are we in the clear yet
@Nicholas Hurley (crédit gif/josshelps)

Remember when we hit the brakes too soon ? Twenty stiches in a hospital room— Les trois quarts d’heure qui séparaient Toowong de Bayside, Mavis les avait passés en s’époumonant sur du Taylor Swift. Si elle avait mis sur repeat plus souvent que d’habitude Out of The Woods, c’était parce que le pont de cette chanson était une bonne soupape de décompression durant les longs trajets. Elle la chantonna rageusement avec sa vitre ouverte pour l’effet dramatique, bien décidée à faire sortir un peu ce qu’elle avait en elle avant de se rendre au dîner organisé par ses parents pour elle ne savait quelle occasion exactement. Elle avait besoin de retrouver une stature digne de la jeune femme bien sous tout rapport qu’elle était supposée être, élevée dans la volupté d’une richesse induite par le travail acharné de Leon et Anka, alors il fallait qu’elle décompresse au moins un peu avant de se pointer là-bas dans sa petite tenue bien repassée d’étudiante sage et polie, les cheveux retenus en arrière par une barrette en plaqué or.

When you started crying, baby I did too, but when the sun came up, I was looking at you— Elle n’avait pas envie d’y aller. Elle n’avait pas envie de voir ses parents, son frère, son oncle et sa tante, mais elle le faisait quand même puisque c’était ce qu’on attendait d’elle, et qu’obtenir un peu de crédit de la part d’un noyau de personnes aussi brillants que les Barnes, ça lui ferait du bien. Dan ne serait pas là, il travaillait en dehors de la ville ce soir, et on ne pouvait pas vraiment dire qu’elle avait l’attention de Ruben ces derniers temps. D’ailleurs, elle espérait que lui non plus ne serait pas là, sa présence étant souvent requise par Leon, c’était une angoisse qui dormait dans le ventre de Mavis de se dire que, peut-être, il l’aurait convié ce soir aussi, le traitant comme un fils dont il se sentait plus proche que celui qu’il avait élevé en dilettante. L’ayant congédié pour une durée indéterminée en se sentant aussi trahie qu’humiliée qu’il puisse la traiter comme il le faisait depuis des mois maintenant, fatiguée d’essuyer ses crises de jalousie à répétition, dégoûtée par l’idée qu’il tente de la contrôler un tant soit peu, elle ne voulait toujours pas le voir en dehors du cadre strict de l’hôpital ; quand on lui demandait en somme de travailler avec lui, chose difficile à faire pour elle ces derniers temps — alors elle allait chercher son salut ailleurs, c’était aussi simple que ça. Pas nécessairement auprès des hommes qui lui mangeaient dans la main quand elle battait des cils, encore que Simon ne serait pas de cet avis, mais plutôt là où elle savait qu’on lui donnerait un peu d’attention.

Remember when we couldn't take the heat ? I walked out, I said: I’m setting you free— Sa famille était ce qu’elle était, on s’intéressait à elle pour les bonnes raisons quand ils étaient réunis, et c’était sur cette assurance qu’elle basa sa réponse positive à cette invitation. Elle saurait prendre sur elle tant qu’on la regardait avec des étoiles dans les yeux. Le portail de la villa des Barnes était ouvert. Terminant les dernières notes de sa chanson quand s’engouffra dans l’allée, Mavis se rendit compte que la suivait de près. But the monsters turned out to be just trees, when the sun came up you were looking at me— Elle fronça les sourcils en regardant dans son rétroviseur intérieur. Un merde, c’est vrai s’échappa de ses lèvres quand son cerveau remis les cubes dans le bon sens, et qu’elle devina que les phares qui l’éclairaient par l’arrière devait être ceux de son cousin qu’elle-même avait convié à cette petite sauterie familiale. Sans savoir pourquoi au demeurant, mais souffrir en silence était une corvée qu’elle préférait ne plus faire seule depuis longtemps. James serait présent, elle avait trouvé ça opportun de dire à son rejeton de passer une tête : il était maso, c’était une évidence qui la fit hausser les sourcils en éteignant le contact de sa voiture qu’elle venait de garer à sa place usuelle. You were looking at me, oh. You were lo— Taylor cessa subitement de chanter, et Mavis sortit enfin pour tout verrouiller en regardant la voiture de Nicholas s’insérer près de la sienne. Elle se pencha pour regarder si Esmée était présente, lui fit un petit signe de la main, ses clefs brinquebalant au bout de ses doigts, quand le jeune homme descendit en premier et qu’elle lui offrit un sourire bouche fermée "Vous êtes venus finalement ?" Ça ne la surprenait pas autant que ça, mais comme entame, c’était tout ce qui lui était venue. Elle ajouta dans le même temps "Pas trop longue la route pour Esmée ? T’as trouvé facilement ?"

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crédit/(megedonnellygifs) ✰ w/@Mavis Barnes

“Nicholas, tu es prêt ? On va être en retard...”
Et alors ? C’est la première pensée qui te vient aux mots d’Esmée, de l’autre côté de la porte de ta chambre et plutôt que de lui répondre, tu jettes un autre coup d’oeil à ton reflet dans le miroir. Tu n’as vraiment pas envie de sortir. Okay, c’est une pensée qui t’accable souvent, c’est encore plus vrai ce soir, certes, Mavis sera là et elle n’est plus une parfaite inconnue... Ton père sera là, et tu ne sais pas si tu es prêt pour tout ça, en plus du frère de Mavis, ses parents à elle et tout le reste du cirque. Il faudra être poli pendant le diner et prétendre que tout va bien. Est-ce que c’était la pire idée du monde ? Tu soupires, abandonnes ta veste bleue marine pour une noire, de la même couleur que ta chemise et les bottes que tu as aux pieds, avant de lisser les pans de ton jean. Ta tenue est très bien, tu ne t’es pas caché derrière un pull et... tu finis par te retourner, ton regard tombe sur ta valise à moitié faite au milieu de ta chambre, le départ pour le Royaume-Uni la semaine prochaine. Si tu es prêt à faire ça, tu peux bien faire face à cette autre famille pendant quelques heure, n'est-ce pas ? Au pire tu peux te concentrer sur ta nourriture...
“J’arrive.” Tu réponds enfin à Esmée et tu la rejoins rapidement, attrapant tes clefs de voiture au passage. Pas de fauteuil roulant pour ton ainée aujourd’hui mais juste sa canne, ce qui sera suffisant, elle te l’a déjà assuré et tu n’es même pas en état de la questionner. Tu es un mélange de trop nerveux et trop blasé pour quoi que ce soit de cohérent et tu préfères t’assurer que la ceinture d’Esmée est bien bouclée quand elle est installée dans la voiture, plutôt que de t’inquiéter pour le reste. Sur le trajet, Esmée fait la conversation pour deux. Ce qui est souvent le cas, cela ne date pas d’hier, ce qui sort de l’ordinaire c’est ton absence de réaction, elle n’a le droit qu’à des monosyllabes ou à des hochements de têtes. Tu dois te concentrer sur la route après tout, c’est une raison tout à fait plausible et valide et Esmée ne te le fait pas remarquer. Elle sait sûrement que ton esprit tourne à plein régime, pas besoin d’en ajouter plus. Le trajet se fait sans encombre jusqu’à Bayside, aucune raison de retourner en arrière, aucune raison d’appeler Mavis et de juste lui proposer de la retrouver elle dans un restaurant et d’oublier le reste des Barnes. Vous arrivez sans être en retard et tu fais ralentir le véhicule avec une sorte de noeud dans la gorge. Tu coupes le moteur tout aussi lentement et tu sursautes légèrement quand Esmée pose une main sur ton épaule, tu ne t’y attendais pas. Le je suis désolé que tu veux prononcer n’arrive pas, pas quand Mavis te fait un signe de la main et tu as un sourire, complètement faux, pour Esmée avant de sortir de ton véhicule. L’espace confiné n’aide pas et tu prends une profonde inspiration, de nouveau sur tes deux pieds, alors que tu fais face à ta cousine l’instant suivant.  
“Oui, quelqu’un a insisté.” Mavis pourra tirer ses propres conclusions et tu réponds à sa prochaine question. “Non ça va, je connais bien le quartier, j’ai donné des cours de piano à quelques personnes par ici il y a quelques mois... c’est même un peu drôle de se dire que j’étais aussi près.” Aussi près de ton autre famille, de tes cousins et des Barnes de manière générale. Dans un moment comme celui-ci, tu aimerais être cynique, assez pour briser la tension et assez pour dire quelque chose de drôle. Ou juste ne plus te laisser atteindre. A la place, tu vas aider Esmée à sortir du véhicule et à attraper sa canne, elle ne semble pas avoir besoin de plus d’aide que cela et tu te contentes juste de refermer la porte de la voiture derrière elle et de verrouiller cette dernière. “Mavis, comment vas-tu ?” Esmée salue rapidement et facilement la jeune fille et elle lui pose des questions sur l’avancée de ses études et de son internat. Tu les laisses discuter entre elle pendant les prochaines minutes, tu ne souhaites pas les interrompre et qu’on se le dise, tu ne saurais pas quoi dire si c’était le cas. Toi, tu ne bouges quasiment pas, ton regard bleuté se pose sur la demeure, imposante et étrangère. La plus grande partie de toi, la plus trouillarde et anxieuse a envie de faire demi-tour vraiment. Et pourtant, il y a toujours cette toute petit part de toi, la plus téméraire, qui veut rentrer et se montrer... juste pour le faire, juste pour avoir ta place à cette table là.
Tu réalises avec un temps de retard qu’Esmée et Mavis ont déjà commencé à se diriger vers la porte d'entrée, tu suis le mouvement avec un temps de retard. “Je suppose que c’est maintenant ou jamais.”

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@Nicholas Hurley (crédit gif/josshelps)

Mavis, au travers de toutes ses tares, n’était pas moins fin psychologue. C’était dans les gènes sans doute. Si elle regrettait parfois de ne pas avoir certaines qualités humaines, elle savait qu’il y avait quelque chose dormant en elle qui l’aidait à mener à bien ses projets d’avenir qu’elle préparait avec le plus grand soin. On ne devenait pas médecin en étant un requin, ainsi elle devait sûrement receler d’assez d’humanité pour faire partie de cette catégorie de personnes qui sacrifiaient son précieux temps-libre pour tendre la main. Ses qualités, elles lui permettait aussi de se rendre compte du malaise des autres, et celui de Nicholas il était assez dense pour que ça la frappe de plein fouet à l’instant même où il descendit de sa voiture "T’avais pas envie de venir ?" lui demanda-t-elle d’emblée, un léger sourire remontant sa pommette, quand il lui avoua à demi-mots que c’était sa grand-mère qui avait insisté pour le faire. Ne pouvait-il pas réfléchir et agir par lui-même ? Elle ne connaissait pas son âge exact, et il faisait plus jeune dans tous les cas, à se comporter comme un petit-fi-fils à sa mamie, mais elle savait qu'il approchait au moins de la quarantaine, et qu’à partir de ce moment-là, il était parfaitement dans son droit de prendre des décisions selon ses propres termes. Loin d’elle d’émettre le moindre comparatif, mais Baz avait le même âge, et il savait s’occuper de lui sans avoir besoin de qui que ce soit — c’était un abruti, mais au moins, il était indépendant et ambitieux, caractéristiques primaires des membres de la famille Barnes. Elle haussa les épaules, faisant tinter les breloques de ses clefs en écoutant le reste de sa réponse "Ça m’étonne pas, c’est peuplé de gens de bonne famille ici. Je suis à peu près sûre qu’il y a des célébrités qui s’y installent, c’est un bon endroit pour échapper à l’attention." Elle s’incluait dans les gens de bonne famille sans faire preuve de beaucoup d’humilité, mais les faits étaient là, et Nicholas le lui reprocherait sûrement pas. Elle ne s’appesantit pas sur ce qu’elle sentit poindre lorsqu’il souleva que c’était drôle qu’il fût si près d’ici sans savoir vraiment qu’il avait une attache, et se concentra sur Esmée qui s’extirpa de la voiture hors de son fauteuil roulant.

Mavis eut un sourire en coin à sa question "Aussi bien que vous, on dirait." Sans vraiment mettre des mots sur l’impression qu’elle avait qu’elle se portait bien, elle désigna sa silhouette affaissée par l’âge d'un regard toisant avant d’ajouter "Vous êtes super belle ce soir." Elle pouvait faire des compliments, ils n’étaient pas tous teintés de sarcasmes et d’hypocrisie, la preuve. Laissant Nicholas de côté le temps de faire le trajet jusqu’à la volée de marche menant jusqu’à la villa des Barnes, Mavis se fit cramponner par Esmée qui la questionnait avec la bienveillance d’une grand-mère qu’elle avait toujours connue alors que ce n’était pas le cas ; elle lui répondit poliment, et tourna la tête vers Nicholas quand ils arrivèrent à bonne distance de la porte qui s’ouvrit sur un visage que les Hurley ne connaissaient pas "Tina." fit Mavis, accueillant l’accolade de son ancienne nourrice, reconvertie en employée de maison après que sa petite protégée eut quittée le nid, et se laissa observer sans broncher, les mains de la bonne femme encadrant le visage de la blonde pour constater si tout allait bien. Elle était plus maternelle avec elle que sa propre mère, ce n’était pas un fait qui méritait vraiment d’être mis en avant, mais ça se sentait rien que dans la façon qu’elle eut de lui replacer sa barrette sur ses cheveux et de lui épousseter l’épaule, le devant de sa robe aussi, en lui disant "Je trouve que tu as perdu du poids depuis la dernière fois. Qui est-ce qui te fait tes repas ? Tu manges combien de fois par jour ?" La jeune femme eut un léger rire, sa tête se secouant quand elle entendit brièvement la phrase que son cousin prononça comme un auto-encouragement, faisant s’entériner l’idée qu’au fond, il était nerveux. S’exemptant du devoir de répondre à sa nourrice, Mavis lui demanda à la place "Tu peux guider Esmée jusqu’à la salle à manger ? Nicholas et moi, on passera par la maison d’invités pour rentrer. Je vais lui montrer la piscine, c’est magnifique le soir, quand c’est éclairé." Tournant la tête vers Esmée, Mavis lui dit "Vous serez entre de bonnes mains, c’est juré." Croix de bois, etc. Tina accepta sans se résigner pourtant, disant à sa protégée tout en prenant la main d’Esmée "On reprendra cette discussion plus tard." Mavis lui offrit une grimace pas bien méchante, puis toupillant sur ses talons, elle se ficha devant Nicholas qu’elle contraint à redescendre les marches en lui attrapant le bras par le creux du coude, sa descente se faisant énergique, et son pas déterminé quand elle lui fit dans la foulée "OK, pep talk time. Suis-moi, on va faire le tour pour que tu respires un peu."

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crédit/(megedonnellygifs) ✰ w/@Mavis Barnes

"Quelque chose comme ça." Que tu as murmuré alors que Mavis te demande si tu n'avais pas envie de venir. C'est compliqué, tellement compliqué que tu peux déjà sentir une migraine arriver et tu pourrais te masser les tempes juste parce que tu y penses. Tu ne le fais pas par politesse et pour ne pas passer pour encore plus bizarre et Mavis te confirme ce que tu pouvais déjà ressentir de l'endroit. Ce qui te donne encore plus l'impression de ne pas être à ta place et tu es presque content que vous ne partagiez pas le même nom de famille au final. Il y a clairement une différence, notable en plus, entre les Barnes et les Hurley, clairement."Hmm." C'est le seul commentaire que tu peux faire, tu n'es pas très éloquent ce soir et tu suis le mouvement vers la maison avec le cœur qui bat la mesure encore plus fort que d'ordinaire en réalité. L'échange entre Esmée et Mavis est presque devenu familier maintenant que tu y penses bien et rien que pour ça, tu sais que tu as bien fait de faire le déplacement. Il aurait été injuste de ta part de priver d'Esmée de cela et à la place, tu restes en retrait, tu le fais toujours, quand la porte s'ouvre.
Pour laisser place à Tina que vous informe Mavis et il est clair que même si elle ne fait pas techniquement partie de la famille, elle se soucie de Mavis. C'est... une gouvernante ? Tu ne sais pas si c'est le bon terme mais cette simple réalisation te fait bien comprendre que non, tu n'as pas ta place ici. Le prix de tes instruments ne doit même pas couvrir le prix de la décoration ou même des murs et ce, même si tu en as beaucoup. Ton regard bleuté se promène sur ton nouvel environnement, ce n'est même pas de la curiosité, c'est plus que tu cherches déjà les sorties de secours, un peu comme un animal trappé. C'est triste à dire, mais cela t'a déjà tiré de pas mal de faux pas alors... Nicholas et moi, Mavis fait référence à toi, à vous, et tu ne peux rien dire et tu ne peux pas protester alors qu'on te sépare d'Esmée, ta grand-mère t'adressant déjà un signe de la main. "Okay ?" Mavis est déjà là, elle ne te laisse pas vraiment le choix et qu'est-ce que tu peux faire d'autre à part la suivre ? Depuis quand tu offres de la résistance quand on te dit ce que tu vas faire... depuis quand ? Ce ne sera pas pour aujourd'hui et tu te laisses guider par Mavis.
"Okay." Mavis te guide et tu fronces les sourcils en apercevant la fameuse piscine et tout ce confort et ce luxe: des chaises longues aux ombrelles à tout le reste. Cela te donne un peu le tournis et tu ne peux t'empêcher de le dire à voix haute. "J'avais raison, c'est vraiment grand ici, on pourrait faire tenir toute la maison d'Esmée dans le jardin... c'est un peu ridicule." Mais personne ne t'a demandé ton avis, que te murmure une petite voix dans ta tête et tu te rends compte avec un temps de retard ce que tu viens de dire. "Désolé." Que tu dis à Mavis, à toi-même, tu ne sais même pas dans le fond, tu récupères ton bras l'instant suivant, tu fais quelques pas dans une direction incertaine, prenant une profonde inspiration. Ce n'est pas la fin du monde, c'est juste une vie que tu ne connais pas, que tu n'as jamais eue, avec beaucoup de détails et de grandeur. Le genre de truc qui te donne envie de vomir si tu y penses plus de cinq secondes, tu n'y penses pas, tu te tournes vers Mavis.
"Elle voulait venir, Esmée je veux dire, pour te voir, voir le reste de la famille, je crois qu'elle a tout un discours préparé pour mon père, peut-être même qu'elle va lui lancer son verre d'eau en pleine figure, qui sait ?" Ce serait grandiose, que tu te dis intérieurement, pas forcément prêt à reposer le regard sur James et à devoir te préparer pour l'indifférence et le reste. Tu t'en soucies autant que tu t'en fous, tu veux l'emmerder autant que tu veux disparaitre, ça ne fait pas de sens, tu en as conscience et si tu pourrais dire tout ça à Mavis... pas besoin de l'ennuyer avec cela, elle n'a pas besoin de savoir à quel point tu es pathétique, autant la laisser avec des suspicions et uniquement cela. "Je ne sais même pas pourquoi je suis là, c'est débile, j'ai passé l'âge de vouloir de l'attention ou même de l'approbation." Tu le dis en grinçant des dents, tes mains glissant dans les poches de ta veste. "Désolé." Encore des excuses, il faudrait que tu arrêtes avec ça, tu n'as rien fait de condamnable, tu t'es juste contenté de respirer et de dire ce que tu ressens.
"Assez parlé de moi... Comment tu vas au fait ? Les études ?"

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@Nicholas Hurley (crédit gif/josshelps)

Mavis emmena Nicholas loin de sa grand-mère pour lui donner l’opportunité de respirer un bon coup et de faire le point sur son environnement, et pas vraiment pour écouter ses états d’âme. Mais ça la chagrinait quelque part, qu’il se mette la rate au court-bouillon à propos de quelqu’un qui avait eu si peu d’influence dans sa vie que jusqu’à il y avait quelques temps encore seulement, Mavis ne connaissait même pas l’existence de son cousin. C’était triste, profondément injuste, et parce qu’elle, elle avait la capacité de ne pas se laisser atteindre par grand-chose, elle voulait donner l’opportunité à Nicholas de reproduire ce schéma et de porter un peu ce qu’il avait dans le pantalon pour se dresser, fier et adulte, devant un père qui ne lui avait offert que de l’indifférence.

Aïe. C’était donc ça. Est-ce que ça lui rappelait un petit peu trop sa propre situation ? Mavis évita de répondre à cette intime question, et lâcha le bras de son cousin pour l’entendre déblatérer sur le faste de la vie des Barnes. Encore un qui se croyait mieux que les autres parce qu’il vivait dans un endroit miteux, l’hypocrisie de certains était agaçante parfois. En attendant, prétendre que l’argent ne faisait pas le bonheur, c’était se cacher derrière des bons sentiments pour mieux supporter la médiocrité d’une vie triste et monotone, voilà tout "Mes parents ont travaillé toute leur vie pour obtenir ce que tu considères comme étant ridicule." Un peu de respect, en somme. Elle les défendait, c’était quand même vachement ironique quand on y pensait.
Un sourcil haussé, elle ne fit pas plus dans le détail que ça, regardant son cousin prendre un chemin au hasard pendant qu’elle, elle le suivait sans vraiment le faire, et l’écoutant rouvrir la bouche pour se répandre en confessions qu’elle accueillit avec les paupières plissées. Un sourire lui échappa lorsqu’il parla du petit discours d’Esmée et de la possibilité qu’elle fasse boire la tasse à oncle James — dans son for intérieur, elle rit à cette analogie sans pour autant le montrer d’un point de vue extérieur, ses épaules se haussant quand elle dit au jeune homme "Ces dîners sont souvent ennuyeux à mourir, tu penses qu’elle le fera vraiment si je la supplie ? Ça aurait le don de mettre un peu d’ambiance." Ça ferait meilleur effet avec un verre de vin cela dit ; l’écarlate du liquide sur la chemise blanche de son oncle, son air horrifié… elle se recentra, clignant des yeux en demandant à Nicholas "Et toi, t’as préparé quelque chose à lui dire ?" Sûrement pas. Il n’avait même pas besoin de lui répondre dans le fond, il paraissait pétrifié "T’as peur de quoi en fait ?" lui demanda-t-elle avec une curiosité authentique, son visage se tournant vers lui quand elle s’approcha plus près, lui désignant du menton la maison d’invités qu’elle avait mentionné à Tina tout à l’heure "C’est pour ça que t’es là alors ? Pour avoir de l’attention ? T’es musicien, je croyais que c’était quelque chose que t’obtenais rien qu’en claquant des doigts." Elle n’avait pas tort sur ça, mais quelque part, elle savait aussi qu’acquérir l’attention de ses parents, c’était une forme de félicité qu’on ne trouvait nulle part ailleurs. Il y en avait qui était prêt à pencher vers les extrêmes pour s’assurer de récolter les miettes de l’intérêt de leurs géniteurs — et elle était bien placée pour le savoir, alors peut-être que juger Nicholas l’air de rien n’était pas le meilleure chose à faire.

Trop tard. Il s’excusa de nouveau "T’as pas besoin de t’excuser." lui dit-elle, secouant la tête en signe de négation pour lui montrer à quel point c’était inutile. Elle, elle n’était pas du genre à s’excuser vraiment. C’était souvent une perte de temps, une faiblesse qu’elle ne se permettait pas parce qu’elle avait la prétention de penser qu’elle se trompait beaucoup trop rarement pour être forcée de supplier qu’on la pardonne. Nicholas, il semblait même s’excuser d’être en vie. Elle pencha la tête sur le côté, continuant son chemin en laissant un rire lui échapper alors que sa question n’avait rien de drôle, mais elle avait besoin de savoir quelque chose "Ça t’intéresse vraiment, ou tu veux juste rester poli ?" Elle ne lui en voudrait pas de répondre à la positiver à sa question, elle tenait juste à s’éviter un dialogue inutile qui n’était là que pour détourner l’attention de son cousin sur ce qui le contrariait au plus profond de lui.

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crédit/(megedonnellygifs) ✰ w/@Mavis Barnes

"Désolé." Ferme-la, ferme-la, ferme-la... Voilà ce que s'amuse à chanter la petite voix dans ta tête et ça te demande beaucoup de concentration de l'ignorer. Et tu es bien content que Mavis soit là, que ta cousine se soit éloignée d'Esmée avec toi et qu'elle te reprenne. Sa voix à elle porte plus que toutes celles qui se bousculent dans ta tête et plus Mavis t'écoute, et plus tu te trouves ridicule. Et plus tu sais que tu n'as absolument rien à faire ici, la blonde te suit encore pourtant et elle te soutient que les diners en famille sont barbants à souhait. Vraiment ? Pas de ton côté de Brisbane, il y a toujours quelque chose à raconter, toujours un morceau à reprendre et toujours de la vie tout simplement, alors que tu fais à Esmée un détail de tes journées. Comme le petit garçon que tu étais à l'époque et celui que tu es toujours maintenant, dans un sens. "Mavis, je peux t'assurer que tu n'auras pas besoin de la supplier, il suffit juste de lui demander et elle le fera, crois-moi. Elle était activiste dans sa jeunesse, ne pas passer la nuit dans une cellule est une bonne nuit pour elle hein..." Et Esmée prend son rôle d'unique parent de ta vie très au sérieux, James n'était pas là et ta mère... Mavis veut savoir pourquoi tu es musicien ?
Pour te remettre de tous ces traumatismes, pour être certain que tu possèdes un minimum de raison une fois que la nuit tombe et que tous les morceaux sont finis. Ce qui est purement égoïste et totalement hypocrite. Elle secoue la tête Mavis et tu pousses un long soupir, avant que tes pieds ne te porte vers une chaise, plus que confortable, trop confortable même, mais tu t'y laisses tout de même tomber. "Oui ? Non ?" Cela t'intéresse, tu demandes au pire moment, mais sa vie a l'air tellement rangée, tellement organisée et sans aucun pli... c'est à se demander si vous avez vraiment le même sang qui coule dans les veines. Ou qui est l'anomalie de vous deux. "Cela m'intéresse vraiment, je suis quelqu'un qui a lâché les études après le lycée, on m'aurait demandé plus, je me serais jeté d'un pont, genre vraiment." Un léger rire t'échappe alors que ta main droite vient se perdre dans ta chevelure, que tu serres avec un peu trop d'excès. Pour avoir un point d'ancrage, pour ne pas laisser ton cœur trop battre le tambour et partir dans une spirale sans fin. Mavis est là, ta cousine t'a posé une question à laquelle tu n'as pas répondu et tu finis par reprendre les mots de la jeune fille.
"Tu veux savoir de quoi j'ai peur ?" Elle t'a posé la question, cela mérite bien une réponse et ce même si, en temps normal, tu aurais gardé l'information pour toi. Cela ne t'a pas aidé jusqu'ici, n'est-ce pas ? Tu hoches la tête, prêt à en dire plus, pour une fois, et tu reprends la parole tout aussi rapidement. "S'il m'ignore, ça va, je peux gérer, je rase les murs depuis que je suis né, je m'en fous complètement." Ton cœur a déjà été fêlé et brisé, certains rêves ont été mis au placard et tout le monde le sait, que tu n'as rien d'une personne équilibrée. Tu te fais vieux de jour en jour et tu n'as plus d'espoir pour tes cicatrices les plus profondes, personne ne va te sauver, ou te faire croire que tout va s'arranger. Tu n'es pas stupide, du tout en réalité. "L'inverse serait le pire... Ouais, qu'il me regarde droit dans les yeux et m'explique pourquoi il n'a jamais été là. Pourquoi il a lâché ma mère, pourquoi il m'a laissé avec une personne qui a fait de ma vie un véritable enfer..." Un autre rire, un peu nerveux t'échappe, alors que tu es honnête, brutalement honnête, tu sembles incapable de t'arrêter maintenant que cette porte a été ouverte. "J'ai peur de la vérité, je ne veux pas savoir, et plus je me rapproche et plus je risque de savoir, justement." Tu n'as pas besoin de confirmation, tu sais que tu n'es pas assez, que tu es trop inadéquat et que tu ne devrais pas être ici. Dans cette maison, ici tout court, même pour toi qui est maso, ce soir est un nouveau plateau et si Esmée n'avait pas demandé à être présente, tu n'aurais aucune raison de te trouver ici ce soir. Donc voilà, tu fixes la surface lisse et pourtant en mouvement de la piscine pendant quelques secondes, puis Mavis l'instant suivant.
"Hmm... t'as le droit de rire maintenant, je ne t'en voudrais pas."

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@Nicholas Hurley (crédit gif/josshelps)

"Sérieusement ? C’était quoi sa cause ?" Ça la faisait sourire franchement d’imaginer Esmée en activiste. Pas qu’elle ne la pensait pas capable de se faire entendre, elle qui paraissait si douce et bienveillante, mais l’image était cocasse à faire passer sur son écran mental. Les jeunes comme elle avaient souvent tendance à oublier que les anciens avaient eux aussi été jeunes, et comme elle n’avait pas tellement de référence en matière de grands-parents, elle n’avait pas non plus eu beaucoup à écouter les récits nostalgiques de ses aînés. Ça lui plairait, quelque part, d’entendre ceux d’Esmée. Plus tard peut-être étant donné que là, c’était son cousin qui se mettait à parler. Elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle-même vu que c’était elle qui le questionnait. Ça lui paraissait nébuleux, la manière dont il vivait les choses, mais pouvait-elle vraiment le juger pour ça ? Certainement pas, et alors qu’elle remarquait qu’il éludait presque grossièrement la première question qu’elle lui avait posé à propos de sa peur, elle se joignit à lui en s’asseyant dans le même type de fauteuil que lui, mais disposé en face, pour écouter ses arguments.

Est-ce que ça l’intéressait vraiment ou non de savoir comment sa cousine s’en sortait dans ses études, ou alors il l’interrogeait par politesse ? Elle eut sa réponse "Et t’aurais pas eu tort, c’est parfois un truc qui me traverse l’esprit." Absolument pas au demeurant, elle plaisantait plus ou moins. Mavis n’était pas de ceux à baisser les bras. Elle était encore moins de ceux à se jeter dans le vide dans l’espoir de s’écraser, plutôt de ceux à pousser les autres. Elle arqua un sourcil, lâcha un très profond soupir pour consentir enfin à lui répondre donc, comprenant que la question de Nicholas était sincère finalement "C’est pas tous les jours facile. Mes journées sont interminables, et j’en suis qu’au début de mes études. Je commence mon internat l’an prochain, j’aurais plus d’heures à l’hôpital, mais pas moins de boulot à côté… et c’est beaucoup, beaucoup de boulot." Elle ne se plaignait pas, c’était elle qui avait choisi de se lancer là-dedans pour faire plaisir à papa et maman et attirer un tant soi peu leur attention. Elle haussa les épaules "Je suis douée tu sais. C’est pas pour me vanter, et peut-être que je prends trop d’avance vu qu’officiellement, j’ai jamais mis les pieds dans un bloc opératoire —" Officiellement. La direction de l’hôpital ferait des bonds de cabri s’ils savaient, mais personne ne savait à part Ruben. Elle continua comme si elle n’avait pas marqué de pause "— mais je saurais pas faire autre chose que ça, tu sais ce que c’est." Nicholas ne semblait pas capable de faire autre chose que de jouer de la musique, alors d’accord, les instruments qu’ils manipulaient étaient différents, mais dans le fond, ça ne l’était pas tellement.

Ah, enfin il revenait sur la question qui l’intéressait le plus, celle dont elle voulait une réponse honnête vu que, sans sarcasme, elle avait du mal à saisir toute la subtilité de son raisonnement. Elle hocha la tête quand il lui demanda si elle voulait vraiment savoir pourquoi il avait peur, et posa ses deux mains sur son abdomen, position d’enfant sage et attentive qui le dévisagea pour faire le point avant qu’il n’estime que c’était le moment d’ouvrir la bouche. Quand il le fit, Mavis inclina la tête sur le côté, les paupières plissées "Peut-être que si t’acceptais pas les invitations qu’on te lance, t’aurais pas à craindre qu’il t’adresse la parole." C’était un peu stupide, mais elle ne le dirait pas comme ça. Elle sentait que ça touchait Nicholas, et si d’ordinaire, Mavis n’était pas trop du genre à préserver la sensibilité des autres, il y avait des sujets qui tapaient trop près de la maison pour qu’elle estime ça malin de faire du sarcasme ; ça la rendait probablement plus humaine de réagir de cette manière, et c’était étonnant. Ses paupières se déplissèrent, ses sourcils se froncèrent à la place "Tu te dis pas qu’il y a peut-être pas de raison ? Parfois, il se passe des trucs, et ça a pas forcément d’explications. La vie, c’est pas toujours simple, faut composer avec, et je prends pas la défense de James, mais on a pas tellement le sens de la famille dans… la famille." fit-elle alors, puis finissant par de nouveau hausser les épaules en se redressant sur son fauteuil, elle reprit "Pourquoi tu te rapproches alors ? Fais-le pas si t’en as pas envie." Secouant la tête à la négative, elle ajouta à sa dernière phrase "Je vais pas rire, c’est pas complètement idiot non plus." Juste un peu, ce n’était pas si pire. Un instant, elle marqua une pause juste pour détourner la tête et jeter un oeil à l’éclat turquoise de la grande piscine "C’est pas parce que ça te semble normal de vouloir connaître des raisons dont t’as pas besoin que tu te dois te forcer à aller les chercher. Si ça te fait du mal, c’est que ça vaut pas le coup." On ne gagnait rien à verser dans le masochisme, elle le savait mieux que personne.

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"La cause animale... suffit de lui demander, elle a plein d'histoires à raconter." Que tu réponds alors que Mavis trouve place sur un fauteuil en face de toi. C'est une bonne échappatoire, cela te permet de respirer un peu plus et de te rappeler qu'il y a un monde en dehors de ta panique et de tes anxiétés. Et qu'Esmée a toujours été beaucoup plus brave et beaucoup plus courageuse que toi et que ça ne date pas d'hier. Tu aurais voulu hériter d'un peu de son courage mais tu supposes que ce n'est pas ainsi que fonctionne le monde ou même la génétique. Ce qui est dommage et drôlement injuste et tu hoches la tête alors que Mavis te parle de ses études. Cela a l'air d'être... une autre source de stress et de pression, vraiment, ta cousine a toute ton admiration car jamais, tu ne pourrais te mettre à sa place, elle parle de ses longues journées et de l'hôpital avec une facilité déconcertante. Comme si ce n'était rien. Comme si ce n'était qu'une chose de plus.
Tu supposes que c'est facile pour elle quand c'est un chemin qu'elle semble avoir choisi, celui-ci et pas un autre. "Oui, un peu trop." Que tu réponds alors qu'elle fait référence à un sentiment que tu ne connais que trop bien, l'ombre d'un sourire, un peu crispé certes, passant sur ton visage à ce moment précis. Pour elle, les études de médecine, pour toi, la musique, tu n'as jamais envisagé autre chose. Même si cela te fait marcher dans les traces de tes parents, les deux pour le coup. C'est un univers dans lequel tu as grandi, avec lequel tu t'identifies alors essayer de faire autre chose aurait été bien débile et une perte de temps à tes yeux. Mavis t'accuse d'être trop accommodant et même pour cela, ta cousine a raison, un autre sourire crispé passe sur ton visage et tu l'écoutes faire beaucoup de sens la seconde suivante. Mavis a... raison sur toute la ligne, parfois, rien ne fait de sens et ta vie qui te parait si insurmontable n'est qu'une histoire de plus au final, pas de quoi remplir des romans ou quoi que ce soit du genre. "Si, ça m'a déjà traversé l'esprit. Qu'il n'y ait aucune raison." Que tu concèdes dans un soupir. Elle hausse les épaules et tu te retrouves à l'imiter, fixant tantôt la piscine puis ta cousine.
"Ouais, je ne suis pas bon pour mettre des limites entre moi et ce qui me terrifie... du tout, mais ça je pense que tu l'avais déjà remarqué." C'est facile à voir chez toi et c'est sûrement une caractéristique qui te définit un peu trop et qui te fait du mal en fait. Peut-être qu'il serait temps de tourner la page, d'accepter que James sera toujours James et que ça n'a pas besoin de t'affecter autant ? Cela te parait... raisonnable, un peu trop d'ailleurs et la prochaine inspiration que tu prends est un peu plus mesurée au moins. "Mais ce que tu dis fait du sens, et ça me rassure un peu de savoir que vous n'avez pas non plus le sens de la famille." Est-ce une chose horrible à dire ? Grand dieu, tu n'en sais rien, tu fais avec les informations que Mavis te donne et tant pis si cela blesse un peu, autant être honnête. Tu passes trop de temps à te tordre pour faire plaisir à un tel ou un tel, même toi tu le réalises et même toi tu sais à quel point cela est fatiguant. "Je ne cherche même pas à passer pour le fils de l'année tu sais ?" Tu es capable de l'admettre cela, sans aucune honte et sans aucun regret. "C'est compliqué, mais merci de m'écouter." Et de ne pas prendre la fuite et de ne pas aller faire autre chose, pour quelqu'un qui se dit pas très porté famille, Mavis te traite mieux que la plupart des gens qui sont sensés constitués ta véritable famille, directe du moins, ou même des gens que tu as croisés par le passé.
"Et de ne pas rire." Un point très important aussi."Si Esmée t'invite à la maison, promis il n'y aura pas de mini-crise de panique." Décidément pas chez toi, pas quand tu te sens à l'aise et que tu peux un minimum contrôler l'environnement autour de toi."Donc tu disais, ton internat, tu sais déjà dans quoi tu veux te spécialiser ou non ? Ou alors t'as encore quelques années à te décider et on va te faire essayer plusieurs spécialités ? Et ouais... je n'ai aucune idée de comment tout ça fonctionne comme tu peux t'en douter." 

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@Nicholas Hurley (crédit gif/josshelps)

Elle joignit les mains dans l’espace qu’il y avait entre ses jambes alors qu’après avoir jeté un regard à la piscine éclairée, elle retourna son attention sur Nicholas. Mavis avait autant envie d’être là que lui, alors peut-être que discuter, ça revenait à échapper à ce qui les attendait à l’intérieur. Lui, son géniteur. Elle, le rôle qu’elle jouait en permanence. Sa bouche pivota pour finir en sourire en demi-lune "Je t’ai déjà dit que t’étais plutôt facile à lire malgré tes contradictions. J’ai pas changé d’avis sur la question." Ou alors, elle était trop analytique, ce qui n’était pas impossible. Mavis avait toujours un coup d’avance parce qu’elle observait son entourage. Pas par affection, la plupart du temps, mais par appât de l’éventualité qu’elle pouvait se servir de tout ce qu’elle voyait. Il y avait qu’avec très peu de personne qu’elle agissait par attrait véritable : Dan bien sûr, Ruben dans une certaine mesure… Nicholas ne s’ajoutait pas encore à la liste, disons qu’il était toujours là quand elle tenait d’échapper à quelque chose et qu’en l’absence de Dan, il parvenait à la faire se concentrer sur autre chose que son envie prégnante de nuire à ceux qui constituaient un cercle qui ne voulait pas vraiment d’elle. D’ailleurs, suite à ses propres paroles, Nicholas sembla être rassuré par l’incapacité chronique de leur famille à être des inadaptés. Elle eut un léger rire pour lui dire, sans gêne "Je pense même que ça ne fait partie du vocabulaire de personne dans notre famille, le sens de la famille. Je vois Baz que de temps en temps, et il me déteste. Il préférait Marion, à peu près comme tout le monde d’ailleurs." Si ça l’amusait plus ou moins de le dire, la vérité n’était pas moins douloureuse dans le fond. Elle ne voulait pas que Nicholas rebondisse sur ça, de fait elle ajouta en haussant les épaules "C’est pas si grave. Moi je suis encore là et je m’en sors bien, c’est sur ça qu’il faut se concentrer." Elle était encore là, Marion s’était désintégrée quelque part où les poissons s’étaient délectés d’elle et de ce qu’elle leur avait offert, c’était une satisfaction suffisante pour passer sur le sentiment qu’elle aurait toute sa vie de n’être qu’une vulgaire remplaçante, quoiqu’elle ferait.

"Peut-être pas consciemment, mais je crois que ça te déplairait pas de compter un peu aux yeux de ton père au fond de toi." Il ne voulait pas être le fils de l’année, mais il se pointait à chaque fois qu’on l’invitait à partager un moment dans un périmètre où James gravitait. C’était en ça que les paroles du jeune homme étaient contradictoires. Mais ça ne la regardait pas finalement, et comme il s’expliquait à peine sur son raisonnement, elle décida que c’était sans doute le bon moment de lâcher l’affaire, histoire aussi d’échapper au miroir dans lequel elle avait l’impression de se regarder en analysant sa situation.
Elle ne répondit pas à ses remerciements, elle se contenta de détourner les yeux, de rester un instant à contempler le diaporama sublime qu’offrait la bâtisse dans laquelle elle avait passé toute son enfance, et tritura le fermoir du bracelet en or rose qu’elle portait au poignet en réfléchissant juste un peu, se laissant happer par l’éventualité de s’en aller finalement : de rejoindre son petit loft, d’organiser un tête à tête avec son chat, de poser son casque sur les oreilles et d’écouter une playlist au hasard pour échapper à ce qui ressemblait de plus en plus à un fardeau. C’était le lot de tout le monde de devoir supporter sa famille, mais certain s’en sortait mieux que d’autres. En apparence, Mavis donnait le sentiment de faire partie de ceux-là, mais le luxe et l’excellence, ça ne faisait pas tout : elle se demandait comment aurait été sa vie si Tina avait été sa mère, si elle avait été éduquée dans la simplicité et l’amour. Ça ne lui manquait pas parce qu’elle ne connaissait pas vraiment ça, mais il y avait des moments, surtout quand elle était avec Dan, où elle se demandait si ce n’était pas quelque chose dont elle avait envie quelque part ; un environnement sain où on l’aimerait de la bonne façon, pas uniquement parce qu’elle faisait accéder autrui à un palier supplémentaire dans l’échelle de la réussite.

Ses cils battirent quand Nicholas reprit la parole, et elle retrouva le sens de ses questions. Elle s’enfuit de ses pensées, se concentra sur ce qu’il lui disait avec une vitesse ahurissante, ses capacités de raisonnement remontant à la surface bien mieux que sa stupide de jumelle. Elle eut un léger rire, comprit que Nicholas la questionnait de nouveau sur ses études "Je choisis à la fin de cette année, et ce sera une surprise pour personne : la neuro, c’est mon truc." La neuro-chirurgie plus précisément, mais si ça la passionnait, ce n’était pas le cas de son cousin à qui il faudrait expliquer les nuances entre la neurologie et la neuro-chirurgie ; elle devrait encore déterminer en quelle branche elle voudrait se spécialiser vraiment les ramifications de la médecine étant assez étendues pour avoir des spécialités dans les spécialités, mais inutile d’être trop précise avec Nicholas "C’est un peu compliqué. Pour te la faire courte, à la fin j’aurai plus ou moins douze ans d’études au compteur. Je serai neuro-chirurgienne à 30 ans, comme le chirurgien qui me forme en ce moment." Elle hocha la tête avec fierté, le doute absent du schéma qu’elle faisait à son cousin. Il n’y avait pas de si tout va bien je serais neuro-chirurgienne, c’était une certitude ancrée en elle.

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"Peut-être... on m'a dit que j'étais maso alors..." Voilà ce que tu réponds à Mavis, en toute honnêteté. Tu es certain que ça, ta cousine a pu l'identifier toute seule, comme elle le dit si bien, tu n'es pas si difficile que cela à lire. Du moins, pour ceux qui prennent le temps de s'arrêter sur toi plus de quelques secondes. Ce n'est pas ce que tu souhaites en réalité... ou pas ? Tu ne sais plus, tu t'es longtemps dit que te fondre dans la masse, d'être lisse, discret, quelconque, c'était plus facile et c'était la meilleure façon d'avancer. Mais même toi tu ne peux pas le nier, tu en as des choses à dire, avec le micro dans la main ou non. Il y a beaucoup de choses qui se bousculent dans ta tête et ce depuis longtemps, les mettre sur le papier, les accompagner d'une mélodie, ça te donne l'impression de ne pas être fou... et tu es clairement doué. Sinon tu ne partirais pas pour Londres dans quelques jours, sinon tu ne pourrais pas vivre de ta musique, alors peut-être qu'il serait temps d'arrêter de se voiler la face ? Tu n'en sais rien, ce n'est pas si facile, ta timidité et ton anxiété latente... c'est confortable, ce sont les meilleurs pulls que tu possèdes et si tu devais t'en défaire, tu ne sais même pas ce qu'il resterait. Mais ça, tu ne peux pas le dire avec des mots, tu ne peux pas vraiment l'expliquer à Mavis et pourtant, quelque part, tu te dis qu'elle a déjà compris. Qu'elle t'a déjà compris. Pourquoi ? Comment ? Est-ce à cause de Baz ? De sa sœur qui n'est plus de ce monde ?
Tu n'en sais rien, tu sais que tu n'auras pas la réponse ce soir et tu es content de laisser la conversation dériver. Et s'orienter sur Mavis et ses études. Elle parait si... déterminée Mavis, prête à conquérir le monde et c'est bête que tu te sentes un peu fier, pourtant c'est le cas. La neuro, tu le notes dans un coin de ta tête, une recherche sur le net sera sûrement nécessaire, histoire de pouvoir converser avec la blonde sur des sujets qui l'intéresse et de ne pas complètement l'ennuyer. "Douze ans ? J'admire ta motivation, rien que d'entendre ça, ça me donne envie de partir au courant, je ne sais pas comment tu fais." Douze ans d'étude, à devoir être sérieux et studieux ? Oh non, tu ne pourrais jamais faire ça, tu es beaucoup trop distrait pour tout et rien pour cela. Et puis, si Mavis devient médecin, on va compter sur elle, au quotidien, pour sauver des vies et pour prendre des décisions plus que critiques et cruciales. Définitivement pas un environnement pour quelqu'un comme toi, toi qui hésites beaucoup trop et qui ressasse la moindre de tes décisions. "Mais si ça te passionne et c'est ce que tu veux faire, je suppose que c'est le plus important." Tu dis cela avec sincérité et douceur, un autre sourire sur ton visage, parce que c'est réellement la seule chose qui compte. Là, tu peux parler d'expérience pour le coup. "Et non, ce n'était pas un conseil. Je suis peut-être le plus âgé de nous deux mais... je n'ai aucun conseil à offrir. Aucun."
Le dire à voix haute t'arrache un nouveau rire, parce que tu devrais sûrement avoir compris plein de choses à ton âge. Tu devrais pouvoir l'aider, l'aiguiller et même dans un sens, la rassurer. C'est l'opposé depuis votre première rencontre il te semble et tu te demandes quand la balance sera inversée. Probablement jamais, de vous deux, Mavis est la plus sage et la plus avisée... et ce de loin. "J'aurais sûrement besoin d'un bon médecin, quand tu auras trente ans j'en aurais..." Tu fronces les sourcils alors que ton regard se repose sur Mavis et que tu fais le calcul dans ta tête. Quand ta cousine aura trente ans et qu'elle sera diplômée, tu seras beaucoup, beaucoup plus âgé. Techniquement, tu passes le cap de la quarantaine en Octobre et ce n'est pas si loin que cela... "Je ne vais même pas me lancer dans ce calcul-là, non, mon ego n'en a pas besoin." Une très bonne façon de détourner le problème que tu te dis avant de te lever l'instant suivant, de nouveau sur tes deux pieds. Que dit Esmée déjà ? Que c'est juste un nombre et que cela ne compte pas, du tout en réalité ? Oui, tout ce qu'il te reste à faire c'est prier pour être comme ta grand-mère quand toi aussi tu auras atteint cet âge-là. "On va dans la fosse aux lions ? Je ne veux pas qu'on se demande où tu es ou qu'on t'accuse d'être en retard à cause de moi." Tu dis cela en ayant un petit coup de tête vers l'imposante demeure, presque réconcilié avec l'idée d'y mettre véritablement les pieds... presque.

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@Nicholas Hurley (crédit gif/josshelps)

Dire que Nicholas était maso, c’était presque un euphémisme. Elle ne le dit pas, elle se contenta juste d’en rire sans se cacher, saisissant cette perche qu’il lui tendait sans gêne. Il en était conscient, ça le rendait presque attachant de camper sur ses petites névroses sans donner l’air d’en savoir quelque chose à faire d’en avoir. Pour quelqu’un qui passait son temps à les cacher, comme elle, c’était un peu déroutant, mais pas désagréable. Nicholas, il avait souvent l’air de se cacher, mais quand elle s’arrêtait sur lui, elle avait l’impression qu’il était la personne la plus franche et honnête qu’elle connaissait. Il ne mentait pas. Il n’essayait pas de polir quoi que ce soit le concernant, il restait relativement ouvert sur la manière dont il vivait sa vie, et sur ce qui constituait des défauts aux yeux des autres. Il était transparent parce qu’il ne trichait pas, pas même un peu, qu’il était conscient de ses contradictions, et qu’au lieu de les repousser pour que personne ne les voit, il les disposait sur un petit plateau d’argent en n’espérant pas spécialement que quelqu’un s’arrête devant pour faire un choix, mais acceptant qu’on le fasse sans s’offusquer qu’on lui fasse remarquer que peut-être, il n’était pas constitué comme les autres. Ça ne représentait pas une honte à ses yeux, il se figurait des choses en acceptant totalement qui il était. C’était une leçon qu’il lui donnait à sa cousine, et ce sans qu’il ne s’en aperçoive.

De nouveau, elle rit en l’entendant lui offrir toute son admiration, son parcours pour atteindre son Graal personnel devenant soudain le sujet majeur de leur conversation. Je ne sais pas comment tu fais, qu’il lui dit. La réponse de Mavis lui fut donnée du tac-au-tac, sa tête se tournant de son côté pour lui décocher un regard presque perçant "J’ai pas vraiment le choix tu sais." Est-ce qu’elle expliciterait ? Est-ce qu’elle lui dirait que chez les Barnes, quand on ne suivait pas la voie royale, quand on avait pas d’ambition, on finissait par perdre de l’intérêt aux yeux de Leon et Anka ? Aucun de leurs enfants n’en avait vraiment eu, de l’intérêt à leurs yeux, à l’exception de Marion, ainsi c’était une course effrénée pour gratter les miettes qu’ils daignaient leur laisser, à elle-même et son frère. Son choix, il avait été facile ; celui de Baz, il avait été courageux, même si elle ne le lui dirait jamais, trop occupée à le détester autant qu’il la détestait. Elle reprit juste après donc, sans intention d’expliciter non plus ce qu’elle ajoutait à ce moment-là "Si tu continues à graviter dans la famille pendant quelques temps encore, tu finiras par comprendre ce que je veux dire." Elle n’avait donc pas besoin de rentrer dans le vif du sujet, de lui dire qu’il avait sans doute possible de la chance dans le fond, d’avoir grandi sans cette pression sur les épaules.

"Sans vouloir t’offenser, je pense que t’as déjà besoin d’un bon médecin." Elle le taquinait. Bien que rien n’était moins sûr avec Mavis. Elle se cala sur son envie de se lever, le faisant à sa suite ne défroissant les plis de cette robe qu’elle portait, et le suivit pour sortir du petit coin dans lequel ils s’étaient égarés le temps de leur conversation pour lui dire en gardant un petit sourire sur le visage "Si ça peut te faire te sentir un peu mieux, tu fais pas ton âge." Voilà qui se rapprochait presque d’un compliment venant de la farouche Mavis qui n’était pas une experte dans le domaine. Elle opina du chef, passant devant lui pour le conduire jusqu’à la maison d’invités dans laquelle ils s’engouffreraient bientôt pour rejoindre la résidence principale. Pour le moment, longeant du même pas le bord de la piscine éclairée, elle lui fit avec malice "On y va, j’ai hâte d’entendre les anecdotes d’Esmée maintenant." Elle faillit lui dire que ce n’était pas important qu’on l’accuse de quoi que ce soit, qu’elle avait fait des choses pire qu’arriver en retard, qu’elle ne faisait encore tellement que si un jour tout venait à se savoir, il ne voudrait même plus l’avoir dans son sillage.

rp terminé.