Queensland Police, Spring Hill. Ce n’est pas le Zehri qu’elle est venue rejoindre devant le commissariat de police de la ville. Ce n’est pas non plus parce qu’elle doit porter plainte ou qu’elle est convoquée pour une éventuelle connerie qu’elle aurait faite, mais c’est parce qu’elle a décidé de surprendre Charlie à la sortie de son lieu de travail, n’ayant plus vraiment de nouvelles d’elle depuis quelques semaines. Bien que la blonde se soit séparée de son frère – enfin, remettons les choses dans leur contexte, Charlie s’est faite larguée par Cameron – elle et Zoya se sont toujours bien entendue et pour la brune, il n’y a pas de raison que cela change quoi que ce soit à leur relation amicale. La dernière fois qu’elles se sont vues remonte à quelques temps après la rupture, où les deux jeunes femmes ont échangé à propos de celle-ci sans toutefois entrer dans les détails. Aujourd’hui, et ce depuis le mois de juin, Zoya est un peu plus au courant du pourquoi son frère a rompu avec Charlie, et se doute que cette dernière le sait aussi. Elle ne cherche pas à remuer le couteau dans la plaie mais la photographe souhaite lui montrer son soutien et surtout voir comment elle va depuis. Elle espère sincèrement que cet épisode est derrière elle, qu’elle parvient à avancer et à aller mieux, parce qu’elle ne sait que trop bien ce qu’une rupture peut provoquer.
Une tête blonde finit par passer la porte du commisariat et Zoya s’agite quelque peu pour lui signaler sa présence « Salut, beauté » qu’elle fait d’un ton lourdingue, riant doucement « Surprise ! Comme ça fait un petit moment que tu ne m’as pas donné de nouvelles, je me suis dit que j’allais venir directement te trouver pour être sûre que tu ne te défiles pas » Elle ne cherche pas à l’accabler en lui disant ça et vient d’ailleurs l’étreindre doucement « Comment tu vas ? Oh et tiens, je t’ai amené… un donut » Le cliché par excellence et à l’air qu’elle adopte, il est certain que Zoya est plutôt fière de sa boutade. Mais le sien a au moins la particularité d'avoir la forme d'un coeur. Passant son bras en dessous du sien, sans même attendre de savoir si elle est disponible ou pas pour passer un peu de temps en sa compagnie, les deux jeunes femmes se mettent en marche « Qu’est-ce que tu as envie de faire ? On peut aller boire un verre sur un rooftop ou aller voir une expo ? Passer par chez toi, se mettre sur notre 31 et sortir dans un bar? ». Peu importe en réalité, tant que Charlie accepte de la suivre et qu’elle retrouve un semblant de sourire. Parce que mine de rien, elle la trouve quelque peu éteinte « I'm all yours tonight, babe » Elle bat des cils de manière exagérée, venant au passage lui piquer un bout de donut qu'elle engloutit aussitôt.
La journée au poste, semblable à beaucoup d’autres, a été longue et éreintante. Les jours se ressemblent parfois un peu de trop, les affaires s’accumulent et peinent à se résoudre, le manque d’effectif a de lourdes conséquences sur le cœur des familles endeuillées sans qu’ils n’aient le pouvoir de changer les choses de leur côté. D’un mouvement de l’index sous ses yeux, elle cache les traces d’un mascara qui risque d’avoir coulé après autant d’heures. « Salut, beauté. Surprise ! Comme ça fait un petit moment que tu ne m’as pas donné de nouvelles, je me suis dit que j’allais venir directement te trouver pour être sûre que tu ne te défiles pas. » Elle redresse aussitôt la tête, ayant à peine eu le temps d’allumer sa voiture qu’elle est assaillie par le flot de paroles venant de Zoya. Sa présence lui aurait fait plaisir en temps normal mais ce soir Charlie jure qu’elle avait uniquement hâte de retrouver son lit pour un temps de calme et une nuit de sommeil qu’elle espérait réparatrice. « Depuis combien de temps tu m’attends dans l’ombre telle une stalkeuse ? » Elle demande avec un sourire au moment d’ouvrir la portière conducteur de sa voiture et de poser son avant-bras dessus, son poing posé contre sa tempe. « Je suis pas du genre à me défiler, tu le sais. » Elle l’est totalement depuis quelques semaines, et ça elle le sait elle-même aussi.
Elle ne cherche pas à l’accabler en lui disant ça et vient d’ailleurs l’étreindre doucement « Comment tu vas ? Oh et tiens, je t’ai amené… un donut. » - « Comme quelqu’un à qui son médecin parlera des dangers du diabète d’ici six mois. » Elle ne veut pas répondre à la question et c’est à peine si elle sait quoi faire de l’offrande de Zoya, n’ayant aucune envie d’avaler quoi que ce soit pour le moment. Les cafés qu’elle ingurgite deux par deux lui suffisent amplement pour passer les journées et, le soir venu, elle n’a pas envie de perdre du temps à avaler quelque chose de solide. Pour ce soir, en revanche, il est plutôt évident que Zoya a pour but de l’entraîner avec elle et que cette dernière ne compte pas suivre le plan initialement imaginé par la blonde: ne rien faire, absolument rien. « Non je commence tôt demain, je vais pas m’embarquer là-dedans. » Pas de soirée rooftop, pas de soirée tout court, pas de plan qui finit en boîte de nuit jusqu’à pas d’heure. Pas de plan qui finit dans le lit ou le canapé d’un autre non plus. Pas de plan tout court, en réalité, voilà comment elle pourrait se porter au mieux. « I'm all yours tonight, babe. » Les mots la font sourire et l’expression de son visage se fade uniquement au moment où elle lui dérobe un bout de son donuts, qu’elle n’avait de toute façon pas pour intention de manger.
« Je te ramène chez moi si tu veux. » Elle n’a pas le coeur à repousser en bloc toutes les idées de Zoya, mais elle a encore moins le coeur à véritablement sortir, alors elle tente de s’adapter autant qu’elle en a le courage. « J’ai toujours de quoi préparer des cocktails maison, si tu veux t’amuser à ça. » Sous-entendu qu’elle ne boira pas de son côté, mais elle n’empêchera pas Zoya de le faire si le cœur lui en dit. « Mais je te préviens, j’ai un dossier à boucler, alors si tu veux une compagnie amusante pour la soirée, je suis pas le meilleur choix. » Elle réitère, sans doute avec l’espoir égoïste de finir par décourager Zoya pour qu’elle préfère plutôt s’amuser ailleurs, avec un ou une autre.
Queensland Police, Spring Hill. « Depuis combien de temps tu m’attends dans l’ombre telle une stalkeuse ? » Suffisamment longtemps en tout cas pour voir qu’elle a tardé à sortir et faire s’impatienter la brune qui s’est même demandée si elle ne l’avait pas loupé de peu. Mais cela n’a plus d’importance puisque Charlie est finalement là et Zoya se contente d’hausser les épaules, comme pour laisser planer une part de mystère à son interrogation – autant sur le fait du temps d’attente que le fait d’être potentiellement une stalkeuse la concernant. « Je suis pas du genre à me défiler, tu le sais. » A ça, Zoya n’en est moins sûr et cela explique pourquoi elle grimace en entendant son amie prétendre le contraire « Justement ». Justement, ce n'est pas son genre et donc la brune reconnait bien là un comportement inhabituel qui n’est pas le sien, quand Charlie s’est montrée toujours enjouée à l’idée de passer du temps avec elle.
Et comme le comportement de la Fawcett l’inquiète, elle cherche à savoir comment elle va, lui offrant au passage un donut – cliché, certes, mais c’est aussi là un petit geste de réconfort qu’elle lui offre là – et puis le cœur n’est pas anodin « Comme quelqu’un à qui son médecin parlera des dangers du diabète d’ici six mois. » « Et je ne me sentirai pas du tout coupable » ce n’est pas un pauvre petit donut qui va lui provoquer une telle maladie, ce ne sera pas du moins la faute de la Lewis, bien qu’elle est possiblement gavée Charlie avec des gâteaux en tout genre, quand elle venait chez les Lewis. « Non je commence tôt demain, je vais pas m’embarquer là-dedans. » Après une telle énumération de possibilité en tout genre, voilà que Zoya se prend un refus catégorique. Pas une seule proposition ne semble tenter l’inspectrice, faisant grimacer une Zoya dont la moue exprime toute sa déception « Je savais pas que t’étais devenue rabat-joie, toi aussi » Oui, parce qu’il commence à y avoir pas mal de monde autour d’elle qui le devienne ces derniers temps, toujours une excuse pour décliner quoi qu’elle puisse proposer et cela commence sûrement à l’agacer un temps soit peu. Cela ne l’arrête pas pour autant, bien que son agacement soit palpable et qu’elle ait laissé échapper un soupir, disant à Charlie qu’elle est disponible pour elle ce soir, s’emparant de ce donut qui n’a, semble-t-il, pas beaucoup de succès. « Je te ramène chez moi si tu veux. » Prenant le temps de mâcher ce qu’elle a dans la bouche, Zoya penche légèrement la tête comme pour réfléchir à cette possibilité « J’ai toujours de quoi préparer des cocktails maison, si tu veux t’amuser à ça. » La proposition est alléchante, un sourcil se soulevant subtilement pour montrer son intérêt, toutefois encore sceptique et pour preuve « Mais je te préviens, j’ai un dossier à boucler, alors si tu veux une compagnie amusante pour la soirée, je suis pas le meilleur choix. » Soupir de plus, la brune finit par s’emparer du dernier morceau de donut restant « Qu’est-ce que tu peux être boring à souhait quand tu t’y mets, Fawcett » Et tant pis si son espoir était de se débarrasser de Zoya parce que celle-ci ne s’avoue pas vaincue et pour preuve, elle ouvre la portière du côté passager et s’engouffre dans l’habitacle sans plus tarder « Tu croyais tout de même pas que j’allais te laisser tranquille ? C’est mal me connaitre » qu’elle fait d’un ton fier, prenant une bouchée du donut « Je t’en ferai des meilleurs et des plus beaux » elle parle des donuts, rien qui lui est impossible de faire.
« Bon, tu veux bien me dire sinon ce qui ne va pas. Je te trouve éteinte et j’aime moyennement ça ». La franchise de Zoya, toujours, sans pincette, ça va de soi mais tout de même elle ajoute « Qu’est-ce qui se passe ? C’est le boulot ? ». Ca, c’est la manière détournée de lui demander si ça concerne son job ou le frère de la brune.
Après avoir refusé la proposition à sortir de Zoya, Charlie s’attendait bel et bien à ce que cette dernière lui rétorque des mots du genre, et elle ne faillit effectivement pas à la tâche. Elle est souvent pleine de curiosités et représente parfaitement le terme même d’imprévu, mais il existe aussi parfois des exceptions à cette règle. Celle-ci en est une, et Charlie sourit doucement, ses yeux éternellement rieurs se voulant cette fois-ci un peu plus fatigués qu’autre chose. « Je savais pas que t’étais devenue rabat-joie, toi aussi. » - “« Tu es si nuancée, c’est ce que j’aime chez toi. » Charlie lui rétorque donc dans un sourire amusé et un regard en biais parfaitement entendu: non, elle n’est pas devenue rabat-joie. Elle observe simplement les problèmes d’un œil différent, maintenant. Le donut se retrouvé dévoré par la Lewis sans que la blonde ne ressente le moindre regret, l’estomac noué et l’esprit ailleurs. « Qu’est-ce que tu peux être boring à souhait quand tu t’y mets, Fawcett. » Les mots nuancés, donc, une fois de plus. Elles en reviennent sans que Charlie n’en soit étonnée, bien au contraire: si elle sourit, ce n’est que parce qu’une part d’elle reste orgueilleusement fière d’avoir eu raison.
Malgré toutes les remarques de la brune, elle se fait tout de même une place côté passager et Charlie en déduit donc qu’elles passeront donc ensemble la soirée chez elle. « Tu croyais tout de même pas que j’allais te laisser tranquille ? C’est mal me connaitre. » - « Non, j’en doutais effectivement pas un seul instant. » Elle l’annonce sans mal au moment de presser le bouton pour allumer sa voiture. Zoya est têtue, elle le sait bien, et lorsqu’elle a décidé une chose elle ne risque pas un seul instant de revenir en arrière ; ça aussi Charlie le sait bien. Elles sont faites d’un bois particulièrement similaire, et c’est aussi pour cette raison que la blonde se prépare mentalement à un interrogatoire plus poussé de sa part, lequel ne tarde pas à arriver. Si elle avait observé son amie éteinte, elle l’aurait aussi interrogée jusqu’à obtenir quelque chose d’elle, et ce peu importe les moyens employés. L’inverse semble tout aussi vrai. « Bon, tu veux bien me dire sinon ce qui ne va pas. Je te trouve éteinte et j’aime moyennement ça. Qu’est-ce qui se passe ? C’est le boulot ? » Au moins sa première pensée ne concerne pas Cameron et cela a quelque chose d’apaisant pour Charlie, de ne pas penser qu’elle est résumée à ses liaisons avec la gente masculine. Sans doute que le prénom de son frère n’est pas bien loin dans ses pensées, évidemment, mais au moins il n’est pas en tête de liste. « Tu comptes être celle qui me fait passer un interrogatoire, donc ? » Puisque comme le laisse penser l’uniforme que la blonde portait encore il y a peu, elle est la plus vraisemblable des deux à conduire un interrogatoire. Mais face à Zoya, l’argument n’aura sans doute aucun poids. « Je sors pas du boulot dans le but de subir ça, Zo. » En d’autres termes, elle n’a pas réellement pour intention de répondre à ses questions, ni même de faire perdurer la discussion en tant que tel. Ses yeux se concentrent sur la route, ses doigts pianotent sur le volant à chaque feu rouge croisé. Elle finira par avoir gain de cause, et cela agace déjà Charlie. « Dis moi plutôt pourquoi tu tenais autant à sortir ce soir. » Il y a une chance sur deux pour que ce soit simplement à cause d’une envie soudaine, mais sait-on jamais, peut-être qu’il y a aussi un sujet que Zoya voudrait aborder avec elle et qui pourrait repousser de quelques minutes supplémentaires le dossier portant le nom de la blonde.
Queensland Police, Spring Hill. “« Tu es si nuancée, c’est ce que j’aime chez toi. » C'est tout sauf Zoya ça. Pas de demi mesure, pas de langue de bois, pas de faux semblant et elle ne prend aucune pincette pour dire ce qu'elle pense. Nuancer ne fait donc clairement pas partie de ses habitudes et tant pis si cela ne plaît pas. Elle trouve en l'occurrence que Charlie est bien moins fun aujourd'hui alors qu'elle espérait pouvoir trouver une ambiance plutôt chill ce soir avec elle, au moins. C'est raté. Pour autant, Zoya ne renonce pas et s'invite dans le véhicule de son amie, décidant de la suivre, à défaut que cela soit jusque dans un bar, jusqu'à chez elle. Elle a proposé de très bons cocktails après tout, ce dossier qu'elle à soit disant à boucler n'ayant nul effet sur elle pour la dissuader de passer la soirée avec son amie– et sûrement au plus grand dam de celle-ci. « Non, j’en doutais effectivement pas un seul instant. » Bien sûr qu'elle n'en doute pas Charlie, encore quelque chose à n'en pas douter sur Zoya c'est qu'elle est têtue. Et d'ailleurs, une fois que la blonde démarre, la photographe l'interroge pour savoir ce qui se passe pour qu'elle soit aussi éteinte « Tu comptes être celle qui me fait passer un interrogatoire, donc ? » "Tu ne m'en laisses pas le choix, tu ne me dis rien autrement" et Zoya ne souhaite pas passer le restant de sa soirée avec quelqu'un qui ne fera pas la discussion et tire la gueule à des kilomètres. Elle acceptera davantage quand elle saura de quoi il en retourne. « Je sors pas du boulot dans le but de subir ça, Zo. » "T'es une chieuse, Fawcett. Me sors pas ce faux argument pour y échapper" parce qu'elle n'y échappera pas et si elle lui accorde potentiellement un moment de répit, ce n'est que pour mieux y revenir plus tard « Dis moi plutôt pourquoi tu tenais autant à sortir ce soir. » "Pour renouer avec une soi-disant amie qui semble l'avoir oubliée ces derniers temps" qu'elle fait d'un air ironique, levant les yeux au ciel car agacée. Son regard regarde les buildings défiler devant ses yeux alors que ses doigts tapotent légèrement sur le rebord de la fenêtre " J' avais une soirée de libre et pas de motivation particulière si ce n'est m'amuser. Je pensais que tu étais un bon choix… " elle laisse en suspens sa phrase, râlant comme elle sait que trop bien le faire, reportant son regard sur Charlie " Mais tant pis, même si on passe notre soirée à se regarder dans le blanc des yeux. Tu finiras bien par craquer à la longue" elle marque une pause et ajoute " Et preuve que je suis sympa, je peux même te préparer un petit repas, à moins que tu ai décidé de te laisser mourir de faim aussi" puisque la première raison en est, à ses yeux, la solitude.
"Tu ne m'en laisses pas le choix, tu ne me dis rien autrement." Et certes, sur ce point Charlie est obligée de concéder le point à son ami: elle ne compte pas réellement lui lâcher toutes les explications d’un seul coup, et même en étant sous le coup d’un interrogatoire elle n’a pas le coeur à s’épancher sur sa situation et tout ce que cela nécessiterait d’expliquer. Plus que tout, elle ne se sent simplement pas légitime à se sentir ainsi, et l’expliquer lui donne davantage encore cette impression. "T'es une chieuse, Fawcett. Me sors pas ce faux argument pour y échapper." Sa maigre tentative pour échapper à l’interrogatoire retombe tel un soufflé, et Charlie resserre ses doigts autour du volant de sa voiture. Si seulement elle pouvait raccompagner Zoya chez elle et oublier cette histoire, tout serait sans doute bien plus simple, mais elle sait déjà que la brune ne sortira jamais de cette voiture sans avoir obtenu ce qu’elle désire.
La blonde tente de donner le change et de l’interroger à son tour, tentant par ce biais d’en apprendre plus sur ses intentions initiales, lesquelles ont sans aucune doute été mises à mal par l’humeur passablement massacrante de Charlie. Ca, ni Zoya ni personne n’aurait pu l’anticiper ni même le prévoir, pas alors que Charlie est d’une éternelle bonne humeur. "J'avais une soirée de libre et pas de motivation particulière si ce n'est m'amuser. Je pensais que tu étais un bon choix…" - « Oh je te vois venir, t’avise pas de me sortir un “apparemment j’avais tort”, Lewis. » Mi-amusée et mi-sérieuse, Charlie la prévient tout de même sur ses propos. Elle a changé, certes, mais elle jure que ce n’est que temporaire et uniquement dû à ce qu’il se passe au travail. Elle n’a pas le genre de travail derrière un bureau qui lui demande son attention en journée seulement et qu’elle peut oublier ensuite. Quand il s’agit de vie et de mort, littéralement, le cerveau ne se met jamais réellement en pause. "Mais tant pis, même si on passe notre soirée à se regarder dans le blanc des yeux. Tu finiras bien par craquer à la longue" Elle est têtue, Charlie. Terriblement têtue. Et pourtant elle a eu un don certain pour se trouver des amies qui sont sur la même longueur d’onde qu’elle à ce niveau-là, ce qui n’est en rien un compliment: Zoya et Jo sont de beaux exemples en la matière, c’est-à-dire de véritables épines dans le pied, pour ne pas dire autre chose. "Et preuve que je suis sympa, je peux même te préparer un petit repas, à moins que tu ai décidé de te laisser mourir de faim aussi." - « Tu vois, là tu m’intéresses. » Charlie n’est pas réellement gourmande ni même affamée mais elle fait de son mieux pour donner le change, bien consciente qu’être dans la position de Zoya n’a sûrement rien de simple ou bien d’amusant. Elle fait face à un bloc d’impassibilité sans comprendre comment il s’est formé, mais elle trouve encore l’énergie de tenter de la percer à jour sans jamais se fatiguer. « Tu te souviens du South Coast Monster ? » La question n’en est pas vraiment une, elle se contente surtout de paver le chemin pour la suite de ses annonces. Elle en profite pour être encore en voiture, ce parfait petit endroit où regarder la route lui donne la bonne excuse pour ne pas croiser le regard de son amie. « On lui a trouvé une autre victime cet hiver. Une affaire sur laquelle j’ai travaillé. » Il n’y a pas de nom de divulgué, pas de détails non plus: ce n’est pas une histoire pour se faire peur mais bel et bien la réalité et Charlie s’est toujours promis d’épargner ses proches au sujet de son travail. « Et l’an passé, j’ai appris qu’un très bon ami à moi était un proche parent du tueur. Proche, proche. » Pas le cousin au dix-septième degré, voilà ce qu’elle entend. Elle ne précise pas que Colin est son fils, ni même qu’il s’appelle Colin, mais elle fait au moins comprendre à Zoya qu’elle n’exagère rien, même si cette dernière va devoir la croire sans preuves. « Les deux ensemble, ça a fait beaucoup. Le père de la victime a cherché ce qui était arrivé à sa fille pendant vingt ans, et moi j’ai passé des années avec mon ami sans me douter de rien. » Elle n’est pas celle qui a tué sa fille, elle n’est pas non plus la proche parente du tueur en question, et pourtant elle se sent coupable à ainsi se retrouver au coeur de toutes ces histoires. « Je peux pas faire comme vous et me dire que les problèmes du boulot restent au boulot, Zo. » Elle souffle simplement, ses paroles étant sans doute un peu injustes. Mais elle voulait savoir, alors maintenant elle sait.
Queensland Police, Spring Hill. « Oh je te vois venir, t’avise pas de me sortir un “apparemment j’avais tort”, Lewis. » C’est un regard en biais qu’elle lui lance, un sourire amusé au coin des lèvres et évidemment, après un court instant de silence « Mais oui, apparemment, j’avais tort » Ce n’est là que la vérité après tout, alors que la Fawcett est d’une humeur massacrante et qui emmerde profondément Zoya. Mais qu’importe finalement, elle ne changera pas ses plans, décide tout de même de passer sa soirée avec Charlie et sûrement en partie parce que cela ferait bien trop plaisir à cette dernière si elle se défilait. Mais une part d’elle aussi ne souhaite pas laisser son amie seule – parce que oui, elle a quand même un cœur la Lewis – et pour preuve, elle est même prête à lui concocter un bon petit repas pour lui remonter le moral « Tu vois, là tu m’intéresses. » « Pétasse » qu’elle lui lance sans ménagement parce que voilà que le discours de la jeune femme change dès l’instant qu’elle y trouve un intérêt. Qu’importe, Zoya ne s’en offusque pas, son sourire en coin le prouvant et elle se fera un plaisir de cuisiner avec ce que la Fawcett possède dans ses placards et son réfrigérateur.
« Tu te souviens du South Coast Monster ? » Zoya dont le regard était porté sur l’horizon finit par se tourner, intriguée, vers la blonde à ses côtés. Elle ne répond pas réellement, se contente d’hocher simplement la tête, ses sourcils froncés, s’interrogeant sur le pourquoi de l’évocation de ce tueur en série par Charlie « On lui a trouvé une autre victime cet hiver. Une affaire sur laquelle j’ai travaillé. (…) Et l’an passé, j’ai appris qu’un très bon ami à moi était un proche parent du tueur. Proche, proche. » « Ah… glauque » Zoya est son éternelle compassion, Zoya et son éternelle délicatesse mais elle tente de comprendre en même temps le tableau qu’est entrain de lui dépeindre Charlie. Elle imagine que la révélation n’a pas été des plus simples à avaler et que sa position n’a pas été facilité non plus. « Les deux ensemble, ça a fait beaucoup. Le père de la victime a cherché ce qui était arrivé à sa fille pendant vingt ans, et moi j’ai passé des années avec mon ami sans me douter de rien. (…) Je peux pas faire comme vous et me dire que les problèmes du boulot restent au boulot, Zo. » « Je t’avoue que, sur ce point, et pour d’autres raisons, je ne t’envie pas ». Ça ne l’a jamais attiré tout ce qui est criminel et histoire glauque du genre, elle préfère la légèreté de son travail où elle raconte des choses à travers des instants volés, gravés dans une pellicule et qui émerveille et font ressentir tout plein d’émotions à ceux et celles qui laissent leur regard s’y attarder dessus. Si tracas elle a en dehors des heures de travail, c’est celui de post-traitement mais jamais à un point où cela l’empêchera de dormir et remettra en cause ses principes et ses valeurs. Plus sérieusement toutefois, Zoya reprend, comprenant que Charlie s’ouvre à elle et qu’elle attend sûrement plus de sa part que son avis qui n’apporte rien à ses problèmes « T’es pas devin non plus, Charlie. Tu peux pas te reprocher d’avoir ignoré ce lien de parenté entre ton ami et le tueur et j’imagine que ton ami n’a pas pris le même chemin que ce dingo, en plus ? Comment t’aurais pu le savoir ? Et puis, même si tu l’avais su avant… est-ce que ça aurait vraiment changé les choses ? ». Appréhender plus tôt le tueur peut-être, du moins c’est ce qu’elle suppose. « Tu fais un travail remarquable, Charlie, ne soit pas trop dure avec toi-même » qu’elle lui conseille et elle est on ne peut plus sincère, connaissant le dévouement sans faille que son amie met dans son travail « Et avec ce que tu me dis, ça ne fait que me conforter dans le fait que tu as définitivement besoin de lâcher prise et lever le pied un peu, ce soir ». Et cette fois, c’est dit avec bienveillance, son sourire sincère et doux pour son amie.
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