un jour. Et quand bien même il y a effectivement pensé une fois ou deux, cela ne se faisait pas dans un contexte aussi sombre dans ses pensées. « C’est si évident que cela ? » Malgré lui, il hoche la tête. Encore une fois, il aurait préféré lui répondre différemment, mais en réalité le sujet est trop sérieux pour qu’il fasse passer ses sentiments avant la réalité des faits. Maintenant, Ambrose n’a effectivement aucun mal à imaginer que si Saül a déjà frappé son fils une fois, il n’a pas su s’arrêter là. « Ça change rien depuis quand il le fait. Parce-que c’est les années, pas les fois qui comptent. » - « Je comprends pas comment ça a pu perdurer. » Comment personne ne s’en est jamais rendu compte et ne lui est jamais venu en aide, tout simplement. Il ne s’en est pas rendu compte au premier coup d'œil non plus, mais pour sa défense il n’a pas vraiment eu le temps de connaître Damon, pas vrai ? Qu’en est-il de sa famille, de ses amis, de sa femme ? Eux qui ont côtoyé le garçon pendant toutes ces mêmes années, comment ont-ils pu rester aveugles et, surtout, inactifs ? « Tu connais pas l’histoire, Ambrose, tire pas de conclusions trop hâtives avec les informations que tu connais. » Son regard devient noir lorsque Constantine utilise le prénom de sa femme. Ce dernier ne s’en veut pourtant pas, et le regard qu’il garde plongé dans celui du blond ne faiblit pas. Il pensait ce qu’il disait et il reprendra les mêmes mots s’il en a besoin, pour qu’enfin Damon accepte d’être un acteur de sa propre vie plutôt que de tout subir sans jamais rien dire.

« Il recommence déjà, t’en es la preuve. »
« Et tu crois que depuis un an il a su garder ses poings et sa bite à sa place ? »

Il ne parlait pas de lui, Ambrose, il parlait d’un nombre d’autres victimes parfaitement inconnu et qu’ils ne connaîtraient sûrement jamais. S’il n’avait pas été entouré lui-même, il n’aurait sans doute jamais osé parler, et il n’ose même pas imaginer ce que ressentent ces possibles autres personnes ; ni ce qu’elles ont pu subir. S’il a pu frapper son propre sang, Ambrose craint qu’il soit un homme sans limites, sans morale. « Il te manque trop d’élément pour que tu puisses comprendre, Ambrose. Le regard des autres c’est un problème, mais c’est pas le problème. » Damon soupire mais Ambrose en fait de même, bien plus fort encore. Il n’a pas à cœur de cacher son agacement, sans doute parce qu’il est en première ligne et qu’il a déjà assez pâti de cette histoire pour ne pas craindre davantage de conséquences. « C’est pas la seule chose entre Saül et moi que j’ai pas envie de révéler au monde entier. » - « Explique moi. Tu peux pas juste ajouter des questions sans y répondre. » Non parce qu’Ambrose est curieux, mais bel et bien parce qu’il a tout simplement besoin de ces réponses pour aborder cette histoire à peine plus sereinement. Il a besoin d’avoir les informations entre les mains de Damon parce qu’elles lui sont précieuses, mais aussi et surtout parce qu’elles pourraient leur assurer gain de cause si procès il y a. Et c’est loin d’être négligeable.

« Et j’ai vraiment envie que du meilleur pour toi, tu sais. Mais tu peux pas t’aventurer sur un terrain miner quand t’as pas toutes les cartes en mains. Tu risques de faire exploser ses trucs qui sont plus grands que toi. » Il est avenant et empathique, jamais Ambrose ne dirait le contraire, mais il n’irait pas non plus jusqu’à affirmer que ce sont deux qualités en cet instant précis. A en juger par la main qu’il pose contre son front pour se masser les temps en signe de son agacement, ce ne sont effectivement pas des qualités. « Primo, me materne pas. » Ils ne sont pas dans un contexte où ils peuvent encore se permettre de se dire des conneries telles que je veux le meilleur pour toi. Il veut simplement s’en sortir en un seul morceau, maintenant, et ce sera déjà un très bon début. « Secundo, merde, à quoi tu joues ? T’as toutes les informations pour le faire tomber et t’es simplement en train de le protéger au final, t’es sérieux ? » Ce n’est pas ce qu’il fait frontalement et ce n’est pas non plus ce qu’il cherche à faire, Ambrose le comprend bien, mais n’en reste pas moins que la finalité n’est pas différente. A garder obstinément le silence, c’est ce qui est en train de se passer. « Parce que moi je vais le faire tomber, que tu sois là ou non. Et si les gens creusent, ils finiront par savoir pour toi de toute façon. » Alors autant qu’il soit le premier à parler et qu’il puisse au moins décider de la façon dont l’annonce sera faite. C’est tout ce que Constantine peut lui souhaiter à son tour.

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« Je comprends pas comment ça a pu perdurer. » - « Pour les mêmes raisons que tu t’es dit que c’était une bonne idée de le côtoyer: il a du pouvoir. » Et c’était là la raison principale de la liberté d’agissement qu’il avait toujours eu auprès de tout le monde. Il avait des informations, il avait des contact, il avait les bras aussi longs qu’ils pouvaient l’être. Et surtout: il savait appuyer là où ça faisait particulièrement mal pour la personne face à lui. Dans le cas de Damon, cela avait d’autant bien fonctionné parce-qu’il avait eu l’occasion de façonner son esprit depuis qu’il était tout petit et de faire en sorte que le garçon ait tellement peur de lui qu’il n’oserait jamais se rebeller contre ses dires et es gestes. Cela avait duré assez longtemps pour qu’il y ait effectivement des conséquences. Pas que sur lui, surtout - sur des personnes qui lui étaient bien plus proches que pouvait l’être Ambrose. Entendre le jeune homme prononcer le prénom de sa femme n’était pas quelque-chose qu’il appréciait particulièrement, surtout après la discussion que lui avait eu avec Megan et qui avait été des plus éprouvantes. Parce-que dans d’autres circonstances, elle faisait partie des personnes avec qui Saül avait recommencé - pas dans un contexte similaire à celui d’Ambrose, plutôt du sien, mais les résultats n’étaient pas bien plus beaux à regarder.

« Et tu crois que depuis un an il a su garder ses poings et sa bite à sa place ? » Le rire soupiré par le nez de la part de Damon était amer, était acide, était tout sauf amusé bien sur. « Le mieux que je puisse faire c’est espéré que c’est le cas. » Parce-qu’il n’avait pas envie que d’autres personnes se retrouvent dans la situation qu’Ambrose ou lui pouvait connaitre. Surtout que s’il n’avait pas su garder ses poings calmes, cela pouvait également se répercuter sur ses autres enfants - et il n’avait pas envie d’apprendre que le comportement qu’il avait eu avec son fils qui n’était pas le sien en réalité avait été perpétré avec ceux qui étaient réellement de son sang. C’était lâche, oui, surement de trop pour qu’il s’en rende réellement compte seul d’ailleurs.

Mais même s’il n’avait pas envie de voir d’autres personnes être mises en danger, se retrouvent face à des problèmes que lui avait connu, Damon ne voyait pas de réelle façon d’aider la cause. Il ne pouvait se permettre de s’exposer de la sorte, pas aux yeux du grand public. « Explique moi. Tu peux pas juste ajouter des questions sans y répondre. » Il secoua quelque peu son visage. « J’ajoute pas de question, je te dis juste que y’a des choses qui peuvent pas être montrées. Et c’est déjà t’en dire beaucoup. » Il se rendait pas compte Ambrose, il ne pouvait pas - mais la totalité du quotidien présentement de Damon se reposait sur un mensonge. Il avait fait la paix avec ce dernier désormais, mais il ne pouvait se permettre de l’exposer aux yeux du monde entier. Ce ne serait pas aider le brun, qui plus était, que de souligner que lui avait menti pendant tout ce temps; l’opinion public aurait du mal à croire qu’il pourrait dire la vérité par la suite, alors qu’il avait si facilement omis de souligner la vérité pendant tant de temps. « Primo, me materne pas. Secundo, merde, à quoi tu joues ? T’as toutes les informations pour le faire tomber et t’es simplement en train de le protéger au final, t’es sérieux ? » - « T’es vraiment en train de me primo-secundo, Ambrose ? » Il préférait rebondir sur l’instant sur une partie qui l’aurait fait sourire, voire même rire dans d’autres circonstances. « Parce que moi je vais le faire tomber, que tu sois là ou non. Et si les gens creusent, ils finiront par savoir pour toi de toute façon. » - « Et bah qu’ils apprennent que j’ai été une victime aussi, tant pis. Ils s’arrêteront à ça et ce sera le mieux pour tout le monde. » Il secoua la tête, écrasa un brin de façon trop appuyée sa cigarette contre le bord du banc. « Si je veux me protéger - » Il tourna son visage vers Ambrose. « - et si je veux protéger Megan aussi, y’a des points sur lesquels j’ai pas le choix que de rien faire. » Il lui en voulait en cet instant d’appuyer là où il était impuissant, quand il venait simplement pour montrer qu’il était prêt à être présent à ses côtés si le besoin était ce dernier. Il ne l’avouerait pas à haute voix qu’il faisait le choix égoïste, parce-qu’il n’avait pas l’habitude de faire des choix tout simplement et ne se rendait pas comte dans toute leur grandeur à quel point ces derniers avaient un impact sur autrui. C’était le cas, mais il n’avait pas assez muri sur cette partie là d’être un adulte pour s’en rendre compte. Cela viendrait, avec le temps, mais aujourd’hui était encore trop tôt pour témoigner ce genre d’attitude. « J’ai pas envie de le protéger, mais certains points peuvent pas être connus publiquement. Je te donnerai les informations qui peuvent t’être données, j’appuierai tes propres quand je pourrais le faire, mais dès que ça dépassera la ligne de je peux pas protéger ma famille, je pourrais pas intervenir. »

« Pour les mêmes raisons que tu t’es dit que c’était une bonne idée de le côtoyer: il a du pouvoir. » Ses mots sont glaçants de vérité, si bien qu’Ambrose s’en retrouve muet. Il n’y a rien à redire à cela. Il avait du pouvoir et, par extension, il avait tout ce qu’il voulait. Aussi simplement que cela. Aussi injustement que cela. « Le mieux que je puisse faire c’est espéré que c’est le cas. » Il espère que Saül a su se tenir à carreaux parce que l’espoir représente sa seule chimère. Autrement dit, il n’a rien. Il n’a aucune certitude et, surtout, il n’a que des doutes, qui ont toutes les raisons du monde d’être parfaitement fondés: tous les deux savent que Saül n’avait aucune raison de se tenir à carreaux. Il est un roi en son royaume ; pourquoi se serait-il retenu de quoi que ce soit ?

« J’ajoute pas de question, je te dis juste que y’a des choses qui peuvent pas être montrées. Et c’est déjà t’en dire beaucoup. »
« Sans déconner. »

Face à tous les blancs et les non-dits, Ambrose perd patience. Ses yeux roulent dans leur orbite et il souffle sans même chercher à retenir sa réaction. « Et bah qu’ils apprennent que j’ai été une victime aussi, tant pis. Ils s’arrêteront à ça et ce sera le mieux pour tout le monde. » Ils ne tomberont pas d’accord, Ambrose le sait déjà. Damon campe sur ses positions et lui campe sur les siennes aussi ; le seul problème étant qu’elles ne sont pas compatibles. L’un veut tout raconter, l’autre veut protéger ce qui peut l’être encore. « Si je veux me protéger… - et si je veux protéger Megan aussi, y’a des points sur lesquels j’ai pas le choix que de rien faire. » Il se cache derrière ses bonnes intentions. Il dit qu’il ne peut rien faire parce que cela reste toujours plus simple et aisé que d’oser parler, évidemment. Toute la situation est difficile, pour tout le monde mais surtout pour Damon, Ambrose le sait bien, mais il estime aussi que cela ne peut pas constituer une excuse suffisante. Il précise encore ses pensées et sa position mais il n’est plus réellement écouté par Ambrose qui, de son côté, a bien compris qu’ils avaient des lignes conductrices différentes. « Va te faire foutre. T’es comme lui: tu baises qui tu veux comme ça t’arrange, et après tu agis selon tes propres intérêts. » Il est injuste et il le sait, mais si ses mots pouvaient aider Damon à enfin se décider à agir, il aurait au moins l’impression d’avoir aidé à quelque chose. En attendant, il ne surjoue pas la perte de patience qui est la sienne. Si leur discussion ne mène à rien, il préfère encore s’en aller pour ne pas davantage blesser Damon. Il n’est pas son ennemi, il le sait bien, mais la colère a tendance à le faire oublier ce genre de choses. Il avait rejeté sur sa personne l’espoir d’avoir des preuves supplémentaires contre Saül, ce qui semble avoir été un peu trop optimiste.

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« Sans déconner. » Bien sur que l’agacement commençait à se faire entendre dans la voix et dans les mots empruntés par le brun, au fur et à mesure que leur conversation avançait. Ce n’était pas Damon qui allait le blâmer que ce soit le cas - ou pas pour cette partie là de cette rencontre, en tous cas. Il comprenait qu'il était là frustrant pour Ambrose de ne pas avoir accès à certaines informations, de se retrouver mis dans un coin concernant des parties d’une histoire où il avait cherché à s’inclure; mais l’italien devait se protéger, il devait protéger sa femme et pour réussir à agir de la sorte il ne pouvait se permettre que certaines informations soient partagées à la presse comme si c’était là des armes d’attaque. Certaines choses pouvaient l’être, parce-que cela permettait effectivement d’enfoncer d’autant plus Saül dans ses travers et montrer à quel point il n’était pas un homme bon au yeux du reste du monde. En revanche, tout un pan de l’histoire des agissements de l’homme d’affaire se devait de rester secret - qu’importe ce que pourrait en penser Rose. Il savait que cela ne lui conviendrait pas, et qu’il ne s’attendait pas à ce que l’italien se montre un obstacle face à lui alors qu’il avait lui-même participé à l’idée de donner du grain à moudre dans cette affaire mais du côté Constantine; mais lorsque cela concernait les agissements qui tournaient de trop proche autour de son mariage et des arrangements qui existaient derrière ce dernier, il ne pouvait pas se le permettre.

Et malgré tout, malheureusement, au fond de lui il comprenait que ce ne soit pas là une façon de voir les choses qui étaient partagées avec Ambrose. Il avait du mal à comprendre qu’il n’arrivait pas à imaginer la façon de voir de l’italien, mais il entendait qu’ils puissent ne pas être d’accords sur certains points. Ambrose avait besoin de mettre en avant le plus de détails, de souligner le plus de problèmes possibles pour que cette histoire soit tournée à son avantage et ce n’était pas là non plus quelque-chose sur laquelle il pouvait le blâmer, ou le pointer du doigt. Si Saül n’avait pas été l’animal qu’il était, personne n’en serait là aujourd’hui et Constantine n’aurait pas besoin de creuser de tous les côtés pour trouver les arguments qui permettraient au public et au reste du monde de le croire sur parole. Son père faisait partie des vilains mais des gens qui étaient aussi malins, ne laissant que peu de choses au hasard. Il s’était simplement adouci avec les années et peut-être avec l’arrivée de ses nouveaux enfants, ce qui avaient permis à Ambrose de pouvoir dire quelque-chose - auparavant, cela n’aurait pas été possible car Williams sénior l’aurait réduit au silence bien plus facilement et bien plus tôt, surtout. Quitte à complètement réduire au silence, Damon n’arrivait même plus à douter de cette idée là.

« Va te faire foutre. T’es comme lui: tu baises qui tu veux comme ça t’arrange, et après tu agis selon tes propres intérêts. » Fermant les yeux un instant, Damon se mordait l’intérieur de la joue. Ambrose mélangeait tout, Ambrose était blessé et devait surtout crouler sous le poids d’un quelque-chose qu’il n’aurait jamais du connaitre. « Et c’était quoi mon intérêt, dans l’idée de te baiser toi, hein ? A part passer du bon temps ? » Parce-que c’était là la partie qu’il ne saisissait pas, Rose: Damon n’y avait rien gagné. Il avait même risqué de tout perdre dans cette échange qui n’en était même pas un dans sa définition. S’il avait vraiment eu quelque-chose à y gagner, il aurait joué ses cartes de façon plus intelligente et surtout il ne chercherait pas à se retirer de la lumière comme il était en train de le faire là, s’il était le gagnant et le conquérant. « J’agis pour protéger ce qui m’est cher, Ambrose, pas pour servir des intérêts que j’ai même pas en plus. » Il eut un petit rire, autant lassé que triste, qui échappa à ses lèvres alors qu’il secouait quelque peu sa tête de gauche à droite. « Et pour que je puisse le faire, il faut qu’on garde certaines choses pour nous. Des choses qui regardent personne d’autres que Megan et moi. » Quelques temps plus tôt, il n’aurait pas hésité un seul instant avant de partager ce qu’il avait sur l’esprit et sur le coeur avec Rose, parce-que ce n’était pas là une façon naturelle d’agir pour Damon. Désormais, il se devait de poser à certaines conséquences qui en seraient véritablement s’il ne tenait pas sa langue - et il ne pouvait pas se permettre une telle chose. A partir du moment où son coeur s’était mis à battre de façon différente lorsqu’il avait posé son regard sur Megan, il ne pouvait plus se permettre de laisser la moindre chose transparaitre quand aux véritables raisons qui les avaient initialement unis. « Tu peux garder les éléments que t’as déjà en ta possession: t’en auras besoin. Mais quand ça va plus loin que ça, quand ça implique notre nom sans qu’on soit consulté avant… tu peux pas te permettre. »

Il inspira longuement. « Tout comme j’en avais parlé à personne avant que tu le fasses toi-même en demandant à ton frère d’écrire le premier article. » Le regard qu’il portait désormais sur Ambrose était bien sur embué de larmes - cela n’était même pas une question ni une surprise -, mais également emprunt d’une supplication combiné à une certaine peine. Cette dernière était davantage pour Rose que pour Damon lui-même. Il n'avait pas vraiment l’habitude de s’apitoyer sur son sort, pas de cette façon là en tous cas. « Tu m’en avais parlé, avec humour certes, mais tu l’as pas caché. J’ai rien dit, parce-que c’était pas à moi d’en parler. » Et qu’il n’aurait jamais mis Ambrose devant une chose, un fait accompli qu’il préférait garder dans l’ombre pour se protéger - même si c’était de ses propres agissements.

La colère finit par parler bien avant tout le reste, et il n’en a plus rien à faire que d’être injuste. Il l’est, il le sait. Et quand bien même, il est fatigué d’agir selon les sentiments de chacun, en particulier ceux d’un Damon qu’il n’arrive décidément pas à comprendre. Tout était simple pendant un temps, et quand bien même cette période a été particulièrement courte, il paierait cher pour y revenir. Depuis, tout est un bordel ambulant. « Et c’était quoi mon intérêt, dans l’idée de te baiser toi, hein ? A part passer du bon temps ? » Des empires se sont effondrés parce que certains ont toujours priorisé passer du bon temps avant le reste alors oui, tel était l’intérêt de Damon et non, Ambrose ne compte pas revenir sur ses mots. Il a voulu passer du bon temps quand il en avait l’occasion, et maintenant qu’il est rappelé à la réalité il tente de partager les fautes de ce qui n’en était même pas une aux yeux du Constantine. « J’agis pour protéger ce qui m’est cher, Ambrose, pas pour servir des intérêts que j’ai même pas en plus. » Il a déjà entendu ce discours une première fois et il a déjà compris à cette époque qu’il ne faisait pas partie de ses priorités, ni même de ce qui lui est cher. Pas besoin d’enfoncer à nouveau le couteau dans la plaie, et il le lui fait comprendre en relevant sa main avec agacement, l’air de dire je sais, c’est bon. « Et pour que je puisse le faire, il faut qu’on garde certaines choses pour nous. Des choses qui regardent personne d’autres que Megan et moi. » Comme s’ils étaient Quelqu’un, comme s’ils vivaient dans un foutu drama. Comme si elle avait soudainement gagné en importance pour lui, là où un an plus tôt à peine son prénom n’avait même pas réussi à s’immiscer dans la conversation. Quand il y a d’autres victimes en jeu, cela ne peut pas ne regarder qu’eux. Cela les enferme simplement dans une cage dorée qui, il est vrai, est magnifique. Aussi magnifique qu’elle est empoisonnée, leur vie de rêve. « Tu peux garder les éléments que t’as déjà en ta possession: t’en auras besoin. Mais quand ça va plus loin que ça, quand ça implique notre nom sans qu’on soit consulté avant… tu peux pas te permettre. » - « Tu veux pas te mouiller, j’ai compris. Pas besoin de me faire un dessin. » Il veut protéger ses proches, mais il ne veut pas protéger trop de monde non plus, voilà la conclusion à laquelle Ambrose arrive rapidement, sans doute très largement déçu par l’attitude d’un homme qu’il pensait être autrement. Qu’il pensait être meilleur, tout simplement.

« Tout comme j’en avais parlé à personne avant que tu le fasses toi-même en demandant à ton frère d’écrire le premier article. » Son regard empli de larmes déstabilise Ambrose, lequel n’a généralement pas de mal à garder la tête froide dans une telle situation mais peine à le faire lorsqu’il s’agit de ses proches. Et Damon en est un malgré les mixed feelings le concernant. Il l’a été, au moins, et ça continue de compter un minimum, tout comme les aveux qu’il lui fait. Il a toujours tenu le silence toutes ces années sans qu’Ambrose ne comprenne sa loyauté aveugle envers son paternel. « Tu m’en avais parlé, avec humour certes, mais tu l’as pas caché. J’ai rien dit, parce-que c’était pas à moi d’en parler. » Il ne sait même plus ce dont il est question à force d’avancer dans une discussion trop cryptique, minée par tous ces sujets qui pendent au dessus de leur tête tels des épées de Damoclès mais dont Ambrose n’a pas le droit de savoir quoi que ce soit - pour le protéger, pour protéger Damon et Megan, la version varie. « Tu devrais couper les réseaux. Pour pas entendre parler de l’article. » Il voudrait le prendre à nouveau dans ses bras pour le rassurer et lui donner une épaule contre laquelle se calmer mais l’amertume qu’il nourrit l’en empêche. A défaut, il tente de lui donner des conseils pour se protéger. « Je vais pas laisser le monde penser que je suis un menteur. Je tiendrai parole si tu veux pas être impliqué, mais je vais pas arrêter de me battre. » Il trouvera d’autres moyens. Lesquels, il ne le sait pas encore, mais il trouvera. Il est impensable que l’italien s’en sorte à nouveau, et pour ça il trouvera une raison de l’abattre, parce que ses talons d’achille sont nombreux. Il suffit de parler aux bonnes personnes, sûrement.

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Les gestes autant que les mots d’Ambrose étaient un bon indicateur de son état d’énervement, tant il repoussait finalement les explications et les justifications que Damon lui donnait désormais, alors qu’il les avait demandé dans un premier temps. Ou tout du moins, c’était là ce que percevait le jeune italien: qu’il attendait d’avoir entre ses mots des excuses acceptables de sa part pour entendre ce qu’il avait à lui dire. Ce n’était pas ce que Rose lui disait, pas exactement - comme il ne lui demandait pas de retirer ce dont il avait besoin de ses mots couchés sur le papier. La demande de Damon résidait dans l’idée de limiter les informations qui étaient communiquées, autant par la brun que par lui. Dévoiler que Saül n’avait pas été tendre avec d’autres personnes, sous d’autres formes certes mais avec des gestes et paroles bien présents c’était là quelque-chose d’acceptable. En revanche, pousser ses informations à prendre trop de place à l’intérieur de tout cela pour attirer une trop mauvaise curiosité sur Megan et lui là où ils n’en avaient en rien besoin, ce n’était pas quelque-chose d’entendable pour lui. « Tu veux pas te mouiller, j’ai compris. Pas besoin de me faire un dessin. » Ce n’était même pas tant qu’il n’avait pas envie de le faire, Damon - c’était qu’il avait peur de le faire, et c’était là l’emprise qu’avait son père sur lui à travers tout cela, avec les années de pratique et les abus qui en découlaient. Un jour peut-être, Ambrose pourrait saisir toute la subtilité que cela impliquait, et pourquoi il craignait tant à réagir d’une façon qui aurait pu être davantage profitable pour tout le monde. Pourquoi il prenait peur tout en comprenant à quel point agir dans ce sens d’une façon qui n’était pas contrôlée par eux pouvait mettre le jeune couple Williams dans une situation bien plus compliquée que l’était celle en cours actuellement. S’il n’était pas tombé éperdument amoureux de sa femme en cours de route, Damon l’aurait suivi dans ses démarches; désormais, la garder en sécurité à ses côtés était bien plus vital pour lui que de jeter Saül définitivement sous le bus. Ambrose avait assez d’informations en sa possession pour réussir à le faire.

« Tu devrais couper les réseaux. Pour pas entendre parler de l’article. » Damon eut un petit rire résumé en un soupire, secouant quelque peu la tête. « C’est gentil Ambrose, mais je vais en entendre parler dans tous les cas alors autant que je maîtrise la façon dont ça se fera. » Parce-que l’entourage dans lequel il évoluait encore n’était pas propice à ce qu’il reste hermétique à ce qui allait se passer ensuite. Il avait manqué la parution du première article car ce dernier s’était fait discret - ce ne serait pas le cas du second alors que certains projecteurs étaient tournés dans la direction de Constantine désormais. « Je vais pas laisser le monde penser que je suis un menteur. Je tiendrai parole si tu veux pas être impliqué, mais je vais pas arrêter de me battre. » Il soupira, frottant ses yeux d’une main - ces derniers étant déjà rougis de toutes façons, au moins ils seraient débarrassés des quelques larmes misérables qui lui brouillaient la vue. « T’es pas un menteur, t’as pas à leur laisser penser ça. » Il inspira longuement avant de reporter enfin ses yeux azurs sur le brun à ses côtés. « Mentionne les autres victimes de Saül, mentionne que cela concerne son fils et sa belle-fille, mais évite les mentions des noms. Ca évitera de les donner gratuitement à ceux qui ont une curiosité mal placée. » Les personnes s’attardant sur la presse sans grand intérêt pour ce qui passait sous leurs yeux ne prendraient pas la peine de regarder qui étaient ces personnes dont les noms n’étaient pas dévoilés, comme ça. « Et si t’as encore une idée aussi stupide que de nous entraîner dans une lutte avec toi sans nous en parler avant de le faire… Parle nous en justement, s’il te plait. » De fortes chances qu’ils n’adhèrent pas à l’idée, mais au moins ils pourraient le faire avant qu’elle ne soit réalisée. « S’il te plait. » Qu’il répéta dans un soupire suppliant, apposant un instant sa main sur celle d’Ambrose, accrochant son regard au sien un instant de plus. Dans un monde où il n’était pas soumis à ses émotions et à ses sentiments, à ceux dominant et ceux qui représentaient davantage pour lui, Damon aurait su rester impartial dans son mariage et ce dernier n’aurait d’ailleurs jamais eu lieu puisqu’il aurait su s’y opposer depuis le début face à ce père qui ne méritait surement pas sa présence à ses côtés. Ce n’était pas le monde dans lequel ils évoluaient alors maintenant que son amour pour Megan était plus grand que l’affection qu’il portait à Ambrose, il ne lui restait plus qu’à le supplier de lui accorder au moins cette concession alors que cela n’était pas la façon dont il avait initialement vue les choses.

Se levant lentement du banc, Damon finit par fourrer ses mains dans les poches de sa veste, gardant son regard s’accrocher au visage d’Ambrose. « Tu vas me dire que j’ai pas à le dire, mais je suis vraiment désolé de ce que t’as subi. » Il le saurait surement toujours, cela ne pourrait changer. « J’aurais préféré m’épargner la chance de te rencontrer si ça avait permis que tu rencontres jamais Saül en échange. » Il haussa les épaules. « Je me considère chanceux, mais on connait tous les deux les résultats de cette chance. » Il tira une petite moue, autant désolée que l’étaient ses mots, ses pensées et ressentis qui allaient de paire avec. « Je garderai un oeil sur les réseaux dans tous les cas, mais je pense que je serais trop rapidement dans tous les cas au courant quand les gens auront connecté toutes les informations ensemble. »

« C’est gentil Ambrose, mais je vais en entendre parler dans tous les cas alors autant que je maîtrise la façon dont ça se fera. »
« Tu maîtriseras jamais les réseaux. »

Règle numéro une de survie. Les réseaux ont les pleins pouvoirs et ce n’est que très rarement, pour ne pas dire jamais pour les bonnes raisons. Il va les subir comme tout le monde s’il ne prend pas au moins la peine d’essayer de s’en éloigner, le temps que la sphère médiatique bouillonne puis s’en lasse pour mieux s’intéresser à un autre sujet sur le feu. Il y en aura toujours d’autres. « T’es pas un menteur, t’as pas à leur laisser penser ça. » Il n’est pas un menteur et il le sait, Damon le sait aussi, mais le reste du monde ne veut pas le croire et Ambrose risque d’avoir bien du mal à leur faire entendre raison. La difficulté ne le pousse pas à faire machine arrière, ça non, mais n’en reste pas moins qu’il est bien conscient de la difficulté de la tâche qui l’attend et dont il aurait aimé être exempté. « Mentionne les autres victimes de Saül, mentionne que cela concerne son fils et sa belle-fille, mais évite les mentions des noms. Ça évitera de les donner gratuitement à ceux qui ont une curiosité mal placée. » - « Ah oui, c’est sûr qu’il en a beaucoup de fils et de belles-filles. » Il rétorque, aigri sans l’ombre d’un doute. Il ne comprend pas comment Damon peut l’autoriser explicitement à parler de lui de façon aussi claire mais pas à prononcer son prénom: il sera de toute façon sur toutes les lèvres s’il précisait un terme tel que “fils”. Saül en a d’autres, mais un seul en âge de parler et d’être entendu, écouté, compris - tout ce qui n’a pas été le cas d’Ambrose. « Et si t’as encore une idée aussi stupide que de nous entraîner dans une lutte avec toi sans nous en parler avant de le faire… Parle nous en justement, s’il te plait. S’il te plait. » Cette requête ne trouve pas de réponse. Ce n’est pas de cette manière qu’Ambrose qualifie sa lutte, alors il refuse de laisser Damon la vulgariser de cette façon et, surtout, faire de lui un coupable dans cette histoire. Si c’était à refaire, il se contenterait de donner leurs noms plus tôt et non de les cacher, voilà tout. C’est à peine s’il parler à Damon, de toute façon, et pour des raisons assez évidentes il ne compte pas ajouter Megan à son carnet d’adresses comme un contact récurrent. Il a assez entendu parler d’eux pour une vie et n’a pas à cœur d’être davantage mêlé aux problèmes d’une famille aussi dysfonctionnelle. Sans un mot toujours, il défait doucement sa main de celle que l’italien avait posée par-dessus. Il ne veut pas le faire se sentir mal, mais il ne veut pas non plus qu’il pense qu’il est question de réminiscences de ce qu’ils ont partagé un an plus tôt. Ils sont des témoins et des victimes dans une même affaire, rien de plus.

Lorsque Damon se relève du banc, Ambrose est le premier étonné de se retrouver à souffler doucement, presque soulagé. Le problème n’est pas la présence du blond, le problème est ce qu’il représente et amène dans son sillage. « Tu vas me dire que j’ai pas à le dire, mais je suis vraiment désolé de ce que t’as subi. » Effectivement, il pense qu’il n’a pas à le dire. Tout comme il sait que Damon est sincère, raison pour laquelle Ambrose garde sa remarque pour lui: ce n’est pas au jeune homme face à lui qu’il en veut. « J’aurais préféré m’épargner la chance de te rencontrer si ça avait permis que tu rencontres jamais Saül en échange. » - « Je regrette pas de t’avoir connu. Je t’associe pas à toute cette histoire. » Il sait du moins qu’il n’en est pas la cause, et c’est une distinction suffisante pour qu’elle ait son importance dans un tel moment. Ils ont échangé des mots difficiles et ils le referont sans doute encore, mais cela n’enlève rien au fait qu’il a brièvement été heureux à ses côtés. Malgré tout le reste. « Prends soin de toi. » Avant toutes choses, avant tout le reste et surtout avant tous les autres. C’est le meilleur conseil que Rose puisse lui donner.