(SUR LA ROUTE, BEAR GRYLLS). Bien sûr, cela aurait été trop beau que la chance de Kieran soit avec lui (quoi que, on peut décemment partir du principe que ça n’a jamais été le cas). Le dessinateur s’est inscrit à trois ateliers, et bien sûr que le plus utile d’entre eux est le dernier sur son planning. Le sens de l’orientation n’a jamais été une qualité en sa faveur et évidemment qu’il s’est orienté (ah, ah) vers celui-ci au moment de sélectionner les ateliers de son choix. Capable de se perdre même avec un GPS dans les mains, arrivant encore à confondre sa gauche et sa droite et ayant une notion toute relative des distances (« mais si, je t’assure, c’est à dix minutes à pieds »), on ne peut pas dire qu’il excelle dans le domaine. Alors il s’est dit que, quitte à sortir de sa zone de confort, autant que ça lui soit utile et qu’il ne se contente pas de bouffer des insectes ou d’apprendre à faire un bandage avec un t-shirt, car dans un cas comme dans l’autre, ce sont des choses déjà réalisées par Kieran (volontairement ou non, d’ailleurs).

Quoi qu’il en soit, maintenant que le jour j est arrivé, Kieran ne compte pas ménager ses efforts et faire ainsi de son mieux pour parvenir à retrouver son chemin – est-ce qu’ils vont vraiment les lâcher en pleine nature en priant pour qu’il n’y ait aucune perte, d’ailleurs ? Kieran aurait peut-être dû lire les petits caractères à la fin du formulaire d’inscription, sans quoi il ne serait pas aussi anxieux à l’idée de vivre ce troisième atelier. On ne peut pas dire que les deux premiers se soient passés sans encombre, au contraire et comme dit l’adage ; jamais deux sans trois. Il est encore temps de faire demi-tour, hm.

Pourtant, il s’accroche, et peut-être qu’il aurait effectivement dû faire demi-tour alors que l’épreuve commence avant même qu’il ne soit arrivé sur les lieux ; Kieran ne trouve même pas la zone réservée pour cet atelier, tournant en rond depuis une dizaine de minutes et voyant l’heure sur sa montre qui avance. L’angoisse continue d’augmenter et lorsqu’il croise enfin une silhouette, il n’hésite pas un instant avant de l’aborder. « Oh, hey, salut ?! » Comme toujours, il a peur de déranger, même si la fin justifie les moyens et qu’il renchérit très vite : « tu participerais pas à l’atelier orientation, par hasard ? » Pitié, qu’elle dise oui.

Citation :

WIN – En réalité, sa montre s'est arrêtée et il n'est pas en retard ; mieux encore, d'autres participants arrivent : ils sont au bon endroit.

SO CLOSE – Des voix s'élèvent au loin, ils les suivent et parviennent à rejoindre le groupe, même s'ils sont en retard de quelques minutes.

FAIL –  La jeune femme semble être aussi perdue que lui, la journée commence bien.

@Dina Esteves

Peut-être que t’as un peu abusé en t’inscrivant à tous les ateliers sur un coup de tête. T’es sensée être là pour te détendre après une période de boulot intensive, pour te reposer et passer un moment à te ressourcer (ou un truc du genre quoi). T’es surtout en mode adrenaline junkie, prête à prendre toutes les sensations fortes possibles, à fonctionner sous le coup du stress et tout le bordel, un peu comme d’habitude au final. So much pour la détente. Au moins c’est fun, de trimer pour survivre, pour se construire un abris ou pour trouver suffisamment de quoi bouffer pour pas se retrouver avec l’estomac dans les talons et pouvoir continuer l’aventure. Bon, les baies et tout c’est pas forcément les trucs les plus nourrissants ou qui se digèrent le mieux, mais au moins t’as pas eu le ventre en train de (trop) gargouiller pendant ta semaine, c’est déjà ça. C’est marrant parce qu’au final, les activités considérées comme les plus difficiles et qui forcent un peu les gens à sortir de leurs zones de conforts, c’est celles sur lesquelles t’as le plus pris ton pied. En revanche, il y a un atelier qui a bien qui est bondé en terme d’inscriptions et c’est probablement celui que toi tu redoutes le plus. La course d’orientation. Aller d’un point A à un point B en trouvant toutes les balises au passage, le tout sans dépasser le chronomètre, ça te fout une angoisse tant tu l’as pas, le sens de l’orientation. Et c’est pas une carte avec des indications sommaires qui va beaucoup t’aider, ici, dans le bush, tout se ressemble. Le moindre rocher ressemble à n’importe lequel et c’est probablement ton plus grand défi pour l’instant. Mais allez, s’il y a bien un moment pour se dépasser ou pour avoir un coup de chance sur ton partenaire, c’est maintenant. Sans trop te presser, tu te diriges vers la zone de départ et pendant un moment, t’es assaillie d’un doute ; est-ce que c’est la bonne direction ? Ton esprit appréhende tellement qu’il essaie probablement de te préserver de ce que tu redoutes tant. Pourtant, une voix s’élève derrière toi et tu te tords le cou pour regarder de qui il s’agit. Juste là, un grand dadet se dirige vers toi « Hey ! » Tu réponds avec enthousiasme, il demande si tu vas à l’aterlier et pour une fois, t’as l’impression que la chance te sourit, « heu, ouais. Toi aussi ? » Visiblement oui, sinon il ne poserait pas la question. « C’est pas trop loin, je crois. » Enfin il doit bien le savoir, puisque visiblement il va dans la même direction que toi. Preuve en est, vous arrivez bientôt au départ de l’atelier où sont déjà présents certains participants et d’autres arrivent à leur tour. Le moniteur lui-même se ramène peu après tout le monde, et commence son speech d’introduction ; chaque binôme aura une carte à disposition, il faudra retrouver des balises de couleur disséminées un peu partout dans la zone puis se rendre à un point d’extraction de l’autre côté, le tout étant bien évidemment chronométré. Il laisse quelques instants pour les éventuelles questions, puis commence à former les groupes et à donner le matériel, activant le chrono à l’instant où les cartes sont entre les mains des participants. Vu que t’es toujours à côté du grand type de tout à l’heure, il vous pointe tous les deux et faut croire que maintenant, vous êtes dans la même équipe. « Tu sais lire ce genre de cartes ? » C’est un croquis grossier avec peu de détails et pour seules informations des points “zone de départ” ou “zone d'arrivée”, ainsi que toutes les balises concernant votre équipe entre les deux. Le tout maintenant, c’est de savoir dans quelle direction partir. « Donc on est là et la balise la plus proche est là- »

@kieran halstead

Si Kieran ne peut nier que sortir de sa zone de confort lui fera sans doute le plus grand bien, ce n’est pas aujourd’hui qu’il se détachera de sa réputation de touriste, pas alors qu’il n’a aucune idée d’où il met les pieds et il n’a pas particulièrement fait d’effort pour changer cela. Dans un sens, on pourrait presque le féliciter de maintenir une certaine cohérence qui justifie la nécessité de cet atelier d’orientation. Kieran est bien incapable de retrouver son chemin, même dans une ville comme Brisbane où les indications ne manquent pas et, surtout, il vit - malgré quelques intermittences - depuis vingt ans. De tous les ateliers proposés, c’est sans doute celui qui est le plus nécessaire, mais aussi celui qu’il appréhende le moins ; il est persuadé que la tâche ne devrait pas être si compliquée et quand bien même, il y a toute une équipe de professionnels qui saura lui venir en aide s’il perd son chemin. Du moins, il le croyait jusqu’à la veille, date de l’atelier premiers secours où l’instructeur a informé sa binôme que les plantes qu’elle prévoyait de consommer pour soulager ses maux d’estomac pouvaient s’avérer mortels. Il n’a jamais su si l’instructeur était sérieux ou jouait seulement son rôle jusqu’au bout, toujours est-il qu’en y songeant, Kieran n’est finalement plus aussi serein à l’idée de se perdre dans l’immensité d’arbres et autres rochers mise à leur disposition pour une expérience le plus immersive possible.

C’est pour cette raison qu’il n’hésite pas à interpeller cette jeune femme qu’il croise sur son chemin, supposant qu’en étant dans le coin, ce n’est certainement pas pour se rendre du côté de l’atelier de navigation. « heu, ouais. Toi aussi ? » Le soulagement de Kieran est perceptible alors qu’il se sent bien moins seul dans cette galère. « Ouais, et j’ai l’impression de tourner en rond, ça commence bien. » Il rétorque avec un léger rire, mais s’il exagère quelque peu : il n’a pas vraiment cherché l’atelier et cela se traduit par le fait qu’ils y soient non loin et qu’il ne l’ait même pas réalisé. « C’est pas trop loin, je crois. » - « Ouais, je crois que ça s’agite. » Il constate quand il voit quelques participants arriver sur place, et il se mêle à la foule en compagnie de la jeune femme à ses côtés. L’instructeur ne tarde pas et face aux consignes, Kieran s’avère moins paniqué. Oh, bien sûr, il y a de grandes chances de se perdre, et il n’est pas particulièrement doué en termes de chasse au trésor; mais ce léger enjeu implique qu’il sera sûrement talonné par d’autres binômes et ça le don de le tranquilliser. Le nécessaire en main, le voilà mis en binôme avec la jeune femme et il n’est pas mécontent, elle a l’air bien plus sympathique que le type a sa droite, les genoux fléchis, qui semble prêt à prendre le départ en courant. Kieran n’est pas assez compétiteur pour former une équipe avec un type comme ça. « Tu sais lire ce genre de cartes ? » - « Non, et je sais pas plus lire une boussole. » Il reconnait, un peu honteux en constatant à quel point il n’est pas préparé. « Et toi ? » Il questionne afin de savoir s’il y a une chance pour qu’elle rattrape son ignorance. « Donc on est là et la balise la plus proche est là- » Il penche la tête pour apercevoir la carte qu’elle tient entre les mains, évaluant leur position initiale autant que celle qu’ils sont supposés rejoindre. « Je pense qu’on peut essayer d’aller dans cette direction-là, non ? » Il dit en désignant le chemin sur la gauche, à l’issue duquel se dessine un énorme rocher au loin. À vue d’œil, il estimerait qu’ils n’en sont pas loin, mais Kieran n’a pas une excellente notion des distances. « Oh, je suis Kieran, au fait. » Il se présente, car il lui parait cohérent qu’ils connaissent le prénom l’un de l’autre s’ils sont amenés à effectuer cet atelier tous les deux. « T’as le sens de l’orientation ou toi aussi tu pars de zéro ? » Il la questionne, tandis qu’il se met en marche.

Citation :

WIN – Ils se mettent en marche et fort heureusement pour eux, ils s'avèrent sur le bon chemin, même si le rocher est encore loin.

SO CLOSE – Ils se mettent en marche et bien qu'ils soient sur le bon chemin, celui-ci est plus long et plus tortueux que le premier.

FAIL –  Ils partent dans la mauvaise direction, à croire que personne n'a le sens de l'orientation dans ce binôme. Ça tombe bien, ils sont là pour apprendre, n'est-ce pas ?

@Dina Esteves

Première constatation : t’es pas la seule à pas avoir l’air fichue de retrouver ton chemin malgré toutes les indications reçues depuis le début des ateliers. Pas grave, tu ricanes doucement au commentaire de ton compagnon d’infortune en haussant les épaules, « Au pire on est deux à être perdus.  » C’est dommage, mais c’est pas non plus la pire chose qui puisse arriver. Et puis finalement tout semble bien aller puisque pas plus tard que cinq minutes après, vous trouvez le reste des participants rassemblés autour d’un animateur slash survivaliste slash moniteur. Tu ne sais même pas bien comment le qualifier, le barbu qui donne les explications avec une lueur un peu étrange au fond des yeux. Ou alors c’est juste son bronzage délimité par une large de trace de lunettes de soleil qui lui donne un air un peu fou et trop proche de la nature pour son propre bien, difficile à dire. Toujours est-il qu’il forme les binômes et tu te retrouves avec le grand type juste à côté de toi, celui-là même que t’as suivi comme son ombre depuis que vous êtes arrivés dans la zone de départ. La carte qui vous est donnée, tu la tourne dans tous les sens dans l’espoir de pouvoir t’y repérer, et c’est finalement plus simple qu’il n’y paraît, merci à ce gros rocher bien évident sur les dessins. « On devrait s’en sortir même sans boussole, » t’essaies de le rassurer, de te convaincre également que c’est pas si grave. T’as de vagues souvenirs de tes cours de scoutisme, ça devrait être suffisant pour ne pas se perdre. Au pire tu lui apprendra. Il pointe le chemin qui mène au point de repère et t’acquiesces : « ouaip, ça me paraît être la bonne route. » Que tu confirmes en t’engageant sur la voie, ton camarade sur tes talons. « Enchantée Kieran, moi c’est Dina. » Tu souris en te présentant à ton tour, plissant légèrement le nez à sa question suivante. « Ca dépend. Là avec le gros rocher c’était facile, mais pour le reste je promets rien. » Au pire il se passe quoi ? Vous arrivez dernier ou vous déclarez forfait en ne terminant pas le parcours, y a pas mort d’homme.
Si sur le papier la destination semble proche, dans les faits c’est pourtant bien plus loin que prévu. Juste pour t’assurer de ne pas te casser la gueule sur le chemin abimé, tu jettes des coups d’oeils réguliers à tes pieds histoire d’éviter de les foutre là où il ne faut pas. « Alors Kieran, t’es du coin ? T’as décidé de venir genre en mode défi personnel ou alors on t’a forcé à venir participer ? » L’autre jour t’as entendu quelqu’un se plaindre d’un séjour tout frais payé qu’il n’a pas eu le coeur de refuser et a même qualifié ça de “cadeau empoisonné”.
 

« Au pire on est deux à être perdus. » - « Moins et moins ça fait plus, on devrait tout gérer. » CQFD. Kieran aimerait beaucoup que les choses soient aussi simples, dans quel cas ils seront sûrs de retrouver leur chemin. Pour autant, la chance n’ayant jamais véritablement été de son côté, la suite logique de cette révélation est qu’ils continuent de tourner en rond jusqu’à s’énerver. Il ne parlera pas pour cette jeune femme, mais de son côté, il ne serait pas surprenant qu’il finisse par abandonner cet atelier. Restera toujours le même problème ; et de réussir à sortir de ce terrain. Peut-être que Kieran a parlé trop vite alors que, à sa plus grande surprise, sa camarade d’infortune et lui finissent par retrouver les autres participants qui se sont amassés autour du moniteur. Il n’est pas mécontent de se retrouver en binôme avec la jeune femme malgré leurs lacunes partagées quelques instants plus tôt ; au moins elle lui inspire un bon feeling et peut-être que cet atelier sera moins catastrophique que les précédents. Il n'est pas certain qu’elle soit du genre à facilement hurler quand elle est mécontente, ça le changera de la folle furieuse de Zoya. Toutefois, sa binôme est aussi chanceuse que celle de la veille quant au fait d’être en équipe avec lui, puisqu’il l’avoue rapidement : il ne sait ni lire une carte, ni une boussole. « On devrait s’en sortir même sans boussole, » Elle est au moins optimiste pour deux et il n’est pas contre l’idée d’y croire aussi, tiens. « Je te fais confiance. » Bien qu’il s’essaie à participer, désignant un rocher au loin qu’il croit retrouver sur la carte. « Ouaip, ça me paraît être la bonne route. » Il secoue doucement la tête pour approuver avant de se mettre en route à sa suite. Et tant qu’à passer la prochaine heure (ou plus) ensemble, il lui paraît logique de se présenter, et elle a au moins le mérite d’avoir un prénom simple et facilement prononçable (il est vraiment inquiet à l’idée de subit le courroux de sa binôme, désormais).  « Ca dépend. Là avec le gros rocher c’était facile, mais pour le reste je promets rien. » - « Ouais, bon, comme on dit, l’important c’est de participer. » Il s’amuse avec un léger sourire, avant d’ajouter : « sur une échelle de un à dix, tu situes où ton esprit de compétition ? » Car de son côté, il est proche de un, pour ne pas dire zéro, alors là-aussi il vise surtout à se préparer dans l’hypothèse où elle serait prête à tout pour briller durant cet atelier.

Ils marchent. Et ils marchent. Encore et encore. Et Kieran se rend compte que s’ils sont dans la bonne direction, il n’est peut-être pas le plus futé quand il s’agit d’y aller vite et bien. Le chemin est tortueux et il ne serait pas étonné d’y laisser une cheville avant la fin de la journée. « J’ai l’impression qu’ils essaient plus de nous tuer que de nous apprendre quelque chose, dans ces ateliers. » Il râle, les yeux qui continuent de balayer le sol à la recherche du moindre obstacle. « Alors Kieran, t’es du coin ? T’as décidé de venir genre en mode défi personnel ou alors on t’a forcé à venir participer ? » - « Je suis du coin et ouais, c’est plutôt un défi personnel. » Il débute, manquant de trébucher et se rattrapant bien vite. « La nature et la survie, disons que c’est pas vraiment mon truc, je suis le bon gros citadin qui a l’habitude de son confort. » Sans vivre dans le luxe, Kieran aime être à l’aise et autant dire que de ce côté-là, ces ateliers lui demandent une certaine maîtrise de lui-même. « Alors bon, quand j’ai vu les flyers en ville, je me suis dit que ça pourrait pas me faire de mal. » Sauf qu’il se trompe ; bien sûr qu’il s’est déjà fait mal depuis son arrivée, tiens. « Et toi ? » Il retourne la question, ajoutant rapidement : « T’as l’air plutôt à l’aise, on dirait que t’as l’habitude de crapahuter. » Il s’en amuse avec un léger rire, posant les yeux sur elle avant de les ramener à ses pieds, et d’être attiré par les chaussures de Dina. « Euh, ta chaussure a l’air de démissionner, ça va le faire tu crois ? »

Citation :

WIN – Dina peut respirer, même si le chemin est encore un peu compliqué par endroit, il y a un peu plus de plat qui les attend. « Si ça se trouve, dans la brousse comme ça, on tombera sur un mort et tu pourras lui piquer ses chaussures. » Plutôt en rire qu’en pleurer, n’est-ce pas, alors que le chemin s’annonce encore long.

SO CLOSE – Kieran trébuche légèrement, se rattrapant rapidement ; plus de peur que de mal. « Ah, ouais, d’ailleurs je suis du genre maladroit, je t’autorise à continuer sans moi si la situation l’exige. » Il annonce solennellement ; il l’autoriserait bien aussi à le bouffer en cas de nécessité, mais eh, ils n’en sont pas encore là.

FAIL – Et puisqu’il a levé les yeux vers elle durant un instant, ce qui devait arriver se produit : il s’encouble et rencontre le sol, dans une chute qui n’a rien à envier aux meilleurs dessins animés. « Putain ! » Il s’écrie, sa cheville désormais douloureuse. C’est sans doute une foulure, il peut poursuivre, mais quand même, c’est inconfortable. « À nous deux, on a une paire de pieds qui tient la route, quelle chance. » Au moins, il essaie de prendre la chose avec légèreté.

@Dina Esteves

Tu ne peux pas t’empêcher de te marrer à la remarque de ton binôme. « Ok, j’aime bien ta façon de penser. » Il ne perd pas la face lorsque tu te moques de tes propres capacités à savoir te retrouver sur une carte. Puis il a raison après tout, l’important c’est de participer et t’es clairement pas venue là dans l’optique de gagner quoi que ce soit, contrairement à certains. Y en a qui se sont pointés tout équipés, qui se sont maquillé façon peintures de guerre juste pour faire comme si ils connaissaient leurs sujet et que ça allait les aider en quoi que ce soit dans le bush. Ca prête à sourire, forcément, mais tu t’es bien gardée d’émettre le moindre commentaire. « Compétition ? Heu… Quatre ? » C’est pas mal quatre, non ? « Genre j’aime bien le principe mais flemme un peu. » Surtout là. Dans certains domaines et à certains moments tu dis pas, quand il faut faire preuve d’esprit tu sais le faire mais ouais, flemme. La compétition, c’est clairement pas quelque chose que tu trouves amusant, pas sur le long terme en tout cas.
« C’est ma mère la spécialiste de ça.» Et celle qui en a sans doute le plus souffert, c’est Elena qui se retrouvait toujours comparée à toi sans que tu ne puisses rien y faire. T’avais beau essayer de dire à ta jumelle que c’était rien, que maman ne le pensait pas vraiment et que c’était uniquement pour vous entre-motiver, ça restait difficile à croire. Toi, t’es celle qui avait tapé dans l’oeil des producteurs à Los Angeles, pas ta soeur. Tu peines à imaginer comment ça a dû être, pour elle. « Je bouge pas mal ouais, mon boulot demande d’être en bonne forme physique. » Malgré ce que t’as dit précédemment, la compétition est rude dans ton métier, et il faut se donner les moyens pour se démarquer. Toi, t’as eu la chance de partir avec un petit bagage et d’avoir déjà quelques contacts. Pour le reste, t’as charbonné comme tout le monde. « Et en ce moment comme je travaille pas, j’aime bien profiter pour faire ce genre d’activités. » Ca ou juste sortir, en fait. Toutes ces choses que t’as pas forcément le temps de faire quand t’es en déroute autour du globe. C’est pas ce qu’on pourrait qualifier d’activité propice à la détente, mais hé, chacun son truc. C’était ça ou un trek en solo, autant rencontrer des gens quoi. « Bon dans les faits je reste quand même une bonne citadine de base, » t’ajoutes en ricanant. Si t’as l’habitude des efforts physiques, c’est toujours très encadrés et après t’as un local confortable avec clim et boissons à volonté pour te remettre. Là c’est pas le cas.
Au moins là, tu peux t’amuser de ta chaussure qui bâille. « Heu ça devrait le faire, ouais. » Va falloir songer à essayer de faire quelque chose, mais t’as bien du mal à trouver ce que ferait Bear Grylls dans une situation comme ça. Probablement que t’aurais dû mieux réviser ses émissions. « Enfin j’espère. » Au pire tu pourras tenter de terminer le parcours en sautillant sur un seul pied. Ou alors il faudra trouver une branche pour faire une canne ou une béquille. Un peu par réflexe, ton regard scanne la zone à la recherche du bout de bois parfait pour t’aider à avancer avant que ta chaussure ne lâche complètement l’affaire. La remarque de Kieran te prend un peu au dépourvu, tu marques une légère pause avant de te mettre à rire. « Imagine on est sur un terrain où les gars de la mafia viennent se débarrasser des trucs gênants. » Corps, armes, preuves compromettantes, bref. Un coup à se faire attraper par le col une fois de retour à la civilisation. « Ou alors un terrain d'entraînement de l’armée. » Ca te rappelle cet épisode de Malcom in the Middle où Hal et les garçons rentrent sur une propriété militaire sans faire attention, ayant manqué les panneaux d’avertissement et tout le bordel. Après ça ils se font arrêter et accuser d’être des espions. Ça serait con de finir dans une situation similaire, quand même. « Attends faut que je fasse un truc pour ma chaussure en fait, ça va pas le faire. » Tu marques l’arrêt en commençant à chercher dans ton sac à dos. Ca vaut au moins le coup d’essayer de faire tenir la chaussure d’une façon ou d’une autre si t’as ce qu’il faut sous la main.