(FORTITUDE VALLEY, TWELVE).
Au moment de la sortie de Chicago, Kieran avait à peine treize ans, un âge l’excluant de toute projection compte tenu des thèmes abordés dans le film. L’ironie étant que les thèmes qui décrivaient son quotidien à ce moment-là n’avaient rien à envier à ceux présentés dans le film ; et le constat l’aurait sans doute faire sourire – sans qu’il ne réagisse, on parle de Kieran après tout. Mais à cet âge-là, Kieran était accaparé par d’autres activités que les salles obscures, et ce n’est que bien plus tard que l’artiste a pris le temps de rattraper ses lacunes dans le domaine, d’abord par quelques classiques conseillés par des connaissances ci et là, comme une obligation à remplir pour cesser de se sentir mis à l’écart au moment de conversations animées ou de références qu’il était le seul à ignorer. Puis, la tâche s’est transformée en réel intérêt et dès lors, il a toujours pris soin de cultiver cette passion – au point où aujourd’hui, une partie de son salaire passe dans son abonnement au cinéma du coin, s’y rendant au moins une fois par semaine. En y songeant, ce n’est pas si surprenant qu’il se soit plongé à corps perdu dans les mondes imaginaires que le cinéma peut se vanter de créer à foison. C’est ce que fait Kieran depuis son plus jeune âge, sauf qu’il utilisait ses crayons plutôt que ses yeux pour s'évader. Il a toujours désiré plus que ce qu’il avait, sans se considérer suffisamment méritant ou chanceux pour cela. Si la créativité est sans doute sa plus grande qualité autant que l’élément qui l’a aidé à traverser bien des choses, elle est contrebalancée par un évident défaut qui est une certaine paresse. En ce sens, il n’est pas désagréable de ne pas avoir à se représenter toutes les idées qu’il peut avoir en tête, et se laisser parfois guider par celles des autres, souvent plus explicites que ce que son imagination à lui peut produire. C’est aussi ce qui fait que Kieran ne fait pas partie de ceux qui exècrent les adaptations à profusion, et autres remakes et reboots qui sont à la mode, car il persiste à croire que mille personnes pourront s’emparer de la même idée et en faire quelque chose de différent, même à un pourcentage minime.  

Chicago, donc. Il l’a découvert sur le tard, Kieran venait d’entrer dans la vingtaine la première fois qu’il est tombé sur ce film à la télévision, au milieu d’un zapping compulsif sans grand succès. Il ne saurait même pas dire la raison pour laquelle il s’est arrêté sur celui-ci, compte tenu de sa règle d’or qui veut qu’il refuse de prendre une œuvre en cours de route. Même s’il n’a loupé que le générique de début, ou seulement quelques minutes de l’intrigue qui pourrait être aisément rattrapée, il est quelque peu maniaque sur ce sujet-là ; dès lors qu’il a loupé quelques secondes, il sait qu’il n’a pas pu apprécier l’œuvre dans sa globalité – au sens propre du terme. Ça avait été une excuse parfaite pour revisionner le film dès le début, et il s’en était félicité ; ça aurait été dommage de louper le Cell Block Tango (et là où Catherine Zeta-Jones avait la préférence d’un grand nombre, c’est bien Susan Misner qui a participé à quelques éveils de son côté).

Quoi qu’il en soit, en voyant la programmation du Twelve pour le festival éparpillé ci et là dans la ville, il n’a pas hésité une seconde avant de prendre son ticket. Il l’a peut-être vu une dizaine de fois, il n’empêche qu’il y prend toujours le même plaisir ; et que le seul fait d’avoir le feu vert pour donner de la voix sur les séquences musicales est un détail suffisant pour qu’il ne manque pas cette occasion. Ce sera une séance inoubliable, mais il ne sait pas encore à quel point. Et sa voisine n’en a pas non plus conscience quand, assis bien assez à l’avance pour se réserver sa place fétiche, Kieran voit une courageuse s’approcher de sa rangée, puis de sa place. « Oh, salut. » Il fait un léger signe de la main, avant de préciser : « Que tu saches, si les sièges autour de moi sont tous dispo, c’est parce que les gens sentent que j'ai une voix de crécelle. » C’est son avis général, du moins et ça en fait une vérité universelle. « Enfin... tu vois au début de chaque épisode de série t’as le disclaimer sur Netflix pour te dire ce à quoi il faut faire attention et... bah disons que je t’en fais une version live avant la séance ? » Il ajoute, avant de froncer les sourcils quand il la voit regarder les places avec attention. « Euh, pardon. Si ça se trouve, tu voulais jute passer pour aller au bout de la rangée. » Il s’enfonce un peu plus dans son siège, rapprochant ses jambes de celui-ci pour lui dégager le passage, et peut-être même qu’il lève un peu son large seau de pop-corn dans une tentative de disparaître. Il faut croire que la régularité des séances en solitaire devient trop pesante.

@Mavis Barnes

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@Kieran Halstead (crédit gif/harley)

Il faut que t’élargisses ton cercle, Mav. Elle aurait pu fustiger copieusement la personne qui lui avait soufflé cette idée, si seulement la personne en question n’avait pas été elle-même. Elle était d’une intelligence rare, mais qu’est-ce qu’elle pouvait avoir comme fausses bonnes idées, et elle ne pouvait s’en défendre tant c’était récurrent, cette histoire.
Les opportunités de lier connaissance, Mavis en avait, mais paresseuse comme pas deux lorsqu'il s’agissait de faire preuve d’un peu de sociabilité, elle se reposait sur ses acquis, se contentant des valeurs sûres de son entourage qui en vérité, n’était composé que d’une seule personne : Daniel.  Elle n’avait plus Ruben, le laissant au placard pour lui faire regretter d’être un insupportable jaloux doublé d’un hypocrite qu’elle ne supportait plus qu’à petites doses, se protégeant du pouvoir qu’il avait sur elle en tenant de garder le contrôle de ce qu’elle avait provoqué, il y avait des mois de ça désormais. Inutile de dire qu’elle ne pouvait pas compter sur sa famille, quoi que son frère devait être quelque part à couvrir les événements mis en avant lors de tout ce ramdam autour d’une époque bien révolue. Elle n’en savait rien, elle ne voulait pas le savoir, Baz occupant la toute dernière place de son journal des priorités.
Sa chance, ça avait été de surprendre une conversation entre plusieurs de ses camarades de promo qui, depuis le temps, avaient cessé de lui demander de prendre au part à leurs projets étant donné qu’elle refusait tout le temps de se joindre à eux. Cette fois, elle s’était invitée elle-même quand ils parlèrent de se rendre à une projection du grand classique qu’était Chicago. Elle roula des yeux lorsqu’ils lui firent jurer de venir habillée dans le thème de la projection, joua les effarouchées quand ils lui demandèrent si elle savait chanter ; pourtant, elle était là, ayant joué le jeu dans sa tenue copiée sur Roxie Hart, son carré blond soigneusement remontée avec des épingles pour encadrer son visage maquillé presque à outrance pour l’occasion. Elle n’était pas moins jolie, bien au contraire.

Une oeuvre qui parlait de meurtre, ça faisait résonner quelque chose en elle, assurément. Ce n’était pas tant le féministe dégoulinant de ce musical qui la rendait extatique à l’idée d’être là, c’était celle de voir la décomplexification d’actes répréhensibles portés sur grand écran et mené par une bande-son impeccable. Elle connaissait les paroles des chansons, elle était assez assidue aux parties de karaoké organisées avec Dan de façon impromptue — chaque fois que l’occasion était donnée de faire-valoir leur talent sans équivoque pour massacrer des tubes, Taylor Swift les détesterait si elle savait — pour être tombée une ou deux fois sur All That Jazz et ses petites soeurs, mais sa hâte se trouvait, comme tout un chacun, dans le meilleur tableau du film qui était Cell Block Tango.
"Mav, on te rejoint !" avait-elle intercepté après s’être débarrassée de son manteau pour que ses camarades s’extasient sur sa tenue avant de la préposer à la garde des sièges qu’elle avait le loisir de choisir à sa guise pour mieux profiter du spectacle. Elle s’enfonça dans la salle déjà pas mal remplie, jeta des regards qu’elle aurait aimé prétendre faussement venimeux, perdue dans son personnage, mais elle regardait véritablement son environnement avec une certaine méfiance qui servait sa démarche ce soir, et alors qu’elle trouva une rangée relativement vide, elle s’y inséra d’un pas de côté pour s’y installer. Elle se fit alpaguer le pas d’après "Bonsoir." fit-elle poliment, un sourire bouche fermée à l’attention de son interlocuteur, et elle fit un autre pas en espérant dans le fond que ce serait le seul mot qu’ils échangeraient. Pas de chance Mav, bavard à l’horizon.

Elle hésita à s’asseoir la jeune femme, se demandant si ses camarades apprécieraient d’être assit à côté de quelqu’un qui semblait aussi enthousiaste qu’un enfant devant l’imminence de l’arrivée du père Noël, et leva le menton pour fureter brièvement au loin dans l’espoir qu’un contact visuel avec l’un de ses accompagnateurs ne lui souffle la marche à suivre. Mais rien. Elle devait se débrouiller, et elle se décida. Merde, faites qu’il se taise — elle se surprit à rire néanmoins "Mon radar à voix de crécelle doit être en panne alors." C’était gentillet comme remarque, presque par sarcastique. Elle baissa le strapontin en velours pour s’y asseoir, lissa le satin de son short sûrement trop court sur ses collants opaques avec ses paumes, et posa son manteau sur ses genoux en écoutant la diatribe de son voisin de siège qu’elle finit par regarder pour de bon ; il ressemblait de loin à son cousin, aussi mal à l’aise que lui, à chercher l’approbation au travers de dialogues interminables "T’es raccord avec le thème de la soirée au moins. Pour la partie live, je veux dire." Elle lui sourit à nouveau sans le vouloir, posa ses mains croisées sur l’endroit transparent de son top qui laissait entrevoir un ventre plat. Le malaise était réel, mais sa volonté de ne pas s’y enfoncer encore plus. Elle avait détourné la tête, elle la retourna sur lui pour lui demander en retour "Je suis peut-être trop près de toi pour ta future prestation scénique mémorable ?" Autant rentrer dans le jeu, elle n’était pas venue que pour prétendre, Mavis, elle avait aussi envie de se changer les idées, et si son talent pour le small talk était bancal, elle pouvait parfois faire preuve d’un peu dérision sincère histoire de détendre l’atmosphère. Prenant conscience avec un temps de retard, que peut-être, ce serait plus elle qui dérangerait le jeune homme que lui ne le ferait — s’il ne faisait que chanter, elle saurait gérer —, elle montra l’arrière de la salle de cinéma de son pouce dressé par-dessus son épaule en précisant, se préparant à se lever pour changer de place au cas-où "Je suis pas venue seule, on sera plusieurs à s’installer sur ta rangée. Je peux me décaler si tu veux pas être dérangé."

Dès l’instant où les premières affiches annonçant ce festival se sont invitées sur les murs du Twelve, Kieran s’est empressé de jeter un coup d’œil à la programmation pour mieux organiser son planning en conséquence. Client hebdomadaire de ce cinéma, il était évident qu’il prendrait part aux festivités, même s’il n’a pas poussé l’enthousiasme jusqu’à revêtir une tenue d’antan pour obtenir une réduction sur son ticket. Il aurait pu, il n’aurait pas été difficile de mettre la main sur un costume trois-pièces et une casquette gavroche. Mais il ne l’a pas souhaité, bien trop discret pour s’afficher de la sorte – bien qu’en réalité, c’est le fait qu’il ne soit pas costumé qui attire l’attention, étant donné que la grande majorité des clients ont joué le jeu. À défaut d’être dans le thème, il peut au moins se féliciter d’être présent, peut-être même un peu trop alors qu’il était là la veille pour la projection du Kid et qu’il sera là demain pour vivre à nouveau l’expérience Babylon. C’est sa façon de soutenir les commerces indépendants (c’est la version officielle), autant qu’une manière pour lui de mettre le nez hors de son appartement qu’il ne quitte que par obligation (c’est la version officieuse). Ce n’est peut-être pas bien glorieux d’avoir un agenda désespérément vide au point où son activité de fin de semaine consiste à s’enfermer, seul, dans une salle obscure, mais ça lui permet de s’évader d’une façon qui, à défaut de lui permettre de faire le tri dans ses pensées, lui permet au moins de les tenir à distance pour quelques heures.

Aujourd’hui, c’est bien sur Chicago que son choix s’est porté, et il n’est pas tant surprenant que ce film ait eu sa préférence, les goûts du dessinateur étant suffisamment éclectiques pour qu’il passe d’un film d’horreur aux tortures les plus infâmes à un musical aux numéros scintillants. Il n’est peut-être pas une très bonne référence étant donné qu’il est capable de trouver des qualités à une œuvre de deux heures pour laquelle le ressenti glisse sur le triple, mais pour autant Kieran n’est pas de ceux qui visionnent les mêmes productions à plusieurs reprises. Il en existe bien trop pour qu’il puisse manquer l’occasion d’en découvrir de nouvelles. Et, lorsque certaines exceptions viennent infirmer cette règle, l’on peut estimer que le film en vaut la peine ; ce qui est très exactement le cas de Chicago. Pourtant, s’il le considère comme « bien », Kieran ne la classerait pas pour autant dans la catégorie « exceptionnel » ; de là à réellement savoir pour quelle raison il finit toujours par y revenir d’une façon ou d’une autre, il ne saurait le dire. Ce n’est même pas la perspective du karaoké qui l’exalte autant, car s’il s’agit là d’une activité à laquelle il s’adonne avec plaisir, c’est une autre histoire lorsqu’il y a un public comme c’est le cas ce soir. Peut-être que c’est bien sa réserve plus que sa bienveillance qui l’amène à prévenir la jeune femme qui s’égare dans sa rangée de ce qui l’attend. "Mon radar à voix de crécelle doit être en panne alors." Sa réflexion entraîne son sourire, alors qu’il hausse les épaules, l’air de s’en contenter. Elle ne pourra pas dire qu’il ne l’a pas prévenue, quand bien même il n’est pas encore au bout de ses interminables explications – justifications ? "T’es raccord avec le thème de la soirée au moins. Pour la partie live, je veux dire." Cette fois-ci, c’est bien un léger rire qui s’échappe d’entre ses lèvres, tandis qu’elle reprend rapidement la parole, précisant : "Je suis peut-être trop près de toi pour ta future prestation scénique mémorable ?" - « Tout dans la voix, rien dans les gestes. » Il explique, même si on ne peut pas vraiment dire que sa voix soit agréable à l’oreille. Au moins, il ne risque pas de s’enflammer. « J’ai envie de te dire que, ça, c’est entre tes mains, maintenant que t’es prévenue. » Il ne s’est pas permis de l’aborder dans le but de s’assurer une certaine tranquillité, mais de ne pas être disputé quant au fait qu’elle en manquerait sans doute, de son côté. À vrai dire, c’est ce qui lui manque le plus au cours de ses innombrables séances ici ; il lui est très difficile de débriefer avec qui que ce soit. Et il le comprend, la plupart des spectateurs ne venant pas seuls et n’ayant donc aucun intérêt à rester plus que de raison pour discuter de ce qu’ils viennent de voir avec un illustre inconnu. Mais Kieran, dans toute la réserve qui le caractérise, n’a jamais été de ceux qui abordent facilement les autres, et sous couvert d’un tel motif, il peut se donner l’impression d’être moins seul qu’il ne se sent réellement. "Je suis pas venue seule, on sera plusieurs à s’installer sur ta rangée. Je peux me décaler si tu veux pas être dérangé." -  « Oh. » La déception s’entend peut-être dans sa voix, raison pour laquelle il reprend très vite la parole, affichant un sourire de circonstance. « Tu sais, je crois qu’on va tous être dérangés d’une façon ou d’une autre, à ce type de séance. » Que ce soit à cause de la voix insupportable de son voisin, ou d’un excès d’enthousiasme d’un autre, incapable de rester en place, sans parler des imbéciles qui ne savent pas se la fermer – dont il fait partie. Il n’est pas stupide, il a bien vu la manière dont son regard cherchait à s’accrocher partout sauf au sien, et là aussi il peut le comprendre. « Et puis, la salle m’appartient pas, vous vous asseyez où vous voulez, toi et ta bande. » C’est un fait, qu’il contredit aussitôt : « Ceci dit, si moi je dérange et que je dois me décaler pour que vous soyez tranquille ou ayez suffisamment de place, je le fais, hein. » Il ne sait pas exactement en combien se traduit ce « plusieurs » et la dernière chose qu’il désire, c’est déranger les autres – même si c’est très exactement ce qu’il fait avec cette jeune femme. « Sympa, la tenue, d’ailleurs, vous vous êtes répartis les personnages ? » Il l’interroge, avant de soupirer contre lui-même. « Enfin, non, pardon, réponds pas, je t’embête pas plus longtemps. » Ce n’est pas parce qu’elle s’est assise sur cette rangée qu’elle lui donne le feu vert pour continuer à lui parler. « Je voulais juste m’assurer que mes voisins me lanceraient pas de pop-corn pour me faire taire et même si tu l’as pas garanti, je pense que ça devrait aller. » Il conclut avec un léger rire, lui adressant un signe de tête entendu, actant ce contrat rédigé unilatéralement.

@Mavis Barnes

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@Kieran Halstead (crédit gif/harley)

"Dommage, je me serais attendue à un petit déhanché au moins, ça va souvent de pair avec le karaoké." Comme le confirmerait Dan qui n’était pas le dernier à s’adonner à la pratique lorsqu’ils décidaient de différer un peu leurs activités pour pousser la chansonnette. Elle associait toujours son ami à ce genre de choses, de moments, elle regrettait même de ne pas lui avoir demandé de venir ce soir. Mais depuis peu, c’était étrange de se retrouver en sa présence, la faute à l’ombre de Ruben qui planait au-dessus d’eux. C’était aussi pour ça qu’elle était là ce soir Mavis, convaincue qu’élargir son cercle noierait le poisson au sujet de cette relation qu’elle entretenait avec le docteur et que son meilleur ami ne voyait pas d’un mauvais oeil, cette fois la faute à la jalousie de Ruben qui s’était manifestée au pire moment. Dire que l’heure était à la paranoïa serait un peu exagéré, mais se constituer un alibi, ce n’était pas le talent de tous les grands criminels ? Elle pressa ses lèvres rouges l’une contre l’autre en cessant subitement d’y penser, fermant son esprit à ces idées alambiquées, et adressa ainsi un petit sourire au jeune home près duquel elle s’était installée sans arrière-pensée. Elle avait été consignée à la recherche de places dans la salle déjà bien remplie par le groupe avec lequel elle était venue ce soir, et ça lui offrait l’occasion de s’en éloigner pour recharger ses jauges d’interactions sociales qui n’étaient jamais très haute. Elle donnait le change Mavis, mais ce n’était pas une grande bavarde. Enfant discrète, elle l’était restée malgré son envie farouche de se faire apprécier. Depuis toujours, elle préférait l’observation, c’était son outil de prédilection pour tourner toutes les situations possibles à son avantage, grande amatrice de rebondissements ; et elle aimait celui dans lequel elle avait sauté les deux pieds joints de façon modérée, même si son côté introvertie n’étant pas ravie de devoir faire la causette à quelqu’un qu’elle ne connaissait pas. Au moins, ça faisait passer le temps. Et puis il avait l’air maladroit, l’homme qui lui parlait désormais, ça lui offrirait l’occasion de le juger un peu en secret ; autre domaine dans lequel elle excellait.

Elle resta à ses côtés finalement, le prévenant en amont qu’elle allait être rejointe incessamment sous peu. Elle ne sut pas interpréter la déception qu’elle vit passer dans ses yeux, de fait elle se dit que, peut-être, se décaler d’un siège ou deux ne serait pas une mauvaise idée — et s’il devenait collant ? Elle savait se défendre, c’est tout ce qu’elle se permit de se répondre à elle-même, alors elle resta là. Elle replaça du bout de ses doigts la mèche ondulée qui dépassait de sa coiffure différente pour l’occasion, se replaça dans son siège en s’aidant des accoudoirs qu’elle serra entre ses doigts, et porta un assentiment particulier à ce que lui disait le jeune homme "C’est vrai. Mais… OK, est-ce que je peux te dire un secret ?" Partager un secret avec un inconnu, c’était un concept inédit pour elle. Rien de sérieux au demeurant, comme le prouvait la mine de conspiratrice qu’elle lui offrit quand, se penchant sur lui pour créer une intimité relative, elle lui avoua en chuchotant, sa main cachant sa bouche en même temps "Je connais pas vraiment le groupe avec qui je suis venue. J’ai juste intercepté une de leur conversation, ça me paraissait plutôt fun, alors je me suis invitée." Aussi, c’était une façon de lui faire comprendre qu’elle n’avait pas le moyen de savoir s’ils étaient du genre à se payer la tête de ceux trop impliqués dans une séance de karaoké. Ce n’était pas son problème, que le jeune homme à ses côtés soit la victime de la méchanceté d’autrui, mais Mavis n’était pas friande de l’humiliation publique. Elle était vile, elle était manipulatrice, elle avait toute une liste de vices qu’elle cachait bien sous l’apparente candeur induite par sa blondeur de blé, mais elle n’était pas mauvaise pour autant. Cette soirée, elle était faite pour en passer une bonne, pas pour essuyer un quelconque drame.

Elle lui sourit en demi-lune, sa pommette dessinée par le blush rosé qu’elle portait devenant ronde en même temps "Non, je suis plutôt bien ici. Et puis tu l’as dit toi-même, la salle n’appartient à aucun d’entre nous." Elle reprit ses mots en hochant la tête, lui accorda le regard suspicieux des malicieux prêts à décocher une blague qui ne tarde pas à venir "Et plus maintenant, j’ai le devoir de constater si oui ou non t’as une voix de crécelle pour de vrai." Elle se redressa alors, croisa les jambes et prit une posture de super-héroïne qu’elle était presque déjà, future neurochirurgienne qui avait des desseins plus engageants que de se dandiner dans un manteau de fourrure, arme au poing. Elle baissa le menton sur la tenue qu’il complimentait, donnant presque l’air de la découvrir en même temps que lui ; elle tira sur le tissu irisé qui recouvrait son ventre, prit une moue peu convaincue "Je me suis juste basée sur le critère de la couleur de cheveux des actrices, j’ai pas vraiment demandé l’avis de qui que ce soit — ça me dérange pas de te répondre." Elle aurait pu ajouter un stresse pas, mais elle ne le fit pas, et la fossette qui creusa joue prouvait que ce sourire était sincère, pas joué comme tous ceux qu’elle offrait pour qu’on pense qu’elle était une gentille fille. Mavis marqua un temps de silence pour l’observer, lui et sa tenue de ville. Jusqu’alors, il avait échappé à son jugement, mais elle adirait faire ça : il n’avait fait aucun effort, c’était quoi l’intérêt de venir alors ? Le film ? C’en était un des années 2000, il l’avait sans doute déjà vu pour potentiellement avoir reconnu le personnage sur lequel elle avait basé son semblant de costume alors quoi, il était du genre à venir les mains dans les poches ? Elle se retint de secouer la tête en faisant claquer sa langue sur son palais, en revanche elle fronça le nez "Je vois que t’as pas eu le temps de te plier au dress-code, toi." Un nouveau regard dans sa direction, donné par-dessous la rangée allongée de ses longs cils maquillés, et sa tête vrilla de quelques degrés "Pas eu le temps, ou pas eu l’envie ?" lui demanda-t-elle finalement.

"Dommage, je me serais attendue à un petit déhanché au moins, ça va souvent de pair avec le karaoké." - « Je peux essayer, mais je te promets rien. » Il souligne, avec un léger haussement d’épaules faussement détaché. Bien qu’il soit conscient qu’elle n’est pas sérieuse, il est préférable qu’il ne fasse pas de promesse ; il ne compte pas s’y tenir, en réalité. Si le karaoké est une activité à laquelle il s’adonne, il se garde bien de préciser qu’il lui faut en général un ou deux verres avant d’avoir le courage. Aujourd’hui, il est aidé par l’obscurité qui sera celle de la salle une fois la séance débutée, mais dans d’autres contextes, Kieran peine à lâcher prise ; alors de là à se déhancher en rythme avec la musique, il faut atteindre un taux d’alcool conséquent. Ce qui n’est évidemment pas le cas à l’instant présent – et tant mieux – et qui implique que ses efforts pour joindre le geste à la parole (littéralement) demeureront de l’ordre de la boutade. Ça lui convient très bien, et même si la jeune femme ne le sait pas encore, cela fait aussi ses affaires : « ceci dit, je suis connu pour être maladroit, et j’ai pas envie que tu gardes un bleu comme souvenir de cette séance. » Ou de cette rencontre, même si Kieran sait pertinemment que d’ici deux heures, ils reprendront chacun leur chemin et qu’ils ne seront pas amenés à se croiser à nouveau ni à vraiment se souvenir de cette conversation d’ici peu. Mais il est sincère, cette fois-ci, et il est préférable qu’il s’abstienne de se penser danseur de l’année, au risque d’envoyer un coup involontaire à la jeune femme, qui serait littéralement marquée par cette rencontre. Lui, de son côté, serait sans doute mort de honte et c’est peut-être le meilleur moyen pour qu’il se souvienne d’elle, en fin de compte, alors qu’il songera encore, une fois sur son lit de mort, au jour où il a frappé une femme dont le seul méfait est d’avoir accepté d’échanger quelques mots avec lui.

Mais inutile de se porter la poisse même si Kieran la traîne depuis sa naissance, s’ils sont là aujourd’hui c’est bien pour passer un bon moment, chacun de son côté malgré leur court échange. S’il est seul, la blonde semble faire partie d’un groupe qui ne tardera pas à les rejoindre. Ça ne dérange pas Kieran – pas totalement, du moins. Bien sûr, le rappel constant à sa solitude qui lui pèse prend la forme d’un rassemblement d’amis qui rient à gorge déployée les uns avec les autres, mais s’il s’arrêtait là-dessus, il détesterait le monde entier. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il n’a pas pour vocation de s’immiscer dans leur groupe, et il devrait sans doute déjà se contenter de rester à sa place plutôt que de faire perdurer cette conversation avec une femme qui n’a rien demandé. "C’est vrai. Mais… OK, est-ce que je peux te dire un secret ?" Elle l’interpelle toutefois – ou plutôt sa curiosité – alors que pour seule réponse, il secoue vivement la tête durant quelques instants, l’invitant à se confesser. Lorsqu’elle s’approche, il fait de même par mimétisme, prenant toutefois soin de pas trop empiéter dans son espace vital, autant par respect que par habitude. "Je connais pas vraiment le groupe avec qui je suis venue. J’ai juste intercepté une de leur conversation, ça me paraissait plutôt fun, alors je me suis invitée." Ainsi, la perspective de se joindre à leur groupe n’est finalement pas si déplacée, s’il interprète l’attitude de la jeune femme. De là à en faire de même, Kieran en est encore loin alors qu’il craint toujours de déranger, ce qui l’incite d’ailleurs à se reculer pour reprendre sa place initiale. « Et… ils ont rien dit ? » Comprenez bien que le concept paraît improbable pour un Kieran qui ne s’y oserait jamais – mais sans doute qu’il devrait s’y essayer, si le résultat est celui escompté. « Et verdict, alors ? Ça me questionne vu que c’est toi qui es là en éclaireuse. » Il lève un instant les mains à mi-hauteur, dans un geste prônant son innocence alors qu’il regrette déjà une question qui peut passer pour une critique. Un instant, il a envie de s’en excuser, comme il le ferait en temps normal, se rétractant à l’idée que c’est là un trait de caractère qu’on lui reproche suffisamment pour qu’il s’essaie à l’atténuer. Mais il est vrai qu’il se demande si la soirée se passe si bien qu’elle l’avait imaginé, puisque personne n’a jugé utile de l’accompagner pour choisir les places. S’ils sont si nombreux, ils auraient pu se séparer – mais bon, ce n’est pas à lui de faire des hypothèses.

Et c’est parce que le nombre est encore inconnu que Kieran en vient à songer à se déplacer pour leur laisser tout le loisir de rester ensemble, sans prendre le risque de les déranger en étant collé à eux. La salle n’est pas encore totalement remplie, il saura se trouver une place qui saura le satisfaire. "Non, je suis plutôt bien ici. Et puis tu l’as dit toi-même, la salle n’appartient à aucun d’entre nous." C’est vrai, mais c’est un argument qui marche uniquement pour les autres et non pour lui ; lui, il a l’habitude de déranger, et d’être celui qui s’efface. "Et plus maintenant, j’ai le devoir de constater si oui ou non t’as une voix de crécelle pour de vrai." La réflexion lui arrache un rire spontané alors qu’il peut déjà sentir la gêne lui monter aux joues. « J’attends ton verdict avec impatience. » Il s’en amuse, alors que de plus en plus, il se questionne quant à savoir s’il osera réellement élever la voix. Mais, pris dans l’ambiance, il y a des chances qu’il s’y mette malgré tout, et qu’il le regrette aussitôt – ou qu’elle le regrette, c’est même le plus évident. L’ambiance, d’ailleurs, ne s’arrête pas à la seule séance, mais à tout ce qui l’entoure, à commencer par les costumes que les uns et les autres ont revêtus, dont elle, et il ne peut s’empêcher de complimenter l’effort. "Je me suis juste basée sur le critère de la couleur de cheveux des actrices, j’ai pas vraiment demandé l’avis de qui que ce soit — ça me dérange pas de te répondre." - « Franchement, c’est le meilleur personnage, alors t’as tout juste. » À ses yeux, oui, mais sans doute parce qu’il trouve quelque chose de fascinant dans ce désir de gloire venant d’une citoyenne lambda, et parce qu’il a toujours préféré les outsiders. Tout le monde ne jure que par Velma, lui a toujours trouvé les motivations de Roxie autrement plus intéressantes. « M’enfin je vais pas te spoiler avant la séance – tu l’as déjà vu ou pas ? » Il serait étonné que la réponse soit négative tant il considère que c’est un film à voir une fois dans sa vie, mais ça reste une probabilité. "Je vois que t’as pas eu le temps de te plier au dress-code, toi." Baissant un instant sur sa tenue sans originalité – un jean et un t-shirt – Kieran s’avoue vaincu autant qu’embarrassé. "Pas eu le temps, ou pas eu l’envie ?" - « Pas eu le courage. » Il corrige ; le temps, il l’avait, l’envie aussi. Mais Kieran n’est pas courageux, et ce qui peut sembler anodin pour beaucoup relève d’un véritable effort de sa part. Attirer un coup d’œil, même admiratif, sur une tenue choisie pour l’occasion est déjà une forme de supplice qu’il n’était pas prêt à vivre. « Je me suis dit que ce serait un peu bizarre de traverser la ville en costume en étant tout seul, en fait, et juste, de me pointer là en ayant joué le jeu à fond, mais euh ouais, encore une fois, seul. » Il s’explique dans une vaine tentative de ne pas paraître trop ridicule, mais réalisant bien vite qu’il ne s’aide pas. « Enfin bref, de toute façon, j’ai toujours été meilleur juge que participant, alors je me contente de donner des notes dans ma tête et ça va très bien aussi. » Par exemple, de son côté, elle frôle aisément le 8/10, il pourrait même lui assigner une meilleure note, mais la perfection n’existe pas, tout ça. « Oh, et avant que tu le dises, je me suis donné un zéro pointé, évidemment. » Il n’est pas biaisé quand ça le concerne, voyez-vous.

@Mavis Barnes

funny honey
@Kieran Halstead (crédit gif/harley)

"Tant que c’est qu’un bleu." interjeta Mavis avec un léger sourire. Elle avait compris que le jeune homme à ses côtés n’avait pas la volonté de démontrer de quel bois il se chauffait en sautant soudainement de son siège pour gracier la salle de son déhanché sans doute à couper le souffle, alors elle n’insista pas plus, consciente dans tous les cas que tout n’avait pas vocation à être sérieux. Elle l’observa être un peu gêné, ne réussissant pas tout à fait à savoir s’il était comme ça, ou si c’était sa présence qui le dérangeait d’une façon ou d’une autre. Si tel était le cas, elle finirait par bouger pour le laisser respirer et retrouver ses aises, pas du genre à s’imposer pour torturer ceux qu’elle avait dans son viseur. Quoique rien n’était moins sûr. Mais puisqu’elle ne tirerait rien de cette homme, elle lui offrit finalement qu’un sourire en coin lorsqu’il sembla s’étonner de son culot à s’être incrustée au milieu d'un groupe dont elle ne connaissait pas vraiment ses membres "Et non, rien du tout." Aussi surprenant que ça paraissait au jeune homme dont la naïveté était presque touchante. Certaine personne avait la faculté de laisser n’importe qui rentrer dans leur cercle — elle, elle ne faisait pas partie de ceux-là, mais ça l’arrangeait bien que ceux sur qui elle avait jeté son dévolu ce soir le soient. Enfin, elle haussa les épaules à sa question suivante, fit mine un instant d’y réfléchir en tachant de tamiser un peu la somme de ce qu’elle pensait vraiment, ne tenant pas à paraître trop critique quand au fond, elle n’était guère satisfaite du résultat de son entreprise. Tant pis, elle aurait plus de chance la prochaine fois. Pour l’heure, elle lui répondit enfin, malicieuse au travers de son sourire qui s’élargit graduellement "Verdict : j’aurais mieux fait de venir seule." Comme toi, aurait-elle pu ajouter pour se venger de la petite pique détournée qu’il lui fit sans le vouloir, très surement ; pour autant ça lui permis de rebondir et d’admettre "Tu veux connaître un autre de mes secrets ? Je suis pas très sociable, ça doit être pour ça qu’ils m’ont confiée cette tache. C’est pas si grave, certains sont plus doués que d’autres, c’est valable dans tous les domaines." Elle était douée pour d’autres choses qu’elle ne listerait pas, un oeil se plissant quand enfin, elle demanda au jeune homme "C’est quoi ton nom ?" Elle ne s’en souviendrait pas après cette séance, mais comme pour tordre le cou à l’idée qu’elle n’était pas sociable, elle fit cet effort de renseignement en anticipant la question-retour du jeune homme en lui disant simplement "Mavis."

Et non Roxie, comme le personnage qu’elle avait décidé d’être ce soir. Elle nota que l’avis de Kieran était tranché à propos de son choix de costume, et compris qu’elle avait à faire à quelqu’un qui connaissait ses classiques — tout comme elle, sauf qu’elle était moins dithyrambique pour une simple raison qu’elle lui exposa en répondant à sa question "Je l’ai vu deux ou trois fois. Toi, t’as l’air d’être un grand fan." lui fit-elle remarquer, ce qui rendait d’autant plus étonnant le fait qu’il ne soit pas venu grimé de son côté, mais finalement, il n’était pas bien difficile à cerner le jeune homme. Il paraissait toujours autant mal à l’aise, ça devait être sa façon d’être, et elle ne put s’empêcher de penser à son cousin Nicholas qui avait aussi cette façon d’être, à toujours agir comme s'il dérangeait la terre entière quand en vérité, la terre entière avait bien d’autres choses à faire que de se soucier de lui. Elle toisa sa silhouette avec l’air de ne pas y toucher juste pour objecter à la réponse qu’il lui donna à propos de l’absence d’effort dans sa tenue du soir "Je suis certaine que tu l’aurais bien porté pourtant, c’est dommage." Le costume. De nouveau, elle se replaça dans son siège en s’aidant des accoudoirs, finissant par lui dire avec un soupir qui amena la démonstration de compassion qu’elle lui donna sans réfléchir "Mais je comprends le sentiment. Je continue à penser que c’est dommage parce qu’au fond regarde autour de toi, t’es pas vraiment tout seul." Sans parler d’elle, tous les spectateurs autours étaient bel et bien présents, costumés et prêts à en découdre avec la narration d’un film qui n’était certes pas un chef d’oeuvre, qui se défendait tout de même pas mal quand il s’agissait de faire oublier l’espace-temps dans lequel évoluait ses spectateurs. Elle reposa son regard sur celui, inclina la tête sur le côté en retenant son sourire, sa bouche étroitement fermée alors que ses joues se gonflaient juste un peu, la faisant échouer dans l’action-même de ne pas lui montrer qu’elle souriait ; c’était le cas pourtant, et pas seulement parce qu’elle lui demanda "Et alors, verdict, monsieur le juge ?" lui demanda-t-elle, reprenant sa propre question de quelques instants plus tôt quand il mentionna son talent pour juger. Si elle n’avait pas eu l’impression d’en faire trop, elle se serait levée pour tourner sur elle-même et lui offrir la possibilité de la juger à la hauteur des éléments qu’elle lui présenterait comme les points forts de sa tenue, mais elle n’était pas une fanfaronne Mavis, pas dans ce domaine-là en tout cas. Elle resta donc bien assise, emprunta une mine un peu plus grave quand il s’attribua une note bien moins glorieuse que celle qu’il lui donna, et lui dit avec l’air de ceux qui se retiennent d’en tire trop ; sourcils froncés, expression précautionneuse "Hm, j’ai à faire à un spécialiste de l’auto-dénigrement, on dirait." Se trompait-elle ? Elle osa le lui demander, l’arrière de sa tête trouvant enfin l’appui-tête de son siège dans lequel elle se cala plus confortablement "Je me trompe ?"

rp terminé.