Siham était descendu dans le magasin de farce et attrape en bas de la rue de l’épicerie. Elle qui n’y avait jamais mis les pieds et qui n’était même pas une adepte des soirées déguisées, maintenant qu’elle n’arrêtait pas de voir des pubs pour cette fameuse soirée à l’octopus, elle s’était sentie pousser des ailes pour y passer une soirée. Prohibition et années folles, c’est les seuls mots qu’elle avait prononcée à la vendeuse de la boutique pour qu’elle ne lui trouve un costume – bas de gamme – d’époque. La plume dans ses cheveux ne tiendrait surement pas deux heures avant qu’on ait l’impression qu’elle ait été ramassé sur un vieux pigeon mort sur un trottoir, mais soit… c’était mieux que rien. Stan lui avait dit que ça faisait le taf, mais il avait pas manqué de pouffé quand même en la voyant sortir de sa chambre. Emery et Mason lui avaient plutôt conseillé de ne pas s’y rendre, qu’on allait la prendre pour une petite frappe. C’est un casino, qu’on lui avait répété, pas un vieux bar miteux qui faisait une soirée pour halloween. Soit, elle avait haussé les épaules, offert un fuck à chacun et s’y était rendu, à cette soirée. En laissant Dali entre les mains de Mason pour la soirée. Le blond était plus que ravi, il avait promis qu’il ne toucherait pas à un cheveu du bébé, mais Siham commençait à le connaitre, il était de toutes façons bien plus à l’aise qu’elle avec le gosse – même si c’était pas compliqué. Dans tous les cas, Dali passerait sa soirée à dormir, et Siham n’aurait qu’à retirer ses escarpins et se faufiler dans son lit en attendant qu’il se réveille, il n’aura rien remarqué.
Elle n’avait jamais mis les pieds à l’Octopus et la dernière fois qu’elle avait foulé les moquettes d’un casino, elle avait tout juste atteint la majorité. Elle voulait savoir ce que ça faisait de jouer à la machine à sous et de ne jamais rien comprendre à toutes ces images qui défilent sous ses yeux. Elle avait perdu 50 dollars et n’y avait plus jamais remis les pieds. Pas l’temps pour dépenser son fric dans du vent.
« J’ai 100 dollars. » qu’elle glisse à l’oreille d’une inconnue, dont le visage est bien mieux masqué que le sien. Siham porte un masque doré, pas doré brillant, doré passé, qui sent le renfermé. Toujours bas de gamme. « jolie robe. » qu’elle ajoute, en regardant la tenue qui brille sous ses yeux. « j’ai toujours rêvé de jouer à la roulette mais j’ai aucune idée de comment ça marche. » elle regarde ces gens assis autour de la table de jeux, la musique en arrière fond, les jetons de couleurs différentes. Ca vaut combien, un rouge ? « Les bleus ont l’air de valoir plus cher, ils en mettent pas beaucoup… » faut faire quoi, échanger son liquide contre des jetons ? « t’es toute seule ? » parce que si c’était le cas, Siham venait de se trouver une acolyte pour la soirée.


@Lola Angelo

(Roaring Twenties :: Masquerade Ball :: Octopus)

Les jeux d’argents c’est réellement addictif. Lola le sent, le sait, elle s’est fixée une limite d’argent à jeter par la fenêtre ce soir et ça ne va pas plus haut que 50 dollars. Elle n’aime pas jeter sa dure labeur en l’air juste pour le fun d’une soirée. Mais elle a déjà triplé son capital de départ la Miss et ça a un goût de continue. Elle a un grand sourire sur son visage alors qu’elle joue avec ses jetons dans ses mains. Elle regarde les autres jeux à disposition, décidant de ne pas rester trop longtemps au même endroit car il ne faut pas pousser sa chance. Elle a l’intuition qu’elle aurait tourné, mais maintenant que tout le reste du casino s’offre à elle, tout est de nouveau possible. Ou du moins, c’est ce qu’elle est en train de manifester silencieusement. Habillé dans le thème de la soirée avec une robe trouvé dans le placard de la mère de sa pote, Bodhi, elle a également un joli masque sur les yeux. Etre anonyme, elle connait déjà bien, Lola. Ne pas dévoiler son visage ou son nom, c’est son objectif numéro un sur internet. Par chance, son surnom est déjà celui qu’on lui donne tout le temps. Peu de gens connaissent son véritable nom, sur ses papiers d’identités et c’est très bien comme ça. « J’ai 100 dollars. » Tu tournes la tête vers la source de la voix. « jolie robe. » Une jeune femme qui s’est également prêté au jeu avec sa propre tenue. « Je peux te retourner le compliment. » La latina dévoile un sourire bien large alors que ce sont ses yeux qui sont camouflés derrière son masque.

« j’ai toujours rêvé de jouer à la roulette mais j’ai aucune idée de comment ça marche. » Visiblement le destin met un nouveau jeu sur le chemin de Lola. Elle se rapproche de la table en question. « Les bleus ont l’air de valoir plus cher, ils en mettent pas beaucoup… » « Ils doivent vouloir faire durer leurs mises toute la soirée. » Ce que tu comprends aisément. « t’es toute seule ? » Elle fait non de la tête, Lola. « Je n’étais pas seule mais on dirait que mon amie s’est volatilisée depuis quelques temps. » Elle jette un regard circulaire mais ne la voit pas. « Je m’inquiète pas, c’est une grande fille. » Bien qu’elles n’aient qu’un début de vingtaine, elles sont pleine de ressources et ce n’est pas la première fois que Bodhi partirait sans prévenir. Elle l’a connait bien maintenant. « C’est le jeu le plus facile la roulette. » Et Lola commence à expliquer brièvement les règles. « Je me contente de mettre sur les couleurs, une chance sur deux. Ou sur les paires ou impaires là. » Qu’elle dit en montrant les cases qui correspond. « Y’a aussi là qui est cool. » Elle rajoute en indiquant la case 1st 12 et les deux autres à côté. « Tu mises sur les douze chiffres d’un coup et y’a pareille en bas. » Elle montre le 2 to 1. « J’en mets un là. » Qu’elle annonce Lola en posant un jeton de petite valeur sur la case 2nd 12.

 « Je peux te retourner le compliment. » Siham se permis de douter de la sincérité de ce compliment, parce qu’elle trouvait de plus en plus que sa robe était cheap , surtout à côté de tous les convivent de cette soirée qui semblaient sortir de romans ou de films dont tous les personnages étaient parfaits et on n’avait rien à redire sur la qualité des prestations. Elle, elle avait l’impression de faire tâche. Mais elle n’était pas là pour se prendre la tête, après tout, autant se contenter d’accepter et de sourire en retour.
Toute excitée par les jeux d’argent, qu’elle savait pourtant dangereux et addictif, la jeune femme s’était autorisée pour une soirée à y jouer. Une seule fois, dans une limite de 100 dollars qu’elle ne pourra pas dépasser parce qu’elle avait laissé son porte feuille au vestiaire, pour être sûre de ne céder à aucune tentation. Elle était curieuse d’en savoir plus sur la roulette. Ca lui semblait être le jeu qui allait mettre le moins de temps à la ruiner, en tout cas. Elle voyait trop de monde se décourager bien trop vite aux machines à sous. Là, les gens restaient assis devant leur table pendant de longues minutes, voire des heures si la chance leur souriait. « Ils doivent vouloir faire durer leurs mises toute la soirée. » c’est c’qu’elle avait pensé. Elle hocha la tête, fixant les jetons, les cases rouges, les chiffres en noirs , les paires, les impaires, le zéro en vert… « Je n’étais pas seule mais on dirait que mon amie s’est volatilisée depuis quelques temps. » envolée sous son masque, elle avait peut-être fait une rencontre qui la monopolisait quelques temps.   « Je m’inquiète pas, c’est une grande fille. » La réponse qu’avait entendu Siham était donc que la jeune femme était bel et bien seule. « C’est le jeu le plus facile la roulette. » oh ? Elle avait l’air de s’y connaitre, elle hocha la tête, prête à en écouter davantage. « Je me contente de mettre sur les couleurs, une chance sur deux. Ou sur les paires ou impaires là. Y’a aussi là qui est cool. » elle suivait son doigt du regard pour voir de quoi elle parlait. « Tu mises sur les douze chiffres d’un coup et y’a pareille en bas. » ses yeux se baladent sur la table numérotée.  « J’en mets un là. » Siham avait pas de jeton, fallait qu’elle aille échanger son billet pour en avoir. « J’reviens. » quelques minutes après, rapide comme l’éclair, la voilà équipée. « Alors, ça donne quoi ? » la roulette avait forcément tournée au moins une fois en son absence. « faites vos jeux… » Siham examine un cours instant, y a un tableau de statistique à leur droite, rappelant tous les derniers numéros. « les rouges sortent plus souvent… » et le zéro, pas sortie depuis une vingtaine de tour. « Le zéro sort jamais. » en même temps, les probabilités… seule la mise sur le zéro permet de remporter gros. « J’vais mettre là… » elle glisse un jeton sur les impaires, et place un autre sur le 17… la date de naissance de son fils. C’était bien la première fois qu’elle faisait quelques chose du genre. « Les jeux sont faits. » elle releva les yeux. « On a plus l’droit de toucher, je suppose… » et la roulette se met à tourner, la bille est lâchée, suspens. 7, rouge. « encore un rouge… » elle double sa mise pour avoir choisi les chiffres impaires. « Okay, j’aime bien ! » elle décide de laisser ses jetons où ils sont pour la prochaine. « c’est quoi, ton chiffre préféré ? »

« J’reviens. » Apparemment Lola avait donné envie à sa camarade de table de se joindre à la partie. Elle n’avait pas tout de suite remarqué que sa comparse n’avait pas de jetons mais ce fut évident par la suite quand elle revient avec quelques uns. « Alors, ça donne quoi ? » Lola montre sa petite pile de jetons devant elle. « J’ai misé les rouges et un rouge est sorti. » Qu’elle annonce toute fière de son coup. « faites vos jeux… » Elle remets sur les rouges car elle le sent bien encore cette fois ci. « les rouges sortent plus souvent… » La latina fait oui de la tête. « Le zéro sort jamais. » « Ca doit être jackpot si tu le mise là bas et qu’il sort. » Elle parle du zéro, elle a bien écouté le flot de pensée de sa voisine qui a l’air de partager ses réflexions. « J’vais mettre là… » Elle la regarde poser sa mise sur les impaires et un chiffre en particulier. « Ouuuh. » Lola laisse cette petite exclamation sortir. Elle est impressionnée. Elle ne mise jamais sur un chiffre tout seul. « Les jeux sont faits. » Tu regardes la boule qui est lancée dans la roulette. « On a plus l’droit de toucher, je suppose… » « Correct. » Qu’elle confirme à sa voisine.

7. Rouge.
« YAY! »
« encore un rouge… »

Lola gagne une fois de plus, récupère ses jetons ainsi que ses gains, toute souriante. « Okay, j’aime bien ! » Elle aussi elle aime bien Lola. Tant qu’elle gagne elle aime. « c’est quoi, ton chiffre préféré ? » « Hmmmm… » Elle réfléchit. « Très bonne question. Je dirai hmmm. Peut être le deux. Mais j’en ai pas particulièrement en réalité. » D’où la réponse approximative. « Je vais mettre sur les noirs cette fois ci! » Tu fais vraiment rien qu’à ton intuition. « T’as une stratégie particulière ? Tu viens souvent jouer à un casino ? » Et puis y’a Dancing queen de ABBA qui se lance et le bras de Lola s’élève dans les airs machinalement avec un grand cheer d’approbation. « Wooooouhouuuuhhhh j’adore cette chanson !! » Qu’elle annonce tout en se balançant sur son siège de gauche à droite en rythme de la chanson. Le sourire est immense sur son visage. Elle prend ça comme un bon présage.

La mise est remporté, ca compte double, les probabilités de gagnées sont plus fortes que de jouer des numéros précis et d’ailleurs, Siham perd ses jetons sur le 17 qu’elle a tenté. L’espace d’un instant, elle se demande si elle devrait tenter à nouveau ou pas, mais non. Si ca devait sortir, ce serait sortie du premier coup, elle y voit comme un signe du destin. Le 17, c’est pas son chiffre. « Très bonne question. Je dirai hmmm. Peut être le deux. Mais j’en ai pas particulièrement en réalité. » bon, réponse valable, après tout, sur quoi se baser ? Est-ce que tous ceux qui avaient un numéro fétiche en connaissaient vraiment la signification ? Bien souvent, c’était relié à un jour particulier, à soi même ou à celui d’un proche. C’est bien pour ça qu’elle avait tenté le 17, pas parce que c’était son numéro fétiche, mais parce que c’était la jour de naissance de son fils. Si non, elle n’en avait pas non plus. Elle n'y connaissait rien en numérologie. « Je vais mettre sur les noirs cette fois ci! »  Siham observe la table, les derniers chiffres sorties à nouveau. Du noir, c’est audacieux, statistiquement parlant, mais après tout, il fallait bien que ça sorte à un moment donné. Siham, elle, allait rester dans sa zone de confort. Encore du rouge et en plus de ça, les impairs.
« T’as une stratégie particulière ? Tu viens souvent jouer à un casino ? » elle secoue la tête. « C’est la première fois. » elle n’avait jamais mis les pieds à l’octopus avant ce jour, ni dans aucun autre casino. « J’regarde juste les derniers numéros, y a une tendance sur le rouge, c’est tout… mais, je sens que c’est pour toi, celui là ! » elle sourit, encourageant son acolyte de table de jeu.
De temps en temps, le regard de Siham se pose sur l’inconnue masquée, se rappelant qu’elle-même l’était aussi. « ca fait un moment que j’entends parler de cette soirée, j’me suis décidée aujourd’hui à venir. » d’où la tenue qu’elle sortait tout droit du magasin de farce et attrape sans doute le moins qualitatif de la ville.
« Wooooouhouuuuhhhh j’adore cette chanson !! » elle sourit Siham, elle n’avait pas prêté attention à la musique en fond, comme si, bien trop concentrée sur sa table de jeu, elle n’entendait plus l’environnement dans lequel elle était. Dancing queen, c’était une des chanson préférée de sa mère, pourtant. « tu sais que j’me suis réveillée de nombreuses fois avec cette musique chez moi. Ma mère adore faire le ménage sur ça. » quand elle dit faire le ménage, elle entend pas là, ranger sa cuisine, parce que pendant de longue année, c’est une Maria qui venait faire le ménage chez eux, du temps où son père était encore là. « Gimme Gimme Gimme et Money Money Money, y compris. » ca l’a fait sourire, Siham. Et sans s’en rendre vraiment compte, elle bouge timidement aussi sur sa chaise, imitant les mouvements de sa voisine. « 17 ! » c’est pas possible ! Noir, c’est bon pour Lola, impaire, c’est bon pour Siham, mais 17 ! Un gout amer dans la bouche. « dans ces moments là, j’me dis qu’il y a quelqu’un la haut qui m’en veut vraiment ! » pourquoi n’avait-elle pas laissé ces jetons sur la table de jeu ? Elle avait pourtant entendu quelqu’un dire que la meilleure façon de gagner, c’était de ne jamais changer ses mises.
Un peu décue et surtout entrain de refaire le monde dans sa tête, la jeune Fowler décida de laisser tomber la roulette. « J’arrête là ! » en tout cas, pour maintenant. « Tu veux aller danser ? » après tout, la musique venait de commencer et la jolie brune à ses côtés semblaient ne plus savoir contenir sa bougeotte !

« C’est la première fois. » Tu hoches la tête, te disant naturellement que c’est la chance du débutant qui va la frapper et tu as hâte de la voir gagner. Est-ce qu’elle se souviendra de toi comme sa toute première camarade de casino ? Ta voisine sera sûrement une simple rencontre éphémère comme tu en fais bien souvent au fil des soirées que tu visites. « J’regarde juste les derniers numéros, y a une tendance sur le rouge, c’est tout… mais, je sens que c’est pour toi, celui là ! » Elle a une bonne logique, tu aimes voir les gens qui font les choses avec réflexion. La roulette reste un peu plus intuitive que les machines à sous où il n’y a rien à faire. Ton sourire se fait plus large car tu as bien envie que la prochaine soit pour toi comme elle vient de le dire. « ca fait un moment que j’entends parler de cette soirée, j’me suis décidée aujourd’hui à venir. » « Un peu pareil, je passe quelques fois devant mais j’y ai très peu mis mes pieds. Je préfère dépenser mes sous pour autre chose. C’est amusant les jeux d’argent mais y’a d’autres choses qui m’amusent plus et qui sont gratuits. » Elle a rien demandé de tous ces détails mais tu les lui donnes quand même. Tu gagnes dure ton argent et n’apprécie pas spécialement le voir partir juste pour le fun.

Mais tu oublies bien vite ces pensées quand la chanson de ABBA commence car ça te fait chanter et danser en même temps. Tu trémousses sur ton siège. « tu sais que j’me suis réveillée de nombreuses fois avec cette musique chez moi. Ma mère adore faire le ménage sur ça. » Ton sourire se fait encore plus large appréciant cette anecdote. On dirait que vous êtes des vieilles amies qui sont en train de ressasser les souvenirs. « Gimme Gimme Gimme et Money Money Money, y compris. » « C’est celle qu’ils auraient dû mettre ! Money money money !! » Car ça tombe sous le thème de l’endroit, ça aurait été judicieux mais preuve qu’ils ne réfléchissent pas si loin, ils mettent juste de la bonne musique peu importe de quoi ça parle.

« 17 ! » « On gagne ouuuh yeah!! » Qu’elle annonce en levant un bras en l’air le balançant toujours au rythme de la musique. « dans ces moments là, j’me dis qu’il y a quelqu’un la haut qui m’en veut vraiment ! » C’est là que tu te rends compte que ce résultat n’est pas celui que Siham aurait voulu. Tu ne comprends pas. Tu as déjà oublié qu’elle a joué le 17 juste avant. « J’arrête là ! » « Oh déjà ? » « Tu veux aller danser ? » « Ouiiii ! » Que tu dis en sautant de son siège. Tu récupères tes jetons que tu mets dans ton petit sac à main que tu portes en bandoulière. Toujours en train de te trémousser sur du ABBA. « Des fois je crois que j’aurai dû vivre dans les années 70. » Tu prends la main de Siham pour aller encore plus vite sur la piste de danse. Tu es une vraie pile électrique. « Une vieille âme a dû se réincarner en moi. » Que tu dis en pensant tes mots mais sans réellement les pensée en même temps. C’est une façon de parler qui fait du sens au passage, mais tu n’y connais rien en réincarnation à part les généralités. « Est-ce que tu veux boire un verre gratuit ? » Que tu demandes à ton amie de soirée en lui faisant un clin d’oeil. Tu lui indiques du menton un mec plus loin. « Il arrête pas de nous regarder. » Il a facilement la quarantaine mais ça ne te fait pas peur. Tu le vois comme un distributeur de boisson.

« Un peu pareil, je passe quelques fois devant mais j’y ai très peu mis mes pieds. Je préfère dépenser mes sous pour autre chose. C’est amusant les jeux d’argent mais y’a d’autres choses qui m’amusent plus et qui sont gratuits. » Pendant très longtemps, Siham n’avait jamais manqué de rien, elle aurait pu être de ceux qui viennent au casino pour jeter de l’argent par la fenêtre, comme on dit. Ceux qui ne comptent jamais, ceux qui viennent ici comme un passe temps, qui n’ont aucun risque à prendre, rien à perdre. Elle aurait pu, et pourtant, ça ne l’avait jamais attiré. De nature à faire profil bas, à être discrète et surtout, on lui avait toujours appris la valeur de l’argent et comme il fallait travailler dur pour en avoir et se mettre en sureté. Puis, son père était décédé, elle avait appris, avec sa mère, que tout l’argent dont elles pensaient disposer n’existait pas, qu’il n’y avait rien d’autres que des dettes à rembourser. Siham avait du abandonner ses études, se mettre au travail pour pouvoir aider et soutenir sa mère dans son quotidien. Elle ne pouvait plus se permette d’attendre que le temps passe sans avoir à fournir le moindre effort. Alors voilà, pourquoi elle n’avait toujours pas mis les pieds dans un casino, elle n’en avait pas les moyens. Petit à petit, elles y étaient parvenues, à rembourser les dettes, à ne plus avoir cette épée de Damoclès sur la tête. Siham avait même pu enfin se reprendre un appartement, laissant sa mère avec son intimité, prête à retrouver la sienne également. La suite, on la connait, alors qu’elle pensait retrouver un semblant de liberté, de pouvoir gouter à sa vie de jeune femme indépendante, son fils était sortie d’un chapeau, faisant écroule tout son monde sous ses pieds.
Siham n’avait pas plus les moyens aujourd’hui, elle était sans cesse dans le rouge, mais elle s’autorisait à sortir de sa zone de confort et à faire des choses qu’elle n’avait encore jamais réalisé jusqu’à présent. Elle n’avait pas de liste préconçue qu’elle tenait à jour et rayait dès qu’elle faisait une des choses écrites dessus, mais c’était plutôt au grès de ses envies. La moindre excuse était bonne pour s’échapper. D’ailleurs, dans ses lubies les plus récentes, elle avait même eu envie de partir dans un autre pays, son rêve était de voyager, en Europe notamment. Elle n’y connaissait rien et se souvenait de son amie Helga, avec qui elle avait fait sa première année à la fac. Elle venait de Berlin et lui parlait toujours avec beaucoup d’amour de son pays. Quoi de mieux pour voyager que d’avoir un pied à terre quelques part ? Mais pour les voyages, les envies d’ailleurs, Siham savait qu’elle pouvait tirer un trait dessus. Elle assumait difficilement son manque d’investissement envers son fils, alors tout abandonner, c’était trop, même pour elle. « Je prends tous les tips des activités gratuites et amusantes ! »
« C’est celle qu’ils auraient dû mettre ! Money money money !! » le sourire de Siham s’étira, c’est vrai, que ça aurait visé plus juste. Ce serait la chanson rêver pour remporter le jackpot en plus, à défaut, dancing queen semblait correspondre aussi à la situation. Pas de Jackpot pour Siham, et c’était passé à rien, le 17 sort un coup trop tard et lui reste à travers la gorge. C’était surement le signe qu’elle devrait mieux garder ses 90 dollars restant pour en faire bon usage et pas pour les jeter par les fenêtres. Sa chance, c’est que son acolyte masquée est rapidement motivée à aller danser. Elle dégage quelque chose de chaleureux et des ondes positives, tout ce dont Siham avait besoin après tout. « Des fois je crois que j’aurai dû vivre dans les années 70. » les années 60 ou les années 70, vendaient souvent du rêve, ces fameuses trente glorieuses où tout le monde avait l’air heureux et ne manquait de rien. La révolution industrielle, l’arrivée de la machine à laver dans les ménages, l’émancipation de la femme, la bonne musique, les hippies, le  début du disco. « Une vieille âme a dû se réincarner en moi. » Siham se déhanche sur la piste, sourire aux lèvres. « Ca me déplairait pas de me réincarner en quelqu’un qui te ressemble ! » et si elle devait se poser la question, Siham réfléchissait à cette personne qui se serait réincarnée en elle. D’où venait elle ? Qu’avait-elle fait pour se retrouver à devoir payer de ses pêchers et que le sort s’acharne sur elle dans cette nouvelle vie ? En tout cas, elle tenterait de faire son meilleure pour que la prochaine pioche s’en sorte mieux qu’elle.
. « Est-ce que tu veux boire un verre gratuit ? »  Siham suit le regard de la belle masquée et tombe sur cet homme qui la regarde et ne fait que lui sourire. Siham n’avait plus touché une goutte d’alcool depuis cette fameuse soirée chez elle, et avant cette soirée, c’était quatre années qui s’étaient écoulées. Elle eut un temps d’hésitation, souhaitant d’abord refuser, puis… « Il arrête pas de nous regarder. » « Puisque c’est gratuit… » une vie à la fois, comme on dit. Il n’y avait pas de raison qu’à chaque fois qu’elle prend un verre, ça finisse par mal se terminer. Sa psy lui disait que les problèmes d’alcool de son père n’avaient rien à voir avec les fois où elle s’accordait un verre pour le plaisir et pour se désinhiber le temps d’une soirée. Siham n’en avait pas une consommation quotidienne, loin de là. « J’te laisse faire le premier pas. » parce qu’elle est pas du genre à être entreprenante avec les hommes, parce qu’elle osera pas prétendre à une boisson gratuite en profitant d’être une femme. Mais avec le soutien de sa partenaire de soirée, elle pouvait se sentir pousser des ailes. Elle se met tout de même en route, quelques mètres les séparaient et avant d'arriver à son niveau, Siham arrêta la jeune demoiselle. « Au fait, comment tu t'appelle? » comme si ça lui permettait de se sentir plus en confiance devant un inconnu.

« Je prends tous les tips des activités gratuites et amusantes ! » Il suffit de ne pas être très demandant pour se satisfaire de peu. Si c’est le cas de Siham elle aimera ce que tu lui diras éventuellement comme astuces. La plus simple de toutes va arriver peu de temps après, vous êtes deux jolies jeunes femmes, tu as confiance en l’instinct animal des hommes qui gravitent autour de vous. Ca ne loupe jamais. Vous vous trémoussez en discutant, la musique est vraiment bonne et tu n’as pas besoin de beaucoup d’efforts pour t’éclater sur le rythme de ABBA. C’est la vie. « Ca me déplairait pas de me réincarner en quelqu’un qui te ressemble ! » Tes yeux s’ouvrent un peu plus grand, touché par cet aveux. Tu poses une main sur ta poitrine et tu fais une petite révérence. « C’est le plus beau compliment qu’on m’ait dit cette année. » Tu exagères un tout petit peu car l’année est déjà bien entamée mais ça reste la réalité. C’est un compliment qui te va droit au coeur et qui ne correspond pour une fois pas à un aspect de ton physique, mais de ta personne toute entière.

Et le voilà, le verre gratuit qui s’approche avec ce type qui vous observe depuis quelques instants. Il doit avoir de l’argent à dépenser ce soir et ce sera pour vous plutôt que les croupiers, c’est bien mieux à ton avis. « Puisque c’est gratuit… » Siham est opérationnelle pour aller piocher l’argent de cet homme qui doit se penser le plus puissant du monde de vous avoir attirer à lui rien qu’avec des regards, mais c’est vous qui gagnez à ce petit jeu en fin de compte. C’est comme ça que tu le vois. Tant qu’ils se sentent supérieur, ça fonctionne, au début. « J’te laisse faire le premier pas. » Serait-elle intimidé ? Ca te fait sourire de la voir te pousser toi sur le devant de la scène plutôt qu’elle. Après tout, c’est ton idée, il est vrai. Tu as l’habitude de ce petit manège, ce petit jeu de regards et de boisson à l’oeil avec les hommes. C’est ta façon de faire les transactions.

« Au fait, comment tu t'appelle? » Elle demande en t’arrêtant au milieu de votre élancée. Tu tends la main à ta compagne de soirée. « Je suis Lola et je suis ravie d’avoir fait ta connaissance ce soir. » Tu réponds sur un air un peu trop solennel que nécessaire, mais tu es sincère dans tes mots. « Allons prendre ces verres gratuits. » Tu ajoutes en l’attirant avec toi par la main.

The end