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the melody

@megan williams

(c) harley

lieu: alimentation, bear grylls survival academy.

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Damon observait avec attention le visage de la jeune femme, et alors qu’elle hocha doucement la tête pour lui indiquer qu’il pouvait effectivement essuyer ses larmes, il obtempéra sans attendre un instant de plus. Il n’aimait pas la voir pleurer, il n’aimait pas savoir non plus que c’était à cause de ses mots et actions que cela arrivait - alors le moindre qu’il pouvait faire par la suite, c’était au moins de se proposer pour essuyer les larmes qu’il faisait couler. Maigre compensation, mais sa présence en ce temps là également devait compter pour quelque-chose un minimum quelque part. « C’était pas prévu, mais t’étais pas obligé de te remonter les manches et de faire équipe avec lui pour autant. Personne t’a forcé, que je sache, non ? » Il fit rouler ses lèvres l’une sur l’autre. « Personne m’a forcé, non. » Ce n’était pas prévu, ce n’était pas quelque-chose qu’il avait envie de voir se réaliser de la sorte, mais il n’avait effectivement rien fait pour ne pas que cela s’engage dans cette voie par la suite. « Tu sais pas mettre de limites aux gens. » C’était vrai. « Evidemment qu’il continue à prendre de la place, tu la lui laisses. »

« On était déjà ici à cause de lui. Mais si même quand on quitte Brisbane on peut pas l’éviter… » En partie; Damon espérait que ce n’était pas qu’à cause de ça qu’ils avaient pris l’option de s’exiler dans un atelier de survie qui ne leur convenait sur aucun point. « Propose-lui d’emménager avec nous tant que t’y es. » Et oh, qu’il se fit violence pour garder la main de Megan dans la sienne et pour ne pas laisser ses propres émotions de trop envahir la scène - là où elles avaient déjà envahi son coeur de toutes façons et sans trop de surprise. « Tu laisses ta jalousie prendre le dessus. » S’il avait mis un bout de temps à comprendre la dernière fois la réelle émotion qui animait Megan pendant leur discussion, le fait qu’elle lui ait mentionné la veille en retour lorsqu’ils discutaient du film dans lequel elle allait jouer semblait être une évidence pour Damon aujourd’hui. « Et je sais que tu la laisses parler pour toi quand elle est trop forte. » Il observait, analysait, enregistrait. Son regard lui se tenait au visage de la jeune femme comme à une bouée en pleine mer; ses mots restaient doux et bienveillants, là où le moindre reproche n’avait pas sa place. « Y’a de fortes chances qu’on puisse pas toujours l’éviter, maintenant que le nom de Saül lui a été officiellement associé tu sais. » Il inspira longuement. « Si y’a une enquête à un moment donné, on sera forcément impliqués. » Il releva sa main enlaçant celle de la jeune femme pour déposer un baiser sur sa peau à elle. « Mais c’est ça qui compte, Meg, je reste sur ma position. » Sur cette union qu’ils partageaient eux.

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Megan Williams & @Damon Williams ☆ crédit/firetfly

« Personne m’a forcé, non. » J’aurais préféré qu’il affirme le contraire, qu’il me dise qu’il s’est battu pour tenter de changer de binôme, mais je n’y ai jamais réellement cru pour autant. Il s’agissait du genre d’espoir un peu fou qui garde une place dans votre esprit, mais qui n’a pas l’étoffe d’une vérité. Celle que Damon me délivre lui correspond bien plus. Il se moque de ce que j’ai pu dire la dernière fois. « Et là, c’était parce que t’avais besoin de lui parler pour t’assurer qu’il comptait pas nous nuire peut-être ? » C’était trop facile de me vendre cette explication, la dernière fois. Elle ne pourra pas être valable à tous les coups.

« Tu laisses ta jalousie prendre le dessus. » Je suis le problème, donc. De toute évidence, c’est en tout cas ce qu’il estime de son côté. Ma jalousie est remise en cause quand son inaction pour nous empêcher d’être confrontée à ce genre de situation ne semble pas avoir valeur de remise en question pour lui. « Et je sais que tu la laisses parler pour toi quand elle est trop forte. » - « Tu préfèrerais que ce soit juste ma jalousie. » Parce que, bien que non contrôlable, il s’agit à ses yeux d’une tare qui peut donc m’être imputée. « Tu dis ça comme si ça avait pas d’importance. Tu peux appeler ça jalousie si c’est ce que tu préfères, mais ça enlève rien au fait que ça va au-delà de ça et que ça me blesse. » A quoi bon refaire une discussion que nous avons déjà eue ? Je suis moins vindicative qu’il y a quelques semaines, je ne crie pas et me garde bien de lui faire une scène, mais je ne suis pas moins triste pour autant. Comme je le fais toujours parce qu’être aimée m’importe plus que tout le reste, je suis simplement en train d’accepter d’avoir mal au coeur, de me plier à la vision du monde et des relations de l’homme avec lequel je suis parce que j’ai (mal) appris qu’il faut être docile pour être aimée. « Y’a de fortes chances qu’on puisse pas toujours l’éviter, maintenant que le nom de Saül lui a été officiellement associé tu sais. Si y’a une enquête à un moment donné, on sera forcément impliqués. » - « Et il fait partie de la police ? De la répression des fraudes ? Non, alors dans ce cas rien nous y oblige. » Que je sache, les interrogatoires de la polie ne se tiennent pas en tables rondes. Et de toute façon, il y a l'éviter et accepter de passer du temps avec lui en week-end hors de la ville.

Les doigts de Damon glissent dans les miens, et il dépose un baiser sur le dos de ma main. « Mais c’est ça qui compte, Meg, je reste sur ma position. » Je serre mes mâchoires, avant de finalement détourner le regard pour le planter sur ma cane à pêche et, de ma main libre, j’en teste la tension. « Tu peux le répéter autant de fois que tu veux Dam’, mais ça changera rien au fait que toute cette situation me fait mal au cœur et que ça changera pas parce que toi ou moi on préfèrerait le contraire. » Si je ne peux lui dicter sa conduite, il ne peut dicter ni mes émotions ni mes sentiments. Ca ne changera rien au fait qu'on est dans une impasse, je le pense fort, ça me terrorise mais je n'ose le prononcer à voix haute.

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« Et là, c’était parce que t’avais besoin de lui parler pour t’assurer qu’il comptait pas nous nuire peut-être ? » Il inspira longuement, comme si tout l’air qu’il était capable d’emmagasiner dans ses poumons pouvait permettre de faire tampon entre la question et la réponse qui lui était associée - car il comptait répondre honnêtement, et il savait parfaitement que la réponse n’allait pas plaire à Megan. « Non, c’était pas pour ça effectivement cette fois-ci. » Il aurait pu faire demi-tour, il aurait pu fuir la situation dès qu’elle s’était dessinée dans ses détails devant lui; et pourtant, il ne l’avait pas fait.

Parce-que, encore une fois, à ses yeux il n’y avait aucun mal à ressentir, car il n’y avait aucun mal de fait, puisqu’il n’y avait rien entre Ambrose et lui et que les deux jeunes hommes s’étaient véritablement retrouvés par hasard sur un atelier pendant un camp de survie. Sauf qu’il savait également que sa femme à ses côtés savait être rongée par la jalousie de l’intérieur, et qu’il était évident en cet instant qu’une grande partie des paroles qu’elle prononçait étaient guidées par cette dernière. « Tu préfèrerais que ce soit juste ma jalousie. » Il se retint de ne pas hausser un sourcil soulignant un sérieusement silencieux. « Tu dis ça comme si ça avait pas d’importance. Tu peux appeler ça jalousie si c’est ce que tu préfères, mais ça enlève rien au fait que ça va au-delà de ça et que ça me blesse. » Si quelques semaines plus tôt, elle lu aurait dit ça en étant un deux doigts de lui sauter à la gorge, il y avait presque comme une lassitude dans ses paroles aujourd’hui. Damon soupira, finalement; après tout, pourquoi pas. « J’ai pas dit que c’était malin de ma part. Mais tu peux pas nier que ça te rend jalouse. » Ce n’était pas ce qu’il cherchait à faire, loin de là, mais le résultat restait le même.

Surtout que temps avançant, ils risquaient d’entre parler et de voir de plus en plus souvent Ambrose dans leur environnement proche. Que ça les arrange ou non. « Et il fait partie de la police ? De la répression des fraudes ? Non, alors dans ce cas rien nous y oblige. » Non, aucun de tout ça; c’était surement même encore pire, la réponse qu’il s’apprêtait à donner. « Non. Mais à être contre Saül, il sera dans notre camp. » Pas qu’ils seront tous main dans la main, mais toutes les personnes qui ne seraient pas du côté de l’italien sénior seraient forcément contre lui, sans distinction.

« Tu peux le répéter autant de fois que tu veux Dam’, mais ça changera rien au fait que toute cette situation me fait mal au cœur et que ça changera pas parce que toi ou moi on préfèrerait le contraire. » Elle avait fini par détourner son regard sur l’activité qui leur était de base désignée, mais Damon n’avait même plus envie de faire semblant d’y participer; son matériel à lui était posé par terre à ses côtés, sans envie d’y toucher un seul instant. De toutes façons, toute son attention était dirigée vers Megan et les paroles qu’elle prononçait. Se rendait-elle d’ailleurs compte qu’en lui demandant de prendre en compte la façon dont la situation la faisait se sentir, et uniquement cette dernière, cela le blesserait lui aussi ? Il n’existait pas de version où aucun des deux se retrouvait sans damage, malheureusement. Et Damon restait sur l’idée qu’il n’avait pas l’intention de rester auprès d’Ambrose volontairement, de multiplier les visites et d’instaurer encore moins des moments de complicité. « J’aurais surtout préféré qu’on puisse mettre Saül derrière nous pour de bon. » Parce-qu’il était après tout la source de tous leurs problèmes - même celui qui semblait être au coeur du reste encore aujourd’hui: si l’italien n’avait pas été dans les parages, rien de tout cela serait arrivé. Il soupira finalement, déposant un baiser sur la tempe de Megan, apposant sa joue contre le dessus de son crâne ensuite. Ils n’étaient peut-être pas sur la même longueur d’onde en cet instant, et elle était peut-être fâchée contre son comportement et ce qu’il pensait de tout ça, mais elle ne lui retirait pas la proximité; alors il ne s’en priverait pas.

« Tu veux vraiment faire l’atelier ? » Ca n’avait rien à voir, il le savait. « C’est pas une solution, je sais. Et ça fait rien avancer à notre discussion non plus. » Ce n’était pas pour aller contre cette dernière qu’il posait la question, qui plus était. « J’en ai marre de la survie et de l’idée de devoir se battre contre des arbres, des poissons, tout ce que tu veux. » Relevant doucement son visage, son pouce s’était mis à dessiner des cercles sur le dos de la main de Megan. « On est venus ici pour se changer les idées et pour laisser les conversations qui nous posent problèmes en ce moment derrière nous, mais finalement ça nous rattrape ici. Et franchement, quitte à en discuter, je préfèrerais le faire dans un endroit confortable. »

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Megan Williams & @Damon Williams ☆ crédit/firetfly

« J’ai pas dit que c’était malin de ma part. Mais tu peux pas nier que ça te rend jalouse. » - « Ça me rend jalouse. Ça me fait mal. Mais ce qui me fait le plus de mal c’est que tu sois prêt à aucun compromis juste parce que t’as envie de passer du temps avec lui. » Et que lorsqu’il le fait, la façon dont je me sentirai en résultat de ça n’entre pas une seule seconde en ligne de compte. Et me demander de l’épouser n’en est pas un, de compromis, je prie pour qu’il n’ait pas la maladresse de présenter les choses comme ça.

« Non. Mais à être contre Saül, il sera dans notre camp. » - « Je serai dans notre camp à toi et à moi et personne d’autre. Je condamnerai publiquement ce que Saül lui a fait et je le ferai sincèrement. Mais on a pas besoin de passer du temps avec lui pour ça, t’utilises Saül comme une excuse. » Et moi, il me donne presque l’impression qu’il n’attendait que ça, une excuse pour avoir légitimement le droit de reprendre contact avec son ex. Comme si c’est ce qu’il avait attendu pendant tout ce temps, une raison valable m’empêchant de me plaindre ou invalidant ma jalousie.

« J’aurais surtout préféré qu’on puisse mettre Saül derrière nous pour de bon. » A mes yeux, il mélange tous les problèmes et Saül n’a rien à voir avec tout ça. Je pensais qu’il le savait Damon, que s’il avait juste été question de s’asseoir avec Constantine et nos avocats, j’aurais serré les dents mais je l’aurais fait sans la moindre protestation. Sauf que j’ai le sentiment que Damon a profité de toute cette histoire pour rouvrir au brun une porte qui aurait définitivement dû rester condamnée. « Tu mélanges tout. » Je secoue la tête, lasse et triste. « Je suis jalouse, c’est vrai, et je serai toujours jalouse parce que c’est ma façon d’exprimer à quel point j’aime quelqu’un. Mais on aurait pas toutes ces discussions si tu agissais juste dans l’intérêt de l’article et d’un éventuel procès contre ton père. On les a parce que j’ai le sentiment que tu saisis l’occasion que ça t’offre pour renouer avec lui, et ça, ça n’a rien à voir avec Saül ou ce qu’il nous a fait. » La tristesse est handicapante, mais moins que la colère et puisque sur l’heure ce n’est plus que la première animation qui m’anime, j’espère être capable de m’exprimer plus clairement, sans les biais causés par les trop fortes émotions. Peut-être que mon époux comprendra, cette fois. Ou peut-être n’embrasse-t-il ma tempe m’étreint-il contre lui uniquement pour faire passer plus facilement la pilule. Je voudrais me tourner et le serrer dans mes bras, mais ma peur de le perdre au profit d’un autre me pétrifie et m’empêche de m’exécuter. Je ne le repousse pas pour autant : je l’aime et j’ai besoin de lui, rien ne changera ça.
 
« Tu veux vraiment faire l’atelier ? C’est pas une solution, je sais. Et ça fait rien avancer à notre discussion non plus. » Ai-je l’air de vraiment me préoccuper de savoir si cela mord ou pas à l’autre bout de la ligne ? Non, il s’agit de ma façon de fuir et de me murer dans le silence tout en conservant une certaine contenance. « J’en ai marre de la survie et de l’idée de devoir se battre contre des arbres, des poissons, tout ce que tu veux. » Il en a eu marre dès les premières minutes, mais je ne lui en tiens pas rigueur : moi aussi je suis fatiguée, et la fatigue exacerbe tout le reste. C’est surement à cause de la fatigue si je pleure à chaudes larmes quand je suis habituellement douée pour ne rien laisser paraître. « On est venus ici pour se changer les idées et pour laisser les conversations qui nous posent problèmes en ce moment derrière nous, mais finalement ça nous rattrape ici. Et franchement, quitte à en discuter, je préfèrerais le faire dans un endroit confortable. » - « On peut partir. » Je renifle peu gracieusement, avant d’essuyer une larme sur ma joue. « On aura pas le diplôme, de toute façon. »

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« Ça me rend jalouse. Ça me fait mal. Mais ce qui me fait le plus de mal c’est que tu sois prêt à aucun compromis juste parce que t’as envie de passer du temps avec lui. » Il ouvrit la bouche avant de pincer ses lèvres. « Je fais des compromis. » Il s’en voulait presque d’être honnête. « Je pourrais passer beaucoup plus de temps avec lui, mais je le fais pas. » Alors que cela allait à l’encontre de ce qu’il avait envie - parce-qu’il ne nierait pas cette partie là. Il savait bien qu’Ambrose avait bien plus à partager que simplement de doux moments arrachés entre deux chambres d’hôtel, qu’il était bien plus intéressant que cela. Il faisait en sorte de ne pas profiter de cette partie là alors qu’elle était à portée de mains; pas plus que l’espace d’un atelier qui n’avait aucune signification à ses yeux, en plus. « On a cueilli quelques baies et c’est tout. C’est vers toi que je suis revenu dès que j’ai eu l’occasion. » Ne voyait-elle pas que c’était vers elle qu’il revenait à tous les coups ?

« Je serai dans notre camp à toi et à moi et personne d’autre. Je condamnerai publiquement ce que Saül lui a fait et je le ferai sincèrement. Mais on a pas besoin de passer du temps avec lui pour ça, t’utilises Saül comme une excuse. » Si c’était elle qui avait cédé aux larmes en premier cette fois-ci, ce n’était pas pour autant que le coeur de Damon ne se déchirait pas lorsqu’il entendait ce genre de paroles. « Et donc tu préfères laisser quelqu’un sur le banc de touche alors que tu sais très bien de quoi Saül est capable, simplement parce-que j’ai couché avec lui et que ça te plait pas. » Parce-que si lui utilisait son père comme une excuse et qu’elle ne trouvait pas ça juste, l’inverse avec d’autres arguments était tout autant vrai. « Tu mélanges tout. Je suis jalouse, c’est vrai, et je serai toujours jalouse parce que c’est ma façon d’exprimer à quel point j’aime quelqu’un. Mais on aurait pas toutes ces discussions si tu agissais juste dans l’intérêt de l’article et d’un éventuel procès contre ton père. On les a parce que j’ai le sentiment que tu saisis l’occasion que ça t’offre pour renouer avec lui, et ça, ça n’a rien à voir avec Saül ou ce qu’il nous a fait. » - « Je vais finir par croire que tu me fais pas confiance, surtout. » Parce-que c’était là le ressenti que la vision des choses de Megan lui donnait: elle ne faisait pas confiance à ce qu’il pouvait lui dire, ne le croyait pas et ne le pensait pas capable de faire autre chose que de se jeter dans les bras d’Ambrose lorsqu’il croisait son chemin. Alors que s’il y avait bien quelque-chose qui était indéniable dans cette situation et qu'il se tuait à répéter, c’était que c’était elle qu’il aimait comme un fou et que la présence de Constantine ne changerait rien à tout ça.

Et s’il avait fait des efforts sur bien des choses jusque maintenant, pendant ce weekend, il y en avait une sur laquelle il n’arrivait plus à en faire: le camp de survie. Il n’en pouvait plus de l’environnement dans lequel ils évoluaient, il voulait rentrer. « On peut partir. On aura pas le diplôme, de toute façon. » D’une rapidité qui ne permit pas à Megan de le voir, il essaya également sur sa propre joue une larme qui avait trouvé le chemin de la sortie avant de se lever et de tendre sa main en direction de la jeune femme. Ils ramenèrent le matériel à la table d’accueil, et rejoignirent rapidement leur voiture qui les attendait depuis deux jours sur le parking. Une fois à l’intérieur de cette dernière, Damon ne mit pas le contact de suite: quelque-chose lui taraudait l’esprit, et ce n’était pas la première fois que c’était le cas. « Faut que je te pose une question, et je veux que tu me répondes honnêtement. » Il parlait d’une voix plus basse, et bien moins assurée que celle qu’il avait jusque maintenant au cours de leur conversation; son regard était porté sur le tableau de bord, mais ne savait se tourner vers la jeune femme. « Est-ce que ça te pose problème parce-que Ambrose est… un homme ? » Ils n’avaient jamais discuté de cette partie là de tout ça, pas une seule fois depuis qu’ils se connaissaient. Si jusque maintenant, Damon ne s’était pas posée la question, à la façon dont elle cherchait à détruire habilement le brun à travers leurs échanges pourrait venir d’un ressenti que Damon ignorait jusque maintenant. Il n’était pas sur d’avoir envie d’entendre la réponse à sa question, mais puisqu’ils étaient lancés dans une conversation qui laissait l’opportunité de la poser, il en profitait.

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« On a cueilli quelques baies et c’est tout. C’est vers toi que je suis revenu dès que j’ai eu l’occasion. » Damon est tout l’inverse d’un mauvais garçon, mais son grand cœur en fait un homme d’une maladresse parfois blessante. Ne réalise-t-il pas que s’il y avait un moment où il été attendu de lui qu’il éloigne au maximum les interactions avec l’indésirable c’était ce week end ? Parce que nous nous sommes éloignes parce que nous sommes dans la tourmente et que nous avions besoin de passer du temps tous les deux loin des problèmes pour nous rappeler à quel point les choses sont belles et simples entre nous ? Les choses avaient si bien commencé – la casse d’une dent mise à part – puisque nous avons fait des plans, dont celui de prendre une grande et belle maison juste pour nous trouver un endroit à nous. Je me mure dans le silence, convaincue que le débat est stérile ; Damon a l’air de penser que se retenir de sauter dans les bras de son ex et passer du temps avec lui à la moindre occasion est déjà bien assez lui demander.

« Et donc tu préfères laisser quelqu’un sur le banc de touche alors que tu sais très bien de quoi Saül est capable, simplement parce-que j’ai couché avec lui et que ça te plait pas. » - « Me fais pas passer pour un monstre. Et arrête de faire comme si t’était la seule personne au monde dans son entourage à pouvoir le soutenir : je t’ai dit que je le soutiendrai en public, dans l’intimité, Constantine peut très bien se débrouiller sans nous et surtout toi. T’as pas à être le chevalier servant de tous les gens qui croisent ta route, c’est tout ce que je te demande. » Personne ne laisse personne sur le banc de touche. Ambrose Constantine est n’est pas un enfant, c’est un adulte qui a décidé de se défendre, de revendiquer ce qui lui est arrivé et d’affronter ses démons. Il n’a pas besoin que quelqu’un lui tienne la main pendant qu’il le fait, Damon estime le contraire simplement parce que ça lui fait du bien. « Je vais finir par croire que tu me fais pas confiance, surtout. » - « C’est pas une question de confiance. Tu me connais mal si tu penses le contraire. » C’est une question d’avoir mal au cœur, d’avoir eu la boule au ventre lorsque je les savais ensemble, et c’est avant tout une question d’amour propre et de confiance en moi. L’amour que me porte Damon, une part de moi est toujours persuadée de ne pas le mériter et cette même part est persuadée qu’il s’en rendra compte un jour : le cœur du problème réside bien là.

C’est en silence que nous rejoignons la berline de Damon et si j’évite de trop toucher avec mes mains sales les fauteuil ou tout le reste de mon environnement, c’est toutefois dans le silence que je m’installe également. « Faut que je te pose une question, et je veux que tu me répondes honnêtement. » Visiblement, il y a encore une partie de la conversation que Damon souhaite avoir ici, avant d’avoir retrouvé le confort. Je tourne mon visage dans sa direction, et je braque mon regard dans le sien. « Est-ce que ça te pose problème parce-que Ambrose est… un homme ? » Sa remarque me fait l’effet d’un coup dans le ventre, bel et bien parce que c’est une tare de Saül qu’il me prête. J’ai des défauts, mais est-ce que je mérite pour autant de me voir affublée de celui-là ? « Est-ce que ça me pose problème parce que c’était une relation homosexuelle, c’est ça la question que t’es en train de me poser ? » Qu’il s’interroge à ce sujet me blesse profondément. « Tu penses vraiment que c’est une possibilité ? » J’ai réussi à arrêter de pleurer durant le trajet jusqu’à la voiture, mais mes yeux brillent à présent. « Tu me prends vraiment pour ce genre de personne ? Quelqu’un comme ton père ? » Je garde mon regard planté dans le sien et laisse un silence de plomb s’installer. Finalement, je détourne le regard et, lorsque je confesse la suite, c’est le regard rivé sur l’extérieur de la voiture, par la fenêtre passager. « Ça me pose problème parce que t’aime de tout mon cœur et que j’ai parfois l’impression que je partage le tiens. » A certains niveaux, je ne suis pas en train d’accuser le jeune homme de quoi que ce soit ayant rapport avec de l’infidélité. « J’en ai rien à foutre de ce qu’il a entre les jambes. »

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« Me fais pas passer pour un monstre. Et arrête de faire comme si t’était la seule personne au monde dans son entourage à pouvoir le soutenir : je t’ai dit que je le soutiendrai en public, dans l’intimité, Constantine peut très bien se débrouiller sans nous et surtout toi. T’as pas à être le chevalier servant de tous les gens qui croisent ta route, c’est tout ce que je te demande. » - « Et c’est à la base tout ce que je voulais faire. » Le voir pour connaitre son avis, sa vision des choses, savoir ce qu’il comptait faire et les points sur lesquels il ne pouvait au contraire pas s’avancer. « Je veux pas être son chevalier servant. » Et si parfois il trouvait cela mignon quand elle l’appelait de la sorte, ce n’était pas le cas en cet instant. « Ca m’empêche pas d’être aimable et amical avec lui. » Même si cela ne prenait pas la même tournure lorsque c’était lui qui le faisait que lorsque c’était Megan, cela ne l’empêchait pas de se comporter comme quelqu’un de décent selon ses critères à lui. Peut-être un brin trop affectueux aux yeux d’autres, d’accord; mais pour lui c’était là sa façon d’être, sans même s’en rendre compte ou sans grossir le trait.

« C’est pas une question de confiance. Tu me connais mal si tu penses le contraire. » - « C’est justement parce-que je te connais que c’est la toute dernière possibilité sur ma liste, et que j’ai pas envie d’y penser. » Elle avait toujours eu confiance en lui, mais à la façon dont elle parlait de cette situation et de l’attitude qu’elle prêtait à Damon, il se devait d’émettre la possibilité qu’elle doute de lui. Elle revenait constamment sur l’idée qu’il pourrait lâchement l’abandonner pour retrouver une personne qui comptait moins qu’elle à ses yeux, et ce dans son dos. L’italien avait de défauts, mais il savait aimer et le montrer, sans détour - et s’il le démontrait à Megan à son égard, ce n’était pas pour rien, ce n’était pas pour se ruer dans les bras d’un autre dès qu’elle avait le dos tourné.

En parlant d’un autre, était-ce  d’ailleurs parce-que cela s’accordait au masculin qu’elle se montrait si déterminée à sortir les crocs, à mettre des distances là où il n’était pas nécessaires d’en ajouter puisque rien ne se passerait entre Ambrose et lui ? Il ne voulait pas poser la question, parce-que ce n’était pas là un trait de caractère qu’il lui accordait; mais étant donné qu’il ne lui avait jamais ouvertement demandé, peut-être était-il passé à coté de quelque-chose d’aussi évident qu’un nez au milieu du visage. Elle était au courant à la base des raisons qui avaient poussé Saül à marier son fils de force, après tout: elle aurait pu être d’accord avec lui sans que Damon n’en sache quoi que ce soit. Imaginer que cela puisse être le cas brisait d’avance le coeur de l’italien, et le peu de confiance en lui et de droiture qu’il avait montré jusque maintenant s’était évanoui désormais. Et à voir la surprise dans le regard de Megan, il avait sa réponse avant même qu’elle ne prenne la parole. « Est-ce que ça me pose problème parce que c’était une relation homosexuelle, c’est ça la question que t’es en train de me poser ? » Il répondit du bout des lèvres. « Oui. » - « Tu penses vraiment que c’est une possibilité ? » Il peinait à maintenir ses émotions qui revenaient au galop. « Tu me prends vraiment pour ce genre de personne ? Quelqu’un comme ton père ? » Faiblement, il secoua la tête. « Non. » Il inspira, et lorsqu’il reprit la parole, sa voix tremblait. Il n’avait jamais eu de soucis avec sa sexualité, avait toujours été ouvert envers les personnes qu’il rencontrait; mais entre Megan et lui, les choses n’avaient jamais été faites dans le sens traditionnel alors forcément, en cet instant, il perdait le peu de confiance en lui qu’il réussissait à récupérer de temps à autres, parce-qu’il apprenait à s’endurcir avec le temps. « On en a juste jamais parlé, et t’es tant remontée contre lui que… que je suis obligé de poser la question, à un moment. » Il chassa d’un revers colérique les quelques larmes qui s’étaient échappées, avant de ne plus savoir soutenir le regard de Megan - ce dernier s’appliqua à se porter sur ses mains pour le moment.

Ce ne fut qu’après un court silence qu’elle reprit la parole. « Ça me pose problème parce que t’aime de tout mon cœur et que j’ai parfois l’impression que je partage le tiens. J’en ai rien à foutre de ce qu’il a entre les jambes. » Un long et silencieux soupire de soulagement échappa à Damon, alors que son regard remontait lentement vers Megan. Elle ne le regardait pas, et c'était bien dommage: elle aurait vu dans son regard que le moindre doute qu’il aurait pu avoir dans les dernières minutes s’était évaporé aussi rapidement qu’il avait pu arriver. En silence toujours, il démarra la voiture pour sortir du parking, et alors qu’il s’élançait sur la route, glissa sa main gauche dans celle de la jeune femme, la serrant très fort.

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Ils avaient peut-être roulé une heure lorsqu’ils passèrent devant un hôtel qui commençaient à ressembler à quelque-chose. Ils n’étaient pas encore arrivés en ville, mais Damon savait d'avance que ce serait largement suffisant pour le reste de la journée. Ils n’avaient pas besoin de rentrer maintenant, ils avaient surtout besoin d’un bout de confort qu’ils n’avaient pas eu ces deux dernières journées. Et ne pas retourner chez eux de suite pouvait être une bonne chose: ils resteraient dans un lieu neutre. « On va vous prendre votre meilleure chambre, s’il vous plait. » Etant donné qu’il s’agissait davantage d’un endroit ressemblant à un motel qu’à un hôtel, ils eurent le droit à l’une des petites cabanes privées - mais cette dernière tiendrait au dessus de leur tête au moins. Une chambre, un salon et une terrasse, assortie d’une salle de bain comprenant une baignoire; ils allaient au moins pouvoir se poser et prendre le temps de profiter avant jusqu’au lendemain matin. Sans émettre le moindre mot, une fois la porte refermée derrière eux, Damon se permit directement d’aller faire couler un bain: il n’en pouvait plus de se sentir sale après avoir passé deux jours dehors. Pendant que la baignoire se remplissait, l’italien revint dans le salon, se posant contre le buffet, les deux paumes contre le bois et le regard porté en direction de Megan. Qu’importait la discussion qu’ils avaient pu avoir juste avant d’arriver ici, et qu’importait le silence pensant qui s’en était suivi: c’était avec un amour inconditionnel qu’il la regardait - que dire, dévorait du regard - en cet instant. « Je suis désolé. » Tant pis si elle lui reprochait de s’excuser une fois de plus. « Ca répare rien, mais je suis désolé de t’avoir causé de la peine. »

Et parce-que c’était peut-être ça qu’ils auraient du faire depuis longtemps, depuis le début même: « J’ai aucun problème de mon côté à ce que tu revois tes ex. » Ce n’était pas une accusation qu’il faisait là, bien au contraire: il statuait un fait. Parce-qu’ils n’avaient peut-être pas assez mis de mots et d’idées sur plein de pans de leur relation jusque maintenant, parce-qu’ils n’avaient pas eu besoin de le faire tant tout avait été fait à l’envers. « Et c’est quelque-chose qui semble évident pour moi, donc j’ai du mal à voir comment les choses peuvent se faire autrement que comme ça. » Il haussa brièvement les épaules. « C’est quelque-chose dont on a jamais parlé non plus, ça. Et aujourd’hui ça pose problème. » Il fit quelques pas jusque Megan, avant de s’arrêter à un mètre ou deux d’elle: il ne savait pas si elle était d’humeur à ce qu’il soit proche d’elle ou non, et une fois de plus, il ne voulait pas imposer quelque-chose qui aggraverait la façon dont elle se sentait présentement. « Et je sais que si tu le faisais, tant que c’est pas pour me fuir et pour aller voir ailleurs - » Sous-entendu pour le tromper. « -, j’aurais aucune inquiétude à avoir. Parce-que même si tu te retrouvais aux côtés d’une de ces personnes, tu m’aimerais toujours de tout ton coeur. »

« Je t’aime. De tout mon coeur. En entier. Tout l’amour qu’il éprouve, il est pour toi. »

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Megan Williams & @Damon Williams ☆ crédit/firetfly

« Ça m’empêche pas d’être aimable et amical avec lui. » - « Tu veux que tout le monde t’aime. » C’est ça le souci, à tout le temps vouloir faire les choses de la bonne façon, à se plier en quatre pour les autres. « Moi, ça suffit pas ? » Je lui demande, un regard implorant, avant de tourner la tête à nouveau, me demandant où il s’arrêtera. C’est tout ce qu’il voulait faire mais il vient de passer un moment privilégié avec Constantine aujourd’hui, alors que nous sommes là pour le fuir lui et son lot de problèmes qu’il crée dans notre mariage, où Damon mettra-t-il la limite ?

« Non. » Si ma colère ne s’était pas manifestée jusque-là, si j’étais restée prise aux mains d’une mélancolie presque trop proche de la léthargie, il la réveille en m’interrogeant sur mes convictions et ma tolérance. Il la réveille en me comparant certainement sans le vouloir à l’homme responsable de beaucoup de nos traumatismes, surtout les siens, et qu’il considère comme un monstre. Ce n’est peut-être pas ce qu’il voulait dire ni même ce qu’il a envisagé, mais les faits sont les faits : il me prête le même genre de défaut qu’à Saül et c’est blessant. « On en a juste jamais parlé, et t’es tant remontée contre lui que… que je suis obligé de poser la question, à un moment. » Serais-je tombée amoureuse de lui si je méprisais toute personne aimant sans un regard pour le genre de la personne d’en face ? Lui aurais-je témoigné le soutient que je lui ai témoigné dans sa lutte pour s’émanciper de son père ? « C’est une possibilité qui aurait même pas dû être sur la liste. » C’est blessant, qu’après avoir mis ma réaction sur le compte de la jalousie, il tente de l’expliquer par une haine de l’amour sous ses formes moins conventionnelles.

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Damon a démarré, pris ma main dans la sienne et ne l’a plus lâche que lorsqu’il en a été obligé par la conduite. Je n’ai pas cherché à empêcher ce contact, je suis triste et blessée, mais je n’ai pas envie d’être ailleurs qu’avec lui. Le motel dans lequel nous nous arrêtons finalement n’a rien d’un palace, mais la chambre que Damon obtient ressemble presque à un cocon et me semble rassurante. Alors que l’Italien disparaît dans la salle de main, je me laisse tomber sur un fauteuil près de la fenêtre, par laquelle je pose un regard au loin. Sale après ces deux jours d’aventure, je n’ai pas envie de risquer de salir le lit ou le reste de la chambre. « Je suis désolé. » Je tourne la tête dans sa direction et un verrou saute en moi, soulagée d’entendre ces trois petits mots qu’il prononce pour la première fois depuis le début de tout ça. « Ça répare rien, mais je suis désolé de t’avoir causé de la peine. » Du bout des lèvres et sans animosité ou sarcasme, je demande. « T’es désolé de m’avoir causé de la peine en me posant ta dernière question, ou pour tout le reste aussi ? » Parce que c’est important pour moi de le savoir, de comprendre quel est ce pardon qu’il me demande, quelle erreur ou en tout cas quelle blessure il admet donc à moitié.

« J’ai aucun problème de mon côté à ce que tu revois tes ex. » Est-il venu le moment où il va pointer du doigt mon hypocrisie ? Ou il va utiliser mon aveu de l’autre soir pour s’absoudre d’avoir passé du temps en compagnie de Damon. « Et c’est quelque-chose qui semble évident pour moi, donc j’ai du mal à voir comment les choses peuvent se faire autrement que comme ça. » Cela lui semble évident parce que Damon a un cœur bien trop grand pour son propre bien mais que, pour nous autres, côtoyer le souvenir d’autrui est douloureux. Je ne veux pas appartenir à une liste, et je ne veux pas qu’il continue à nourrir un peu de l’affection qu’il a pour moi pour d’autre également. « C’est quelque-chose dont on a jamais parlé non plus, ça. Et aujourd’hui ça pose problème. » C’est le moins de le dire. C’est plus qu’un problème, c’est une vraie blessure, une plaie qui n’a pas été refermé après notre déchirante altercation à ce sujet. « Et je sais que si tu le faisais, tant que c’est pas pour me fuir et pour aller voir ailleurs, j’aurais aucune inquiétude à avoir. Parce-que même si tu te retrouvais aux côtés d’une de ces personnes, tu m’aimerais toujours de tout ton coeur. » Bien sûr que ce serait le cas. Parce que les hommes que j’ai connu avant lui n’ont plus la moindre place dans mon cœur. Peut-il en dire autant ? « Je t’aime. De tout mon cœur. En entier. Tout l’amour qu’il éprouve, il est pour toi. » Le mien de cœur est renversé par cette déclaration. J’ai envie de lui demander pourquoi. Autrefois, je lui ai demandé ce que j’avais de moins que le reste du monde pour ne pas être digne de son affection. Aujourd’hui, je cherche à comprendre ce que j’ai fait pour mériter tout cet amour. Si c’était rationnel, si c’était explicable, peut-être aurais-je moins peur.

Doucement, je tends la main pour qu’il puisse la saisir, s’approcher, et se glisser à mes côtés sur le fauteuil sur lequel je suis assisse. Je sens certainement mauvais, nous sentons tous les deux mauvais mais ça n’a pas d’importance, j’ai envie d’être lovée contre lui et dans ses bras. Lorsqu’il s’approche, m’installe sur ses genoux, glisse mes bras dans sa nuque et remonte mes genoux contre moi pour être au plus près de lui. Cette étreinte est rassurante et, après un long silence, je finis par remonter le fil de la conversation qu’il a entamée. « Je déteste tous mes ex. » Ils m’ont tous blessée d’une certaine façon, que ce soit mon cœur, mon égo ou les deux. « A ta place aussi je nourrirais pas la moindre inquiétude. » Au-delà du fait de me savoir fidèle, ce que je suis sans faillir. « Mais c’est pas ton cas. Même les gens qui te piétinent le cœur y gardent une place. Et tu ressens encore de l’affection pour eux, tu ressens de l’affection pour Ambrose, t’en ressens pour Angus, et dieu seul sait pour qui d’autre encore. » Parce qu’il est comme ça Damon, mais c’est douloureux lorsqu’on se trouve à ma place à moi. « Et moi cette affection, je la supporte pas. Si tu les détestais, j’arriverais à me faire une raison et à tempérer ma jalousie, si t’étais amené à les recroiser où à être obligé de passer un peu de temps avec eux. » Dans le cadre professionnel ou dans celui plus particulier de l’article contre son père qui a déclenché tout ça. Nous sommes calmes et parlons en nous écoutant peu plus, c’est déjà un premier pas. « Ca me rend malade que l’affection que tu éprouves pour eux cohabite avec l’amour que tu éprouves pour moi. Je comprends pas dans ces conditions ce qui me rends plus spéciale. » Cette fois, ce n’est pas un reproche mais l’expression d’une vraie souffrance. « Pourquoi moi ? » Qu’ai-je pour qu’il m’aime comme il dit m’aimer ? Avec tout son cœur ? Cela paraît si beau que j’ai du mal à y croire, je n’y suis pas habituée. « Pourquoi moi plutôt que quelqu’un d’autre ? »