| false hope broke me. (flanagans) |
| | (#)Ven 25 Aoû 2023 - 19:20 | |
| ☾ false hope broke me qu'on soit le meilleur mathématicien ou non, on peut faire des erreurs de calcul. qui nous coûte chers. ou qui nous coûte toute la vie... une donnée nous échappe et voilà qu'on se retrouve sans dessus-dessous. gifs by (c) thelostsmiles et (c) harley C’était la première fois depuis bien longtemps que tu te réveillais en sursaut durant la nuit. Le corps nu recouvert de sueurs froides et l’esprit encore en dormance… C’est avec la sensation d’avoir repris possession de ton corps trop rapidement que tu cherchais à tâtons le verre d’eau posé la veille sur ta table de chevet. Tu en as bu deux bonnes goulées afin d’atténuer cette sensation de bouche pâteuse. Tu t'assoyais sur le bord du lit conjugal en lâchant un grognement de douleur. C’était comme si ton corps était encore paralysé de son sommeil, même s’il avait été brusquement ramené à la réalité par des spasmes quelques minutes plus tôt. Tu jetas un coup d'œil rapide au réveil-matin qui indiquait seulement 4:30 en chiffres rouges aveuglants. Tu soupiras en te résignant à te lever. De toute façon, tu ne serais inévitablement pas capable de te rendormir pour les deux heures qui restaient avant ton alarme. Tu titubas dans le noir jusqu’à la cuisine dans laquelle tu te préparas ta première tasse de café de la journée. Tu étais reconnu pour être un grand consommateur de café, même si tout le monde s'entendait pour dire que ce n’est pas bon pour le système nerveux ni pour le cœur. Tu n’en as que faire de ce qu’ils pensent, ça ne t’empêchera pas de continuer à apprécier ce breuvage chaud aromatique qui se prête bien à toutes circonstances. Tu t'installes à la table à manger où ton journal de la veille t’attendait encore ouvert à la page des mots croisés. Tes pensées étaient ailleurs, si bien que tu gribouillais sur la grille sans t’en rendre compte. Ce n’était pas la première fois que tu faisais ce cauchemar et pourtant, cela semblait plus réel que les précédentes fois. Les couleurs étaient plus vives, les voix plus claires, comme si ce n’était pas un vague souvenir d’une autre vie, mais bien la réalité qui venait frapper à ta porte. Ton ex-femme était là, droite comme une barre, devant toi. Vous étiez dans votre demeure, celle que vous aviez achetée avec vos faibles économies, en Suède. Tu te souviendras toujours de l’horrible papier peint dans la salle à manger que tu t’étais autrefois juré de changer et toutefois, tu ne l’as jamais fait. Même dans tes rêves, ton cerveau ne pouvait pas te jouer de tour. Tout était parfaitement à sa place, comme dans ta mémoire. Et pourtant, c’était une tout autre femme qui se tenait devant toi. Ce qu’elle te disait, tu pourrais en répéter chaque syllabe puisque c’était le même monologue à chaque fois. « Tu es un lâche, un minable ! Comment as-tu pu croire que tu pouvais t’en sauver [de tes responsabilités parentales] ? » pause « C’est ça. Continue de fuir, continue d’agir ainsi… Mais un jour, ça te rattrapera et j’espère que les remords te boufferont jusqu’à la moelle ! » Cette Patsy devant toi, c’était peut-être le simple reflet de ton inconscient ? Une certaine culpabilité qui avait mis tout ce temps avant de remonter jusqu’à la surface… Tu préférais te lever et jeter le reste de ton breuvage à l’évier. De toute évidence, ça ne rentrait pas ce matin. Tu te dirigeais vers la chambre à coucher et sans faire trop de bruit pour ne pas réveiller ta douce qui dormait encore, tu allais fouiller dans la penderie pour récupérer ton habit de survêt. Un bon jogging allait te remettre les idées en place. Et allait sûrement, par le fait même, faire descendre ton niveau anormalement élevé de culpabilité. Soyons clairs. Tu avais des regrets, mais tu avais agi ainsi pour ton bien et le bien de ta carrière. Si tes enfants avaient souhaité reprendre contact avec toi, ils l’auraient fait, maintenant qu’ils sont tous les deux adultes. Il n’y avait que Carlyle qui l’avait fait et pour être honnête, tu t’en serais bien passé. Il était malheureusement devenu la honte d’une série télé médiocre que tu n’avais pas osé regarder. Tu voulais éviter de voir ce shit show et comment il allait salir le nom Flanagan… Une fois habillé convenablement, tu sortis de la maison et commença ton footing matinal un peu plus tôt qu’à l’habitude. ☆☆☆ Tu avais troqué ton vêtement de sport pour un complet veston chemise ainsi que ton habituelle montre et tu attendais patiemment tes invités pour un 5 à 7 d’affaire. Bon, pour l’heure, il était un peu plus tôt que dix-sept heures. En effet, tu préférais la formule en milieu d’après-midi, soit trois heures. Tes collègues et rares amis en avaient l’habitude : tes réunions se faisaient toujours autour d’un apéritif. C’est une formule que tu avais sue apprivoiser et désormais, tu la proposais à chacun de tes clients - ou nouveau client que tu voulais mettre dans ta poche. Accoudé au bar de l’Emerald Hotel, tu révisais le dossier que tu allais proposer à de potentiels acheteurs d’un gros bien immobilier. C’était un immeuble à revenus, comprenant six appartements, dont un ayant sa propre entrée privée et sa terrasse sur le toit. C’était très rare à Brisbane et pour être franc, tu savais que les acheteurs devraient mettre la main dans leur porte-monnaie. Tu avais monté ce dossier conjointement avec Channing, tête d’affiche du Walker Group et à vous deux, vous aviez monté un solide dossier. Il devait venir te rejoindre avec les potentiels acquéreurs et comme à ton habitude, tu étais là d’avance. Tu finissais à peine ton verre de bourbon lorsque tu vis arriver du coin de l'œil tes invités. Tu te levais du tabouret sur lequel tu étais installé depuis une bonne vingtaine de minutes et en marchant pour aller les rejoindre, tu crus reconnaître une silhouette. Tu saluas tes convives avec une ferme poignée de main avant que M. Walker et toi ne dirigiez votre petit groupe de cinq vers une table du restaurant adjacent au bar que vous aviez au préalable réservée. Tu étais déconcentré. Tu ne cessais de penser à cette silhouette que tu avais cru reconnaître. Après de furtifs coups d'œil, tu en étais maintenant sûr. Il s’agissait de Carlyle. Un point au creux de ton sternum se faisait peu à peu sentir. Et s’ils l’avaient reconnu aussi ? L’angoisse commençait à paraître lorsque tu sentis une goutte de sueur longer ton échine. À la fin d’une phrase, tu t’excusais poliment avant de te lever. Tes pieds commencèrent à marcher en direction de ton fils - fils que tu n’avais pas revus volontairement depuis quelques mois à présent. Inconsciemment, tu venais peut-être de réaliser pourquoi tu avais fait ce cauchemar de Patsy cette nuit. « Carlyle - » un raclement de gorge marqua une pause. « Tu travailles ici, maintenant ? » Perspicace ou colon, c’est à se demander. Toi qui habituellement es si habile de tes mots et que pas grand-chose vient à bout d’intimider, parler à ton propre garçon pour faire bonne impression devant tes clients te semblait être la plus dure épreuve à vie. En même temps, tu voulais être… courtois, poli. Quelques minutes, un simple échange de banalité pour la forme et tu pourrais retourner à ta réalité. Plus vite tu le faisais et plus vite tu pourrais à nouveau te mettre la tête dans le sable et nier cette partie de ta vie.
Dernière édition par Cillian Flanagan le Jeu 21 Sep 2023 - 22:02, édité 1 fois |
| | | | (#)Lun 4 Sep 2023 - 14:52 | |
| ☾ false hope broke me I'm scared of being hurt and I'm scared of being numb, I know that you feel the same but you still think that I'm the one. Yeah I know we can be saved but it's not an easy task, I keep battling my demons while you're battling the past.Doctors almost never help, they just let you go your own , saying things you wanna hear, it's always the broken home. gifs by (c) thelostsmiles et (c) harley C'est sans certificat d'aventurier en poche que Carl est finalement revenu de son stage de survie, une issue pour le moins prévisible pour celui que le moindre obstacle a toujours eu tendance à faire reculer. Ce qu'il en retire ? Un manque de confiance en lui plus important que le jour de son départ en admettant que cela soit possible, mais tout de même quelques souvenirs avec la colocataire qu'il n'avait pas hésité à suivre dans cette aventure tout sauf faite pour lui. Il n'a peut-être pas brillé par sa débrouillardise aux yeux d'Adèle mais leur petit tête-à-tête en pleine forêt, Carl ne risque pas de l'oublier tout comme il garde en mémoire les choses qu'ils ont pu s'avouer, loin du regard désapprobateur de Chelsea. Bien sûr, il aurait aimé prouver à son frère qu'il n'était pas moins capable qu'un autre d'assurer sa survie mais personne n'a sérieusement cru que ce stage se solderait chez lui par une réussite, et ce n'est pas non plus ce qui lui vaudra la déception de Keefe, il le sait au fond de lui. Ce dernier a d'ailleurs prolongé son séjour en ville sans qu'il ne sache pourquoi, refusant toujours de confier à son ainé la raison pour laquelle son retour en Irlande tend à tarder car s'il s'était passé quelque chose à Carrick, tout porte à croire que Keefe le garderait pour lui. Ce silence inquiète Carl même s'il se réjouit de garder quelques temps encore son frère à ses côtés, négociant même déjà avec ses colocataires pour l'accueillir quelques nuits sur leur canapé et ce, tout en leur promettant qu'il ne s'opposera lui-même jamais à la venue d'un membre de leur famille chez eux. Keefe est après tout trop jeune pour errer seul dans cette ville et s'il a manqué de le protéger comme il l'aurait dû par le passé, Carl tient aujourd'hui à honorer son rôle de grand-frère plus que jamais pour la seule véritable famille qu'il ait dans ce pays. Ce n'est pourtant pas faute d'y avoir aussi un père et d'espérer jour après jour que ses tentatives envers ce dernier finiront par payer, mais Carl voit les années défiler et emporter ses illusions d'enfant, tout en enviant à Keefe sa capacité à avancer sans l'amour et l'attention de leur paternel. Parfois, Carl aimerait lui aussi se défaire de cette partie de lui pour ne plus en souffrir, comme ne plus avoir aucune larme à verser.
Un rappel de son manager le tire brusquement de ses pensées car bien sûr, il n'a pas pu oublier que l'Emerald recevait aujourd'hui encore des clients pour le moins importants. Pas de quoi détourner Carl de sa mission bien au contraire car les chambres se doivent d'être impeccables, et le soin apporté à ces dernières le tient occupé de longues heures avant qu'une pause ne lui soit enfin accordée. Elles sont assez rares pour que Carl s'emploie à en profiter mais ne l'empêchent jamais de garder un œil sur son bipeur, prêt à accourir à la moindre demande qui fasse ou non partie de ses attributions. C'est par exemple le cas de cette bouteille manquant au bar que Carl s'empresse d'apporter sans vraiment s'attarder sur ce qui peut l'entourer, pourtant traversé d'un frisson en contournant un groupe de clients comme s'il était soudainement pris d'un drôle de pressentiment. Des hommes se tiennent au bar sans qu'il parvienne à relever vers eux son regard, sentant peut-être bien qu’une douloureuse découverte l’y attend comme en témoignent ses pas s'activant déjà dans l'autre sens alors qu’il se sent pourtant incapable de quitter la pièce. Intérieurement Carl sait sans doute déjà qu'une présence pourrait bien perturber l'entièrement de sa journée et s'il n'a pas le courage de se tourner vers ces hommes rattachés au groupe Walker, c'est une voix un peu trop familière qui se charge de faire bondir son cœur. « Carlyle - » Ils ne sont pas nombreux à l'appeler encore ainsi, par ce prénom que le garçon a fini par gommer pour lui préférer avec le temps son diminutif. Carlyle est resté en Irlande avec tous ses mauvais souvenirs, et l'entendre de la bouche de celui l'ayant personnellement choisi est d'autant plus ironique. Lentement, le garçon tourne sur lui-même pour faire face à son père, terrassé par un océan d'émotions qu'il serait à cet instant difficile de nommer. « Pa- » Sa voix retentit, faiblement, pour mieux s'éteindre très vite. Il ne peut pas le formuler en entier, pas alors qu'un collègue passe au même moment près de lui car trahir leur lien ici ne serait sans doute pas une très bonne idée. C'est aussi parce qu'il doute de l'étiquette à poser sur l'homme devant lui, ce père qu'il n'a jamais cessé d'aimer et d'estimer mais dont le rôle a depuis bien longtemps été abandonné. Il jure ne pas avoir fait exprès de le suivre cette fois, sa dernière tentative pour faire partie de sa vie remontant à plusieurs mois et à choisir, ce n'est pas sur son lieu de travail que Carl aurait préféré le retrouver aujourd'hui. « Tu travailles ici, maintenant ? » Il hoche la tête tout en confrontant péniblement son regard, le sien traduisant une honte qui n'est même pas légitime car ce travail, Carl l'a jusqu'ici toujours pleinement assumé. Pourquoi n'est-il alors subitement plus assez bien ? Sans doute parce qu'il ne doit pas avoir l'air de grand-chose, aux côtés d'un père transpirant d’élégance et de réussite. « Depuis décembre oui, mais je.. c'est seulement provisoire. » Il ressent le besoin de le préciser, sans envisager pourtant de quitter ce travail que Carl s'étonne encore d'avoir pu décrocher. L'Emerald est un hôtel prestigieux qu'il était à l'origine très fier de rejoindre, loin de complexer sur son statut de valet avant que son père n'en soit témoin car pour lui, Carl aimerait se rendre convenable sans avoir jusqu’ici l’impression de cocher les bonnes cases. « Tu es là pour plusieurs jours ? » se risque-t-il à questionner pendant que son regard navigue avec crainte vers ses différents collaborateurs, supposant que leur nom de famille en commun n'a pas intérêt à s'ébruiter par ici. « Peut-être que.. je pourrais te faire visiter l'hôtel à la fin de mon service. » Et déjà Carl recommence, saisissant la moindre occasion pour s'accrocher à lui. Une tentative de plus pour tenter d'exister, mais aussi un risque de mettre son nouveau travail en péril car leur proximité ne serait sans doute pas vue d'un bon œil entre ces murs. Réalisant sa bêtise, le garçon finit par se reprendre. « Même si.. j'imagine que t'as beaucoup de travail. » Cet échange est peut-être bien le maximum que son père consentira à lui accorder aujourd'hui et Carl ne peut que s'en douter, son regard cherchant une réponse dans le sien trahissant pourtant une lueur d'espoir qui comme les autres, finira sans doute par s'évanouir.
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| | | | (#)Jeu 21 Sep 2023 - 18:04 | |
| ☾ false hope broke me qu'on soit le meilleur mathématicien ou non, on peut faire des erreurs de calcul. qui nous coûte chers. ou qui nous coûte toute la vie... une donnée nous échappe et voilà qu'on se retrouve sans dessus-dessous. gifs by (c) thelostsmiles et (c) harley On dit souvent que la vie est faites de hasard, de petites - ou grandes - coïncidences. Il y a également de ceux qui croient que le destin est déjà tout tracé d'avance et que, justement, rien n'est une question de hasard. Tout ce qui se produit devait se produire et rien n'arrive pour rien. Toi, tu es plus de la vieille mentalité : tu te bases sur des faits concrets et tangibles tandis que tu ne crois que très peu à la spiritualité en toutes formes. Un peu comme un médecin ou un scientifique qui va baser ses croyances sur un travail précis, des résultats logiques et éclairés. En bon mathématicien, tu crois que dans la vie tout est une question de calcul, de probabilités. C'est peut-être pour cette raison que ta belle-fille te dit souvent que tu manque de spontanéité, que tu es trop rigide. Tu calcules tout ce qui peut l'être et c'est pour cette raison que tu n'as que très rarement de mauvaises surprises. La vraie dernière erreur de calcul, tu l'avais fait il y a bien longtemps... C'était sans doute de penser que tu pouvais laisser derrière toi ton passé à Carrick. Hélas, tu avais dû mettre les cartes sur table très tôt après ta rencontre avec April, et malgré toutes ses bonnes volontés à vouloir te faire recoller les morceaux, elle avait bien vite compris que c'était une cause perdue. Elle a fini par accepter ton silence, respectueusement. La porte invisible qui séparait tes deux vies, celle d'avant et celle de maintenant, s'était alors refermée. Elle fut rouverte quelques années plus tard, lorsque ton plus jeunes fils se pointa devant ta résidence avec un air que tu ne pu supporter, mais qui marqua malgré tout ton esprit. Même si tu essayais dur comme fer de ne pas mélanger les pôles, fermant les yeux et serrant les poings, c'était dans ton inconscient. Peut-être qu'au fond y avait-il une réelle culpabilité qui ne demandait qu'à sortir ? Et ce mauvais rêve, encore ce matin ? N'était-il pas que la représentation de ton échec, ton humiliation en tant qu'homme, en tant que père ? Elle avait sans doute raison, cette Patsy déformée. Tu finirais par payer...
Tu étais posté devant lui comme un gendarme stoïque. Tu cachais bien ta surprise de le rencontrer ici, dans ce lieu qui était pourtant très... chic. « Depuis décembre oui, mais je.. c'est seulement provisoire. » répondit-il après que tu lui aies demandé s'il travaillait en ces lieux. Ça ne prenait pourtant pas un diplôme en enquête privée pour faire le lien entre son uniforme basic et ses fonctions dans l'établissement, mais ce fut la première chose qui te passa par la tête. « C'est pourtant étrange que ça ne soit que la première fois qu'on se croise... ». raclement de gorge. Tu passes ta main dans ta nuque, machinalement. Un tic nerveux, possiblement. Même si tu faisais cet effort d'entretenir la conversation pour les apparences, tu avais sous-estimer les effets que ça aurait sur toi. Parce que tu as toujours pensé être au dessus de tout ça, être en paix avec ton geste de tout quitter du jour au lendemain... Et malgré toute la honte qui t'envahi lorsque tu repenses aux déboires télévisuels de Carlyle, tu ne peux quand même pas renier ton sang... « Tu es là pour plusieurs jours ? » - « Non, seulement pour une rencontre d'affaire. L'après-midi, tout au plus. » dis-tu presque tout d'un trait, ne mâchant pas tes mots comme si tu voulais en finir avec ce malaise. « Peut-être que.. je pourrais te faire visiter l'hôtel à la fin de mon service. [...] Même si.. j'imagine que t'as beaucoup de travail. » Tu soupiras en haussant les épaules. Est-ce qu'une visite privée de l'hôtel Emerald te plairait ? Pour être tout à fait franc, pas du tout. Et ce peu importe qui te ferait la visite... « Non, merci. » La fermeté dans ta voix te surpris toi-même. Quoi que tu étais reconnu pour ne jamais passer par quatre chemins. « Et comment tu... vas ? ». Encore là une question strictement pour la forme, puisque du coin de l'oeil tu aperçu ton collègue venir se chercher un pichet d'eau froide. Tu avais donc senti l'urgence de dire quelque chose, lui faisant un sourire au passage. Il savait pour Carlyle, mais il savait être discret... Il n'allait pas ébruiter la chose. Et puis peut-être que cela te donnerait l'image d'un bon père à ses yeux...
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| | | | (#)Sam 30 Sep 2023 - 13:34 | |
| ☾ false hope broke me I'm scared of being hurt and I'm scared of being numb, I know that you feel the same but you still think that I'm the one. Yeah I know we can be saved but it's not an easy task, I keep battling my demons while you're battling the past.Doctors almost never help, they just let you go your own , saying things you wanna hear, it's always the broken home. gifs by (c) thelostsmiles et (c) harley Keefe ne doit pas savoir. Lorsque ses yeux se posent sur ce père parti un beau jour sans jeter un seul regard en arrière, Carl se jure de ne rien en dire à son frère quitte à se convaincre que ce dernier a de toute façon tiré un trait sur cette partie de leur passé. La vérité, c'est qu'il veut autant l'en protéger qu'éviter de lui donner une raison de rentrer plus vite que prévu en Irlande, craignant que Keefe ne veuille pas rester dans la même ville que l'homme qui les a abandonnés même s'il donne l'impression de ne plus en souffrir comme lui. Peut-être bien que Carl n'a pas été totalement honnête sur ce qu'il était venu chercher dans cette ville à l'origine, peut-être aussi que son frère s'en est au fond de lui toujours un peu douté, mais il s'interdit en tout cas de permettre à ces deux mondes de se rencontrer sans savoir de quelle façon son cadet pourrait en être impacté. C'est lui le fils honteux, lui qui doit aujourd'hui affronter le regard d'un homme qui a choisi de poursuivre sa vie sans eux, et l'apparition de Cillian sur son lieu de travail a déjà raison de sa concentration pour le restant de la journée, à cause d'une page que Carl n'a pour sa part jamais réussi à tourner. Il est là, plus réel que jamais et c'est assez pour le faire se sentir minuscule comme pour réveiller un paquet de plaies en lui, posant sur ce père son éternel regard d'enfant et espérant un tant soit peu d'existence dans son monde, comme un éternel refrain. « C'est pourtant étrange que ça ne soit que la première fois qu'on se croise... » Ce n'est pas si étrange, Carl n'est simplement pas à la place qui lui est le plus souvent attribuée dans un établissement où la polyvalence est la clé. « C'est qu'habituellement je travaille dans les chambres, comme valet. » il avoue alors, ne pouvant pas cacher plus longtemps son véritable rôle ici. Sans doute qu'il ne vend pas beaucoup de rêve et qu'il le rend aussi très insignifiant à l'échelle de cet hôtel comme de son père, mais c'est ainsi qu'il gagne désormais sa vie. « Il manquait une bouteille au bar et personne d'autre ne pouvait s'en charger. » Il ressent comme toujours le besoin de se justifier, certain pourtant que Cillian n'y accorde pas beaucoup d'importance alors que lui, en revanche, s'intéresse au temps que son père compte passer à l'Emerald avec ses associés. Plusieurs jours, peut-être ? « Non, seulement pour une rencontre d'affaire. L'après-midi, tout au plus. » Et la revoilà déjà, cette peur terrible de le voir s'évaporer sans savoir quand ils pourront après ça se retrouver, si leur travail respectif ne se charge pas encore de les réunir. Carl craint que ces retrouvailles ne s'écoulent bien trop vite, et gagner un peu de temps avec le premier homme de sa vie est bien évidemment ce qui le pousse à soumettre l'idée d'une visite. Il pourrait lui faire découvrir l'Emerald comme il ne l'a peut-être jamais vu mais son offre tombe à l'eau, comme finalement tout le reste. « Non, merci. » Cillian tranche d'une fermeté qui le ferait facilement sursauter mais son unique réaction consiste à baisser minablement la tête. « Oh, d'accord. » il souffle alors d'une voix faiblement résignée, abandonnant cette visite comme la perspective d'éterniser ce moment avec lui. C'est en tout cas mal parti pour que père et fils parviennent à renouer et pourtant, cette idée Carl ne cessera jamais de s'y raccrocher.
Si le garçon relève brusquement la tête après ça, c'est parce qu'il ne s'attend pas à la question qui lui est contre toute attente posée. « Et comment tu... vas ? » Les gens normaux viennent aux nouvelles lorsqu'ils se rencontrent mais normaux, leurs rapports ne le sont plus depuis longtemps tout comme son père n'a pas franchement témoigné d'intérêt pour ce qu'il pouvait devenir jusqu'à présent. La question semble alors tout droit sortie d'un rêve, presque irréelle mais c'est bien là que Carl se trompe, aveuglé par ces mots qu'il veut croire sincères alors que Cillian n'a probablement saisi qu'une occasion de rebondir, sans réelle curiosité quant à la réponse qu'il pourra fournir. Qu'importe, le garçon se réconforte avec ce qui l'arrange et fait entendre, dans un petit haussement d'épaules : « Oh hum.. pas trop mal, je crois. » Parce qu'il a assurément connu des jours bien plus sombres et ne s'en sort finalement pas si mal depuis quelques mois, si l'on compare son modeste quotidien à ce qu'était encore sa vie il y a un an. Carl revient de loin et les souvenirs d'une période cauchemardesque restent très présents en lui, même si son père ne doit entendre que le positif. « J'ai opéré pas mal de changements dans ma vie cette année, en dehors de mon boulot je veux dire. Je suis en colocation maintenant, c'est encore un peu nouveau mais je crois que ça me plait. » Et quand on lui demande comment il va, Carl se prend étrangement à mentionner cette colocation à chaque fois. Il faut croire que la vie à plusieurs sans les contraintes d'une famille d'accueil lui réussit oui, à moins qu'il ne soit surtout ravi de partager un appartement avec quelqu'un en particulier, une jeune femme gravitant jamais bien loin de ses pensées. « Mais je vis toujours à Brisbane, ça par contre ça n'a pas changé. » s'empresse-t-il d'ajouter, cette même ville qu'il avait initialement décidé de rejoindre pour se rapprocher de lui. Si Carl le souligne, c'est pour que son père se souvienne qu'ils vivent tout près l'un de l'autre aujourd'hui, en admettant que Cillian puisse réellement oublier que sa triste réputation est venue le poursuivre jusqu'ici. Et c'est après quelques regards lancés autour d'eux que le garçon ajoute, d'une voix un peu plus basse. « Et puis je consulte aussi depuis quelques mois pour.. hum.. mon problème, tu sais. » Bien sûr qu'il sait, ces tendances dévoilées au grand jour à la télévision ayant achevé la rupture avec son père tant ce dernier ne souhaitait plus être associé à lui. Carl a de toute évidence besoin que ce dernier constate ses efforts pour en finir avec son problème, aussi difficile soit le fait de le nommer. « Est-ce que tout va bien pour toi aussi ? » Il aimerait bien sûr entendre que oui, même s’il ne pourrait pas s’empêcher de penser que sa vie est d’autant plus épanouie quand il n’en fait plus partie. « Ça a l'air important en tout cas ce qui t'amène ici. » Carl remarque après un court silence, la boule au ventre de se dire que son travail est sûrement plus important que lui ne le sera jamais malgré son statut de fils, si cela signifie même encore quelque chose pour ce père répondant tout aussi peu à ce titre.
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| | | | (#)Mar 10 Oct 2023 - 15:32 | |
| ☾ false hope broke me qu'on soit le meilleur mathématicien ou non, on peut faire des erreurs de calcul. qui nous coûte chers. ou qui nous coûte toute la vie... une donnée nous échappe et voilà qu'on se retrouve sans dessus-dessous. gifs by (c) thelostsmiles et (c) harley Et si la mélancolie n’avait jamais existé dans vos vies, à Patsy et à toi ? Que seriez-vous devenus ? Que serait devenu le Cillian abandonnant femme et enfants ? Que seraient devenus ces enfants, justement ? Est-ce que tu aurais eu une carrière aussi prospère à Carrick ? Est-ce que Patsy aurait fini ses études, entrepris des démarches pour se frayer un chemin dans le monde du travail, même en étant mère de deux enfants ? Est-ce que l’étincelle, l’amour entre vous deux aurait perduré au fil du temps ? Était-ce vraiment de l’amour, le vrai, le sincère, maintenant que tu as rencontré celle qui est aujourd’hui la femme de ta vie ? Toutes ces questions ne tournent en boucle que très rarement dans ton esprit. Tu ne t’y autorises pas. À quoi bon ressasser le passé, essayer de voir comment on aurait pu faire les choses autrement alors que la réalité, on la connait tous très bien ? À quoi ça sert de se faire du sang d’encre, d’avoir des remords, des regrets ? Tout ce qu’on peut se dire avec certitude, c’est qu’au moment des faits, tu as fait ce qui te croyait le mieux à faire pour toi. Vivre dans cette réalité plus longtemps aurait conduit à ta perte. C’est ce dont tu t’es convaincu. Qui sait vraiment ce qui aurait pu se produire si tu étais resté ? Si tu avais osé montrer un peu plus d’empathie pour ta femme, si tu étais resté pour tes deux garçons, la chair de ta chair ? Cette option n’était pas envisageable à l’époque. Tu n’étais pas ce genre de personne et tu ne l’es toujours pas. Tu as la fibre paternelle déconstruite, décousue. Tu n’es que très peu empathique, et même encore ? Tu es cartésien, tu tranches au couteau toutes tes décisions selon un modèle clair : c’est blanc ou c’est noir. C’est bon ou c’est mauvais. C’est avantageux ou désavantageux. Même si, avec les années, l’âge et la maturité que tu as acquise avec le temps, ta vision des choses s’est un peu améliorée, il n’en demeure pas moins que lorsque tu penses à tes années en Irlande, tu jures, croix sur ton cœur, que tu as pris la bonne décision pour tout le monde.
Même si tu le jures, mettant ton cœur à prix, une infime parcelle de ton être croit que les choses auraient pu être différentes. Sans nécessairement t’empêcher de partir, peut-être aurais-tu pu aller rendre visite à tes enfants ? Chose que tu n’as jamais faite… Tu as toujours cru que de simples lettres suffiraient à garder intact un lien aussi important que celui d’être père. Tu as cru que toutes les sommes versées à chaque année étaient assez pour t’acheter une conscience, alors qu’en réalité, tu savais très bien que la compensation monétaire était très faible comparativement à ce qu’aurait été ta présence dans la vie de Patsy et celle de Carlyle et de Keefe. Et si désormais tu es devenu cet homme d'affaires parfois froid, qui semble si hautain, mais qui en même temps a les choses sous contrôle et qui ne laisse rien passer au hasard, c'est forcément, et sans doute inconsciemment, pour oublier, enterrer, masquer cette mauvaise décision. Lors de ton second mariage, tu avais échangé des vœux sincères avec April, lui promettant de lui être fidèle, de ne jamais la laisser derrière, elle et sa fille, comme tu l’avais fait pour ton précédent mariage. Cette décision a marqué ton futur à tout jamais et tu sais maintenant que si tu avais eu la maturité que tu as présentement, tu aurais fait les choses différemment. En même temps, même si tu avais été présent dans la vie de tes deux garçons, ça n’aurait pas empêché toute la déception qu’a causée Carlyle à tes yeux. Tu ne veux même pas croire que ton propre fils ait pu avoir ces comportements si désobligeants à la télévision. S’il en était capable dans une téléréalité, c’était forcément parce que ça faisait partie de lui, que c’était en lui. Il était si rapidement devenu la risée de centaines de spectateurs, alors comment pouvais-tu ne serait-ce qu’une seconde le regarder en plein dans les yeux et ne pas voir en lui tout l’échec de ta décision de les laisser à leurs sorts ? Et si tu étais resté, aurait-ce été différent pour lui ? Serait-il devenu quelqu’un de bien, quelqu’un de sain ?
Étrangement, aujourd’hui, c’est toi qui avais décidé de prendre la situation de front et d’aller vers lui, le regarder droit dans les yeux. Ce n’est pas sans mal et inconfort que tu avais pris l’initiative de cette conversation. C’était malaisant. Pour toi. Ça te demandait définitivement un réel effort. Le paraître était si important à tes yeux que tu ne pouvais t’empêcher de spéculer quant à ce qu'auraient pensé tes collègues s’ils avaient reconnu Carl et que tu n’aurais même pas fait l’effort d’aller vers lui, lui parler. Parce qu’aux yeux de la société, tu veux que ta famille, la famille Flanagan, paraisse bien. Tu étais donc debout devant ton fils, à lui avouer que ça t’étonnait de le rencontrer simplement aujourd’hui alors qu’il était employé ici depuis quelque temps. Il mentionna qu’il était valet de chambre et tu dus te retenir de ne pas pousser un soupir désapprobateur. Il te proposa de te faire faire la grande visite, offre que tu refusas machinalement. Puis, par simple politesse, tu lui demandais comment il allait. « Oh hum.. pas trop mal, je crois. (...) J'ai opéré pas mal de changements dans ma vie cette année, en dehors de mon boulot je veux dire. Je suis en colocation maintenant, c'est encore un peu nouveau mais je crois que ça me plait. (...) Mais je vis toujours à Brisbane, ça par contre ça n'a pas changé. » Tu ne pu cacher ta surprise face à une réponse si construite. Ça t’étonnait, en fait. Dans le bon sens, sans doute. Peut-être parce qu’au fond, tu t’attendais à ce qu’il reste dans sa misère ? « Et puis je consulte aussi depuis quelques mois pour.. hum.. mon problème, tu sais. » Tu fronçais les sourcils. Il parlait sans doute de son trouble, celui qui lui avait valu tant de critiques à son passage à la télévision… Bien que tu n’avais pas suivi religieusement ses aventures, bien malgré toi, ça en avait suffisamment parlé au bureau pour que tu en aies été mis au courant. « C’est… Ce sont de bonnes nouvelles. » raclement de gorge « Ça ne doit pas être facile de faire les démarches pour aller chercher de l’aide… ». Tu conclus le sujet avec cette phrase qui pourrait sembler vide de sens, mais étrangement, elle te faisait penser à une remarque qu’Elsie aurait pu faire. Admettre qu’on a un problème et qu’on a besoin d’aide est souvent bien plus important et décisif que la thérapie qui y succède en elle-même. Du moins, c’est ce que ta belle-fille t’avait fait remarquer, t’ayant fréquemment parlé de sa meilleure amie qui vivait de l’anorexie, mais qui ne se l’était admis qu’après avoir frôlé la mort. « Est-ce que tout va bien pour toi aussi ? (...) Ça a l'air important en tout cas ce qui t'amène ici. » Tu souris, hochant la tête de haut en bas. Il savait probablement que tu t’étais remarié, puisqu’il avait réussi à trouver ta nouvelle adresse, il y a quelques mois, pour te faire une visite surprise. Il ignorait peut-être que tu avais eu deux autres enfants - des jumeaux… Était-ce vraiment important qu’il le sache ? Ne pouvais-tu pas que t’en tenir aux faits importants, soit la raison de ta visite ici ? Préférant oublier la très grande majorité de sa question, tu ne répondis qu’à ce qui te semblait essentiel. « Je suis le directeur financier du Walker Group et je m’occupe aussi des investissements. C’est une réunion avec des investisseurs, justement. Ça pourrait élargir les actions du groupe, alors c’est vraiment une belle opportunité qu’il ne faut pas laisser passer… » Parler de ton travail, c’est tellement facile pour toi. C’est dans ton travail que tu te sens le plus à l’aise, le plus à ta place. Ça devait paraître parce que les dernières phrases avaient été prononcées avec plus d’assurance que toutes celles qui avaient été dites précédemment dans la conversation avec Carl. Et comme un éclair, une illumination traversa ton esprit. Tu ne pus retenir la question et c’était un peu pour protéger encore plus ton image et pour être paré à toutes éventualités. « Es-tu toujours en contact avec des gens de la série ? La téléréalité ? » Parce que si c’était le cas, Dieu seul sait ce que les médias pourraient laisser paraître… Tu as toujours été très peu fan de tout ce qui est médiatiques et nouvelles, mais tu ne peux pas empêcher le reste de la société, tes collègues, tes amis et ta famille d’écouter les ragots et les commérages se rattachant à Carl et à cette fichue télésérie qui avait marqué au fer rouge le nom des Flanagan.
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| | | | (#)Lun 30 Oct 2023 - 15:09 | |
| ☾ false hope broke me I'm scared of being hurt and I'm scared of being numb, I know that you feel the same but you still think that I'm the one. Yeah I know we can be saved but it's not an easy task, I keep battling my demons while you're battling the past.Doctors almost never help, they just let you go your own , saying things you wanna hear, it's always the broken home. gifs by (c) thelostsmiles et (c) harley Un après-midi, c'est tout au plus le temps dont Carl dispose pour tenter de recoller maladroitement les morceaux avec son père, tout en sachant pertinemment que quelques heures pour ça ne suffiront pas. Et puis, ce n'est pas comme s'il pouvait se permettre de déserter ses fonctions pour éterniser cette discussion, Cillian risque lui aussi d'être rappelé à ses responsabilités alors qu'au milieu de tout ça, Carl n'est toujours pas capable de dire si le retrouver ici est ou non une bonne surprise. L'enfant qu'il n'a jamais totalement cessé d'être est bien sûr ravi de pouvoir passer un moment avec le premier homme de sa vie pour combler l'immense vide que ce dernier y a laissé, mais le jeune adulte qu'il est devenu est bien plus perturbé par sa présence dans cet hôtel où leur lien de parenté ferait mieux de demeurer un secret. Cillian n'est donc que de passage et Carl s'attend déjà à le voir disparaître une fois de plus, d'ores et déjà effrayé par l'idée. Il voit alors en chaque question qui lui est posée l'attention qu'il n'a jamais arrêté de rechercher, celle d'un père démissionnaire qui aura attendu de le croiser aujourd'hui pour s'intéresser un minimum à lui et même si cela ne veut rien dire, Carl en redevient aussitôt naïf. S'il lui demande enfin comment il va, n'est-ce pas un premier verrou que cet échange permettra de faire tomber entre eux ? Il veut y croire bien sûr, lui dont les illusions ont été piétinées un nombre incalculable de fois et qui, pourtant, continue envers et contre tout de s'accrocher à Cillian. Carl n'est même pas peu fier de lui parler de l'évolution de sa vie, aussi minime soit-elle, comme d'aborder le sujet hautement plus sensible de ses séances dernièrement entreprises dans le but d'en finir avec des tendances qui avaient autrefois tant fait parler de lui. Son père mérite de savoir, notamment parce que cette sombre réputation l'a lui aussi éclaboussé et qu'à ses yeux, Carl ne désespère pas de parvenir un jour à se racheter. C'est sans conteste son souhait le plus cher, celui de tirer un trait sur la honte que son existence a pu lui inspirer et de (re)devenir à ses yeux un fils, avec toute la symbolique que ce titre peut avoir. « C’est… Ce sont de bonnes nouvelles. » Il l'espère en tout cas, que cela prouve au moins qu'il s'efforce d'avancer quand bien même l'univers ne l'a jusqu'ici pas tellement gâté. « Ça ne doit pas être facile de faire les démarches pour aller chercher de l’aide… » Et ça, Carl le confirme dans un hochement de tête aussi timide que silencieux, après avoir repoussé pendant des années l'évidence selon laquelle il devait consulter. C'était inévitable s'il désirait exorciser son problème et c'était également nécessaire pour lui permettre d'affronter son passé autrement qu'en cauchemars, même si en parler lui était au départ impossible.
Et son père, apprendra-t-il un jour la façon dont l'homme avec lequel Patsy s'est remariée a traité son fils durant neuf longues années ? Sans doute pas, et Carl n'a de toute façon jamais tenu à qu'il puisse le savoir, au risque de compliquer encore plus les choses entre eux. Il compte en tout cas sur le fait d’obtenir des nouvelles de son père et sûrement aussi de sa nouvelle famille mais celles-ci ne viennent pas, car à la place, c'est sur son travail que Cillian semble désireux de s'attarder. Des barrières et de la distance, encore et toujours. « Je suis le directeur financier du Walker Group et je m’occupe aussi des investissements. C’est une réunion avec des investisseurs, justement. Ça pourrait élargir les actions du groupe, alors c’est vraiment une belle opportunité qu’il ne faut pas laisser passer… » Il n'en faut étrangement pas plus aux yeux de Carl pour se mettre à briller, sans doute fier de voir son père aussi bien réussir même si cela le rappelle aussi à la déception qu'il peut être de son côté, entre une réputation à faire oublier et un manque d'ambition qui ne risque pas de le conduire un jour à gagner si confortablement sa vie. « J'y connais pas grand-chose mais les affaires ont l'air de bien marcher pour toi, c'est génial. » Sincère, le garçon étire un sourire avant de reporter un regard admirateur sur son père, sans que la réciproque ne soit évidemment vraie. « Et je suis content que ce soit à l'Emerald que ta réunion se passe, je sais que beaucoup de contrats ont même été signés ici alors c'est sûrement bon signe. » Ce n'est qu'un prétexte bien sûr, car s'il est content c'est avant tout parce que leurs deux mondes se rencontrent sans qu'il ne soit à l'origine de cette rencontre, pour une fois. Réalisant justement l'endroit où ils se trouvent et le parallèle entre leurs deux métiers que tout oppose, il reprend d'une voix nettement plus basse pour que ses prochains mots ne restent qu'entre eux. « T'en fais pas, je dirai à personne qu'on porte le même nom si tu préfères pas. » Et ce, pas même aux collègues auxquels Carl fait confiance puisque dans cet hôtel, les nouvelles vont vite. Ce ne serait bon pour aucun d’eux, pour les affaires de son père comme pour son propre travail, alors il faut espérer que personne ne mettra le nez dans le registre de l'hôtel où leur nom très irlandais et bien peu répandu dans ce pays aurait de quoi éveiller certaines curiosités.
Un nom de famille tâché par ses agissements il y a de ça plusieurs années, lorsque Carl a tenté d'attirer l'attention de son père en se laissant embarquer dans la première émission qu'il a pu trouver. Si l'aventure en elle-même lui semble loin désormais, il peut sentir que cette histoire est loin d'être du passé pour tout le monde et la prochaine question de Cillian ne fait que le confirmer. « Es-tu toujours en contact avec des gens de la série ? La téléréalité ? » La bonne réponse à lui fournir serait bien sûr qu'il ne fréquente plus personne dans ce milieu, et c'est d'ailleurs ce que Carl est tenté d'affirmer en premier lieu sans vraiment réfléchir. « Oh, non. » il souffle, comme s'il n'avait sincèrement plus rien à voir avec tout ça, mais se ravise bien vite en réalisant que ce n'est pas tout à fait vrai. Il lui reste bien un souvenir de cette émission, en dehors de l'étiquette peu glorieuse qu'on ne présente plus. « Enfin.. juste avec une fille, Wendy, mais c'est aussi la seule avec qui je m'entendais dans le jeu et je la considère bien plus comme une amie qu'autre chose aujourd'hui. » Là où Wendy a été une vraie amie pour lui, c'est en ne saisissant pas la première occasion pour lui tourner le dos quand elle a constaté l'ampleur des conséquences de cette médiatisation sur lui. Sa vie à elle s'est avérée beaucoup plus tranquille à la sortie mais à aucun moment elle ne l'a laissé tomber, à l'image du soutien qu'elle lui témoignait déjà dans l'aventure lorsque l'ensemble des candidats n'hésitait pas à s'élever contre lui. « C'est plus du tout un monde qui m'attire et je sais qu'elle non plus. Et puis.. ça fera bientôt quatre ans alors je crois que les gens sont un peu passés à autre chose. » Ce n'est pas seulement Carl qui le dit, c'est aussi l'avancée de l'émission qui a depuis connu d'autres saisons et vu passer bien d'autres candidats controversés à leur tour, quand bien même personne ne le sera jamais autant que lui. Alors oui, il cherche à se rassurer autant qu'à rassurer son père quant au fait que ses déboires n'intéressent désormais plus grand monde, aussi certain soit-il que ces derniers le poursuivront toujours d'une certaine façon, tout particulièrement sur les réseaux sociaux. Qui se soucie encore réellement de Carlito, ce candidat aux habitudes dérangeantes qui en dehors de ses tendances, n'avait franchement rien de mémorable ? Disons qu'il n'est plus aussi pointé du doigt qu'avant et que les personnes susceptibles de l'insulter en pleine rue sont devenues rares, lui permettant ainsi de mener une existence un peu plus reposante. Mais tout ça, c'est bien beau quand le seul regard que Carl désire véritablement voir changer ne semble pas encore près d'évoluer, lui. Il relève alors la tête et s'efforce de croiser le regard de son père, même si c'est incroyablement difficile sur un tel sujet. « Mais j'imagine que toi non et je.. je comprends. » Son père n'est pas passé à autre chose et lui a encore moins pardonné l'affront fait à leur famille devant des millions de téléspectateurs, car le contraire serait à vrai dire très étonnant. Carl soupire alors, conscient que ses efforts ne suffiront pas à tout arranger alors que pourtant, retrouver l'amour et l'estime d'un paternel était bien l'une de ses motivations au moment d'entreprendre sa fameuse thérapie. Pour lui, il voudrait être une meilleure personne ainsi qu'un meilleur fils comme si son abandon n'avait pas enclenché le déclin progressif de sa vie. Il a la mémoire courte Carl, il faut croire. « Je voudrais juste te promettre que t'entendras plus jamais parler de moi de cette façon. Je.. je veux vraiment aller mieux et j'espère qu'un jour tu pourras t'en rendre compte, même si c'est pas demain. » Oh, il se doute en effet que cela prendra du temps mais il ne veut pas abandonner pour autant, promettant également à lui-même que s'il doit attirer son attention à l'avenir, ce ne sera plus en mal comme par le passé. Cette émission était un échec sur toute la ligne si on l'écoute, en mettant de côté sa place inespérée de finaliste et sa généreuse cagnotte validée à l'arrivée. Un palmarès bien moins mauvais que son image, oui, mais comment son père réagirait-il s'il apprenait comment Carl a dépensé l'argent que ce jeu lui a rapporté ? Nul doute qu'il se rendrait encore plus pathétique à ses yeux, et son père n'a pas besoin de raisons supplémentaires d'être allergique à lui. Alors que ses pensées en deviennent confuses, il ne voit pas que la bouteille qu'il tient s'apprête à lui échapper des mains et sursaute violemment lorsque celle-ci atterrit au sol, dans un bruyant fracas. Plusieurs regards s'orientent alors vers eux mais la seule chose que Carl remarque est la tâche que la veste de son père revendique à présent par sa faute. « Mince ! Je suis vraiment désolé, elle.. » m'a échappé des mains, qu’il balbutie tandis qu'il hésite entre nettoyer au plus vite sa bêtise avant que sa responsable la découvre, et tenter de rattraper ce qu'il peut au niveau de son père. La tâche ornant sa veste n'est pas bien visible mais elle fait tristement écho à celle que Carl a l'impression d'être dans sa vie, comme si le destin n'avait jamais fini de se moquer de lui.
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