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@megan williams

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Alors qu’ils s’apprêtaient à se rendre à leur table de poker, le regard de Damon était tombé sur Shiloh se tenant un peu plus loin dans la foule. Il aurait pu choisir n’import quel autre moment pour s’occuper de ça, mais l’occasion était parfaite pour agir de la sorte; alors il avait saisi cette occasion et avait laissé Megan aller s’installer à la table de poker seule. Au pire, elle perdrait tout leur argent - et ce n’était pas quelque-chose qui faisait tiquer l’italien à aucun moment. Elle ne serait pas la première Williams à dépenser pour cet établissement, de ce qu’il pouvait comprendre à travers le peu d’informations que le serveur lui avait donné lorsqu’ils étaient passés par le bar, donc une personne de plus ou de moins.

Damon fit en sorte cependant de ne pas exagérer sur le temps qu’il alloua à Shiloh: il l’avait prévenu dès qu’il l’avait emmené à l’écart avec lui, il agissait de la sorte simplement pour lui demander un service à l’abri du regard de Megan pour que ce dernier soit une surprise pour elle. Mais il savait aussi qu’il ne pouvait pas laisser sa femme trop longtemps seule: pas parce-qu’elle allait se douter qu’il lui cachait quelque-chose - ça elle le comprendrait dès qu’il mettrait plus de cinq minutes à revenir vers elle -, mais plutôt parce-qu’il savait que ses suspicions pouvaient aller bien loin dans son esprit et le but n’était pas de raviver certaines blessures dans son esprit. Pas là où justement, il tentait de lui faire une surprise qu’il savait d’avance lui plaire, justement.

« Alors, ça donne quoi ? » Son ton était plus enjoué que lorsqu’il l’avait quitté après avoir découvert qu’une ardoise était restée ouverte au nom de son père depuis il ne savait trop combien de temps, et cela pouvait également ajouter une touche aux suspicions. Posant son verre dans l’encoche faite dans la table à cette intention, son regard parcouru les cartes posées et les joueurs autour d’eux. Il souffla un petit rire par le nez. « Ca sollicite des engrammes de voir tout ça, comme à l’époque effectivement où je jouais à l’école. On a pu en faire, des soirées cartes, au pensionnat. » A l’époque, les jeux déjà n’étaient pas si innocents que cela - la seule trace d’innocence présente lorsqu’ils se retrouvaient à faire des tournois dans leurs chambres d’internat, c’était celle dans les mots et les gestes de Damon, déjà à l’époque. Il avait prévenu Megan: il était loin d’être le meilleur des joueurs.

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Megan Williams & @Damon Williams ☆ crédit/katysgifs

D’abord, j’ai retenu mon souffle lorsque le serveur a demandé à Damon qu’il devait mettre sa note au nom de son père, lui-même aux abonnés absents certainement depuis qu’il a senti que le temps tournait à l’orage et que la situation risquait de lui échapper. J’ai resserré mes doigts autour de ceux de Damon pour lui montrer que j’étais là, à ses côtés, et en espérant qu’il ne se laisse pas happer par ce regrettable incident. Il n’a rien montré de tel. Il m’a embrassée, avant d’acquiescer à ma proposition, nous garder la place libre que j’avais aperçue un instant plus tôt autour de l’une des tables de poker. Il m’a promis de m’y rejoindre tout de suite et, bien qu’inquiète de l’impact de la méprise de l’employé du casino sur l’humeur de Damon, j’ai fini par tourner les talons pour m’installer dans le cercle formé par les joueurs.

Un coup d’œil m’a suffi à déterminer que les joueurs qui m’entourent sont expérimentés, plus que moi qui part de zéro, en tout cas. Le masque aidait, j’ai toutefois gardé le menton haut et me suis présentée de façon cordiale et chaleureuse. Ce qu’un autre coup d’œil m’a appris en revanche m’a bien moins plus que l’accueil des autres convives. Je n’ai pas rêvé : je connais assez la silhouette de mon époux pour savoir que c’est lui que j’ai aperçu disparaître derrière une porte – un salon privé certainement – en compagnie d’une jeune femme blonde qui, de dos en tout cas, avait l’air plutôt mignonne. Elle est ridicule, la bouffée de jalousie que j’ai ressentie en cet instant. Et cette fois, c’est bien de ça qu’il s’agit, une jalousie pure et simple. Mais qui disparaît avec une femme dans ce genre d’endroit alors qu’il est en compagnie de sa femme, et que la soirée porte l’étiquette de rencard. J’ai fulminé pendant tout le temps où Damon a été aux abonnés absents. J’ai perdu le compte des minutes et je ne me suis pas plus concentrée sur la partie. Incapable de savoir quand je devais ne serait-ce qu’envisager de demander une carte, relancer ou me coucher, je me suis retrouvée avec un jeu pitoyable et, de rage et poussée par mon excessivité, j’ai misé la totalité des jetons en ma disposition. C’est puéril et cela ne m’a pas fait du bien. Lorsque Damon est revenu vers moi, ma vengeance enfantine ne m’a pas rendue plus calme pour autant.

« Alors, ça donne quoi ? » Il poursuit, ses lèvres épellent des bla bla bla que je ne prends même plus la peine d’écouter. Avec un calme mal maîtrisé, je finis par lui répondre. « J’ai perdu tous nos jetons. » Aussi vite, c’est un exploit. Un exploit qui ne peut-être que volontaire : aucun débutant ne joue de façon aussi imprudente. « J’ai perdu tous nos jetons parce que mon goujat de mari a jugé intelligent de disparaître avec une autre fille dans un salon privé et en me laissant toute seule ici. » Et le pire dans tout ça, c’est que le serveur ne m’a même pas amené ma boisson.

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« J’ai perdu tous nos jetons. » Oh no. Rien qu’au ton qu’elle donnait à sa voix - il supposait en rien voulu, qui plus était -, il savait d’avance qu’il avait été pris la main dans le sac et que la vérité serait rapidement nécessaire dans la situation qui se présentait. Inspirant doucement, il finit par se tourner vers Megan, un air aussi innocent que possible accroché à son visage. « J’ai oublié de t’apprendre à jouer en même temps, je suis pas étonné. » Et elle avait avoué ne pas du tout savoir jouer avant qu'ils n’arrivent sur place: ce n’était là que la suite logique. Et bien sur qu’il ne fut en rien offusqué: les jetons étaient le cadet de ses soucis en cet instant. « J’ai perdu tous nos jetons parce que mon goujat de mari a jugé intelligent de disparaître avec une autre fille dans un salon privé et en me laissant toute seule ici. » Oh, Megan. Il voyait la jalousie percer dans son regard, jeter des éclairs au passage. Et Damon dut retenir un petit sourire, autant amusé que désolé: il savait qu’aucun des deux ne serait le bienvenu en cet instant, et il ne souhaitait pas mettre le feu aux poudres. Ce n’était en rien le but de cet exercice.

Il aurait pu tenter de semer le doute, jouer le jeu de l’innocence, mais il n’avait pas envie de tirer sur une corde qu’il savait sensible alors qu’ils avaient eu de longues discussions à propos de ce type de situations - plus ou moins, mais l’idée était tout de même présente. Alors, faisant rouler ses lèvres l’une sur l’autre, il pencha quelque peu sa tête sur le côté avant de reprendre la parole. « C’était Shiloh. » Autant ne pas mentir: cela ne prendrait pas de toutes façons. Il garderait la surprise, mais n’irait pas à l’encontre de son instinct qui n’était de ne pas mentir à sa femme. « Apparemment, c’est peut-être moi qui aurais du te demander de te rappeler comment j’étais habillé, si t’arrives même pas à la reconnaître. » Il était taquin. Il savait que ce ne serait pas bien vu par la jeune femme et qu’elle risquait de lui souligner que ce n’était pas très malin de sa part de jouer de la sorte avec les tons et les mots, mais tant pis. « J’ai vu qu’elle était là quand on est repartis du bar tout à l’heure, et ça fait quelques temps que je voulais lui parler de quelque-chose. Alors, j’en ai profité. » Tirant le tabouret aux côtés de Megan, il récupéra d’une main les cartes qui leur avaient été distribuées, se couchant de suite: ils n’avaient plus de jetons, et sa main ne valait pas la peine. « Et tu sauras pas de quoi on a parlé. » Haussant un sourcil sur son visage, il plongea son regard dans celui de la blonde. « Je dois continuer ou tu me traites encore de goujat une nouvelle fois ? » Cette partie là, il s’en serait bien passé; mais elle le devinerait facilement.

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Elle était blonde, la fille avec laquelle Damon a disparu, j’en suis presque sûre. Pendant cette partie de poker où je perds – volontairement – gros, je me dévisse le cou au point de m’en faire un torticolis, mon attention toujours braquée sur cette porte derrière laquelle Damon a disparue juste après m’avoir promis de me retrouver à la table de jeu immédiatement après avoir récupérer nos verres. Je voudrais être capable de ne pas douter, même dans ce genre de configuration, de ne pas me demander s’il la connait, si c’est une ex, si elle le fait rire, s’ils échangent avec complicité et s’il se rendra compte au terme de ces quelques minutes qu’elle est plus intéressante, drôle, charmante et jolie que moi mais j’en suis incapable. Une part de moi pense toujours qu’il est idiot de ma part de penser que Damon ne me filera jamais entre les doigts. Malgré nos promesses, malgré nos déclarations et malgré les alliances à nos doigts.

« C’était Shiloh. » Après mon accès de colère, il me faut quelques secondes pour redescendre. Quelques secondes pendant lesquelles je prends la mesure de ma bêtises, la bouche ouverte, les yeux qui s’écarquillent. « Apparemment, c’est peut-être moi qui aurais dû te demander de te rappeler comment j’étais habillé, si t’arrives même pas à la reconnaître. » Je fronce les sourcils, déjà penaude. « Shiloh ? Mais qu’est ce que tu… Qu’est-ce qu’elle… » Je perds mes moyens et mes joues piquent un fard. Ma question, je n’arrive même pas à la formuler mais Damon anticipe mon besoin d’explications. « J’ai vu qu’elle était là quand on est repartis du bar tout à l’heure, et ça fait quelques temps que je voulais lui parler de quelque-chose. Alors, j’en ai profité. » Lui parler de quelque chose ? Mais de quoi ? Tous mes soupçons se sont envolés à l’instant où le blond a prononcé le nom de ma meilleure amie. S’il existe bien une personne sur cette planète incapable de ce genre de coup de couteau dans le dos, c’est elle. Je réalise à quel point je me suis emballée, et à quel point j’ai été stupide et excessive. Excessive au point de perdre mille euros de jetons. D’un coup, j’ai chaud, les joues rouges et du mal à aligner une idée cohérente. « Et tu sauras pas de quoi on a parlé. Je dois continuer ou tu me traites encore de goujat une nouvelle fois ? » Aussi honteuse qu’une enfant prise la main dans le sac, je baisse les yeux. Je suis ravie de porter un masque, qui masque au moins une partie de ma confusion et de la honte qui se peint sur mon visage. « Non, c’est bon. » Est-il en colère Damon ? Blessé ? Quelques secondes après avoir béni le mien, je maudis le masque de mon époux. Damon pose le jeu de carte pour passer la manche et je passe outre le sentiment cuisant de honte pour lui attraper la main. « Je suis désolée. Même si j’ai paniqué, le goujat était de trop. » Parce que ce n’est pas ce qu’il est, même si sa démarche n’est pas bien maligne, tout comme son timing. « Tu voulais parler à Shiloh ? Mais pourquoi ? » Il a bien fait de décliner son identité rapidement. « Je suis désolée. » J’ajoute à voix basse. « Pour l’argent. Je me sens ridicule. »

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La surprise fut très très rapidement de mise sur les traits du visage de Megan: bouchée bée, yeux écarquillés, il n’y avait pas d’autre interprétation possible de son expression que l’étonnement en cet instant. Damon savait bien que le prénom de sa meilleure amie lui couperait l’herbe sous le pied - et s’il ne savait pas d’avance qu’elle ne le percevrait pas tant bien que cela, et qu’elle allait rapidement s’en vouloir de s’être emportée, il se serait peut-être permis une petite moquerie; il n’en fit rien, cependant. « Shiloh ? Mais qu’est ce que tu… Qu’est-ce qu’elle… » Peut-être que le plan initial était de ne pas se faire prendre la main dans le sac, mais si c’était le cas l’italien avait de quoi expliquer ce qu’il s’était passé. Puisqu’en dehors du contenu de la conversation qu’il garderait secret pour des raisons évidentes - la surprise créée pour Megan ne fonctionnerait pas s’il lui en parlait avant qu’elle n’arrive -, ce n’était pas un drame s’il lui avouait avoir discuté avec Shiloh en amont. Alors, il anticipa les attentes de la jeune femme, lui laissant un discours syncopé tant il n'attendit pas qu’elle ait terminé de poser ses questions avant de répliquer.

Sa femme finit par baisser le regard, alors qu’il dégagea quelques secondes de son côté pour se coucher sur la partie en cours de poker à la table - puisqu’elle avait lancé le jeu sans attendre qu’il arrive à ses côtés. Le regard de Damon ne mit cependant qu’une poignée de secondes avant de se reporter sur elle, lui demandant si elle allait le traiter de goujat encore une fois. « Non, c’est bon. » - « Tant mieux. » Ses mots à lui étaient tous doux, comme d’habitude. Ce fut à ce moment là qu’elle lui attrapa la main - il eut un petit sourire attendri, étirant le coin de ses lèvres, mais elle ne put le voir tant son regard était fuyant. « Je suis désolée. Même si j’ai paniqué, le goujat était de trop. » Laissant quelques secondes s’écouler, il finit par lui répondre « Merci. » d’un ton reconnaissant. « Tu voulais parler à Shiloh ? Mais pourquoi ? » Alors à ce moment là, il se permit un petit rire. « Je t’ai dit: tu sauras pas. » Et elle aurait beau sortir tous les arguments qu’elle avait à disposition, il ne changerait pas d’avis sur la question: il tenait à ce que le contenu de leur conversation reste désormais connu que de eux deux, jusqu’au moment où il pourrait en parler à Megan.

« Je suis désolée. Pour l’argent. Je me sens ridicule. » De la main qu’elle n’avait pas rendue prisonnière, il attrapa délicatement son menton pour lui faire relever le regard et que leur yeux s’accrochèrent les uns aux autres. « Meg. » Il se pencha pour lui voler un baiser, un brin appuyé, pour donner du poids aux mots qui suivirent. « J’en ai rien à foutre de l’argent. » Il entendit quelqu’un racler sa gorge de surprise dans son dos: apparemment, leur discussion de couple était plus intéressante que le jeu qui se passait à la table. « Même si on aurait apparemment pu éviter de le perdre, mais franchement je m’en fous. » Il pencha légèrement sa tête sur le côté, une petite moue attendrie et réassurante sur le visage. Oh, il y aurait bien des choses qu’il pourrait avoir envie de dire en cet instant, et plein de phrases qui pourraient facilement déclencher une dispute au milieu du casino; ce ne fut pas sur cette voie là qu’il décida de se lancer, parce-que cela ne valait pas la peine et qu’en plus il savait bien que c’était là le type de réaction qui était encore hors de son contrôle. Un jour, peut-être qu’il arriverait à lui faire comprendre et à lui faire pleinement percevoir que sa jalousie lui faisait ressentir de la peine pour rien. Ce jour n’était pas aujourd’hui. « Comment tu te sens ? » Parce-qu’il avait noté son regard fuyant, ses joues rougies et la façon dont elle s’exprimait en cet instant. « Je me serais pas permis d’agir comme ça si ça avait pas été elle, tu sais. » Il savait qu’elle savait, tous deux savaient.

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« Je t’ai dit: tu sauras pas. » Maintenant que la colère et la jalousie se dissipent, c’est la frustration de ne pas voir ma curiosité satisfaite qui s’installe. Damon fait des cachoteries, des cachoteries qui s’appellent certainement surprise et si je sais que ce sera certainement parfait – ça l’est toujours – je brûle à présent d’envie de savoir ce dont il a bien pu échanger avec Shiloh. En tant que meilleure amie et parce qu’elle est celle qui me connait depuis le plus de temps, cela peut aller du simple conseil jusqu’à des questions bien plus importantes, et je plisse les lèvres face à sa réponse. « Même si je te demande très gentiment ? » Que je rétorque, toujours gênée mais un peu rassurée – il n’a pas l’air en colère – en posant ma main sur sa cuisse.

« Meg. » Doucement, il m’attrape le menton et dépose un baiser sur mes lèvres. Toutes mes craintes s’envolent : Damon n’est pas en colère. Ma réaction ne l’a pas mis en colère ou, en tout cas, pas assez pour me le faire payer par sa mauvaise humeur. « J’en ai rien à foutre de l’argent. » Un grattement de gorge s’élève, pour nous rappeler que nous sommes en public peut-être, ou bien pour signaler à Damon à quel point ce genre de remarque est déplacée. Moi, je me laisse enfin aller à un léger rire, détendue. « Même si on aurait apparemment pu éviter de le perdre, mais franchement je m’en fous. » Je hoche la tête, un air soulagé sur mon minois. « J’ai fait exprès de le perdre. » Je préfère que ce soit dit, même s’il s’en doute certainement. Personne ne perd autant en si peu de temps sans avoir été particulièrement imprudent. « J’ai tout misé alors que je ne savais même pas quel genre de combinaison j’avais avec les cartes que j’avais dans la main. » Certainement aucune. En tout cas, personne ne me l’a expliqué en ramassant la totalité de mes jetons.

« Comment tu te sens ? » - « Idiote, principalement. » Je baisse à nouveau les yeux, l’espace d’un instant avec d’oser les replonger dans les siens. « Je me serais pas permis d’agir comme ça si ça avait pas été elle, tu sais. » - « Oui, je le sais. » C’est peut-être ça le pire : j’en suis au fond persuadé. Mais j’ai été trop blessé par les récents événements – l’incursion d’Ambrose Constantine dans notre week-end – pour ne pas attendre le pire alors que Damon ne mérite pas ma défiance. « Je suis à cran, je crois. C’est tout. »

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« Même si je te demande très gentiment ? » Il secoua la tête avec un petit sourire amusé aux lèvres, malgré tout. « Même si tu le demandais très gentiment. Parce-que sinon ce serait pas une surprise réussie. » Il savait ce qu’il faisait: en lui avouant que c’était une surprise, ce qu’elle avait déjà surement compris mais qu’elle avait peut-être besoin d’entendre, elle n’irait pas jusqu’à fouiner plus loin; elle était curieuse, mais ne voudrait pas tenter de ruiner ce qu’il préparait.

De toutes façons, pour le moment il préférait se concentrer sur le fait qu’elle se sente très gênée - il n’y avait pas besoin d’être devin pour le savoir, ses joues ne prenaient d’habitude pas cette teinte là, et elle évitait un peu trop son regard pour que ce soit par pudeur de lui avouer qu’elle avait perdu beaucoup trop d’argent. Alors, doucement, il releva son menton pour que leurs regards puissent se croiser et qu’elle puisse comprendre qu’il ne lui en voulait pas un seul instant. « J’ai fait exprès de le perdre. » - « Je sais. » Qu’il ajouta du bout des lèvres. « J’ai tout misé alors que je ne savais même pas quel genre de combinaison j’avais avec les cartes que j’avais dans la main. » Il eut un fin rire qui s’échappa des ses lèvres. « Je vais vraiment t’apprendre à jouer et comme ça tu pourras plus faire ça. » Autant pour elle que pour leur argent: au moins, elle pourrait associer un bon moment de partage entre eux au poker et non s’en rappeler comme le moment où elle avait cru qu’il se cachait avec une autre blonde dans un salon privé.

« Idiote, principalement. » Les yeux de Megan n’échappèrent aux siens qu’un seul instant cette fois ci, avant qu’elle ne remonte son regard d’elle-même à la suite. Il préférait lorsqu’ils parlaient de la sorte: il avait ce besoin constant de contact entre lui et autrui, il s’en apercevait de plus en plus avec le temps. « Je t’en veux pas, tu sais. Et c'est pas grave. » Autant par rapport à sa réaction envers son entrevue secrète avec Shiloh que pour le fait qu’elle ait déjà perdu tout l’argent qu’il avait sorti pour le jouer avec elle dans la soirée. C’était deux situations qui n’étaient pas graves et qui pouvaient être expliquées, alors il n’allait pas en faire tout un plat. « Oui, je le sais. » Il esquissa un petit sourire. « Tant mieux. » Un jour, elle arriverait à accorder ses réactions à ce qu'elle savait au fond d’elle. « Je suis à cran, je crois. C’est tout. » - « C’est pas grave non plus, ça. » Retirant la main de sous son menton, il glissa son doigt le long de sa joue, avant d’aller replacer la seule mèche qui s’était défait de son chignon jusque derrière son oreille. « Ta réaction est légitime. » Sa main était désormais posée sur celle de Megan, tenues toutes deux sur sa cuisse. « Et si tu veux me faire payer ma monnaie de ma pièce, utilise autre chose que l’argent: ça fonctionne pas chez moi ça. » Bien sur que son sourire était amusé, et que le ton portait l’humour. Tout ce qu’il cherchait à lui faire comprendre c’était qu’il comprenait où elle voulait en venir en agissant de cette sorte.

« Tu veux que j’aille jouer le gangster maintenant et remonter les bretelles au serveur parce-que t’as pas eu ton verre encore ? » Les traits de Damon étaient clairement amusés désormais. « Et après je t’apprends à récupérer mon argent ? »

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« Même si tu le demandais très gentiment. Parce-que sinon ce serait pas une surprise réussie. » - « Donc c’est une surprise ! » Satisfaite d’avoir au moins eu ce morceau là de réponse, je me tranquillise. Bien sûr, dès l’instant où j’ai découvert l’identité de la jeune fille avec laquelle il a échangé, je n’ai plus eu le moindre doute sur sa droiture. Mais l’entendre me confirmer qu’il n’est allé la voir que pour moi, pour quelqu’un dans mon genre, c’est rassurant. « Est-ce que c’est vraiment une vraie surprise si personne essaye de deviner de quoi il s’agit ? » Damon ferait mieux de mettre ses plans à exécution, puisque je suis capable de me montrer particulièrement insistante – et inventive – pour tenter de le faire parler.

« Je vais vraiment t’apprendre à jouer et comme ça tu pourras plus faire ça. »
« Je crois que tu me sous-estime. »

J’en plaisante, désormais. Je me sens toujours bien stupide, mais je tente d’alléger l’atmosphère en lui rappelant que lorsqu’il est question d’être une casse pied de service, personne ne peut rivaliser avec moi. Je suis capable d’être plutôt inventive lorsque je suis en colère et que je veux me venger. Cette fois, c’était l’argent parce que c’est ce qui m’est passé par la tête. J’espère qu’il n’y aura pas de prochaine fois, ou pas de prochaine fois où mes craintes seraient fondées .« Je t’en veux pas, tu sais. Et c'est pas grave. » Je pince mes lèvres, et j’articule un "merci" à peine audible. Merci de ne pas m’en vouloir d’être celle que je suis, même si j’ai conscience de ne pas toujours être la plus facile à vivre. « C’est pas grave non plus, ça. » Ses doigts replacent une mèche de mes cheveux, et je serre sa main libre dans la mienne, avant qu’elles ne soient toutes les deux rejoint sur ses cuisses. « Ta réaction est légitime. » - « Merci. » Merci de me rassurer. Merci d’avoir pris en compte ma peur de passer pour une cinglée, d’être défaillante à tes yeux. « Je te mérite pas. » Je le chuchote, en caressant le dos de sa main avec mon pouce. J’ai l’impression que tout le monde en est conscient, de ce constant. Surtout les autres joueurs, qui viennent de me voir lui faire perdre un millier de dollars sans obtenir la moindre réaction de sa part. Visiblement, notre scène pousse certains à tendre l’oreille. « Et si tu veux me faire payer ma monnaie de ma pièce, utilise autre chose que l’argent: ça fonctionne pas chez moi ça. » Mes lèvres étirent un sourire amusé, et je regarde les deux pauvres jetons qu’il nous reste. « Si on veut continuer à jouer, il va falloir en prendre d’autres. » Mais je comprendrais qu’il préfère arrêter les frais. Même si je n’ai jamais vu Damon compter son argent, et je sais que la somme est dérisoire, ridicule à ses yeux.

« Tu veux que j’aille jouer le gangster maintenant et remonter les bretelles au serveur parce-que t’as pas eu ton verre encore ? Et après je t’apprends à récupérer mon argent ? » Je hoche la tête et, après une pression sur ses doigts, je le laisse m’échapper. « Oublie pas de bomber le torse, Al Capone » J’éclate de rire avant de déposer un baiser sur sa joue. « Tu vas les terroriser.  » Je l’observe s’éloigner, parlementer comme un gentleman avec le serveur, et revenir avec nos deux verres. « Bon, je suis prête pour le cours. » Et cela tombe bien, on vient de me distribuer une nouvelle main.

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« Donc c’est une surprise ! » Il pencha sa tête un brin sur le côté. « Bien sur que c’est une surprise. » Il n’aurait pas joué sur cette corde là si c’en était pas une - autant parce-que ce n’était pas son style de cacher des choses à la jeune femme que parce-que c’était à l’opposé de tout ce qu’ils tentaient ensemble de mettre en place ces dernières semaines, que parce-que de toutes façons ce n’était pas son style d'avoir des secrets. « Est-ce que c’est vraiment une vraie surprise si personne essaye de deviner de quoi il s’agit ? » Il secoua un brin sa tête de gauche à droite, un petit sourire aux lèvres. « Tu sauras rien, et tu verras que je vais pas céder. » Elle aura beau tenter de toutes ses forces, ça ne fonctionnera pas: il avait vraiment à coeur de réussir à la surprendre avec ce qu’il préparait désormais autant dans son dos que sous ses yeux.

« Je crois que tu me sous-estime. » - « Pas un seul instant. »

Pour ce qui était de jouer au poker et ne pas perdre, elle manquait d’informations et d’expertise: c’était là deux choses qui pouvaient rapidement être résolues. Pour ce qui concernait le comportement qu’elle avait eu en voyant son mari se faufiler dans un salon privé avec une autre blonde, il ne pouvait lui en vouloir: il savait d’avance que ça aurait été là sa façon de faire si elle le prenait la main dans le sac. C’était là toute une partie qu’il ne saurait lui reprocher. « Merci. Je te mérite pas. » - « Bien sur que si. » Son regard était ancré dans celui de Megan, appuyant autant que cela était possible ses paroles pour lui montrer qu’il n’hésitait pas un seul instant sur la question. « Je crois que tu te sous-estimes. » Pour reprendre ses propres mots - il déposa un baiser sur sa joue à la suite.

« Si on veut continuer à jouer, il va falloir en prendre d’autres. » Effectivement, ils étaient presque à sec: ils n’allaient pas faire long feu de la sorte. Il porta d’abord malgré tout son attention sur le fait que le serveur n’était pas venu avec la commande passée un peu plus tôt comme initialement prévu. « Oublie pas de bomber le torse, Al Capone. » Avec un air amusé, il secoua quelque peu sa tête, acceptant volontiers le baiser qu’elle lui donnait. « Tu vas les terroriser. » Non, mais il appréciait particulièrement être encouragé de la sorte; alors peut-être effectivement qu'il se montra un brin davantage vaillant comparé à l’ordinaire lorsqu’il allait voir le serveur. Il ne revint que lorsqu’il eut obtenu boissons et excuses, et pas avant, plutôt fier de lui. Posant les verres sur le bord de la table, Damon finit par se positionner derrière Megan, restant debout pour le moment. « Bon, je suis prête pour le cours. » - « Parfait. » Nombreux étaient ceux autour de la table à les regarder comme s’ils étaient des bêtes de foire, mais il n’en avait que faire: ils ne trichaient pas et donc n’avaient aucune raison de se retirer de la table. Surtout pas avec le portefeuille que l’italien pouvait avoir.

Tournant complètement la chaise de Megan pour qu’elle soit de nouveau face à la table, il resta toujours derrière elle, s’appuya contre la table de jeu en mettant une main de chaque côté de la jeune femme; ainsi, son menton arrivait juste à hauteur de son épaule et de son oreille, il pouvait communiquer avec elle sans que le reste de la table n’entende de trop ce qu’ils se disaient - même s’ils allaient devoir renflouer leur réserve de jetons rapidement, ils pouvaient toujours tenter le tout pour le tout. Pour le reste du temps où ils furent en train de jouer, Damon parla à voix basse et à l’oreille de sa femme. « En vrai, ce qui est le plus important c’est de prétendre savoir que tu sais jouer. » Il eut un petit rire. « Et c’est pour ça d’ailleurs que je suis pas très bon à ce jeu là. » Mais ce n’était pas le plus important - lui voulait simplement passer un bon moment avec la jeune femme, rien de plus. « Là t’as une paire, on va pas pouvoir en faire grand chose, y’a trop de risques que l’un d’eux ait une combinaison plus haute que ça. Autant qu’on passe pour ce tour là. »

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« Bien sûr que c’est une surprise. »
« Tu sauras rien, et tu verras que je vais pas céder. »

Je plisse le nez, mais ce n’est plus que de l’amusement qui est peint sur mon visage. Maintenant que je suis entièrement rassurée sur la nature de ses messes basses avec cette mystérieuse blonde, je laisse libre cours à mon espièglerie et je n’ai plus qu’un seul but, taquiner Damon dans le but que, peut-être, arriver à lui soutirer la moindre bribe d’information. « Toi, tu vas m’emmener quelque part. » Jusque-là, le cheminement n’est pas bien compliqué. C’est dans la nature de Damon de préparer des surprises aussi exceptionnelles. Pour me déclarer sa flamme, il a organisé un voyage surprise à Bali. Je doute que pour notre renouvellement de noce, il se contente de m’emmener au restaurant. « Je te propose quelque chose. Toutes les semaines, j’ai le droit à une et une seule proposition de destination et, si c’est ça, tu dois me le dire. » Bien sûr, il ne cèdera pas de terrain. Mais tenter de lui soutirer l’information est aussi amusant et léger que de réellement l’obtenir. La finalité n’est pas forcément de le faire craquer.

« Bien sûr que si. Je crois que tu te sous-estimes. » Attendrie, j’esquisse un sourire empli de tendresse. Lui me surestime sans le moindre doute. Je n’ai pas l’impression d’être la moitié de l’être humain qu’il pense que je suis. « Merci. Tu manques d’objectivité. » La dernière fois que je l’en ai "accusé", c’était une accusation, une critique sur son point de vue de la situation compte tenu de la relation qu’il avait partagé avec Constantine. Aujourd’hui, c’est un constat tendre et amusé. Me concernant, il peut manquer d’objectivité autant qu’il le veut.

Sans m’en vouloir le moins du monde pour ma réaction – je suis sincèrement rassurée qu’il le confirme – Damon se transforme en chevalier servant. Il récupère nos boissons auprès du barman qui les lui délivre avec un professionnalisme hors pair. Lorsqu’il me rejoint et qu’il m’entoure de ses bras, il réchauffe mon dos à la chaleur de son torse et je me perds dans ce contact agréable, mes sens titillés par son parfum. Comment suis-je censée me concentrée sur mon apprentissage, dans ce cadre-là ? « En vrai, ce qui est le plus important c’est de prétendre savoir que tu sais jouer. » Je suis douée pour ça. Nous le savons tous les deux mais, pour des raisons évidentes, je ne le mets pas forcément en avant. Cela ne lui rappellerait pas des sentiments agréables.« Et c’est pour ça d’ailleurs que je suis pas très bon à ce jeu là. » - « Je crois que de toute façon, nous avons distrait nos concurrents avec notre discussion. » Et attiré un peu trop d’attention sur nous-même. « Là t’as une paire, on va pas pouvoir en faire grand-chose, y’a trop de risques que l’un d’eux ait une combinaison plus haute que ça. Autant qu’on passe pour ce tour-là. » Déçue de ne pas pouvoir jouer, je plisse mes lèvres avant d’annoncer à voix haute que je me couche. Je profite de passer ce tour là pour observer les autres joueurs et interroger Damon en chuchotant. « T’es pas doué pour mentir, ok, mais est-ce que tu sais reconnaître quelqu’un qui bluffe ? » Je lui jette un regard en coin, son souffle tout proche du mien. « Autour de la table et parmi ceux qui jouent encore, qui est-ce qui ment à ton avis ? »

levitate above all the messes made

@megan williams

(c) thesoldiersminute
lieu: masquarade ball, roaring twenties.

***
« Toi, tu vas m’emmener quelque part. » Avec un petit sourire autant amusé qu’un brin gêné - Damon restant Damon en toutes circonstances -, il secoua quelque peu la tête. « Ne joue pas à ça. » Oh, il savait très bien où cette discussion menait et la façon dont elle tenterait de prendre le contrôle et les rênes de la surprise. Pas qu’il était dérangé par ça, d’ordinaire il trouvait ça plutôt attendrissant, mais aujourd’hui il était bien déterminé à ne pas ruiner sa surprise et à faire en sorte qu’elle reste de cette nature là le plus longtemps possible. « Je te propose quelque chose. Toutes les semaines, j’ai le droit à une et une seule proposition de destination et, si c’est ça, tu dois me le dire. » Il secoua sa tête plus fort. « Toutes les semaines, tu peux me faire une proposition et j’y répondrai pas. » Son petit sourire était amusé, cependant - bien sur qu'il était amusé. « Parce-qu’il est hors de question de te dire où on va. » Il s’arrêta un instant, repassa dans son esprit les dernières paroles, fronça un brin les sourcils. « Je viens déjà d’admettre qu’on allait quelque part alors qu’à la base je voulais pas te le dire, alors il faudra te contenter de ça. » Et pour ne pas qu’elle puisse répliquer plus vite que son ombre, il se pencha pour lui voler un baiser.

« Merci. Tu manques d’objectivité. » - « Je sais. » Mais pour une fois, il savait aussi que ce n’étiat pas une mauvaise chose.

Ils avaient cependant du pain sur la planche; étant donné que Megan avait perdu tout leur argent en jouant sans l’attendre alors qu’elle n’avait pas de notions concernant le poker, Damon allait devoir lui apprendre pour remettre le jeu en route; ils reprendraient des jetons quand ils seraient définitivement à cours, mais ils avaient encore le droit de se défendre avec le peu qui leur restait. Le seul soucis dans toute cette situation, c’était qu’il n’était pas particulièrement bon pour mentir - il n’était pas seulement question du poker, la jeune femme le savait et ne serait donc pas étonnée de cette pseudo-révélation -, et qu’il perdait assez régulièrement à cause de ce détail là. « Je crois que de toute façon, nous avons distrait nos concurrents avec notre discussion. » Il eut un petit rire. « Peut-être, mais ça suffira pas pour gagner. » Peut-être que les autres participants pensaient mener de loin, et que le jeune couple ne savait pas se défendre, mais cela ne leur accordait pas la victoire sur un plateau - à aucun des deux côtés, d’ailleurs. Pour ce tour, de toutes façons, ils n’avaient pas le jeu alors Damon lui conseilla de se coucher. « T’es pas doué pour mentir, ok, mais est-ce que tu sais reconnaître quelqu’un qui bluffe ? » Il tourna quelque peu son visage en direction de Megan, un sourcil haussé, intrigué autant qu’intéressé parce-qu’elle sous-entendait. « J’ai assez de parties à mon actif pour pas être trop mauvais, on va dire. » A défaut de rester longtemps en jeu, il avait longtemps observé.

« Autour de la table et parmi ceux qui jouent encore, qui est-ce qui ment à ton avis ? » Les mains n’avaient pas encore été dévoilées et les joueurs faisaient encore leur jeu. Alors, plissant un peu les yeux pour ajouter un effet dramatique à son comportement, Damon scruta un à un les joueurs avant de se pencher vers Megan. « Sur les six encore en jeu, y’en a que deux qui mentent. » Il parlait le plus bas possible, pour être sur de ne pas être entendu par les autres présents à leurs côtés - cela restait un jeu de stratégie. « Celui au chapeau sur la droite, et celui à qui il manque des cheveux en face. Les autres je pense pas qu’ils mentent. Ils vont retourner les cartes dans pas longtemps, on va pouvoir savoir. » Le deuxième tour de parole touchait à sa fin.

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Megan Williams & @Damon Williams ☆ crédit/katysgifs

« Toutes les semaines, tu peux me faire une proposition et j’y répondrai pas. Parce-qu’il est hors de question de te dire où on va. » Face à un Damon qui reste sur ses positions, j’affiche une moue délicieusement boudeuse. Elle est cependant radicalement différente de celle que j’affichais quelques minutes auparavant, lorsque je pensais Damon parti en douce avec une inconnue. Cette fois, le but est uniquement de jouer le rôle de la femme bafouée et frustrée de ne pas réussir à soutirer une information à son époux, rien de plus. Du reste, il a dévoilé – peut-être sans le vouloir, une première bribe d’information concernant sa surprise : nous allons effectivement quelque part. Ce n’était certes pas bien compliqué à deviner, mais il est tombé dans mon piège. « Je viens déjà d’admettre qu’on allait quelque part alors qu’à la base je voulais pas te le dire, alors il faudra te contenter de ça. » - « Cinq minutes et j’ai déjà réussi à te faire avouer ça. On verra combien d’informations j’arriverai à te faire lâcher d’ici là. » Ma moue se transforme en air provocateur et de défi. De toute évidence, Damon est motivé à ne pas donner la moindre information, cette fois, mais je suis douée à ce jeu-là.

« Peut-être, mais ça suffira pas pour gagner. » Il a raison : déjà, nos adversaires semblent d’être désintéressés de notre conversation d’amoureux – peut-être l’odeur des conflits et du sang leur semblait plus passionnante – pour se focaliser sur leur jeu. Dans les faits, je n’ai de toute façon pas la prétention d’affirmer que nous avons ce qu’il faut pour gagner. Les chances que nous perdions tout l’argent de l’Italien sont considérablement plus élevées. « J’ai assez de parties à mon actif pour pas être trop mauvais, on va dire. » - « Oh, monsieur est confiant. » J’esquisse un sourire, pivotant légèrement mon visage pour lui jeter un coup d’œil en coin. Nous ne sommes peut-être pas dans un film d’espionnage ou de mafieux, mais c’est excitant, de parler à quelques centimètres de son oreille et qu’il en fasse de même avec moi, nous créant une bulle d’intimité dans un endroit à la fois public et très fréquenté. « Sur les six encore en jeu, y’en a que deux qui mentent. Celui au chapeau sur la droite, et celui à qui il manque des cheveux en face. Les autres je pense pas qu’ils mentent. Ils vont retourner les cartes dans pas longtemps, on va pouvoir savoir. » J’observe en effet les joueurs expérimentés – ils ont l’air de l’être plus que moi – pousser en direction du centre de la table des tas de jetons qui représentent certainement des centaines de dollars avant de dévoiler chacun leur jeu. Des grognements s’échappent de la gorge de certains, des sourires viennent éclairer le visage d’autre. Moi, je tente de comprendre ce qui fait de celui qui s’empare de tous les jetons le gagnant. « Mais notre voisin de gauche avait quatre cartes identiques. » Quatre rois, qui plus est. « Pourquoi ce n’est pas lui qui l’emporte ? » Je ne suis pas familière des différentes combinaisons qu’il existe.

Un nouveau tour commence, et j’attrape mes cartes en adressant un grand sourire aux adversaires qui m’observent. Je l’ai dit à Damon : je ne sais pas jouer au poker, mais je sais rendre les hommes fébriles au point des les pousser à faire n’importe quoi. Ma main qui ne tient pas les cartes devant mes yeux glissent sur la cuisse de Damon et mes doigts s’accrochent autour de son genou. Finalement, je tords mon cou dans sa direction. « C’est bien non ? » Je m’adresse à lui de la voix la plus basse possible.

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@megan williams

(c) thesoldiersminute
lieu: masquarade ball, roaring twenties.

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« Cinq minutes et j’ai déjà réussi à te faire avouer ça. On verra combien d’informations j’arriverai à te faire lâcher d’ici là. » Il voyait parfaitement bien, autant dans son regard que dans son sourire, qu’elle s’amusait à se jouer de lui en cet instant. Il n’allait cependant pas s’en plaindre: si lui ne savait tenir sa langue tant il était facile de le faire tomber dans un piège, de son côté Megan semblait déjà ravie quand à l’idée qu’elle ne connaissait même pas encore - et c’était là la petite victoire en avance du jeune homme. « Aucune autre information, je vais essayer de faire mieux pour pas me faire avoir. » Il était conscient de ses limites aussi: il n’arriverait pas à tout garder pour lui aussi jalousement, mais il s’accrocherait à l’idée de réussir à le faire.

De toutes façons, leur préoccupation devenir principale pour le moment se composait de la partie qui se déroulait sous leurs yeux. Si la blonde avait fait perdre leur argent rapidement, c’était avant tout par manque de connaissance et manque d’envie de gagner. Damon, lui, avait les deux en sa possession et il avait l’intention de les communiquer à sa femme. « Oh, monsieur est confiant. » Il esquissa un petit sourire tout en dodelinant légèrement de la tête. « Confiant, j’en suis pas si sûr, mais joueur en revanche oui. » Et puisqu’il n’était pas le meilleur des joueurs mais était un bon observateur, il avait appris au moins à se faire un idée des joueurs qu’il pouvait avoir face à lui. Alors l’idée de Megan était bien venue: si elle arrivait à être leur visage, il serait leurs yeux. Les enjeux furent pariés, les cartes retournées, et même Damon soupira dans sa moustache inexistante de voir que leur voisin avait finalement été trop confiant. « Mais notre voisin de gauche avait quatre cartes identiques. Pourquoi ce n’est pas lui qui l’emporte ? » - « Il a été battu par celui d’en face, regarde. »  Il fit un léger mouvement de doigt pour pointer l’homme en question. « Lui a une quinte flush, c’est plus fort que le carré de notre voisin. » Il tourna son regard vers Megan. « La quinte flush, c’est cinq cartes qui se suivent de même couleur. Et si c’est les cinq cartes les plus fortes du jeu qui se suivent, on dit qu’elle est royale. »

Les cartes furent distribuées de nouveau et s’il voyait bien que certains se concentraient davantage sur Megan que sur le jeu, lui en profitait pour analyser la table; c’était à leur avantage. La jeune femme finit par attirer son attention, il reporta donc son regard sur leur main. « C’est bien non ? » Un full. C’était bien, effectivement, mais ce n’était pas non plus la meilleure des combinaisons. En revanche, les autres joueurs lui donnaient pas l’impression d’avoir un jeu d’enfer, alors peut être était-ce le moment de jouer gros - à hauteur de leurs jetons, mais gros du coup. Lentement, il se pencha pour être au plus proche de l’oreille de la jeune femme. « Fais tapis. » Ils n’avaient rien à perdre, alors.

WIN: quatre personnes font tapis en étant confiants mais Meg et Dam gagnent la manche.
SO CLOSE: ils gagnent la manche mais personne n’a misé en plus d’eux.
FAIL: ils perdent et doivent quitter la table.

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Megan Williams & @Damon Williams ☆ crédit/katysgifs

« Confiant, j’en suis pas si sûr, mais joueur en revanche oui. » C’est amusant de voir Damon un peu plus à l’aise dans ses baskets, un peu plus assuré et pourtant en train de naviguer dans un univers qui ne lui colle pas à la peau. Je me surprends à me demander quel genre de jeune homme il serait s’il n’avait pas grandit dans le giron de Saül. Il aurait certainement toujours aussi bon fond, je n’imagine pas que ses traumatismes sont ce qui a fait de lui un homme doux, compréhensif et patient, mais certainement n’aurait-il pas peur de déranger à chaque fois qu’il ouvre la bouche. A-t-il peur pour ses demi-soeurs et son demi-frère, par moment ? Il a toujours marqué beaucoup de distance entre lui et Abel, et il avait déjà coupé l’homme d’affaires lorsque les petites jumelles sont arrivées dans sa vie, mais malgré tout, ce sont des enfants innocents et de son sang. Le connaissant, je n’arrive pas à croire qu’il ne s’inquiète pas au moins parfois pour eux, surtout depuis que Saül est aux abonnés absents, certainement bien loin de l’Australie. On peut lui reprocher beaucoup de choses, mais certainement pas de manquer de flair. « Ne dit-on pas que les jeux d’argent sont redoutablement dangereux ? » Je doute que Damon ait le genre de profil nécessaire pour tomber dans l’addiction, je m’amuse simplement à le houspiller.

« Il a été battu par celui d’en face, regarde. » J’ai beau analyser les cartes, je n’y vois rien qui explique le sourire suffisant sur son visage, ou qu’il ait battu à plates coutures son adversaire. « Lui a une quinte flush, c’est plus fort que le carré de notre voisin. La quinte flush, c’est cinq cartes qui se suivent de même couleur. Et si c’est les cinq cartes les plus fortes du jeu qui se suivent, on dit qu’elle est royale. » Je hoche la tête lentement. « On aurait peut-être dû commencer par ça. Par toutes les combinaisons possibles et quelles sont les mains qui l’emportent à coup sûr. » Parce que pour l’instant, je suis une parfaite novice.

Mon jeu m’est donné et, si je constate que mes courbes et ma simple présence arrivent à déconcentrer certains adversaires, je ne crie pas victoire trop tôt pour autant. Damon se penche vers moi et, tandis que je dépose une main sur sa cuisse, je tends l’oreille à ses conseils. « Fais tapis. » Je n’y connais rien, mais je sais au moins ce que cela signifie. Attraper tous nos jetons et les glisser au centre de la table pour les parier. Je ne m’y connais pas assez pour partager la confiance de Damon, mais je peux au moins la feindre. Le menton relevé bien droit, je me penche - peut-être de façon un peu trop exagérée, en espérant que mon décolleté déconcentre ceux qui ne le sont pas déjà - pour avancer mes jetons. Les joueurs grimacent un par un, avant de déposer leur jeu. Moi, je retourne le mien, un sourire sur les lèvres, tandis que le croupier fait glisser ma mise et les mises de départ dans notre direction. Je ne comprends pas pourquoi le sourire de Damon est en demi-teinte. « C’est bien non ? On a pas gagné ? »