2006.

Archie a prévu le coup. Comme à son habitude, il a battu des cils devant son entraîneur et ce dernier lui a laissé le doublon des clefs pour qu’il se rende à la salle hors des heures d’ouverture. Cette fois, la démarche s’était faite de manière aisée car l’adolescent traînait derrière lui sa toute première médaille d’or. S’il s’était déjà hissé sur toutes les autres marches du podium dans les derniers mois, c’était bien la première fois qu’il arrivait à abattre son adversaire de toujours d’un seul coup bien placé à la mâchoire. Oscar n’a pas pu se relever avant la fin du décompte de l’arbitre alors Archie avait été nommé vainqueur du tournois. L’euphorie s’était emparée de lui. Il avait vu les yeux fiers de son père, ses mains qui l’applaudissaient et son nom qu’il appelait dans la foule comme s’il était la plus grande vedette que Brisbane ait conçue. Oh oui, Archie avait apprécié d’enfin se sentir à la hauteur de son paternel. Aussi, durant tout le dîner on l’avait couvert de compliments et on avait secoué sa tignasse. Son père Charles avait même appelé ses cousins pour leur annoncer. Il n’y avait pas meilleur sentiment que de réussir. Enfin.

Vers vingt heures, il arrive à la salle. Toutes les pièces sont plongées dans une noirceur étrange. Les silhouettes des sacs de boxe suspendus au plafond lui rappellent les monstres des quelques films d’horreur qu’il a aperçus à travers la fente de la porte de sa chambre. Mais il n’a pas peur. Arrogant, il frappe chacun d’entre eux en les contournant, direction les vestiaires. Dans sa main, une bouteille de vodka qu’un de ses contacts majeurs lui a vendue. Il ne l’a pas encore ouverte car il attend l’arrivée de Cody pour le faire dans les normes. Patient, il ouvre enfin la lumière et le bourdonnement des néons anime l’établissement. Il se sent comme un adulte – il se sent roi. Derrière le miroir, il fait la pause, observe ses muscles en enfilant ses vêtements de sport et replace coquettement ses cheveux avant de défaire tout le travail parce que c’est beaucoup plus viril, une coiffe emmêlée. Il n’a pas mis de gel car il déteste la sensation de la pâte collante qui coule sur son front lorsqu’il s’entraîne. La sueur et le parfum d’épinette se mélangent mal, c’est quelque chose qu’il a compris très tôt lors de son entrée dans cette discipline qu’il affectionne tout particulièrement.

« CODYYYYYYYY ! » Il beugle quand il entend la porte arrière s’ouvrir et se fermer. Rapidement, il se dirige vers lui, louvoyant entre les bancs et les casiers, le ruban de sa médaille d’or coincée entre ses dents. Il n’a pas encore annoncé la bonne nouvelle à Cody, qui n’a pas pu assister au combat le week-end dernier. Il l’a invité ce soir sans le prévenir ni pour la victoire, ni pour l’alcool, d’ailleurs. « C’EST QUI L’PATROOOOOOON ?! » Il énonce difficilement en utilisant seulement ses lèvres et sa langue. Il est ridicule à faire sa petite danse de la victoire, l’arcade sourcilière séparée en deux par une plaie et des points de sutures, mais il se fiche bien de ce que le plus vieux peut bien penser : il le connait très énergivore.

@Cody Shephard

:: hors du temps :: flashbacks

On ne va pas se mentir, depuis que Cody a commencé l'université plus tôt dans l'année, il n'est plus aussi disponible qu'il a pu l'être dans le passé. Qu'on ne s'y méprenne pas, il n'a pas complètement disparu auprès des personnes qui comptent mais le voilà déjà empli de regrets à l'idée d'avoir manqué le match d'Archie. Ce n'est pas la première fois, bien sûr, mais c'est la première fois qu'il manque un match de cette importance et, en bon Cody qu'il peut être, il a passé quelques jours à s'en vouloir. Alors forcément, quand au téléphone il s'est vu proposer une petite sortie nocturne au club qui a vu leurs premiers coups, leurs réussites, leurs défaites mais aussi leur amitié, il n'a pas hésité une seule seconde.

Malgré ses tentatives d'extraction d'informations, Archie n'a pas craqué et Cody n'est toujours pas au courant du résultat du match et leur soirée ne laisse aucune indication : il pourrait n'avoir rien dit par honte et souhaiterait frapper quelques sacs pour se distraire de cette défaite ; ou il pourrait n'avoir rien dit pour garder la surprise et lui annoncer de vive voix. Chaque seconde qui passe - Cody marchant en direction du club - le fait changer d'avis. Il a perdu, non, il a gagné mais peut-être que non, et puis zut alors, peut-être que si ? Alors qu'il accélère le pas, le stress monte. Il est inquiet notre Cody, à l'idée de retrouver une mine déconfite. Après quelques années, il a fini par le connaître le Archie et il sait qu'une défaite ne sera jamais simplement une défaite. Ils ont ça en commun tous les deux, cette rage de vaincre.

Alors qu'il voit l'enseigne du club quelques mètres plus loin et la lumière des néons qui perle jusqu'au devant, il accélère nettement le pas et se retrouve rapidement à pousser la porte. Il sait d'ores et déjà qu'Archie est là, bien sûr la lumière est une importante indication. Mais pas que. Il ne faut qu'une demi-seconde pour entendre le jeune garçon, dont la voix rebondit sur chaque sac de frappe pour arriver jusqu'aux oreilles de son aîné. « CODYYYYYYYY ! » Un rire s'échappe des lèvres de Cody, son ami n'a jamais été la personne la plus discrète du quartier, c'est une certitude. Mais Cody, en sa présence, ne l'est pas non plus. « ARCHIIIIIIE » se fait entendre en retour. Et si un mais fermez-la se distingue peu après, vous pouvez l’ignorer, les deux jeunes sont très bons pour ça. Mais si l’ignorance est quelque chose qu’il sait faire, la patience, c’est beaucoup compliqué chez Cody qui estime avoir déjà suffisamment attendu pour connaître le verdict. Et heureusement, dès que Archie arrive dans son champ de vision, il sait. Ce n’est pas compliqué, un regard en direction de son ami et la réponse est placardée sur son visage, accrochée à son cou et hurlée dans toute la pièce. « C’EST QUI L’PATROOOOOOON ?! » Cody ne peut pas s’en empêcher - comment le pourrait-il devant un Archie déchaîné de joie ? -, il éclate de rire et l’attrape d’un bras passé autour de son cou, son autre main venant gratter sa tête férocement avant de venir lui embrasser la joue. Il se sépare, lui prend la tête entre les mains et colle son front au sien. « VOILA ! ça c’est mon champion ! » Il la sent monter cette fierté, ce bonheur qui se trouve être presque le même pour ses victoires à lui. C’est donc ça, ce qu’on ressent quand on s’attache à un petit jeune qui partage la même passion, qu’il se dit Cody, c’est donc ça ce qu’on ressent quand on est fier, juste fier de voir un gamin évoluer sous nos yeux. Et oui, l'écart n'est pas si important entre les deux, et bientôt il ne sera plus possible de deviner que quelques années les sépare mais demandez à Cody et il vous parlera toujours d'Archie comme d'un gamin, et ça ne changera sûrement pas avec les années.

Il aperçoit vite la bouteille dans ses mains alors qu’il se retire de son espace personnel mais se permet tout de même de prendre la médaille entre ses doigts, comme pour s’assurer que c’est vrai, sourire fier toujours placardé sur son visage, pas sûr qu’il parte de sitôt. « Punaise, faut que tu me racontes. ça a donné quoi les points ? T’as pas mis un KO quand même ? » On l’arrête plus le Cody, il veut tout savoir, regrettant encore une fois de ne pas avoir assisté à ce match. Il donnerait tout pour retourner en arrière, envoyer balader ses études le temps d’une soirée, et assister à la victoire d’Archie.

Finalement, il lui attrape la bouteille des mains et l’ouvre, prêt à arroser cette victoire. Il se permet de prendre directement une gorgée au goulot avant de porter la bouteille aux lèvres d’Archie, l’obligeant à prendre sa part. « C’est bien mais te fais pas d’illusions, t’es pas prêt de me battre encore. » Il se recule, bouteille à la main et fonce directement sur le ring, prenant une autre gorgée de la bouteille, le même sourire toujours scotché sur le visage, il a l’air d’un con mais d’un con bienheureux.

@Archie Kwanteen

Leurs cris se concassent, font écho, dérangent la ville entière, mais le cœur est à la fête et les entrailles sont en feu. Grâce à un seul regard, Cody peut comprendre que son acolyte a décroché sa toute première victoire écrasante. Médaille en bouche, il devient un animal dont le seul instinct est de célébrer. Le plus grand l’enveloppe de son bras de frère, Archie se laisse s’y blottir, d’abord passif, puis ronchonneur quand sa coiffe se fait gonfler d’électricité statique. Il pourrait lui casser le cou d’un seul coup brusque mais la confiance règne en maître entre les deux complices, et tandis que la bouche de Cody s’étampe sur la joue d’Archie, il est toujours aussi hilare, collant et gesticulant. Un mouvement, plus tendre qu’il ne s’y serait attendu, le surprend. Leurs fronts se rencontrent et tandis qu’il ferme les paupières pour profiter de cette dose d’ocytocine qui irradie dans tous ses muscles réchauffés, il soupire d’une joie aussi pure qu’authentique. Il se mettrait presque à ronronner s’il n’avait pas l’égo d’un tyran. Son père ne l’a jamais félicité de cette façon. Les claques dans le dos lui avaient toujours suffit, il pensait. « VOILA ! ça c’est mon champion ! » Il ricane comme un idiot complimenté, ses pieds sautillant sur place tellement l’énergie est à son summum. Il a envie d’exploser. De se jeter d’une montgolfière et d’atterrir sur ses genoux de fer, parce qu’Archie est invincible ce soir. C’est son heure, sa journée, sa vie. Le paradigme de son existence vient de prendre de toutes nouvelles couleurs. Le roi est fait pour gagner.  

« Hé ! » Qu’il s’étonne lorsque son ami lui vole sa précieuse médaille. Ça ne l’empêche pas de sourire fièrement lorsqu’il se met à l’observer avec l’intérêt d’un chercheur d’or. « Elle est belle, hein ?! » Qu’il grogne tel le loup affamé, se dirigeant naturellement vers la salle principale où les sacs de boxe planent au-dessus du sol comme des anges silencieux et immobiles. « Punaise, faut que tu me racontes. ça a donné quoi les points ? T’as pas mis un KO quand même ? » Il ne peut pas l’affirmer avec la plus grande des convictions car ça n’avait pas été un K.O. cinématographique. Il n’avait pas réussi à se lever, certes, mais il n’était pas tombé dans les pommes. « J’te montrerai ça, mon père a tout filmé ! Il va faire graver un C.D. et j’te le refilerai. » Il l’assure, excité. Bien sûr qu’il veut montrer à son mentor comment il s’est pris pour remporter la bataille, et il veut le voir fier d’utiliser des techniques qu’il lui a lui-même montrées. Il n’a pas pu être présent pour le grand jour – et il lui en a voulu au début – mais ils pourront reprendre du début, Archie installé dans les gradins avec lui. Ce sera encore plus jouissif de rembobiner encore et encore le coup final qui lui a permis de gagner le dernier round alors que l’égalité subsistait. « Mais, la prochaine fois, si tu te pointes pas pour mon match, je fous des œufs de coquerelles dans ton sac de sport ! » La menace n’est pas à prendre à la légère. Bien sûr qu’il le ferait.

Nouvelle offuscation : Cody lui arrache la bouteille des mains, cette fois. Mais il ne se sépare pas de son sourire qui prend, soudain, un air de défi. Le plus vieux se noie déjà le gosier, ne se fait pas prier pour plaquer le boulot sur les lèvres d’Archie, bien forcé d’avaler les gorgées qu’on lui force. Il le repousse lorsqu’il sent que l’étouffement le menace puis il essuie grossièrement sa bouche avec son poignet enroulé de bandes rouges. « C’est bien mais te fais pas d’illusions, t’es pas prêt de me battre encore. » Il tousse pour clarifier sa gorge, le goût de l’alcool le surprenant toujours autant. Il a les papilles d’un gamin. Cody ayant grimpé sur le ring, il surplombe Archie qui n’apprécie pas cette position désavantageuse. Il bondit à son tour sur le piédestal et se fait le plus menaçant possible en gardant le dos bien droit, les poings serrés, les yeux reptiliens. Malgré les quelques centimètres que son ami détient sur lui, ça ne l’empêche pas d’essayer de passer pour géant. « C’est encore un défi ?! » Il s’exclame, joueur et déjà prêt à mener une bataille même s’il ne s’est pas ganté, et l’autre non plus d’ailleurs. Il se jette sur lui pour le faire tomber vers l’arrière, mais sans surprise il ne le fait même pas broncher d’un centimètre. À côté de lui, Cody est un bloc de pierre. « ARRrRGgHHH ! » Il râle tel un chihuahua enragé qui s’oppose à un doberman.      

@Cody Shephard

Quiconque passerait dans les parages et déciderait de jeter un œil dans la salle serait persuadé d’avoir affaire à deux jeunes fous furieux. Ils hurlent, sourires placardés sur leurs lèvres, ils s’embrassent, s’étreignent, deux fous à lier plus heureux que jamais, le plus âgé si fier du plus jeune qu’il ne peut s’en cacher, impossible de contenir ses émotions qu’il laisse exploser, sûrement au grand bonheur du jeune Archie, fier comme un paon de cette victoire bien méritée. C’est fou, cette fierté qu’on peut ressentir lors de la victoire d’un poulain, Cody n’avait jamais vécu ça, du haut de ses 18 petites années, mais il veut le vivre encore et encore, sans plus s’arrêter. C’est peut-être ce moment qui définira la suite de l’histoire, qui fera germer tout doucement l’envie d’ouvrir une école, sa propre école, pour y voir défiler des gamins en quête de passion et ne plus les voir repartir, pour entendre leurs éclats de joie lors de victoire et soulager leurs peines lors des défaites.

Alors forcément, il veut tout savoir, veut vivre chaque instant de cette victoire comme s’il y était, veut connaître quel coup a permis au jeune de gagner et ce qu’il devra faire mieux la prochaine fois, il veut tout savoir pour entendre la foule comme s’ils étaient de retour dans la salle. Ils savent, tous les deux, combien l’autre tient à ce sport, combien leur passion dévorante prend toute la place parfois. Alors pour Cody, il est pas question de passer à autre chose, il veut montrer à Archie à quel point il est fier de lui, heureux pour lui et à quel point le voir ce sourire placardé sur son visage le comble de bonheur, comme quand il voit son frère ou sa soeur arborer un tel sourire. « J’te montrerai ça, mon père a tout filmé ! Il va faire graver un C.D. et j’te le refilerai. » Voilà qui ravit Cody, l’idée de pouvoir regarder le match dans les moindres détails, sans avoir à imaginer la scène, à deviner l’ambiance. Il remercie silencieusement le père d’Archie et enchaîne par une question qu’il estime capitale. « Alors ton père ? Il était content ? » Il voit d’ici le visage du sien, présent à chaque match, sourire fier ancré sur ses lèvres, criant plus fort que tout le monde, fier d’hurler c’est mon fils à travers la salle, que ce soit pour une victoire ou une défaite. Ce paternel qui a mis des gants de boxe dans les mains de son fils avant même que celui-ci ne sache marcher. Il adore ça Cody, partager cette passion avec l’homme qui l’a vu grandir, il sait combien l’approbation des parents peut être important, surtout dans une passion à la réputation parfois mauvaise - sa mère par exemple n’est jamais très enchantée quand elle le voit revenir avec du sang séché sur le visage. « Mais, la prochaine fois, si tu te pointes pas pour mon match, je fous des œufs de coquerelles dans ton sac de sport ! » Cody hoche tout de suite la tête, après tout ce sera bien mérité, il s’en veut terriblement d’avoir manqué ce match, et il se fait intérieurement la promesse de ne pas manquer le prochain - il ne peut pas promettre de ne plus jamais en manquer bien sûr, le temps vient à lui manquer parfois. « Tu me dégoûtes » qu’il lui dit en riant. « Mais t’inquiète, si je rate ton prochain match, je mettrais moi-même des œufs de coquerelles dans mon sac ! » Il sait très bien que Archie n’est pas le genre à menacer en l’air, il sait aussi qu’il ferait mieux de ne pas manquer le prochain match s’il ne veut pas se retrouver avec des cafards partout.

Mais pour le moment, l’instant présent est de mise et Cody décide bien vite de lancer les célébrations avec la bouteille prévue par le plus jeune des deux. Bien vite, il le surplombe - ayant monté sur le ring et ayant quelques centimètres d’avance sur Archie - mais le plus jeune n’est pas du genre à se laisser faire. Fier comme un coq, il fait suite à Cody, le regarde de haut - ou presque - et s’exclame. « C’est encore un défi ?! » Cody n’a pas le temps de répondre qu’il se prend un boulet de canon en plein torse. garde toujours tes pieds bien ancrés dans le sol, comme si tu essayais de passer à travers ces mots prononcés par son père lui reviennent en mémoire, et sont désormais devenus une habitude, sans qu’il n’ait besoin de réfléchir à quoique ce soit, ses pieds sont toujours à deux doigts de transpercer le sol, que ce soit du carrelage, un tapis ou du sable. Aussi, il réceptionne Archie, vacille légèrement sous le choc mais ne tombe pas. Archie râle, évidemment qu’il râle. Cody, lui, rit d’un rire déployé qui ricoche sur les murs de la salle pour revenir jusqu’à eux. Il se moque ouvertement. « Eh bah, y’a du boulot encore ! » qu’il insiste. Cody se déplace de quelques pas, pose la bouteille dans un coin pour ne pas les blesser tous les deux - comme quoi quelques gorgées d’alcool n’enlèvent rien à son attention envers le plus jeune - et se retourne vers Archie. Ni une ni deux, il l’attrape par les jambes, le soulève sur les épaules avant de le rebalancer sur le tapis, comme une prise de catch qu’il a pu voir un nombre incalculable de fois à la télévision - et qu’il a pu reproduire, que ce soit avec Archie, avec Ash ou toute autre personne acceptant de se faire malmener et de malmener en retour. Il ne l’aide pas à se relever, et décide simplement de s’allonger à ses côtés, regardant le plafond et regrettant de ne pas avoir récupéré la bouteille au passage. « T’inquiète pas va, un jour peut-être t’arriveras à me soulever. » qu’il lui dit. « Quand je serai vieux et en fauteuil roulant à force d’avoir abîmé mon dos avec le poids de mes trophées. » Il rigole, mais il faut l’avouer, il rêve de voir ces paroles se réaliser. Évidemment, pas la partie en fauteuil roulant - qui souhaiterait une telle chose - mais de se retrouver avec trop de trophées à ne plus savoir qu’en faire. Il rêve d’une pièce uniquement dédiée à ses récompenses, il s’y voit déjà, faisant entrer Archie dans cette pièce pour lui montrer tout ça, fier à son tour. « Allez va chercher la bouteille, champion ! On va se décomposer par ici. » qu’il lui ordonne en riant avant de poursuivre finalement, passant ses bras sous sa tête, son regard toujours posé sur le plafond. « Bon tu veux quoi comme cadeau ? On se bat et je te laisse gagner ? Je t’amène en boîte ? Ou juste des nouveaux gants ? Dis-moi tout. » Il lui avait promis, comme pour lui donner un peu plus de rage de vaincre : s’il gagnait, Cody lui offrirait quelque chose en retour. Le jeune adulte n’est pas peu fier de tenir sa part du marché maintenant qu’Archie a tenu la sienne.

@Archie Kwanteen

Si son père était content ?

Bon sang, de voir son visage s’illuminer de fierté avait été encore plus jouissif que de se faire glisser la médaille au cou. L’engrenage avait été déclenché. Rien n’enverra plus d’adrénaline dans le cerveau d’Archie que de recevoir les félicitations de celui qui l’a élevé. Il n’y a pas meilleure cadeau pour l’adolescent que d’être estimé aux yeux de cet homme qu’il considère roi du monde. Il n’a plus qu’à suivre les pas de papa pour ouvrir la porte d’une destinée similaire et tant convoitée. C’est la gloire et la fortune qui attend Archie. Rien de moins.

« Tu aurais dû voir ça. » Que le jeune murmure presque, ses traits traversés d’une joie indescriptible. « C’était comme si j’étais devenu un homme à ses yeux. Genre… Un vrai homme, comme lui. » Il en rêvera encore de ce sentiment qui l’aura comblé de la tête aux orteils, et qui lui aura fait apprécier les blessures engendrées par le combat et le gout âcre du sang dans sa bouche. Le seul bémol, c’est qu’il n’aura pas partagé ce moment avec celui qui l’a aidé à grimper jusque dans le haut. Même si l’égo d’Archie est bien trop parasite pour qu’il ne l’admette à voix haute, c’est bien Cody qui lui a tendu la perche pour se hisser parmi les meilleurs. Il lui doit cette célébration, cette bouteille d’alcool, et cette promesse des œufs de coquerelles. « Et je te les ferai bouffer quand ils auront éclo ! » Il n’est pas question qu’il s’absente une autre fois. Il aurait dû être dans les estrades. Là résidait la seule faille du plan autrement parfait. « Qu’est-ce qui était plus important que ma toute première victoire, d’ailleurs ? » Il l’interroge d’un œil vicieux alors que leurs pas les mène jusqu’au ring puisque c’est l’instinct qui a pris le contrôle de leurs jambes.

La testostérone fait ce qu’elle sait faire de mieux : aussitôt grimpé sur le ring, Archie s’agite, se pompe, saute à la gorge de son adversaire alors que celui-ci prétend qu’il n’est pas encore en position de l’abattre. Certes, il est plus grand. D’au moins un pied. Mais ça n’empêche pas le petit chihuahua de tester sa chance. Il suffirait que le pied de Cody n’ait pas eu le temps de s’ancrer au sol pour qu’il le fasse basculer mais, hélas, le plus vieux a été conditionné à préserver sa garde dans toute circonstance. C’est devenu un réflex quand il entre dans la salle de sport. « Eh bah, y’a du boulot encore ! » Archie se plaint d’un gémissement en le couvrant d’un regard ennuyé et, s’il voit l’attaque approche, il ne peut pas se défendre. Le monstre deux fois plus grand que lui s’empare de ses jambes – et de tout son corps d’ailleurs – pour le plaquer au tapis. Un « humf » presque comique s’échappe des lèvres d’Archie, dont la tête accueille une fête d’étoiles, et il lâche un soupir en cambrant la tête vers l’arrière. « Putain… » Sa tête tourne. Son corps veut lui rappeler qu’il s’est pris des dizaines de coups dans la tête la veille et qu’il vaut mieux qu’il évite de trop se la péter s’il ne veut pas se retrouver avec une commotion. « T’inquiète pas va, un jour peut-être t’arriveras à me soulever. » La voix de Cody provient d’en bas : c’est grâce à ce constat qu’il réalise qu’il s’est installé au sol à ses côtés. « Quand je serai vieux et en fauteuil roulant à force d’avoir abîmé mon dos avec le poids de mes trophées. » Las, Archie lui envoie son poing à l’aveugle et il atterrit sur son sternum. « T’inquiète. Ce sera bien avant ça. J’attends juste ma poussée de croissance. » Pour qu’enfin il cesse de complexer. Si seulement il savait qu’il avait hérité des gênes de son petit grand-père plutôt que de son père aux six pieds deux, le choc serait moins grand. « Le poids de mes trophées à moi, il me mettra dans ma tombe. » Une façon un peu morbide de le mettre au défi pour le restant de sa vie. Il y a bien un moment où ils atteindront le même niveau, non ?

Se plaignant d’un marmonnement, il rampe jusqu’à la bouteille de vodka après l’avoir difficilement localisée à cause de ses sens étourdis. « Bon tu veux quoi comme cadeau ? On se bat et je te laisse gagner ? Je t’amène en boîte ? Ou juste des nouveaux gants ? Dis-moi tout. » Deux des trois options l’intéressent aussi peu que l’ichtyologie s’intéresse aux oiseaux. Il ne veut pas gagner déloyalement. Sa première victoire contre Cody sera tout à fait valide, et il s’en fait la promesse. Pour ce qui est des gants… « Si t’avais été à mon match, tu saurais que mes parents m’ont donné une nouvelle paire de gant pour célébrer ma victoire ! Des Cleto Reyes. » Il se vante, tout fanatique de boxe sachant pertinemment qu’il s’agit d’une marque et d’un modèle dispendieux et prisé. « Rouge, en plus. C’est ma nouvelle couleur préférée. » Il adore la voir couler dans le visage de ses adversaires. Se redressant, il avale une gorgée de vodka, grimace encore. « Si tu veux me faire un cadeau, présente-moi à Caroline ! » Il le regarde d’un œil malicieux, lui tend la bouteille. Caroline est la plus belle fille du même niveau scolaire que Cody. Trois ans de plus qu’Archie, donc. Aucune chance. Mais il peut toujours rêver. « Maintenant que je suis le roi du monde, je dois viser bien plus haut. » C’est qu’il n’aurait pas un peu trop de confiance qui lui coule par les oreilles, le gamin ?  
   

@Cody Shephard

Il la voit Cody, cette étincelle de fierté qui brille dans les yeux du plus jeune quand ils échangent quelques mots concernant le père d’Archie. Il comprend, il partage le sentiment : il n’y a rien de plus fort que de provoquer la fierté de son paternel. Cody lui-même serait bien capable de verser une petite larme sous les félicitations de son père, le sourire aimant de sa mère, les encouragements de sa sœur et les cris de son frère. « C’était comme si j’étais devenu un homme à ses yeux. Genre… Un vrai homme, comme lui.  » Il pourrait se moquer de son ami comme il prend tant plaisir à le faire si souvent mais il en décide autrement, pour la simple et bonne raison qu’il connaît le sentiment qu’évoque le plus jeune, cette fierté immense qu’on ressent en écho à celle qu’on voit dans les yeux de l’homme à qui on doit tout. Il a lui-même partagé cette émotion, et il apprécie de voir Archie en profiter à son tour. Il est fier le Cody, et heureux pour son acolyte. « Tu le mérites. » qu’il préfère alors lui révéler, un léger sourire pudique accroché sur le visage. Il a un peu honte, mais il le pense. Archie a travaillé comme un dingue pour arriver où il en est aujourd’hui et il n’a pas volé sa victoire, loin de là.

Il comprend bien d’ailleurs que le jeune garçon lui en veut d’avoir manqué ce jour si important, il s’en veut aussi s’il doit tout avouer. Il le lui et il le pense, ça sera la dernière fois, il ne manquera plus un match - si seulement la vie était aussi simple - et il sera aux premières places pour le prochain, à hurler dans tous les sens pour acclamer Archie, il s’y voit déjà ! « Qu’est-ce qui était plus important que ma toute première victoire, d’ailleurs ? » Ensemble, ils montent sur le ring comme ils l’ont déjà si souvent fait. « Y’en a qui ont de l’ambition en dehors de la boxe je te signale. » Qu’il lui dit sur le ton de la plaisanterie. « Je devais réviser, mais tu seras content d’apprendre que j’ai réussi l’exam haut la main. » Il lui tire la langue, pas peu fier non plus. Il sait bien que faire carrière dans un sport est presque impossible, seule une petite poignée de très talentueux y parviennent et Cody, sans être [u]voltairien[/url], n’est pas complètement crédule. Alors il a décidé de poursuivre ses études, de ne pas se reposer sur un sport qui ne serait peut-être pas là pour toujours et forcément, ça implique pas mal de choses : des examens, du temps, des absences. Il s’en veut Cody, évidemment, mais il sait aussi qu’il prend la bonne décision et qu’il ne le regrettera pas. « Ça te ferait pas de mal d’en prendre de la graine ! » Il le bouscule un peu, comme ils ont tant l’habitude de le faire.

Le petit chihuahua que Cody retrouve devant lui fait afficher un grand sourire. Il sait qu’un jour le jeune homme sera capable de le mettre KO ; il ne lui dit pas bien sûr, ne souhaitant pas trop flatter son égo, mais il le sait, il en est convaincu et ce, depuis leur première rencontre très certainement. Alors pour le moment, il profite de l’instant présent et de sa force pour le moment plus importante qui lui permet de ne pas bouger et d’avoir rapidement le dessus sur Archie, ce qu’il en manquera pas de lui répéter une bonne centaine de fois dans l’année - c’est le strict minimum. En quelques jeux de mains, il met le plus jeune au sol et ne peut s’empêcher de lui rire au nez en le voyant râler, talent pas vraiment dissimulé du garçon. Quelques répliques échangées, un bon coup envoyé et un autre rire s’échappe des lèvres de Cody malgré la douleur ressentie. « T’inquiète. Ce sera bien avant ça. J’attends juste ma poussée de croissance. » Cody l’attend aussi, pour qu’ils puissent s’affronter d’un même niveau. Moqueur qu’il peut être, il décide cependant de se taire, sachant pertinemment que le sujet peut être sensible et ne souhaitant pas blesser son ami : ils peuvent se taquiner plus que de raison, Cody ne supporterait pas s’il en venait à lui faire du mal avec son humour douteux. « Le poids de mes trophées à moi, il me mettra dans ma tombe. » C’est la surenchère, à celui qui ira le plus loin. « Tu as raison, le bronze doit peser bien plus lourd que l’or. » Cody lui refuse cette victoire, ils se tirent l’un l’autre, sûrement vers le haut de leur sport en voulant battre l’autre, être le meilleur, encore et toujours, tout en conservant une fierté immense pour l’autre à chacune victoire. C’est sain, qu’il se dit le Cody, c’est particulier mais c’est sain et il n'échangerait ça pour rien au monde.

La bouteille se retrouve bien vite dans les mains abîmées d’Archie, au moment même où Cody lui offre sur un plateau d’argent le cadeau de ses rêves - dans la limite du raisonnable bien sûr, faire des études c’est bien mais ça ne rapporte pour le moment pas d’argent, ce qui est bien dommage vous en conviendrez. Il lance visiblement son ami sur un sujet qui le passionne puisque ce dernier lui fait part de sa dernière acquisition, fier cadeau de ses parents : des gants flambant neufs, de la couleur du sang. Cody est également particulièrement fan de cette couleur flashy pour des gants, ça lui donne l’impression qu’on ne regarde que ses mains et pas celles de son adversaire - si lui aussi porte des gants rouges, alors on redistribue les cartes. Il est presque déçu de ne pas avoir été plus rapide, ce qu’il aurait aimé lui offrir ces gants mais tant pis, il sent qu’il peut trouver mieux et se prépare à le proposer quand il est coupé par le jeune homme. « Si tu veux me faire un cadeau, présente-moi à Caroline !  » Décidément, notre cher Cody n’a pas fini de rire ce soir. Il récupère presque au vol la bouteille qu’on lui tend et s’en sert une large gorgée. « Maintenant que je suis le roi du monde, je dois viser bien plus haut. » Cody connaît bien ce sentiment et il souhaite à Archie que ça ne redescende pas de sitôt, ce qui a été son cas : un match perdu quelques jours après une grande victoire et le souffle est retombé aussi rapidement qu’il s’est élevé. Evidemment, il évite de lui en faire part, se refusant à gâcher la joie d’Archie. « Caroline ? T’as aucune chance mon vieux je te l’ai déjà dit ! » Un nouveau rire, une nouvelle gorgée puis il lui tend la bouteille. « Même moi j’ai essayé y’a quelques années je te signale ! » Il gonflerait presque le torse pour appuyer ses mots, estimant que si lui n’a pas réussi… qui le pourrait ? Cette confiance en lui ne durera que quelques années… « Elle doit pas aimer les mecs c’est pas possible. » Jeunesse égocentrique qui ne s’imagine pas une autre solution, refusant d’y voir la réalité : qu’ils ne sont pas les maîtres du monde, quoi qu’ils ressentent en ces instants, les grammes d’alcool augmentant peu à peu dans leurs systèmes. « Tu saurais même pas quoi faire, je suis sûr. Elle te mangerait tout cru ! Je te présente Grace, elle est plus pour toi ! » Grace, c’est une voisine, quelques années de moins que lui, tout juste un an de moins qu’Archie mais pas la plus populaire loin de là. Le nez toujours fourré dans ses livres, elle n’ose pas parler à qui que ce soit et se retrouve souvent à bégayer devant les garçons qu’elle peut croiser. Dans quelques années, Cody se souviendra d’elle et regrettera toutes les moqueries, pour le moment il est un jeune adolescent et ne réfléchit pas à ce qui peut sortir de sa bouche, encore moins avec la gorgée supplémentaire qu’il prend.

@Archie Kwanteen

En cet instant, il n’y a qu’Archie et sa victoire, ainsi que les seules félicitations dont il a réellement besoin, mis à part ceux de son père qui les lui a déjà adressés avec contentement et fierté. Il n’est pas encore prêt à battre celui qui lui a refilé les meilleures astuces pour se hisser au rang du meilleur, mais il a fait un pas vers ce résultat qui lui est, sans aucun doute, destiné. Un jour, il saura coller Cody au sol de la même manière qu’il s’amuse à le faire sans même bander les muscles. Il n’a pas à dire : le plus vieux est composé de bien plus de kilogrammes de viande. Il vaut plus cher à la boucherie.  

Dans tous les cas, le morceau de viande n’est pas venu à ce combat qui était important pour Archie, et s’il ne lui en a pas voulu longtemps pour son absence, il veut quand même savoir ce qui l’a retenu. « Je devais réviser, mais tu seras content d’apprendre que j’ai réussi l’exam haut la main. » Il devrait seulement le féliciter comme le ferait un bon ami. Mais, à la place, il pouffe d’un rire bref en haussant un sourcil. Lui, il n’a pas besoin de réviser tant que ça pour dégoter les meilleures notes. Il est plus intelligent que la moyenne : c’est la conclusion qu’il a tirée lorsqu’il a enchaîné trois a+ de suite en mathématiques cette année. Il comprend aussitôt les concepts et sait les mettre à exécution. Il n’y a rien de plus logique que l’esprit d’Archie, et c’est de là que vient son manquement social. Clairement, il est meilleur avec les examens qu’avec les relations humaines. Il ne sait pas faire la différence entre intimider et en imposer. Il se sent confiant seulement quand personne n’est son égal. Il n’est pas question de travail d’équipe ou de se serrer les coudes. Archie navigue seul sur son voilier. « Ça te ferait pas de mal d’en prendre de la graine ! » « De quelle graine tu parles ? » Qu’il s’esclaffe en le regardant se diriger vers le ring qui semble les attendre dans cette atmosphère tamisée où la poussière flotte, immobile, coincée dans le temps. « Je n’ai besoin que d’étudier dix minutes pour choper la meilleure note de la classe. » Il se vante en un râlement satisfait ; peut-être qu’il battra Cody à ce niveau-là. Son muscle le plus fort se trouve au milieu de sa boîte crânienne. Enfin... un seul côté est complètement formé. L’autre rampe en arrière du groupe.  

Les plaisanteries s’enchaînent, se bousculent, rebondissent l’une sur l’autre. Leur dialogue est encouragé par la consommation d’alcool fort, et ils ressemblent à deux gamins qui ne connaissent pas leurs limites. L’état d’ivresse d’Archie se multiplie à chaque gorgée tant cette vodka est puissante et crue. Il ne laisse pas le temps à son organisme de l’absorber qu’il lui impose de nouvelles couches. Ça l’excite, lui fait voir plus d’étoiles qu’il n’en voyait déjà, et il ne lui suffit pas de quelques secondes pour se remettre de sa pirouette vers l’arrière lorsque Cody le plaque de toute sa subtilité. Mais il s’en fiche bien ; il rigole à gorge déployée et il en redemande encore. Les discussions qui naissent de leur échange est digne de celles de tous les garçons qui découvrent la puissance des hormones en ébullition. Bien sûr qu’Archie pense aux filles, à son âge. D’ailleurs, il croit déjà pouvoir gagner le cœur de n’importe laquelle de ses prétendantes. Il a gagné une médaille d’or ! Toutes les filles ne rêvent que d’un garçon aussi talentueux que lui. « Caroline ? T’as aucune chance mon vieux je te l’ai déjà dit ! » Il fronce aussitôt les sourcils en basculant la tête sur le côté pour fusiller son ami du regard. Il attrape la bouteille en verre, se serre, avale sans compter. « Même moi j’ai essayé y’a quelques années je te signale ! » Il explose de rire. « Oh, parce que tu penses que c’est un argument qui va me convaincre. » Il l’observe en battant des cils, se positionnant sur le ventre, ses coudes formant des triangles et son menton soutenu par ses mains qui forment ensemble un poing. « Tu te crois irrésistible ? » Qu’il demande de façon rhétorique. « Elle doit pas aimer les mecs c’est pas possible. » Nouveau gloussement incontrôlée. Il y a même une sorte de rictus de dégout qui traverse son visage ; la même qui traverse celui de son père lorsqu’il n’approuve pas un comportement. Dans le cas présent... Une fille qu’il n’aime pas les garçons. « Ne dis pas n’importe quoi. Caroline n’est pas fuckée. » Qu’il la défend en employant des termes dont il ne comprend pas l’ampleur et la force. Il ne la comprendra pas avant longtemps. « Tu saurais même pas quoi faire, je suis sûr. Elle te mangerait tout cru ! Je te présente Grace, elle est plus pour toi ! » S’offusquant, il se redresse et bombe le torse comme un gorille. « Elle me mangera tout cru ce qu’elle doit manger tout cru ! » Aaaaah, la belle influence des films pornographiques à cet âge. Il ne pense plus qu’à ça, maintenant qu’il a découvert ses catégories préférées. Jeunesse influençable ; jeunesse un peu conne. « J’ai appris un tas de trucs en ligne, tu sauras. » Autant le préciser pour que Cody le croit sur parole. Il n’a pas envie d’avoir besoin de le convaincre de savoir ce qu’il faut faire. De toute façon, il a déjà embrassé d’autres filles ; il sait comment ça fonctionne. Mais, Caroline, elle se trouve à un tout autre niveau. Déjà, elle est plus vieille que lui. « Grace ne sait probablement pas ce que ça veut dire, de se faire mettre un doigt. » Il bredouille cette remarque, avalant une autre gorgée de poison, pour enfin redonner la bouteille à son complice qui devra absolument tout approuver ce qu’il dit.              

@Cody Shephard

Elle est belle, cette relation qui se dessine à chaque match, à chaque parole échangée ou regard croisé. Les deux amis en ont fait du chemin, et ne sont visiblement qu’au début du parcours et quiconque entrerait dans la salle et les surprendrait ce soir ne pourrait qu’afficher un sourire attendrissant devant la complicité des deux jeunes. Quand il regarde Archie, Cody voit le petit jeune qu’il a vu grandir et qu’il voit comme un frère ; il voit aussi son frère directement, et ce qu’ils auraient pu être si les choses n’étaient pas si compliquées entre eux, ce qu’ils pourraient être si chacun faisait un pas en avant. Ce qu’ils ne feront pas, ni l’un, ni l’autre.

Mais ce n’est pas grave pour Cody qui n’y pense que quand il croise son frère dans les couloirs et qu’il se rend compte qu’il ne sait pas grand chose sur lui. Ce n’est pas grave car il a reporté toute cette affection et cette fierté sur Archie, dressé fièrement devant lui, attendant une réponse de sa part sur le pourquoi il ne s’est pas présenté au match. Cody lui fournit la raison et n’est pas surpris d’entendre le rire moqueur de son ami. Il ne s’en offusque pas, connaissant la facilité qu’a le plus jeune pour tout ce qui touche à l’intellect ; tant que Cody peut encore le battre sur le ring, il ne s’en formalise pas, si les choses venaient à s’inverser un jour, le sujet serait tout autre. « De quelle graine tu parles ? » C’est bien Archie pour se poser la question sans tenter d’enrober la réalité. « Je n’ai besoin que d’étudier dix minutes pour choper la meilleure note de la classe. » Cody lui tape l’épaule, souhaitant le bousculer devant son melon qui grossit à vue d'œil.  « On verra quand tu seras à la fac ! » qu’il lui lance sans trop y croire, bien au fait qu’Archie n’aura jamais vraiment besoin d’étudier pour réussir ; il aimerait avoir cette capacité qui lui aurait permis de ne pas manquer le combat mais il estime qu’un génie dans le duo est suffisant, il n’ose imaginer les étincelles qui se transformeraient en flammes s’ils étaient sur un pied d’égalité à ce niveau.

Allongés au sol, le monde semble être à leurs pieds, ou peut-être qu’il s’agit là d’un effet de l’alcool : leur donnant l’impression d’être au-dessus de tout et de tout le monde ; ce qui lance une conversation portée sur la gente féminine, comme tant de jeunes garçons de leur âge. Cody tente de réduire à néant les espoirs d’Archie lui avançant quelques arguments douteux.  « Oh, parce que tu penses que c’est un argument qui va me convaincre. » Cody maintient le regard bien fixé de Archie. «  Tu te crois irrésistible ? » La question ne cherche pas de réponse et pourtant, Cody hoche vivement la tête, maintenant le regard d’Archie comme pour le défier. « Mille fois plus que toi en tous cas. Qu’est-ce que tu crois que tu vas faire avec tes petits bras ? » Comme pour appuyer son propos, il tend le bras et vient lui pincer le biceps. « Tu ferais mieux de m’écouter. » qu’il conclut avant de passer sur un terrain plus glissant auprès du jeune qui lui fait face, ce dont il se rend compte rapidement de par ses propos. « Ne dis pas n’importe quoi. Caroline n’est pas fuckée. » Le plus âgé - et le plus ouvert - se redresse et lui lance une tape sur la tête. « Parle pas comme ça, petit morveux. » qu’il indique avec un sourire affectueux tout de même, n’accordant pas tant de crédit aux mots qui sortent de la bouche d’Archie en ces instants.

Deux jeunes adolescents dont les hormones travaillent en pagaille au quotidien ne peuvent évidemment pas se contenter de la boxe comme seul sujet de discussion, et comme ça arrive bien souvent à cet âge-là, la conversation dérive sur les filles et des choses plus crues qu’un simple match de boxe ; deux gamins qui se découvrent et qui découvrent les joies que la vie peut leur offrir au quotidien ; deux gamins qui se prennent à rêver et à imaginer ; deux gamins normaux. « Elle me mangera tout cru ce qu’elle doit manger tout cru ! » Aucune gêne entre eux deux, Cody éclate de rire.  « La pauvre, c’est pas suffisant un amuse-bouche, elle aura encore faim ! » qu’il se moque de son rire graveleux, fier de sa blague et de voir les expressions sur le visage de son ami. « J’ai appris un tas de trucs en ligne, tu sauras. » Cody veut bien le croire, et ne demandera pas de preuve. Hilare, il hoche la tête et garde une main sur son torse comme pour calmer le rythme cardiaque de son cœur qui se plaît à cet humour. « Grace ne sait probablement pas ce que ça veut dire, de se faire mettre un doigt. » Et le voilà qui repart de plus belle alors que l’alcool qu’ils ont ingéré a pris le dessus sur ses capacités cognitives et ayant pris pleine possession de son corps. ça ne l’arrête pas, il récupère la bouteille et boit une gorgée supplémentaire, prenant quelques secondes pour regarder le niveau dangereusement bas du liquide infernal. « Qui sait ce qu’elle lit le soir ! Elle pourrait te surprendre, peut-être même te retourner la faveur alors fais gaffe ! » Cody le regarde et claque de la mâchoire, faisant résonner ses dents comme un crocodile le ferait avec sa grosse mâchoire sur une proie de choix. « Alors, cap ou pas cap ? » Ce n’est pas bien de parier sur les jeunes filles, de lancer Archie dans cette direction ; il s’en rendra compte demain quand la gueule de bois fera effet, qu’il aura mal au crâne et qu’il regrettera cette soirée - ce dont il se souviendra -, pour le moment, ça lui semble être la meilleure idée du monde. Stupides jeunes.

@Archie Kwanteen

Cody serait-il en train de le sous-estimer ? Heureusement, Archie n’écoute personne, seulement lui-même et son petit cœur qui bat frénétiquement dans sa poitrine. Il n’a pas peur du futur car il a confiance en ses capacité pour le monter et le diriger comme un cheval. Voilà où se trouve tout le pouvoir qu’il possède ; s’il n’a pas pu empêcher sa sœur de mourir, alors il fera tout en son pouvoir pour qu’il n’y ait que du bon qui lui parvienne désormais. « Je finirai la fac bien avant toi ! » Qu’il se vante enfin, ne mâchant pas ses mots. Les certitudes sont écrites avec de l’encre noire sur sa peau blanche. C’est le plus beau futur qui va s’ouvrir à lui, et il apportera seulement une poignée de personnes dans sa réussite. Peut-être que Cody en fera partie ; ça dépendra de la suite. La majorité n’arrivera pas à le suivre dans cette montée vers le ciel, les acrophobes peuvent tout de suite descendre de son avion.

En attendant, il y a une chose pour laquelle il ne pourra pas se prouver meilleur. Il aura fallu à peine quelques secondes au plus vieux pour plaquer le jeune sur le sol, aussi excité et turbulent soit-il depuis que la victoire et l’alcool coulent dans ses veines. Les proportions de ses plans pour le futur proche sont tout aussi importantes. Au lycée, il y a plusieurs façons de se démarquer, mais l’une d’elles est plus catégorique que les autres. Comme des hommes de Cro-Magnon, les mâles partent à la chasse pour rapporter des femelles dans leurs grottes – la manière qu’Archie parle des filles est désolante et témoigne de son éducation traditionnelle. « Mille fois plus que toi en tous cas. Qu’est-ce que tu crois que tu vas faire avec tes petits bras ? » Faussement vexé, le même sourire fier étirant ses lèvres, il se défait de sa prise autour de son bras. C’est injuste ! Cody a terminé de grandir. Lui, il commence à peine. Là où Archie ne gagne pas, il prétend qu’il y a des inégalités. C’est plus facile que d’admettre le tas de points faibles qu’il se trimbale derrière lui. « Tu ferais mieux de m’écouter. » « Patience ! Tu verras bien que t’as complètement tort. Mais tu peux continuer à le penser, si ça te rassure dans tes complexes. » Cils battants, indomptable, il refuse de baisser les bras même devant les obstacles de grandeur. C’est ce qui fait sa force, mais aussi sa faiblesse. Il se croit beau et c’est tout ce qui compte à la fin. La confiance est plus belle que les attributs physiques du plus magnifique des mannequins. La tape à l’arrière de sa tête n’est pas bien accueillie. « Parle pas comme ça, petit morveux. » Se frottant l’occiput, louchant sur Cody et la leçon qu’il vient de lui donner, il reste silencieux un instant. La vérité, c’est qu’il ne sait même pas ce qu’il a dit de mal. Il n’a fait qu’employer des termes qu’il entend à la maison, et tout ce qui vient de la maison est décent. C’est de là qu’il vient, il doit respecter ce berceau qui a bordé son enfance. « Mais j’ai rien dit, t’es con toi ! » La plus simple des défenses : objection votre honneur !.. puis aucun argument.

C’est au tour d’Archie de pincer Cody lorsqu’il s’amuse à ridiculiser la taille de ce qu’il a entre les jambes. Les coups bas, ça suffit ! Ça aurait été tellement facile de se défendre… S’il avait pu le faire. Hélas, confronté à la nature exorbitante de la pornographie, Archie a bien été forcé de constater qu’il n’était pas membré comme tous ces hommes qui font couiner les filles, et il n’a pas le recul nécessaire pour faire les part des choses. Ce qu’il voit sur internet représente une réalité pour lui, et tout ce qu’il peut faire pour l’instant, c’est de se comparer et de complexer. Cette information-là, il ne l’offrira pas à Cody, qui pourrait en abuser allègrement. « Qui sait ce qu’elle lit le soir ! Elle pourrait te surprendre, peut-être même te retourner la faveur alors fais gaffe ! » Il préfère ne pas trop penser à ce qu’il vient de dire. Au premier degré, il se demande si Cody n’aurait pas un sexe féminin dans les culottes pour penser une telle chose. Du coin de l’œil, timidement, il observe la boursoufflure au niveau de son short, puis il se secoue la tête pour chasser l’image de sa rétine. L’autre se prend pour un crocodile, alors il lui envoie la main au visage pour qu’il arrête son cirque. « Alors, cap ou pas cap ? » N’importe quel défi, pour Archie, est aussitôt réalisé. Bien sûr qu’il est capable, le problème c’est qu’il n’a pas l’impression qu’il arriverait à prouver quoi que ce soit aux autres garçons de son niveau s’il arrive à rouler une pelle à Grace. Aux premiers abords, elle n’est pas la plus difficile à coincer dans son filet. Un chasseur ne se vanterait pas d’avoir tiré un hamster dans sa cour. « Cap, bien sûr. Mais je ne sais pas trop c’que ça me rapporterait, ton défi à la con. T’imagines, elle commence à me suivre comme une sangsue après ça ? Brrrr. Tu te foutrais bien de ma gueule, pas vrai ? » Qu’il peste en lui tirant la langue avant de la tremper dans un peu plus de vodka, comme s’il n’en avait pas avalé assez. « Ce doit être le genre de meuf à faire des potions magiques dans sa chambre, t’sais, des filtres d’amour et tout. »

@Cody Shephard

« Je finirai la fac bien avant toi ! » Cody ne tente même pas de le contredire, pour la simple et très bonne raison qu’il n’est pas certain que le jeune homme soit dans le faux ; ils ont certes quelques années de différence mais il ne serait pas surpris de se retrouver dépassé par son jeune ami en quelques années seulement ; aussi, il préfère ne rien répondre, lui évitant ainsi de reconnaître que Archie peut avoir raison, quelle horreur ça serait ! Il espère être là pour voir ce que le jeune garçon deviendra en étant adulte, sa tête à lui fourmille d’idées et de perspectives quant à l’Archie adulte en devenir, mais il est bien incapable de poser une certitude sur quoique ce soit, Archie deviendra l’homme qu’il deviendra et tout ce que Cody peut espérer, c’est qu’il sera là pour le voir.

En attendant de devenir ces adultes qu’ils ne sont pour le moment pas - et cela semble très loin pour Cody qui se plaît pourtant à évoquer sa majorité nouvelle pour se prendre pour un adulte, la vérité c’est qu’il n’en est pas un et qu’au fond, il le sait ! Quiconque serait caché dans le placard à balais pour écouter à la porte la conversation des deux jeunes ne pourrait qu’en attester : leur discussion est bien celle d’adolescents à la recherche de tout ce qui peut les faire paraître plus adultes, plus expérimentés, plus forts et plus grands aux yeux des autres ; des adolescents classiques il faut dire. Ils en profitent également pour se taquiner, sport favori du plus âgé qui ne peut que prendre un malin plaisir à voir les mimiques sur le visage de son ami. L’alcool ne vient évidemment rien arranger à la situation alors que Cody commence à le sentir monter à la tête, provoquant un rire chez lui sans aucune raison apparente ; il est juste heureux, il sent juste son esprit s’embrumer peu à peu et ne peut que se satisfaire de cet état, c’est le genre de soirée que les jeunes de son âge recherchent - parfois. « Patience ! Tu verras bien que t’as complètement tort. Mais tu peux continuer à le penser, si ça te rassure dans tes complexes. » Des complexes,  Cody n’est pas certain d’en avoir ; il ne sait pas vraiment si c’est le cas d’Archie, ce n’est pas le genre de discussion que ces deux jeunes peuvent avoir, à coeur ouvert et ouvrant leurs sentiments l’un à l’autre, ce n’est pas le genre de la maison ; Cody n’a même pas l’habitude de ça chez lui, foyer rempli d’amour certes, mais pas de confidences. « Des complexes, quand t’es moi ? Laisse-moi rire, ne reporte pas tes problèmes sur moi ! » Il lui renvoie la balle, rit un peu plus fort alors que sa voix a commencé à changer après tant de boisson ingérée en si peu de temps. Il a la chance de ne pas se réveiller tous les matins en faisant l’inventaire de ce qui ne lui plaît pas - il sait que ça existe, il n’est pas complètement bête - et il se permet d’en rire avec Archie parce qu’il pense que le jeune homme est comme lui ; un peu plus brut de décoffrage, ce qui entraîne la tape sur la tête du jeune homme. Cody ne souligne pas plus les mots qui sortent de la bouche de son ami, persuadé qu’il n’y a rien à creuser derrière ; il laisse couler.

En temps normal, il n’aurait jamais lancé un pari de la sorte, sur le dos d’une pauvre jeune fille qui n’a rien demandé et qui est sûrement très bien installée dans sa vie sans que deux jeunes ados viennent s’amuser d’elle. Mais, au risque de le répéter, Cody n’est plus complètement maître de ses mots ; ce n’est pas comme s’il avait l’habitude de faire couler l’alcool à flot, il n’a pas tous les jours accès à ce poison. « Cap, bien sûr. Mais je ne sais pas trop c’que ça me rapporterait, ton défi à la con. T’imagines, elle commence à me suivre comme une sangsue après ça ? Brrrr. Tu te foutrais bien de ma gueule, pas vrai ? » Cody ne perd pas une seconde pour hocher la tête, évidemment qu’il a bien l’intention de se moquer de lui, peu importe le déroulé de la situation ; il en viendrait presque à penser que c’est son rôle. « Evidemment, sinon c’est pas drôle. » qu’il lui confie alors, tout sourire.  « Et j’sais pas, elle a un balai dans le cul alors voyons juste si t’es assez doué pour la décoincer, tu te crois irrésistible. » Il lui tire la langue comme un enfant qu’il peut toujours être avant de rouler vers lui pour lui voler la bouteille, lui pressant au passage un coude dans les côtes.  « C’est presque vide, t’as tout bu. » qu’il annonce, une petite moue au visage alors qu’il passe l'œil dans le goulot pour regarder au fond tout en lui répondant.  « T’as trop regardé Harry Potter toi, t’as peur qu’elle te piège et que tu deviennes accro ou quoi ? Ou peut-être qu’elle va te transformer en chat et te garder avec elle. » La simple idée le fait rire alors qu’il retire la bouteille de son oeil, grimaçant au passage d’une vive douleur alors qu’une goutte s’est un peu trop approchée de sa pupille. Il grimace, tente de son mieux pour cacher la douleur - qui serait sûrement pire s’il était sobre - et reporte vite le reste de la boisson à sa bouche pour oublier la douleur.  « Purée je suis cuit. » qu’il avoue en écartant les bras comme une étoile, ne réfléchissant pas à où celui-ci peut tomber et il tombe directement sur Archie.

@Archie Kwanteen

Des paris, des jeux inadéquats, des histoires de gamins en quête d’adrénaline. Ils sont encore jeunes, les deux garçons couchés sur le ring, mais ils ont l’impression de posséder cette salle, cette ville, ce monde, maintenant que leur sang a été remplacé par l’alcool, et les dernières défaites d’Archie par une victoire. Il en faut peut pour gonfler ses chevilles, et il se sent désormais imbattable, comme si cette unique réussite confirmait en avance toutes les prochaines qui viendraient comme la pluie. Aussi, il faut dire que Cody encourage ses pensées positives. Il le soutient comme le ferait un frère, et c’est bien de ça qu’Archie aurait besoin. Il n’a que des sœurs, la plus vieille s’étant évaporée comme un rêve, pour le laisser seul dans cette longue traversée qu’est la puberté. Cody pourrait lui montrer le chemin à emprunter pour devenir un homme bon, mais il ne sait pas encore ce que ça prend pour s’engager dans cette voie. Ils sont immatures tous les deux, malgré les deux années qui séparent leur naissance, et ils gambadent main dans la main vers les sentiers de l’imbécilité. Deux idiots joyeux. C’est tout ce dont Archie a besoin pour se sentir vivant. Ça, et un sentiment de supériorité qu’il ne cesse de nourrir. Les autres sont des petites fourmis qu’il écrasera plus tard avec son talon. Voilà la destiné qui l’attend. Avec un peu de chance, son amie sera encore là pour célébrer la brochette de succès qui viendra, mais Dieu sait ce que l’avenir leur réserve. Ils n’ont pas vraiment le même fond, même s’ils partagent tous les deux un cerveau en ébullition plein d’hormones et que leurs sujets de discussion dérapent vers la sexualité ; parce que c’était écrit dans le plafond.

Archie est certain d’une chose : plus jamais il n’appréhendera le futur. Malgré les obstacles, les erreurs et les complexes qui le ralentiront un jour ou l’autre quand il les rencontrera dans le miroir. « Des complexes, quand t’es moi ? Laisse-moi rire, ne reporte pas tes problèmes sur moi ! » Nouvelle tape pour le faire taire, nouveau rire provoquant, tandis qu’il fait claquer sa langue contre son palet pour rompre le fil de cette discussion. Il n’a pas envie de parler de ce qui pourrait le ralentir dans sa course folle. Ce soir, il continue de surfer sur la vague de la jouissance. Alcool et trophée font bon ménage. « Evidemment, sinon c’est pas drôle. » Même si le pari est amusant, Archie n’est pas certain de pouvoir assumer les conséquences, qui auraient le méritent de faire bien rire Cody. « Et j’sais pas, elle a un balai dans le cul alors voyons juste si t’es assez doué pour la décoincer, tu te crois irrésistible. » Il ne croit pas qu’il s’agisse d’un problème. Il le lui retirera. Ça lui rendra service, et elle le remerciera plus tard. Il est loin de s’imaginer que ce n’est pas tout le monde qui rêve d’une vie excentrique comme la sienne. Il y a les têtes plongées dans les livres qui bâtiront des mondes eux aussi. Différents de ceux d’Archie, mais tout aussi riches et gratifiant. Il acquiesce en liant ses pupilles aux siennes pour sceller cette promesse au gré d’un hochement de la tête. Il oubliera, certainement. Il a d’autres chats à fouetter. Mais, avec un peu de chance, l’alcool fera sortir l’information de la tête du garçon et il se réveillera le lendemain matin avec un trou béant dans la boîte crânienne. Quoique, c’est Archie qui a bu le plus, et l’autre ne manque pas de lui faire savoir. Il n’avait pas remarqué que le fond de la bouteille était monté si vite (parce que ce n’est pas le liquide qui a descendu, c’est le fond en verre qui a monté, oui oui la science toi-même tu sais). « Donne-moi quelques semaines, et je te ferai un rapport. Filtre d’amour ou pas. »

« Purée je suis cuit. »Un « humpf ! » creux s’échappe de sa gorge quand le bras lourd de Cody tombe de tout son poids sur son estomac. Il éclate de rire en se roulant sur le côté, en petite boule. « Moi aussi. Je pourrais m’endormir ici et me taper ma meilleure nuit. » Étourdi, les paupières lourdes, il scrute les alentours. La salle est toujours plongée dans une noirceur uncanny. Ils ne devraient pas être là, et pourtant ils le sont toujours, et les plans d’Archie ne sont pas près de changer de cap. « Tu crois qu’on se ferait prendre si on dormait ici ? » Après tout, le ring sous leurs fesses est moelleux comme un matelas, et Archie a prévenu ses parents qu’il dormait chez un copain ce soir, au cas où il absorberait trop d’alcool pour retrouver le chemin de la maison. Ils sentiront très mauvais demain matin, mais peut-être que ça vaut le coup de tenter l’expérience, afin d’avoir la meilleure anecdote à raconter aux prochaines soirées de groupe. « Le matelas est assez grand pour nous deux. » Il affirme en tapotant sous lui, joueur. Tant qu’ils ne se réveillent pas en cuillère demain matin.

@Cody Shephard