| | | (#)Sam 19 Aoû 2023 - 16:11 | |
| Août 2023 - Salle de boxe - @Cody Shephard Sibel, femme au cœur généreux et aux yeux empreints de douceur, se tient à l'aéroport d'Istanbul, son regard tourné vers l'horizon lointain. Autour d'elle, les murmures des voyageurs s'entremêlent tels des fils de soie dans une danse aérienne. Le soleil d'été caresse sa peau tandis que le vent joue avec les mèches de ses cheveux d'ébène. À ses côtés, un groupe d'enfants orphelins, rayonnants d'excitation et d'espoir, attendent avec une impatience contenue. Leur destination est l'autre bout du monde, les rives lointaines de Brisbane, en Australie. Sibel a organisé ce voyage avec un amour maternel infini pour ces jeunes âmes en quête de réconfort. Elle a consacré des mois à la planification minutieuse d'activités émerveillantes pour chacun d'entre eux. Et tout cela, grâce à un don généreux qui a transformé les rêves en réalité, illuminant les yeux jadis voilés par la tristesse. La ville n'a pas été choisie au hasard, évidemment. Parmi les enfants, se trouve un garçon de douze ans. Ses yeux brillent d'une lueur déterminée, rappelant à Sibel un amour de jeunesse, un souvenir qu'elle a gardé précieusement caché au fond de son cœur. Cody, son ex-amour, passionné de boxe, aime ce sport avec une intensité presque sauvage. Le jeune garçon est tout aussi fasciné par les gants de boxe et les combats qui résonnent comme des symphonies d'effort et de courage. Voilà, à présent, quelques jours, que la belle a posé ses valises dans la ville de son enfance où les souvenirs sont restés ancrés. Poussée par un désir profond d'aider son jeune protégé à réaliser son rêve, Sibel s'est mise en quête d'une salle de boxe. Il faut dire qu'elles ne courent pas les rues, mais grâce à quelques coups de fils et à l'aide d'un moteur de recherche en ligne, le rendez-vous est pris. La voici devant la salle, avec, à son bras, Serkan, plus excité encore qu'une puce. Ils pénètrent alors les lieux. La jeune femme à l'accueil a le regard qui brille lorsqu'elle comprend l'objet de leur visite et propose même au duo d'avoir une visite plus élaborée et un cours privé avec un de leurs coachs. Pour ce faire, elle appelle visiblement le patron de l'établissement. Les deux compères patientent avec une hâte non dissimulée. Après tout, elle connaît bien ce monde, les souvenirs du passé sont restés intacts et le nombre de fois où elle a accompagné son bien-aimé de l'époque ne se comptent plus. Et au cœur de ce lieu, tel un dieu moderne du ring, elle semble reconnaître une silhouette s'approcher. Les années n'ont rien effacé de sa prestance, de son charme brut. Sibel sent son cœur s'emballer, comme si le temps s'est arrêté pour réunir deux âmes qui ont suivi des chemins différents, mais dont les étoiles sont restées connectées. Le destin a tissé une trame complexe, unissant le passé et le présent dans un écheveau d'émotions. Sibel s'avance, elle n'a pas le choix de toute évidence, elle ne peut pas fuir et anéantir le rêve de son protégé. Son cœur bat la chamade à chaque pas, et ses pensées se perdent dans les méandres du passé, là où les souvenirs de Cody se sont enracinés. Leurs regards se croisent, et dans cet échange silencieux, ils retrouvent les éclats d'une passion qui a brûlé avec la force d'une étoile filante. « Je ... Je n'ai pas besoin de ces gants » elle bafouille et rougit un peu. Complètement déboussolée. « Je crois que la jeune femme de l'accueil s'imagine que je suis prête à rentrer dans le ring pour suivre un cours » parce qu'elle-même et Serkan ont des gants de boxe entre les mains. « C'est surtout lui qui est prêt pour le ring » dit-elle en passant sa main dans les cheveux de Serkan. La situation est gênante, Sibel l'est encore plus en conversant avec Cody, comme si une dizaine d'années et un bébé n'étaient pas passés par là. « C'est ta salle de boxe ? » Elle essaie de fuir son regard, mais fini irrémédiablement par y retomber.
Dernière édition par Sibel Arslan le Dim 20 Aoû 2023 - 5:40, édité 1 fois |
| | | | (#)Sam 19 Aoû 2023 - 19:37 | |
| Les jours s'enchaînent mais ne se ressemblent pas spécialement aux yeux de Cody qui prend toujours autant de plaisir à se lever le matin pour venir dans ce lieu qu'il a construit de ses mains, pour en faire le club qu'il est aujourd'hui. Il est parti de rien et désormais, de nombreux habitués et autres curieux poussent quotidiennement les portes du bâtiment pour venir s'initier - ou s'améliorer - à la boxe. Il n'est pas peu fier de ce que son club est devenu au fil des années, rêve devenu réalité, rêve également de son père, celui qui lui a mis un gant de boxe dans la main alors qu'il n'avait que 3 ans, la première fois. L'homme qui a toujours été là pour l'encourager, que ce soit dans sa vie personnelle ou sportive, la seule personne - avec Caelan - qui ait jamais connu l'amour qu'il portait à celle dont il ne prononce plus que très peu le prénom, évitant ainsi à son coeur de battre dans le vide, de se contracter sous l'effet de la peine. La peine des souvenirs, la peine de la perte, la peine de ne pas savoir. Évidemment qu'il pense souvent à elle, à ce qu'ils auraient pu être - une famille peut-être ? - si la vie avait pris un autre chemin, si Cody n'avait pas dû assumer en lieu et place et de ses parents, s'ils avaient gardé cette petite fille dont le visage reste encore gravé dans sa mémoire - et dans son portefeuille où vous trouverez la seule photo d'eux trois si vous fouillez. Il n'a pas retrouvé l'amour, notre Cody, d'abord par manque de temps - s'occuper de deux adolescents n'a pas été de tout repos - puis parce que ce dernier n'est pas venu, malgré ses tentatives. Il a essayé, bien sûr, une courte histoire qui a mené à deux humains miniatures que Cody ne connaît pas, mais les sentiments ne sont pas venus. Le visage de Sibel lui revenait immédiatement et alors il a cessé de forcer les choses, persuadé qu'il se retrouvait condamné à aimer une femme hors de sa portée. Tant pis, on a pas besoin d'histoire d'amour pour vivre une belle vie. Même si pour le moment, il n'en est pas là, il se convainc lui-même : ça viendra. Il est dans son bureau quand il reçoit un coup de fil du standard lui informant que son rendez-vous - un jeune orphelin turque en voyage à Brisbane, passionné de boxe - est arrivé. Il ferme son ordinateur et se lève immédiatement pour accueillir ce jeune. Sortant de sa petite pièce, il se retrouve dans une salle plus vaste, où des rangées de sac se font face, juste devant les trois rings que l'on peut utiliser pour des combats. L'accueil est encore de l'autre côté, il s'y dirige alors en saluant quelques habitués, se faisant arrêter pour des conseils et un simple bonjour. "Je viendrai te voir plus tard Sasha, entraîne bien ton droit !" Il rit en passant la jeune boxeuse et continue vers l'accueil où il aperçoit le jeune homme aux côtés de son accompagnatrice. Il s'en voudra plus tard de ne pas avoir accueilli le jeune homme comme il se doit - en lui accordant toute son attention. Il s'en voudra du sourire sur son visage qui disparaît avant de réapparaître de plus belle. Parce qu'elle est là, Sibel, comme le jour où ils se sont quittés, plus âgée bien sûr mais plus belle aussi. Il avait 22 ans la dernière fois qu'il a plongé son regard dans le sien, il en a 35 aujourd'hui, et pourtant son coeur manque un battement avant de s'emballer tout seul. Il sourit Cody, parce qu'il a attendu ce moment toute sa vie et parce que Sibel semble aussi perturbée que lui. Il a imaginé un millier de fois leur rencontre, le moment où enfin il la retrouverait. Ce serait simple bien sûr, ils se tomberaient dans les bras et vivraient leur amour au grand jour, comme si de rien n'était. Évidemment, la réalité est toute autre - mais pas moins bien, car elle est là devant lui, déroutée semble-t-il ? « J'ai pas besoin des gants ». S'il avait imaginé que telles seraient les premières paroles de la belle ? Pas du tout. Son imaginaire avait plus créé quelque chose aux contours de je t'aime tant tu m'as tellement manqué mais rien qui n'implique des gants de boxe. Alors ça le fait rire et il répond ses premiers mots, qui ne seront toujours pas ce qu'il a pu imaginer. « D'accord je les récupère alors. ». Il la regarde, sourire scotché sur son visage, il a tant de choses à lui dire mais comment tout dire ? Par où commencer ? Heureusement elle tourne l'attention sur le garçon qui l'accompagne et il détourne - à contrecœur - les yeux d'elle pour se concentrer sur le jeune passionné qui le regarde de ses grands yeux. « J'ai entendu dire que tu étais un grand fan de boxe. C'est ton jour de chance, c'est un ancien champion qui va te faire découvrir les lieux et même t'entraîner. JACK! Viens voir ! » Le fameux Jack arrive en trottinant, enlevant un gant au passage pour venir serrer la main du jeune garçon et très vite, il le prend par l’épaule, prêt à lui faire le grand tour du propriétaire. Il les regarde, c’est une des raisons pour laquelle il a lancé sa propre école, pour voir des jeunes comme Serkan accomplir leurs rêves. Il a déjà vécu ce sentiment de fierté immense quand on accompagne quelqu’un jusqu’à la victoire et à l’accomplissement de ses rêves. « C'est ta salle de boxe ? » Et voilà qu’il repose les yeux sur elle, et il n’a plus envie de regarder ailleurs. Il n’y croit toujours pas, un moment tant espéré, tant de fois rêvé mais qui lui semblait complètement hors de toute possibilité et pourtant, Sibel est là, devant lui, ce n’est pas un mirage mais bien la réalité, la merveilleuse réalité. « Oui, c’est mon bébé. Depuis 2015. » Mauvais choix de mot sûrement, mais comment réfléchir à tes paroles quand elle lui ôte toute capacité de réflexion par un simple regard. Il se rend vite compte qu’ils ont une spectatrice bien curieuse devant cette rencontre inattendue. Alors il se décale et avance son bras vers le fond de la salle, où se trouve son bureau. « Je t’offre un café ? » qu’il lui demande, ne cachant pas la lueur d’espoir qui pétille dans ses yeux. « Qu’on discute… si tu le veux bien, bien sûr. » La peur s’empare de ses entrailles, et si elle refusait ? Et s’il était condamné à la voir de nouveau partir, et si c’était la toute dernière fois qu’il pouvait entendre sa voix ? @Sibel Arslan |
| | | | (#)Dim 20 Aoû 2023 - 15:57 | |
| Août 2023 - Salle de boxe - @Cody Shephard Elle caresse les gants de boxe avec une inquiétude voilée, perdue dans ses pensées. Et si c'était lui ? La silhouette familière, ombre de souvenirs, s'esquisse dans son esprit. Les années ont passé, estompant les contours, mais elle se dit qu'elle pourrait le reconnaître au fin fond d'une nuit obscure, à des milliers de kilomètres. Les ans ne sauraient éteindre l'empreinte qu'il a laissée. Les courbes de son corps, elle les connaît comme un poème qu'on déclame par cœur, et son parfum persiste encore, nostalgique effluve du temps passé. Une gorgée difficilement avalée, puis ses yeux confirment ce que son cœur chuchote en silence depuis si longtemps : Cody, lui, le revoilà. Des rides en plus, des muscles dessinés par la vie vécue. Autant d'histoires à conter, gravées dans sa chair. La conversation naît, maladroite comme une ébauche de poème, elle murmure qu'elle n'est pas ici pour le combat. Ses gestes trahissent, sa main livre son trouble, l'envie de s'en défaire. L'instant suspendu, enfin, il récupère les gants, adresse quelques mots à Serkan. Un sursis. Et elle peut continuer de le contempler, chaque détail comme une strophe d'un poème inachevé. Les grains de sa peau, les stries du temps sur son visage, l'éclat furtif d'une émotion dans le coin de son œil. Comme une scribe attentive à chaque ligne, elle suit les traces laissées par le temps. Elle ne peut refréner une pensée qui prend forme malgré elle, l'imaginant en père, écho de l'amour qu'il prodigue à Serkan. Sa lèvre se mord, frêle témoignage de son trouble. Les mots se taisent, mais la voix de Cody qui jadis murmurait des promesses enflammées, résonne aujourd'hui pour guider un disciple. Jack veille sur Serkan, elle en est convaincue. Les conseils, paternelle bienveillance pour éviter que le jeune homme ne devienne qu'un assemblage d'os brisés, puis le laisser s'échapper entre des mains compétentes. Solitude enfin retrouvée. Un duo ressurgit, sculpté par le temps, et même si l'idée de croiser Cody n'était qu'une parenthèse lointaine, elle sent qu'en revenant à Brisbane, il serait le prélude de ses souvenirs, le récit de la vie après son départ. Ses yeux, ces fenêtres sur l'âme, plongent dans les abysses qu'ils contiennent, tout en se retenant de fixer trop intensément. Un lapsus furtif lorsqu'il évoque la salle de sport comme un bébé. Un sourire narquois s'esquisse, une pique subtile transperce l'air. Un trait acéré, capable d'ébranler le plus solide des guerriers. « Oh ... Et bien ... C'est un très beau bébé »Leur enfant a vu la lumière il y a plus de dix ans, et dans les arcanes de sa mémoire ne subsiste qu'une photo dans une boîte, leur triptyque d'amour avant que leur chemin ne diverge, jeunes insouciants puis solitudes indépendantes. Le temps, implacable, a frayé son chemin, laissant des souvenirs morts. « Un café, à condition que tu te souviennes du goût que j'affectionne » chuchote-t-elle, l'air malicieux. Noir, une cuillerée et demie de sucre brun, pas plus, pas moins. Le défi est lancé, le doute s'installe. A-t-il gardé en mémoire l'essence du café qu'elle aime ? Puis ses yeux qui glissent sur les mains de Cody, le bijou absent, les mains nues, des mystères à décoder. Cœur à prendre, ou simplement le protocole du combat qui lui interdit les ornements ? Les conjectures se taisent, les chimères se dissipent, et elle le suit, telle une ombre fragile, explorant les recoins de son univers. Un bureau, un sanctuaire de trophées qui récitent le récit silencieux de Cody. « C'est impressionnant tous ces trophées. Ils sont tous à toi ? » Elle n'est guère surprise, lui qui a toujours tracé sa route vers le succès. Ses doigts frôlent les trophées, puis elle s'éloigne, semblant fuir son regard. Comment agir ? Oublier le passé, ouvrant une porte vers l'avenir ? Comme si rien n'avait été, comme si tout n'était qu'une illusion passée. « Qu'est-ce que tu deviens ? » Ces mots, longtemps retenus, brûlent à présent sur ses lèvres. Elle se retourne enfin, et dans ses yeux, l'amour persiste, malgré les cicatrices que le temps a infligées. |
| | | | (#)Lun 21 Aoû 2023 - 4:03 | |
| Est-ce un mirage, la fausse ombre d'une Sibel lointaine ou est-elle réellement en train de fouler ce lieu qu'il aurait tant aimé lui faire découvrir toutes ces années, depuis la première ouverture de ces portes jusqu'à aujourd'hui, alors qu'elle le regarde de ses grands yeux et qu'elle est là, devant lui. Sibel. Son cerveau a bien reçu l'information de sa présence, mais son cœur continue de manquer des battements dès que leurs regards se croisent, qu'il entend sa voix ou qu'il sent son parfum. Son cœur se souvient. Ils n'étaient que des adolescents quand leurs cœurs se sont mis à battre l'un pour l'autre, son père lui assurant qu'un amour de jeunesse ne pouvait durer, même s'il le lui souhaitait. Il avait eu raison, en fin de compte, leur histoire n'avait pas pu durer. Mais l'amour, ô cet amour, lui dure. Cody le sent, ça le bouleverse, ça le prend aux tripes. Il l'aime, malgré les années et il se demande. Comment peut-on aimer quelqu'un qu'on ne connaît plus ? Son cerveau lui répond, en apprenant à la connaître une nouvelle fois. Et c'est ce qu'il veut faire, terriblement, lui prendre la main pour ne plus la lâcher.
En lui proposant un café, il ouvre une porte, première chance de renouveau. Bien sûr, elle est peut-être engagée ailleurs, son cœur bat sûrement pour un autre homme aujourd'hui, peut-être a-t-elle porté le fruit d'un autre amour, mais vous savez ce que l'on dit bien souvent. Je t'aime tant que je préfère avoir un peu de toi que rien de toi. Et c'est ce que Cody ressent, tant d'émotions en si peu de temps, des ressentis qui se bousculent dans un cœur si abîmé par la vie. Pour son plus grand bonheur, elle accepte d’échanger autour d’une boisson. « Un café, à condition que tu te souviennes du goût que j'affectionne. » Un défi qu'il saura relever haut la main. Noir, avec du sucre brun - 1 cullière et demi, pas plus pas moins. C’est ce genre de détails qui fait tout, sûrement, qui lui rappelle combien il a été impossible de l’oublier, malgré ses tentatives. Ne vous méprenez pas, persuadé de ne plus jamais la revoir, Cody a tenté par différents moyens d’oublier sa belle, se convaincant qu’un amour si jeune n’était de toute façon pas voué à vivre toujours, que ce ne pouvait être de l’amour, et qu’il allait trouver mieux, plus tard. Mais rien. Quelques amourettes, quelques vagues tentatives, quelques moments sur l’oreiller mais pas cet amour, pas ce palpitant qui vibre au contact de l’être cher. « Suis-moi dans ce cas. » qu’il répond en toute confiance avant de la mener vers son bureau. Ici, il la laisse explorer du regard, toucher du bout des doigts pendant que lui lance le café promis. Il ouvre un placard, en sort le sucre brun - il a pris l’habitude de le boire avec du sucre brun lui aussi. Il la regarde du coin de l’oeil, fier. Qu’elle soit là, dans son espace, qu’elle voit ce qu’il a pu construire. « C'est impressionnant tous ces trophées. Ils sont tous à toi ? » Il les regarde à son tour, ces trophées qui représentent tant à ses yeux. Certains sont à lui, pas tous. Il a dû tout mettre en parenthèses quand tout a explosé autour d’eux : l’université et une future carrière; le rugby; la boxe pour ne reprendre que quelques années plus tard, une fois le calme - réellement ? - retrouvé. « Si seulement. J’ai été très pris avec les petits. » C’est ainsi qu’il les appelait quand ils parlaient d’eux ensemble, s’en souviendra-t-elle ? « J’ai complètement arrêté la compet’ à ce moment-là et je n’ai pas repris. Il faut laisser la place aux jeunes. » Il sourit un peu. Il n’a plus l’âge qu’il avait quand ils se sont vus pour la dernière fois, les années se voient sur leurs visages, bien qu’elle soit toujours aussi belle à ses yeux.
Il le voit, ce regard fuyant qu’elle tente de cacher, qu’elle ne sait où poser. Café à la main, il entre dans son espace pour le lui tendre. A quand remonte la dernière fois qu’ils ont été aussi proches ? Alors qu’elle récupère le café d’entre ses doigts, il les effleure. Si longtemps. « Qu'est-ce que tu deviens ? » Sa question le ramène à la réalité. Une très bonne question, comment est-ce qu’on résume plus de dix ans de vie ? Par où on commence ? Qu’est-ce qui semble important et qu’est-ce qui ne l’est pas ? « Je suis toujours ici, comme tu le vois. J’ai pas bougé, j’ai gardé la maison. » Ash est mort, Adèle est en rémission mais ne lui parle presque plus, il est apparemment père même si l’annonce est toute récente. Est-ce qu’il est censé aborder tout ça autour d’un café dans son bureau ? Est-ce qu’il en a envie ? « Je me rends compte à quel point c’est triste. » Il rit, d’un petit rire jaune. Si elle savait, que cette grande maison vide lui donne de plus en plus envie de la vendre pour repartir à zéro mais qu’il n’a pas encore osé sauter le pas. « Mais j’ai monté le club en 2015 et je m’éclate, ça marche bien alors on va pas se plaindre. » Un sourire fier se dessine peu à peu sur son visage, il adore être ici, en parler, voir de purs inconnus entrer pour ne plus jamais en ressortir. Il ne plaisantait pas en disant qu’il s’agissait de son bébé, ça l’est. « Et toi ? » Une si petite question qui en cache tant d’autres qu’il n’ose pas poser. Où est-ce que tu vis ? Où étais-tu toutes ces années ? Est-ce que tu vas bien ? Tu es mariée, des enfants, une famille ? Tu penses encore à moi, des fois ? Comment tu gagnes ta vie, est-ce que ça te plaît ? « Tu es heureuse ? » De toutes ces questions qui fusent dans sa tête, c’est la seule qu’il n’arrive pas à retenir, parce qu’elle prend tant de place, parce qu’il veut tellement savoir. C’est tout ce qui importe. |
| | | | (#)Lun 21 Aoû 2023 - 15:37 | |
| Août 2023 - Salle de boxe - @Cody Shephard Elle ne résiste guère à le suivre, il faut dire qu'à l'époque, en Cody, elle plaçait une confiance aveugle. Elle l'aurait accompagné aux confins du monde s'il l'avait demandé. Elle franchit la porte de son bureau, son cœur palpitant avec une pression artérielle en hausse. Tout en se démenant, la belle brune essaie d'occulter ses émotions, bien qu'elle sache qu'elle se trouve en situation de vulnérabilité en sa présence. Les clés de son cœur et de son âme appartiennent à Cody ; il pourrait l'utiliser à sa guise pour la découvrir et la redécouvrir, la lire comme un livre ouvert. Même après toutes ces années, en cela elle est convaincue. Quand elle observe Cody prendre le sucre brun du placard, elle saisit qu'après toutes ces années, il n'a rien oublié de ces petites attentions. Un sourire éclot sur son visage alors qu'elle décèle qu'il boit toujours son café de la même manière. Aura-t-elle donc laissé des empreintes indélébiles ? Elle le remercie et, de manière maladroite, saisit le verre un peu trop brusquement. Quelques gouttes de café se renversent sur son haut en dentelle blanche. Son sourire niais s'installe, elle a toujours été maladroite. Ou alors, c'est la chaleur de la peau de Cody contre la sienne, ne serait-ce que pour un instant, qui l'a fait s'alarmer. Le contact furtif de leurs doigts la submerge, bien au-delà de ce qu'elle peut endurer. Un frisson traverse son corps. Elle retrouve son équilibre lorsque Cody évoque les siens. « Les petits ont dû grandir depuis le temps, comment vont-ils ? » Un sourire se dessine, lui qui affichait toujours une tendre affection pour son petit frère et sa petite sœur. Bien qu'elle ne les ait jamais rencontrés, Cody évoquait constamment leur existence. Après le décès de leurs parents, il est devenu leur figure paternelle, et le reste de l'histoire est connu. Les trophées exposés dans son bureau témoignent de la pureté de son âme, toujours déterminé à aider les autres, aujourd'hui encore. « Tout va bien, tu es encore bien conservé pour une vieille branche », lâche-t-elle souriante. L'instant d'après, elle regrette ses paroles. Elles ont jailli de ses lèvres trop rapidement. Cependant, elle le pense sincèrement. Il est toujours aussi séduisant, voire plus musclé qu'autrefois. Elle se raclant la gorge, baisse les yeux pour ensuite les relever, captant la mélancolie dans la voix de son ancien amoureux. Elle cherche à le réconforter comme elle le faisait à l'époque, lorsque la tristesse l'accablait. « Tu as fait de ton mieux, Cody. Tu as été incroyable, et même aujourd'hui, tu fais briller les yeux des enfants. Regarde Serkan », dit-elle en désignant à travers la vitre du bureau où Serkan semble engagé dans un combat amical avec Jack. Elle a toujours éprouvé une fierté indéniable envers Cody, en tout ce qu'il a accompli, même si cela était bien trop lourd pour ses épaules à l'époque, et même si, sans doute à son insu, il a dû choisir entre sa famille et Sibel lors du décès de leurs parents. Elle s'assoit ensuite sur la chaise face au bureau de son ancien amour, croisant les jambes et balançant nerveusement d'un côté à l'autre, trahissant son anxiété. Elle n'a pas été enfermée entre quatre murs avec lui depuis bien trop longtemps. « Très ! », répond-elle promptement, du tac au tac, à peine a-t-il eu le temps de terminer sa question. Est-elle vraiment très heureuse comme elle le prétend ? Un mensonge qu'elle énonce rapidement pour ne pas montrer à quel point elle se sent pitoyable en réalité. Même si son éclatante bague brille de mille feux, son sourire est toujours figé sur son visage. Le jour où elle a quitté Brisbane sans un mot, sans un au revoir, et surtout contre son gré, une part de son cœur et de sa joie de vivre s'est évaporée. Elle maintient cette façade, gardant la tête haute. « Enfin ... Je t'avoue que j'ai été un peu stressée dernièrement », dit-elle, incertaine si elle veut lui révéler le reste de sa vie, mais consciente qu'il finira par le découvrir d'une manière ou d'une autre. « Nous sommes en plein dans les préparatifs pour le mariage prévu en septembre, et c'est un travail considérable » Les mots tombent. Peut-être qu'elle souhaite le blesser autant qu'il l'a fait lorsqu'il a tout laissé derrière lui, elle et sa fille, sans se battre. Peut-être qu'elle espère qu'en parlant haut et fort de son mariage, elle pourra elle aussi se convaincre que c'est la meilleure décision pour son avenir. Une gorgée de café supplémentaire brûle sa langue au passage. Toujours maladroite. « Si tu n'as rien de prévu, ce serait un plaisir de t'avoir parmi les invités », dit-elle, réalisant seulement un instant à quel point cette invitation est aussi surprenante et hasardeuse que sa présence ici. |
| | | | (#)Mer 23 Aoû 2023 - 0:07 | |
| Quelques minutes à peine en présence l’un de l’autre et Cody retrouve déjà la Belle de ses souvenirs : tout aussi jolie, bien sûr mais aussi maladroite qu’à l’époque, fuyant son regard d’une légère timidité, ce sourire dont il rêve encore parfois la nuit, sans oser se l’avouer le jour. Leurs mains s’effleurent et quelques tâches brunes viennent orner le haut de la jeune femme, un sourire se pose sur ses lèvres, Cody rit. Il saisit rapidement une serviette posée juste à côté de la cafetière et sans calculer une seule seconde qu’il devrait sûrement laisser la jeune femme se débrouiller, il tamponne la zone salie pour tenter de retirer le liquide. Bien sûr, le café ne se retire pas d’un coup de mouchoir. « Désolé. » est tout ce qu’il trouve à dire, ajoutant une demi seconde plus tard. « Tu pourras aller prendre de l’eau dans les vestiaires si tu veux. » Plus tard, il supplie du regard, refusant de casser ce moment, refusant de la voir partir comme autrefois, son regard restant ancré dans le sien, peureux à l’idée de cligner des yeux.
Alors il enchaîne, il ne la laisse pas partir, ils parlent des petits - comme ils les appelaient autrefois, quand Cody n’était qu’un adolescend avec deux enfants collés à lui, rêvant de suivre le grand frère dans toutes ses sorties de grand. Les enfants ont bien grandi, Adèle continue de grandir - de vieillir plutôt. Il n’a jamais eu l’occasion de leur présenter Sibel, et finalement la belle est vite devenue son secret à lui, qu’il garde encore précieusement, estimant désormais qu’il est trop tard pour évoquer le sujet, pour ouvrir cette faille en lui qui expliquerait pourtant tant de choses à sa cadette. « Les petits ont dû grandir depuis le temps, comment vont-ils ? » Aujourd’hui, il décide de faire ce qu’il a fait dix ans plus tôt, il cache la vérité sous le tapis, ne souhaitant pas voir ce regard d’inquiétude, de tristesse voire même de pitié chez Sibel qu’il retrouve à peine, il ne le supporterait pas. « Ils vont très bien, ils sont adultes maintenant. » Mensonges, mensonges. Il revoit le visage de sa sœur lui annonçant son cancer, revoit le cercueil renfermant pour toujours son petit frère, la voix dure d’Adèle qu’il ne comprend plus - et qui ne le comprend plus en retour - résonne dans ses oreilles. Ils ne vont pas bien, aucun d’eux. Mais c’est plus simple ainsi, pour tout le monde.
Il tourne encore son mensonge dans sa tête, hésitant à lui avouer la dure vérité quand il entend ses mots. « Tout va bien, tu es encore bien conservé pour une vieille branche. » ça ne devrait peut-être pas provoquer une tempête dans sa tête, un bourdonnement dans ses oreilles et son coeur ne devrait certainement pas s’emballer devant une si courte phrase et pourtant, il se retrouve bête devant elle, le regard fixé, le coeur prêt à sortir de sa poitrine pour s’étaler à ses pieds - serait-il capable d’en faire de même ? Il se sent ridicule, et très certainement qu’il l’est pour de vrai. Tant d’années passées à n’aimer qu’elle, une phrase si simple et le voilà tout chancelant. « T’es pas mal non plus je dois dire. » Si seulement ce n’était que ça, si seulement elle n’était que pas mal, il sait Cody, qu’elle est bien plus que ça. Il serait capable de réciter une bonne vingtaine d’adjectifs tous plus exceptionnels les uns que les autres pour la décrire. Et franchement, il devrait se sentir bête. Peut-être que ce soir, en rentrant chez lui, il se sentira idiot. Mais pour le moment, il est encore cet ado de dix-sept ans rencontrant l’amour pour la première fois, à la découverte d’un nouveau monde qui allait s’effondrer bien trop tôt.
Elle le réconforte, ce qui ramène bien vite des souvenirs enfouis d’un autre moment : il a explosé dans ses bras, se laissant aller à toute la peine qui le submergeait. Ils étaient si jeunes, pas équipés pour vivre un quelconque drame, et ils ont été forcés de les enchaîner, ne se relevant que pour affronter la peine d’après, sentence après sentence. Il tourne les yeux vers Serkan, ça fait du bien de se rappeler des raisons pour lesquelles on se lève tous les matins. Ce serait mentir que de dire qu’il n’a pas des regrets parfois, alors que son imagination le mène vers une vie qui aurait pu être : une vie avec elle sûrement ? Avec leur fille ? Une vie où il aurait pu terminer ses études, vivre ses années d’université comme les autres, vivre sa vingtaine sans avoir à se soucier d’un autre que lui.
Mais ça ne sert à rien de s’imaginer d’autres vies que la sienne, parce qu’il n’a que celle-là mais aussi parce qu’il n’est pas non plus malheureux. Vous ne l’entendez pas remercier le ciel pour cette vie, ça non, car il est persuadé qu’il aurait pu mieux tomber mais il vit avec ce qu’il a, et ce n’est pas si mal. Il est là, son affaire tourne, sa sœur va mieux, Sibel est devant lui - ce dernier fait n’est probablement qu’éphémère mais il faut savoir apprécier les petits bonheurs que la vie nous tend - alors il estime que tout compte fait, c’est pas si mal pour être heureux. Et il espère qu’elle aussi, se plaît dans sa vie, qu’elle se lève le matin heureuse d’attaquer une nouvelle journée, sourire aux lèvres et démarche assurée. Il l’imagine rayonnant de bonheur tous les matins au réveil - et s’il s’imagine à côté d’elle, vous ne pouvez pas le lui reprocher. Elle répond vite, ça le surprend un peu mais il ne se laisse pas imaginer le pire : il ne l’a pas vue depuis tant d’années qu’il n’est plus en capacité de décrypter chacune de ses intonations. Alors il se contente de l’écouter, un sourire aux lèvres, heureux d’entendre sa voix lui raconter sa vie.
« Nous sommes en plein dans les préparatifs pour le mariage prévu en septembre, et c'est un travail considérable » C’est marrant, quand on y pense, comme on peut être la personne la plus attentive un moment puis ne plus entendre qu’un bourdonnement dans les oreilles. C’est aussi drôle comme le cerveau se protège, empêchant de voir ce qui pourrait nous déranger. Car maintenant, le regard de Cody est scotché sur cette bague qu’il n’avait pas vue jusqu’ici, comme si elle n’était pas assez visible. Si tout à l’heure, il n’avait pas réalisé à quel point il pouvait être bête de se sentir de nouveau adolescent auprès d’elle dix ans après leur dernière rencontre, il se sent désormais comme le plus idiot des hommes, ne comprenant même pas comment il a pu se laisser aller à de telles rêveries à trente-cinq ans, comme s’il n’avait que ça à faire. Il se sent en colère contre lui-même, peut-être même un peu contre elle mais sûrement que ça n’est le résultat que d’une jalousie grotesque. Évidemment qu’elle va se marier, évidemment qu’elle est retombée amoureuse. Dix ans. Il n’y a que lui pour ne pas réussir à tourner la page après tant d’années sans se voir ou se parler. « Si tu n'as rien de prévu, ce serait un plaisir de t'avoir parmi les invités » Alors que son regard s’était fixé sur la pierre bien trop grosse présente à son doigts - non, ce n’est pas la jalousie qui parle -, il relève bien vite les yeux vers elle. Quelques secondes de silence passent entre eux, alors qu’il ne sait comment réagir. Ils ne se connaissent plus, ne se sont pas vus depuis bien trop longtemps, il ne devrait rien ressentir à son égard, ou peut-être seulement de la joie à l’idée de la savoir amoureuse et presque mariée. Bien sûr, une petite pointe de mélancolie à l’idée de ne pas avoir été celui mais toutes ces émotions qui le traversent maintenant sont démesurées. Il aimerait rembobiner, ignorer sa présence, faire semblant de ne pas la reconnaître, assurer l’entraînement de Serkan pour ne pas avoir à se retrouver ici, coincé dans cette discussion qu’il aurait dû prévoir mais qu’il n’a pu imaginer. « Avec plaisir oui. » Quoi ? Est-ce sa voix qu’il entend prononcer ces mots ? Impossible, il ne serait pas idiot au point d’accepter cette invitation de simple courtoisie. Et pourtant ! « Je peux venir avec ma femme ? » Sa qui ? Cody devient fou, il n’y a pas d’autre explication, rien qui ne puisse justifier le fait qu’il soit en train de mentir seulement pour protéger son coeur - ou peut-être avec l’espoir que ça fasse aussi mal de l’autre côté ? S’inventer une femme en quelques secondes, voilà une idée des plus farfelues mais on peut toujours compter sur le jeune homme pour trouver des idées grotesques comme celle-ci. Il entretient désormais le secret espoir qu’elle lui dise non, que le mariage soit annulé - il en rêvait déjà avant son mensonge -, ou qu’une météorite vienne subitement s’écraser sur lui - et juste sur lui -, car si elle accepte, il ne lui restera plus qu’un mois pour trouver une femme. Il n’a pas assez d’argent pour s’en payer une - et bon dieu, quelle idée! - alors il ne restera plus qu’à trouver une solution, et vite. « C’est chouette c’est chouette… Je suis marié, toi tu vas l’être bientôt, que de changements ! » Un enfant pourrait sentir le malaise qui s’installe, Cody ne sait plus que dire ou comment réagir et il n’a finalement qu’une envie : prendre ses jambes à son cou. « Enfin bref, ce sera à Brisbane du coup ? » qu'il demande, se rendant compte qu'il ne sait même pas si la jeune femme est restée dans la même ville depuis toutes ces années. Serait-ce possible, qu'ils ne se soient jamais croisés ? |
| | | | (#)Ven 25 Aoû 2023 - 11:57 | |
| Août 2023 - Salle de boxe - @Cody Shephard Elle esquisse un rire léger en constatant que quelques gouttes de café se sont échappées sur son chemisier blanc. Les yeux levés, elle croise le regard de Cody, déjà prêt à bondir avec un torchon pour effacer la tache. Dans cette proximité, leurs souffles se mêlent, un instant de coexistence dans leur intimité précieusement préservée. Les gestes de Cody se tracent sur le tissu, érigeant une passerelle entre leurs mondes séparés. Sibel observe, captivée par le visage qu'elle n'avait pas contemplé de si près depuis tant d'années. Elle réalise à quel point il lui a manqué, sa présence familière et sa volonté de sauver le monde. Un sourire s'esquisse sur ses lèvres alors qu'il semble s'excuser malgré son action de secours. Elle lui adresse un sourire qui murmure qu'il n'y a pas de mal. « Tu as empiré la chose je crois, mais c'est ... Artistique », plaisante-t-elle en riant doucement. La tache a grandi sous ses soins, mais cela n'a pas d'importance. « C'est l'occasion ou jamais de m'offrir un t-shirt estampillé de ton club de boxe », ironise-t-elle, sachant qu'il en possède sûrement. Toutefois, secrètement, elle aurait préféré qu'il lui prête un t-shirt à lui, pour se baigner dans l'essence de son odeur. Les conversations s'enchaînent, abordant leurs vies respectives. Sibel apprend les efforts de Cody pour ses frère et sœur, et une lueur de bonheur traverse ses yeux en apprenant qu'ils vont bien. Elle ne sait pas encore la vérité, qu'Ash est parti et qu'Adèle est malade. Si elle venait à l'apprendre, sa compassion pour Cody serait immense, une envie de le serrer contre elle pour le protéger de la douleur du monde. Mais ces pensées sérieuses resteront pour plus tard. Pour l'instant, elle l'écoute, découvrant à quel point il semble épanoui et accompli. Les paroles de Sibel prennent parfois le chemin de sa bouche involontairement, comme si ses pensées prenaient vie sans sa permission. Elle le trouve toujours aussi beau et bien entretenu, et ses mots se teintent de rougissement en réponse à son compliment. Un sourire inonde son visage depuis le début de leur échange. « Merci », murmure-t-elle doucement à celui qu'elle a tant aimé. Les souvenirs de leur adolescence remontent, une époque où tout semblait beau, mais où les défis étaient bien réels. Un amour naissant, peut-être trop tendre pour survivre aux tumultes du temps. La voix de Sibel s'écoule, portant des confidences involontaires à soi-même. Elle s'avoue que son mariage imminent en Turquie n'est pas forcément l'amour qu'elle prétend ressentir. Cependant, l'espoir qu'elle tente de cultiver est rapidement étouffé par une vérité qu'elle n'attendait pas. Cody lui révèle, avec une pointe d'humour, qu'il est également marié. Un frisson de déception perce le masque de sérénité de Sibel, une réalité qu'elle souhaitait ignorer. L'image d'une autre femme partageant la vie de Cody peint des éclats d'amertume en elle. « Bien sûr, toi, ta femme et tes enfants, si tu en as ? », réplique-t-elle, masquant ses émotions derrière l'ironie. L'envie de savoir s'il est devenu père, s'il conte des histoires pour endormir un enfant, brûle en elle. Assise sur la chaise, elle se balance nerveusement, ses jambes se balançant et son pied tapotant le sol. Un malaise émerge, l'ambiance change. « Rien d'étonnant, beaucoup de choses changent en dix ans », lance-t-elle avec une pointe de nostalgie. « Non, ce sera en Turquie. J'espère que tu n'as pas peur de prendre l'avion ? », ironise-t-elle. Elle n'a jamais eu la chance de voyager avec lui, mais elle aurait tant aimé lui montrer le monde. Les ombres du présent se glissent dans la conversation. « Alors, la vie de couple marié, c'est comment ? Tu dois me donner tous tes secrets pour que ça dure », plaisante-t-elle, bien que son sourire cache une curiosité douloureuse. « Paraît-il que ça change un couple ! » Sa posture dissimule une tension, le poids de la réalité qui menace de briser le charme de leurs retrouvailles. |
| | | | (#)Dim 27 Aoû 2023 - 16:15 | |
| « C'est l'occasion ou jamais de m'offrir un t-shirt estampillé de ton club de boxe » Quelques mots et son cœur chavire. Car désormais il l’imagine, le logo qu’il a mis tant de temps à imaginer dans le dos, elle se baladant dans les rues de Brisbane vêtue de ce t-shirt qui veut tant dire à ses yeux. Son imagination avance, il la retrouve elle, uniquement vêtue de ce t-shirt. Il essaie de chasser l’image de son esprit mais elle revient de plus belle, souhaitant s’ancrer en lui pour ne plus jamais repartir. Elle plaisante certainement, lançant une boutade sans attendre quoique ce soit derrière mais Cody ne résiste pas. Il se dirige vers son bureau et ouvre un placard présent sur la droite. De nombreux vêtements sont présents, arborant fièrement le logo de l’école. Il en sort un sweatshirt, vêtement plus approprié au temps qu’il fait dehors : c’est l’hiver à Brisbane et Cody, alors qu’il lui tend le précieux objet, espère un jour la recroiser avec ce vêtement sur le dos. Il sait, évidemment, que ça n’arrivera pas, pour tout un tas de raisons évidemment, mais il se laisse rêver un peu, c’est ce qu’il fait le plus souvent.
La discussion semble simple, couler comme de l’eau dans une darse, Cody en viendrait presque à oublier les années et la distance, quelques paroles et il se retrouvera le jeune qu’il était, oubliant tout le reste, ne se retrouvant plus qu’en elle. Quelques mots tendres et il tombera, cela lui semble être une certitude. Il voit déjà le futur s’étaler devant eux, beau. Puis le fracas, Cody rêve trop, tout le temps, sans jamais trop se préparer au réveil terrible. Ce mariage, il lui tombe dessus - il aurait dû s’en douter bien sûr, Cody est bien trop naïf et se laisse bien trop aller à ses rêveries. Elle est amoureuse d’un autre, il devrait l’être aussi. Il aurait dû tourner la page il y a bien longtemps, mais n’a pas rencontré le succès. Beaucoup diraient qu’il l’a dans la peau, lui ne sait pas, il sait juste qu’une part de lui est restée coincée toutes ces années en arrière, avec eux.
Alors il ment, il le regrette presque aussitôt bien sûr - ce n’est pas beau de mentir - mais sur le moment, c’est la seule chose qui lui vient à l’esprit pour barricader son cœur. Cachez-le au plus profond, il fera moins mal. Il s’invente une vie en quelques mots, une femme qui l’attendrait le soir dans la maison familiale, le portrait dont il a toujours rêvé, mais qui n’existe que dans ses mensonges. « Bien sûr, toi, ta femme et tes enfants, si tu en as ? » Des enfants. Il a envie de rire Cody car il vient d’apprendre que deux petits portent ses traits, ses gênes et ne savent rien de lui comme il ne sait rien d’eux. Il se refuse à les utiliser pour son mensonge ridicule ; ce serait d’ailleurs bien le moment d’arrêter de mentir ou du moins, de ne pas en rajouter. « C’est en cours. » qu’il dit dans un souffle qu’il veut rieur. Mensonges, mensonges. Et toi ? Qu’il rêve de demander, et toi est-ce que tu l’as oubliée ? qu’il aimerait ajouter. Et toi, est-ce que tu as tant avancé ? Les questions le brûlent mais il ne peut pas, bien sûr qu’il ne peut pas les poser. Ils ne sont plus les mêmes, ils ne peuvent plus tout se dire, tout se demander. Pire encore, Cody ment. Que sont-ils devenus ? « Rien d'étonnant, beaucoup de choses changent en dix ans » Ah bon ? qu’il a envie de hurler. Et pourtant c’est la triste vérité, ils ont vieilli, leurs vies ont fait du chemin - pas toujours dans le bon sens il faut se l’avouer. Mais tout ne change pas, beaucoup certes, mais pas tout. Ses sentiments n’ont pas changé, il le sait, l’a toujours su et se retrouve confronté à ceux de plein fouet. Est-ce qu’elle entend son cœur lui hurler qu’il est toujours là-bas avec elle ?
Le mariage, le mariage. Il a à peine le temps de presque oublier que cet événement existe - ou va exister - qu’il se le reprend en pleine tête. « Non, ce sera en Turquie. J'espère que tu n'as pas peur de prendre l'avion ? » En Turquie, les origines de sa belle, tant de fois ils se sont promis d’un jour y aller ensemble, pour que Sibel lui montre tous les coins et recoins de ce pays qui a vu naître sa famille. Voilà donc l’invitation, il ira en Turquie pour elle, comme promis. Mais tout est différent. « Bien sûr que non, ce sera un plaisir. » Mensonges, mensonges. « Alors, la vie de couple marié, c'est comment ? Tu dois me donner tous tes secrets pour que ça dure » Cody en est à ce point : il aimerait que ça cesse. Si on lui avait dit que le jour où il verrait enfin Sibel, il souhaiterait profondément couper court, il ne l’aurait pas cru. Et pourtant, se sentant de plus en plus coupable, il prie secrètement que quelqu’un vienne les sortir de là - il n’est pas sûr que Sibel soit bien plus à l’aise que lui. « Paraît-il que ça change un couple ! » « Il paraît oui. » Perdu dans ses pensées - comme si souvent -, c’est la première chose qui lui vient à l’esprit et qui passe la barrière de ses lèvres. Il se rattrape heureusement. « Enfin oui, bien sûr. Mais en bien, après tout quand on se marie, c’est qu’on le veut hein donc on est prêt à passer de couple à couple marié. Puis s’ajoutent les enfants… Enfin bon, tu verras bientôt ça. J’imagine ? » Comme s’il n’ose pas poser la question, est-ce qu’elle a déjà fondé sa famille, est-ce qu’elle va le faire ? Est-ce que ce qu’ils ont partagé ensemble il y a tant d’années est déjà oublié ou le sera bientôt ? Il veut s’échapper, s’enfuir d’ici à toutes jambes et oublier cette rencontre, ou du moins les mensonges dans lesquels il se retrouve désormais enfermé. Il ne veut pas oublier, il veut refaire. Refaire ce qui s’est passé quand ils se sont quittés, tout refaire et surtout, tout changer pour qu’aujourd’hui cette conversation ne puisse exister.
Encore une fois, les rêves ne sont pas la réalité et Cody n’a d’autre choix que de continuer avec le présent. Il retourne alors derrière son bureau, ouvre un des tiroirs et se saisit d’une carte où on peut voir son nom, le nom du club ainsi que son numéro de téléphone personnel. Il revient près de Sibel et lui tend. « Il y a mon numéro, si tu veux m’envoyer les détails. » Et même s’il rêve de fuir à toutes jambes désormais - malgré son cœur chavirant -, il n’ose prononcer les mots qui fermeront cette parenthèse. |
| | | | (#)Jeu 31 Aoû 2023 - 4:33 | |
| Août 2023 - Salle de boxe - @Cody Shephard Au moment où Cody s'approche, un doux frisson court le long de l'échine de Sibel, dévoilant l'inattendu. Entre leurs mains, un sweatshirt prend vie, témoin de ce lien naissant. Dans le silence des regards complices, elle accepte le présent, comme une offrande d'étoffe et d'émotions. Le tissu caresse sa peau tandis qu'elle le glisse avec grâce, telle une danseuse éthérée. « Alors, est-ce que je le porte bien ? » susurre-t-elle malicieuse, pivotant avec élégance. L'étoffe est un peu trop grande, mais cette taille démesurée résonne en elle comme une mélodie familière. C'est précisément ce qu'elle désire, ce qui la séduit. Dans les méandres de son esprit, une pensée s'élève, délicate comme une plume portée par le vent. Ce sweatshirt, a-t-il été autrefois drapé autour des épaules de Cody, emportant avec lui ses fragrances et son essence ? Une idée singulière, presque secrète, mais elle en explore les contours avec curiosité, comme si elle cherchait à s'approprier une part de lui, un souffle de son âme. Cependant, par-delà cette émotion chatoyante, des remous tumultueux prennent vie. Le mariage qui semblait inébranlable, tel un château de sable à l'aube d'une marée montante, commence à fléchir. Les vagues d'un amour longtemps enfoui s'entrechoquent brusquement, ébranlant ses certitudes. La réalité déchirante refait surface lorsque les mots de Cody évoquent sa femme et sa paternité imminente. Sibel esquisse un sourire de façade, une mélodie fausse qui résonne creux. « Félicitations ! » Ses félicitations s'envolent telles des notes discordantes, dissimulant la mélancolie qui lui étreint le cœur, une mélodie du passé qui persiste. Une lueur authentique réapparaît à l'évocation de sa présence à son mariage à venir. Se revoir, comme deux étoiles errantes se croisant à nouveau dans le ciel sombre, cette perspective éclaire son regard. Puis, une ombre s'immisce lorsque Cody semble ignorer la signification du mariage. Une incertitude s'insinue, telle une brume s'épaississant devant la lueur d'une bougie. Vite coupé par un questionnement timide. Sibel réplique d'une voix à la fois douce et empreinte de résolution, telle une brise légère portant les échos d'une décision profonde. « Je... Je ne suis pas certaine de vouloir des enfants. J'aime ceux de l'orphelinat comme les miens » murmure-t-elle, dévoilant ainsi les notes délicates de son dilemme intérieur. Les mots se libèrent comme des oiseaux quittant leur nid, portant avec eux un secret qui prend son envol. Accoudé au bureau, la carte de visite qu'il tend devient un fragment tangible de son essence, un lien matériel dans ce vaste univers. Toutefois, l'instant se brise brusquement avec l'irruption de Josh, porteur d'une nouvelle urgente. L'angoisse dans sa voix fait écho aux tourments intérieurs qui les tourmentent, un rappel que l'existence est faite de fragments inattendus. « Je suis désolé de vous interrompre, mais il semble que Serkan soit vraiment fatigué. Je pense que l'entraînement l'a épuisé » Ainsi, leur première rencontre, qui aurait pu être le prélude à une symphonie d'émotions, est soudain teintée de responsabilités et d'obligations, une partition imprévue orchestrée par le destin. |
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