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crédit/(ssoveia ) ✰ w/@Evelyn Pearson

Je crois qu’ils ne vous prennent pas au sérieux.
En tant que femme d’une trentaine d’années, tout pile et au compteur, quoi qu’on pourrait douter en te regardant, c’est une phrase que tu as souvent entendue. Malheureusement. Et tailler en pièce l’image que les gens ont de toi, c’est quelque chose que tu fais depuis très longtemps. Depuis que tu as l’âge de douze ans, si tes souvenirs sont bien exacts, une époque où tu subissais encore les lubies du moment de Cassandra. Mais que tu étais bien déterminée à être Lara malgré tout, et pas juste la fille de ta mère, ou juste le pantin de quelqu’un d’autre. Et entendre ce genre de critique alors que tu essayes d’attirer tes investisseurs potentiels pour ton prochain projet... Ce n’est vraiment pas quelque chose de plaisant. Tu aurais pu hausser le ton face au co-propriétaire du complexe d’appartements, mais à quoi bon ? Il a été sincère pour une raison et le sourire que tu as eu en réponse a été plus que crispé et la réponse sèche.
Je vais changer de stratégie. Inviter les gens au club ne semble clairement pas fonctionner, tu pensais que c’était un bon moyen de montrer que tu n’es pas une arriviste, que tu as un minimum d’expérience et pas juste le capital de base. Visiblement, ce n’est pas la bonne chose à faire, on ne voit que l’alcool et les tenues légères, et il y en a certains qui ne veulent pas être associés à tout cela. Pour une nuit qui sort de l’ordinaire ? Oui. Mais pour la vie de tous les jours et les rentrées d’argent ? Non, clairement non. Tu changes donc de tactique, comme tu le ferais pour un client qui n’aime pas les brunes mais qui préfère les blondes et les tenues d’écolières. C’est comme cela que tu le vois et pas autrement, si tu dois enfiler un autre “costume” pour avoir ce que tu veux, tu le feras, tu n’as rien à perdre maintenant et hors de question de reculer à la première petite difficulté. Pas de tenue d’écolière aujourd’hui, certainement pas devant les locaux de la fondation Pearson, ta chemise blanche est repassée et surmontée d’un joli nœud au niveau de ton cou, et une mini-jupe à carreaux au niveau de ta taille.
Tu hésites devant le bâtiment familier, alors que tu n’as rien d'une étrangère, que le nom de famill, ton nom de famille, est écrit en lettres importantes et imposantes. Tu n’as rien à faire ici, tu le sais, tout ça, ça ne te concerne pas, si à un moment de ta vie tu pensais bosser dans une entreprise pharmaceutique et pour la fondation en même temps... Tout ça est bien loin derrière toi et n’importe qui pourrait te reprocher de ne pas faire ta part, ce serait justifié et tu ne tenterais même pas de le nier. Tant pis, tu es là maintenant, ta main se referme sur ton sac en cuir et tu finis par pousser la porte. Tu connais le chemin dans un sens et la secrétaire qui te fait face semble un peu confuse quand elle te reconnait et te trouve dans le carnet de rendez-vous. Oui, tu as pris rendez-vous comme une personne lambda, parce que cela rend les choses plus simples et qu’Evelyn, que tu es venue voir, aurait toutes les raisons du monde de dire non. Tu attends tout de même dans une chaise plus que confortable et quand ta cousine fait son apparition après quelques minutes d’attente, tu te redresses aussitôt, un maigre sourire sur le visage. “Je suis ton rendez-vous de dix heures.” Ce n’est pas une mauvaise blague et certainement pas une visite de courtoisie, Evelyn doit bien s’en douter après tout. Tu la suis dans son bureau l’instant suivant, reprenant la parole quand la porte est refermée derrière toi et qu’il n’y a plus que vous deux. Dans son bureau, ici, à la fondation. S’il y a quelques mois en arrière on t’avait dit que vous en seriez là, tu n’y aurais pas cru. Autant ne pas remuer tout ceci, voilà ce que tu te dis, tirant la chaise en face de celle de ta cousine.
“J’aurais pu t’appeler avant, je sais, mais je me suis dit que ce serait plus simple et qu’on pourrait parler sans interruption.” D’où le rendez-vous, d’où la façon complètement alambiquée de venir lui parler, alors que tu as son numéro à elle et qu’un simple message aurait pu être envoyé. “Et techniquement, je suis là pour parler business.”

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@Lara Pearson ☆ crédit/ssoveia

"Je ne veux pas te mettre la pression." Un léger rire s’échappa des lèvres d’Evie. Son regard se dirigea vers sa mère qui était de l’autre côté du bureau, l’épaisseur de ses cils lui offrant l’excuse parfaite pour la regarder avec un soupçon de condescendance "Maman, je pense que ce serait faire une faveur à tout le monde de ne pas le prétendre quand c’est exactement ce que tu fais depuis quelques semaines." "Tu dois prendre une décision." Voilà, elle la retrouvait. Dans toute sa splendeur de chef d’entreprise, quand bien même elle se donnait un autre statut Celie, elle parlait enfin comme telle "Tu ne m’as même pas parlé de ta rencontre avec Auden. Je sais que vous vous êtes parlés et que ça a duré un certain temps." Comme tout le monde à dire vrai, et chacun y était allé de son petit pari pour évaluer les chances d’Evie de ressortir entière de cet entretien fortuit. Elle s’en était parfaitement sortie. Elle ne répondit rien à Celie, elle se contenta de marcher jusqu’à l’étendue de verre qui formait la baie vitrée de son bureau pour jeter un oeil absent à la marée de toit-hauts qu’elle voyait à cette distance, le bout de sa langue coincée dans le creux d’une dent du fond. Elle n’entendait parler que de ça en ce moment, et c’était sa potentielle accession à la tête de la MHI. Evelyn mesurait le poids de la couronne qu’on voulait lui faire porter sur la tête, elle en avait une idée précise puisque dans le fond, c’était celle qu’on avait tenu à lui faire porter tout au long de sa vie. Dans une moindre mesure certes, restait que les enjeux n’étaient pas bien différents sur le fond — à la différence près que cette entreprise ne porterait pas son nom, et qu’à part être le porte-parole d’une cause qui n’était pas la sienne, elle ne ferait pas grand-chose. C’était cette impression qu’elle avait en tout cas quand en vérité, c’était bien plus que ça : son image n’était pas parfaite, mais elle avait la détermination et la classe, autant de valeurs qui semblaient importantes pour les héritiers Williams qui s’évertuaient à refiler la patate chaude à quelqu’un avec les épaules assez solides pour redorer le blason d’une entreprise de prestige qui avait coulée sous les agissements véreux d’un homme en fuite. La responsabilité était immense, les enjeux l’étaient encore plus d’autant qu’Evelyn ne se sentait légitime qu’à cause d’une seule chose : sa mère, ici présente, qui avait été assez habile pour la positionner haut sur la liste des prétendants au titre comme s’il y avait un quelconque bien-fondé à ce que, du jour au lendemain, elle devienne garante de la responsabilité d’un autre.

"On en reparlera plus tard." C’était une façon polie de dire à sa mère de la laisser enfin tranquille "J’ai un rendez-vous à 10 heures, si tu veux bien me laisser m’y préparer." Faire passer un ordre pour une requête douce et bienveillante, voilà quel genre de cheffe était Evie. Celie ne discuta pas davantage, elle la laissa à son observation du panorama, et une fois seulement qu’elle fût partie, elle envoya un message à Rhett pour lui demander si à leur âge, faire semblant d’être malade pour rater une journée de travail, c’était considéré comme un acte raisonnable, ou si elle devait souffrir en silence jusqu’au moment où ils se retrouveraient ce soir. Elle n’attendit pas qu’il lui réponde, elle posa son téléphone sur lequel elle vérifia l’heure, se leva de sa chaise pour se rendre jusqu’à la petite annexe qui jouxtait son bureau dans l’idée d’accueillir son fameux rendez-vous de 10 heures.

La surprise se lisait sur son visage lorsque, la tête penchée, les sourcils très légèrement froncés, elle eut un sourire fugace en constatant qui l’attendait "C’est une embuscade, ou tu es sérieuse ?" lui demanda-t-elle pour la forme, et puisque ça semblait être sérieux en effet, elle lui fit un léger geste de la main, se décalant d’un pas pour la faire passer devant elle, et lui dit pendant qu’elle lui filait sous le nez "Après toi." Elle connaissait sûrement le chemin aussi bien qu’elle. Fermant la porte derrière elle, Evie alla s’installer derrière son bureau, et écouta les paroles de Lara sur laquelle elle posa en regard en tachant de ne pas déroger au rôle qu’elle cherchait à lui faire endosser ; ça avait changé entre elles, et elle l’acceptait sans chercher à arranger les choses, elle l’avait bien assez fait. Ses mains se joignant, ses lèvres se pinçant, elle opina du chef "Certainement. Je ne parierais pas sur le sans interruption, mais croisons les doigts pour que Celie n’apprenne pas que tu es le rendez-vous pour lequel je viens de la renvoyer de là où elle venait." Ses genoux se regroupèrent sous son bureau, son sourire se fit vague, mais sincère, et alors qu’elle prenait sens de ce que lui disait Lara, elle lui demanda "Pour parler business ? Tu veux investir dans la recherche médicale ?" Ce n'était qu’une blague qu’elle n’assumait qu’à moitié.

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Pas une embuscade, que tu penses, tu ne le dis pas à voix haute, cependant, tu comprends, plus que comprends même, la question d'Evelyn. Et tu aurais voulu être là pour une autre raison, vraiment, venir avec un sourire, tous un tas d'anecdotes croustillantes, du café et quelque chose de léger. Comme avant, tu serais venue la soutenir à son nouveau boulot très important au sein de la famille. Pour lui apporter un soutien plus que nécessaire. Ce n'est pas le cas, tu pourrais t'appesantir encore plus que cela, sur la familiarité manquée, mais lorsque tu suis Evelyn dans son bureau, c'est toujours avec une expression déterminée sur le visage et toujours avec une mission en tête. Et puis, c'était ce que tu voulais pas vrai ? Cette distance ? Ce serait totalement hypocrite de te plaindre ou d'avoir des regrets maintenant, totalement. Mais Evie et toi, vous avez toujours le même nom de famille après tout et quand elle te parle de sa mère, que tu as loupé de peu visiblement, tu ne peux t'empêcher de légèrement froncer les sourcils. "Cela restera entre nous alors..."
Ton froncement de sourcils repart aussi vite qu'il est arrivé et face à la blague de ta cousine, c'était bien une blague, tu as un sourire beaucoup plus vrai que ceux que tu fais depuis des semaines et qui sont réservés à la clientèle, Itziar, ton assistant et tous les gens qui se pressent autour de toi depuis des semaines. "Oh, Miss Pearson, j'investis déjà la recherche médicale." Tu dis cela en posant une main sur ta poitrine, croisant les jambes sur ta chaise la seconde suivante. "Tous les soirs j'aide un homme dans le besoin en faisant des examens très précis et coûteux, histoire de sauver des egos et des mariages..." Ou est-ce briser des mariages dont on t'accuse et ce que tu fais à coup de mouvements de hanches bien placés ? Hmm, tu ne sais plus, parfois, tu te perds en sémantique et l'opinion très mal placée des gens. Souvent non sollicitée et en réalité, tu te moques bien du pourquoi ou comment les gens viennent à trouver les allées du club. Ils sont là parce qu'ils ont besoin d'une échappatoire, un endroit où personne ne va les juger, et si ça veut dire de l'alcool et des tenues légères, alors tu es plus que contente de pouvoir aider. "Vraiment, je fais ma part."
Et est-ce que tu le penses sincèrement ? Oui, c'est ça le pire, une partie de toi le pense, que tu fais un vrai service et qu'on ne devrait pas te juger pour cela. Tu supposes que c'est un débat qui ne prendra jamais fin et ce n'est pas pour cela que tu es là et c'est bien pour ça que tu prends une légère inspiration la seconde suivante, faisant disparaitre ton sourire. "Bref, je vais arrêter d'essayer d'être adorable..." Essayer seulement, mais autant ne pas faire son temps à Evelyn, surtout si sa mère traine dans les parages. Tu ne veux pas qu'on l'accable encore plus ou qu'on l'accuse de faire dans le favoritisme. "J'essaye de me lancer dans un nouveau projet et d'attirer des investisseurs mais on m'a plus ou moins dit que certaines personnes ne me prenaient pas au très sérieux." Devant Evelyn, c'est facile de l'admettre, facile de voir tes torts et ce dont tu manques. Devant les autres ? Pas tellement. La raison est simple : Evie a ton respect, pas la plupart des gens qui ont des grandes opinions et des bouches toutes aussi grandes pour les donner quand tu n'as envie de les entendre. Evelyn est une bosseuse née, elle l'a toujours été et cela ne t'a jamais paru être un problème de flancher devant elle, du tout. Sinon, tu ne serais pas là aujourd'hui, tu n'aurais pas déjà envie de lui montrer la présentation que tu as dans ton sac. Tu pourrais le faire, sortir cette clé USB de ton sac et lui faire toute la présentation, ce ne sera pas pareil avec Evelyn et tu serais plus que contente de répondre à ses questions. Ce sera pour plus tard.
"Je me suis dit qu'être présents à un gala de la fondation pouvait peut-être changer leur opinion de moi." Et voilà, la raison de ta venue, pourquoi tu as pris ce rendez-vous aujourd'hui et pourquoi ton sourire disparait la seconde suivante. "Et on m'a dit que c'était toi en charge de l'organisation alors..." Alors tu n'aimes pas particulièrement demander ce genre de faveur, mais qu'est-ce que tu as à perdre de toute façon ? "Alors je voulais savoir si c'était possible d'arranger cela."

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@Lara Pearson ☆ crédit/ssoveia

Elle fit mine de verrouiller sa bouche à double-tour Evie, répondant à Lara qui apposait le sceau du secret à la confidence que sa cousine venait de lui faire à propos de Celie qui pourrait bien débarquer d’un moment à l’autre pour flairer ce qu’elles étaient en train de se raconter. Mais elle n’était pas venue pour qu’elles prennent le thé Lara, n’est-ce pas ? Evelyn n’avait plus tellement le privilège de faire partie du cercle restreint de sa cousine, alors sûrement que non. Elle devait avoir trouvé le chemin des bureaux de La Fondation pour toute autre chose, et plus vite elle soulèverait sa raison, mieux ce serait puisque dire qu’Evie ne se sentait plus tellement à l’aise avec Lara serait un euphémisme : elles étaient quasiment redevenues des étrangères, un bond en arrière qui résultait de plusieurs mois d’incompréhension qui avait fini d’agacer la plus âgée des deux cousines.

Mais elle avait tourné la page, elle se cantonnait au rôle que Lara voulait qu’elle tienne, et les choses étaient très bien comme ça. De vraies Pearson en somme. Elle l’écouta, et comme la ligne suivie par Lara était on ne peut plus limite, elle tendit ses deux mains devant elle, les yeux brièvement fermés, et lui dit avec l’air un peu dégoûté de ceux qui ont mis le nez dans ce qui ne les regardait pas. Lara n’était pas sans savoir qu’Evelyn n’était pas particulièrement friande de ses récits de boulot malgré le fait qu’elle ne l’avait jamais jugée pour ce dernier "OK, je crois que c’est le moment de te rappeler que je n’ai pas besoin de tout savoir, et que moins je suis au courant, mieux je me porte. Merci beaucoup." C’était sûrement un peu puérile venant d’une femme comme elle, mais chacun son domaine d’expertise, et les moutons seront bien gardés. Elle laissa tomber ses mains sur son bureau, prit une inspiration pour mieux rouvrir les yeux ensuite, et se para du sourire qui était le sien sur une base quotidienne : solaire et sincère "Donc reprenons : en quoi je peux t’aider, Lara ?"

Lara qui convenait de concert qu’il était temps de cesser de vouloir être adorable, forçant ainsi Evie à se retenir de souligner qu’elle ne l’était pas. Elle savait se tenir, et l’écouta de nouveau dérouler enfin les raisons de sa présence dans son nouveau bureau "Le projet dont tu m’as vaguement parlé l’autre fois, quand on a déjeuné ?" Plus ou moins. Elle avait filé bien avant de pouvoir commander quoi que ce soit Evelyn, et finalement elle n’avait rien su des projets de sa cousine sur laquelle désormais, elle garda un oeil en essayant d’anticiper ce qu’elle tachait de lui dire "Et c’est quel genre de projet exactement, pour commencer ?" Peut-être que parler en énigme n’était pas la meilleure chose à faire pour être prise au sérieux, d’autant qu’à écouter la suite de ses paroles, il valait mieux en effet qu’elle se figure de ce qu’elle avait en tête avant d’envisager de mêler La Fondation à ses projets "Tu te dis que ça pourrait aider à faire changer leur opinion à ton sujet, ou tu espères que ça t’aidera à viser les meilleurs investisseurs ?" Elle haussa une épaule, joignant ses mains devant elle en ajoutant "Tu peux me le dire, ce n’est pas comme si on ne savait pas pourquoi ce genre de gala est mis sur pied. C’est un nid à mécènes, tu aurais tort de ne pas vouloir en profiter." Même si en toute honnêteté, ça débectait Evelyn que la cause mise sur le nom de son père n’était qu’un moyen détourné de faire de l’argent. Elle avait eu largement le temps de se rendre compte de comment les choses fonctionnaient : et elle était dans le vrai, Lara n’avait pas besoin de prétendre vouloir redorer son image devant elle. Elle arqua un sourcil, ne comprenant pas tout à fait la demander qu’elle lui faisait sur le coup "Arrange ça, tu veux dire, te placer sur la liste des invités au prochain gala ?" demanda-t-elle, lâchant un léger rire en secouant la tête pour se remettre les idées en place. Elle se recala dans son fauteuil de bureau, s’aidant élégamment des accoudoirs pour le faire, et reprit dans la foulée, balayant ses longs cheveux bruns de son visage pour les replacer dans son dos "Parce que si c’est ce que tu me demandes, je crains ne pas avoir grand-chose à faire : tu es déjà sur la liste, c’est toi qui ne veux plus t’y rendre depuis quelques années." lui rappela-t-elle sans la juger, plutôt mal placée pour remettre en cause les raisons de sa cousine de ne pas se présenter aux sauteries du clan Pearson.

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“C’était une blague...” Les simples mots sont ajoutés à mi-voix alors qu’Evelyn reprend aussitôt tes propos, t’arrête même et elle te rappelle que ce que tu fais dans ton club... peut rester dans ton club, cela ne l’intéresse pas. Du tout. Tu le sais, bien entendu que tu le sais, Evelyn n’a jamais mis les pieds à Paradise City de nuit, quand toutes les chaises sont occupées par des clients plus que soucieux de passer un bon moment, qu’on se presse au bar ou même dans les salles privées. Et tu sais également que cela ne sera jamais le cas, à dire vrai, tu as bien dû mal à imaginer ta cousine dans un tel environnement. Ce qui n’est même pas une critique, c’est juste qu’en gardant ce rideau fermé, il est clair que c’est toute une partie de ta vie ou même de ta personnalité qu’elle ne verra jamais et qu’elle ne connaitra jamais. C’est un choix, que tu ne comprends pas du tout, mais que tu peux tout de même respecter. Aussi, tu ne t’attardes pas trop sur ce simple détail, tu continues de fixer Evelyn et de lui expliquer la raison de ta venue. Qui n’est même pas un secret, c’est juste qu’il y a réellement de la distance entre vous maintenant, et tu ne parles pas juste de ce bureau ou de cette réunion aujourd’hui. Soit, c’est fait, aucun moyen de retourner en arrière, tu vas de l’avant, elle aussi, ça ne fait aucun doute quand elle est derrière ce bureau aujourd’hui. “Les deux ?” Que tu théorises à la question de ta cousine. Tu ne sais pas encore si tu perds ton temps à vouloir faire changer des avis, tu es prête à bosser avec n’importe quel investisseur qui verra de la valeur dans le projet.
Et surtout, qui te verra toi en charge et qui comprendra que c’est un atout et pas autre chose. Tu es motivée et passionnée, tu peux endosser plusieurs rôles, tu le fais au club et tu sais que Paradise City, ce n’était que le début pour toi. Tu n’aurais jamais pensé avoir autant d’ambition il y a près d’un an de cela, mais les gens changent pour une raison, non ? Tu te retrouves à hocher la tête à la prochaine question d’Evelyn qui t’assure que tu es toujours sur la liste des invités. Toujours, tu joues toujours les absentes, pourquoi d’ailleurs ?  “Parce que j’ai toujours trouvé que j’étais de trop.” Et l’atmosphère était toujours trop étouffante et le dernier gala auquel tu t’es rendu... s’est fini avec Evelyn à l’hôpital et sa mère qui convoque tout le monde pour appeler au silence devant les journalistes. Donc oui, on t’excusera de ne pas t’être imposée tout cela sans aucune raison valable. Tu ne sais même pas comment Evelyn fait pour jongler tout ça sans que sa tête n’explose, un exploit, sincèrement.  “Et ce ne serait pas que moi sur la liste, mais également cinq ou six personnes que je voudrais impressionner, je me suis dit que demander serait une meilleure façon de procéder, histoire que ce ne soit pas une surprise totale.” Et de pouvoir gérer niveau organisation, c’est surtout pour ça, c’est un milieu ou les apparences jouent beaucoup, tu pourrais en jouer et débarquer comme un cheveu sur la soupe... Ce n’est pas l’image que tu veux renvoyer en fait. “Je peux te faire mon petit speech, ça ira plus rapidement.” Pour répondre à ses questions et comme ça, Evelyn saura et elle sera la première personne de la famille à qui tu en parles vraiment... encore une fois.
Cela ne te surprend guère, et tu as envie de partager tout ça avec elle, même toi, tu détestes ce mur que tu as érigé entre vous deux et avant de changer d’avant d’avis, tu finis par sortir ta clef USB de ton sac.  “Tiens, pour ton ordinateur.”  Pour parler de ton projet justement, tu laisses Evie trouver ton Power Point et tu te lèves un instant plus tard, lissant les pans de ta jupe, prête à parler pour accompagner les images qui défilent. Du complexe d’appartements tel qu’il l’est maintenant et ce qu’il pourrait être dans quelques années avec le bon investissement et la bonne équipe. “Okay... on cherche tous à se détendre et on peut tous citer au moins un ou deux endroits très exclusifs, chers et où il faut prendre des réservations des mois à l’avance, tout ça pour se faire juger, si on vient en jean et en baskets ? Ce complexe serait l’opposé. Un complexe de détente avec des prix abordables et des offres pour toutes les poches...”  Tu insistes sur le dernier point avec un hochement de tes sourcils. Tout le monde n’a pas votre nom de famille ou même les poches aussi profondes et si tu as bien appris quelque chose en gérant Paradise City, c’est que tout le monde a besoin de lâcher un peu de lest, tout le monde. “Pour la détente mais pas que. Il s’agit de s’occuper de soi en un seul endroit, pour éviter les intermédiaires et les douze mille factures : avec un spa, un centre esthétique, une gym et un studio de danse. Avec différents niveaux d’abonnements, les futurs clients pourront profiter de tous ces services autant de fois qu’ils le veulent dans le mois, sans se soucier de leur porte-monnaie ou d’avoir fait la dépense de trop ce mois-ci.” Tu y as pensé, suffisamment pour trouver un moyen de te démarquer d’une possible compétition et... tu marques une pause, pour te tourner vers Evelyn, car tu es définitivement perdue dans tes propres pensées. “... tu peux me le dire si j’ai visé trop gros... encore une fois.” 

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Lara avait toujours eu l’impression d’être de trop, et c’était un sentiment qu’Evelyn avait toujours compris, cygne noir d’une portée de cygnes blancs que sa mère avait choyés plus que de raison, consciente que d’attendre de sa mauvaise graine une coopération complète lui prendrait des années de travail au corps. Evie dans ce bureau aujourd’hui, membre de l’organigramme de La Fondation depuis quelques semaines maintenant, c’était la preuve qu’il ne fallait jamais cesser de s’obstiner. Ça tombait bien puisque Celie était d’une ténacité féroce.
Toujours est-il que ce sentiment désagréable qu’elles avaient toutes les deux, Lara et Evelyn, c’était la raison principale de leur accointance. Elles n’avaient pas mis longtemps avant de s’apprivoiser sur cette base en particulier, mais les choses avaient changé. Ce n’était pas dû à la place qu’Evie avait prise dans La Fondation, encore que sa place n’était franchement pas à envier, ça avait débuté bien avant ça, seulement ce n’était franchement pas utile de revenir sur tout ça. Dans tous les cas, les galas n’avaient jamais été le fort des deux femmes qui se trouvaient là, et puis le dernier auquel elles avaient participé avait été un désastre, et personne ne tenait à le réitérer. Il y avait peu de chance que ça arrive d’ailleurs, Dominic Perry était interné dans un institut spécialisé désormais, fait auquel Evie pensait plus souvent qu’à son tour sans jamais en parler, le goût doux-amer de la sentence qui lui avait été appliquée — aucune, si ce n’était de se faire soigner — restant une épreuve difficile à avaler au point qu’aujourd’hui, elle préférait faire comme si rien ne s’était jamais passé. Compliqué à faire quand à partir de là, tout avait tout foutu le camp : la liste des dommages collatéraux de cette soirée était trop longue pour être lue aujourd’hui, et de toute façon Evelyn n’en avait aucune envie.

Elle se recentra, pressant ses lèvres l’une contre l’autre pour mieux y parvenir, concentrée sur le petit discours de Lara qu’elle écouta attentivement "Et quelles personnes tu as dans ton viseur ? Lara, je sais que tu aimes soigner tes entrées, mais moi j’aime quand ça va vite." lui fit-elle en mimant la vitesse avec ses doigts, les faisant claquer devant son propre nez, parce qu’elle n’avait pas de temps à perdre avec l’amour du spectacle de sa cousine. Sa patience était infinie, Evelyn avait toujours eu à coeur d’être à l’écoute, mais son temps à La Fondation était compté, et Lara l’ignorait. Elle le lui dirait quand elle en viendrait au fait, et plus tôt serait le mieux "Je t’en prie, fais." l’encouragea-t-elle alors lorsqu’elle lui proposa de lui faire son petit speech comme elle le disait. Elle se laissa basculer en arrière, posa ses deux mains jointes sur le renfoncement de son abdomen, mais changea rapidement de position, donnant d’ailleurs l’air de sursauter en se redressant, quand elle lui tendit une clef USB qu’elle n’hésita pas à prendre et qu’elle ficha directement dans son ordinateur pour avoir sous les yeux un PowerPoint qu’elle eut besoin d’arrêter un instant pour enfiler ses lunettes de vue. Elle les plaça correctement, prit une profonde inspiration en dégageant ses épaules de ses cheveux "Désolée. Tu peux reprendre."

Elle ne la coupa pas tout du long, la laissant se répandre en explication pendant qu’elle suivait les images qui défilaient sur l’écran de son ordinateur en faisant la navette entre ces dernières et le visage de sa cousine qui avait travaillé sur ce projet auquel elle croyait. La première question qui vint à Evelyn, c’était si elle comptait continuer à gérer son club, faire quelques numéros ou elle ne savait guère quoi encore, les cours de danse qu’elle donnait de temps à autre, tout en mettant sur pied toute cette affaire qui ne semblait pas mauvaise. Dire qu’elle avait visé haut serait un peu exagéré, mais elle avait peut-être besoin de se recentrer, songea-t-elle en restant attentive à tout ce qu’elle lui disait.
Non gênée d’être critique, Evelyn mis sur pause le PowerPoint de sa cousine pour oser lui dire puisque, visiblement, c’était un avis qu’elle attendait de sa part. L’index qu’elle avait planté sur la touche de son clavier resta levé devant son nez, puis disparut dans son poing quand, joignant de nouveau ses mains, elle s’appuya dessus avec son menton "Je vois l’idée, et ce n’en est pas une mauvaise. Le principe du complexe accessible à toutes les bourses, c’est quelque chose qui peut fonctionner sans mal. Encore que les spas sont généralement un caprice de gens fortunés. Peut-être moins le salon d’esthétique, c’est vrai. Mais à ce propos, je trouve que ce serait mélanger les torchons et les serviettes que de les proposer au même endroit que le studio de danse et la salle de gym." Elle s’arrêta juste pour lever les yeux par-delà la bordure épaisse de ses lunettes de vue, regarder Lara, et ajouter sur sa lancée "Et en toute honnêteté, je ne suis pas certaine que ce soit le loisir de prédilections des gens modestes. Je parle du spa en particulier." Ses épaules se haussèrent alors qu’elle réfléchissait, son dos se courbant pour retrouver le dossier de sa chaise de bureau qui s’inclina doucement quand elle remua, laissant son poids plume se relâcher en même temps que sa respiration. Les coins de sa bouche opérèrent un mouvement vers le bas pour marquer son assentiment "Pour le reste, l’idée des activités annexes, du studio de danse et de la salle de gym notamment, serait à potasser davantage. C’est un marché où il y a déjà de la concurrence. Je veux dire par là qu’il est déjà saturé par de grosses franchises aux abonnements très, très attractifs depuis la démocratisation des réseaux sociaux et du culte de l'image à renvoyer. Chad a ouvert sa propre salle de sport il y a quelques temps maintenant." pensa-t-elle tout haut en fronçant les sourcils, mettant son cerveau au service de sa cousine pour lui donner le meilleur avis possible. Enfin, elle releva les yeux pour lui demander, curieuse "Qu’est-ce que dit ton étude de marché à ce sujet, est-ce que proposer une énième option de ce type ne te forcera pas à te tirer une balle dans le pied ?" Doucement, elle leva les mains devant elle, se redressant en même temps pour faire à la jeune femme qu’elle savait assez susceptible pour prendre de travers le factuel du bulletin critique qu’elle lui adressait sanas arrière-pensée "Je suppose juste. Je ne suis pas une experte et tu le sais, alors je te laisse me dire ce que tu as tiré de tout ça. Je ne cherche qu’à être impressionnée." finit-elle par ajouter avec un sourire bienveillant en prime.

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crédit/(ssoveia ) ✰ w/@Evelyn Pearson

Être face à Evelyn et avoir l'impression d'être une débutante, ce n'est pas un nouveau sentiment. Tu dois jongler avec cette incertitude quotidiennement maintenant et plus que cela, ça te donne parfois l'impression de toujours être cette gamine de seize ans, dans l'attente d'une réaction de ses parents après avoir fait une confession de trop. Je suis gay, n'est-ce pas un cauchemar pour la moitié des parents qui préféreraient avoir une progéniture qui se fond dans le moule et qui suit le chemin qu'ils ont déjà tracé pour leur enfant ? Sûrement, tu n'en sais rien, tu ne devrais pas y penser maintenant, l'analogie est mauvaise, tu sais comment te tenir des années plus tard, comment faire pour paraitre plus grande et plus mature que tu ne l'es. Et tu es vraiment motivée par l'idée de construire quelque chose de plus et d'être à la tête d'un autre business. Si l'idée est mauvaise ou doit être retravaillée, tu noteras les critiques, les avis et tu continueras d'avancer pour te faire ta place selon les termes. Pour réussir à mélanger ce qui fonctionne et ce qui fait que tu es toi. Tu l'as toujours fait et si cela ne marchait pas, le club ne serait pas ouvert, tu ne serais pas là face à Evelyn et tu ne l'écouterais pas en réalité. "Mais ?" Il y a forcément un mais, et tu hoches la tête alors que ta cousine te dit que l'idée n'est pas mauvaise mais que peut-être tu tentes de taper à deux portes qui sont bien éloignées l'une de l'autre.
Evie marque un point, l'idée t'avait même effleuré l'esprit et l'entendre à voix haute, de la part de ta cousine en plus, fait sens. Tes deux mains sont sur tes hanches à présent et tu hoches la tête alors que tu murmures un :"Je le note." plus pour toi qu'Evelyn. Elle a raison encore une fois, ce ne serait pas le premier spa dans Brisbane ou la première gym en fait, tu t'es penchée sur le sujet dès que l'idée est venue. Tu as payé une de ces agences, un peu trop chère, qui s'occupent des données et qui peuvent faire des études de marché. Histoire de savoir dans quoi tu mets un peu les pieds, une chose que vous auriez dû faire Itziar et toi à l'ouverture du club, mais soit, le temps est passé. Le but n'est pas de descendre en flèche mais bien de progresser. "Il y aurait de quoi se faire de la place, pour attirer les gens sur la touche et qui se retrouvent sur liste d'attente pour le type de service esthétique, voilà ce que disent les informations que j'ai pu collecter." Assez pour faire tourner une affaire ? C'est autant un oui qu'un non pour le coup, et tu écoutes Evelyn attentivement, pour le coup, et c'est presque normal pour quelques instants. Ton ainée qui te donne des conseils et toi qui écoute, attentive, plus attentive que tu ne l'es quand des gens non sollicités essayent de te donner leur avis. La différence c'est qu'Evelyn sait de quoi elle parle, elle ne te donne pas l'impression d'être inférieure ou même moins bonne parce que tu débutes justement.
"Mais je vois ce que tu veux dire et c'est un bon retour, il me faudrait quelque chose pour me démarquer du lot et pas juste être un autre centre de beauté." Sinon tu risques de couler ou de passer inaperçu face à la compétition et même en jouant sur la nouveauté, cela ne va pas durer bien longtemps."Le but n'est pas de mettre la clef sous la porte après seulement un mois." Et même si cela arrivait, tu ne verrais pas cela comme quelque chose de complètement négatif. Ouais, tu es capricieuse et impulsive parfois, okay souvent, mais ça ne va pas dire que tu es incapable d'apprendre ou même de progresser. Tu hoches la tête encore une fois, avant de te pencher vers ton sac et d'y dénicher ton carnet de notes, pour y écrire toutes les suggestions et critiques d'Evelyn, tu le fais avant de te rasseoir sur la chaise que tu as abandonnée il y a quelques secondes de cela.
"Je vais être honnête, je cherchais seulement un endroit pour un local de danse au début, le propriétaire a consenti à la vente seulement si je faisais quelque chose de beaucoup plus grand." Et pas seulement un studio de danse, il faut appâter et impressionner les gens dans ce domaine, tu l'as remarqué très vite. Tu es déjà familière avec tout ça, n'est-ce pas ce que tu fais tous les soirs sur scène quand on y réfléchit bien ? Dans un sens... oui. Tu penses à Paradise City et si tu parais perdue pendant quelques secondes, tu finis bien par te redresser. "Cela pourrait être l'opposé du club... avec aucune personne de type masculin dans les environs." Personne à impressionner ou à contenter, cela serait une très bonne pause pour toi... et le reste de l'humanité."Je veux dire les boites de nuit réservées aux femmes marchent bien alors pourquoi la même chose dans ce type de complexes ? Cela serait un bon moyen de se démarquer." Un autre truc à noter."Venez vous reposer sans la pression patriarcale et sans aucun stress... Je serais la première à passer les portes." Haussement de tes sourcils avant que tu n'abandonnes tes notes pour te tourner vers Evelyn."Merci de ton retour, le projet n'est qu'en phase préliminaire en réalité, tu devrais voir le chantier qui avance très lentement."

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@Lara Pearson ☆ crédit/ssoveia

"C’est vrai qu’en partant du principe que ça désengorgerait des listes d’attente, ça maximiserait les chances de ton établissement de fonctionner, encore faut-il proposer la même qualité de prestations." Elle n’était pas tout à fait la cousine de Lara sur le moment, elle était une cheffe d’entreprise qui savait comment ça fonctionnait, et qui avait eu à coeur, de son côté, de proposer une alternative attractive à des clients pendant un temps donné. Elle connaissait les exigences d’une clientèle, qu’elle soit fortunée ou pas, elle n’encourageait pas Lara à brader ses prestations pour permettre aux portes-monnaies les moins épais de se faire une place dans une société où c’était bien vu de déléguer et d’être pris en charge pour passer un moment agréable. Il fallait prendre au sérieux la concurrence, l’étudier avec minutie pour ne pas faire monter une anticipation qui retomberait quand les gens se rendraient compte qu’il s’agissait d’un énième établissement, celui d’une longue liste. Elle tenait sincèrement à la réussite de sa cousine, alors peut-être qu’elle était trop stoïque sur le moment, son ton saturé de l’accent sérieux qui était le sien lorsqu’elle se concentrait résonnant dans ce bureau qu’elles occupaient, mais elle était persuadée que Lara n’était pas venue la trouver pour qu’elle se contente de lui sourire et de hocher la tête.

"Ce serait dommage, en effet. Tu as l’air d’y croire et d’avoir envie de te lancer qui plus est, il faut persévérer et faire les choses dans le bon ordre." Elle accompagna ses mots de petits signes de tête brefs, ses sourcils se fronçant au fur et à mesure qu’elle déployait ses conseils "Ne pas te précipiter, envisager les choses sur le long terme et faire des plans pour anticiper la moindre de tes dépenses en cas d’échec. Tu as formé une équipe autour de toi ?" lui demanda-t-elle, intéressée par sa réponse. Parce qu’une entreprise ne se créait pas seul. On n’avait pas l’idée un matin, et l’après-midi, elle ne se retrouvait pas comme par magie montée à partir de rien. Ça, c’était un récit bon pour les comédies romantiques. La réalité, c’était que s’entourer de gens de confiance, c’était l’assurance de faire reposer les fondations d’une société sur un socle solide. Elle pinça les lèvres, hocha la tête en entendant la jeune femme rebondir sur l’idée qu’il fallait qu’elle se démarque "Exactement. Trouver ton truc et l’exploiter, quitte à en faire un élément marketing fort qui mettra en avant ton projet." Joignant à nouveau ses mains sur son bureau, elle relança le PowerPoint amené par Lara sur l’écran de son ordinateur, et se mordilla le coin des lèvres en l’observant par alternance. Elle écouta attentivement ce qu’elle lui raconta ensuite, la genèse de ce projet sur lequel elle avait potassé, et ne trouva rien d’intelligent à dire à ce sujet.

Faisant marquer une pause à ce qui se jouait sur son écran d’ordinateur, Evie releva le nez pour le tourner vers Lara dont le cerveau semblait tourner à plein régime "Développe, je t’écoute." l’encouragea-t-elle quand elle tint une idée qui lui traversa l’esprit, une à laquelle Evie adhéra parce que ça lui parlait en tant que femme "Je ne suis pas une grande habituée des salles de sport, mais je sais que c’est un peu comme partout, et que la sécurité pèche dans ces endroits." Et la sécurité, c’était devenu une obsession pour Evelyn depuis près d’un an. Elle continua comme si elle ne s’était pas interrompue "Principalement parce que tout le monde ne vient pas pour prendre soin de sa santé, se muscler, ou je ne sais quoi." Il lui semblait avoir déjà entendu des connaissances se plaindre d’être abordées alors qu’elles faisaient tranquillement leurs affaires à la salle de sport, un problème qui se posait partout et qui gênait une majorité de femmes qui n’en pouvaient plus, aujourd’hui, de ne pas pouvoir évoluer sans être sans cesse scrutées, importunées. Inclinant très légèrement sa tête sur son épaule, elle consentit à adresser un sourire à sa cousine pour lui dire enfin "J’aime beaucoup l’idée en vérité. Je ne suis pas la cible, mais le concept me parle, et je pense qu’au-delà de son originalité, ça pourrait bien fonctionner sur une clientèle jeune, qui ne tient plus à se faire marcher sur les pieds." Ça ferait polémique aussi. Comment ça, refuser l’accès aux hommes à un endroit ? Mais chaque chose en son temps "Oh, wow, c’est déjà en route ?" s’étonna-t-elle lorsque Lara lui parla du chantier "Où se situe ton local, c’est près d’ici ?" Non que ça changerait quoi que ce soit, mais c’était pour continuer à alimenter la conversation ; qu’elle reprit pour lui demander finalement, repensant à l’impression qu’elle avait eu que ça faisait un gros morceau à avaler pour la femme déjà très occupée qu’était Lara Pearson "Comment tu comptes diviser ton temps avec le club, la danse et le reste ? Itziar sera encore de la partie ?"

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crédit/(ssoveia) ✰ w/@Evelyn Pearson

Maintenant, tu peux le voir, avec le recul, avec cette conversation, à quel point tu as été idiote. Et que repousser Evelyn pour des choses qu'elle ne peut pas contrôler était tout aussi stupide et idiot. Mais ce n'est pas juste ça, pas vrai ? Tu te places comme seule responsable de la distance entre vous deux, sincèrement et sans chercher à récupérer des points de victime ou à attirer la sympathie de qui que ce soit en fait. Tu es juste contente qu'elle sache être un peu plus clémente que toi et qu'elle n'ait pas fait demi-tour en réalisant que c'était bien toi son rendez-vous et pas une énième personne en costume et complètement inconnue et étrangère. Et tu es surtout contente de savoir que tu parais passionnée aux yeux de ta cousine, et pas complètement perdue ou même présomptueuse. Evie ne te dit pas que tu en fait trop, que tu ne sais pas dans quoi tu mets les pieds et elle ne te tente pas de te freiner. Prendre son temps n'est pas un mauvais conseil, du tout même et trouver ton propre truc garantirait beaucoup plus de revenus sur le long terme et que ton établissement ne mette pas la clef sous la porte dès le début. Ce qui exactement ce que tu veux en réalité. Et voilà, en seulement une dizaine de minutes de conversation avec ta cousine, tu as eu une nouvelle idée. Tu ne sais pas où tu vas les chercher, mais cela parait plus que facile en présence de ton ainée, ça ne fait plus aucun doute à tes yeux. "Hey, si j'ai réussi à t'intéresser en seulement quelques phrases, c'est que je tiens quelque chose, pas vrai ?" Tu ne demandes même pas de confirmation, tu en es plus que certaine et les notes sont prises avec un sourire certain sur ton visage.
Et ce même si cela ne fait pas vraiment de sens, ou que tu devrais être effrayée à l'idée de te lancer dans tout ça. Encore une fois. Tu n'es pas accro à l'adrénaline, mais plus au contrôle et le sentiment de satisfaction qui arrive quand un projet arrive à sa fin et qu'il faut prendre du recul et observer les résultats de son dur labeur. Et oui, il y a un chantier, tu aurais sûrement dû commencer ta présentation par cela et ne pas juste parler au conditionnel. "Oui et non, les rénovations sont en route, lentement mais sûrement, c'est dans Spring Hill... à une vingtaine de minutes d'ici ? Plus ou moins ?" Le centre-ville de Brisbane te parait comme un bon endroit pour une école de danse dans un premier temps et si le projet change constamment, il vient encore d'évoluer en seulement quelques minutes de conversation, les travaux eux sont bien réels et concrets. Et te donnent beaucoup de migraine et ne sont pas réalisés dans un temps record, pas comme à Paradise City où il y avait déjà une base stable. Tu ne t'y connais pas vraiment construction mais tu en as appris des choses sur le tas depuis quelques mois, plus que tu ne le voudrais à propos de la composition des murs, de l'isolation et de la plomberie. Quand Evelyn te pose la question sur ton organisation personnelle, là, tu as un vrai rire. Pas du tout sarcastique et léger et tu refermes ton carnet de notes en lui répondant.
"C'est une excellente question, dès que j'aurais une réponse un peu plus organisée tu seras au courant." Parce qu'il n'y a pas vraiment de bonne façon de diviser ton temps. Tu essayes de tout et ne rien faire à la fois, d'être au club, d'être sur le chantier, de rassurer le propriétaire, de chercher d'autres investisseurs et... oui, tes journées sont longues, les nuits encore plus et chacune de tes heures est remplie et programmée en avance. Même tes heures de sommeil. "Non pas d'Itziar, juste moi." Le sourire disparait alors que tu expliques ceci à Evelyn, sans aller dans le fond du sujet et la petite bataille juridique que vous avez commencé un peu plus tôt. Enfin, que tu as commencé. À croire que cela te plait de te brouiller avec tout le monde. "Le club aussi ça ne devrait être que moi, bientôt. Juste quelques signatures à faire çà et là." Cela c'est un mensonge éhonté, tu préfères y voir un optimiste un peu idiot en fait. "Je ne suis plus sur scène aussi souvent que ça maintenant tu sais, oui j'aime danser, mais j'aime encore plus être en charge et me lancer dans ce genre de projet. Je ne sais pas pourquoi en fait." Et tu réserves tes numéros de charme et séduction pour tes clients les plus fidèles et aux poches les plus profondes. Tu ne le dis pas, c'est ce que cache ton nouveau sourire, et parce qu'Evelyn, comme elle te l'a rappelé un peu plus tôt, n'a pas besoin des détails.
"Et toi ? Comment ça se passe ici ?" De ton index, tu désignes son bureau. Tu ne parles pas juste de la pièce vous vous trouvez, mais ça, Evie pourra le deviner toute seule. "Avec tante Celie et... le reste ?"

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@Lara Pearson ☆ crédit/ssoveia

Lara avait l’air déterminé et c’était une bonne chose. Elle avait appris à la connaître sa cousine, et bien que ces derniers temps, elles ne se comprenaient plus tout à fait, elle savait qu’elle fonctionnait bien quand elle avait un projet en tête auquel se raccrocher pour avancer dans la bonne direction. Ça semblait être le cas maintenant. Sa détermination faisait plaisir à voir, Evelyn avait l’impression de retrouver la jeune femme qu’elle avait connu il y avait quelques années de ça maintenant et qu’elle avait rencontré sur le tard. Une version plus multicolore d’elle-même, qui ne cherchait qu’une chose, et c’était de se démarquer de la marque de fabrique de leur famille. Elle restait droite sur ses appuis Lara, Evie l’admirait pour ça, et l’empire qu’elle voulait visiblement créer, il affirmerait qu’elle avait les épaules pour devenir une valeur sûre à part entière et pas un dérivé de la personne qu’on avait voulu qu’elle devienne quand elle avait pris sa place durant des années, à sourire pour les caméras et à prétendre être quelqu’un qu’elle n’était pas.

Lui posant des questions sur son chantier et sur le reste, Evelyn opina doucement du chef pour prendre les informations qu’elle lui donnait. Tout lui semblait aller vite, et ce n’était certainement pas involontaire de la part de Lara qui était, et qui avait toujours été, une pile électrique, alors ça ne l’étonnait pas plus que ça finalement, que tout soit déjà en route alors que son business plan n’était pas encore tout à fait établi, des idées s’ajoutant à la base fertile de ce qu’elle avait en tête. Ce qui l’étonna davantage en revanche, c’était qu’elle se lançait dans cette aventure sans son acolyte. D’ailleurs, ça eut le don de lui faire d’abord froncer les sourcils en joignant les mains devant elle, son dos posé contre le dossier de sa chaise de bureau, puis poser son regard sur sa petite silhouette pendant qu’elle explicitait ses mots "Parce que ça ne l’intéresse pas, ou autre chose ?" demanda-t-elle alors. Pas que ça le regardait au demeurant, mais elles discutaient, et ça l’intriguait. Finalement, elle eut une partie de la réponse à sa question juste après, quand Lara lui apprit que bientôt, le club qu’elle gérait déjà ne serait plus qu’à sa seule responsabilité. Là, Evelyn dut avouer qu’elle était vraiment perplexe "Comment ça, il s’est passé quelque chose ?" Elles ne se parlaient plus comme avant depuis des mois, et chacune avait repris sa vie sans se figurer des soucis de l’autre. Ce n’était pas si grave, ce n’était pas si triste, c’était comme ça, mais puisqu’elles étaient là toutes les deux, et que c’était une grosse information à traiter, elle se permit de lui poser la question. Nul doute que Lara saurait la remettre à sa place si elle estimait qu’elle n’avait pas besoin de mettre son nez dans cette histoire. Evelyn de son côté, elle battrait en retraite sans aucun problème si elle préférait.

Arrangeante, elle n’insisterait pas. Elle n’insistait déjà pas, reprenant le fil de leur discussion pour hocher la tête "Je suis persuadée que tu sauras très bien mener cette affaire seule. Je n’ai pas de doute sur ta capacité à faire les choses comme il faut, mais il faut que tu sois prudente." lui fit-elle sans penser à mal et avec une délicatesse qui appelait Lara à ne pas monter sur ses grands chevaux. Evie ne faisait pas dans le maternalisme, elle se permettait juste de lui rappeler que ce monde était infesté de requins. Elle s’imaginait à peu près le genre de discours que sa cousine lui donnerait si elle grossissait le trait pour lui faire entendre qu’elle devait se préserver, et qu’elle arguerait qu’elle avait déjà à faire à des gros requins chaque jour de sa vie depuis qu’elle était gérante de son propre club, alors c’est pour ça au fond qu’elle n’en fit pas des tonnes, préférant la laisser gérer seule, comme la grande fille qu’elle répétait être plus souvent qu’à son tour. Dénouant ses mains, elle les posa à plat sur son bureau quand la discussion fut soudainement placée de façon à ce qu’elle en devienne le centre. Un léger sourire lui échappa, ses épaules se haussèrent, et elle désigna l’ensemble en donnant à sa cousine un ironique "C’est cosy." qu’elle savait insuffisant pour étancher sa curiosité, de fait elle ajouta "C’est temporaire. Je ne me plains de rien, mais je n’ai pas une liberté totale de mouvements, et comme Ester continue à m’en vouloir pour ce qui s’est passé avec Nell il y a quelques mois, j’ai plus l’impression de devoir éviter les balles que d’être ici pour travailler." Mais elle avait une carte dans sa manche, qu’on lui avait glissé certes, qui restait tout de même une alternative sur laquelle elle miserait probablement malgré le temps qu’elle mettait à se convaincre que ce serait une bonne idée "Je savais plus ou moins dans quoi je m’engageais, alors la surprise n’est pas si mauvaise. Je gère." finit-elle par avouer, rejoignant ses mains en faisant à sa cousine après avoir lâché un soupir qui lui redonna un coup de fouet pour reprendre, plus sérieuse "Alors, tu tiens vraiment à ce que je te place à la bonne table lors du prochain gala de La Fondation ? Les plus riches sont souvent les plus ennuyeux, tu en as conscience ?"

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crédit/(ssoveia) ✰ w/@Evelyn Pearson

Evie te connait trop bien. Certes, tu ne fais pas partie des femmes qui sont difficiles à lire, mais tu es plutôt connue pour partager ton avis négatif avec les autres. Ou le dire haut et fort quand quelque chose te déplait. Après tout, si tu ne le fais pas, personne ne va regarder par-dessus ton épaule et s'assurer que tu ne manques de rien... n'est-ce pas ? Une leçon que tu as très bien et très vite apprise. Pour ce qui est du reste, cela prend un peu plus de temps de percer tes défenses, mais une fois que cela est fait, tu ne prétends pas être compliquée. Ou cultiver un jardin secret, non, les tenants et les aboutissants de la vie de Lara Pearson sont très faciles à comprendre quand tu y songes bien et Itziar a toujours fait partie de ta vie. D'aussi loin que tu t'en souviennes, vous vous connaissez depuis longtemps, assez pour qu'Evie remarque la différence. Tu hoches la tête, alors qu'elle te demande s'il s'est passé quelque chose. Rien du tout, c'est ça le pire, rien de conséquent, la même chose qui se passe à chaque fois tu supposes ? Tu fermes une porte et tu passes à autre chose, ni plus, ni moins. "Hmm… On a des envies différentes." Ce n'est pas un mensonge, que tu te dis rapidement, techniquement c'est vrai, c'est une source de discorde maintenant mais... ce n'est pas un mensonge. "Elle a dû s'absenter pour aller s'occuper de sa famille, et maintenant qu'elle est revenue, je vois les choses un peu plus clairement."
Et vous avez juste des priorités différentes et votre amitié a dû en pâtir. C'est aussi simple que cela, mais Evelyn n'est pas en train de poser mille questions sur le sujet, tu doutes qu'elle en pose plus que cela. Si tu dis à ta cousine que le sujet est clos, elle ne risque pas d'insister, c'est certain. Evelyn change de sujet et tu en es contente pour le coup et tu croises son regard à ses prochains mots. Ce n'est pas non plus le style de ta cousine de freiner qui que ce soit, du tout, lien du sang ou non d'ailleurs."Hmm... encore un bon conseil." Au moins, avec Itziar dans les parages, il y avait quelqu'un pour s'assurer que tout ceci ne te monte pas à la tête et que toute personne qui s'adresse à toi n'a que tes intérêts à cœur. Et quelqu'un avec qui partager les idées, les bonnes comme les mauvaises d'ailleurs et même les moments de doute. Ce n'est pas une perte à tes yeux, tu as plus d'expérience maintenant et voilà.
Mais assez parlé de toi, tu retournes ses questions à ton ainée et tu hausses les sourcils à sa première réponse. Cosy veut tout et rien dire, tu peux décrire beaucoup de tes paires de chaussures de la sorte, pas pour autant que tu les enfiles tous les jours. Du tout même. Evie ne se plaint pas, bien sûr que non, elle n'est pas connue pour, du tout même. "... À cause de Ken? Je veux dire Rhett ? J'ai eu vent de quelque chose via ma propre mère mais ce n'est pas comme si c'était de ton contrôle, non ?" Quelque chose, une rumeur, Cassandra qui tentait de faire la conversation, ramener Evelyn sur le tapis, comme si parler de ta Pearson préférée était le meilleur moyen de gagner tes faveurs, comme si. "Si tu gères, alors je n'ai aucune raison de m'inquiéter." Aucune, même si ça fait bizarre de la voir ici, et même si elle parlait des mariages qu'elle organisait il y a quelques mois de cela avec beaucoup plus d'entrain. Si Evelyn pense qu'être ici est nécessaire... alors tu ne peux que l'encourage dans ce sens.
Elle réussit à te faire rire avec sa prochaine approximation, elle n'a pas tort en réalité. "J'en ai parfaitement conscience, mais j'ai une technique pour ça aussi." Tu t'éclaircis la gorge pour te redresser un peu sur ton siège, pour lui expliquer et surtout pour le lui montrer."Je pense juste à la classification périodique des éléments. Genre je choisis un élément au hasard et j'essaye de retrouver tous ceux qui sont adjacents et leurs propriétés, regarde." Tu prends une profonde inspiration, avant de choisir un élément, tu commences avec l'hydrogène, c'est le plus simple, c'est le premier élément, et le plus léger et... Tu continues de réciter les propriétés dans ta tête, avec un sourire, avant de te pencher vers ta cousine. "Oh vraiment ? Dites-moi en plus sur votre bateau... hmm..." Tu as l'air sincère et à la fois concernée, tu le sais, tu as répété suffisamment de fois devant un miroir. Tu fais retomber le masque tout aussi rapidement. "Cela marche à chaque fois." Enfin, tu n'as pas encore eu de plaintes pour le moment et tu écoutes vraiment quand on t'en dévoile un peu. Les clients le font souvent au club lors des danses privées, cette technique te permet de faire la part des choses et de ne pas froncer les sourcils ou même juger quand tu en apprends plus sur un tel ou un tel. "Et écouter c'est un bon moyen de mettre les gens de bonne humeur et de pouvoir échanger vraiment après alors..." Et de dire ce que toi, tu veux faire et ce qui t'intéresse, et tenter d'épater de potentiels investisseurs. "Moi aussi, je gère." Tu reprends les mots d'Evelyn en hochant la tête.

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@Lara Pearson ☆ crédit/ssoveia

"C’est-à-dire ?" demanda-t-elle à Lara qui lui parla à demi-mots de ce qui s’était passé avec Itziar. Elle voyait les choses plus clairement maintenant qu’elle était revenue de son voyage, mais qu’est-ce que ça voulait dire exactement ? Est-ce que ça la regardait vraiment, Evelyn ? Non, mais elle s’inquiétait de savoir que Lara se retrouverait bientôt seule dans la gestion de toutes ces choses qu’elle tenait à réaliser, et ça ne partait pas de l’idée qu’elle la pensait incapable, plus de celle qu’elle savait qu’à un moment donné, Itziar semblait être une bonne ancre pour la jeune femme impulsive qu’était sa cousine. Elle leva les mains devant elle, se reprit assez vite pour ne pas donner l’impression à Lara qu’elle insistait, et annonça avec pragmatisme "Ça ne me regarde pas. Tu n’es pas obligée de répondre, on peut passer à autre chose." Elle anticipait les rebuffades Evie, elle n’avait pas envie de se prendre le bec avec la jeune femme.

"Rhett, Lara." C’était exactement ça là, qui agaçait Evelyn dans le tempérament de Lara, cette tendance qu’elle avait à faire-valoir son avis de façon détournée, en utilisant le sarcasme et l’ironie comme une arme à double-tranchant, se comportant comme une enfant qui croit bon dire des vérités qui blessent parce qu’elle croit pouvoir se faire pardonner absolument tout grâce à sa beauté et son charisme. Elle avait saisi merci, qu’elle ne portait pas Rhett dans son coeur, mais Evie n’avait jamais considéré l’avis de sa famille comme étant fiable, et quand bien même elle portait plus d’importance à celui de Lara, le fait qu’elle s’évertue à tourner en dérision son histoire avec Rhett en l’affublant de ce genre de sobriquets, ça avait tendance à la faire reculer quand il s’agissait d’en parler. Il lui semblait qu’en contre-partie, elle ne remettait pas en doute ses choix de vie, elle attendait d’elle qu’elle fasse la même chose. Ou qu’au moins, elle considère ça judicieux de ne pas être insultante à propos de l’homme qu’elle aimait en face d’elle, ou elles finiraient par vraiment avoir un problème toutes les deux "Non, ce n’est pas de mon contrôle, mais je le soutiens." Certainement trop pour son propre bien "C’est ce qu’on fait quand on aime quelqu’un." lui rappela-t-elle, ou l’informa-t-elle d’ailleurs, pour ce qu’Evie connaissait de la vie privée de sa cousine, elle n’avait pas de moyen de savoir si cette notion atteignait son petit coeur difficile à atteindre. Elle ne lui poserait pas la question, préférant simplement opiner du chef avec aplomb lorsqu’elle remit en exergue le fait qu’elle gérait.

Elles passèrent à autre chose, il valait mieux en vérité. La mettant en garde sur l’ennui induit par la richesse de ceux qu’elle voulait avoir de son côté pour son affaire, Evie l’encouragea d’un signe de tête à lui faire part de la technique qu’elle avait mise en place pour donner le change face aux dialogues ennuyeux qu’elle serait obligée d’essuyer si elle participait au  prochain gala de La Fondation. Elle plissa les paupières en l’écoutant, haussa les sourcils juste après en ne voyant pas très bien où elle voulait en venir, mais en se disant que si ça fonctionnait pour elle, c’est que c’était la bonne méthode à adopter. Elle n’était personne pour la remettre en cause, et encore une fois, la jeune femme semblait franchement déterminée, qui était-elle pour l’empêcher de participer ? Prenant un air concerné tout en secouant la tête après avoir réfléchi, elle lui dit "Hm, très bien." Se levant de son bureau, elle continua à opiner en se dégageant de là pour marcher jusqu’à l’autre côté, et venir appuyer ses reins contre la bordure de son bureau, juste à côté de Lara "Dans ce cas, compte sur moi pour te placer au centre de la table la plus ennuyeuse du prochain gala. Tu ne pourras pas prétendre que je ne t’ai pas prévenue si tu finis par piquer du nez après quinze minutes à côté d’un gros bonnet de la pharmacologie." Evie savait parfaitement que Lara était capable de s’insérer dans le dialogue de toute façon, ce n’était pas tant ce qu’elle redoutait. En revanche, ce qu’elle redoutait vraiment, c’était la réticence des grosses fortunes à se voir acoquiné à quelqu’un qui avait déjà sous sa coupe un business qui mettait en avant le travail du sexe, et c’était délicat à dire. Elle n’était d’ailleurs pas sûre d’avoir envie de lui en parler, alors sur ce coup-ci, elle se planqua derrière sa lâcheté pour répéter avec un sourire "Tu peux compter sur moi." Je suis fière de toi ? Elle pensa à le lui dire, mais quelque chose l’arrêta ; peut-être que c’était l’attitude de la jeune femme lors de leur dernière grosse discussion, peut-être que c’était son attitude tout à l’heure lorsqu’elle avait parlé de Rhett comme d’une farce à tourner en dérision ? Elle n’avait pas vraiment envie de creuser la question, et elle ne le fit pas, lui demandant à la place, sa tête s’inclinant légèrement sur le côté "Tu avais autre chose à me dire ?"